Une fois n'est pas coutume, il était déjà bien tard quand Pomona s'était enfin décidée à quitter le bureau des Aurors.

Depuis qu'elle était un membre à part entière de l'équipe, elle ne comptait pas ses heures. Ce n'était pas pour autant de l'excès de zèle, elle n'y prenait pas garde, elle se sentait tant investie dans ce qu'elle faisait qu'elle perdait bien vite la notion du temps. Elle n'aimait pas finir sa journée sans avoir fini ce sur quoi elle était en train de travailler, et cela lui demandait souvent du temps... sans doute plus que nécessaire, puisqu'elle faisait généralement preuve d'une minutie et d'une attention presque excessives.

Certaines des vérifications complémentaires dont elle faisait preuve n'étaient pas forcément nécessaires, mais elle n'aurait pas le sentiment d'avoir convenablement fait son travail si ce n'était pas le cas.

Elle serait peut-être restée plus longtemps encore si elle n'avait pas un rendez-vous à honorer (et la ponctualité était une chose à laquelle elle tenait beaucoup). Comme bien souvent, elle ne retournerait à son appartement que pour y dormir (si elle y parvenait, ce qui était loin d'être sûr), avant d'entamer une nouvelle journée qui se verrait tout aussi remplie.

Elle avait donné rendez-vous à Flynn Bennet dans un pub moldu de Londres, qui avait l'avantage d'être non loin de son travail (moldu et peu fréquenté également, ce qui limitait les oreilles indiscrètes) et de servir à dîner à n'importe quelle heure, ce qui lui donnerait l'occasion de se nourrir.

Elle devait reconnaître être plutôt curieuse de faire la connaissance de cet homme. Ces derniers temps, les nouvelles recrues au sein de la résistance étaient légion, et c'était une bonne chose. Les mangemorts gagnaient en pouvoir, il fallait que ses opposants gagnent aussi en importance (même si, par moments, la pression qui en résultait pour Pomona, qui devait assumer être à la tête de ce groupe, et donc potentiellement de mettre ses membres en danger, était difficile à supporter). Mais Flynn était quoi qu'il en soit un cas à part.

Ne serait-ce que du fait de son âge. Un homme de 36 ans qui se joignait à leur cause, c'était inédit. Mais tant mieux. Il fallait que cela se démocratise, même, pour l'instant ils étaient tous des jeunes adultes, voire des adolescents, qui manquaient forcément d'expérience. Flynn, par ailleurs, en sa qualité de journaliste, pourrait bien jouer un rôle plus que précieux.

Après que Clyde lui ait parlé de lui, la jeune femme s'était intéressée à ses articles publiés, et elle reconnaissait sans mal être impressionnée, pas seulement par son brin de plume, mais par le parti pris tranché et original dont il savait faire preuve dans ses textes. Elle réalisa par ailleurs avoir déjà lu et apprécié l'un de ses articles avant de le connaître : son texte sur Olive Hornby était l'hommage que personne n'avait su dignement lui rendre jusqu'alors.

Alors oui, avoir cet homme parmi eux serait une excellente chose.

Pomona pénétra dans le pub, elle crut reconnaître le journaliste à une table. Elle ne pouvait se fier qu'aux descriptions de Clyde.

"Flynn Bennet ?"

« C'est ça. Vous devez être Pomona Fitz. Je suis ravi d'enfin faire votre connaissance. »

Il y avait peu de chance qu'elle se soit trompée d'interlocuteur, et en effet, elle avait bel et bien affaire au journaliste que Clyde Hornby avait voulu lui présenter pour intégrer la résistance.

Il semblait sérieux, motivé, elle savait au vu de ses articles qu'il était brillant et que ses opinions étaient conformes aux attentes de la Résistance. Ce n'était pas tant pour tester son potentiel que pour en apprendre davantage sur ses motivations que Pomona avait tenu à le voir.

Pour cela et parce qu'elle tenait toujours à rencontrer chaque résistant ou futur résistant en personne, ce lui semblait important de pouvoir ainsi assurer le plus efficacement possible la cohésion entre les différents membres du groupe. Ce n'était sans doute pas une manière de procéder suffisante. Mais elle faisait du mieux qu'elle le pouvait.

