Auror Senior.
Ce titre, Arcturus l’avait reçu plusieurs semaines auparavant, après plusieurs années de bons et loyaux services au sein de son département. Son objectif restait toujours la tête du département de la Police Magique, essentiel au sein du Ministère de la Magie. Avec cette position venaient toutefois de nombreux désagréments. L’entraînement principal des nouvelles recrues, un premier écrémage des joyeux lurons cherchant à devenir Aurors. Bref, des tâches ingrates qui allaient avec les responsabilités qui étaient désormais les siennes.

Sur son bureau, quelques feuillets de parchemin et une photo en noir et blanc d’une candidate. Pomona Fitz. Sans doute la fille de l’idiot idéaliste. Une jeune femme sans doute idéaliste et naïve elle aussi. Il le découvrirait bien dans les prochaines minutes, puisqu’il se devait de lui faire passer un entretien de qualifications. Arcturus désirait en savoir plus que quelques résultats aux BUSEs et ASPICs. Ce genre de test standardisés ne lui apprenaient pas grand-chose. C’est pourquoi il organisait toujours lui-même ces rendez-vous. Une théière maintenue au chaud grâce à l’application d’un sort des plus simples et deux tasses sur la table. Bien sûr, il n’était pas inenvisageable que le nouvel Auror Senior ai ajouté une ou deux gouttes de potions de vérités à sa préparation, avant de consommer lui-même l’antidote.

Continuant de se préparer à cette rencontre, Arcturus réfléchissait aux questions qu’il allait poser à la future recrue du département. Les questions habituelles bien sûr : pourquoi ce poste ? Qu’est-ce qui pouvait motiver une jeune femme à rêver devenir Auror ? Qu’apportait-elle comme expérience et savoirs-faire ? etc… Mais aussi des questions plus saugrenues. Surprendre, faire réfléchir, voilà quel était le véritable objectif de ce premier entretien. A ses yeux tout au moins. Et s’il en profiter pour s’amuser aux dépends d’une jeune femme se rêvant déjà comme la nouvelle Morgana du Ministère de la Magie, autant se donner à fond dans ce petit plaisir personnel qu’il pouvait retirer de la situation.

Si tout se passait bien pour la jeune femme, il était plus que probable qu’Arcturus la convoque pour une deuxième session plus… sportive et magique, afin de découvrir l’étendue de ses réflexes et de ses compétences dans des conditions plus inattendues. Une petite simulation d’attaques en plein couloirs. L’idée lui plaisait déjà.

Au fond, Pomona ne savait toujours pas vraiment ce qu'elle faisait là...
Ce n'était pas ce qu'elle avait ambitionné de prime abord (même si on pouvait lui arguer qu'à son jeune âge, les projets d'avenir n'étaient jamais gravé dans le marbre), ni ce pour quoi elle avait pensé être faite, mais l'insistance de son oncle et sa rencontre avec Christopher McDowell avaient su la convaincre. Si elle voulait être le chef de file dont la Résistance avait besoin pour atteindre ses objectifs, et à l'heure où elle n'avait plus Miyria à ses côtés, une formation digne de ce nom ne serait pas un luxe, plutôt une nécessité.

Finalement, pour Pomona, devenir un Auror n'était pas une fin en soi, mais bien davantage un moyen... loin d'être la vocation que,
plus tard, elle considèrerait comme telle. Il lui restait encore du chemin à faire avant de comprendre qu'elle avait ce métier dans la peau, et que les moyens importaient autant que la fin.

Elle n'était encore qu'une adolescente à peine sortie de Poudlard,
aux résultats brillants certes, mais un simple test standardisé ne vous dira jamais grand-chose des vraies compétences d'une personne... Pomona le savait, elle devait plus à son expérience personnelle, si sinistre soit-elle, qu'à tout l'enseignement qui avait pu lui avoir été inculqué durant ses sept années d'études... et elle n'était pas convaincue que cela suffise à convaincre tout recruteur, pour peu qu'ils aient la dent dure. Et justement...

Si McDowell avait assuré qu'il accepterait de lui trouver un stage en criminologie (un stage qui serait à la fondation de tout, mais elle n'en savait rien encore), tout dépendrait de son succès au cours de sa formation, bien sûr, mais aussi de l'entretien qu'elle s'apprêtait justement à passer.

Pomona ne connaissait Arcturus Black que de réputation, mais c'était en soi bien assez, justement, pour deviner qu'il n'y aurait rien d'avisé à prendre cet entretien à la légère.

Mais en même temps, Pomona ne prenait jamais rien à la légère.
Par instants, c'était une qualité, à d'autres, un défaut certain. L'art du lâcher-prise que maîtrisait si bien Henry lui était une discipline étrangère... Alors, même si elle s'engageait sur une voie qu'elle osait encore prétendre ne pas être la sienne, toute à ses intentions ethnologiques qui lui paraîtraient bien vite lointaines, elle prenait cela au sérieux, et espérait bien faire l'impression nécessaire pour passer ensuite aux étapes suivantes.

Quand il fut à son tour de se présenter en salle d'entretien, elle franchit le seuil de la porte pour se retrouver face à Mr. Black, qu'elle salua aussi poliment que son éducation - de laquelle elle n'avait pas tout rejeté, juste le nécessaire - le lui avait appris.

"Bonjour, monsieur."