La paternité et ses conséquences [pv Ethan]

La paternité et ses conséquences

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n nouveau père, au sortir de la maternité, alors qu'il venait de serrer son enfant dans ses bras, devait sans doute être euphorique, de cette euphorie qui ne trouve aucune autre comparaison, puisque rares sont les opportunités qui nous sont données de découvrir un nouveau sens à son existence, si fort, si puissant et si évident. Mais James ne se sentait pas euphorique. Certes, ce nouveau sens donné à son existence, il l'avait ressenti à l'instant même où il avait serré Gabriel contre lui. Mais à quoi bon si on le défendait de donner à cet enfant tout l'amour qu'il se sentait prêt à lui accorder. Lindsay avait été catégorique. Elle ferait tout son possible pour l'empêcher d'avoir le moindre droit sur son enfant. Il allait se battre pour qu'il n'en soit rien, mais il savait d'avance que la tâche n'allait pas être des plus simples, encore moins avec ce nouvel élément ajouté à l'équation : cet homme qui avait été présent au moment où il avait fait son entrée dans la chambre de Lindsay, cet homme qui avait demandé son ex femme en mariage...

Bon. Il n'était pas question de se laisser abattre pour autant. James n'avait pas la moindre envie de retrouver l'enfer des procédures judiciaires à rallonge telles qu'il en avait déjà trop connues récemment avec son divorce, mais si vraiment, il ne parvenait pas à raisonner Lindsay, si aucune autre voie ne s'ouvrait à lui, alors soit. Dans ce cas, oui, James prendrait toutes les mesures qui pourraient s'imposer pour être reconnu comme le père de Gabriel. Pour l'heure, il se contentait de rentrer chez lui, l'esprit incessamment traversé des images de ce qui venait de se passer. Il se sentait partagé entre la tendresse qu'il éprouvait pour son fils, la colère que le couple lui avait inspiré, une rage sourde d'obtenir ce qu'il voulait, et la crainte de n'arriver à rien en dépit de toute sa bonne volonté. Ce mélange détonnant d'émotions diverses ne faisait pas vraiment bon ménage, et au final, James se sentait surtout et avant tout complètement vide, comme s'il venait de parcourir un marathon en grandes enjambées. Il errait de rues en rues tel un automate. Il se sentait perdu. La seule chose qui pourrait lui faire du bien, pour l'heure, ce serait de se serrer dans les bras d'Ethan, et d'un grand verre d'alcool. Si James était loin d'être alcoolique, il est des occasions où la boisson sait être salutaire. Il écrasa sa cigarette avant d'entrer dans l'appartement. Il chercha Ethan du regard mais, ne le trouvant pas de suite, il se dirigea presque mécaniquement vers la cuisine, où il se servi d'un verre bien tassé de whisky pur feu qu'il avala quasi cul-sec. C'était pas forcément ce qui allait clarifier ses idées, mais en l'occurrence, il s'en moquait bien.

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Où était donc passé James ? Cette question ne cessait de tourner dans la tête d'Ethan. Ils n'étaient pas de ce genre de couple à être toujours soudé l'un à l'autre et à toujours être capable de citer à la minute près l'emploi du temps de la journée de l'autre mais aujourd'hui était un peu différent. Ethan avait travaillé le matin mais tout deux devaient avoir congé l'après-midi et il était plus ou moins convenu qu'ils en profitent pour passer du temps ensemble, notamment pour enfin organiser ce fameux petit voyage à l'étranger dont ils avaient parlé et qui devait les aider à se changer un peu les idées. Sauf que James n'était pas là.

Il n'était pas présent à la sortie de la librairie, ni à l'appartement. Et Ethan avait eu beau chercher, il ne trouvait nul par la moindre note de la part de James pouvant expliquer sa disparition et où il pouvait bien se trouver.

Ethan s'était alors fait à manger, avait lu un peu mais les minutes continuaient de défiler et aucun signes de James.

Durant tout ces mois, Ethan s'était appliqué à passer pour le plus sûr d'entre eux. Celui de leur couple qui était le plus fort et le plus à même de porter tous leurs soucis sur leurs épaules. Celui également qui n'avait pas de doutes, qui savait ce qu'il en était et qui avait confiance en leur avenir. Mais ce n'était qu'une façade. En vérité, il n'y avait pas un seul matin où, se réveillant, il n'avait pas regardé longuement le visage de son amant, craignant que cela soit sa dernière opportunité de pouvoir le faire. Il y avait tellement de choses qui risquaient de les séparer. Ethan ne doutait pas des sentiments de James à son égard mais malgré tout, Lindsay et son enfant restaient une menace particulièrement sérieuse à ses yeux. Et si Lindsay décidait soudainement de redonner une nouvelle chance à leur famille ? Et si James se retrouvait à choisir entre son enfant et Ethan ? Le sorcier lui-même ne s'imaginait pas supplier James de le choisir à la place de son propre bébé alors cette simple idée ne faisait que l'épouvanter, d'autant plus que le terme était terriblement proche à présent.

Mais ce n'était pas la seule menace qui planait dans l'air. James avait eu beau tout faire pour le rassurer, Ethan n'oubliait pas la visite de l'Auror. Alors certes, depuis il n'avait plus réentendu parler de cette histoire mais on ne savait jamais. Et si la disparition de James était dû à cela ? S'ils pensaient avoir trouvé d'autre preuves contre lui ?

Ne supportant plus de rester seuls avec ses pensées angoissantes, Ethan prit son manteau et sortit. Il ne savait pas où aller exactement, commençant par les lieux où James et lui avaient tendances à ce rendre mais il ne le trouva pas. Et maintenant, que faire ? Il n'y avait rien qu'il puisse faire et il réalisa soudainement qu'il pouvait arriver n'importe quoi à James, qu'il ne serait certainement pas le premier au courant. Pourquoi le serait-il ? Il n'était que celui qui l'hébergeait après tout. En cas de problème, ce serait la famille de son amant qui serait mise au courant, pas lui. Et sa famille ne le connaissant pas, Ethan pourrait rester des jours durant dans l'ignorance la plus totale.

Après avoir longuement marché au hasard et alors que le soleil commençait à se coucher, Ethan reprit la direction de l'appartement et c'est avec soulagement qu'il sentit tout de suite qu'il y avait du mouvement au moment où il franchit la porte. James n'avait pas disparu, pas encore cette fois. Ethan se dirigea alors tout droit vers lui, à mi chemin entre le soulagement et l'irritation.

Bon sang James tu étais passé où ? Je me suis fait un sang d'encre tout l'après-midi...

