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orbert n'avait communiqué son adresse qu'à peu de personnes, et ce pour une raison assez évidente : il n'aimait pas forcément les échanges épistolaires. Ou plutôt, non, ce n'est pas qu'il ne les aimait pas, mais il avait du mal à les entretenir. Et à mesure que sa notoriété grandissait, il devenait e pus en plus difficile de gérer l'afflux de courriers qui lui parvenaient : certains pour l'encourager, certains pour le questionner, certains pour le menacer. Au final, il avait décidé que pour lui écrire, il faudrait passer par son éditeur. Là, quelqu'un se chargerait de trier le courrier pour lui. Mais ce n'était pas chez Obscurus Book que la lettre de Linus Carthridge lui était parvenue, mais directement chez lui, et pour cause, c'était Hyppolite qui avait onné au jeune homme l'adresse de son père. Le courrier était quelque part assez touchant, en le lisant, Norbert avait un peu le sentiment de se lire au même âge, la même passion, la même volonté, le même désir d'approfondir et de communiquer des connaissances qui échappaient à beaucoup. S'il n'avait été l'ami d'Hyppolite, peut-être que le magizoologiste se serait contenté d'écrire en réponse au jeune homme sans rien faire de plus. Mais parce qu'il y voyait aussi une manière parmi tant d'autres de se racheter (si c'était vraiment possible) auprès de son fils, Norbert avait donné rendez-vous à Linus. Une date qui était supposé correspondre à un retour de voyage, et où il serait disposé à le rencontrer.

La date était arrivée (et Norbert l'aurait sans doute oubliée si Tina ne la lui avait pas rappelée), et beaucoup de choses s'étaient passées, depuis. A commencer par la disparition d'Hyppolite, bien sûr, dont Norbert n'avait pas la moindre nouvelle. Pas de voyage pour lui... et pas de rendez-vous non plus ? Il avait bien pensé à tout annuler, mais en même temps... La vie, même si c'était difficile à admettre, devait continuer. Et aussi, justement, ce jeune homme était un ami d'Hyppolite. Alors peut-être... Non, il ne devait rien savoir. Mais au moins, ce serait un moyen comme un autre de se sentir proche de lui malgré son absence. Bref, dans tous les cas, il avait décidé d'y aller, alors, à l'heure convenue (juste un tout petit peu en retard), il avait transplané jusqu'à Pré-au-Lard. Devant les Trois-Balais, le jeune homme l'attendait. Norbert le salua le plus cordialement possible.

-Bonjour, aucun problème, répondit-il, peut-être plus tendu que ne l'était son interlocuteur, en fin de compte. Il n'était pas doué pour ces choses-là. On va à l'intérieur ? proposa-t-il en désignant la devanture des Trois-Balais d'un signe de la tête.

ils seraient mieux à l'intérieur pour parler, ne serait-ce que parce qu'il ne faisait pas bien chaud, en ce mois de janvier.

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inus semblait être un jeune homme volontaire et sûr de ce qu'il voulait, s'il était intimidé, il n'en montrait absolument rien, ou en tout cas, la magizoologiste, qui de toute façon ne savait pas être observateur dans ce domaine, ne le constatait pas. Quand ils eurent pénétré dans les Trois Balais, il prit parti de leur trouver une table et de les y guider. Norbert ne contredit pas son choix. Outre le fait qu'il ne se voyait pas faire des histoires pour si peu, il approuvait totalement le choix du jeune homme, ils seraient un peu à l'écart, éviteraient le brouhaha ambiant. Lui qui n'aimait pas particulièrement se mêler à la foule ne risquerait certainement pas de s'en plaindre... même si, dans tous les cas, il avait la tête ailleurs. Bien incapable de se focaliser sur ce qui l'incommodait d'habitude, il se faisait surtout violence pour ne pas se laisser submerger par sa préoccupation première, sans quoi cet entretien allait se muer en interrogatoire en règles au sujet d'Hyppolite, et ils n'y gagneraient rien. On vint prendre leur commande.

Linus commanda une bièraubeurre, Norbert un thé à la canelle. Bien évidemment, il avait l'intention de payer leurs consommations. C'était d'ailleurs à ses yeux la moindre des choses. Quand ils furent installés, leur chope et tasse servis, il fut donc temps d'engager la conversation. Norbert, qui n'était pas à l'aise avec ce genre de discussion, aurait préféré que Linus s'en charge, mais puisqu'il ne disait rien, et puisque c'était logiquement à lui d'être le plus assuré des deux, il consentit à reprendre la parole. Même si au final, il n'allait pas pouvoir dire grand-chose, il considérait que c'était à Linus de poser ses questions, à Norbert d'y répondre... et surtout, de ne pas se laisser déborder par les pensées et les interrogations qui l'assaillaient, et qui ne rendraient pas service à cet entretien.