"J'en suis ravie également", affirma-t-elle d'un ton sans doute trop professionnel, mais elle s'exprimait toujours de façon neutre et peu avenante envers autrui, Flynn n'avait pas à le prendre personnellement. C'était ainsi, c'est tout. "J'ai eu l'occasion de lire plusieurs de vos articles, notamment celui sur Olive Hornby, j'apprécie votre travail journalistique. Il est malheureusement de plus en plus rare d'avoir l'occasion de lire des articles de qualité dans la Gazette."

Elle ne disait pas cela pour le caresser dans le sens du poil, c'était ce qu'elle pensait réellement. Son opinion sur Flynn sans même le connaître avait le mérite d'être préalablement assez positive, restait à voir si ses a priori allaient bel et bien se confirmer.

"Clyde s'est montré..." Elle chercha un instant ses mots. "... étonnamment énergique et investi à l'idée de vous permettre de nous rejoindre. Il m'a un peu parlé de vous mais j'aimerais entendre avec vos propres mots quelles sont vos motivations."

Elle ne tournait pas autour du pot, mais il n'y avait pas besoin de prétendre qu'ils ne savaient pas pourquoi ils se trouvaient là tous les deux. Et elle ne voulait pas faire perdre son temps à son interlocuteur, par ailleurs. Il acceptait de lui consacrer du temps, mais il se pouvait tout à fait que le jeune homme ait plus important à faire, et elle-même, d'ailleurs, avait beaucoup de choses à faire, un nombre même très conséquent de choses à faire, entre son travail et ses à côté.

Mieux valait en venir directement aux faits. De toute façon, Pomona n'aimait pas les fioritures et elle n'était jamais vraiment très capable quand elle devait entretenir une conversation que l'on pourrait qualifier de naturelle et simple, bref, comme celles dont avait l'habitude de s'abreuver le commun des mortels.

« Je vous remercie. »

En réaction à ses compliments plus qu'élogieux, le journaliste avait répondu par ces simples remerciements, trois simples mots, ni plus ni moins, rien d'autre, et prononcé avec toute l'humilité du monde.

Il ne s'était pas épanché sur son travail, sur ses mérites, sur la satisfaction qu'il éprouvait à l'idée d'avoir rédigé un article aussi juste et brillant, il n'était pas revenu sur ses talents d'écriture... non, il l'avait juste remerciée.

Pomona avait affaire à quelqu'un de modeste. C'était l'image qu'elle s'était faite de lui. Elle était contente de constater qu'elle ne s'était pas trompée à ce sujet, et qu'elle était en passe d'accorder sa confiance à quelqu'un qui le méritait réellement.

« Honnêtement, il n’y a pas vraiment longtemps que je m’intéresse à tout ça. Quand j’ai rencontré Clyde pour écrire l’article sur Olive, il m’a énormément touché, sous entendant qu’elle avait été assassiné sans m’en dire plus. Peu de temps après je suis tombé sur des informations compromettantes et on a essayé de me faire taire. »

Pomona calma sa curiosité, laissant à son interlocuteur le soin d'aller jusqu'au bout, même si elle avait déjà plus d'une question à l'esprit pour lui brûler les lèvres.

Il avait commencé à comprendre qu'il se tramait quelque chose de suspect en parlant avec Clyde (comme qui, décidément, ce dernier était capable de surprises. En même temps, quand il était question d'Olive, il ne plaisantait pas, elle avait pu le constater de ses propres yeux en l'invitant à rejoindre la résistance), en comprenant qu'Olive avait été assassinée (même si c'était indirectement).

Et il avait découvert des informations compromettantes qui l'avaient mis en difficulté. C'était là que les questions affluaient. Quelle était la nature de ces informations ? Comment avait-on voulu le faire taire ? Que s'était-il passé exactement ?

Pour le moment, elle se faisait violence et gardait pour elle ces vives interrogations afin de ne pas se montrer trop directe et le laisser s'exprimer jusqu'au bout.

« Je souhaite vous aider parce que je ne peux pas rester insensible à ce genre de chose. »

Pomona hocha la tête. Elle ne pouvait que convenir du fait que ses intentions étaient plus que louables, qu'il était animé de la flamme qu'elle voulait voir brûler en chaque résistant : une soif de justice véritable, un besoin de la rétablir, de lutter contre l'horreur qui se faisait insidieusement son nid.