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than venait d'entrer dans l'appartement, et au vu de son attitude, partagée entre le soulagement et l'inquiétude, il n'avait effectivement pas la moindre idée d'où James avait disparu ces dernières heures. Pourtant, c'était l'une des premières choses que le jeune homme avait faite avant de se rendre à la maternité, était de laisser un mot à l'intention du jeune homme pour éviter, justement, qu'il s'inquiète. Mais manifestement, le mot s'était perdu allez savoir où, et Ethan s'était bel et bien angoissé. James se sentait mal pour lui. Déjà qu'il n'était pas franchement bien lui-même, il n'avait certainement pas voulu générer chez son amant des angoisses inutiles... Déjà qu'il avait supposé que le savoir à la maternité n'allait pas être pour le rassurer non plus... Enfin, l'essentiel, c'est qu'il était là, bien présent, et pour le moment, le reste importait peu à James. Il avait besoin de sa présence, et il l'avait face à lui, c'était tout ce qui comptait.

-Je t'avais laissé un mot... dit-il pour s'excuser sans pour autant se justifier davantage.

Il n'avait pas envie de prétendre ou de se prendre la tête, il avait juste besoin de soutien et de réconfort, et il n'y avait personne qui puisse lui en prodiguer sinon lui. D'ailleurs, il n'attendit pas plus pour se précipiter dans les bras d'Ethan sans demander son reste, juste pour le sentir contre lui. Il avait bien conscience de bouleverser totalement leurs projets, quoique discuter voyage n'était sans doute pas ce qui lui ferait le plus de mal dans l'état où il se trouvait présentement. Il demeura plusieurs secondes entre les bras d'Ethan, sans bouger, sans prononcer le moindre mot, pour le simple plaisir de ressentir sa présence, puis il se justifia enfin de son enfance, bien conscient qu'il était en train de l'inquiéter pour rien, à garder le silence comme il le faisait.

-J'étais à la maternité...

Ces mots, bien que concis, en disaient dors et déjà longs en eux-mêmes. Il était à la maternité, et quels autres raisons aurait-il eu de s'y trouver si ce n'est parce que Lindsay avait accouché ? Ça y est, il était bel et bien papa. Même si l'information avait été parasitée par une situation plus que déplaisante, il l'avait parfaitement intégrée dès l'instant où il avait pris son fils dans ses bras. Et maintenant, il ne savait plus trop s'il devait être heureux ou totalement démoralisé.

-C'est un garçon, dit-il dans une esquisse de sourire, préférant s'intéresser tout d'abord à ce qu'il y avait de plus positif dans tout cela. Il s'appelle Gabriel.

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Au moment où James lui annonça lui avoir pourtant laissé un mot, Ethan se figea avant de regarder partout autour de lui, son regard fini par se poser sur un bout de papier qui se trouvait parterre, dépassant à peine de sous une armoire. Le sorcier imaginait déjà trop bien le papier bien posé en évidence qui s'était envolé au moment où il avait ouvert la porte en rentrant. Tout ça pour ça, Ethan se sentait un peu idiot pour le coup mais cela n'enlevait en rien son soulagement de voir que James allait bien. Enfin, tout était relatif car à bien le regarder, James ne semblait pas aller si bien que cela. Il avait l'air comme... bouleversé ? Cela annonçait rien de bon en tout cas et Ethan sentit son inquiétude remonter d'un grand. C'était plus fort que lui, quand James n'allait pas bien, il n'allait bien bien, cela pouvait sembler ridiculement cliché mais c'était ainsi. Il garda son amant contre lui, glissant tendrement une main dans ses cheveux, attendant qu'il se décide à lui dire où il était passé et il n'eut pas à attendre bien longtemps.

À la maternité. Pas besoin d'en dire beaucoup plus, Ethan avait comprit de quoi il en retournait. Ils n'en parlaient que peu mais Ethan savait qu'ils avaient atteint la période prévue pour l'accouchement. Ethan ne savait pas trop quoi faire ou dire. Cette nouvelle ne l'enchantait pas vraiment. Non pas qu'il n'était pas content pour James mais juste parce que sa crainte de voir Lindsay réapparaître avec un bébé pour supplier James de revenir se réveillait en lui. Ce n'était pas si idiot que ça après tout. Lindsay se retrouvait mère célibataire et ce n'était pas une condition enviable. Combien de femmes avaient préférés fermer les yeux sur les infidélités de leurs maris plutôt que de se retrouver seules à élever leurs enfants ? Un peu trop au goût d'Ethan.

Mais à l'instant où James prononça le prénom de Gabriel, Ethan cessa se le voir comme un espèce de monstre planant telle une menace sur leur couple mais bel et bien comme un pauvre petit bébé innocent qui n'avait rien demandé à personne lui.

Tu as pu le voir ?, demanda-t-il d'une voix peu assurée. Car même si Gabriel n'y était pas pour grand chose, cela n'enlevait rien à ses craintes pour autant.

N'en n'ayant pas reparlé avec James, Ethan ignorait si les choses avaient évoluées avec Lindsay. Elle pouvait très bien avoir interdit à James l'accès à la maternité tout comme elle avait pu lui donner directement le bébé, comme dans n'importe quelle famille.

Oh et... Félicitation, papa, ajouta-t-il avec un petit sourire taquin en l'appelant ainsi.

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ames hocha la tête quand Ethan lui demanda s'il avait pu voir son fils. Il ne pouvait bien sûr en être sûr, mais il pensait deviner ce qui pouvait se passer dans sa tête à ce moment précis. Du moins, si les situations étaient inversées, il savait exactement ce qui se tramerait dans la sienne, de tête. Tant que l'enfant n'était pas né, il restait une perspective lointaine dont les changements qui y seraient liés demeuraient incertains. Maintenant, il était bel et bien là, un être vivant, de chair et de sang, fondamentalement pur et innocent, qui n'avait rien demandé du contexte familial dans lequel il évoluait. Et forcément, il allait prendre de la place dans la vie de James, cette vie qu'il avait presque entièrement consacré à Ethan en se séparant de Lindsay. Et à ce sujet, d'ailleurs, forcément, Ethan devait s'inquiéter du rôle que son ex épouse pourrait encore tenir dans sa vie, maintenant que leur enfant faisait lien entre eux. James comptait bien le rassurer sur chacun de ces points, même si lui-même ne savait pas vraiment de quoi l'avenir serait fait. Peut-être que Gabriel n'aurait pas de place dans sa vie parce qu'on ne le laisserait pas en avoir ? Il n'y tenait pas, il avait la ferme intention de se battre pour que ce ne soit pas le cas. Mais on ne décide pas toujours de tout, malheureusement. Il ne suffit pas de vouloir pour obtenir.

