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hèdre avait véritablement en horreur ce genre de soirée m'as-tu-vu. D'un naturel pour le moins solitaire, elle n'aimait pas vraiment se mêler à la populasse et elle avait grand-peine à prétendre s'amuser, à cette soirée, d'ailleurs, parce que de toute façon, elle n'était pas vraiment là pour prendre du bon temps. Si c'était vraiment son intention, elle lirait un bon bouquin, boirait une grande choppe de bierraubeurre, écouterait de la musique qui soit à son goût... Là, rien dans cette soirée n'était destiné à lui plaire. La décoration témoignait d'un kitsch qui frôlait le ridicule (mais c'était un leurre), la foule bigarrée envahissait l'espace d'un brouhaha constant et désagréable, la musique était abominable selon elle, et les petits fours étaient... passables, sans plus. Oui, sans doute Phèdre était-elle mal lunée et était-ce là le problème, mais la jeune femme, en vérité, s'impatientait surtout. Elle était arrivée à la soirée beaucoup trop en avance, si bien que les minutes lui semblèrent incroyablement longue, tandis qu'elle guettait les allées et venues des sorciers au niveau de l'entrée. Elle attendait Aaron. Avec ou sans sa présence, elle aurait assisté à cette soirée, parce qu'elle se l'imposait, tout simplement, mais elle devait bien reconnaître que, puisqu'ils savaient tous les deux qu'ils s'y retrouveraient, c'était cela qui l'intéressait plus que le reste.

L'excuse officielle de la présence de Phèdre était toute professionnelle. Une soirée telle que celle-ci, étant donné l'issue qu'elle aurait sans doute (c'est ce que lui avait laissé entendre Aaron, en tout cas), ferait très certainement l'objet d'un article digne de ce nom. Et elle voulait être celle qui écrirait l'article le plus choc, en étant au cœur même de l'événement, l'unique article qui mériterait bel et bien d'être publié... Donc oui, quoi qu'il en soit, elle serait venue à cette soirée, même si on avait voulu l'en empêcher, parce que sa curiosité et son ambition prenaient très nettement le pas sur la raison autant que sur la prudence les plus élémentaires. Mais quand même, la présence de Aaron était un plus non négligeable, et elle était véritablement impatiente de le voir, même s'ils devraient être prudents et ne pourraient pas se permettre d'afficher leur relation. D'autant qu'elle avait vu Ignatius et Lucretia non loin, et que le manoir devait grouiller de mangemorts. Ce n'est pas grave, sa présence lui ferait du bien quoi qu'il en soit. D'ailleurs, elle se retint d'afficher un trop grand sourire quand il la rejoignit enfin, faisant mine de s'étonner de la voir ici.

-Beaucoup mieux, maintenant, affirma-t-elle en baissant le ton pour que personne n'entende sa réponse quand Aaron lui demanda si elle allait bien. C'était parfaitement sincère, même si ça aurait été bien mieux si elle avait pu déposer ses lèvres sur les siennes. Il était grand temps que tu arrives. Jusqu'ici, cette soirée est mortelle.
   

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hèdre approuva la remarque de Aaron d'un hochement de tête. "Horrible" était effectivement l'adjectif idéal pour décrire son impression concernant cette soirée, encore que cet adjectif lui paraisse encore un-deçà de la réalité. Tout en ces lieux était la preuve d'un ultime mauvais goût et quand on savait ce qu'il y avait derrière tout cela, on ne pouvait qu'être conforté dans l'idée qu'il valait mieux être dans n'importe quel camp du moment que ce n'était pas celui de l'instigateur de cette soirée. Certes, elle savait bien que la soirée allait être mouvementée, que ce n'était qu'un début, et que la suite avait toutes les chances d'être pour le moins croustillante, mais cela ne suffisait pas forcément à convaincre la journaliste de ne pas perdre son temps. Il n'y avait que deux choses qui la retenaient ici, mais elles pesaient très nettement dans la balance : le fait qu'en restant jusqu'au bout, elle pourrait donner son témoignage "poignant" de la soirée et peut-être avancer ses pions au sein de l'Hydre afin de prouver qu'elle était réellement utile au groupe, et le fait que Aaron soit là, et qu'elle savoure toujours la moindre occasion qu'elle avait de passer en sa compagnie.

