L'honneur d'une famille s'apprécie quand la fille se marie... (pv Caspar)

Charis était lessivée, il faut dire que sa dernière mission pour les mangemorts n'avait pas été de tout repos. Avant de rejoindre les rangs de Lord Voldemort, elle n'avait jamais combattu, pas une seule fois. Elle connaissait les sorts et théorie, et elle s'était exercée à sa manière, sans que ce soit jamais sur de véritables sujets, alors elle n'était pas novice non plus, mais elle reconnaissait quand même qu'il y avait une grande différence entre ce que l'on apprend dans le confort de son manoir et ce que l'on apprend en situation, sur le tas.

Avant tout ceci, Charis n'avait jamais vu qu'un seul cadavre dans sa vie, celui de sa grand-mère, quand elle l'avait retrouvée le regard vitreux et la bouche ouverte allongée dans son lit, sans plus l'ombre d'une respiration, mais les cadavres qu'elle faisait elle-même, c'était autre chose.

Pourtant, ça ne lui déplaisait pas... au contraire, même, elle avait tendance à trouver ça pour le moins grisant... Elle était fière du monde qu'elle était en train de construire, elle était fière d'apporter sa pierre à l'édifice, elle éprouvait de l'euphorie à se sentir utile, nécessaire.

Ce qu'elle se ressentait beaucoup moins être au sein de son foyer. Ce n'était pas faute de faire des efforts, pourtant... Mais elle avait le sentiment de faillir à sa vocation première, et c'était assez frustrant, il est vrai.

Charis, une fois rentrée de mission, s'était lavée et changée avec soin, afin de se présenter au retour de son époux dans tout ce qu'elle était capable de perfection. Il n'allait pas tarder, en effet, et elle tenait à ce que, à son retour, tout soit impeccable. Faisant le tour du propriétaire, elle était à l'affût du moindre grain de poussière, de la moindre trace de saleté.

La table était dressé, le fumet d'un repas en train de cuire embaumait la salle à manger... Tout lui semblait impeccable. Une chance pour elle, en plus de toute sa rigueur, elle pouvait compter sur l'implication de leur elfe de maison, qui était aussi dévouée qu'une elfe de maison pouvait l'être.

Quand elle eut fini son inspection, elle prit place dans le salon, son carnet d'adresse à la main. Elle prenait soin de le mettre à jour régulièrement, et avec encore plus d'application en ce moment, car elle savait que la moindre de ces relations pouvaient jouer un rôle charnière dans l'empire en train de se construire.

Ce fut à ce moment-là qu'elle entendit la clé se tourner dans la porte d'entrée. Caspar rentrait. Charis se releva, prit soin de corriger les éventuels plis sur sa robe et l'accueillit sur le pas de la porte, un sourire aux lèvres, aimable, aimant, mais discret.

"Bonsoir." Elle le débarrassa de sa veste. "Tu as passé une bonne journée ?"

L'honneur d'une famille s'apprécie quand la fille se marie...

Quand Caspar transplana afin de rentrer chez lui, il aurait bien aimé que sa journée se soit passé comme toutes celles qu’il vivait d’ordinaire. Mais ce n’était pas le cas, parce qu’il avait fait ce détour sur le chemin de traverse et qu’il avait croisé son ex fiancée en train d’essayer une robe de mariée. Caspar n’avait aucune envie que cela change quelque chose, que cela le touche plus que de raison, mais force lui était de constater qu’il se sentait particulièrement agacé. Parce qu’il voyait cette femme se préparer à épouser un autre, alors qu’elle aurait dû l’épouser lui. Comment pouvait-on faire un choix tel que celui-là sérieusement ? Elle avait abandonné un mariage en or, avec un type comme lui (comment pouvait-on trouver Weasley mieux que lui ?), pour devenir une femme respectée, une Croupton et donc appartenir à une famille qui avait de l’intérêt. Tout cela pour quoi ? Pour s’enticher d’un rouquin amoureux des moldus. Cela faisait partie du passé en un sens, Caspar avait une femme, il n’avait pas perdu au change puise que les Croupton étaient bel et bien liés aux Black, mais quand même. S’il ne pouvait pas avoir Cedrella, il n’avait aucune envie que quelqu’un l’ait. Cela ne voulait pas dire qu’il l’aimait, bien au contraire, il n’aimait déjà pas sa femme officielle.