-Merci, répondit James dans un léger sourire, pour commencer, aux félicitations d'Ethan. "Papa"... C'était étrange d'entendre employé ce mot et de savoir qu'il vous concernait. Certes, avoir tenu Gabriel dans ses bras lui avait clairement fait prendre conscience de son rôle de père (et de combien il était important à ses yeux), mais ce n'en était pas moins une nouveauté à laquelle il allait devoir se faire. Lindsay n'a pas voulu que je le voie... J'ai dû lui forcer la main pour qu'elle accepte que je le tienne dans mes bras. Il marqua une légère pause. Elle n'acceptera jamais une garde partagée... Alors il était parti pour se réembarquer dans un nombre incalculable de procédures judiciaires, chose qui ne lui avait absolument pas manqué après son divorce. Son conjoint était avec elle, dit-il, et ça c'était surtout pour lui faire comprendre que l'existence de Gabriel n'allait pas absurdement le faire retomber dans les bras de Lindsay (comme si c'était seulement possible), pas plus que l'inverse. Et j'ai comme l'intuition qu'il se fera un plaisir de me mettre des bâtons dans les roues, lui aussi.

Et si Lindsay finissait par accepter sa demande en mariage, elle allait bien plus facilement pouvoir prétendre à la garde de leur enfant. Parce que deux parents (de sexes opposés, bien évidemment, hein) valent mieux qu'un, il paraît. Tu parles.

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Ethan n'aimait pas voir James ainsi. C'est à dire clairement chamboulé mais pas dans le terme positif du terme. Il avait l'air malheureux et Ethan craignait qu'il ne souffre vraiment. Il faisait toujours son possible pour le consoler, l'aider et le soutenir mais cela lui brisait à lui aussi le coeur de voir celui qu'il aimait ainsi.

Dans ces moments, Ethan s'en voulait à lui-même. Après tout, totu cela était de sa faute. S'il n'avait pas séduit James cette nuit-là, il serait peut-être – probablement même selon lui – toujours avec Lindsay et à l'heure actuelle, il fêterait la naissance de son fils. C'était lui qui l'avait détourné de tout ça.

Une boule logée dans le fond de la gorge, Ethan écoutait James sans l'interrompre. Il imaginait que trop bien la scène de son amant devant insister pour avoir le bonheur de tenir son fils nouveau-né dans ses bras. C'était tellement cruel, James n'aurait pas dû avoir à insister pour cela. Ethan ressentit un nouvel élan de colère contre Lindsay. Elle pouvait être furieuse et elle avait de quoi mais quand même, séparer un père de son enfant, c'était particulièrement cruel comme châtiment.

Ethan était resté silencieux et immobile en écoutant James mais il eut une réaction quand il termina son explication.

Lindsay a un nouveau conjoint ?

Bon ok, question con vu que James venait justement de le lui dire mais il ne s'y était pas attendu à celle-là. Et à priori, il n'était donc pas commode en plus. Un peu méchamment, certes, Ethan s'imaginait Lindsay choisissant le premier homme venu avec une bonne situation et pas trop regardant sur les origines de Gabriel afin de l'épouser et donc ainsi avoir un poids supplémentaire face à James qui, lui, ne pouvait pas compter sur la carte « nouveau conjoint ». Et pour cause, dans leur cas ce ne serait pas la garde de Gabriel qu'ils gagneraient mais un petit séjour en prison.

Ethan poussa un petit soupire en venant appuyer son front à celui de James, passant ses deux mains dans la tignasse brune de son bien-aimé.

Tu sais que je ferais tout ce que je peux pour t'aider..., lui murmura-t-il même s'il se sentait terriblement impuissant dans cette affaire. Je suis vraiment désolé, ajouta-t-il ensuite.

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ames se contenta d'un hochement de tête quand son interlocuteur demanda confirmation en apprenant que Lindsay avait un nouveau conjoint, même s'il se doutait qu'il avait parfaitement entendu, qu'il savait qu'il ne mentait pas, et que la question était toute rhétorique. Il pouvait comprendre qu'Ethan s'en trouve surpris, James l'avait été aussi. Oh, tout ce qu'il pouvait souhaiter à Lindsay, c'était qu'elle délaisse son amertume pour aller de l'avant et refaire sa vie, mais il est vrai que ce semblait assez... précipité, compte tenu du fait que l'homme l'avait visiblement demandé en mariage. Qui sait, peut-être qu'elle fréquentait déjà cet homme quand ils étaient encore ensemble ? Il serait mal placé pour lui en vouloir, c'est sûr, mais il n'aimerait pas devoir le découvrir... Enfin, dans tous les cas, quel que soit le passif de cet homme avec son ex épouse, il est certain que ça n'arrangeait pas ses affaires. Lindsay avait de bien meilleures cartes en mains que lui pour obtenir la garde complète de Gabriel, mais James, qui n'était normalement pas d'un caractère vraiment combattif, pourtant, avait bien la ferme intention de se battre pour être un père aux yeux de son fils, et non un simple étranger.

James apprécia le contact de son front contre le sien, et la caresse de ses mains dans ses cheveux. Ça lui faisait un bien fou. Il se sentait totalement démuni face à cette situation, mais Ethan restait sa certitude, une certitude douce et apaisante. Elle ne suffirait pas, bien sûr, à arranger tous ses problèmes, mais tout de même, cela avait le don d'encourager James mieux que n'importe quoi d'autre. Quand il lui affirmait qu'il serait capable de tout faire pour l'aider, James savait que c'était vrai, et son soutien était vraiment important pour lui. Là, maintenant, sans Ethan, il perdrait totalement pied, dans une telle situation. Quand il ajouta qu'il était désolé, James ne put s'empêcher de songer qu'il se sentait peut-être responsable de ce qui lui arrivait, sauf que ce n'était pas le cas. Il serait un bien meilleur père pour Gabriel en étant bien dans sa vie comme il l'était maintenant que s'il était resté avec Lindsay. Il fallait seulement qu'on lui laisse l'opportunité d'être père.

-Ne le sois pas, répondit-il dans un léger sourire. Tu m'aides déjà plus que tu ne le penses, affirma-t-il très sincèrement. Et je trouverai une solution, ajouta-t-il sans pouvoir complètement y croire.

Sans ajouter un mot de plus, il déposa ses lèvres sur celles d'Ethan.

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Ethan ne cessait de culpabiliser quand il voyait James ainsi. Il voulait son bonheur mais il avait l'impression de lui avoir apporter plus de complications qu'autre chose depuis qu'ils étaient ensembles. Pourtant, il savait que James, lui, ne lui en voulait pas, qu'il aimait vivre avec lui malgré tout ce que cela impliquait. C'était tellement dommage que Lindsay pose ainsi problème. Si les choses s'étaient bien passées avec son ex-femme alors tout aurait été pour le mieux pour James et Ethan aurait été soulagé. Mais dans le meilleur des mondes, il aurait aussi pu vivre son amour avec James à la vue de tous, il serait propriétaire de la librairie et il passerait toutes ses vacances dans des îles paradisiaques à siroter des cocktails hors de prix.

