Jo avait envoyé des lettres à Pomona, la jeune femme avait besoin d'explications et de réponses sur la mort de sa cousine. Elle avait l'impression que tout était lié, même si elle ne comprenait pas grand chose sur ce qui se passait dans le monde en ce moment. Il y avait toutes ces attaques, et ses têtes de morts, elle avait toujours peur qu'il arrive un truc à son père. Elle avait déjà perdu sa mère, et elle n'avait pas envie que lui aussi termine sa vie sans l'avoir vu se marier, avoir des enfants, publié son premier livre, réussir ses ASPICs. Et puis, depuis sa dernière conversation avec Caleb, elle prenait conscience que tous les sorciers n'étaient pas des gens bien. Enfin elle le savait mais c'était restait une notre abstraite, jusqu'à ce qu'elle soit la victime d'Ines et de Lou, elle avait cru que c'était que les adolescents, avant de comprendre que les adultes faisaient encore pire. Mais la jeune femme ne pouvait pas rester sans réponses, elle avait besoins d'explications, et ce serait bien avant qu'elle ne quitte l’Angleterre pour l'Allemagne.

Jo avait réfléchit à qui pouvait lui donner des réponses, sans lui mentir, ou même sans chercher à la protéger. Et il y avait qu'une personne qui avait répondu à tous les critères, c'était Pomona. Elle aurait évidement bien voulu parler aussi avec Myiria, mais ce n'était pas possible non plus. La jeune femme avait donc envoyer une lettre à la jeune femme pour lui proposer un rendez-vous à Pré-au-Lard, elle aurait pu prendre le magicobus pour aller plus loin, mais comme elle devait retourner à l'école avant la nuit, elle ne pouvait pas trop s'éloigner. Jo était assise sur le quai de la gare, peu de gens se donnait rendez-vous ici. Puisqu'en dehors du train du 1er septembre, de la rentrée, peu de trains passaient à la gare. Les sorciers utilisaient d'autres moyens de transports. Du coup, les lieux étaient inutilisés, elles pourraient toujours aller ailleurs, aprés leur discussion. La jeune fille attendait donc patiemment Pomona, en se levant tous les deux minutes pour faire les cent pas, avant de se rassoir sur le banc.

Pomona devait bien reconnaître avoir été assez surprise de recevoir un courrier de Jo Bennet. Non pas que les deux jeunes femmes soient en totale mésentente, bien au contraire, Pomona nourrissait à vrai dire une certaine estime (que n'avait altéré qu'un temps la douloureuse expérience qu'elle avait vécue par son intermédiaire mais non pas par sa faute), mais elles n'avaient jamais gardé contact après Poudlard.

Pomona, dans tous les cas, n'était pas d'un naturel à nourrir des amitiés, ou encore à les entretenir. Seule Miyria était parvenue à ce miracle avec elle, mais Miyria ne donnait plus de nouvelles... Miyria avait peut-être disparu.

À présent, il y avait les membres de la Résistance, avec lesquels elle ressentait plus ou moins d'affinités, mais ce restait la même chose, elle n'était pas faite pour les relations humaines, même si sa relation avec Seth devait doucement lui prouver le contraire. Encore que son issue la découragerait peut-être définitivement de toutes ces formes de considérations.

Quoi qu'il en soit, oui, un courrier de la part de Jo, c'était intriguant. Le contenu l'était tout autant. La jeune femme, de toute évidence, se posait des questions, faute de savoir auprès de qui espérer trouver réponse, elle s'était tournée vers elle.

Avait-elle bien fait ? Pomona n'en savait top rien, mais elle ne pouvait qu'encourager une curiosité logique et naturelle. C'était normal que Jo s'interroge sur tout cela. Elle avait été proche d'Olive, elle était proche de Chaser, et... elle appartenait à tous les cercles sans y appartenir, elle évoluait entre plusieurs des microcosmes que Pomona déterminait encore quand elle était élève à Poudlard et griffonnait ses observations d'apprenti-ethnologue dans son carnet. Comme ça lui semblait lointain.

Pomona ne savait pas si elle saurait répondre judicieusement à toutes les interrogations qui se faisaient jour dans l'esprit de Jo, mais elle savait malgré tout que Jo méritait des réponses, et elle était prête à lui en apporter dans la mesure de ses capacités.

Le jour venu, à l'heure fixée, elle s'était donc rendue à Pré-au-Lard. Elle avait laissé à la vert et argent le soin de choisir leur lieu de rendez-vous, et Pomona considérait qu'elle avait très bien choisi son endroit.

Les quais de cette gare étaient toujours déserte hors rentrée scolaire ou départ en vacances. Elles devraient être tranquilles. L'endroit était isolé, confidentiel. Ce serait sûrement parfait pour la conversation qu'elles s'apprêtaient à avoir.