Alors qu’il n’y avait aucune chose qu’il pouvait réellement lui reprocher, en dehors d’être simplement un deuxième choix et la sœur de celle qu’il aurait dû épouser normalement. Beaucoup devait l’envier, avoir une femme aussi charmante, belle et dévouée ce n’était pas donné à tout le monde. Caspar savait qu’il avait de la chance oui, mais ce n’était pas pour autant qu’il sautait de joie. Charis se donnait du mal pour autant, Caspar en avait conscience. Quand il passa la porte de sa maison, elle était là, elle l’attendait et vint à sa rencontre l’aidant à retirer sa veste. Il n’afficha aucun sourire – il ne le faisait pas souvent de base et ce n’était clairement pas avec la jeune femme qu’il le ferait – se contentant donc de laisser Charis faire, avant de tendre sa mallette de son travail à l’elfe de maison qui les avait rejointes, pour qu’elle puisse l’emporter dans son bureau. Un délicieux fumet envahissait l’air, le repas était près comme d’habitude. Caspar supposait que la table devait être dressée également, ce qu’il constata être bien le cas en tournant son regard avant même de répondre à son épouse. Tout était parfait oui. Mais est-ce qu’il allait le dire ? Pensez-vous. Il trouvait ça de toute façon bien trop normal pour dire quoi que ce soit. Et il n’avait pas envie de s’ennuyer à complimenter Charis.

« Ça a été. » Répondit-il seulement d’un ton neutre à son épouse avant de s’approcher vers la table et de s’installer à sa place. « J’ai fait un tour sur le chemin de traverse aujourd’hui. » Dit-il alors, sans même tourner son regard vers Charis. « J’y ai croisé ta sœur. » Il ne précisa pas laquelle, le ton de sa voix devait en dire assez. Et s’il devait parler de l’aînée, il utiliserait son prénom. « Elle essayait des robes de mariée. »

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« Ça a été. »
La réponse de Caspar était très froide et très neutre. C'était habituel, chez lui. Jamais la moindre démonstration d'affection (quelle affection, en même temps ?), jamais le moindre mot tendre, et jamais il ne lui retournait sa question.

C'était peut-être normal, il n'avait aucun compte à lui rendre, et il ne lui devait aucune tendresse... mais par moments, elle en apprécierait tout de même un peu. En récompense à ses efforts. Mais cette soirée ne ferait pas exception à toutes les autres, elle se déroulerait selon le même schéma, et deviendrait bien vite morne et silencieuse. C'était comme cela. Ce devrait toujours l'être, certainement.

Il se dirigea vers la table de la salle à manger où le dîner les attendait, Charis attendit qu'il soit assis, afin de s'assurer que tout lui convenait et de ne pas avoir à se relever dans l'instant, et s'installa à son tour. L'elfe de maison se mit à l'ouvrage. Remplit leurs verres de vin, ainsi que leurs assiettes. Ce fut à ce moment-là que Caspar reprit la parole, au grand étonnement de Charis qui s'attendait à un nouveau dîner silencieux, ou bien à chercher à alimenter la conversation seule sans succès.

« J’ai fait un tour sur le chemin de traverse aujourd’hui. »
En soi, l'information était banale, et cela faisait presque plaisir à Charis, parce que discuter de tout et de rien, même cela, ils ne le faisaient jamais.

Mais elle allait bien rapidement déchanter, car Caspar lui parlait de sa sortie sur le chemin de traverse pour une raison précise.

« J’y ai croisé ta sœur. »
Sa soeur... Elle aimerait qu'il parle de Callidora, mais puisqu'il ne l'avait pas nommée et vu son ton, il était clairement question de Cedrella. Elle n'aimait pas la tournure que prenait la discussion. Ils avaient soigneusement évité de parler de Cedrella jusqu'alors, et ça lui allait très bien. C'était un sujet difficile à aborder. Mais elle n'allait pas pouvoir y échapper.

« Elle essayait des robes de mariée. »
Ah...