Heureusement, Ethan avait depuis longtemps apprit à se contenter de ce qu'il avait et en cet instant, avec son front appuyé à celui de James, ses doigts courant doucement dans ses cheveux, il ne voulait rien de plus que lui et lui seul. A chaque fois qu'il était avec lui, Ethan se faisait la même réflexion : jamais il n'aurait crû possible de pouvoir un jour aimer autant quelqu'un.

Je déteste me sentir impuissant, répondit-il sur un ton de gamin boudeur après le baiser de James. Et c'était ça, il se sentait vraiment impuissant dans la situation actuelle. Il ne pouvait même pas aller parler à Lindsay sans risquer de marcher sur des œufs.

Au pire, on peut toujours tenter le sort d'oubliettes, ajouta-t-il cette fois-ci avec une petite pointe d'humour, espérant faire apparaître au moins un petit sourire sur les lèvres de son amant. Il n'était pas sérieux, évidemment, mais il fallait admettre que c'était quand même un peu tentant mine de rien.

Peut-être... Que l'on devrait lui parler. Lui expliquer la situation. Elle comprendrait peut-être ?

Bon sur ce coup-là, Ethan était vraiment sûr de rien. Si Lindsay avait piqué une crise pareil pour une maîtresse, Merlin seul savait comment elle pourrait réagir si elle apprenait que la maîtresse était en réalité un amant. Soit elle comprenait et tout rentrait dans l'ordre, soit cela aggravait encore d'avantage les choses et Ethan ne la connaissait pas assez pour savoir laquelle des deux réactions elle aurait. Mais Ethan n'avait pas envie de voir James privé de son enfant.

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n fin sourire sut se dessiner sur le visage de James quand Ethan affirma qu'il n'aimait pas se sentir impuissant, pas tant pour le propos en lui-même que pour la manière dont il avait été prononcé. James ne savait que trouver craquant ce ton légèrement boudeur, et pour le moment, il préférait se concentrait sur ce qu'il aimait, sur ce qui l'attendrissait, plutôt que de s'apitoyer sur son sort et ne voir que les problèmes... Même si ça ne les ferait pas disparaître, bien sûr. James comprenait bien Ethan, il comprenait qu'il n'apprécie pas de ne pas pouvoir en faire plus. Mais James ne lui en demandait pas davantage. Ethan lui apportait déjà plus que ce qu'il avait même pensé pouvoir obtenir avant de le rencontrer. Alors il ne regrettait absolument rien. Le sourire parvint même à s'agrandir un peu quand Ethan suggéra, sur le ton de l'humour, qu'ils n'avaient qu'à tenter un sortilège d'oubliettes... Franchement, c'était séduisant... Mais bien sûr impensable. Il valait mieux plaisanter de la situation que de s'appesantir sur elle quoi qu'il en soit. Et c'était donc là encore une chose pour laquelle l'homme était plus doué qu'il ne le pensait. Il aidait James à tout relativiser. Il l'aidait à se sentir bien, tout simplement. Et ça, ça n'avait pas de prix. Au fond, James aurait préféré qu'ils en restent aux suppositions irréalistes, car son sourire disparut totalement quand son interlocuteur lui fit la suggestion de tout avouer à Lindsay.

Il lui semblait qu'ils avaient tous deux déjà eu cette conversation. Et si elle ne lui avait pas semblé être une bonne idée à l'époque, elle l'était encore moins à ce jour. Autrefois, il courait déjà le risque de perdre son enfant... Mais cet enfant ne semblait pas si... réel, alors. Là, Gabriel était là, bien vivant, James l'avait tenu dans ses bras, il l'avait serré contre lui... Il n'était pas prêt à prendre un risque si grand qu'il se retournerait peut-être contre lui. Ethan le disait lui-même. Peut-être qu'elle comprendrait. Peut-être... Mais peut-être que non. Peut-être que ça empirerait les choses. Peut-être que Lindsay s'en servirait comme d'une arme contre lui, et non seulement cela l'affecterait, l'empêcherait à tout jamais de revoir son fils, mais aurait aussi directement des répercussions sur son petit ami. Non, il ne pouvait pas faire ça. Oui, Lindsay était quelqu'un d'ouvert et de compréhensif. C'étaient là des qualités qu'il avait appréciées et admirées chez elle. Mais la tolérance n'est pas qu'une affaire de caractères, c'est aussi une affaire de préjugés. Et James en avait fait les frais au point de longtemps nier jusqu'à sa nature profonde. Avec douceur, il fit non de la tête.

-Et si elle ne comprenait pas ? suggéra-t-il tout en songeant qu'il laissait peut-être s'exprimer tout ce que sa personnalité pouvait avoir de non aventureuse. C'est pas seulement la garde de Gabriel, que je risquerais de perdre, c'est toi...

Il ne voulait pas croire Lindsay aussi cruelle, mais il préférait ne présumer de rien.

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Tout était tellement compliqué et surtout injuste ! Totalement injuste même !

Quand il songeait à tous ce qui leur était interdit uniquement parce qu’ils étaient deux hommes, cela mettait Ethan en rage. Pourquoi est-ce qu’ils ne pouvaient pas simplement être un couple comme tous les autres ? Ils ne faisaient rien de mal après tout… A leurs yeux du moins, aux yeux du reste du monde, ils n’étaient que de monstrueux pervers. Et c’était pour cela que toute cette histoire était si difficile.

Si James avait quitté Lindsay pour une autre femme, il n’aurait jamais eu toutes ses préoccupations. Il aurait eu des droits sur son fils après leur divorce et aurait pu mener une nouvelle vie de couple normale. Mais le fait d’être avec un autre homme pouvait, au contraire, lui valoir une condamnation. C’est pourquoi, pour le reste du monde, Ethan ne serait jamais rien de plus que le colocataire. Peu à peu les années passeraient, on parlerait d’eux comme étant deux vieux garçons et avec les décennies, les gens s’habitueraient à l’idée de ne jamais les voir se marier (ou se remarier pour James) et peut-être que certains parleraient d’eux en les plaignant de n’avoir jamais pu trouver l’amour dans leur vie et les choses en resteraient là. Pas de sortie romantique dans les rues à la tombée de la nuit, pas de bals. Leur amour resterait entre les 4 murs de leur appartement.