Quand elle arriva sur les lieux, Jo était déjà là. Il ne lui semblait pas être en retard, d'ailleurs elle était très à cheval sur la ponctualité, mais la jeune fille semblait tout de même l'attendre depuis un moment.

"Bonjour, Jo." Elle s'assit sur la banc à côté d'elle et l'observa avec intérêt. "Tu voulais me voir ?"

Une question rhétorique pour l'inviter à rentrer dans le vif du sujet.

Jo vit soudain Pomona arrivait, elle 'assit à ses côtés, avant qu'elle ne puisse se lever pour la saluer. Alors la jeune fille se contenta de lui rendre son salut, et de hocher la tête avec un petit sourire. Elle était quand même contente de revoir son amie.
"Oui! Bonjour" fit-elle avec un hochement de tête, puis elle hésita à se lancer dans le sujet de suite, elle devrait prendre des nouvelles de la jeune femme, bien qu'elle semblait aller bien, enfin du moins physiquement, puisqu'elle se tenait en face de Jo, en un seul morceau, et sans blessures apparentes. Mais avant que Jo ait pu prendre une décision, Pomona lancé déjà la conversation pour entrer dans le vif du sujet. Jo se dit qu'il fallait sans doute suivre, sinon de toute façon, elle ne savait pas si elle aurait la force de poser tous ces questions, si elle repoussait le moment de le faire.

"Je voudrais...  Tu m'avais dit que tu me tiendrais au courant pour la mort d'Olive. Je voudrais savoir ce qu'il en est?" demanda Jo. Il n'y avait pas que ça que la jeune fille voulait savoir, mais selon elle, c'était le plus important pour le moment. Elle voulait connaitre la vérité sur la mort de sa cousine, avant de se poser des questions sur le reste. Mais elle évoquerait aussi cette menace et ses têtes de morts. Son père ne voulait rien lui dire sur le sujet, mais de sa part, elle pouvait arriver à comprendre qu'il veuille la protéger surtout avec ce qui est arrivé à sa mère. Mais pour les autres personnes, que ça soit Daniel, Caleb, et d'autres, ils cherchaient tous à la maintenir dans l'ignorance, et elle en avait un peu marre. Elle voulait la vérité, et elle attendait beaucoup de la part de Pomona, à ce sujet. Elle se tourna vers la jeune femme et attendait sa réponse, en silence, avec grande impatience.

"Je voudrais... Tu m'avais dit que tu me tiendrais au courant pour la mort d'Olive. Je voudrais savoir ce qu'il en est?"

Pomona n’y avait pas vraiment mis les formes, elle était entrée directement dans le vif du sujet, mais elle se disait que ça valait mieux de cette manière. Elle comprenait que Jo avait besoin de parler et de comprendre, et que ce qu’elle avait à dire et à demander n’était pas d’une simplicité enfantine, elle se devait de l’encourager plutôt que de tourner autour du pot, même si ça voulait dire dans le même temps s’engouffrer où il aurait été préférable qu’elles ne mettent jamais les pieds, l’une comme l’autre, pour leur propre bien.

Elle lui parla d’Olive. Olive… Même si la jeune femme s’en était doutée, entendre ce nom, c’était comme se projeter dans un passé encore très proche, mais qui lui paraissait si lointain, il s’était passé tant de choses, elle avait permis tant de choses. Est-ce qu’elle se doutait qu’elle scellerait tant de destins en mettant fin au sien ? Sans doute pas, et ça avait été le cas, pourtant. C’était un nom du passé, oui, mais un passé qui n’avait pas encore été enterré, et quand Pomona menait de front une rébellion, s’échinait à la tâche au point d’approcher le point de rupture, d’autres, pourtant concernés, ne savaient rien.

Des gens comme Jo. C’est vrai, elle le lui avait dit, elle lui avait dit qu’elle la tiendrait au courant. Et elle n’en avait rien fait, elle s’était laissée rattraper par un devoir plus grand qu’elle, et au fond, ça l’arrangeait de ne pas se soumettre aux questions de Jo, elle avait sans doute idée de ce qui se tramait, mais quelle chance elle avait de ne pas en saisir l’ampleur. Mais elle ne pouvait pas continuer. La situation était trop grave pour que quiconque ne voulant pas être laissé à l’écart soit mis de côté.

Pomona garda le silence un instant, réfléchissant à la façon la plus simple de présenter les choses. Elle se rappela leur conversation, juste après la mort d’Olive, les lettres qu’elles avaient reçues, elle, comme si d’instinct, elle avait su quel rôle elle s’obligerait à jouer. Cette lettre qu’elle avait remise à Jo de sa part. Dont elle n’avait jamais su le contenu… Elle prit une grande inspiration, et daigna finalement prendre la parole.

