M

elody se sentait paranoïaque. Elle l'avait déjà eue, bien sûr, cette impression que tous les regards convergeaient dans sa direction, le sentiment que le moindre murmure, le moindre chuchotement au détour d'un couloir, la concernaient, surtout après sa rupture avec Linus et tout ce qu i avait suivi, mais jamais si intensément. Et pour cause, jusqu'alors, ce n'était jamais qu'une impression comme en avaient tous les adolescents de son âge. Maintenant, elle savait que si son sentiment était justifié, elle risquerait gros, et pas seulement elle, d'ailleurs... Depuis qu'elle savait que Lysandre connaissait toute la vérité, elle avait tendance à se sentir épiée de partout. Elle avait envie de croire que sa soeur, en dépit de leurs trop nombreux contentieux, ne la trahirait pas de la sorte, sans quoi cela signifierait qu'elle n'avait plus une seule once d'estime et d'amour pour elle, mais elle n'oubliait tout de même pas les menaces que lui avait rapporté Lexie. Sa conversation (dispute) avec sa jumelle n'avait par ailleurs rien arrangé. Melody ne savait tout simplement pas comment les choses allaient se passer à présent, tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle avait besoin de la présence de sa petite amie, désespérément besoin, et c'était au moment où elle la souhaitait le plus qu'elle l'obtenait le moins.

Elles avaient décidé de redoubler de discrétion et Melody était parfaitement d'accord avec cette manière de faire. Elle était du même avis, il était important, très important, même qu'elles ne se fassent pas remarquer. Si soupçons il devait y avoir, ces derniers devaient être étouffés par leurs attitudes respectives. Mais ce n'était pas simple, pas simple du tout, même, parce que Lexie manquait à Melody chaque fois qu'elle n'était pas là. Et les vacances de Noël approchaient, ce qui n'arrangeait pas du tout les choses, car elles savaient qu'elles devraient renoncer à l'idée même de se voir durant ces deux semaines. D'avance, cette perspective attristait Melody. La dernière chose qu'elle puisse vouloir, c'est être éloignée de Lexie, et à l'heure où la jeune femme avait désespérément besoin de sa présence, les mêmes raisons pour lesquelles elle avait besoin d'elle faisaient qu'elle se devait de moins la voir. Enfin...

Heureusement pour elle, il lui restait une chose sir laquelle elle avait tout contrôle et qui lui permettait de ne rien perdre de sa naturelle motivation : la Guilde. Voilà un moment que le groupe de farceurs n'avait pas sévi, et la bleue et bronze avait la ferme intention d'y remédier. C'était pour cette raison qu'elle se trouvait dans ce cachot, pour mettre en place le stratagème élaboré destiné ensuite au dortoir d'un groupe de filles de serdaigle qu'elle ne pouvait pas encadrer. Mais alors qu'elle était en plein préparatifs, la porte s'ouvrit. Melody se retourna, prise sur le fait, mais se sentit à la fois soulagée et ravie quand elle reconnut la personne qui venait d'arriver. Elle adressa un grand sourire en s'approchant de sa petite amie.

-Hey toi ! Qu'est-ce que tu fais ici ?

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S

entir les lèvres de Lexie contre les siennes était sans aucun doute possible la meilleure sensation au monde pour Melody, qui n'aimait rien tant que les instants qu'elle pouvait passer seule à seule avec sa petite amie. Ils devenaient si rares, ces moments ! Déjà, elle avait je sentiment qu'ils étaient trop peu avant, mais depuis que Lysandre leur avait appris avoir tout découvert, c'était pire encore, alors forcément, quand l'occasion se présentait d'être auprès de sa petite amie, la jeune femme n'hésitait pas la moindre seconde en en profitait pleinement. En l'occurrence, elle le savourait d'autant plus, d'ailleurs, qu'elle n'avait pas envisagé de la voir ici et maintenant. Pour une fois, le destin qui avait parfois tendance à se montrer beaucoup trop contrariant avec elles faisait preuve d'une certaine clémence, encourageait au mieux leurs rendez-vous secrets, tant mieux, parce que Melody, à présent que Lexie se trouvait face à elle, avait la ferme et claire intention de mettre à profit cette opportunité autant que possible. Après tout, pourquoi ne pas en profiter ? Melody avait justement choisi ce cachot parce qu'il était rarement occupé et qu'elle pourrait donc être surprise (bon, d'accord, elle avait été surprise puisque la vert et argent l'avait trouvée, mais ce n'était jamais qu'un détail, après tout, du moins décidait-elle d'observer la situation ainsi : peu de chances, quand même, qu'une troisième personne mette le pied dans cet endroit où il n'y avait normalement jamais personne)... Oh et puis, au bout d'un moment, si elles ne prenaient pas le moindre risque, elles n'iraient jamais nulle part ! Et ça, c'était évidemment hors de question.