C’est pourquoi Ethan comprenait très bien pourquoi James n’était pas du tout rassuré à l’idée de dévoiler toute la vérité à Lindsay. Comment pourrait-elle accepter d’imaginer que son mari ai pu la quitter pour un autre homme ? Et surtout, elle ne voudrait jamais laisser son fils seul avec eux, de peur qu’ils en fassent un pervers monstrueux ou pire, qu’ils profitent de lui. Car même si l’idée révulsait purement et simplement Ethan, il savait comment les gens voyaient ceux qui étaient comme eux. Lui, il savait que le petit Gabriel ne serait pas « contaminé » à leur contact mais seuls les hommes comme lui et James en avaient conscience.

Ce monde n’était tout simplement pas fait pour les couples homosexuels.

Je comprends, je ne veux pas que tu prennes le risque de perdre ton fils, répondit-il avec sincérité avant de venir passer ses bras autour du coup de James et de planter son regard dans le sien.

Mais il y a une chose qui va falloir que tu te rentres dans ta jolie petite caboche une bonne fois pour toute, ajouta-t-il avec un petit sourire malicieux même si son regard avait une lueur de sérieux. Tu ne me perdra jamais, quoi qu’il arrive. Ils peuvent nous persécuter, nous séparer en nous enfermant chacun à un bout du pays, peu importe ! tu es ce qui est arrivé de meilleur dans ma vie et ça, ils ne pourront jamais nous l’enlever.

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ames se sentait soulagé de voir Ethan adopter son point de vue, reconnaître le danger que cela pourrait représenter de tout dire à Lindsay, au sens où cette dernière pourrait très bien se servir de cet argument pour le séparer pour de bon de Gabriel. Certes, il y réussissait déjà très bien sans cela, et si James avait eu la chance de tenir son fils dans ses bras, il n'avait pas la moindre idée de si et quand la situation se reproduirait, mais justement, nul besoin d'envenimer tout cela. Bien sûr, ce n'était pas une façon de faire idéal. James l'admettait sans difficulté, se sentir rassuré parce que le mensonge allait primer une fois de plus, c'était techniquement aux antipodes de sa personnalité. James avait menti dans sa vie, et sur des choses importantes, et il continuait de mentir encore, faute de savoir quoi faire d'autre, mais il n'aimait vraiment pas s'y résoudre. Dans un monde idéal, leur histoire ne devrait pas être un argument contre la famille, dans un monde idéal, James et Ethan pourraient vivre leur idylle au grand jour sans s'y cacher et l'on ne concevrait pas de laisser le père loin de son fils, puisqu'il tenait sincèrement à s'en occuper, même si ce devait être une semaine sur deux ou n'importe quel compromis du genre. Mais ce monde n'était pas idéal. Son petit ami, par contre, l'était, et le libraire ne put qu'en avoir l'entière confirmation quand, plantant son regard dans le sien, il lui assura qu'il ne le perdrait jamais.

James esquissa un sourire. Il manquait cruellement de confiance en lui, ça avait toujours été son défaut, et il avait toutes les difficultés du monde à ne pas craindre pour leur histoire. C'était ça, de vivre quelque chose d'aussi beau et d'aussi précieux. Quelque part, une part de lui se disait qu'il n'avait pas le droit d'y prétendre, que ça allait forcément s'effondrer, comme si les bonheurs trop grands n'étaient pas faits pour lui, et pourtant, il était là, et mieux encore, il lui garantissait de toujours être là. Bon, dans l'idéal, James préférait que l'hypothèse qu'on puisse les enfermer à des lieues l'un de l'autre ne se produise jamais, mais lui qui prenait leur histoire tant à coeur ne pouvait que se sentir réconforté par ses mots. Parfois, James se demandait bien ce qu'Ethan pouvait lui trouver. Puis dans des moments comme celui-là, même s'il n'en savait toujours rien, il ne doutait plus pour autant. En guise de première réponse, James déposa ses lèvres sur celles d'Ethan avec toute la tendresse du monde.

-Toi aussi, tu es ce qui est arrivé de meilleur dans ma vie. Et même s'il l'avait bouleversée de fond en comble, il le pensait sincèrement. Puis il ajouta, moins sérieux (mais sincère). Avec une déclaration pareille, si je le pouvais, je t'épouserais sur-le-champ.

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S’il n’y avait pas eu James Junior, là tout de suite maintenant Ethan aurait annoncé à James qu’ils bouclaient leurs valises pour partir vivre à l’étranger, le plus loin possible de l’Angleterre, de Lindsay et de tout le reste, pour commencer une toute nouvelle vie. Mais maintenant, il savait que c’était impossible et il ne lui viendrait même pas à l’idée de demander à James d’abandonner son enfant pour s’enfuir avec lui.

Ethan n’avait jamais sérieusement envisagé d’avoir des enfants, ayant eu conscience de son homosexualité dans l’adolescence. Ainsi, il ne pouvait qu’imaginer l’amour que pouvait porter son compagnon à ce bébé. Mais il imaginait que cela devait être un amour plus fort que tout. Probablement même plus fort que ce que James pouvait ressentir pour lui. Ethan n’en n’éprouvait pas de jalousie ni rien, c’était une chose normale après tout. Il espérait juste que James n’aurait jamais à choisir entre Gabriel et lui.

Il fut très touché par la réponse de James. Après avoir passé des années à avoir honte de ce qu’il était, Ethan se sentait enfin serein. Il était même fier d’être aimé par un homme comme James Hopkirk. Un homme certainement trop bien pour lui mais peu lui importait. Dommage qu’il ne puisse pas afficher cette fierté dehors également.

La suite de la réponse en revanche le fit éclater de rire. Ce n’était pas comme si Ethan tait capable de garder bien longtemps son sérieux. Son rire un peu enfantin finissait toujours par prendre le dessus.

Je peux toujours essayer de me glisser dans une robe blanche mais j’ai peur d’être trahit par le décolleté, annonça-t-il entre deux rire tout en écartant légèrement le col de sa chemise pour dévoiler les poils de son torse.

Mais il reprit peu à peu son sérieux, semblant pensif un moment avant de finalement reprendre la parole.

Je n’ai pas été particulièrement élevé dans la religion alors j’ai pas besoin d’un prêtre, d’un rabbin ou d’un pasteur pour s’assurer que je tienne mes promesses.

Doucement, il prit les mains de James dans les siennes, plongeant à nouveau son regard, cette fois-ci très sérieux dans le sien.

Je te promets soutiens et fidélité quoi qu’il arrive, dans le bonheur comme dans le malheur, et ce jusqu’à ce que la mort nous sépare.

Ou du moins, c’était quelque chose comme ça non ? il devait avouer n’avoir jamais été très attentifs aux discours lors des rares mariages auxquels il avait participé. Mais c’était un détail finalement à ses yeux. Le plus important étant qu’il était le plus sérieux du monde en cet instant.

