T

out était allé vite, beaucoup trop vite. Les sortilèges avaient fusé de toutes parts, ils avaient sous-estimé le nombre de leurs adversaires et leur plan initial avait été brimé par cette supériorité numérique qu'ils n'avaient su anticiper. La cohésion en était rendue difficile. D'habitude, les membres de l'Ysbridion veillaient à surveiller leurs arrières respectifs, mais cette fois, ils étaient accaparés par la menace environnante, si bien que Caelan ne constata la difficulté dans laquelle Purdey se trouvait que lorsqu'elle la vit s'effondrer au sol, visiblement incapable de se relever. Elle avait alors agi à l'instinct. Purdey était celle qui, d'habitude, donnait les directives, la jeune femme avait pris sa relève dans l'urgence, se précipitant en direction de celle qu'elle considérait comme son mentor, sommant à tout le monde de se replier. D'un même mouvement, ils transplanèrent. Caelan n'eut pas à réfléchir à l'endroit où se rendre. Elle n'avait pas le temps d'aller trouver Zelda, elle la contacterait plus tard, dans l'immédiat, Purdey avait besoin de soins urgent, d'autant que le transplanage n'allait pas la ménager. Elle l'avait donc conduite à Sainte-Mangouste où, fort heureusement, elle avait rapidement été prise en charge.

Le cœur battant à tout rompre, morte d'inquiétude, la jeune femme avait attendu dans l'un des couloirs aseptisés de l'hôpital pendant ce qui lui sembla être des heures avant qu'un médicomage ne vienne enfin la trouver. Purdey était réveillée, mais son état était fragile, elle ne pourrait la voir que quelques minutes. Quelques minutes suffisantes pour comprendre que Purdey n'était pas encore tirée d'affaire, preuve en était des propos qu'elle lui tint, et qui furent loin de la rassurer. Elle lui remettait les rennes de l'Ysbrid, et lui demander de veiller sur ses jumeaux. Caelan avait tenté de garder autant que possible son sang-froid, il n'empêche qu'elle eut la larme à l'œil quand elle écrivit à Rhian et Cenlyn. Exercice compliqué que de ne pas négliger la gravité de la situation tout en ne les inquiétant pas trop non plus. Le courrier partit vite, et Caelan retrouva Purdey afin de la rassurer une dernière fois et de lui promettre de revenir la voir aussi vite que possible, cette fois accompagnée de ses jumeaux (quand elle serait plus reposée ceci dit, car les médicomages surveillaient déjà leurs montres du coin de l'œil pour deux minutes de conversation).

De retour chez elle en quatrième vitesse, elle se précipita dans sa chambre pour y dénicher son sac dans lequel elle balança en vrac autant d'affaires que possible. Elle ne pouvait pas proposer aux jumeaux de vivre chez elle, il n'y avait pas la place, alors elle se rendrait chez eux. Elle sentit son cœur manquer un battement en entendant la porte d'entrée claquer, Flynn venait d'arriver. Son cœur se remit à battre ensuite à tout rompre. Là, elle était confrontée brutalement à ses responsabilités, elle ne savait vraiment pas comment elle allait faire accepter tout ça à son petit ami... Surtout qu'elle subissait encore le contrecoup de l'adrénaline. Mais il fallait bien en passer par là. Elle se retourna vers lui, tenta de lui adresser un sourire qui ne soit pas trop inquiet, ce qui n'était pas des plus simple.

-Oui. Elle s'approcha de lui, déposa un baiser sur ses lèvres, plus pour se rassurer elle que pour le rassurer lui. L'une de mes amies est à Sainte-Mangouste, il faut que quelqu'un s'occupe de ses enfants. Elle avait parlé à toute vitesse, preuve de son anxiété, avant de reprendre. Elle prit une grande inspiration, tentant de retrouver son calme, plantant son regard dans le sien. Je dois t'avouer un truc.