« Olive a été manipulée, Jo. » Elle marqua une légère pause. « Elle a passé un marché avec le diable, et elle ne l’a pas supporté. Elle a choisi sa mort, mais elle n'a pas vraiment choisi de mourir. » Elle planta son regard dans celui de la jeune femme. « Je t’ai dit que je lui rendrai justice, et crois-moi, j’y consacre tous les jours de ma vie. » Elle poussa un léger soupir. « Je peux tout t’expliquer en détails si tu veux, mais toi-même, tu dois savoir… Il y a des vérités qui n’arrêteront jamais de te hanter. »

Jo ne comprenait plus trés bien, ce qui se passait dans ce monde. Elle avait l'impression de ne plus vraiment vivre dans son temps. Il se passait des choses qu'elle ne vivait pas, et des choses qu'elle vivait intensément, et qui pourtant n'affectait personne d'autres. Elle comprenait que le monde ne tournait pas autour d'elle, en fait, il tournait plutôt sans elle. Enfin c'était l'impression de Jo, avec tous ses gens qui voulaient la protéger, qui voulait la garder dans l'ignorance à commencer par son père, puis ses amis. Le pire, c'est qu'il s'éloignait d'elle pour la protéger cela n'avait aucun sens. Elle n'arrivait plus vraiment à parler avec son père, elle était toujours heureuse de le voir, mais hormis les choses scolaires dont elle parlait avec son père, le reste était .... tut. Et pour la première fois depuis longtemps, quelqu'un était honnête avec elle, c'était ce que Jo avait attendu depuis longtemps. Elle aimait beaucoup Pomona, mais elle aurait aimé que ça soit quelqu'un de plus proche qui lui parle de tout ça.

Pomona lui dit qu'elle avait été manipulée et tuée par le Diable, elle ne savait pas trés bien quoi en conclure, alors que sa lettre, Olive lui disait être malade. Qui mentait, et qui disait la vérité. Elle avait envie de demander à Pomona, mais elle ne pouvait pas accuser Olive de mentir, la jeune femme n'était plus là pour se défendre. Peut-être que c'était les deux, mais en croisant le regard de la jeune Fitz, Jo sut qu'elle ne mentait pas. Mais forcément maintenant, Jo voulait en savoir plus, et la mise en garde de Pomona, la fit toutefois réfléchir. Une fois qu'on a ouvert les yeux, on ne peut plus les refermer. Et Jo ne savait pas si elle était prête à ouvrir les yeux. Elle sentait que c'était sa dernière chance de pouvoir faire demi-tour de rentrer à Poudlard sans rien savoir de plus, et qu'elle pourrait reprendre sa vie comme si de rien n'était. Aller en Allemagne, continuer ses études. Mais au fond, maintenant elle savait qu'elle regretterait et qu'elle se poserait la question tout le reste de sa vie, et Jo ne voulait pas avoir de regret.

"Je veux la vérité, toute la vérité" fit Jo en croisant le regard de Pomona, avec autant de résolution dont elle était capable. Elle voulait savoir ce qui avait tué sa cousine, qui était ce diable responsable de la mort de celle qu'elle considérait comme sa meilleure amie. Elle voulait savoir, connaître ce danger dont tout le monde ne cessait de lui rabattre tout le temps. Elle voulait connaître la vérité, et l'affronter. Elle ne voulait plus fuir face au mensonge, et à la duperie et la tromperie.

"Je veux la vérité, toute la vérité"

C’était la réponse à laquelle Pomona s’attendait. Est-ce que c’était pour autant la réponse qu’elle attendait ? Pas forcément, non. Ceux qui avaient tant et si bien cherché à protéger Jo avaient sans doute bien fait de la garder dans le secret, mais Pomona ne pouvait pas refuser la vérité à quelqu’un qui souhaitait à ce point l’obtenir.

C’était après tout pour ça qu’elle n’avait de cesse de se battre au quotidien : pour la vérité. Alors la dissimuler à qui accepter de l’entendre, ce lui semblerait illogique. D’autant que les choses allaient trop loin, l’affaire était trop grave. Savoir, cela permettrait à Jo de se protéger, de prendre conscience de ce qui lui arrivait… et c’était peut-être pour Pomona un risque d’être trahie, mais elle ne pensait pas que ça arriverait.

Si Jo avait dû passer à l’ennemi, cela serait arrivé depuis bien longtemps, et celle qui dirigeait la résistance du mieux qu’elle le pouvait savait très bien qu’il n’en était rien.

Pomona prit une grande inspiration. Difficile de savoir par quoi commencer tant il y avait de choses à dire. Et elle ne savait pas s’il était utile de tout exprimer. Mais Jo avait le droit de savoir, elle le méritait plus que d’autres, qui n’ignoraient rien. Elle se lança donc.