Oui, elle s'en était doutée, elle s'était même fiée à l'avis de Clyde : il avait sa place parmi eux. Malgré tout, elle ne put pas s'empêcher, avant de dire toute autre chose.

"Qu'est-ce qui vous est arrivé ?" demanda-t-elle alors, sans plus contenir sa curiosité, concernée non seulement par les informations qu'elle pourrait recueillir, mais aussi par le sort que le journaliste avait pu subir.

« Un groupe de personne m’ont agressé un soir, quand je quittais mon travail. Je ne sais pas qui ils sont, mais ils ont essayé de m’intimider pour que je ne parle pas. Je vais vous épargner les détails de ce qu’ils m’ont fait. Je m’en suis sortie de justesse.Ce que je sais, c’est que tout ça à un rapport avec les mages noirs. Je suis sûr que ce n’est pas très loin de ce que Clyde a pu me raconter. »

Pomona comprenait que son interlocuteur n'entre pas dans les détails, même si quelque part, elle aurait préféré. Pas par curiosité morbide, non, simplement pour savoir exactement à qui le journaliste avait eu affaire. Même si la réponse à cette question était sûrement évidente.

Pour une fois, Pomona était du même avis que Clyde (en fait, ça arrivait de plus en plus souvent ces derniers temps, elle devrait peut-être se remettre en question). L'agression de Flynn Bennet ne pouvait être sans rapport avec les mangemorts. Ça paraissait assez évident... Tout comme étaient évidents les motifs pour lesquels l'homme voulait rejoindre la résistance. Pas par souci de vengeance, mais par souci de justice, aussi. Toutes les motivations idéales pour rejoindre son groupe.

« Qu’est-ce que vous pouvez me dire de plus sur ce que vous faites ? »

La curiosité de son interlocuteur était légitime, et même si Pomona était loin d'avoir posé toutes les questions qu'elle voulait poser à son interlocuteur, elle savait tout à fait normal de se plier au jeu et de répondre à ces questions qu'elle avait le sentiment d'avoir entendu cent fois, tant étaient nombreuses les recrues qui intégraient la résistance, dernièrement. Ce qui était évidemment une excellente chose, très encourageante pour la suite.

Elle se laissa le temps de rassembler ses idées afin de les formuler dans l'ordre le plus clair possible afin de ne pas oublier la moindre information qu'elle devait délivrer à son interlocuteur.

"Eh bien... j'ignore ce que Clyde vous a dit ou non. Pour le moment, nous recueillons surtout le plus d'informations possible sur l'ennemi, sur ses partisans, sur leurs modes d'action, sur leurs décisions futures... Nous avons choisi de créer ce groupe afin que notre action ne soit pas parasitée par un organisme duquel nous devrions dépendre, comme le ministère, par exemple."

Ce qui était le cas quand elle agissait en tant qu'Auror, et elle savait pertinemment que ses collègues n'étaient pas tous blancs comme neige.

Oui, pour le moment, leur action reposait surtout sur une recherche active d'informations, afin de passer à l'étape supérieure. En cela, l'expérience journalistique de Flynn Bennet ne pouvait que leur être profitable.

"Lorsque nous serons prêts, nous agirons en conséquence." Elle marqua une pause avant de revenir à son tour à la charge, incapable de garder les questions qu'elle se posait sur elle. "Sur quelles informations compromettantes étiez-vous tombé ?"

« Je suis tombée sur des informations concernant un ancien avocat, Dimitri Borodine. Qui a des liens, plus ou moins importants, avec les mages noirs. »

Des liens plus ou moins importants avec les mages noirs, le terme était faible quand on parlait de Borodine. C'était du moins ce que savait Pomona à présent, puisqu'elle avait récemment recueilli bon nombre d'informations sur cet homme dont le nom lui était pourtant encore inconnu il y a quelques semaines.

Car oui, si elle savait qui était Dimitri Borodine et combien son implication auprès des mages noirs était importante, c'était parce qu'elle avait eu l'occasion de parler avec Andreï peu de temps auparavant et qu'il lui avait décrit en détails la dernière réunion des "mangemorts" (puisque c'était semble-t-il leur nom à présent), et donc la destitution de Borodine au profit de Jedusor.