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C

aelan n'avait pas envie d'inquiéter Flynn, mais pour ce faire, autant dire qu'elle s'y prenait plus que mal. Et pour cause, elle se sentait mal, et sa propre inquiétude devait être aisément transmissible, puisqu'à l'heure actuelle, il y avait tant de sources à ses angoisses qu'il lui était difficile de tenir le moindre propos sans faire étalage de sa panique. Elle avait peur pour Purdey. Elle semblait tirée d'affaire, si elle devait se fier au discours des employés de Sainte-Mangouste, mais sait-on jamais, elle s'inquiétait pour ses enfants, d'autant qu'elle n'était pas certaine de savoir s'occuper aussi bien des jumeaux que son amie, celle qu'elle considérait comme une sœur, le désirait. Et enfin, elle avait peur d'avouer la vérité à son petit ami. Parce qu'en lui avouant la vérité, elle lui avouait par la même qu'elle avait menti, parce que ce faisant, elle lui permettait de comprendre combien elle avait été égoïste de le laisser entrer dans sa vie. Il craignait de la mettre en danger, il le lui avait dit, mais quand il saurait, il comprendrait qu'elle ne s'était pas le moins du monde exprimée à la légère en affirmant qu'elle n'avait pas besoin de lui pour s'attirer des problèmes. Le pire, c'est qu'elle pouvait bien lui en poser aussi, par effet de ricocher, et elle n'avait pour autant pas su se résoudre à mettre le hola quand tous les deux s'étaient rapprochés. Elle avait laissé ses sentiments pour Flynn prendre le pas sur toute éventualité de danger, et pourtant, le danger était présent partout, tout le temps, constamment. Preuve en était de ce qui était arrivé à Purdey. Caelan, tandis qu'elle soutenait le regard de Flynn, pensait lire dans ses yeux l'inquiétude qu'il éprouvait, il devait sans doute s'imaginer plus d'un terrible scénario. Malheureusement, il était fort à parier que celui qu'elle avait finalement à lui exposer n'était pas loin d'être de ceux qu'il avait eus à l'esprit.

-J'étais avec elle quand mon amie a été blessée. On a été attaqués. Par des mages noirs. Elle prit une grande inspiration. Les Warden se sont reformés.

Ce qui signifiait donc, très clairement, qu'elle avait repris du service, était repartie sur le terrain pour affronter le nouvel ennemi qui n'avait su que trop bien émerger ces temps derniers. Ces révélations, elle aurait dû les lui faire plus tôt, bien plus tôt, mais outre le fait que l'Ysbrid n'était pas supposée révéler l'identité de ses membres, elle avait surtout eu peur de perdre Flynn dans le processus, elle le mettait en danger, à chaque instant, parce que ses sentiments pour lui la rendaient égoïste. Elle était si bien avec Flynn qu'elle avait pris le parti de ne pas l'inquiéter. Mauvaise idée, très mauvaise idée. Car à présent qu'il était au courant, elle ne doutait pas qu'il trouverait là toutes les raisons de lui en vouloir, et elle aucune raison de le lui reprocher, en réalité.

-J'aurais dû te le dire...

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C

aelan appréhendait vraiment la réaction de Flynn, ce n'était pas dans ces circonstances qu'elle avait espéré lui apprendre la vérité (car oui, elle avait compté le faire, même si elle avait pris bien trop de temps), vraiment pas, mais en même temps, il ne pouvait pas vraiment y avoir de circonstances idéales pour cela. Au moins, il était au courant, maintenant, et elle avait le sentiment qu'on venait d'enlever un poids de sa conscience. Ce ne serait peut-être pas sans conséquences, mais au moins pouvait-elle retrouver un semblant d'intégrité... Même si ce ne serait que peu de choses si le journaliste devait décider de ne pas lui pardonner ses mensonges. Mais il ne se fâcha pas après elle, au contraire, il se montra extrêmement prévenant. Comme toujours... Elle ne savait vraiment pas ce qu'elle avait pu faire pour s'attirer l'affection d'un homme comme lui, dont elle s'imaginait mal être à la hauteur, mais elle se sentait un peu mieux à l'idée qu'il ne s'emporte pas contre elle, du moins pas tout de suite, et se soucie avant tout de son état.

-Ça va, je n'ai rien. affirma-t-elle dans une esquisse de sourire.