-Eh bien, je t'écoute, j'ai cru comprendre que tu avais des questions.

Hyppolite lui en avait un peu parlé, et Linus l'avait confirmé de son côté dans son courrier, il avait l'intention de se spécialiser dans la botanique et comptait écrire un ouvrage de référence à ce sujet. Le projet était louable, mais Norbert n'avait pas grand-chose à en dire si son interlocuteur ne lui donnait pas plus de précisions, ne l'interrogeait pas sur ce qu'il recherchait.

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inus lui parla plus longuement du livre sur les plantes qu'il espérait pouvoir écrire. Au fond, il semblait être le pendant herbologiste de ce qu'il était vis-à-vis des animaux, il voulait les observer, les étudier, découvrir de nouvelles espèces, faire le tour du monde en fonction des saisons de floraison, de pousse, de reproduction. Le tout pour ensuite rédiger un ouvrage de référence comme il l'avait fait lui-même avec son ouvrage constamment réédité avec les modifications qu'il avait eu à y apporter au fil du temps. Il voulait savoir comment il s'y était pris. Norbert n'avait pas vraiment le coeur  de discuter de tout cela, mais qu'il le veuille ou non, il n'était pas temps à présent de rebrousser chemin et de refuser de répondre aux questions du jeune homme. Il prit donc sur lui et répondit avec le plus de précision possible, en tentant de mettre de côté ses peurs et ses angoisses, qui pour autant ne l'avaient toujours pas quitté... et n'avaient de toute manière aucune chance de le quitter tant qu'il n'aurait pas retrouvé son fils... pour peu qu'il le retrouve un jour.

-Eh bien... pour commencer, ce genre de voyages nécessitent un budget... J'ai travaillé plusieurs années au ministère et économisé pour pouvoir financer mes expéditions...

Avant d'obtenir des subventions plus avantageuses. Il ne se souvenait que trop des deux années passées au bureau de replacement des elfes de maison, les années parmi les plus ennuyeuses de son existence.

- Et aussi, il faut savoir gagner la confiance des éditeurs, se lancer dans un tel projet exige d'être sûr qu'il aboutira.

Ce n'était pas forcément le genre de Norbert d'être aussi pragmatique, bien au contraire, même, mais récemment, il avait appris à être un peu défaitiste, et il ne faudrait pas non plus que Linus se lance dans un tel projet sans avoir un minimum conscience des risques. Lui, avait été reconnu pour ses connaissances avant d'entreprendre ses différents voyages, quand il avait été transféré au service des animaux fantastiques, et c'était grâce à cela qu'il avait pu voler de ses propres ailes.

- Le reste est souvent une question de chance et de hasard, on peut se perdre plusieurs semaines dans la jungle amazonienne sans rien observer de significatif ou de nouveau. Une question de patience aussi... Car observer un animal ou une plante dans son milieu naturel, cela exigeait parfois énormément de temps. ...et de sacrifices..., ajouta-t-il, miné par cette dernière information, mais qui de toute évidence, s'était vérifiée.

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e jeune homme parut attentif à tous les propos que lui adressa Norbert, et ce dernier appréciait. La situation n'était vraiment pas facile pour lui en ce moment, s'il faisait l'effort de se déplacer, c'était bien dans l'espoir que ses conseils soient entendus et n'entrent pas dans une oreille pour ressortir par l'autre. Linus lui avait l'air d'être un gamin sérieux et intelligent, c'était toujours ça de pris. Quand il aurait pu revenir sur nombre des propos qu'il avait tenus, le jaune et noir décida d'en retenir un en particulier, et ce n'était pas celui qui promettait la réponse la plus complexe, aussi cela convenait-il très bien à Norbert. Il aurait été bien moins à l'aise s'il lui avait en revanche fallu en dire davantage sur les sacrifices que lui-même avait dû faire (et le pire de tous, à l'heure actuelle, en était un qu'il n'avait pas décidé et qu'il n'aurait absolument jamais prémédité). Faisant de son mieux pour reléguer cette sombre pensée à une autre région de son cerveau, il répondit.