Lexie ne faisait donc rien de particulier, elle se promenait juste. Ce qui n'était pas le cas de Melody. Cette dernière hésita, d'ailleurs. Que répondre à sa question ? Mentir ? Elle le faisait depuis un moment, quelque part, par omission, en ne parlant jamais de la Guilde à sa petite amie, mais justement, est-ce qu'il ne serait pas temps de lui en parler ? Oui, les membres de la Guilde s'engageaient à n'en parler à personne, mais ce n'était pas comme si Lexie pourrait la trahir, pas vrai ? A part s'amuser de la situation qu'est-ce qu'il pourrait advenir d'autre ?

-Je... Elle hésita. En parler avec Lexie, elle voulait bien, mais elle ne savait pas trop de quelle manière en parler. Elle n'avait pas l'impression que ses aveux aient grande importance en comparaison de ce que sa petite amie lui avait appris à son propre sujet, mais c'était quand même important pour elle, et elle n'avait pas envie que Lexie lui en veuille de ne pas avoir évoqué le sujet avec elle jusqu'alors. Je vais te le dire, mais d'abord, promets-moi de garder le secret.

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M

elody afficha un sourire convaincu quand sa petite amie lui assura qu'elle pouvait tout lui dire et lui faire confiance. Elle n'avait pas besoin de lui faire de telles promesses, parce que la bleue et bronze en avait dors et déjà pleinement conscience. Sincèrement, elle savait bel et bien qu'elle pouvait tout à fait confier sa vie à Lexie les yeux fermés s'il le fallait et qu'elle ne la décevrait pas. Melody était peut-être aveuglée par ses sentiments pour la jeune femme, mais ils n'étaient pas nés de nulle part, après tout, ce n'était pas sans raison si elle était tombée amoureuse d'elle en premier lieu et si leur relation avait pris tant d'ampleur et d'intensité. Lexie lui avait déjà prouvé qu'elle était digne de toute sa confiance, ce dès l'instant où elle avait accepté de lui confier son plus noir secret. Son allégeance aux mangemorts, c'était une chose à laquelle la bleue et bronze s'évitait de penser pour réussir à vivre leur relation le plus sereinement possible mais ce serait mentir que d'affirmer que ça ne la travaillait pas un minimum. C'était le cas, mais elle faisait avec, et jamais elle ne trahirait Lexie, parce qu'elle l'aimait plus que tout. Elle était convaincue que l'inverse était tout aussi vrai. Elles vivaient quelque chose de fort et c'était d'autant plus fort qu'elles l'éprouvaient à l'unisson, exactement de la même manière. C'est ce qui expliquait leur complicité et le besoin constant qu'elles avaient d'être ensemble. Tout ça, elle ne l'inventait pas, c'était réel. Elle hocha donc la tête. Elle allait lui livrer son secret sans crainte qu'il soit révélé, non, mais avec la crainte, à côté de ça, qu'elle lui en veuille de s'être tue si longtemps.

-Je sais que je peux te faire confiance, assura-t-elle alors dans un sourire, parce que c'était le cas. Elle prit une grande inspiration alors et un ton sans doute un peu trop solennel pour ce qu'elle avait à avouer, et qui au final n'était pas grand-chose quand on y réfléchissait bien, même si Melody y accordait une importance toute particulière, c'est un fait. Je fais partie de la Guilde, en fait c'est même moi qui la dirige.

Elle ne put s'empêcher de se montrer un peu fière en prononçant ces derniers mots. A dire les choses comme ça, elle voyait bien que ses révélations n'avaient rien de terribles ou de choquantes non plus, bien sûr, n'empêche qu'à ses yeux, son engagement auprès de la Guilde avait une immense valeur, c'était grâce à cela qu'elle avait dépassé sa rupture avec Linus, sa brouille avec sa soeur, supporté le départ de Sebastian et la mort de Morgan, alors pour elle, ce n'était pas rien.