Elle n'avait été blessée que superficiellement et une intervention rapide à Sainte-Mangouste avait suffi à la remettre sur pieds. Elle avait eu de la chance. Leurs adversaires avaient été coriaces. Il avait fallu qu'ils le soient pour mettre la célèbre Purdey Potter dans un tel état. Non, physiquement, elle n'avait rien. Mentalement, par contre, elle se sentait comme dans un ascenseur émotionnel... Elle craignait à tout instant que Flynn lui reproche ses mensonges ou lui affirme, à forte raison, qu'il ne voulait pas des risques qu'elle lui faisait encourir. Elle serra plus fermement les mains de son petit ami. Elle songea à s'excuser de nouveau, elle avait l'impression qu'elle ne saurait jamais le faire assez, mais ce n'était pas de cette façon qu'elle saurait lui prouver n'avoir pas voulu le blesser. Ce n'était pas de cette façon qu'elle lui prouverait qu'elle avait confiance en lui. Car oui, si elle s'était tue, ce n'était pas parce qu'elle le pensait indigne de ses confidences, loin de là, si elle n'avait rien dit, c'était au débit par loyauté envers son groupe, ensuite par peur de le perdre.

-Tu accepterais de m'accompagner ?

Elle lui en demandait sans doute trop, elle comprendrait qu'il refuse, mais elle ne voulait pas le maintenir plus à l'écart qu'elle ne l'avait déjà fait jusque là. Elle comprendrait qu'il refuse, après tout, il ne connaissait ni Purdey, ni ses enfants. Peut-être se sentirait-il mal à l'aise, vis-à-vis de tout ça, peut-être ne voudrait-il pas y prendre part ? Mais elle tenait à le lui demander. D'autant que, bouleversée par la situation, elle apprécierait vraiment de l'avoir à ses côtés.

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C

aelan serra plus fermement Flynn contre lui quand il la prit dans ses bras. Elle avait eu peur qu'elle lui en veuille, cette idée lui avait fait mal par anticipation, mais Flynn se montrait réellement compréhensif envers elle, il lui apportait du soutien quand elle en avait besoin, des mots tendre quand elle avait besoin de les entendre. Cette soirée l'avait complètement chamboulée, elle avait pris à peine le temps de se poser entre le combat, les heures passées à l'hôpital, sa promesse faite à Purdey, son retour ici... Ce n'était qu'en s'abandonnant aux bras de Flynn qu'il se rendait compte que cette situation lui avait pesé sur le cœur et le cerveau. Mais Flynn parvenait à l'apaiser, même si les mots qu'il prononçait ne la rassuraient qu'à moitié, pour tout dire. Parce que si elle s'en était sortie indemne cette fois, cela ne signifiait pas qu'elle aurait autant de chance la fois suivante. Il se pouvait bien qu'elle signe son arrêt de mort à chacune de ses missions. Un jour, le journaliste finirait peut-être bien par la perdre, et elle n'avait pas envie de lui infliger cette souffrance-là, alors même qu'il avait déjà perdu Elizabeth.

Peut-être qu'elle devrait le maintenir à distance, lui demander de s'éloigner pour son bien, mais elle n'y arrivait pas. À la place, elle l'impliquait plus que jamais dans sa vie. Elle se sentit vraiment soulagée d'entendre qu'il acceptait de l'accompagner pour voir les jumeaux. Elle pouvait le gérer seule si elle le souhaitait, mais elle n'était pas sûre d'en avoir la force. En tous cas, le soutien de Flynn lui serait bel et bien agréable. Elle lui adressa un "merci" sincère en esquissant un sourire. C'était une folle soirée, mais elle se sentait capable de tout assumer avec Flynn à ses côtés. Aucun homme ne lui avait jamais fait autant de bien, et quelque part, elle se demandait si elle n'en profitait pas un peu trop, pas sûr de pouvoir lui rendre autant que ce qu'elle lui donnait, malgré toute la volonté du monde. Tout ce qu'elle se sentait capable de faire, pour le moment, c'était de répondre sincèrement à sa question.

-Ils se sont reformés quand on a découvert l'existence des neo-grindelwaldiens. J'ai pas tout de suite accepté de revenir, mais Purdey m'a convaincue. Elle marqua une légère pause. À ce moment-là, je n'avais rien à plaindre. Et maintenant, avec ce nouveau groupe de mages noirs, celui avec la tête de mort... Disons qu'on a du fil à retordre.

C'était rien de le dire. Certes, les Aurors du ministère étaient sur le coup également, mais le groupe d'Aurors d'élite, qui pouvait agir en-dehors des clous, avait le mérite d'être habitué à ces situations d'urgence, et face à une menace de plus en plus grande, difficile de faire autrement.