Flynn avait-il conscience de tout cela ? Peut-être en partie ? Pomona apprécierait d'obtenir plus de détails sur les éléments qu'il avait découverts, comme elle songeait qu'il était important de le tenir au courant des informations précises que la Résistance avait accumulées. Mais le lieu n'était pas approprié. Elle devinait que le journaliste n'était pas entré pour rien dans des détails qui pourraient tomber entre des mains indiscrètes. Et elle n'en ferait rien de ce côté non plus. Cette rencontre était plus informelle que capitale, il s'agissait d'un premier contact, comme une sorte d'entretien d'embauche, même s'il était évident que le journaliste était dors et déjà le bienvenu au sein de l'organisation qu'elle dirigeait.

« Je comprends que vous aillez décidé de faire votre groupe à part. Je suis persuadé que c’est une personne dans la Gazette des Sorciers qui a tenté de l’arrêter. »

"C'est malheureusement probable", reconnut Pomona dans un grave hochement de tête.

Et en effet, pour peu qu'il ait partagé ses connaissances avec certains de ses collègues, il était possible que ces mêmes collègues aient voulu lui faire payer le prix de sa curiosité.

Le monde tel qu'il était aujourd'hui était pourri jusqu'à l'os. Aucune des institutions que l'on pouvait considérer autrefois comme rassurantes n'était blanche comme neige, et il fallait partir du principe que l'on ne pouvait faire confiance à personne. Ne serait-ce qu'au ministère, Pomona ne savait que trop combien déambulaient de mangemorts parfaitement "dans leurs bons droits". Et elle n'était pas au bout de ses peines et de ses surprises à ce sujet, pourtant.

"Pour notre sécurité et pour agir au mieux, nous devons nous fier le moins possible aux institutions en place." Ce frôlait presque la paranoïa, mais c'était important s'ils ne voulaient pas se saborder eux-mêmes. "Vous comprendrez par conséquent que vous engager dans la Résistance, c'est aussi promettre la plus totale discrétion."

« Croyez-moi, j’en ai parfaite conscience et je n’ai pas l’intention de trahir le secret. »

Les intentions du journaliste semblaient ne pouvoir qu'être bien difficilement remises en cause, si quelqu'un devait bien connaître la valeur d'un secret et les conséquences probables quand celui-ci finissait par être dévoilé, c'était bien son interlocuteur. Quand on travaillait dans le journalisme, il ne pouvait sans doute pas en être autrement.

Elle était convaincue de la sincérité de son interlocuteur. Il se pouvait qu'elle aille trop vite en besogne en lui accordant si rapidement sa confiance, mais il y avait suffisamment de personnes envers qui se méfier pour laisser la défiance parasiter son propre camp. L'homme était intègre et droit, elle s'était renseigné sur lui, avait lu nombre de ses articles dans la Gazette du Sorcier dans l'optique de le rencontrer, et son écriture, la qualité de ses articles avaient déjà su plaider en sa faveur. Avec ce qu'il avait vécu, qui plus est, puisqu'il acceptait de continuer même après avoir été torturé, ce serait hypocrite que de remettre en cause sa bonne volonté par excès de zèle.

Par ailleurs, malgré toute l'exaspération que lui inspirait Clyde, il avait su prouver qu'il voulait vraiment s'investir dans la Résistance, et elle accordait une foi réelle dans ses opinions, chaque membre du groupe devait avoir droit au chapitre. Si il trouvait Flynn digne de confiance, alors Pomona en ferait de même. Même si un entretien préalable lui semblait tout de même indispensable. Mais c'était le cas pour n'importe quel membre de la résistance.

« Vous avez ma parole, je n’ai pas l’intention de mettre vos vies en danger. »

Elle choisissait de le croire. Et elle aurait raison de le croire. C'est vrai, il allait trahir sa promesse de confidentialité, mais ce ne serait finalement que pour conférer au groupe un atout non négligeable, une collaboration juste et puissante. Pour l'heure, elle n'avait pas idée de l'incidence qu'il aurait sur la Résistance, elle se disait juste que sa détermination et son réseau leur seraient forcément profitables.

