Si tu savais...

Il était certain que Thésée ne passait pas les meilleures semaines de sa vie. Même si cela n’avait pas toujours été simple, notamment d’un point de vue sentimental. Il devait bien reconnaître qu’il n’avait jamais eu beaucoup de chances avec les femmes. Pas qu’il n’ait pas de succès, mais en général, cela finissait mal avec les femmes. Il est vrai qu’il n’avait pas non plus fait d’excellents choix à chaque fois. Entre une femme mariée et mère de famille et une femme a moitié folle qu’il a à moitié partagée avec son frère… il était clair que cela n’irait pas très loin. Néanmoins, il a pu s’estimer heureux de toujours avoir son boulot pour avoir vraiment l’impression de ne pas gâcher sa vie. Après tout, une vie humaine ne se résumait pas seulement à la construction d’une vie de famille. Et Thésée était très fier de ce qu’il avait accompli en tant qu’Auror. Aujourd’hui il avait une certaine réputation, réputation dont il était très satisfait, il ne fallait pas le cacher. Il n’était pas simple de se faire une place mais il avait fait la sienne avec brio et pouvait se vanter d’être toujours dans le circuit.

Malheureusement, en ce moment les choses n’étaient pas si simples et pour cause. Hyppolite avait disparu et personne encore n’avait de piste, fiable ou non. Pourtant, il y avait pas de mal de monde qui avaient décidé de se pencher là-dessus et c’était une bonne chose, un très bonne chose, mais Thésée n’avait aucun élément convaincant. Pourtant ce n’était pas faute de chercher. Il avait promis à Norbert que son garçon lui serait rendu sain et sauf, et il était hors de question qu’il loupe à sa promesse. Il n’était pas de ceux qui faisaient des paroles en l’air, surtout sur des sujets aussi importants que la vie de son neveu. Thésée était très attaché à Hyppolite et était heureux de la relation qu’ils avaient su tisser tous les deux. Il savait qu’entre Norbert et Hyppolite ce n’était pas toujours simple et il avait tenté plusieurs fois d’apaiser les choses entre eux, mais Hyppolite était un enfant borné et ne démordait pas si facilement quand il avait quelque chose en tête. Quoiqu’il en soit, il gardait tout cela dans un coin de sa tête. Un peu distrait alors qu’il marchait dans les couloirs, il ne s’aperçut pas que quelqu’un fonçait droit sur lui. En fait quand il s’en rendit compte, l’altercation avait déjà eu lieu. Il releva la tête pour connaître l’identité de cette personne.

« Oh pardon, excusez-mi. Je ne vous avez pas vu arriver. »

Tiens… encore un Tuft. Décidément, il les voyait partout ces derniers temps. Au moins, il ne risquait pas de voir le père, là où il est. Même si au fond, il ne connaissait pas cet homme à défaut de très bien connaître sa veuve. Bref. Il avait à faire au fils aîné à présent. Fils aîné qu’il ne se souvenait pas avoir côtoyer d’ailleurs. Il savait évidemment qui il était, et quel poste il occupait, mais il n’avait jamais vraiment parlé avec lui. Mais à première vue, il semblait très différent de sa sœur qu’il connaissait un peu mieux, mais il devait reconnaître qu’Agrippine détonnait complètement et que si on ne connaissait pas son nom, il était impossible de l’identifier à la famille Tuft.

« Ce n’est rien, je n’ai pas fait attention non plus. La faute est partagée je présume. Vous ne vous êtes pas fait mal au moins ? »

black pumpkin

Si tu savais...