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C

aelan s'était attendue à à peu près n'importe quelle réaction de la part de Flynn. Elle avait imaginé qu'il lui ferait part de ses reproches à l'idée qu'elle ne lui ait rien dit, ou bien qu'il lui apprendrait son inquiétude vis-à-vis de la situation, ou encore qu'il enchaînerait avec d'autres questions, laissant sa curiosité - on ne peut plus naturelle chez lui - prendre le dessus sur tout le reste... Mais finalement, elle n'eut le droit à rien de tout ça. La réponse que Flynn donna à ses propos ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait bien pu imaginer. Il ne commenta pas immédiatement sa situation à elle, ce fut sur la situation globale, qu'il fit un commentaire. Tout d'abord, la jeune femme ne comprit pas. Comment ça, les mangemorts, qu'est-ce que ça voulait dire ? Ses sourcils se froncèrent et elle ouvrit de grands yeux quand son interlocuteur précisa son propos. Le groupe qu'ils combattaient, dont ils n'avaient pas encore su déterminer la nature exacte, Flynn en connaissait le nom. Elle aurait pu remettre en cause ses propos, bien sûr, comment connaîtrait-il une information qui avait échappé à l'Ysbridion ? Mais elle était convaincue qu'il ne bluffait pas, qu'il lui apprenait tout simplement la vérité.

-Que... Comment tu sais ça ? demanda-t-elle, interdite.

Plusieurs explications lui venaient à l'esprit, bien sûr, mais elle n'était pas certaine qu'elle sache y puiser une réponse réellement satisfaisante. Peut-être que ce nom avait été découvert au sein de la gazette du Sorcier, que Flynn avait appris cela dans le cadre de son travail journalistique. Mais le fait est qu'elle ne croyait pas vraiment dans cette explication. Si la gazette disposait d'une information pareille, elle en aurait fait sa une et ses choux gras, non ? Oui. Et si Flynn savait cela, pourquoi alors aurait-il gardé l'information pour lui au lieu de la confier au journal ? Elle se sentait perdue. Et bien sûr, l'idée qui lui revenait plus sûrement encore à l'esprit était la moins plaisante d'entre toutes. S'il en savait à ce point et que c'était pour cela qu'on l'avait torturé... Et où avait-il trouvé ces informations qui ne circulaient pas même au sein du bureau des Aurors, d'abord ? Caelan se sentait partagée entre la curiosité et l'inquiétude, elle ne savait pas ce que Flynn avait à lui dire, mais quoi que ce puisse être, elle sentait d'avance qu'elle n'allait pas apprécier.

-Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir ?

Elle ne pouvait évidemment pas lui en vouloir de lui avoir fait des cachoteries, ce serait malvenu de sa part, vraiment, étant donné ce qu'elle-même lui avait dissimulé, mais alors qu'elle était déjà inquiète pour Purdey et ses enfants, elle se serait bien épargnée ce sujet d'angoisse supplémentaire.

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A

llez savoir si c'était le bon moment ou non, Caelan avait le sentiment que, pour les révélations que Flynn avait à lui faire, il n'y avait justement pas de bon moment, et que c'était bien ça le problème. Serrant doucement la main que le jeune homme venait d'attraper, gardant ses yeux plongé dans les siens, la jeune femme écouta, attentive, un peu soucieuse. Quoi qu'il ait à lui dire, elle ressentait que c'était important, mais aussi et surtout que c'était difficile. Cela s'était passé après son agression, il ne prononçait pas les mots en tant que tels, mais Caelan, qui avait été aux premières loges quand il s'était agi de ramasser Flynn à la petite cuillère, ne pouvait que le savoir. Il avait rejoint un groupe qui luttait activement contre un sorcier, le sorcier qui aurait rassemblé les néo-grindelwaldiens sous sa coupe, le sorcier qui avait instauré ce règne de la terreur, le sorcier à la tête de mort... Un gamin à peine sorti de Poudlard, vraiment ? Caelan observa Flynn un instant, interdite. Elle s'était attendue à bien des choses, et à choisir, elle aurait largement préféré entendre que la Gazette faisait de la rétention d'informations, comme à son habitude, mais là, ça dépassait de très loin tout ce qu'elle imaginait. Et ça l'inquiétait. Les questions se multipliaient dans son esprit, elle ne savait même pas par laquelle commencer.

