C

aelan était tombée des nues quand elle avait découvert que Christopher avait sciemment pris la décision de renvoyer Anthony du bureau des Aurors. Ce n'était pas quelque chose qu'elle aurait cru possible, et honnêtement, elle n'y comprenait rien. Elle avait découvert l'information par l'intermédiaire d'une tierce personne, elle n'avait pas encore eu l'occasion d'en discuter avec Christopher, mais elle devait quand même reconnaître que la situation était, à ses yeux, alarmantes.

Déjà que la situation n'était pas simple, qu'elle n'était pas convaincue d'être capable du même pouvoir de persuasion et de cohésion que Purdey (et ses conflits perpétuels avec Maisie semblaient par ailleurs le prouver), si les membres de l'Ysbridion commençaient à se déchirer entre eux, ils n'arriveraient à rien. Ils devaient se montrer unis contre leur ennemi commun, c'était l'évidence même, et d'une importance primordiale.

Dans un premier temps, Caelan devait bien admettre avoir relégué ce problème au second plan. La jeune femme était entièrement accaparée par les préparatifs de son mariage, qui approchait à grands pas (ce n'était, en l'occurrence, plus qu'une affaire de quelques jours), elle était au fond heureuse d'avoir avancé la date de la cérémonie, même si cette décision avait été prise dans un but purement stratégique, mais tout de même, cela exigeait une vigilance particulière, à laquelle la jeune femme n'avait pas forcément été préparée.

Ce n'était pas pour autant qu'elle oubliait ses responsabilités premières, et elle se rendait régulièrement au QG de la résistants pour faire le point avec les personnes présentes, tout comme elle organisait autant de réunions de l'Ysbridion que nécessaire pour examiner toutes les pistes nécessaires et organiser des actions quand celles-ci étaient nécessaires. En l'occurrence, au quartier général, elle avait croisé la route d'Anthony, et avait déterminé que le moment était le mieux choisi pour avoir la discussion qu'ils n'avaient pas pu avoir jusqu'ici, l'occasion de mettre les choses à plat, et qui sait, de réussir à jouer les médiatrices entre Anthony et Christopher. Elle ne voulait surtout pas que les deux entrent en conflit.

-Oui, j'imagine que tu devines pourquoi, répondit-elle posément. Je voudrais comprendre ce qui s'est passé entre toi et Christopher.

Dans le détails, donc. Savoir que Anthony avait été viré, c'était une information dont elle disposait déjà, mais l'information lui semblait tellement... énorme... qu'il lui en fallait davantage.

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U

ne divergence d'opinion sur le travail d'un Auror... Peut-être qu'Anthony souhaitait juste calmer le jeu et la ménager en se contentant de cette seule explication sans entrer davantage dans les détails, mais aux yeux de la jeune femme c'était, à vrai dire, pire que tout, vraiment. Peu importe ce qui avait créé la rupture entre Christopher et Anthony, elle n'aimait pas ça du tout, et le fait que ça concerne directement le "métier d'Auror" l'alarmait d'autant plus. Certes, Caelan n'aurait pas forcément voulu que leur prise de bec soit personnelle non plus, mais si les origines de leurs frictions étaient d'ordre déontologique, autant dire que la situation n'avait aucune chance de se calmer par la suite. Elle n'allait pas se contenter de cette réponse et s'apprêtait à en demander davantage quand son camarade reprit la parole.

Il chercha à lui rassura en affirmant que cela n'entachait en rien leurs convictions respectives, le combat qu'ils menaient ici. Peut-être pas. Elle savait que tous les deux avaient à coeur de vaincre Voldemort, toute cette histoire n'y aurait rien changé quoi qu'il puisse en être. Mais si le groupe devait être en partie désuni, ils auraient du mal à progresser dans la même direction, dans la "bonne direction". A l'heure actuelle, c'était son inquiétude majeur, et il était important qu'elle la dissipe, d'une façon ou d'une autre. Si c'était en son pouvoir du moins.

-Je ne remettrais jamais en cause votre volonté de vous battre, ni à toi ni à Christopher. Mais tu comprendras que j'ai du mal à me contenter de cette explication. J'ai besoin de comprendre ce qui s'est passé. Je m'en soucie pour l'Ysbridion, c'est vrai, mais aussi en tant qu'amie.

