Le goût du spectacle, je l'ai dans le sang, ça fait partie de moi, et je ne dis pas cela sans raison ni justification, je parle en toute connaissance de cause. Ma mère est une Moldue, mais surtout une comédienne, pour laquelle j'ai la plus grande estime, même si elle n'a jamais réussi à percer dans le milieu. Elle a bien joué dans quelques spectacles au sein d'une troupe amateur, mais n'a jamais vraiment rencontré le succès pour la peine. Mais à la place, elle rencontra mon père. J'aime entendre l'histoire de leur rencontre. Je la trouve incongrue et belle. Lors d'une représentation théâtrale,  elle a été agressée par un moremplis dissimulé sous l'aspect du rideau de la scène. Forcément, les membres du comité des inventions d'excuses à l'usage des Moldus ont dû intervenir. Mon père en faisait partie, il en fait toujours partie d'ailleurs. Et entre mes parents, ce fut le coup de foudre.

Moi ? Je suis née peu de temps plus tard. Mes parents n'ont pas perdu de temps pour se marier, moins encore pour avoir un enfant. Je crois qu'ils incarnent au mieux ce que l'amour au premier regard peut être. Je tiens sans doute mon coeur d'artichaut de mes parents. J'ai eu l'exemple de l'amour véritable à leur contact, alors je recherche le même sans cesse, et suis souvent déçue. Toute petite, j'ai été couverte d'amour et bien éduquée. C'est aussi très jeune que mes parents me découvrirent un joli brin de voix qu'ils m'encouragèrent à cultiver. Ma mère voulait m'emmener au conservatoire, dans un collège puis un lycée qui seraient spécialisés dans la musique, mais elle a rapidement compris que ce ne serait pas possible quand mes pouvoirs se sont déclarés. À contrecoeur, elle a consenti à ce que je rejoigne Poudlard, l'école où mon père avait lui-même étudié. J'ai adoré ma scolarité à Poudlard, je ne regrette rien. Là-bas, j'ai été envoyée à Gryffondor, j'ai noué mes premières amitiés (et j'en ai conservé très peu, malheureusement), j'ai connu mes premiers émois amoureux, brerf, j'ai grandi, je suis passée de l'enfance à l'adolescence. Ma mère, fréquemment, harcelait l'école de lettres sans réponse pour qu'une chorale ou un club de théâtre voient le jour, sans succès. J'aurais dû naître un peu plus tard, j'ai appris récemment qu'un professeur de Poudlard avait voulu lancer cette initiative. Mais visiblement, ça n'avait pas été un franc succès. Ce n'était pas grave. Je croyais aussi dans mon talent. Et à un moment donné, j'y arriverais, je le savais. J'avais raison.

Au sortir de Poudlard, grâce au soutien de mes parents, je me suis lancée à fond dans ce choix de carrière. J'ai rejoint l'Académie d'art dramatique des sorciers, où j'ai appris beaucoup, je me suis d'abord produite dans des bars, des petites salles, puis le bouche à oreille a fait son effet. Aujourd'hui, je fais salle comble à chacun de mes spectacles. Non pas que je m'en vante, c'est juste la vérité. Il en résulte de bonnes choses : une fortune importante, par exemple, que je redistribue en partie aux oeuvres de charité, et une notoriété que j'apprécie partiellement. Le fait de se retrouver constamment sous le feu des projecteurs n'a pas que de bons aspects. Ma vie est fréquemment racontée et amplifiée dans la Gazette du Sorcier ou Sorcière Hebdo... et il y a de quoi raconter, avec ma vie sentimentale mouvementée. Je vous l'ai dit, je suis une sentimentale qui s'attache bien trop vite. Je me suis mariée une première fois, très tôt (trop tôt) avec l'un de mes danseurs. J'étais sous le charme, mais tout a été trop rapide, notre histoire était vouée àà l'échec. Mais j'ai vite décidé de sceller mon destin à un autre homme. Remariée, je suis l'"heureuse" épouse de mon manager, que j'aimais profondément, au début. Nous avons même un fils, ensemble, Will Jr., que j'adore à la folie. Mais auprès de mon époux, j'ai le sentiment d'être un produit, rien de plus. En neuf ans de mariage, j'ai le sentiment de m'être fanée avant l'âge. Je crois que j'attends toujours l'amour avec un grand A. Et je désespère de le trouver.