-Tu veux dire qu'il existe un groupe de sorcier qui connaît l'identité du type que l'on traque depuis des semaines et qui cherche à l'arrêter sans l'aide de personne ? demanda-t-elle alors. La question était purement rhétorique. Elle avait bien compris que c'était le cas, elle avait seulement besoin de le répéter pour mieux intégrer cette nouvelle information. Flynn... C'est le travail des Aurors, de l'arrêter, mon travail. Comment veux-tu qu'on y parvienne si on nous dissimule des informations aussi cruciales ? Elle poussa un léger soupir. Je sais pourquoi tu les a rejoints... Elle connaissait son sens prononcé de la justice, de ce point de vue-là, elle n'était vraiment pas surprise, et même, c'était une chose qu'elle aimait et admirait chez lui. Mais elle préfèrerait largement qu'il ne mette pas sa vie en péril pour autant. Ce n'était déjà pas passé loin la dernière fois. Mais je ne veux pas que tu te mettes plus en danger encore... Déjà maintenant, il était visiblement dans la ligne de mire de sorciers dangereux, s'il devait en plus rejoindre elle ne savait quel groupe de têtes brûlées, elle ne donnait malheureusement pas cher de sa peau, et c'était bien sûr une perspective qui l'effrayait totalement. C'est quoi, ce groupe, exactement ? Qu'est-ce que vous y faites ? Qui le dirige ?

Autant de questions à ses yeux primordiales. Elle avait besoin de comprendre la fonction et le sens de cette organisation, et surtout, il allait falloir qu'elle parle à leur leader.

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B

on, ok, Flynn marquait très clairement un point, il n'était pas plus en danger qu'elle en faisant ce qu'il faisait, puisqu'il se dressait face aux mêmes démons qu'elle. Néanmoins, Caelan ne pouvait s'empêcher de trouver une différence d'importance entre son engagement et celui de son petit ami. Elle était une Auror d'élite, elle était entraînée, elle avait mené plus d'un combat sur le terrain, elle avait fait partie de l'équipe qui avait permis le déclin de Gellert Grindelwald... Bref, elle était bien plus préparée que lui à affronter la menace qui se dressait face à eux. Elle se pensait, par conséquent, bien moins en danger que son interlocuteur. Ceci dit, c'était certainement oublier bien vite qu'une Auror de renom telle que Purdey Potter avait malgré tout manqué d'être neutralisée, et l'était même en quelque sorte pour l'heure, puisqu'elle n'était toujours pas tirée d'affaire et n'était plus à même de diriger l'Ysbridion. Elle ne pouvait pas vraiment répliquer grand chose. Et d'autant moins, d'ailleurs, que Flynn ne manqua pas de reprendre la parole, prenant soin de répondre à ses questions tout en laissant planer une part d'insupportable mystère.

Le groupe se nommait donc la Résistance. Jamais entendu parler... En même temps, c'était là tout l'intérêt d'un groupe qui se voulait secret. Et la personne à sa tête faisait partie du bureau des Aurors. Quelqu'un que Caelan connaissait sans doute, donc. Et dont elle obtiendrait le nom, au passage, que Flynn le veuille ou non. Il ajouta qu'ils récoltaient autant d'informations que possible pour l'heure. Ça la rassurait un peu qu'ils ne soient pas directement engagés sur le terrain, mais malgré tout, tout ça ne lui disait toujours rien qui vaille. Surtout que plus ça allait, plus elle se sentait perdue. Elle ne savait vraiment pas dans quoi Flynn avait mis les pieds. Ça ne lui disait rien qui vaille en tous cas. D'une manière ou d'une autre, elle devait comprendre ce que représentait cette résistance, ce qu'il fallait faire de cette information... et en protéger son petit ami si cela devait être nécessaire.

-Et vous comptez en faire quoi, de ces infos, tu peux me le dire ? Elle prit une grande inspiration. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle se sentait totalement dépassée par cette discussion, et elle n'aimait pas ça. Pas ça du tout. J'imagine que cette employée du bureau des Aurors n'a pas l'intention de les relayer à ses collègues, je me trompe ? Elle marqua une légère pause, planta son regard dans celui de Flynn. Je ne t'empêcherai jamais de faire ce que tu crois être juste, ce serait idiot. Surtout, elle l'aimerait bien moins s'il n'avait pas ce besoin de lutter pour défendre la vérité. Même s'il aurait aimé qu'il s'en abstienne en l'occurrence. Mais j'ai besoin de savoir... Tu m'en as dit trop et pas assez en même temps. Cette Auror, c'est qui ? Et le chef des mangemorts ? Et ces gamins ?