"Oh...", dit Charis qui reposa prudemment les couverts qu'elle venait tout juste de saisir, tout à coup mal à l'aise. "Donc ça y est..." Il fallait s'y attendre, à un moment ou à un autre, elle allait épouser son fichu rouquin... Sauf si ils faisaient ce qu'il fallait. "Qu'est-ce que vous vous êtes dit ?" demanda-t-elle, feignant une indifférence qu'elle n'éprouvait pas.

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Caspar se doutait que le fait de parler de la sœur de Charis allait faire son effet. En même temps, c’était un sujet particulièrement difficile et délicat. Au point qu’ils n’en parlaient jamais et que Caspar ne prenait pas non plus la peine de nommer la sœur de son épouse par son prénom, se contentant de cette appellation « sa sœur ». Une façon comme une autre de rappeler à son épouse qu’elle avait une sœur et que cette sœur aurait dû être à sa place. Ils n’en parlaient jamais non, Caspar n’en parlait pas pour éviter de rappeler à Charis qu’elle se trouvait là parce que Cedrella l’avait abandonné juste avant de l’épouser. C’était simplement pour éviter de parler de cette humiliation qu’il avait reçu à ce moment précis, alors qu’il ne supportait pas de ne pas avoir tous les pans de sa vie sous contrôle. Mais il pensait que c’était tout de même important d’en parler présentement, au vu de la situation actuelle. Cedrella était sur le point d’épouser Weasley, il était évident que la situation était en train de nouveau disparaitre du contrôle des « Black et plus ».

Charis était donc surprise qu’il parle de sa sœur, ce qui ne surpris pas vraiment Caspar donc. Ça y était, en effet. En un sens, tout le monde savait que ça finirait bien par arriver. Si Cedrella et son amoureux des moldus s’étaient tenus un peu tranquille ces derniers temps, ils se doutaient tous que ça allait finir par arriver. Sauf que ce n’était pas parce qu’ils étaient au courant qu’ils pensaient que ça allait arriver si rapidement. Caspar devait bien avouer qu’il avait fait une erreur – ce qu’il allait garder pour lui, cependant – en considérant un peu qu’en ne parlant pas de la sœur de son épouse, quand ne mentionnant pas son ancienne fiancée, qu’en l’ignorant, elle allait disparaitre. Ce n’était pas le cas et elle s’apprêtait à épouser Weasley, ce qu’elle désirait faire depuis qu’elle l’avait abandonné. Caspar observa son épouse réagir, la manière dont elle posa ses couverts. Le repas n’était peut-être pas le moment opportun pour parler de tout cela. Avait-t-il de la compassion ? Non.

« Pas grand-chose. » Se contenta-t-il de répondre à Charis. Caspar n’avait pas spécialement envie de rentrer dans les détails de la conversation qu’il avait eu avec Cedrella, peut-être parce qu’il était un peu trop ébranlé par tout cela. Plus que ce qu’il n’osait l’accepter. « Elle se trouvait dans une boutique de seconde main, ça ne semblait pas la déranger. » Précisa-t-il tout de même. Cette boutique qu’elle n’aurait eu aucune raison de fréquenter normalement, pour porter des robes qui n’étaient pas à la hauteur de son rang de naissance. Elle n’aurait pas eu à porter ce genre de tenue si elle avait décidé de l’épouser lui. Mais bon, ils ne pouvaient pas refaire le passer, sans doute. « Vous allez agir n’est-ce pas ? » Demanda-t-il en continuant de manger, prenant même la peine de boire une gorgée de vin avant de relever son regard vers Charis. « Avec Callidora. »

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« Pas grand-chose. »

Charis n'était qu'à moitié satisfaite de cette réponse. Au fond, si cette réponse devait être sincère, elle appréciait que la conversation de Caspar avec sa soeur ne se soit pas éternisée, car la seule idée de les savoir tous les deux dans la même pièce n'avait définitivement rien pour lui plaire.

Mais justement, elle n'était pas certaine qu'il soit sincère. Il était tout aussi possible qu'il refuse seulement de lui apprendre de quoi ils avaient bien pu parler plus précisément. Et si tel était le cas, c'était loin de la ravir.