Même quand cette occasion était aussi singulière que celle-ci, et ne les autorisait guère à se montrer démonstratif, d'autant moins qu'il y avait beaucoup trop de personnes alentours qui pourraient leur en tenir rigueur, à commencer par Lucretia et Ignatius, qui finiraient sans doute par découvrir le pot-aux-roses mais avaient intérêt à le faire le plus tard possible. Quant à tous les mangemorts présents ce soir, Phèdre ne voulait pas leur donner le loisir de voir en elle un moyen de pression contre son petit ami si son double jeu devait être découvert. Le fait qu'ils ne puissent vraiment ni se toucher, ni s'embrasser, n'allait peut-être pas arranger leur perception des festivités, mais la jeune femme acceptait de reconnaître malgré tout, qu'elle préférait voir Aaron à cette soirée, si mortelle soit-elle et sans pouvoir exprimer physiquement le plaisir qu'elle avait à le revoir que ne pas le revoir du tout. Entre les deux propositions, le choix était rapidement fait. Il n'y avait même pas à hésiter en réalité. Phèdre ne put s'empêcher de sourire quand, à voix basse, Aaron lui dit qu'elle lui avait manqué. Un sourire qu'elle espérait qu'il avait été le seul à voir, car ce n'était pas le genre de sourire qu'elle adresserait à quelqu'un qui l'indifférerait.

-Toi aussi, reconnut-elle aussi de façon à n'être entendu que de lui seul. Et c'était un fait. Si elle s'écoutait, elle passerait sa vie avec Aaron, ils referaient le monde ensemble, leur relation les rendrait plus fort, mais ils étaient voués à une idylle clandestine. Ils n'avaient d'autres choix que de faire avec. Tu viendras chez moi, après la soirée ? demanda-t-elle alors. Bien que consciente que ce n'était pas la meilleure idée au monde, elle ne supporterait pas de passer cette soirée entière en sa compagnie sans vraiment l'être et ne pas se rattraper plus tard.
   

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hèdre ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire quand son interlocuteur lui affirma qu'il voulait bien qu'ils finissent la soirée chez elle ensuite, où ils auraient bien plus d'occasions de se témoigner ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre et qu'ils gardaient pour eux pour le moment, ce qui était particulièrement compliqué. Phèdre se demandait même si elle ne s'exposait déjà pas beaucoup trop, au fond, parce qu'en lui parlant, elle sentait bien qu'elle n'arrivait pas à s'empêcher de sourire ni de le dévorer des yeux, c'était tout simplement plus fort qu'elle. Et c'était sans doute déjà comme ça avant même qu'ils ne soient ensemble, depuis l'instant où elle l'avait rencontré et où elle avait compris les sentiments qu'elle éprouvait à son égard. Non, elle n'était pas bien discrète, mais heureusement, elle supposait qu'il n'y avait pas grand-monde pour réellement s'intéresser à eux en cet instant précis, et sous peu, ils seraient le cadet des soucis de toute l'assemblée, et ce serait pour le mieux.

-Moi aussi, assura-t-elle sans réussir à perdre son sourire (et pourtant, elle n'était pas forcément d'un naturel très souriant, de manière générale).