-On n'est pas supposé dire à qui que ce soit qu'on en fait partie.

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M

elody avait appréhendé d'apprendre la vérité à sa petite amie, elle avait craint sincèrement qu'elle lui reproche de lui avoir menti tout ce temps alors qu'elles étaient ensemble depuis longtemps, à présent, et savaient très bien qu'elles pouvaient se faire mutuellement confiance. Mais finalement, Lexie prenait très bien la nouvelle, elle ne lui faisait aucun reproche, à la place, elle se montrait... impressionnée ? C'était en tout cas l'impression qu'avait la bleue et bronze, et par conséquent, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir fière de la voir réagir ainsi à la nouvelle. Il faut dire qu'elle-même éprouvait plus qu'un peu d'orgueil à l'idée d'appartenir à la Guilde mais plus encore de mener le groupe comme elle le faisait. Ca y est, Melody se sentait à présent profondément soulagée. Il n'y a rien de pire que les secrets, et ça n'avait pas été simple pour elle de devoir garder celui-là si longtemps. Si Lexie ne lui en voulait pas, alors elle n'avait vraiment plus aucune appréhension à avoir, et par ailleurs, elle était heureuse de lui avoir tout dit. Cela signifiait que, à présent, elles allaient pouvoir discuter librement de ce sujet, qui était très important pour elle. La Guilde était la deuxième meilleure chose qui lui soit arrivée, après Lexie cela va sans dire. Maintenant, elle avait vraiment le sentiment de tout partager avec celle qu'elle aimait, et c'était un sentiment vraiment... grisant. Oui, grisant, c'était le mot. Elle se sentait vraiment légère, là, comme quoi, ce secret la pesait peut-être plus que ce qu'elle avait cru, que ce dont elle avait su se convaincre.

-Je sais plus exactement, ça fait deux ans à peu près, je crois.

Ce n'était pas très précis, mais il est vrai qu'elle n'avait pas pris la peine de retenir la date exacte, ce qu'elle regrettait à présent, car ce jour aurait été à marquer d'une croix blanche tant il avait changé de choses pour elle. Sans la Guilde, elle n'aurait jamais su ce qui se jouait dans son dos entre Lysandre et Linus, sans la Guilde, elle n'aurait pas su comment surmonter sa rupture, sans la Guilde, elle n'aurait pas gagné cette confiance en elle qui lui permettait de se sentir si bien avec Lexie, malgré les obstacles. Mais non, elle ne savait pas, alors, à l'époque, c'était juste un moyen de participer à quelque chose de grand et d'amusant, à l'échelle de Poudlard. Puis les choses avaient pris une ampleur qu'elle n'aurait jamais pu concevoir.

-J'allais préparer un petit quelque chose pour le dortoir de certaines de mes camarades de Serdaigle, lui apprit-elle, une lueur malicieuse dans le regard. Tu veux m'aider ?

Ce n'était pas forcément très conforme aux règles de la Guilde, mais après tout, exceptionnellement, ça ne ferait de mal à personne, non ?

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L

e sourire de Melody s'élargit très largement quand sa petite amie affirma avec enthousiasme bien vouloir lui prêter main forte dans sa petite entreprise. Elle se sentait légère, libérée d'un véritable poids, à présent que Lexie était au courant. Elle aurait vraiment dû lui en parler beaucoup plus tôt. Bien sûr, c'était compliqué, parce que les membres de la guilde s'étaient fait une promesse et qu'elle était tenue de la respecter. Mais ce n'était pas comme si elle ne savait pas qu'elle pouvait faire entièrement confiance à Lexie, bien sûr qu'elle pouvait lui faire confiance. Si quelqu'un était bien capable de tenir un secret, c'était elle, après tout. Elle avait été impatiente de peaufiner cette farce, maintenant, elle était au-delà de ravie. Et elle n'avait certainement pas l'intention de revenir sur ses aveux, pas plus que sur sa proposition, d'ailleurs, même si Lexie lui en donna l'opportunité quand elle lui demanda si elle avait le droit de recevoir l'aide de quelqu'un qui ne faisait pas partie de la Guilde. Techniquement... non, elle n'avait pas le droit. Tout ce qui se passait au sein de la Guilde devait rester au sein de la Guilde, c'était un de leurs motos, et ils y tenaient. Mais ce que ses camarades ne savaient pas ne pouvait pas lui nuire, après tout, et puisque c'était là une action qu'elle avait décidé de mener en solitaire...