-Eh bien, il n'y a pas de solution miracle, malheureusement. S'il y en avait une, ce serait beaucoup plus simple pour tous les écrivains en herbe d'appréhender sereinement leur carrière. Parfois, c'est une question de réseau, de relations. Dans son cas, peut-être que la réputation de son frère, véritable héros de guerre, avait rassuré son éditeur... personne ne l'avait exprimé comme tel, mais posséder un nom qui n'était pas totalement inconnu était sans doute un avantage. Et puis... il y avait aussi ses quelques aventures et mésaventures qui avaient fait grand bruit. Mais le plus simple et le plus efficace sera toujours de faire tes preuves dans ton domaine de prédilection. Ses grandes connaissances concernant les créatures magiques avaient fait le tour du ministère et lui avaient permis d'avoir un minimum de légitimité. Si tu me prouves tes compétences, eh bien... je pourrais peut-être te recommander auprès de mon éditeur, mais il ne faudra pas le prendre pour argent comptant.

Il voulait aider Linus s'il le pouvait. En partie parce que le jeune homme lui rappelait un peu lui à son âge, mais aussi - moins avouable -, parce que Linus était l'ami d'Hyppolite. A rebours, c'était une manière pour lui de se rattraper auprès de ce dernier.

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ême si il n'avait su s'empêcher de leur déterminer des points communs, force lui était de reconnaître que leurs manières de raisonner n'étaient par certains aspects pas les mêmes, mais c'était très logique en soi, leur différence d'âge jouait sans l'ombre d'un doute. Que Linus s'interroge directement sur le public qu'il devait cibler avec son ouvrage étonna le magizoologiste. Bien sûr, c'était intelligent de s'interroger, on n'écrivait pas de la même manière un ouvrage scolaire et un écrit de référence destiné aux spécialistes. Norbert avait sans doute raisonné un peu comme ça en écrivant Vie et Habitat des animaux fantastiques, mais en même temps, son intention n'avait pas été de s'adresser à une catégorie de personnes, il avait voulu rendre son livre accessible à tous parce qu'il considérait qu'il était important que les sorciers is'exemptent de leurs préjugés concernant les créatures fantastiques et les connaissent mieux pour savoir les respecter à la mesure de leurs incroyables habilités et de leurs nombreuses qualités. Son livre avait fini par être mis au programme des étudiants de Poudlard en cours de soins aux créatures magiques, mais même si Norbert en était fier maintenant, il n'avait pas forcément cherché cela.

Mais Linus, lui, semblait déjà décidé. Ce n'était pas inintéressant, mais réduisait peut-être son champ d'expertise quand même. Avant de choisir son lectorat, Norbert conseillerait plutôt à Linus de se laisser porter par son sujet et sa plume, ce seraient davantage eux qui déciderait du public à qui l'oeuvre serait accessible. Il avait l'intention de le lui dire d'ailleurs, mais fut pris de court quand Linus continua à parler. Il appréciait d'aider ses camarades plus jeunes, dont Hyppolite. En entendant le nom de son fils, Norbert crut sentir son teint blanchir et son estomac pesa tout à coup dans son ventre comme un poids immense et mort. Déjà que cette conversation était délicate à cause d'Hyppolite. De toute évidence, le jeune homme n'était pas au courant, il en parlerait différemment, sinon. Norbert mit longtemps à répondre, plus longtemps que nécessaire, sans doute, mais c'était ce temps qu'il lui fallut pour se composer à nouveau une contenance.

-Oui, oui, les articles, c'est un bon début, répondit le magizoologiste un peu distrait... Tu n'as pas besoin de te restreindre à un lectorat particulier, il n'y a pas d'âge pour vouloir apprendre.

Pour devoir apprendre, comme lui le faisait de ses erreurs. Mais trop tard, dans son cas, malheureusement.

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l n'y avait pas d'âge pour apprendre, c'est certain. Norbert lui-même ne pouvait pas le nier, d'ailleurs. S'il était un expert dans son domaine et était même réputé pour être la référence quand il était question de créatures magiques, il était bien loin d'avoir l'audace de penser tout savoir. Il avait de très nombreuses lacunes, beaucoup de choses qu'il devrait comprendre et apprivoiser au quotidien. Tout le monde devrait sans cesse chercher à apprendre davantage, avoir cette curiosité naturelle qui vous permettrait d'évoluer. Malheureusement, cela n''était finalement pas si courant. Mais ce n'était pas une raison pour ne pas chercher à le faire malgré tout... Et justement, des livres comme celui qu'ambitionnait d'écrire le jeune jaune et or étaient des invitations, y compris à ceux qui pensaient ne pas devoir s'intéresser, qui en fin de compte ne s'étaient ême pas posé la question, en fin de compte.