Ils avaient perdu Purdey, et c'était déjà une épreuve terrible, entre Maisie et elle, les divergences d'opinion pleuvaient, alors si maintenant, les deux autres piliers solides de l'Ysbridion se faisaient la guerre à leur tour, ils allaient se saborder eux-mêmes sans que Voldemort ait même à lever le petit doigt pour encourager leur dissolution. Et elle n'aimait pas voir ses amis s'entredéchirer.

C'était un scénario catastrophe qui allait un peu trop loin, peut-être, mais elle n'allait tout de même pas faire comme si de rien n'était. Elle n'était pas capable de faire cela, elle n'en serait jamais capable.

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B

on, ce n'était pas avec la réponse d'Anthony que la jeune femme allait y voir plus clair... La façon dont Anthony s'exprimait, exposait la situation avec une extrême concision, presque détachée émotionnellement (sauf quand il était question de qualifier la personne qui l'avait "balancé" d'imbécile) n'aidait pas Caelan à comprendre exactement ce qu'avait été l'état d'esprit de son interlocuteur. Elle avait le sentiment qu'il gardait de la rancoeur vis à vis de cette situation, et ça n'aidait définitivement pas.

Il avait enquêté sur le registre des loups-garous. Anthony ne le précisa pas, mais Caelan comprit bien vite qu'il l'avait fait sans autorisation préalable. Le registre, dont Caelan n'avait entendu parler que de loin et sur lequel elle n'avait pas d'opinion particulière, avait été commandé et décidé par le ministère. Il y avait peu de chances, en conséquence, que le ministère lui-même décide de mettre en place une enquête contre ses propres directives.

Elle n'était pas spécialement étonné. Elle connaissait Anthony de longue date. Il était un frondeur, et il détestait l'injustice, pour peu qu'il ait considéré que ce registre en soit une, il avait dû vouloir, d'instinct, intervenir... Sauf que dans le même temps, Caelan n'avait aucun mal à se mettre à la place de Christopher.

Ce que ce dernier sublissait en ce moment, Caelan ne saurait le souhaiter à personne. Tout s'effondrait autour de lui... qu'Anthony ait agi dans son dos avait dû constituer à ses yeux une trahison de plus. Quant à elle... elle ne voulait pas se mêler directement de ces affaires. Elle avait toujours été sujette à l'insubordination, elle serait mal placé pour faire la morale à son aîné. Mais elle craignait que la situation ne prenne une ampleur chaotique et entraîne la désunion au sein du groupe, ce qui serait le pire qui pourrait leur arriver. Et puis, elle espérait aussi qu'Anthony n'oubliait pas ce que devait être leur priorité absolue, au-delà de ces histoires de registres.

-J'ai l'intention de lui en parler, répondit-elle posément... Mais je veux connaître votre version des faits à tous les deux, ajouta-t-elle sans aucune intention de laisser Anthony se dérober. Il avait refusé l'autorité de Christopher, il était bien probable, malheureusement, qu'il conteste aussi la sienne, mais elle comptait faire preuve d'intransigeance... c'était, pensait-elle, ce que l'on attendait d'elle. J'ai besoin d'être sûre que cette situation ne va pas avoir des répercussions sur l'ensemble du groupe, tu comprends ? Elle marqua une légère pause. Est-ce que vous serez capables de vous entendre sur le terrain, tous les deux ?
   

 

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C

aelan hocha la tête avec gravité quand son interlocuteur lui assura que pour sa part, la situation était claire, et que son altercation avec Christopher ne changerait rien à son investissement auprès de l'Ysbridion, à son implication dans le combat. Très bien, c'était effectivement une très bonne chose, mais dans le fond, elle n'en avait pas douté. Elle savait que la cause tenait aussi bien à coeur à Anthony qu'à Christopher, ce qu'elle craignait en revanche, c'est que la tension qu'il y aurait entre les deux hommes instaure un climat de défiance et de concurrence qui mettrait à mal la bonne marche de tel ou tel projet. Malheureusement, il serait difficile pour elle d'en juger tant qu'ils n'auraient pas de nouvelles réunion ou tant qu'ils n'auraient pas été sur le terrain. Cela dit, cela ne mettrait sans doute pas bien longtemps à arriver quoi qu'il en soit.