-Je dirai rien si tu dis rien, affirma-t-elle dans un sourire avant de voler un baiser furtif à la jeune femme. Non, elle restait sur son idée de base, même si c'était outrepasser les règles implicites qui avaient été fixées bien avant qu'elle-même ne prenne la tête du groupe, quand Sebastian et Morgan étaient encore là... Une période qui lui semblait des plus lointaine à présent, même si en fin de compte, ce n'était pas si vieux que cela. Et puis tu sais... j'ai pas vraiment de comptes à rendre, en fait, ajouta-t-elle non sans une certaine fierté certainement mal placée. Vu que c'est plus ou moins moi qui suis à la tête du groupe.

Bon, okay, en fait, elle était ultra fière. Même si, en soi, c'était peut-être s'avancer que de l'affirmer. Personne ne s'était jamais proclamé leader de la Guilde, pas même à l'époque, mais même à ses débuts, il était évident que les chefs de la bande en étaient les créateurs, et depuis qu'ils n'étaient plus là, sans vraiment le chercher, elle avait pris la relève. Oui, Brook et Brittany étaient aussi anciennes qu'elle, mais peut-être parce qu'après sa rupture avec Linus, Melody n'avait plus juré que par la Guilde, c'était elle qui avait fini par prendre la plupart des décisions sans que ça dérange quiconque. Donc ça devait faire d'elle le chef du groupe en effet.

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L

e sourire empreint d'une fierté qu'elle était bien incapable de dissimuler en disait forcément long quant au fait que Melody était en réalité bien plus que moins à la tête de la guilde. C'est vrai que ce n'était pas un statut qui avait été réellement décidé, d'ailleurs, Sebastian et Morgan partaient un peu du principe que tout le monde était indépendant au sein de la Guilde... Ceci dit, personne n'était vraiment dupe, tout le monde savait alors que c'étaient eux, de concert, qui prenaient les décisions, et ça s'était fait avec le même naturel pour la bleue et bronze, parce qu'elle était la plus ancienne du groupe, et celle qui avait fini par lui donner l'impulsion nécessaire pour multiplier les farces en tout genre. Elle n'avait pas forcément de mérite, c'était juste qu'à cette époque toute particulière, elle venait de se séparer de Linus et de déclarer la guerre à sa soeur, qui avaient été ses deux seuls piliers jusqu'ici. Alors oui, forcément, elle s'était raccrochée aux seules branches qu'elle possédait encore. Aujourd'hui, elle possédait bien plus, grâce à Lexie surtout, mais sa place au sein de la Guilde était faite, et elle devait tout de même admettre que si qui que ce soit d'autre devait s'en réclamer, elle serait loin de très bien le vivre, bien au contraire. Et quand Lexie abondait dans son sens en affirmant qu'elle trouvait vraiment classe que sa petite amie soit à la tête de la guilde, elle n'avait clairement pas envie de la contredire. Elle aimait sentir que celle qu'elle aimait était véritablement fière d'elle. Pour elle, ça comptait plus que tout... et elle ne pensait pas qu'elle avait tant d'occasions de rendre Lexie fière, alors elle en profitait.

-N'importe quoi, toi, répondit Melody quand Lexie osa avancer l'idée absurde qu'elle ne puisse pas être la hauteur. C'était bien évidemment n'importe quoi. Il était évident qu'il ne pouvait rien en être. Lexie était tout ce que Melody avait toujours cru être inaccessible avant qu'elle ne s'intéresse à elle, elle lui était un milliard de fois supérieure, c'est une certitude. Regarde-toi, t'es parfaite. T'es magnifique, t'es intelligente, t'es courageuse, rien ne t'arrête... Moi, j'essaye juste d'atteindre ton niveau, c'est tout.

Et même si elle en rajoutait un peu, elle le pensait sincèrement. Lexie était, à ses yeux, l'image même de la perfection, une femme exceptionnelle qui n'avait en soi pas la moindre raison de poser les yeux sur elle, et pourtant elle l'avait fait. Elle l'avait changé, elle avait fait de sa vie un vrai trésor. Et elle ne comptait pas le lâcher de sitôt. Oui, elle était plus qu'à sa hauteur. Elle était exceptionnelle.