Beaucoup de questions. Bien trop de questions.

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E

lle se doutait bien que, en cet instant, elle mettait Flynn dans une position délicate par rapport au groupe qu'il avait intégré, mais elle ne pouvait pas avoir vent d'une telle information et ne rien en faire du tout. Si ce groupe de résistants faisait de la rétention d'informations, s'ils décidaient d'agir de leur côté en mettant, en dépit de leurs bonnes intentions, des bâtons dans les roues des membres de l'Ysbridion, alors aucun d'eux n'obtiendraient gain de cause. Ils avaient un objectif commun. Ils devaient s'unir, pas se faire concurrence. Si Flynn avait choisi d'intégrer ce groupe, c'est que ce dernier devait être sérieux, alors elle voulait en savoir plus. Ce groupe avait l'air d'avoir plusieurs longueurs d'avance sur les anciens Warden. C'était un retard qu'il leur fallait rapporter. La résistance et l'Ysbridion n'avaient pas besoin de faire cavaliers seuls l'un et l'autre. Ils pouvaient être complémentaires, bien au contraire. L'ysbridion pourrait affronter l'ennemi dans les faits, la résistance se cantonner à la recherche d'informations. C'était une association qui pouvait marcher. Et garantir une certaine sécurité à son petit ami, ce qui n'était pas négligeable. Elle hocha la tête quand il lui demanda de ne pas divulguer ce qu'il lui apprenait. Elle était bien placée pour savoir qu'il n'y avait pas que des éléments fiables au sein du bureau des Aurors. Ce n'était pas pour rien que l'Ysbrid agissait en dehors des clous.

Flynn daigna, alors, lui en apprendre plus. Il lui communiqua, pour commencer, le nom de l'employée du bureau des Aurors qui était à la tête du groupe. Caelan fut assez surprise de reconnaître ce nom. Pomona Fitz, si elle ne se trompait pas, c'était une fille toute jeune encore, et que Chris tenait en grande estime. C'était par son intermédiaire que Caelan avait entendu parler d'elle. Si Chris lui faisait confiance, alors Caelan aussi (même si, bon, elle n'avait pas toujours foi dans le jugement de l'Auror... en ce qui concernait Beresford, surtout). L'homme à la tête des mangemorts, par contre, son nom ne lui disait rien du tout, pas plus que ce pseudonyme de Voldemort, mais elle allait mener son enquête. Elle conservait ce nom précieusement dans un coin de sa mémoire. Elle ne sut pas exactement de quoi il parlait en affirmant que ce jeune homme ne serait pas difficile à abattre, mais Caelan gardait ces questions pour plus tard. Lors d'un tête avec Pomona Fitz, par exemple. De toute façon, eût-elle seulement voulu poser la moindre question qu'elle n'aurait plus su que dire, alors que Flynn venait de lui donner le nom de ceux qu'ils devaient protéger. Louisa Sparkley... La fille de Zelda ? Et Rhian... Elle sentit son cœur manquer un battement.

-Rhian Potter, tu es sûr ? La question était toute rhétorique, elle savait bien qu'il était sûr. Pourquoi est-ce qu'on voudrait s'en prendre à eux ? Il n'y avait pas plus doux et sympathiques que ces gosses-là... Qu'est-ce qu'on pouvait bien leur vouloir ? Était-ce pour toucher directement leurs mères respectives ?... Et Rhian et Cenlyn qui était seuls chez eux... Il faut absolument qu'on y aille, dit-elle ensuite d'un ton plus empressé.