En tout cas, si les idées et pensées de Norbert étaient totalement embrouillées par les récents événements, au point de le rendre difficilement capable d'entretenir au mieux cette conversation, il était au moins satisfait de voir qu'il semblait être d'une aide véritable à son interlocuteur qui paraissait y voir plus clair, grâce à ses conseils. S'il avait pu l'aider et lui donner des conseils dignes de ce nom, il aurait au moins réussi quelque chose dernièrement... mais ce serait bien l'unique chose qu'il aurait réussi, à ses yeux. D'ailleurs, au fond, il n'était peut-être pas bien placé pour donner des conseils. Linus semblait vouloir calquer son parcours sur le sien, mais le magizoologiste ne le lui souhaitait pas forcément. Oh, il adorait son métier, ses voyages, sa vie jusqu'ici, mais ce même métier l'avait mené sur un chemin sinueux où il ne considérait pas que quiconque puisse s'épanouir sur le long terme sans prendre quelques précautions qu'il avait négligées de son côté.

-J'ai voyagé pendant huit ans, confia-t-il alors, en ne faisant bien sûr référence qu'à ses années d'expédition, entre l'établissement de son contrat d'édition et la remise de son manuscrit (heureusement que son éditeur était un peu patient). Mais il pourrait dire en réalité qu'il avait voyagé toute sa vie dès lors qu'il en avait eu l'âge. Il y avait pris goût, sans doute trop. Mais je n'ai jamais vraiment cessé depuis.

C'était dans son tempérament... Et il le payait très cher, aujourd'hui. Rétrospectivement, il prendrait des décisions très différentes si on lui laissait le choix.

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inus ne fit aucun commentaire quant à la réponse que lui adressa son interlocuteur. Le magizoologiste devinait pourquoi, il devait sans doute se contenter d'assimiler l'information. Huit années sans vraiment être chez soi, à courir le monde, c'était une perspective stimulante, mais aussi engageante dans le meilleur et le pire sens du terme. Norbert avait d'ailleurs goûté à ces deux aspects tout à la fois. Bien sûr, le jaune et noir n'avait pas besoin de suivre précisément son exemple, mais les plantes, même si elles ne changeaient (pour la plupart) pas de location n'exigeraient pas moins de temps et d'efforts de sa part, et s'il voulait bien faire les choses, il allait être des plus important qu'il s'y prépare, tout simplement. Il pouvait bien faire ce qu'il voulait en tout cas, maintenant, s'il décidait de s'engager dans la voie qui l'intéressait et qui paraissait lui plaire, alors il en connaîtrait tous les tenants et les aboutissants et agirait en connaissance de cause, tout simplement. Lui, aurait sans doute apprécié que quelqu'un l'avertisse, lui donne ce genre de conseils. Est-ce qu'il aurait agi différemment ? Il était très probable que non, en fin de compte, mais au moins, il aurait été averti, il n'aurait pas pu prétendre l'inverse.

Quand Linus reprit la parole, ce ne fut plus pour lui parler de son travail, de ses méthodes ou de son expérience, c'était pour aborder un sujet qu'il se serait bien épargné d'entendre, mais qui était inévitable. Et ce n'était peut-être pas si mal de crever l'abcès. Parce que, dans tous les cas, Norbert ne pouvait pas s'empêcher de penser à son fils à l'heure actuelle. Et constamment... La présence de Linus n'arrangeait pas les choses. Ceci dit, il aurait préféré qu'il lui pose sa question différemment. Linus n'avait pas voulu se montrer indiscret, mais il l'était. Oui, Hyppolite n'était pas heureux de cette situation, il ne l'était pas depuis un moment, Norbert le savait sans avoir rien réussi à tempérer ou réparer. Et maintenant, il était peut-être trop tard.

-Tu n'es pas au courant, alors..., dit-il en constatant qu'en effet, l'attitude du jeune homme lui laissait comprendre qu'il n'avait pas conscience de la situation à l'heure actuelle. Hyppolite a disparu.

Il n'était pas sûr d'avoir envie de parler de tout ça. Mais en même temps, il ne pouvait pas se permettre de ne pas en parler non plus.