Thésée ne connaissait pas bien Ignatius Tuft. Il l’avait déjà croisé une fois ou deux mais… cela n’avait jamais été vraiment plus loin. En fin de compte, il en savait bien plus sur les femmes Tuft que les hommes, et pour cause. Même si… cela faisait un paquet d’années qu’il connaissait son existence. Le fait est qu’il entretenait une liaison avec sa mère lorsqu’il était encore qu’un bambin. Mais ça, le jeune Ignatius n’en savait strictement rien, et Thésée ne comptait pas le lui dire. Bien qu’il finirait probablement par l’apprendre et ce jour-là… les choses seraient probablement beaucoup moins cordiales. Les secrets de famille étaient toujours les plus lourds et les plus destructeurs. Wilhelmina en détenait la clé, après tout, il n’y avait qu’elle qui était au courant de tout. Les autres ne savaient que des petites bribes de la vérité. Thésée s’était cantonné à sa liaison, Agrippine à la maltraitance qu’elle avait subi de la part de son père et Ignatius… en fait Ignatius était bien loin de tout cela. Enfin, jusqu’à ce que sa sœur lui révèle la violence dont elle avait été victime. Et Monsieur Tuft lui… il était six pieds sous terre et ce n’était pas Thésée qui irait le pleurer, très sincèrement.

Mais bon, inutile de se préoccuper de tout cela maintenant, cela viendrait petit à petit. Thésée avait d’autres chats à fouetter pour le moment, comme la disparition d’Hyppolite qui lui accaparait pas mal de son temps quand il n’était pas au bureau sur d’autres affaires. Il lui donc d’abord régler les soucis de la famille Dragonneau, il verrait par la suite pour la famille Tuft. Même si en cet instant précis, il venait de bousculer Ignatius. Même si la bousculade venait en fait des deux côtés mais il n’était pas du genre à s’arrêter sur ce genre de détails sans importance en ce moment. Mais il voulait tout de même s’enquérir que le jeune homme allait bien. Cela aurait dommage qu’il lui cause du tord physiquement, surtout que ce n’était pas du tout son intention.

« Non, pas du tout, ça va. »

Bon, alors tout allait pour le mieux dans ce cas. Au moins, il ne s’était pas fait mal, c’était une bonne chose, même si le « choc » n’avait pas été violent. C’était plus par politesse qu’autre chose en fin de compte, comme souvent. Même quand on croisait une connaissance, il y avait toujours cette habitude de demander comment allait l’autre, et bien souvent, tout le monde disait que ça allait, même si c’était tout le contraire. Enfin, ce n’était pas le même cas de figure en ce moment.

« Et vous, ça va ? »

Oh il était assez solide. Ça allait de son côté, il lui en fallait plus que ça. Et puis, il en avait eu des « bobos » tout au long de sa carrière. Des petits comme des gros, alors il pouvait encaisser une collision au détour d’un couloir, ça ne le mettait pas encore KO.

« Oh oui ne vous en faîtes pas. J’ai vieilli mais je suis encore solide. Ignatius Tuft si je ne me trompe pas ? »

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Si tu savais...

Thésée se demanda brièvement s’il n’avait pas des prédispositions naturelles à avoir les Tuft gravitant dans son entourage. S’il faisait un bilan des choses, il avait vu la fille, le fils et la mère en des temps assez rapprochés. Cela n’avait rien de vraiment déplaisant, ce n’était pas une famille qu’il n’appréciait pas, et il ne savait pas encore à quel point il y était lié, mais le constat était tout de même assez amusant. Le hasard rendait parfois les choses surprenantes. Quoiqu’il en soit, il entrenait une relation et un lien très différent avec chacun des membres. Agrippine, en plus d’être sa fille cachée, était son indic, Wilhelmina était son ancienne amante, et quand à Ignatius, eh bien, en fait, il ne connaissait pas vraiment ce jeune homme. Si jamais on lui en parlait, bien sûr, il le situait assez facilement, mais il n’avait jamais eu le temps, ou pris la peine de vraiment faire connaissance avec lui. C’était peut-être le moment de se rattraper, maintenant qu’ils étaient l’un en face de l’autre, s’excusant tour à tour pour ce malencontreux petit désagrément. Au final, tout le monde allait bien alors c’était une bonne chose. S’il ne se trompait pas, Ignatius il travaillait au service des portoloins, en tant que directeur. Même si ce n’était pas des services qui étaient directement liés au sien, Thésée appréciait savoir qui était chaque dirigeant, histoire de savoir comment les choses se passaient, et qui demander en cas de besoin.