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I

l est certain que, présentement, le comportement empressé de Caelan devait bien être difficile à comprendre pour Flynn, mais la jeune femme ayant à peine eu le temps de digérer l'information, elle n'avait pas particulièrement trouvé le calme nécessaire pour expliquer à son petit ami à quoi l'on devait cette urgence soudaine, d'où lui venait ce revirement de comportement. Caelan, paniquée, manqua de l'envoyer sur les roses, arguant qu'elle lui expliquerait sur place, mais lui faire le résumé de la situation sous le nez des jumeaux, alors que ces derniers devaient déjà supporter la perte tragique de leur mère, c'était vraiment une très mauvaise idée, aussi l'Auror daigna reprendre sa respiration et confier à Flynn ce qui n'allait pas, en plus de toutes ces révélations qui lui tombaient sur le coin de la figure et dont elle ne savait encore exactement que faire. Elle cessa toute activité quelques secondes pour regarder le journaliste droit dans les yeux : sitôt qu'elle lui aurait exposé les faits, il ne pourrait qu'être alarmé à son tour et faire le nécessaire pour résoudre au plus vite la situation, aussi tenta-t-elle du ton le plus modéré possible en dépit des trémolos qui se laissaient entendre dans sa voix, de lui expliquer la situation.

-Mon amie, à l'hôpital, s'appelle Purdey Potter. Là, déjà, il devait avoir compris, mais elle ajouta tout de même, pour le principe et pour confirmer l'état d'urgence avéré. Ses enfants, Rhian et Cenlyn, sont seuls chez eux en ce moment et tu me dis que ce psychopathe cherche à l'assassiner. Il faut absolument qu'on y aille !

Voilà qui était dit. Au fond, c'était une bonne chose que Flynn se soit confié à elle et réciproquement (d'un autre côté, ils n'auraient pas pu se cacher cela éternellement). À présent qu'elle était au courant du danger qui planait sur les jumeaux (et Rhian, surtout), elle pourrait les protéger en conséquence et s'assurer qu'il ne leur arrive rien. Outre le fait qu'elle avait promis à Purdey de prendre soin d'eux et qu'ils étaient sous sa vigilance, elle tenait à eux, elle n'avait pas l'intention de laisser quoi que ce soit leur arrivée.

-Il faudra que j'écrive à Zelda pour m'assurer que sa fille est bien avec elle, ajouta-t-elle ensuite, plus pour elle-même qu'à l'intention de Flynn.

Elle déposa sa main dans celle du jeune homme, prête à transplaner, cette fois, mais avant ça, elle savait qu'elle devait lui poser cette question avant qu'ils ne se retrouvent face aux jumeaux, même si les secondes leur étaient comptées.

-Est-ce qu'ils sont au courant de ce qu'ils risquent ? Pourquoi est-ce qu'on leur en veut ?

Cédant à la panique (ce qu'elle ne devrait normalement pas faire en tant qu'ex Warden chevronnée, mais peu importe), elle avait posé cette question sans laisser à Flynn le temps d'y répondre. Cette fois, elle était totalement attentive.

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I

l était urgent qu'ils s'en aillent, bien sûr, pour chaque seconde qui s'écoulait, elle laissait seuls un peu plus longtemps les enfants Potter, allez savoir si ces derniers n'étaient pas déjà là, maintenant, tout de suite, en danger, parce que le psychopathe qui en avait après eux attendait jusque-là le moment d'évincer la mère pour s'en prendre aux enfants. Le risque était là, ils n'avaient pas une seconde à perdre. En même temps, il était également primordial qu'ils se disent tout ce qu'ils avaient à se dire avant d'y aller. Quand le jeune homme lâcha sa main, l'Auror d'élite comprit qu'elle n'était pas au bout de ses peines et que d'autres révélations l'attendaient encore. Elle avait beau le sentir venir, elle ne se sentit pas pour autant préparée à ce que son petit ami lui apprit alors. Ce qu'il allait dire était totalement dingue, à partir de là, elle savait bien qu'elle devait s'attendre à tout, mais quand bien même, elle n'était pas prête encore à comprendre ce que cela représentait exactement, car ce qu'il avait à lui révéler était, en fait, au-delà de dingue, ça dépassait l'entendement. Ceci dit, elle se promettait intérieurement de croire en tout ce qu'il pourrait bien lui apprendre, même ce qui lui semblerait le plus improbable. Parce qu'elle avait toute confiance en Flynn, et qu'elle savait qu'en de telles circonstances, jamais il ne lui ferait l'affront de lui mentir.