La paternité et ses conséquences

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ames, considérant la réaction d'Ethan, se sentit parfaitement idiot quand ce dernier se mit à rire franchement quant au fait qu'il ait affirmé qu'il l'épouserait s'il le pouvait. D'accord, c'était sans doute une remarque très idiote, puisqu'il était impossible d'envisager ne serait-ce que l'idée que deux hommes (ou deux femmes) se marient un jour. Mais, dans toute la naïveté dont il était capable, le libraire avait prononcé ces mots en les pensant franchement. Alors oui, bien sûr, il savait que c'était impossible, que ça confinait à l'absurde le plus total, mais n'empêche qu'en esprit, il trouverait plus naturel de dire "oui" à Ethan devant leurs familles respective que ça ne l'avait été de dire "oui" à Lindsay à l'époque, même si c'était ce que tout le monde attendait d'eux. Alors oui, bien sûr, l'idée de voir Ethan se balader en robe blanche était quelque chose de profondément ridicule et ne pouvait que le faire sourire lui aussi, mais il n'avait pu s'empêcher de se sentir un rien vexé quoi qu'il en soit. Parce que ses propos, tout improbables soient-ils, étaient vrais quand même. Mais finalement, il aurait sans doute mieux fait de se taire.

Ethan, contrairement à James, n'avait pas été élevé dans la religion. Soit, mais de toute manière, James n'envisageait pas vraiment le mariage comme un acte religieux à proprement parler. Certes, quand il avait épousé Lindsay, ils l'avaient fait en grandes pompes à l'église, et le prêtre avait semblé ravi de les "unir devant Dieu", mais ce n'était pas pour autant ce qui comptait vraiment pour lui. C'était juste le symbole qu'il signifiait. Des alliances, c'est jamais que de la ferraille, bien sûr, mais c'était quelque chose de tangible, une preuve tendue au monde d'un amour que l'on ne pouvait plus garder juste pour soi. Mais ils n'auraient jamais droit à ça. Ce n'était pas grave, bien sûr, mais l'inverse n'aurait pas déplu à James. Mais Ethan, finalement, avait retrouvé plus de sérieux, et quand il reprit la parole, serrant ses mains dans les siennes, James se sentit un peu moins idiot.

-Je n'ai pas besoin que tu me promettes quoi que ce soit, répondit-il dans un fin sourire. Mais ça me plaît quand même.

Ça, il ne pouvait pas le nier.

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Ethan ne s’était jamais considéré comme quelqu’un de romantique. En même temps, il n’avait jamais vraiment eu d’occasions de l’être aussi. Il avait fait des efforts avec ses « petites-amies » mais c’était pour donner le change et leur faire plaisir, cela n’avait jamais été dans un réel but de l’être. Mais avec James, tout était différent. Les scènes romantiques des films qu’il avait pu voir dans le petit cinéma près de chez ses parents ne l’avaient jamais autrement fait rêver non plus. Et pourtant, il en était-là et sa déclaration lui semblait être parfaitement naturelle. Il n’avait pas eu à se forcer et ne se trouvait pas ridicule. Il aimait sincèrement James et il voulait qu’il le sache, rien de plus.

Mais même si ce soudain élan de romantisme ne le mettait pas mal à l’aise, Ethan restait Ethan et rester sérieux aussi longtemps était un véritable exploit pour lui. Bien qu’il ne puisse cacher les larmes brillant dans ses yeux, il se fendit d’un immense sourire rieur à la réponse de James.

Profites-en, ça va pas arriver si souvent, plaisantait-il même si dans le fond il savait bien qu’il avait tendance à tourner en guimauve en présence de son amant.

Sans se départir de son immense sourire, Ethan posa ses bras sur les épaules de James, joignant ses mains derrière sa nuque le temps de lui voler un baiser.

Tu sais quoi ? Que Lindsay foute la merde ou pas, on a quand même la naissance de ton fils à fêter ! T’es papa, c’est pas rien !, annonça-t-il en donnant un petit coup de plat de la main sur le torse de James avant de s’éloigner de lui pour se rapprocher du bar où il s’empara d’une bouteille de whisky pur-feu et de deux verres.

Je te proposerai bien un restaurant mais j’ai pas envie de passer la soirée à une distance sociale raisonnable, ajoutait-il en remplissant les deux verres un peu plus généreusement qu’à la normal. Alors je te propose de passer aux fourneaux et de te cuisiner mon fameux pot-au-feu. Sauf si tu préfères que je te prépare autre chose ?

Ce qu’Ethan voulait surtout c’était redonner ne bonne fois pour toute le sourire à James. Il était papa, cela devrait être le plus beau jour de sa vie et voilà que cette garce de Lindsay gâchait encore tout, une fois de plus. Ils étaient divorcés, certes et elle lui en voulait mais elle pourrait au moins faire un effort pour l’enfant. Il avait bien le droit de connaitre son père après tout ! elle ne pouvait pas faire l’impasse ainsi sur James, quitte à épouser le premier venu pour le faire passer pour le père de son enfant !

Mais ça, Ethan préférait le garder pour lui. James n’avait probablement pas besoin de ce genre de commentaires, et surtout pas maintenant. Alors, il gardait pour lui ce qu’il pensait de l’ex Madame Hopkirk.

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ames se contenta d'afficher un air sceptique quand Ethan lui affirma qu'il ne devait pas s'attendre à ce qu'il lui fasse bien souvent des déclarations comme il venait tout juste d'en faire. Même si en vérité, James pensait être le plus fleur bleu des deux. Et ça ne le dérangeait pas particulièrement qu'Ethan ne soit pas d'un tempérament naturellement romantique (bien qu'il lui ait prouvé plus d'une fois qu'il savait quand même franchement l'être), trop peu confiant en lui-même, il ne savait jamais trop de quelle façon réagir à ses déclarations, même s'il les appréciait beaucoup. Mais il aimait bien ces quelques élans romantiques, ne serait-ce que, justement, parce que si ce devait arriver tout le temps, ça n'aurait plus la même valeur. Enfin bon...

Le jeune homme reprit la parole alors, affirma que quoi qu'il en soit, et même si la situation n'était pas le moins du monde idéale, bien au contraire, il était quand même devenu papa, un incroyable changement, un événement qu'il fallait célébrer et non pas déplorer. Bien sûr, penser à Gabriel, c'était aussi imaginer qu'on ne le laisserait peut-être pas être un père pour lui, mais quoi qu'il en soit, penser à Gabriel, c'était aussi songer à son sourire, à son visage d'ange, à ce qu'il avait ressenti quand il l'avait pris entre ses bras... Et oui, ça méritait qu'il s'en réjouisse et non pas qu'il se lamente. Il accepta donc avec grand plaisir son verre de whisky pur-feu, qui était plus que bienvenu en la circonstance.