"Je vous fais confiance", approuva Pomona sans choisir de le mettre davantage à l'épreuve. Cette rencontre était plus formelle qu'une véritable mise à l'épreuve dans tous les cas. Elle était convaincue que Flynn Bennett avait sa place au sein de la Résistance. "On se protège les uns les autres, ça fait partie de nos fonctions." Elle marqua une possible. "Nous ferons tout notre possible pour que ce qui vous est arrivé ne se reproduise plus."

Elle aurait voulu le promettre, mais elle ne pouvait pas non plus promettre sûrement quelque chose sur quoi elle n'avait pas l'entier pouvoir, mais elle comptait bien profiter de sa place au sein du bureau des Aurors pour enquêter discrètement sur les potentiels fomenteurs de l'agression dont son interlocuteur avait été la malheureuse victime.

« Merci. »

Pomona se contenta d'adresser un sourire entendu à Flynn en réponse à ses remerciements. Il n'avait pas besoin de la remercier, il avait mérité sa confiance, c'était aussi simple que cela, et si le test avait été passé facilement pour le journaliste, il devait s'en sentir flatté, parce qu'elle ne faisait pas si aveuglément confiance à n'importe qui, elle avait juste eu sous les yeux tous les éléments nécessaires pour avoir véritablement confiance en lui.

La suite lui apprendrait si elle avait raison ou pas, mais elle pensait ne pas se tromper. Et puis, la Résistance manquait vraiment d'un élément tel que Flynn. Plus âgé, installé, avec un pied dans la Gazette du Sorcier et une expérience de la vie qui leur manquait à tous.

« Mais sachez que je n’ai pas peur de prendre de risque. »

Ça, elle n'en doutait pas. D'un autre côté, s'il craignait vraiment les risques, s'il était du genre prudent au possible, il était très possible qu'il ne se serait jamais retrouvé dans la situation où il avait été, lui qui avait subi de terribles tortures pour le prix d'une information qu'il avait accepté de partager avec elle malgré tout.

Il ne pouvait pas avoir peur des risques, en effet, car si c'était le cas, ils ne se parleraient pas pour commencer, c'était ainsi que Pomona voyait les choses, en tout cas. Et comme elle était normalement douée pour cerner autrui (même si elle allait vite découvrir qu'il lui arrivait de se tromper, ce qui avait des conséquences désastreuses, surtout pour elle-même), elle pensait s'être fait une bonne idée de qui était l'homme qu'elle avait sous les yeux. Et les qualités ne lui manquaient pas, loin de là.

"Je n'en doute pas", répondit-elle, convaincue, et qui n'avait pas besoin de l'être davantage. "Et c'est tant mieux. Rejoindre la Résistance est déjà un risque en soi, malheureusement. Mais nous limitons les risques du mieux que nous le pouvons."

Et ça, c'était un véritable engagement. On ne pouvait pas se lancer dans une offensive contre le mal pur et dur en espérant s'en sortir indemne, ce n'était pas ainsi que les choses pouvaient se passer, mais, au moins, en veillant les uns sur les autres, les membres de la Résistance pouvaient s'assurer de se préserver autant que cela était possible. D'où l'importance de rester unis. Même si ce n'était pas aussi simple qu'ils le souhaiteraient, en fin de compte.

« On ne peut de toute façon pas envisager d’arrêter ces personnes sans prendre de risque. »

Pomona hocha la tête. C'était on ne peut plus vrai, en effet. Arrêter quelqu'un, porter atteinte à la liberté d'une personne (qui, notons-le, ne méritait pas une seule seconde d'être libre), c'était forcément prendre des risques et se mettre en danger. Dans leur cas, c'était encore plus vrai, parce que leurs ennemis étaient particulièrement dangereux, sans parler de l'ennemi principal, bien sûr, qui était certainement la personnification de ce que le mot "danger" pouvait contenir de plus terrible.

Ce pouvait sembler évident, comme ça, mais Pomona avait préféré avertir son interlocuteur, malgré tout. Si elle avait foi dans tous les membres de la résistance, si elle était satisfaite de voir leurs rangs s'agrandir, elle savait que certaines motivations, une fois mises à l'épreuve, et même si elles étaient honorables, pourraient bien faiblir sous la pression. Il est difficile de déterminer ce que l'on peut endurer tant qu'on a pas été confronté directement à ses limites.