Elle écouta donc attentivement ce que son interlocuteur avait à lui dire et fut soufflée en quelques secondes. Un groupe d'adolescents venus du futur ? La nouvelle paraissait totalement folle, mais Caelan prit sur elle et accepta de le croire. Que la magie ne pouvait-elle pas, après tout ? L'un des membres de ce groupe était le petit-fils de Rhian et de Louisa. Caelan passa outre le fait que ces deux-là s'étaient donc découvert un futur commun, ce qui devait déjà être assez traumatisant en soi, ils étaient donc les victimes de la fatalité, tout simplement. C'était totalement dingue, comme histoire, en effet, et Caelan avait très envie de ne pas y croire. Mais elle savait malgré tout que son interlocuteur était on ne peut plus sérieux, qu'il ne se jouait pas d'elle la moindre seconde...Ils avaient bien fait d'en parler avant, en effet. Même avec le temps de la réflexion, Caelan était bien incapable de savoir comment elle allait gérer ces informations, ces incroyables révélations.

-Tu as raison, c'est complètement dingue, répondit-elle, fixant le jeune homme droit dans les yeux avec le vague espoir qu'il lui révèle s'être essayé à la blague de très mauvais goût... mais elle savait qu'il n'en était rien. Flynn avait été parfaitement honnête. Comment ils sont arrivés là ?

Il fallait qu'ils y aillent, oui oui, mais le problème, c'est que chaque réponse faite par le journaliste entraînait plus de questionnements chez la jeune femme.

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C

aelan n'était pas sans savoir que le temps pressait, et qu'il ne fallait pas qu'ils restent là encore trop longtemps, mais c'était plus fort qu'elle. À chaque nouvelle réponse qu'apportait son interlocuteur à ses questions, elle voyait une centaine d'autres interrogations lui envahir l'esprit sans qu'elle ne puisse rien y faire. Elle voulait être le plus au courant possible de ce qui se passait, pour pouvoir aborder la situation au mieux et aider les enfants dont elle avait à présent la charge jusqu'au réveil de leur mère (si elle se réveillait), mais il fallait qu'elle se fasse une raison, ce n'était pas en cette situation d'urgence, en ces quelques minutes de conversation qu'elle parviendrait à se faire une idée très précise de ce dont il était question, le mieux était encore de l'accepter et de le vivre, d'autant que la jeune femme devinait que son petit ami n'avait pas toutes les réponses non plus. Elle allait donc se contenter du peu qu'elle apprenait. Un retourneur de temps... ça ne l'aidait pas vraiment à comprendre le pourquoi du comment, mais elle voulait croire que cela viendrait. Elle était dépassée par tout ce qu'elle vivait, mais son cas n'était pas le pire entre tous. Rhian et Cenlyn devaient l'être plus encore, c'était d'eux qu'il fallait s'occuper avant tout. Ils étaient esseulés, livrés à eux-mêmes, il fallait y remédier.

-Je sais, je sais, répondit-elle, qui s'en voulait de ne pas savoir réagir comme il faut, garder la tête froide, face à la situation, c'était pourtant ce qu'elle était supposée faire, ce qu'on attendait d'elle, même, en la circonstance. Elle se sentait proprement idiote, aussi idiote que déphasée. Désolée, je me sens un peu perdue. Elle n'avait sans doute pas besoin de le dire, cela devait se constater à des kilomètres à la ronde, mais elle regrettait de devoir faire subir ce spectacle à son interlocuteur. Allons-y.

Il ne servait à rien d'interroger, de tergiverser, ou de rester planté là, il fallait à tout prix qu'ils y aillent. La moindre seconde qu'ils passaient là, c'était une seconde au cours de laquelle les enfants de Purdey étaient potentiellement en danger. S'il devait arriver quoi que ce soit à Rhian et Cenlyn, elle se le reprocherait éternellement, elle ne l'accepterait pas. Elle avait déjà échoué à protéger Purdey, elle ne voulait pas réitérer cette fatale erreur avec ses enfants. Elle lui avait fait une promesse, après tout. Et au-delà de cette promesse, elle tenait très sincèrement à ces enfants. Sans rien dire de plus, donc, bien consciente qu'il fallait parer au plus pressé, elle serra plus fermement la main de son petit ami dans la sienne et l'invita à transplaner avec elle afin de les mener jusqu'à la demeure des Potter, où les jumeaux, inquiets, devaient sans doute l'attendre de pied ferme.

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