Et il approuva largement l'idée de se faire un bon petit dîner sans bouger de l'appartement. Il n'avait pas particulièrement envie d'aller au restaurant, moins encore s'il devait faire preuve de cette détestable discrétion dont ils devaient déjà bien trop faire preuve au quotidien. Ils seraient bien mieux ici, tranquillement, rien que tous les deux. Dans tous les cas, c'était vraiment tout ce dont James avait besoin pour l'heure. De la présence d'Ethan, uniquement de cela, la seule chose qui soit susceptible de le réconforter, de lui donner le sentiment que tout irait bien. Cet épisode en était la preuve : même quand il avait le sentiment que tout s'effondrait autour de lui, il avait sa constante, son point d'ancrage, l'homme qu'il aimait.

-C'est parfait, affirma-t-il dans un sourire avant de boire une gorgée de son verre. D'autant plus parfait que c'est toi qui cuisines.

Et il valait mieux, au vu des talents culinaires de James.

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L’air sceptique de James fit sourire Ethan. Contrairement à ce que semblait penser James, Ethan avait toujours considéré que c’était lui le plus romantique entre eux deux. Ethan se considérait comme un cas désespéré en ce qui concernait la vie de couple et pour cause, il n’avait pas vraiment d’expérience en la matière. Il avait fait semblant quelques fois mais il y avait une différence entre faire semblant justement et le vivre de manière naturelle. Mais il devait admettre que c’était tout de même bien plus facile qu’il ne l’aurait d’abord cru. Les premiers temps, il avait vraiment eu l’impression d’être d’une nullité sans nom mais il commençait à s’en sortir pas trop mal. Ou tout du moins, il l’espérait.

En revenant avec les verres, il trinqua et bu une gorgée. James semblait retrouver le sourire et Ethan en était soulagé. Il savait très bien que la situation était difficile et il n’osait même pas imaginer à quel point cela devait être douloureux pour James mais malheureusement, il n’y avait rien qu’il puisse faire pour lui. Une fois de plus, il se sentait terriblement impuissant face aux tourments de celui qu’il aimait. Tout ce qu’il pouvait faire c’était être là, prêt à le soutenir quoi qu’il en coûte et garder pour lui la colère qu’il ressentait de plus en plus envers Lindsay. D’accord, elle était furieuse et devait se sentir honteuse d’avoir ainsi été laissée par son mari mais ce n’était pas comme s’il l’avait purement et simplement abandonnée à son sort avec leur enfant. Et puis, elle avait rapidement retrouvé quelqu’un non ? Sa situation n’avait rien de désespéré elle pouvait bien prendre un peu sur elle pour accepter James dans la vie de Gabriel.

James acceptant son idée de dîner tranquille à la maison pour fêter la naissance du petit, Ethan termina son verre avant d’éclater de rire en écoutant son chéri.

C’est surtout préférable si je ne veux pas que l’on fête ça avec un feu de joie involontaire dans la cuisine !

Il fallait dire que contrairement à Ethan, James avait encore quelques lacunes dans ce qui concernait les tâches domestiques. Ethan avait quitté tôt ses parents et avait toujours vécu seul jusqu’à maintenant. Du coup, il avait dû apprendre à se débrouiller par lui-même et était devenu incollable pour tout ce qui concernait le ménage, la lessive ou encore la cuisine. Ce qui n’était pas exactement le cas de son conjoint. Loin de s’en plaindre, Ethan trouvait cette situation vraiment drôle et n’hésitait pas à taquiner James sur le sujet même s’il reconnaissait volontiers que ce dernier faisait de son mieux.

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ames ne se fit pas prier pour avaler une première grande gorgée de son verre quand Ethan le lui tendit. Il avait bien besoin de ça, peut-être plus pour se détendre et oublier un temps sa situation que pour trinquer à sa paternité toute neuve. Il ne demandait qu'à s'en réjouir, pourtant, mais il avait dû mal à en être capable pour le moment. Il était heureux que Gabriel fasse partie de sa vie (enfin... d'une manière ou d'une autre, il en ferait toujours partie, il espérait seulement que ce pourrait être pleinement, et pas en pensée), mais il était difficile de penser à lui sans réfléchir à tout ce que cela impliquait, tous les problèmes affiliés à cette filiation... Enfin bon, il allait faire de son mieux pour laisser l'optimisme prendre le pas sur le pessimisme, et un bon repas mitonné par les soins de son homme devrait l'y aider grandement. James fit mine de grimacer quand son interlocuteur affirma qu'il avait tout intérêt à se mettre aux fourneaux s'ils ne voulaient pas que ces derniers prennent feu. Ce serait encore plus drôle si ce n'était pas si vrai. James était convaincu qu'il serait bel et bien capable de mettre le feu à la cuisine s'il s'impliquait trop dans cet aspect de leur vie domestique.

-Un jour ou l'autre, il faudra bien que je mette la main à la pâte, tu ne pourras pas préserver ta cuisine très longtemps encore.

Ce qui était vrai, James faisait de son mieux pour s'investir dans les tâches ménagères... même s'il n'était pas doué pour ça. Il faut dire qu'il s'était parfaitement conformé aux présumés patriarcaux qui voulaient que son épouse se charge de toutes ces choses-là, ce qui n'était pas forcément une juste répartition des tâches, puisque de son côté, il n'était pas pour autant manuel, certainement pas un pro de la réparation ou du bricolage. Bon, au moins savait-il gérer ce qui était d'ordre administratif à la perfection, mais de manière générale, on ne pouvait pas franchement dire qu'il soit un excellent parti. Ethan aurait pu mieux tomber, pas James.

-D'ailleurs, si tu as besoin d'aide...

Bon, il disait ça, mais s'il pouvait se contenter de laisser son interlocuteur faire, pour ce soir en tout cas, il ne serait pas contre. Il se sentait complètement vanné, vidé de toute énergie, et, il devait bien l'avouer, il ressentait le besoin assez égoïste de se laisser bichonner.

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Le moins que l’on pouvait dire d’Ethan était qu’il avait le rire facile. Et pour cause, quand James répliqua, il éclata à nouveau de son rire un peu gamin caractéristique tout en s’imaginant déjà devant expliquant à son propriétaire pourquoi est-ce qu’il y avait un cratère dans l’appartement.

Cela ne le dérangeait pas que James ne soit pas au point sur les tâches ménagères. Bizarrement, Ethan aimait bien s’occuper de ce genre de choses. Peut-être parce qu’il en avait prit l’habitude avec les années et qu’il le faisait maintenant naturellement. Qu’il soit seul ou qu’ils soient deux ne changeaient pas grand-chose au final, ce n’était pas comme si James était du genre bordélique. En fait, son amant l’était même moins que lui.