Oh oui, elle avait vraiment hâte, et même si elle allait être particulièrement animée, la jeune femme se disait qu'elle ne passerait jamais assez vite. Elle n'avait qu'une envie, maintenant, c'était d'en finir avec ce manoir et cet événement mondain et qui promettait d'être sanglant, et passer à d'autres sortes de festivités avec Aaron, avec l'homme dont elle prenait chaque jour un peu plus conscience de l'ampleur de ses sentiments pour lui, et ils étaient bien loin d'être anodins. Alors qu'elle s'apprêtait à ajouter autre chose encore, les premiers cris retentirent. Phèdre n'eut pas besoin d'en chercher la provenance, même si Aaron n'avait pas pu lui apprendre dans tous les détails le déroulement de la soirée, elle avait quand même une idée assez précise de ce qui allait se passer, et elle n'avait aucune envie de s'embarrasser de la vision d'un épouvantard. Elle n'avait pas la moindre idée de ce en quoi cela pourrait prendre forme, et elle n'avait par ailleurs aucune envie de le découvrir. Elle préférait, largement, à choisir, suivre les avisées recommandations de Aaron et chercher avec lui un endroit où se mettre à l'abri. Elle balaya la pièce du regard, le tout pour voir nombre de convives en proie avec leurs pires démons. Elle finit par trouver un couloir exigu qui devait mener à une salle de bains. Tous les épouvantards avaient dû être lâchés au même endroit, ils seraient peut-être tranquilles. Elle entraîna donc Aaron dans ce coin pour le moment désert.

-Au moins, maintenant, plus personne ne s'intéresse à nous.

Déjà avant, ce n'était sans doute pas le cas, mais là au moins, c'était sûr et certain.


   

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Q

uelle pourrait être la plus grande peur de Phèdre ? Est-ce qu'on pouvait réellement le savoir avant d'y avoir été confronté ? Sans doute pas, on ne pouvait en avoir qu'une rapide idée. Il y avait, ainsi, des choses que Phèdre craignait au quotidien : elle craignait que son affiliation à l'Hydre soit découverte, elle craignait de ne jamais devenir une journaliste renommée, elle craignait de ne pas être prise au sérieux, elle craignait de perdre Aaron... Mais est-ce que ce serait parmi ces craintes légitimes que piocherait un épouvantard pour l'angoisser ? Elle n'en savait rien. Et elle ne voulait pas se donner l'opportunité de le découvrir. C'était hors de question. Elle était là en observatrice, avec ce plus d'avoir un mangemort à ses côtés, ce qui la préservait de plus de dangers que la plupart des personnes présentes. Et elle ne comptait pas rejoindre ne le camp des bourreaux (dans ce contexte du moins), ni celui des victimes, elle voulait seulement grapiller le plus d'informations en se mettant le moins en danger possible. Fort heureusement, elle et Aaron avaient trouvé un endroit où se cloîtré en attendant que passe cette première menace, qui n'était pas des moindres, c'est certain. La jeune femme sourit quand Aaron confirma qu'ils étaient tranquilles, à présent. C'était le cas, effectivement, tous les sorciers présents se réjouissaient de la crise quand ils ne la subissaient pas ou ne tentaient pas de la juguler. Personne n'aurait pu prêter moins d'attention à ce couple qui s'embrassait passionnément, comme si rien n'existait autour d'eux, comme s'ils n'entendaient pas les cris d'horreur, comme s'ils ne voyaient pas la menace qui se présentait très directement à eux.

Et c'était le cas. En tout cas, ça l'était pour Phèdre, le temps de ce baiser, elle oublia immédiatement tout ce qui se trouvait autour d'eux. Il n'y avait plus que le contact des lèvres du jeune homme contre les siennes, le plaisir qu'un tel contact lui procurait. Elle se sentait bien, elle se sentait mieux que bien. Et elle se maudissait d'être encore là, ici et maintenant, quand elle voudrait pouvoir savourer pleinement un tel contact etn de toutes autres circonstances, certes, sa frustration s'était dissipée sous l'effet de leur baiser, mais ce dernier n'allait pas manquer d'en faire bien rapidement naître une autre, c'était fort à craindre. Elle esquissa tout de même un nouveau sourire quand leurs lèvres se quittèrent une nouvelle fois. Chaque baiser était décidément trop court.