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M

elody était loin de croire Lexie quand cette dernière affimait qu'elles étaient à mettre sur un pied d'égalité toutes les deux, pour elle, il était au-delà d'évident que non. Melody n'était pas du genre complexée ou mal assurée, elle avait une très bonne estime d'elle-même, mais elle était loin de croire être au niveau de sa petite amie qui elle, frôlait la perfection à tout point de vue. La bleue et bronze la trouvait tout simplement sublime. Elle pensait chacun des compliments qu'il lui avait adressés, même si elle avait volontairement fait preuve d'une emphase potentiellement excessive. elle ne pensait pas être mieux qu'elle, pas forcément au même niveau non plus... en revanche, ça lui plaisait bien que sa petite amie le pense. Après tout, c'était tout ce qui comptait, qu'elles soient exceptionnelles chacune aux yeux de l'autre. Le reste n'avait pas grande importance. Elles étaient ensemble et elles s'aimaient, tant pis pour tous ceux qui n'étaient pas capables de comprendre (et ils étaient malheureusement très nombreux), c'était tout ce qui comptait. Le reste n'avait que peu d'importance au bout du compte. Et le baiser que Lexie lui adressa acheva de l'en convaincre, d'ailleurs. Elles étaient parfaites ensemble, c'est tout ce qu'il y avait à retenir. Le reste était accessoire. Et donc, pour l'heure, elle était avant tout impatiente de pouvoir seulement passer un moment privilégié avec celle qui faisait battre si fort son coeur, et un peu plus chaque jour, au point qu'elle se demandait parfois comment il pouvait être possible d'aimer plus fort que cela.

-Il y a trois pimbêches à serdaigle que je peux pas voir en peinture, expliqua Melody, qui tait plus que ravie de pouvoir expliquer ses plans à sa petite amie. C'était tellement agréable que de pouvoir enfin lui parler librement de la Guilde et de ce qu'elle planifiait. Peut-être que ses camarades farceurs ne seraient pas d'accord avec sa manière de faire, mais elle s'en fichait totalement, là, elle était juste ravie de pouvoir enfin partager tout cela, d'autant que c'était vraiment quelque chose de terriblement important pour elle. Et quand je parle de peinture, je fais référence aux mille épaisseurs de maquillage qu'elles ont sur la tronche. Elle afficha un sourire espiègle et tira de son sac les différentes boîtes de maquillage qu'elle avait récupéré dans leur salle de bains. J'ai piqué ça ce matin.

Et maintenant, bien sûr, elle avait l'intention de modifier en profondeur baumes à lèvres et fonds de teint pour leur faire passer l'envie d'être des bécasses bêtes et sans intérêt. C'était de la basse vengeance et ce n'était pas très mature, c'est vrai... en même temps, guilde et maturité, ça n'allait pas ensemble.

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elody sourit quand Lexie la qualifia de machiavélique. De la part de quelqu'un d'autre, elle aurait peut-être pris cela pour une insulte, mais venant de sa petite amie, elle savait pertinemment que c'était un compliment et n'importe quel compliment de sa part était bon à prendre. Et puis, ça voulait tout simplement dire qu'elle aimait le plan qu'elle avait décidé de mettre en place, et puisque l'opinion de la jeune femme comptait à ce point pour elle, elle était particulièrement ravie. C'était bien la preuve que le petit plan qu'elle avait peaufiné était particulièrement bien rôdé, et ça lui faisait vraiment plaisir. Elle y avait mis du coeur et de l'énergie, en même temps, alors elle espérait que le résultat serait à la hauteur de ses attentes. Et à la hauteur de celles de Lexie, à présent, parce qu'elle ne demandait qu'à l'impressionner et à lui plaire encore plus si c'était possible. La bleue et bronze n'avait jamais tant tenu à satisfaire quelqu'un d'autre, l'opinion de quelqu'un d'autre n'avait jamais à ce point compté pour elle. Elle voulait se montrer à la hauteur. Et c'était ça qui était beau, elle se sentait à la hauteur, elle n'avait pas besoin de se forcer, sa petite amie l'aimait pour ce qu'elle était, elle l'aimait sans condition, sans atteindre plus d'elle. Elle n'avait pas besoin de forcer sa nature. Et ça, on faisait difficilement plus plaisant. Elles s'entendaient harmonieusement bien. Parfait. C'était juste parfait.