Ce qui avait été le cas de Pomona. Elle ne savait pas jusqu'où elle était capable d'aller, et ce qu'elle pourrait potentiellement endurer. Et elle avait été confrontée directement à l'ire de Jedusor, elle avait été torturée, et bien malgré elle, elle avait vu jusqu'où elle était effectivement susceptible d'aller. Ce qui aurait pu l'éloigner de son combat l'en avait finalement rapprochée (encore que, pour commencer, il avait fallu la détermination de Miyria pour qu'elle s'investisse à ce point dans la résistance. Et maintenant, elle était toute seule).

Mais Flynn, lui, devait être parfaitement capable de le comprendre, pas seulement parce qu'il serait l'aîné du groupe, mais parce que des épreuves, il en avait traversées, et elles l'avaient convaincue. Une preuve de plus s'il en fallait encore qu'il saurait parfaitement s'intégrer parmi les résistants.

« J’ose espérer que ma place au sein de la Gazette du Sorcier pourra être utile. Surtout concernant la récolte d’information. »

Pomona ne pouvait nier y avoir pensé dès l'instant où Clyde lui avait parlé du journaliste. Il était vraiment important qu'il puissent avoir un œil en tous lieux stratégiques. Maintenant, ils avaient leur entrée au bureau des Aurors et à la gazette du sorcier. Ce n'était pas rien, autant le dire.

Elle hocha donc une nouvelle fois la tête. Ils verraient, au fil du temps, comment tirer profit du métier qu'il faisait. Peut-être que ce ne serait utile qu'à certains moments stratégiques. Mais ils verraient bien.

"C'est ce que je pense", affirma-t-elle, totalement sûre d'elle. "Il nous faut avoir une longueur d'avance sur l'ennemi, je pense qu'avoir des entrées dans la presse, surtout dans un journal aussi influent que la Gazette ne pourra qu'être bénéfique pour nous."

« Il vaut mieux mettre toutes les cartes de notre côté. »

Pomona hocha la tête en signe d'approbation, elle ne pouvait évidemment qu'être d'accord avec la manière de penser de son interlocuteur qui rejoignait par ailleurs de très près la sienne et qui faisait partie de l'optique générale de la Résistance. Rassembler toutes les cartes de leur côté, c'était ce à quoi ils s'employaient depuis la fondation du groupe.

Le pragmatisme du journaliste lui plaisait beaucoup, en tout cas, et elle savait se convaincre qu'il ferait un très bon élément pour le groupe. Elle devait reconnaître que cette entrevue était une agréable surprise, notamment, elle l'admettait, parce que c'était Clyde qui avait initié leur rencontre... connaissant le tempérament du frère d'Olive, difficile de croire qu'il se soit lié d'amitié avec Flynn Bennet. Mais il fallait peut-être une personnalité éloignée de la sienne pour la temporiser... encore que dans leurs cas respectifs, ça ne semblait pas être ce qu'il y a de plus efficace non plus, c'est sûr.

« Je tâcherais de mettre de côté toutes les informations que je jugerais utile, avant de les transmettre. »

Ce serait déjà une excellente chose. Pour le moment, il n'allait pas encore être simple de faire le tri dans les informations clés ou non, mais cela viendrait, et le rôle de Flynn s'imposerait également au groupe à mesure que le journaliste prendrait ses marques au sein du groupe.

Pour le moment, ils allaient donc procéder de cette façon, il serait quoi qu'il en soit plus simple de savoir pour chacun où et comment se positionner quand la prochaine réunion de la Résistance aurait lieu et que certaines choses auraient été mises en plat. En attendant, Pomona était ravie de le compter parmi eux.

. « En attendant, vous pouvez compter entièrement sur moi. »

Elle décidait de le croire en effet et de le tenir pour dit. Il semblait motivé, investi, il avait en mains toutes les clés nécessaires pour tenir un rôle d'importance au sein de la Résistance, en conséquence, Pomona ne pouvait qu'apprécier l'arrivée d'une telle recrue.

"Dans ce cas, bienvenue dans la Résistance."

Il n'y avait déjà pas de doute à l'origine quant au fait qu'il était le bienvenu, évidemment, mais ainsi, la chose était officielle. Dorénavant, il pouvait considérer qu'il était un membre à part entière du groupe. Et elle voulait croire qu'ils ne regretteraient pas leurs choix respectifs.