Et puis, le fait qu’il soit le fils de la toute nouvelle ministre de la magie, le rendait encore plus populaire auprès de ses pairs sorciers et sorcières, il ne fallait pas le nier. Il ignorait comme il devait prendre cette nouvelle popularité, et si cela le gênait ou non, mais il aura probablement tout le temps de s’en accoutumer de toute manière. Même si ce n’était jamais simple, Thésée lui-même avait mis un peu de temps à s’habituer au statut de héros que les autres lui avaient donné après ses prouesses lors de la guerre.

« Oui, c’est ça.  Je n’ai aucun doute sur qui vous êtes Monsieur Dragonneau.  Votre réputation vous précède. »

Encore une fois, on le ramenait à sa réputation, mais il avait l’habitude après tout. Il adressa un petit sourire humble et poli à son interlocuteur. En effet, il n’était pas rare qu’on le reconnaisse ou que l’on sache d’emblée, qui il était. Mais ce n’était pas pour autant que Thésée en profitait ou se sentait supérieur à qui que ce soit, il laissait cela à d’autres, de toute façon, il n’avait jamais fait ça pour la popularité ou la célébrité. Ce qu’il l’intéressait vraiment, c’était de rendre ce monde plus sûr et plus juste.

« Oui, il paraît. Si je m’abuse vous dirigez le service des portoloins, ce ne doit pas être de tout repos. Votre mère doit être fière de voir son fils réussir. Comme vous devez l’être de la voir ministre de la magie. »

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Si tu savais...

Bon, ce n’était peut-être pas très malin d’aborder Wilhelmina avec Ignatius, mais après tout, ce n’était pas comme s’il savait quoique ce soit au sujet de la liaison qu’il avait eu avec elle par le passé. Et puis, maintenant qu’elle était ministre de la magie, ce n’était plus si anodin que cela de parler d’elle. Il devait avoir l’habitude d’ailleurs. Agaçant peut-être un peu, mais il ne doutait pas qu’il éprouvait tout de même de la fierté pour elle. Thésée savait en tout cas, qu’elle était fière d’Ignatius, elle avait toujours protégé son fils, et savait que si elle n’avait pas quitté son mari, c’était en grande partie à cause de lui. Thésée ne lui en voulait pas, ce serait complètement ridicule d’en vouloir à ce qui était à l’époque, un jeune enfant. Ce qui est fait est fait après tout, et il était plutôt content de pouvoir le rencontrer en tant qu’adulte. Il semblait être un homme droit et accompli, le genre que Thésée appréciait parce qu’il se retrouvait un peu là-dedans. Il avait toujours été sérieux et rigoureux, surtout dans son travail, ne parlons pas de sa vie privée qui était un désastre absolu. En tout cas, Ignatius n’avait rien à voir avec Agrippine, mais il retrouvait un peu de Wilhelmina en lui.

« J’ose espérer qu’elle l’est oui. »

Ça ne faisait aucun doute que c’était bel et bien le cas. S’il avait cru comprendre qu’elle avait des rapports délicats avec sa fille, elle semblait proche de son fils. Et tout parent serait très fier du chemin qu’il avait parcouru. Après tout, il était tout de même directeur de département, et il était encore jeune, cela démontrait donc qu’il avait du potentiel et travaillait très bien.

« Et je suis particulièrement fière d’elle en effet. Mais elle mérite parfaitement le poste qu’elle occupe aujourd’hui, elle se donne beaucoup de mal. »

Thésée ne doutait pas de ses paroles, il ne pouvait que le croire. Du temps où ils étaient amants, elle ne lui avait jamais déclaré une envie de se lancer dans la politique. Peut-être qu’elle en avait ressenti le besoin après le décès de son mari, ou bien elle avait toujours eu ça en elle, il ne savait pas vraiment. Mais ce n’était pas bien important, si elle avait réussi, c’était tant mieux pour elle et il lui souhaitait une carrière longue si tant est qu’elle soit une bonne ministre.