Non pas qu'elle puisse s'imaginer avec Cedrella une concurrence autre que celle qui les opposa dès l'instant où on offrit sa main à Caspar pour compenser la fuite de la cadette, mais elle n'aimait pas davantage malgré tout que cette concurrence puisse être alimentée d'une façon ou d'une autre.

Mais dans tous les cas, elle connaissait bien assez son époux pour savoir qu'il ne lui accorderait aucune réponse satisfaisante. Il ne devait pas penser lui en devoir la moindre par ailleurs, d'ailleurs, à son grand regret.

« Elle se trouvait dans une boutique de seconde main, ça ne semblait pas la déranger. »

Charis grimaça. Preuve était faite que Cedrella avait définitivement et radicalement changé. Fut un temps ou la simple idée de se rapprocher trop ce genre de boutique aurait été à ses yeux une offense.

Mais qu'attendre d'autre de la part de celle qui avait renoncé à sa vie confortable pour le roturier Weasley. Elle avait perdu l'esprit, il n'y avait rien d'autre à comprendre. Le lui rendre, pourquoi pas ? Mais est-ce que c'était seulement possible.

Charis envisagea de demander à son époux ce que lui-même pouvait bien faire, au fait, dans cette boutique de seconde main, elle décida de s'abstenir. Pourquoi poser sans cesse des questions auxquelles il ne répondrait pas.

« Vous allez agir n’est-ce pas ? Avec Callidora. »

Charis ne put s'empêcher de se sentir piquée par cette question même si elle n'aurait pourtant su trop dire pourquoi. Peut-être parce qu'il semblait sous entendre qu'elle avait l'intention de rester les bras croisés sans envisager d'intervenir. Peut-être parce qu'en incluant Callidora à son discours, il laissait entendre qu'elle ne serait capable de rien sans sa soeur.

Et dans les interprétations qu'elle se faisait de la vérité, il y avait bien sûr cette frontière ténue que Charis n'avait pas envie d'assumer pour vraie mais qui l'était malgré tout.

"Bien sûr", répliqua-t-elle aussitôt avec toute l'assurance possible pour bien lui faire comprendre que l'inverse n'était pas envisageable. "Notre réputation est en jeu." Elle marqua une légère pause. "Et j'ai toujours défendu notre réputation."

Et elle voudrait que Caspar lui reconnaisse au moins ça.

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En réalité, Caspar savait exactement comment il avait envie que son épouse réponde à sa question, parce qu’il ne supporterait pas réellement qu’elle réponde d’une autre manière. Au vu de la situation, il était quand même évident qu’ils ne pouvaient pas laisser Cedrella faire et quand bien même le jeune homme parlait principalement de Charis et de sa sœur, qui devraient agir par la force des choses, il s’incluait quand même dans le lot. Parce qu’il considérait que ça le concernait tout autant qu’elles, peut-être même plus en un sens. Parce que quand bien même Charis avait dû prendre la place de sa jeune sœur après sa trahison, Callidora de son côté n’avait pas directement été touché par tout cela. Oh, la famille avait été touché et connaissant le caractère de l’aînée de la fratrie – et ils avaient quelques points en commun tous les deux – elle en faisait forcément une affaire personnelle. Et de son côté, Caspar était directement impliqué par tout cela, parce qu’elle avait osé s’en aller juste avant leurs noces.

Sans grande surprise donc, Charis répondit qu’elle allait faire quelque chose, et quelque chose lui disait qu’elle cherchait à lui faire comprendre qu’elle ne pouvait pas envisager de faire les choses autrement. Parfait, il préférait ça. Non pas qu’il ait spécialement douté du fait qu’elles feraient quelque chose, mais on ne savait jamais. Quand bien même, comme Charis le souligna bien, leur réputation était en jeu et ce n’était pas rien, elles ne pouvaient pas laisser passer ça. Elle ne pouvait pas le faire.