-Et moi qui espérais que tu rôderais près de la salle commune des serdaigles juste pour me voir, fit-elle mine de se lamenter, je t'avoue, je suis déçue.

Elle mentait, bien sûr, et elle réserverait sans problème une place aux premières loges à Lexie pour qu'elle puisse savourer le spectacle comme il se doit. Mais il était agréable de la chambrer un peu, surtout qu'elle était convaincue qu'elle ne la prendrait pas au sérieux. Elle devait pertinemment savoir qu'elle n'avait pas besoin de ce genre d'attentions dans tous les cas... au-delà du fait que c'était forcément trop risqué, bien évidemment. Moins on voyait la vert et argent rôder près des bleu et bronze, moins on se douterait de ce qui les liait. Et d'ailleurs, Melody apprécierait qu'il n'y ait pas besoin que les choses se passent comme ça. Elle voudrait vivre son amour au grand jour sans se poser de question, elle voudrait que les gens trouvent mignonnes et romantiques des attentions du genre et ne les considèrent pas perverses ou déplacées. Mais il restait du temps avant que les mentalités n'évoluent. Et en attendant, eh bien... eh bien, elles devaient ronger leur frein et prendre leur mal en patience, tout simplement.

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elody ne fit pas même mine de contredire son interlocutrice quand cette dernière suggéra qu'elle était plus jalouse que déçue. En même temps, elle ne pouvait pas lui donner complètement tort. Dans les circonstances qu'elle présentait, non, bien sûr, elle n'était clairement pas jalouse (pas plus qu'elle n'était déçue), mais elle ne pouvait nier qu'elle l'était bien souvent quand il était question de sa petite amie. Elle l'était quand elle pensait à Orion qui s'imaginait déjà lui passer la bague au doigt, elle l'était quand elle la voyait discuter avec d'autres filles de sa maison, elle l'était quand elle entendait parler de ses amis qui avaient tout le loisir de passer le temps qu'ils voulaient avec la fille qu'elle aimait, et elle l'était quand les garçon tournaient des regards concupiscents dans la direction de la sublime jeune femme qu'elle était. Oui ça faisait quand même un bon paquet d'occasions d'être jalouse... mais en même temps, cela ne l'empêchait pas d'avoir confiance en elle et en leur relation, bien sûr. La jalousie était peut-être un vilain défaut, mais Melody avait tendance à penser que tant qu'elle était maîtrisée et pas trop excessive, ce pouvait aussi être tout simplement quelque chose d'agréable, qui ne servait qu'à pimenter un couple sans le ternir. En tout cas, l'idée qu'elle soit possessive ne semblait pas totalement déplaire à Lexie, et Melody, de son côté, apprécierait aussi que sa petite amie soit jalouse. Cela lui prouverait qu'elle tenait à elle. Et c'était très important à ses yeux, l'air de rien.

Melody pouffa quand Lexie lui fit son petit numéro de psychopathe, comme s'il était possible qu'elle y croie une seule seconde. Lexie était une excellente comédienne, Melody le savait parce qu'elle connaissait ses allégeances (même si elle ne les approuvait pas le moins du monde), parce qu'elle savait qu'elle n'était pas totalement honnête envers la plupart, notamment grâce à elle d'ailleurs. Mais là, elle ne cherchait manifestement pas à être convaincante, et tant mieux, d'ailleurs, car il ne faut pas se leurrer, ça aurait été sacrément flippant, quand même. La jeune femme se contenta de croiser les bras en fixant sa petite amie.

-Je le savais, affirma-t-elle alors en souriant. T'es totalement obsédée par moi, tu peux pas passer une seconde sans moi.

Et elle espérait bien que ce soit en partie vrai. Mais pas trop quand même, parce qu'elle n'apprécierait pas franchement de découvrir que l'attitude de Lexie découlait en réalité d'une forme de fixette malsaine qui, forcément, ne mènerait à rien de bon, ni de sain. Non, elle préférait croire que leur amour était vrai, innocent et n'avait rien de pervers. L'inverse donnerait raison à trop de mauvaises langues.