"Olive était malade. Je ne t’apprends sans doute rien à ce sujet, une grave maladie de peau qui lui interdisait de s’exposer au soleil."

Elle marqua une pause.

"Quand il a appris son secret, il s’en est servi pour la faire chanter. Ils ont fait un serment inviolable. J’en ignore les termes exacts, je sais seulement qu’à partir de ce moment-là, elle était à son service, et lui, devait la protéger, elle n’ébruitait pas son secret, il n’ébruiterait pas le sien."

Elle prit une profonde inspiration. C’était difficile de se replonger dans des souvenirs si anciens, et pourtant encore si vivaces.

"Il lui a fait faire des choses abominables."

Tuer Morgan, pour commencer, mais Pomona choisit de ne rien en dire, elle ne voulait pas salir la mémoire d’Olive. Même si c’était pour lui reconnaître qu’elle avait agi sous influence, comme Jo à l’époque, quand elle l’avait agressée. Mais cela aussi, Pomona préférait le taire.

"Elle ne l’a pas supporté. Alors elle a décidé d’en finir. Quand elle m’a écrit pour tout me révéler, quand elle m’a envoyé cette lettre à ton intention, elle a brisé son serment, elle a scellé son destin."

Et de la même manière, elle avait scellé le sien. La résistance était née avant la mort d’Olive, mais c’était elle qui l’avait poussée à se battre encore, après le départ de Miyria, et alors qu’elle ne se pensait pas assez forte pourtant.

Jo était assise sur un banc au pied des rails de la gare, elle attendait que Pomona lui fasse part de ses résultats d'enquêtes, elle s'attendait à tout, du mensonge, à l'esquive, peut-être à une part de vérité. Elle avait déjà croisé pas mal de personnes qui cherchaient à la maintenir dans l'ignorance pour la protéger. Mais elle avait espéré que Pomona lui dise tout, et heureusement elle ne s'était pas trompé. Elle commença par lui faire part de la maladie d'Olive, et Jo hocha la tête, cela elle le savait, Olive lui avait dit dans sa lettre, et elle lui en avait d'ailleurs voulu de ne pas l'avoir dit plus tôt, mais la colère était tournée envers elle-même pour n'avoir rien vu et rien compris. Puis la jeune femme continua en disant qu'Il s'était servit d'elle, et qu'Il avait conduit à sa mort. Jo n'était pas sûr de comprendre qui était ce "il", et en même temps, elle savait qui cela pouvait être. Pomona venait de finir son récit et il y avait deux questions qui venaient spontanément à la bouche de la jeune Benett. Qui était responsable? et Qu'est-ce que c'était ses choses abominables qui lui avaient demandé, non exigée de faire? Mais sans trop savoir pourquoi, Jo avait peur de les poser.

Elle se leva et commença à faire quelques pas vers les rails se pencha au dessus de la voie, elle prit une grande inspiration, puis revint vers Pomona avec conviction.
"J'ai ... envie de savoir ce qu'elle a fait d'abominable?" demanda Jo, elle ne savait pas trés bien pourquoi, elle avait envie de savoir cela, peut-être pouvoir si elle pouvait réparer les erreurs de sa cousine, comme une forme de pardon pour elle, même aprés la mort. En fait, elle ne savait pas trés bien, mais elle avait envie de savoir, et en même temps, elle avait peur de savoir. Tout cela était bien trop compliqué pour Jo, de comprendre, de voir qu'il y avait des gens suffisamment méchant pour faire ce genre de choses. C'était quelque chose qu'elle ne parvenait pas à comprendre, finalement c'était une bonne chose car peut-être qu'elle serait alors comme eux.
"Qui? Qui a fait?" demanda-t-elle finalement encore plus réticente à savoir, mais en même temps, elle était impatiente de savoir, comme si quand Pomona allait donner ce nom, elle allait tout comprendre.

Pour commencer, Jo ne dit rien, elle se contenta de se lever, fit quelques pas, sans doute pour se laisser le temps d'assimiler la situation. La jeune femme savait bien qu'elle venait de larguer une sorte de bombe à l'attention de son interlocutrice, et que cette dernière devait réussir à faire avec, à présent.

Pomona ne chercha pas à reprendre la parole, à calmer ou rassurer son interlocutrice. Elle se contenta de laisser à la vert et argent le temps d'encaisser le choc... sachant qu'il lui en restait sans doute encore beaucoup à savoir sur le sujet. Qu'elle était tenue de savoir ? Pomona n'en savait rien. Quelque part, elle en savait déjà bien trop. Mais quiconque restait dans l'ignorance était en danger, et Pomona n'avait pas l'intention d'exposer Jo au danger, bien au contraire.