« C’est vrai. » Dit-il simplement, quand elle affirma qu’elle avait toujours défendu leur réputation. « Je peux te reconnaître ça. »

Ce qui ressemblait fort à un compliment de sa part, qu’elle n’en attende pas réellement plus, parce qu’il y avait peu de chance qu’elle en ait plus un jour. Quand bien même, la façon détachée de Caspar de le dire n’était pas forcément la plus adéquate quand on prenait la peine de faire un compliment à quelqu’un. Cependant, il reconnaissait bien que son épouse avait toujours défendu la réputation de sa famille, et la leur maintenant qu’ils étaient mariés et qu’ils formaient une famille. Après tout, Charis avait quand même pris la place de sa jeune sœur dans le but de préserver la réputation des Black, pour permettre d’effacer un peu (mais en réalité, rien ne s’effaçait réellement, c’était une simple façon de compenser les choses) l’affront de Cedrella. Si elle était capable de l’épouser à la place de sa sœur – et ils savaient tous que ça n’était pas simple pour elle, Caspar ne faisait pas grand-chose pour que ça soit le cas en même temps – elle n’allait pas laisser sa sœur penser qu’elle allait pouvoir vivre sa relation comme si de rien n’était, qu’elle allait pouvoir épouser Weasley sans qu’ils n’agissent pas. Après l’affront qu’elle avait osé lui faire, de toute façon, Caspar ne se voyait pas la laisser tranquille. Ce mariage ne devait pas avoir lieu.

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« C’est vrai. »

Charis n'osa même pas afficher une esquisse de sourire quand Caspar lui reconnut au moins d'avoir toujours veillé à l'intérêt de leur famille, donc à leurs intérêts. Cette remarque n'en valait pas tant, même si de la part de son époux, c'était certainement le plus honnête et agréable compliment qu'elle puisse réellement espérer.

Mais était-ce un compliment ou un constat seulement ? Après tout, faudrait-il être hypocrite pour prétendre qu'elle avait agi un jour autrement qu'au nom des siens et de leur réputation ? Quand ses parents l'avaient promise à Caspar au pied levé après le départ précipité de Cedrella, elle n'avait pas cillé, elle s'était soumise sans prononcer un seul mot. Elle avait accepté... et enduré... Et c'était ce qu'elle faisait depuis toujours.

Et ce à plus forte raison qu'elle avait le sentiment qu'on la considérait même encore aujourd'hui comme le maillon faible de la fratrie Black... Alors que pourtant, ce n'était pas elle qui avait tout plaqué pour se compromettre avec un ennemi de la famille. Enfin, à quoi bon s'en défendre ? Si elle devait même oser s'en vanter, on lui rétorquerait certainement que l'exploit était somme toute naturel et qu'elle n'avait pas la moindre raison de pavoiser... Lassitude.

« Je peux te reconnaître ça. »

Quelle grande générosité de sa part, n'est-ce pas... Il lui accordait au moins une qualité... grand Dieu, elle se coucherait heureuse cette nuit... Non, bien sûr que non, ce genre de réflexion lui donnaient le sentiment d'être une fois encore rabaissée. Même quand il la complimentait à sa manière, Charis avait le sentiment d'être rabaissée.

Parce qu'elle ne serait jamais assez bien pour lui, parce qu'il l'avait relégué d'office à la seconde place de tout, sans nécessité de fondement. Et elle encaissait, elle encaissait...

"Je te remercie", répondit-elle, soumise et docile, comme toujours.

Quantité de répliques cinglantes et désagréables voulaient se libérer du seuil de ses lèvres, mais elle les maintenait captives autant qu'elle le pouvait. Il était inutile de se plaindre ou de reprocher... Cela ne ferait sans doute que lui confirmer qu'elle n'était pas à la hauteur... à sa hauteur de lui ou à celle de Cedrella ?

"Bien évidemment, ton intervention saura être apprécié, si tu le souhaites."

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Caspar ne faisait pas souvent des compliments à Charis, mais en même temps on ne pouvait pas dire qu’il en faisait à grand monde non plus. Mais effectivement, son épouse n’était clairement pas la mieux loti. En grande partie sans doute parce qu’il ne faisait pas autant d’effort avec son épouse qu’il n’en faisait avec d’autre. Quand il se retrouvait en compagnie de personne importante par exemple, il n’était pas avare en compliment et autre flatterie. Parce que c’était quand même une chose à faire, qu’il fallait se faire bien voir. Mais Charis n’avait pas besoin de tous ces efforts, alors il n’en faisait pas. Bref, il ne lui faisait pas souvent des compliments et quand il en faisait… c’en n’était pas réellement. Parce qu’en même temps, qui serait capable d’affirmer que Charis Croupton ne se donnait pas de mal dans le but de préserver sa famille ? Que ça soit celle qu’elle avait avec Caspar, ou celle des Black. Après tout, elle prenait la peine de le supporter à longueur de temps, alors qu’elle n’était que le second choix pour un mariage.