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a réaction de Linus ne laissait aucun doute quant au fait que son interlocuteur n'était effectivement pas au courant des derniers événements. Ce n'était sans doute pas illogique, mais quand quelque chose vous prend ainsi, au coeur et aux tripes au point que plus rien d'autre ne parvient à compter, il est difficile d'admettre que pour tous les autres, la Terre ne s'est pas arrêtée de tourner. Maintenant, il savait, et il était de toute évidence choqué et affecté de ce qu'il découvrait. Il se doutait qu'Hyppolite et lui ne devaient pas être les meilleurs amis du monde, il y avait une trop grande différence d'âge entre eux pour cela, mais Linus devait être quelqu'un d'altruiste, et dans tous les cas, il n'était jamais vraiment plaisant de découvrir l'absence d'une personne à que l'on côtoie au quotidien. Il avait déjà vécu ça.

L'attitude de Linus, en tout cas, lui fit du bien, autant que cela pouvait être possible au vu des circonstances. Il gardait cette information pour lui depuis le début de leur conversation. Il se sentait soulagé d'avoir pu parler ainsi du poids qu'il avait sur le coeur, de cet étau qui lui comprimait le cerveau. Linus proposait d'aider à chercher, de parler aux gens autour de lui. Norbert ne se faisait pas beaucoup d'illusion. Cela faisait longtemps, beaucoup trop longtemps, que l'enquête piétinait, sans succès, malgré tous leurs efforts, vraiment. Mais en même temps, c'était peut-être justement le moment de lui apporter un nouvel éclairage. Norbert, en tout cas, ne comptait pas refuser la moindre main tendue.

-On fait déjà toutes les recherches possibles, répondit-il, dépité.

Oui, c'était un soulagement d'en parler enfin, mais une souffrance malgré tout, car il n'y avait rien de plus douloureux à ses yeux que d'évoquer la perte de son enfant, à plus forte raison qu'il était convaincu d'en être responsable, qu'Hyppolite avait fugué, que quelque chose lui était arrivé en chemin. Dans tous les cas, c'est de sa faute.

- Mais si tu entends quoi que ce soit, si tu vois n'importe quoi qui pourrait nous aider...

Il était évidemment preneur. Il ne demandait qu'à trouver de nouvelles pistes qui le rapprocherait d'Hyppolite. Chaque jour qui passait était plus éprouvant que le précédent. Il ne savait pas combien de temps il parviendrait à tenir à ce rythme.

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orbert afficha un léger sourire qui ne savait rien dissimuler de son désarroi quand son interlocuteur lui affirma espérer qu'il retrouverait bien vite Hyppolite. Comment pourrait-il vouloir l'inverse, en même temps ? Le magizoologiste ne souhaitait rien de plus également, malheureusement, il doutait fort de pouvoir être exaucé. Il voulait encore y croire, parce que l'espoir était tout ce qui lui donnait encore la force de... vivre un minimum (et encore, Tina affirmerait - à juste titre - que ce n'était pas franchement concluant), mais l'un dans l'autre, la lucidité finissait par l'emporter sur l'espoir. Il fallait commencer à admettre la possibilité que son fils ne reparaisse jamais, qu'il était peut-être quelque part, soigneusement enterré sous plusieurs mètres de terre ou noyé dans la Tamise... Ces pensées étaient plus horrifiantes les unes que les autres, mais plus le temps passait, plus ses pensées se laissaient nourrir d'idées chaque fois plus obscures, et il lui devenait de plus en plus difficile de lutter contre.

-Merci, répondit-il d'une voix qu'il découvrit éraillée quand Linus lui assura qu'il l'informerait s'il devait découvrir quoi que ce soit qui puisse potentiellement l'aider.

Il espérait vraiment qu'il trouverait quelque chose de son côté... qui sait ? Peut-être ne fallait-il que ce point de vue nouveau pour retrouver la trace de son fils ? Ou pas... il ne devait pas se laisser envahir d'espoirs trop irréalistes, il le savait bien. Dans tous les cas, il appréciait le soutien et l'attention du jeune homme, même s'il avait bien conscience du fait que ce dernier n'avait pas voulu le voir pour cela, et qu'il était peut-être en train de gâcher, un moment dont il avait attendu tout autre chose. Seulement, il n'avait pas pu se taire. Pas su. Il avait essayé, mais c'était impossible. Tout lui rappelait Hyppolite, constamment, la présence de Linus plus encore que tout le reste, mais il ne pouvait pas juste... prétendre que la Terre s'arrêtait de tourner, même s'il n'était pas rare du tout qu'il le fasse, qu'il s'abandonne à la détresse plutôt qu'à la raison... Les deux se rejoignaient, au final.

-Tu... tu as d'autres questions ? demanda-t-il, un peu déphasé, mais qui ne voulait pas empêcher Linus de lui poser toutes les questions qu'il voulait tant qu'ils étaient là tous les deux, même si c'était tout sauf aisé pour lui.

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