Finalement, revenant vers elle, Jo reprit la parole et lui posa la question que la jeune femme craignait qu'elle lui pose tout en s'y étant attendue, au fond. Il était normal que cette question turlupine son interlocutrice.

"J'ai ... envie de savoir ce qu'elle a fait d'abominable?"

Pomona hésita... Elle n'en avait pas parlé tout à l'heure pour de très bonnes raisons, d'excellentes raisons, même. Olive n'était plus là pour se défendre, et Pomona n'avait pas envie de salir une personne qui avait finalement compté plus pour elle qu'elle ne l'avait deviné de son vivant. C'était en grande partie pour Olive, en son nom, que Pomona s'était jetée à corps perdu dans la Résistance, qu'elle était devenue Auror.

Mais Jo était capable de comprendre, si elle lui expliquait bien... et de toute manière, Jo en avait trop dit, elle ne se voyait pas réellement faire marche arrière, après tout.

Pomona prit une grande inspiration, hésita, puis se lança.

"Bon... écoute, quoi qu'Olive ait fait, elle ne l'a jamais fait de son plein gré. Il n'y a qu'un seul et unique responsable, et ce n'est pas elle."

Bien sûr, elle savait très bien que Jo était parfaitement capable de le comprendre, mais elle préférait tout de même clarifier une fois encore ce propos. Elle préférait lever toutes les ambiguïtés possibles.

"C'est elle qui a tué Morgan Ciallmhar... mais elle n'a jamais voulu ça."

Et pour cause, Pomona le savait, l'avait compris à l'heure où les fiançailles entre Morgan et elle avaient été décrétée. Olive aimait Morgan.

Et bien sûr, l'autre question que Jo lui posa était très prévisible elle aussi. La réponse plus délicate.

"Qui? Qui a fait?"

"Aujourd'hui, on l'appelle Lord Voldemort." Elle marqua une légère pause. "Je ne suis pas sûre que tu doives en savoir plus."

Jo écoutait les réponses de Pomona concernant sa cousine, elle se leva, elle ressentait une colère pour ce Voldemort, qui avait osé se servir de sa cousine, de son amie de cette façon aussi abominable, et elle était aussi en colère après Olive, qu'elle ne soit pas venue lui demander de l'aide, bien qu'elle n'aurait sans doute pas pu faire grand chose, elle aurait au moins aimé le savoir, pour le savoir, savoir qu'Olive lui faisait confiance...  Est-ce qu'elle ne méritait pas de savoir la vérité. Elle soupira et se leva pour faire encore les cent pas, mais sa véritable colère était dirigé sur ce Voldemort, c'était lui le vrai méchant de l'histoire. Il faudrait l'arrêter qu'il soit enfermé dans la prison d'Azkaban, et qu'on jette la clé, et qu'on ne parle plus jamais de lui.  Ce serait la meilleure façon d'honorer la mémoire de sa cousine. Elle leva les yeux vers Pomona, la jeune femme était dans le service des Aurors, c'était son travail d'arrêter les méchants. Mais elle, Jo, la petite serdaigle, encore à l'école, qu'est-ce qu'elle pouvait faire pour venir en aide à son amie, pour arrêter cet homme, ce monstre.

"Qu'est-ce qu'il a fait d'autre, ce ....  monstre." fit Jo, sans savoir quel nom donnait à cette personne, il ne méritait même pas qu'on l'appelle, qu'on se soucie de lui, qu'on pense à lui. Elle ne savait pas du tout comme, elle pourrait retourner à Poudlard comme si tout était normal, comme si elle pouvait reprendre sa vie comme avant, comme si elle ne savait rien de tout ça. Elle se tenait debout devant Pomona, et la regardait sans savoir quoi dire ou quoi faire. Puis après un moment de silence, la jeune fille se décida à parler.
"Qu'est ce que je peux faire pour aider à arrêter ce monstre?" demanda Jo, ne sachant pas si Pomona la laisserait faire, ou si elle allait lui dire de ne rien faire pour la protéger encore. Et puis elle se demandait aussi si elle-même, elle pouvait faire quelque chose pour agir contre lui. Elle n'était pas la plus douée en magie, Jo n'avait même pas de diplômes.

"Qu'est-ce qu'il a fait d'autre, ce ....  monstre."

Comment répondre à cette question sans y consacrer immédiatement plusieurs heures ? Difficile. Ce qu'il avait fait ? C'était bien simple, il avait fait tout ce qu'on peut faire de pire. Est-ce qu'il fallait qu'elle évoque la période de Poudlard ?

L'ouverture de la chambre des secrets, revenir plus en détails sur les morts d'Olive, de Morgan, de Myrtle ? Pomona préférait faire le tri dans ses pensées. Elle ne voulait pas cacher quoi que ce soit à Jo, plus à ce stade de leur conversation, en tout cas, mais il y avait des choses qui, selon elle, n'avaient pas nécessité d'être dites.