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B

ien sûr, elles exagéraient tout de même le trait (il ne faut pas exagérer non plus, ce serait quand même un peu flippant dans le cas contraire), mais Melody aimait quand même à penser qu'il y avait un fond de vérité dans les mots qu'elles s'échangeaient. C'était quand même plaisant de se dire qu'elles puissent être accro l'une à l'autre, qu'elle puissent, tout simplement, avoir besoin l'une de l'autre au quotidien... Parce que pour Melody, c'est ainsi que devraient se comporter deux âmes soeurs l'une envers l'autre, et c'était bien ce qu'elles étaient, non ? Ni plus ni moins que des âmes soeurs. Oui, bien sûr que oui. En tout cas, elles étaient sur la même longueur d'onde, ça c'est une certitude, car tout ce que disait Lexie, Melody l'éprouvait tout autant, de l'exacte même manière. Lexie aussi manquait constamment à Melody dès qu'elle était loin d'elle, et c'était malheureusement beaucoup trop courant (ce qui accentuait certainement cet effet de manque, au passage). Elle n'arrêtait pas de penser à elle, même quand elle était loin, et c'était toujours un déchirement que de devoir attendre les quelques moments d'intimité qu'elles réussissaient à grappiller toutes les deux et qui, forcément, n'étaient jamais assez nombreux, c'était bien là tout le problème. Et le pire, elles étaient bien d'accord là-dessus, résidait dans tous ces moments où elles étaient techniquement si proches l'une de l'autre, et pourtant n'avaient pas l'occasion de même se parler de crainte d'éveiller les soupçons. C'était toujours une épreuve que de la savoir là, si proche, et de devoir faire comme si sa présence l'indifférait, comme si elle ne la remarquait même pas.

-Tout le temps, quoi, répondit Melody dans un léger sourire, qui devait servir à dédramatiser une situation qui, à bien y regarder, n'avait tout de même rien de très heureuse, bien au contraire.

Ce n'était pas vrai, bien sûr, ce n'était pas tout le temps le cas, et ce moment le prouvait bien puisque, en cet instant, elles étaient ensemble, sans personne autour d'elles... Absolument personne, et elles pouvaient être qui elles étaient. Le fait que ce soit malheureusement trop rare renforçait sans doute leur relation, mais c'est vrai que ça n'oubliait pas d'être frustrant.

-Je voudrais tellement que ça change.

Mais il y avait toujours un immense fossé entre ce que l'on voulait et ce que l'on était capable d'obtenir, l'avenir allait le leur apprendre de mille façons différentes, et toutes plus douloureuses les unes que les autres. Mais parfois, s'accrocher à ses rêves pouvait avoir du bon. En attendant, il était important de ne pas perdre de vue ce que l'on réussissait déjà à avoir.

-Mais pour l'instant... je crois bien qu'on est seules, non ?

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E

lles étaient tranquilles, pour le moment. Il y avait de nombreuses choses qu'elle adorait, dans cette phrase... mais de nombreuses choses qu'elle détestait, également. Elles étaient tranquilles, seules toutes les deux, elles pouvaient être elles-mêmes, se prendre dans les bras si elles le voulaient, s'embrasser (comme elles ne se privaient clairement pas de le faire) si elles le désiraient, être complices, se dire tout ce qu'elles avaient sur le coeur, parce qu'il n'y avait aucun témoin gênant pour leur empêcher de le faire. Le souci, dans cette phrase, c'était le "pour le moment", ce "pour le moment" qui ne pouvait que leur rappeler que ce moment de tendresse et de complicité était parfaitement éphémère. Elles ne pourraient pas en profiter aussi longuement qu'elle le voudrait, et il était difficile de profiter d'un moment quand on appréhendait sa fin... ça avait tendance à le gâcher en partie. et c'était bête, pourtant. Parce qu'elle ne vivait jamais rien de plus beau et de plus fort que les instants, même grapillés, qu'elle passait en compagnie de sa petite amie.

-Tu t'ennuierais si tu n'avais que moi, répondit Melody d'un ton amusé.