La jeune femme le remercia et Caspar ne prit pas la peine de relever les remerciements de son épouse, ne levant même pas son regard vers elle. Elle n’avait techniquement aucune raison de le remercier, puisqu’il se contentait simplement d’affirmer quelque chose que tout le monde savait, sans chercher pour autant à la brosser dans le sens du poil. Il leva cependant son regard quand elle l’invita à prendre part aux actions qu’elle et sa sœur allaient forcément mettre en place afin d’empêcher leur jeune sœur de venir ternir la réputation de leur famille.

« J’y compte bien. » Répondit-il d’un ton de l’évidence. Caspar ne le dirait pas haut et fort, mais cette histoire avait quand même un côté plus personnel de son côté. Le jeune homme avait envie de préserver la réputation de sa famille, de son nom, qui était maintenant définitivement lié à celui des Black, mais en même temps il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir envie de se venger de l’affront que Cedrella avait osé lui faire. Mais il n’allait pas l’exprimer de cette manière, parce qu’il était hors de question pour lui de se rabaisser à affirmer que Cedrella avait eu le don de le toucher, même en compagnie de Charis (surtout en sa compagnie d’ailleurs). « J’irais parler à Callidora dès que j’en aurais l’occasion. » Affirma-t-il alors, ne sachant pas que sa belle-sœur n’allait pas manquer de venir le voir rapidement, avant même de savoir qu’il était au courant du futur mariage de Cedrella et Weasley.

Et il affirmait ça… ne manquant pas de sous-entendre donc qu’il n’avait pas vraiment besoin de parler de tout cela avec Charis, parce qu’elle n’était que la jeune sœur de Callidora. C’était un fait que le jeune homme n’avait pas besoin de préciser, mais Callidora était l’aînée des trois sœurs et forcément… elle avait quand même bien plus de responsabilité sur les épaules.

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« J’y compte bien. »
Charis esquissa l'ombre d'un sourire. Elle se sentait partagée, elle trouvait normal et de bon ton que son interlocuteur s'intéresse aux affaires familiales, et intervienne bel et bien. Et en même temps, elle ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'il ferait preuve d'autant de zèle s'il n'était pas quelque part personnellement impliqué dans l'affaire, parce que c'était lui qui aurait dû épouser Cedrella et que les noces qu'ils cherchaient à empêcher étaient celles qui l'avaient contraint de devenir son mari à elle.

Elle ne devrait pas se poser tant de questions, il y avait de quoi se rendre fou, et cela inutilement, en plus... Charis savait que Caspar n'avait pas aimé Cedrella, elle-même n'aimait pas vraiment Caspar, et réciproquement, d'ailleurs, puisque toute cette histoire devait être vue d'un point de vue pragmatique, il n'y avait sans doute pas de quoi la prendre personnellement. Mais c'était comme ça, elle ne pouvait nier le fait qu'une part d'elle aurait sans doute aimé que Caspar et elle puissent vivre ce que Septimus et Cedrella vivaient. Ils se montreraient sans doute moins vindicatifs si c'était le cas.

« J’irais parler à Callidora dès que j’en aurais l’occasion. »

Cette affirmation-là lui déplut encore plus que la précédente pour tout ce qu'elle sous-entendait, donc que Caspar préférait avoir affaire à sa soeur aînée qu'à elle pour traiter de cette affaire.

D'accord, il est vrai que Callidora, en tant qu'aînée de la fratrie (mais pas seulement), c'était elle qui était décisionnaire. C'est vrai que des trois soeurs elle avait toujours été la tête pensante et l'exemple à suivre. Mais déjà que Charis souffrait d'un complexe vis-à-vis de Cedrella alors qu'elle avait fait tous les choix les plus lamentables qu'elle-même n'aurait jamais fait, voilà qu'elle complexait aussi par rapport à Callidora... Et ça ne risquait pas de s'arranger dans les temps à venir.