Elle choisit par conséquent d'en venir au plus direct, en se contentant de quelques mots qui en diraient tout de même suffisamment long pour qu'elle ne nourrisse aucune inquiétude à ce sujet.

- Il a torturé, manipulé, détruit de nombreuses personnes. La marque dans le ciel, le serpent et la tête de mort, c'est lui. Il a rallié les neo-grindelwaldiens à sa cause, et il est extrêmement dangereux.

Elle ne manquait pas d'insister en prononçant ces mots. Et pour cause, c'était la pure et stricte vérité. Le danger était réel, et Pomona voulait que Jo n'en doute pas, afin de ne pas se jeter inconsidérément dans la mêlée pour mieux le regretter par la suite.

Et visiblement, c'était bel et bien l'intention de Jo. Pomona le comprit en entendant les mots prononcés par son interlocuteur.

"Qu'est ce que je peux faire pour aider à arrêter ce monstre?"

C'était ce que Pomona redoutait. L'informer, oui, la former... elle n'était pas vraiment certaine de le vouloir. Bien sûr, la Résistance avait besoin du plus de membres disponibles... Mais Jo était de connivence avec beaucoup de mangemorts...

N'était-ce pas trop risqué ? Peut-être... mais à vrai dire, ce n'était pas ça qui retenait Pomona. C'était plutôt leur passé commun. Ce passé dont Jo ne se souvenait pas, mais qui avait laissé un souvenir cuisant à Pomona. La torture... Le sortilège doloris... Elle ne l'avait déjà que trop expérimenté pour une seule vie.

"Je ne sais pas s'il y a grand-chose à faire, Jo.", répondit-elle alors sur la réserve. "C'est mon rôle, le rôle de Aurors du ministère, de veiller à cela. Et on l'arrêtera, ça je peux te le garantir." Et le rôle de la Résistance, mais Pomona ne se voyait pas en parler à Jo. En tout cas pas tout de suite. Plus tard, qui sait, peut-être. Mais pour l'instant, il n'en était rien. "Ce que tu peux faire, de ton côté, c'est veiller à t'entourer des bonnes personnes."

Jo se doutait que Pomona allait lui répondre que ce n'était pas un rôle pour elle, comme tous les autres d'ailleurs. Elle était un peu en colère, et faillit ouvrir la bouche pour protester, mais la jeune fille se tut au dernier moment, et se leva pour faire à nouveau les cent pas vers le quai de la gare et revenir s'asseoir sur le banc à côté de Pomona. Ce court moment lui avait permis de calmer sa colère et de revenir sans se mettre en colère contre Pomona. Elle l'avait cru différente, et qu'elle pourrait aller plus loin qu'avec les autres, qui n'avait même pas voulu lui parler de ce ... monstre. Mais Pomona avait été déjà plus honnête et se mettre en colère contre elle, n'était pas une bonne façon de la remercier. De plus, elle devait faire un effort dans sa relation avec les autres, si Jo voulait qu'elles durent plus longtemps. En même temps, depuis que Pomona avait quitté Poudlard, elles ne s'étaient pas revues, ni même écrit depuis donc on ne pouvait pas dire qu'elles étaient proches.

"Pourquoi, tu me dis tout ça, si je peux rien faire." demanda Jo. Elle ne comprenait pas pourquoi, elle lui avait dit tout ça, si il n'y avait rien à faire. Elle se demanda si Daniel et Caleb étaient aussi du même côté que Pomona, et qu'ils luttaient ensemble pour se battre contre ce monstre. Elle comprenait un peu mieux, pourquoi les deux jeunes garçons restaient silencieux, et qu'ils gardaient leur distance, mais elle avait marre qu'on chercher à la protéger, n'avait-elle pas le droit aussi de se battre pour trouver la justice pour sa cousine Olive. Pomona lui dit de s'entourer des bonnes personnes, sauf que Jo avait un sérieux problème pour savoir qui était les bonnes personnes. Elle avait cru qu’Inès était une bonne personne, mais ce n'était pas le cas. Elle avait cru que Lou était une bonne personne, et ce n'était pas non plus le cas. Elle avait aussi pensé à Caleb et Daniel, mais vu leur attitude ce n'était pas vers eux, qu'elle pouvait se tourner, de même que vers Pomona. Alors qui restait-il de bonnes personnes dans cette histoire?
"Qui sont les bonnes personnes?" demanda finalement la jeune fille face à son impuissance à faire confiance aux autres, et à savoir s'entourer.