Tout en riant, Ethan se rendit à la cuisine et se mit à l’ouvrage. Nettoyer, éplucher, découper… Il avait découvert peu de temps après avoir prit son indépendance qu’il aimait raiment cuisiner en vérité. D’ailleurs, il n’y avait que lorsqu’il était pressé qu’il sortait sa baguette, le reste du temps il le faisait à la bonne vieille manière moldu. Cela prenait plus de temps, certes, mais il aimait bien, cela le détendait. Il n’y avait que pour la viande de sa recette qu’il sortit sa baguette, peu désireux de laisser James mourir de faim pendant 3heures. Et lui non plus n’avait pas vraiment envie d’attendre non plus à dire vrai.

Armé d’un couteau dans une main et d’une carotte dans l’autre, il se mit au travail tout en commençant à chanter, pas forcément très juste mais au moins de bon cœur. Ethan était peut-être assez doué en cuisine mais en chant, c’était une autre affaire.

Night and day, you are the one. Only you 'neath the moon or under the sun. Whether near to me or far…

La musique était l’une des choses qui lui manquait du monde moldu. Il y en avait aussi chez les sorciers bien évidemment mais sans trop savoir pourquoi, Ethan avait toujours eu une préférence pour la musique de son monde d’origine. Et pour cause, ils n’avaient pas Franck Sinatra chez les sorciers. Du coup, Ethan faisait régulièrement des excursions chez les disquaires londoniens pour agrandir sa collection de vinyl rangés dans le meuble du salon où prônait son tourne-disque tout ce qu’il y avait de non-magique.

It's no matter, darling, where you are, I think of you day and night, continuait-il en se servant d^’un pauvre poireau innocent n’ayant rien demandé comme micro avant de se remettre à la tâche et d’abréger ses souffrances à coups de couteaux rapides.

Tu veux du vin ?, lança-t-il soudainement à James en s’interrompant dans son récital improvisé.

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our toute réponse, Ethan rit de bon coeur, et James ne se formalisa pas d'une telle "réponse", il aurait peut-être pu se sentir vexé de voir ainsi son amant faire si peu de cas de sa volonté de s'investir dans les tâches ménagères au point de refuser clairement son aide, mais non. Déjà, il n'avait pas assez d'orgueil pour prétendre ce qui n'était pas, aussi pensait-il qu'Ethan avait toutes les raisons au monde de rire, ensuite, cela signifiait donc qu'il allait se mettre seul aux fourneaux, et c'était une chose qui l'arrangeait parfaitement bien pour l'heure. James se contenta donc de sourire doucement sans bouger de sa place. Entendre le rire d'Ethan lui faisait du bien. C'était le meilleur baume que l'on puisse trouver à son coeur un tantinet martyrisé ces derniers temps, et il appréciait grandement d'en constater les effets. Un simple rire n'allait pas résoudre ses problèmes, mais il lui permettait d'appréhender la vie avec plus de légèreté. En fait, de manière générale, Ethan était celui qui savait apporter de la légèreté et de la fantaisie à une vie qui, s'il ne fallait compter que sur James et lui seul, serait passablement déprimante. Et s'il y avait bien une occasion où il avait justement besoin de légèreté et de fantaisie, c'était maintenant. Alors il appréciait l'instant à sa juste valeur.

Tout comme il apprécia le spectacle plus visuel qu'auditif quand même quand Ethan se mit à pousser la chansonnette, se prenant manifestement au jeu. Ce fut au tour de James, cette fois, de ne savoir alors s'empêcher de rire, et même si ce n'était pas le cas, il avait le sentiment de n'avoir pas tant ri depuis bien longtemps, ce qui n'était pas le moins du monde pour lui déplaire. Ça lui faisait un bien fou. Ethan s'interrompit un instant tout de même, le temps de proposer du vin à son interlocuteur. James ne risquait pas de dire non. Même s'il ne tenait pas excellemment bien l'alcool (quoi que ça s'améliorait tout de même), il pensait qu'il n'y avait pas meilleur moment pour un bon verre de rouge qu'en cet instant précis.

-Rien de tel qu'un bon verre de vin pour accompagner un concert de qualité, répondit alors James. Oui, il ne pouvait pas s'empêcher de se moquer (gentiment), mais après tout, à chacun son tour.

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La tension était retombée et avec lui le stress, ce qui était plutôt appréciable. Ethan n’aimait pas voir James mal et encore moins quand au final il ne pouvait pas faire grand-chose à part l’écouter et le soutenir ce qui, à ses yeux, n’était vraiment pas grand-chose face aux problèmes auxquels était confronté son amant.

Mais pour l’instant, même si les choses étaient loin d’être arrangée, au moins l’atmosphère était plus calme et détendue. Du coup, le naturel pitre d’Ethan revint au galop. Il n’était pas un grand chanteur, il ne l’avait jamais été. Mais paradoxalement, cela lui avait toujours valu du succès auprès de la gente féminine. Plus jeune, il n’avait pas peur de se mettre à chanter à tue-tête dans les pub Londoniens et même si sa voix déraillait clairement, son enthousiasme et son auto-dérision le rendait séduisant aux yeux des jeunes femmes présentent. Ça et ce côté mystérieux de l’homme charmeur mais qui ne laissait jamais aucune d’elles attraper son cœur.

Abandonnant le poireau, Ethan partit à la recherche de la bouteille de vin. Puis se décida enfin à sortir sa baguette et la cuisine s’anima magiquement. Il aimait faire la cuisine, certes, mais encore plus passer du bon temps avec James. Passant auprès de son amant, il lui mit un bras sur les épaules et l’attira contre lui avant de le conduire ainsi jusqu’au salon, s’appliquant à bien lui chanter dans les oreilles en faisant cette fois-ci volontairement dérailler sa voix. Il voulait un concert de qualité, il était servit ! Mais une fois au salon, Ethan déposa la bouteille sur la table basse entre deux livres et se dirigea vers son lecteur de disque, son vieil appareil vestige de son passé vécu chez les moldus, sur lequel il déposa celui de la chanson qu’il s’était appliqué à massacrer. Le rendu, malgré les grésillements typiques de ce genre d’appareil, était tout de même meilleur que la tentative d’Ethan.

Ce dernier chantonnant doucement sur la mélodie en revenant vers le canapé. Il remplit les deux verres, en tendit un à James et s’installa à ses côtés.

Leur vie n’était pas facile – et ils ignoraient encore que ce n’était que le début – mais en cet instant, avec le repas se préparant dans la cuisine, la musique emplissant le salon et James sirotant un verre de vin à ses côtés, Ethan se sentait près à tout surmonter.

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