-Cette soirée ne s'achèvera jamais assez vite, se plaignit-elle alors. Oui, elle avait définitivement hâte qu'elle s'achève. dans le sang et les larmes si possible, mais rapidement de préférence. Mais bon, en attendant, ils pouvaient toujours s'occuper un peu, et puisque toujours personne ne faisait encore attention à eux, elle s'empara à nouveau des lèvres de Aaron.

   

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O

ui, Aaron avait certainement raison, ils devaient encore avoir un peu de temps devant eux, il était fort à parier que Voldemort, s'il n'avait pas l'intention de s'arrêter à ce simple lâcher d'épouvantards en huis-clos (à moins d'avoir nettement revu ses exigences à la baisse, mais, même si la journaliste ne le tenait pas en grande estime, elle savait que ce n'était pas du tout son genre), il allait tout de même faire durer la tension et la frayeur aussi longtemps que faire se peut, ne serait-ce que pour fragiliser un minimum l'assistance. Alors ils avaient sans doute encore plusieurs longues minutes à "perdre", encore qu'aucune minute passée en compagnie de Aaron ne puisse être considérée par Phèdre comme un instant perdu. Au contraire, elle y voyait plutôt un instant volé, gagné à force de persévérance et d'astuces, puisqu'ils devaient sans cesse ruser, feinter, pour pouvoir passer du temps ensemble et profiter dignement de la présence l'un de l'autre, comme c'était le cas en cet instant. Cet instant qui était bien la preuve de combien il était difficile pour eux de tenir leur relation secrète. A peine était-ils parvenus à grapiller ne serait-ce qu'un seul instant d'intimité, voilà déjà que leurs lèvres peinaient à se séparer l'une de l'autre. Entre chaque phrase qu'ils prononçaient, elles se rapprochaient inexorablement, comme aimantées l'une à l'autre, et Phèdre ne cherchait pas une seule seconde à lutter contre cet indéniable pouvoir d'attraction. C'était de toute façon plus fort qu'eux.

Oui, Aaron avait raison, il valait mieux qu'ils en profitent tant qu'ils le pouvaient. L'ennui, c'est qu'ils ne le pouvaient pas assez quoi qu'il en soit. Phèdre savait très bien où les mènerait une situation du genre en d'autres circonstances, s'ils se trouvaient dans l'intimité confortable de l'appartement du jeune briseur de sort ou du sien. Mais non, ils étaient là, et s'ils avaient réchappé à la cohue, elle les rappellerait bien vite à eux, si bien qu'il était évident que certaines barrières ne devaient pas être franchies, celles auxquelles leurs baisers (encore joints aux caresses que Phèdre ne savait s'empêcher d'adresser à Aaron). Malgré tout, la jeune femme se laissait porter parce qu'elle pouvait obtenir malgré tout, et goûter à la saveur de la moindre seconde. Elle n'avait jamais été ni hédoniste, ni épicurienne, mais son petit ami l'invitait à voir les choses sous un autre angle. Il y avait des moments où se focaliser vers l'avenir, vers les objectifs qu'il leur fallait attendre, un autre pour profiter de l'instant et ne se soucier de plus rien d'autre. Elle était dans ce dernier cas de figure pour le moment. Et elle s'en contentait très bien, au demeurant.

-Tu vas me rendre complètement dingue, tu le sais, ça ?

   