La réponse de Pomona ne plut manifestement pas à Jo puisque cette dernière se leva de nouveau de sa place pour faire une fois encore les cent pas, et une fois encore, Pomona demeura calme et parfaitement statique, elle pouvait comprendre l'attitude de Jo, mais elle ne s'en sentait pas responsable pour autant. Elle pouvait décider de changer la vie de Jo du tout au tout, mais elle était réticente, il ne s'agissait pas de demander à Jo une chose à laquelle elle répondrait de manière impulsive, mais de faire plutôt ce qui lui semblait juste.

Alors elle attendit seulement que son interlocutrice se calme, prête à devoir supporter une volée de bois vert le cas échéant, ça ne la dérangeait pas, elle resterait parfaitement imperturbable dans tous les cas. Alors, la réaction de Jo ne se fit plus attendre.

"Pourquoi, tu me dis tout ça, si je peux rien faire."

Là, Pomona trouvait son interlocutrice injuste. Jo n'était pas venue la trouver en lui demandant d'agir, elle était venue pour obtenir des réponses, et c'était ce que la jeune femme lui avait donné.

Elle prenait déjà des risques en se confiant à elle de la sorte, elle n'avait pas particulièrement l'intention d'en rajouter, pas dans l'immédiat. N'était-ce pas logique que, face à un mage noir, on décide de confier cette tâche aux autorités compétentes. Même si ce n'était pas vraiment ce que Pomona faisait, au final.

"Tu m'as demandé des réponses, je te les donne.", se contenta de répondre Pomona. Elle n'avait pas l'intention de modifier sa ligne de conduite, et ce n'était pas l'attitude impulsive de Jo qui allait l'y encourager, d'ailleurs.

"Qui sont les bonnes personnes?"

Voilà une question à laquelle elle pouvait répondre plus aisément déjà. Même si en vérité, distinguer les bonnes personnes des fausses n'était pas des plus simple.

"Elles sont rares, tu t'en doutes", répondit-elle alors, et c'était une chose que Jo avait dû constater par elle-même.

Elle avait subi suffisamment de désillusions pour le comprendre. Et Pomona n'était même pas sûre de pouvoir se targuer elle-même d'être une personne qu'il était judicieux de fréquenter. Au contraire, même.

"Dans ta maison, elles sont peu nombreuses, déjà." Elle marqua une légère pause. Elle poussa un léger soupir. "Andreï, Lysandre, Dora... Tu peux leur faire confiance aveuglément, et si tu as le moindre doute, je te conseille de te tourner vers eux." Elle marqua une légère pause. "Je ne dis pas que tu ne pourras jamais rien faire, Jo. Mais pas tout de suite."

Jo s'assit à côté de Pomona, et se sentait soudain trés lasse de toute cette histoire. Elle aurait voulu qu'Olive soit toujours vivant, et que ce Voldemort n'ait jamais existé, mais c'était impossible, et elle devait donc faire avec. Et en plus, elle ne pouvait rien faire, Jo croyait aisément Pomona, elle n'était pas la plus douée des sorcières pour envisager des duels contre des sorciers qui prenaient des vies. Elle n'était pas non plus trés douée en potions pour concocter quoique ce soit qui puisse aider les autres. Elle n'était pas non plus une bonne espionne pour donner des informations à l'autre camp. D'un point de vue, pratique, elle ne pouvait rien faire, et c'était ce qui était le plus triste. Jo ne pouvait même pas aider à venger sa cousine, et arrêter son meurtrier. Et ce n'était sans doute pas la seule mort à son compteur. Ce monstre... devait être arrêter, et elle devait laisser le travail aux autres.

Jo demanda alors qui était les bonnes personnes, elle n'avait fait la connaissance de nombreuses personnes, et elle n'était pas douée pour savoir à qui faire confiance. Elle avait déjà perdu tellement d'amis par sa faute. Pomona lui donna trois noms, si les deux filles elle ne leur avait jamais parlé, et se voyait trés mal se rapprocher d'elles. Pour le troisième nom, celui d'Andreï, elle connaissait le jeune homme, ils se croisaient souvent et discuter tous les deux. Mais bientôt ce serait Noël, et aprés la fin de l'année serait proche et bientôt elle ne serait plus là. Elle se demandait si rester en Angleterre pour aider Pomona à chasser ce monstre, ne serait pas une bonne idée. Mais elle ne pouvait toujours rien faire. Et si la réponse se trouvait dans un vieux grimoire de runes par encore traduit, et qu'elle y trouver la solution. C'était donc essentiel, qu'elle parte en Allemagne pour revenir avec tout le savoir nécessaire pour chasser ce monstre.
"Tu as raison, je peux rien faire aujourd'hui" commença Jo en regardant ses mains, et serra les poings. Mais je trouverais la solution." termina Jo, sans préciser qu'elle irait en Allemagne pour étudier toutes les langues, runes, hiéroglyphes... et qu'elle y trouverait la réponse.