D'accord, elle avait envie, elle aussi, de s'imaginer dans un monde isolé des autres et de leur jugement, où elle pourrait tout simplement s'abandonner à ses sentiments pour sa petite amie sans craindre sans cesse le regard des autres... Elle adorerait ça, mais elle ne se leurrait pas, elles ne pouvaient pas non plus exister indépendamment des autres. De leur famille (hum), de leurs amis... C'était bien sûr impossible. C'était le problème, dans leur histoire. Elles avaient toutes les deux deux vies (même trois dans le cas de Lexie, car être un mangemort devait constituer une vie à part entière), et ces vies n'étaient tout simplement pas compatibles les unes avec les autres. Oui, elle s'ennuierait si elle n'avait qu'elle... Ce n'était pas un reproche ou même une crainte, c'était juste un fait... Mais quand même.

-Mais moi ça ne me déplairait pas.

Que Lexie n'ait qu'elle. Autant elle ne pourrait pas envisager de vivre sa vie sans tous ses proches qui n'étaient pas Lexie, autant elle aimerait bien être la seule à exister au regard de sa petite amie. On ne pouvait pas tout avoir, évidemment. Avant d'ajouter quoi que ce soit d'autre, Melody l'embrassa de nouveau. Elle ne se lasserait jamais de l'embrasser, et elle s'en voulait de n'en profiter qu'à moitié, parce que justement, elle savait que leur temps était limité. Elles pourraient être surprises à tout moment, et c'était la dernière chose qu'elles puissent vouloir, aussi bien l'une que l'autre. N'empêche que ce temps qu'elles réussissaient à grapiller restait merveilleux. Parce qu'elles étaient ensemble, l'une à l'autre...

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C'

était beau, de rêver. Au fond, elles savaient toutes les deux qu'elles devaient prendre leurs propos respectifs avec des pincettes, qu'elles avaient beau parler avec emphase, elles ne pouvaient pas penser complètement ce qu'elles se disaient. Bien sûr, elles s'aimaient, bien sûr, elles voulaient passer le plus de temps possible l'une avec l'autre, bien sûr, elles se donnaient la force de se communiquer le plus de force et d'espoir possible pour leur histoire. Bien sûr... Mais non, elles ne pouvaient pas faire abstraction du reste du monde, ni prétendre qu'elles pouvaient vivre seules l'une avec l'autre. Peut-être qu'elles ne s'en lasseraient pas, mais non, elles ne pouvaient pas ignorer que la terre continuait de tourner, et demeurer enfermé dans une bulle n'y changeait absolument rien. Malgré tout, la bleue et bronze n'avait aucune envie de contredire sa petite amie en cet instant. La seule chose qui l'intéressait, pour sa part, c'était que pour le moment, elles étaient là, et elles pouvaient grapiller un de ces rares moments de bonheur qui n'appartenaient qu'à elles. Elle rendit à Lexie son baiser, juste heureuse de sentir ses lèvres contre celles de sa petite amie. Elles étaient si bien ensemble, c'était si évident, quand elles s'embrassaient, qu'elle n'avait pas envie, ni besoin de chercher plus loin.

-Je te fais confiance pour ça, répondit-elle quand ses lèvres daignèrent se détacher une fraction de seconde des siennes. Ce qui ne dura évidemment pas longtemps, parce qu'elles ne pouvaient pas se le permettre.

Même si elles étaient parfaitement bien, ici et maintenant, et qu'il était très simple d'oublier leur situation, et qu'elles se trouvaient à Poudlard, dans un lieu rempli de personnes vouées à ne pas les comprendre et à les juger... Même si jusqu'ici, personne n'était venu les surprendre à cet endroit, elles n'étaient jamais à l'abri d'être remarquées. On pouvait les repérer à tout moment, et même si Melody aimait jouer avec le feu, elle savait tout de même à quel moment elle atteignait ses limites. Alors, il fallait vraiment qu'elle fasse attention, qu'elle prenne sur elle, qu'elle évite la catastrophe. D'ailleurs, à ce sujet, il était assez évident qu'elles devaient mettre un terme à ce moment d'intimité. Melody n'en avait pas la moindre envie, mais la réalité devait forcément les rappeler à l'ordre, et elles avaient déjà épuisé leur chance suffisamment longtemps.

-Je crois qu'il vaut mieux... qu'on y aille, dit-elle sans la moindre motivation. Sachant qu'en plus, l'une devrait quitter la pièce avant l'autre, afin d'éviter les soupçons.

Elle était lassée de cette situation, mais dans tous les cas, elles n'avaient tout simplement pas le choix.

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