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hèdre avait bien envie de tout oublier, tout sans exception. Elle avait envie d'oublier l'endroit où elle se trouvait, elle avait envie d'oublier pourquoi elle s'y trouvait, elle avait envie d'oublier tous ceux qui les attendaient, à quelques mètres de là, elle avait envie d'oublier le sceau du secret sous lequel était placée leur relation... elle brûlait d'envie de ne plus écouter que ses désirs, de ne plus se fier qu'à ses sensations, et alors, elle n'aurait plus qu'à s'abandonner aux caresses, aux baisers de Aaron, sans plus se poser de questions, en songeant seulement à combien cette relation comptait pour elle, à combien elle se sentait bien quand elle était à ses côtés, à combien elle l'aimait. Elle n'avait pas menti en affirmant qu'il la rendait totalement dingue, c'était bel et bien le cas, il bouleversait le moindre de ses sens, il donnait une nouvelle définition à tout ce qu'elle avait un jour pu éprouver, ressentir. C'était vraiment indescriptible, et elle ne pensait pas vivre ça un jour. Elle ne l'avait pas cherché non plus, d'ailleurs. C'était arrivé, c'est tout, et c'était encore meilleur comme ça... Même si diverses contraintes ne pouvaient être éludées. Et l'une d'elles devait constituer le plus brutal des rappels à la réalité. Un cri, deux, trois... ça criait sévère depuis tout à l'heure, déjà, mais ça n'avait plus de rapport. Aaron regarda sa montre. Phèdre n'était pas au courant de l'intégralité du projet des mangemorts mais elle comprit très bien de quoi il retournait avant même que le jeune homme ne prenne la parole, ce qui eut le don de profondément l'agacer. La situation, pas Aaron. La jeune femme avait bien envie de le convaincre de s'en foutre et de continuer où ils venaient juste de s'arrêter, mais ce serait idiot. Elle n'allait certainement pas lui demander de griller sa couverture pour elle, c'était beaucoup trop important.

-D'accord, répondit-elle, résignée, même si ça lui déplaisait profondément. Elle marqua une légère pause. Mais attends... Une idée venait de germer dans son esprit, qui lui donnait un prétexte pour le laisser rester plus longtemps. Avant d'y aller, blesse-moi. La demande pouvait sembler on ne peut plus cavalière, mais alors qu'elle fixait son interlocuteur droit dans les yeux, on ne pouvait douter du fait qu'elle était entièrement sincère. Amoche-moi, lance-moi un sortilège, n'importe lequel, ce sera bon pour ta couverture comme pour la mienne.

Et à propos de couverture, peut-être lui laisserait-on faire celle de la Gazette, va savoir, elle aurait en tout cas plus de crédibilité si elle ne se sortait pas totalement indemne de cet épisode, et quitte à se faire un peu malmener, elle préférait quand même que ce soit par Aaron plutôt que par elle ne savait quel mangemort dont elle ignorerait l'identité secrète.

   

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a jeune femme savait bien que sa proposition allait autant surprendre que déplaire à Aaron, mais elle ne flanchait pas pour autant. Sa demande était impulsive, certes, mais elle était sûre de son coup, et même si ce qu'elle attendait de lui était pour le moins extrême, au-delà d'extrême, même, elle était déterminé à le faire changer d'avis. Elle appréciait qu'il refuse de lui faire du mal, bien sûr, elle l'aurait quand même mal pris s'il avait accepté de suite sans la moindre réticence, mais ce n'était pas pour autant qu'elle comptait opiner du chef et s'arrêter là, bien au contraire. Elle était sûre d'elle et de sa décision, et s'il observait les choses pragmatiquement, Aaron serait bien contraint d'admettre que sa proposition n'était pas totalement insensée et pourrait bien leur rendre service à l'un comme à l'autre. Ils avaient chacun une couverture à défendre et à protéger, et ce serait sans doute l'une des meilleures manières de faire, un peu... abusive, sans doute, mais peu importe, ils auraient plus de crédibilité l'un comme l'autre s'ils choisissaient de suivre ses plans que dans le cas inverse. Aux yeux de Phèdre en tout cas, ça en valait totalement la peine.

