Mentir à longueur de temps le mettait clairement dans une position délicate. Aaron voyait bien que Charis avait à cœur de s’assurer qu’il puisse trouver quelqu’un, elle avait envie de l’aider et forcément le jeune homme appréciait énormément son geste. Mais en même temps, il devait mentir, parce qu’il n’avait pas besoin de trouver quelqu’un, par ce qu’il était entièrement heureux avec Phèdre. Sauf que pour des raisons évidentes, le jeune homme ne pouvait pas prendre le risque d’en parler à ses amis. Il ne supportait pas de mentir à Charis mais il n’avait pas le choix, et en fait il se retrouvait à lui mentir à longueur de temps. C’était le souci, Aaron n’aurait dû s’attacher à aucune personne qui se trouvait chez les mangemorts, malheureusement c’était trop tard. Il était attaché à la jeune femme et il s’en voulait de lui mentir, pour Phèdre, pour l’Hydre. Même s’il ne changerait évidemment pas son fusil d’épaule, il se retrouvait quand même dans une position bien délicate.

Et dans ces conditions, il devait bien avouer qu’il avait envie de prendre la fuite. C’était horrible, parce qu’il avait envie de gâcher un moment agréable avec son amie, mais ils parlaient et parlaient et lui mentait encore et encore. Il fut clairement maladroit en disant à son amie qu’il n’avait pas envie de la retenir… il le comprit dès qu’elle lui répondit.

« Oh non, pas du tout vraiment ! » Répondit-il rapidement quand elle lui expliqua que s’il préférait la voir partir, il pouvait très bien lui dire directement. Il n’avait aucune envie que son amie se fasse des idées et imagine qu’il n’avait aucune envie de passer du temps en sa compagnie, c’était complètement faux. Mais en même temps, il avait quand même réellement beaucoup de mal à poursuivre cette discussion. La dernière chose qu’il désirait, c’était de blesser Charis, de la vexer ou de lui faire du mal d’une quelconque manière. Mais en même temps, il sentait tout cela se refermer sur lui quand même, ses mensonges l’entourer et l’envahir sans qu’il ne puisse réellement les contrôler. Pour une personne qui se devait de mentir justement parce qu’il était un espion, on pouvait très clairement remettre en doute ses capacités. Et c’était sans doute ce qu’il fallait faire d’ailleurs, quand on voyait à quel point il pouvait devenir ami avec des « ennemis ». Mais il espérait bien être à la hauteur de son maître bien sûr, être à la hauteur de ce qu’on attendait de lui… en espérant que ça soit possible. « Je n’ai aucune envie de gâcher un moment qu’on passe ensemble. » Reprit-il, en espérant vraiment être convainquant. Pas parce qu’il mentait, sur ce point il était vraiment sincère. Mais juste parce qu’il avait vraiment envie que la jeune femme le croie, qu’elle ne se fasse pas d’idée. « Mais… je dois y aller moi de toute façon. » D’accord, il prenait la fuite et il était lâche, on faisait clairement mieux. « On se revoit vite d’accord ? »

Et sur ces mots, il se leva, embrassa amicalement son amie et prit réellement la fuite.