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"Tu as raison, je peux rien faire aujourd'hui"

Pomona fut soulagée, au fond, d'entendre Jo accepter cela, quand bien même elle devinait dans le même temps que ce constat ne lui plaisait pas le moins du monde. Il n'empêche que c'était vrai, pour l'instant et pour sa sécurité, le mieux était peut-être qu'elle reste en dehors.

Et plus tard ? Qui sait... Pomona n'en savait rien. La jeune femme n'était pas objective concernant Jo, au vu d'un passé commun dont cette dernière ne se souvenait pas mais qui avait vraiment marqué la jeune Auror, en dépit de tout ce qu'elle avait pu vivre jusqu'ici. Au fond, elle pourrait peut-être trouver une place à Jo au sein de la Résistance. C'était juste qu'elle ne s'en sentait pas capable du tout. Pas tout de suite.

Si elle devait lui donner un rôle, elle voulait l'avoir complètement déterminé. Pour l'instant, ce n'était pas le cas, elle était complètement indécise, elle ne savait pas vraiment que faire de tout cela, et en même temps, les motivations de Jo étaient honnêtes et compréhensibles.

"Mais je trouverais la solution."

C'était cette détermination qu'elle recherchait chez tous les membres de la Résistance, et elle la trouvait chez Jo... Et elle était convaincue qu'elle serait vraiment capable de la surprendre. Par contre, elle doutait fort que la solution se trouve si facilement.

Parce qu'il n'y avait pas vraiment de solution. Tout ceci, c'était un combat de longue haleine, qui allait nécessiter du temps, de l'énergie, des efforts, et encore du temps (même si, avec les voyageurs temporels, tout ceci prenait les allures d'une véritable course contre la montre).

Dans tous les cas, rien ,n'empêchait à Jo d'essayer et d'y croire. Qui sait, tout ça les surprendrait peut-être agréablement. Et l'essentiel, c'était le résultat bien plus que la manière dont ils choisissaient de s'y prendre.

Donc ils verraient bien, même si laisser certaines choses entre les mains du hasard n'était pas toujours très encourageant, en fin de compte.

"Je l'espère", répondit-elle avec honnêteté.

Car si quelqu'un devait trouver une solution, peu importe laquelle, elle profiterait à tout le monde, alors elle ne pouvait rien souhaiter d'autre. Même si sa vie était à présent si bien conditionnée par tout ça qu'elle n'avait pas la moindre idée d'à quoi ressemblerait sa vie sans les mangemorts, et donc sans la résistance.

"Il y a d'autres questions que tu voudrais me poser ?"

Jo venait de prendre sa décision, partir en Allemagne, était la meilleure chose à faire. Elle trouverait peut-être la solution d'un vieux livre, ou un parchemin égyptien, ou ailleurs encore. Et puis, elle jouait tout de même son avenir. Elle avait envie de trouver le responsable de la mort d'Olive, ce Voldemort, ce montre. Mais.... elle ne voulait pas que cela régente toute sa vie. Elle était peut-être un peu égoïste, mais si elle pouvait faire les deux, c'était le plus important. Elle fit un maigre sourire à Pomona, quand celle-ci lui répondit qu'elle l'espérait aussi, elle ne savait pas si c'était sincère, mais peu importe. Elle avait finalement obtenu ce qu'elle attendait depuis si longtemps la vérité. Quelque part, elle aurait aimé que cela vienne d'Olive, plutôt que de Pomona, mais tout le monde fait sans doute ce qu'il peut avec ce qu'il a. Olive voulait, comme tous les autres, la protéger. Mais Pomona lui disait la vérité, et ça fait du bien, bon même si elle est affreuse à attendre.

Du coup, Jo n'avait plus de questions en tête, maintenant qu'elle avait appris la vérité. Elle devait d'abord la comprendre, la digérait, et puis les questions viendraient sans doute plus tard, à tête reposée. On dit bien que la nuit porte conseil.
"Merci d'avoir dit la vérité. C'est peut-être bête, mais ça fait du bien de savoir, de découvrir la vérité." fit Jo avec un maigre sourire. Elle n'avait pas besoin d'ajouter, qu'elle était affreuse, et qu'elle se sentait aussi trés triste, et qu'elle aurait aimé pouvoir vivre comme les jeunes filles de son âge. Mais c'était une certaine délivrance de savoir, surtout quand tous les autres lui mentent pour la protéger. C'était peut-être louable, mais trés lourd à porter pour elle. Jo en avait marre d'être la jeune fille qu'on doit protéger. Elle n'était peut-être pas capable de grand chose, mais elle aimerait quand même avoir la chance de pouvoir faire quelque chose, surtout pour Olive. Jo se leva et s'avança sur le bord du quai, et prit une grande inspiration elle avait l'impression que tout commençait maintenant.