-Je m'en doute, que tu n'as pas envie de me blesser, répondit Phèdre dans un fin sourire. Et encore heureux, ajouta-t-elle qui, en plus du reste, se permettait de plaisanter de la situation, même si Aaron ne devait pas trouver ça drôle du tout, et pour cause, c'était loin de l'être. Mais je te le demande, s'il te plaît. Elle le regarda droit dans les yeux. Je vais pas t'en vouloir, tu sais ? ajouta-t-elle alors, ce qui était bel et bien le cas. Elle assumait totalement son choix, et elle ne pensait pas que ça aurait la moindre incidence pour la suite. Ils n'avaient pas le temps de débattre trop longtemps à ce sujet, dans tous les cas, il allait être grand temps pour Aaron d'entrer dans le vif de l'action, et Phèdre n'avait pas l'intention de le retenir trop longtemps. Mais elle voulait tout de même le retenir jusqu'à ce qu'il réponde à ses exigences et accepte de faire ce qu'elle lui demandait. De toute façon, si tu ne le fais pas, c'est moi qui le ferai, assura-t-elle alors.

Et pour joindre le geste à la parole elle leva sa baguette en direction de son visage. Elle n'avait pas peur de se faire du mal à elle-même, mais elle pensait tout de même que le rendu serait plus crédible si Aaron se chargeait en personne de l'"exécution". D'accord, ce n'était pas très fair-play de sa part, d'autant que dans la situation inverse, elle aurait sans doute refusé très catégoriquement de faire du mal à son petit ami, mais justement, la situation n'était pas inversée.
   

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hèdre avait bien conscience du fait que son petit manège pouvait s'assimiler ni plus ni moins qu'à du chantage, mais elle n'en éprouvait pas la moindre honte pour autant, elle savait ce qu'elle faisait, et surtout, elle savait pourquoi elle le faisait. Elle avait les meilleures raisons du monde d'agir ainsi, en tout cas selon ses critères. Peut-être qu'elle devrait s'inquiéter davantage de ce qu'elle demandait à son petit ami, parce que cela pourrait changer quelque chose à leur relation, mais elle ne l'envisageait pas ainsi. De toute façon, leur relation n'avait pas été comme toutes les autres depuis le départ, dès le début. Ils avaient choisi d'emprunter des chemins complexes et sinueux, ils se devaient d'en accepter les conséquences. Phèdre se serait bien épargnée la souffrance à venir, mais ça aurait le mérite d'être un tant soit peu cohérent, et elle s'en remettrait parfaitement bien le moment venu. Ce serait toujours mieux que de se blesser toute seule, en tout cas, et Aaron sembla finir par convenir de la même chose, puisqu'il accepta finalement de céder à sa requête pour le moins particulière.

En guise de préambule, il déposa ses lèvres sur les siennes. Phèdre savoura ce baiser à sa juste valeur et préféra fermer les yeux, songeant qu'il serait plus simple de supporter le coup, le sort et ses effets sur elle, de cette manière qu'en le regardant droit dans les yeux. Le sort la propulsa légèrement en arrière. C'était douloureux, vraiment, mais tant mieux, ainsi, c'était crédible. Phèdre porta doucement une main à son visage. Une profonde éraflure lui zébrait la joue, son visage avait légèrement enflé, mais c'était parfait. C'était une blessure qu'elle ne pourrait pas cacher dans un premier temps, et c'était très bien ainsi, elle voulait que tout le monde voit qu'elle n'était pas sortie indemne de cette épreuve. Ce serait parfait. Et elle tiendrait sa promesse, elle n'en voudrait pas à Aaron, elle ne lui en voulait pas. Au contraire, elle considérait qu'il venait de lui témoigner ses sentiments pour elle plus intensément qu'il n'aurait pu le faire en n'importe quelle autre circonstance.

-Attends, lui dit-elle doucement en attrapant son poignet quand elle eut fini de constater les dégâts. Il n'avait pas encore bougé mais elle savait bien qu'il allait être temps pour lui de partir, il était primordial qu'il s'engage dans la mêlée si lui aussi voulait garder sa crédibilité en tant que mangemort. Elle le regarda dans le blanc des yeux et reprit la parole. Je t'aime. Elle s'approcha plus encore et l'embrassa. Quand elle détacha ses lèvres des siennes, elle constata qu'un peu de son sang avait coulé sur sa joue. Elle l'essuya d'un revers de manche, mais pas totalement non plus. Sois prudent.

   

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