Elle aurait voulu commenter, mais elle n'en fit rien, à quoi bon. Elle allait prendre sur elle et cacher ses émotions, comme toujours.

"Très bien", répondit-elle avec le plus de neutralité possible dans la voix. Elle ne voulait pas, en plus, se montrer trop... affectée. "Ne donnons pas à Cedrella plus d'importance qu'elle n'en a vraiment. Le dîner est-il à ta convenance ?"

Tout pour changer de sujet.

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Si Caspar s’inquiétait un peu des sentiments de son épouse, sans doute qu’il n’aurait pas parlé de la manière dont il le faisait. Mais c’était un fait, ce que pouvait bien ressentir Charis n’était pas la première de ses préoccupations. Bon, elle était son épouse et par la force des choses, ce qui la touchait devrait logiquement le toucher et pour certaine chose ça fonctionnait. Mais en même temps, Caspar ne se préoccupait pas des sentiments personnelles de la jeune femme, de la manière dont elle pouvait percevoir le fait qu’il cherche à régler toute cette histoire avec sa sœur aîné et non avec elle. En même temps, Caspar n’allait pas commencer avec les états d’âme. Callidora était l’aînée et clairement, elle était un peu la tête pensante des trois sœurs. Charis était une «parfaite» épouse, digne de son nom, de son rang. Mais elle n’avait pas ce petit quelque chose que sa sœur aîné avait, qui faisait qu’elle avait la situation bien en main. Elle était plus discrète. Plus effacée. Plusieurs choses qui faisaient que oui, Caspar avait l’intention de parler plus attentivement de la situation avec sa sœur aîné.

Il ne se préoccupa pas de ce que la jeune femme pouvait bien ressentir et il ne risquait pas de le faire puisque celle ci ne prit pas la peine de réagir non plus. Elle se contenta d’affirmer qu’ils n’avaient pas besoin de donner à Cedrella plus d’importance qu’elle n’en avait vraiment et pour le coup, Caspar ne pouvait vraiment pas donner tort à son épouse. Même si en réalité, le sorcier savait bien qu’il donnait plus d’importance qu’il ne l’avouait à celle qui avait faillit devenir son épouse et avoir la place de Charis en cet instant précis. Parce qu’il avait été touché dans sa fierté mal placée au moment où elle avait décidé de tout abandonner pour aller vivre son idylle idiote avec ce Weasley. Mais Charis avait raison, la jeune femme n’avait pas besoin qu’ils lui donne plus d’importance encore.

« C’est parfait. » Répondit-il simplement à la question de son épouse, concernant le dîner. C’était parfait oui, en même temps Caspar n’en attendait pas moins à vrai dire. Il n’y avait que la perfection qui lui convenait. Et concrètement, il n’était donc pas réellement en train de faire un compliment à son épouse. Même s’il devait bien reconnaître qu’il n’avait que peu de réels reproches à lui faire. En fait, il pourrait même convenir qu’il n’en avait pas, mais ça n’enlevait pas la manière qu’il avait de la traiter. Mais bon, ça ressemblait tout de même à un compliment. Ça serait sans doute mieux si à côté, il se montrait plus attentionné, plus démonstratif et moins... fuyant. Parce qu’ils venait de terminer son assiette et sans réellement se préoccuper de si son épouse avait terminé de son côté ou non, il se leva. « Je vais dans mon bureau, j’ai encore du travail qui m’attend. »

C’était vrai, il avait toujours du travail. Mais c’était vrai aussi qu’il pourrait très bien ne pas s’en occuper tout de suite.

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» Il y a des amis, de la famille et des amis dans la famille. (Charis)
» Peu importe la marmite, concocter une famille exige courage, dévotion et patience (la famille au grand complet)
» Une famille qui crie est une famille unie. (Despina)
» Quand rien ne va, on s'accroche quand même | Gwendall & Thésée
» La véritable amitié sait être lucide quand il faut, aveugle quand elle doit. (Charis)

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