« Vous connaissez ma mère ? »

Pour une raison inconnue, Thésée fut un peu gêné par la question, comme si Wilhelmina et lui était toujours amants et qu’il fallait le cacher. Mais ce n’était pas parce qu’il posait la question qu’Ignatius se doutait de quoique ce soit qui était arrivé il y a presque trente ans, ce serait ridicule. C’était tout à fait logique qu’il pose la question, étant donné que Thésée lui en parlait.

« Oui, enfin, nous étions dans la même promotion à Poudlard et nous avions sympathisé à l’époque, mais le temps et la vie ont fait que nous nous sommes perdus de vue. Mais j’ai souvenir déjà qu’à l’époque elle mettait beaucoup d’ardeur dans ses études. »

C’était une demi-vérité, ils s’étaient vraiment connus à Poudlard. Bien sûr il n’allait pas lui dire qu’il avait été son amant par la suite, mais il pouvait bien avouer ce qui était avouable.

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Si tu savais...

Aborder Wilhelmina avec Ignatius, n’était clairement pas la meilleure idée qui soit, étant donné qu’elle avait été l’amante de Thésée, mais le sujet était venu naturellement, étant donné qu’elle était récemment devenue Ministre de la Magie. Thésée avait juste voulu témoigner une sorte de reconnaissance et de respect envers la ministre, et envers le jeune homme. C’était normal, courtois, ce genre de choses. Mais Thésée était tout de même mal à l’aise. Parce que même s’il n’avait jamais vraiment rencontré Ignatius quand il était l’amant de sa mère, eh bien… il avait tout de même connaissance de son existence lorsque c’était le cas. Et cela le rendait un peu mal à l’aise, quand bien même cela remontait à trente ans, c’était tout de même un peu gênant. Et encore heureux qu’Ignatius ignore tout de cette histoire. Il espérait que cela le resterait. Non pas qu’il ait honte de son ancienne histoire avec Wilhelmina, pas du tout, il l’avait sincèrement et profondément aimée, mais ce n’était pas la peine d’étaler sa vie privée, ou celle de Wilhelmina aux yeux de tous.

En tout cas, il ne pensait pas que le jeune homme se doute de quoique ce soit. Il n’y avait pas de raison. Thésée était simplement un homme du même âge que sa mère, qui avait été ami avec elle à Poudlard, et au-delà. Mais Thésée ne voulait pas trop s’avancer non plus, ni prendre de risque à ce sujet-là. Enfin bon, quoiqu’il en soit, il avait l’impression que cet Ignatius était quelqu’un de bien. Wilhelmina avait toujours tout donné et tout consacré pour son fils, elle devait probablement être fière de l’homme qu’il était devenu, et elle avait de quoi. Thésée n’avait rien à lui reprocher, ni même à relever de négatif le concernant.

« Ça ne m’étonne pas spécialement de l’apprendre. »

Il lui adressa un léger sourire. Il ne pensait pas que Wilhelmina avait été une femme fausse avec l’un ou l’autre. Du moins, avec lui, elle lui avait toujours semblée sincère, et étant donné la manière dont elle avait toujours voulu le meilleur pour Ignatius, il imaginait bien que c’était la même chose pour lui, évidemment. Wilhelmina avait toujours été studieuse dans leur jeunesse, alors si elle en était là aujourd’hui, c’est qu’elle avait tout fait pour.

« J’aimerais bien savoir un peu plus de qui était ma mère dans sa jeunesse. »

Thésée se demandait si c’était une simple réflexion de la part du jeune homme. Ou bien sis c’était une demande implicite de sa part pour que Thésée lui en dise plus. Ce qui serait vraiment étrange pour l’Auror, de parler de son ancienne amante à son fils… Non vraiment, cela ne le tentait pas vraiment, mais il verrait bien comment les choses avancent.

« Peut-être devriez-vous lui demander de vous parler de sa jeunesse ? En tout cas, elle était une femme admirable déjà à l’époque. »

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