-Très bien, c'est ce que je voulais t'entendre dire...

Même si, évidemment, elle ne serait complètement rassurée que dès lors qu'elle les aurait vus sur le terrain. Car eux-mêmes ne pouvaient pas en savoir grand-chose tant qu'ils n'auraient pas testé cela sur le terrain. Dans tous les cas, elle se disait malgré tout que la situation n'était pas encore éclaircie, loin de là... Elle avait encore besoin de comprendre les tenants et aboutissants de ce conflit. Elle tenait vraiment à avoir les deux sons de cloche, les deux versions de l'histoire, il n'y avait que de cette manière qu'elle pourrait intervenir en conséquence au bout du compte.

-Pourquoi tu es allé mener cette enquête en premier lieu ?

Caelan pouvait comprendre que le sens de la justice d'Anthony ait été heurté et qu'il ait tenu à tout prix à intervenir, mais si Caelan ne se reposait que sur les faits qu'elle connaissait, tous les points allaient à Chris.

Mener une enquête qui n'avait pas du tout été mandatée par le ministère au sein du ministère et au nom de ce propre ministère, c'était se tirer une épingle dans le pied, surtout à l'heure où l'attention des Aurors devait entièrement se focaliser sur Lord Voldemort et ses partisans. Alors elle se disait qu'Anthony devait forcément avoir de bonnes raisons, ce n'était pas possible autrement.
   

 

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aelan n'avait pas l'intention de se lancer dans un grand débat à n'en plus finir sur le registre des loups-garous. Le fait est que la jeune femme avait un avis contrasté sur la question. Elle pensait honnêtement qu'aucune mauvaise intention ne se dissimulait derrière ce registre, et que les personnes à la tête de ce dernier (notamment Norbert Dragonneau, qui avait tout de même prouvé de longue date dans quel camp il se trouvait en contribuant activement à la lutte contre Grindelwald)  avaient à coeur de faire les choses bien.

Après, elle pouvait reconnaître que ce registre entre de mauvaise main pourrait entraîner une sorte de chasse au monstre. Bon, elle savait que le registre était protégé par des sorts qui le rendaient illisible à ceux qui n'étaient pas les principaux concernés par l'affaire, mais quoi qu'il en soit, elle pouvait comprendre l'intérêt que portait Anthony à ce registre et son indignation. Vraiment, honnêtement. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était l'acharnement dont il avait fait preuve au point de compromettre sa place.

Ils avaient des affaires si urgentes à régler de leur côté que tout le reste lui semblait accessoire. C'était peut-être un tort de sa part, mais c'était ce qu'elle pensait. Malgré tout, elle ne voulait pas débattre trop longuement là-dessus. Elle avait juste besoin de comprendre pourquoi une telle fixette... au point de compromettre son amitié de longue date avec Christopher. Alors les arguments qu'elle avait en réserve, elle prit tout le soin nécessaire de les garder pour elle. Ce n'était pas à l'ordre du jour.

-Tu aurais dû lui en parler avant d'agir, dit-elle finalement. Qu'il ait été d'accord ou non avec ton initiative, ce n'est plus possible de jouer les cavaliers solitaires à ce stade. On doit être unis, on doit être soudés. Elle marqua une pause. J'entends tes motivations, sincèrement. Mais je pense honnêtement que ce n'est pas tant ta démarche qui a blessé Christopher que le fait que tu aies agi dans son dos. Cette situation est difficile pour tout le monde, mais Chris... Elle marqua une légère pause. Il a besoin de soutien.

Elle ne voulait pas qu'Anthony le prenne comme des accusations à son encontre, elle comprenait les deux partis, honnêtement. Mais elle voulait qu'ils se comprennent et se soutiennent en tant qu'humains avant tout, au-delà de ces histoires d'enquêtes et de registres.
   

 

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Caelan se contenta de hocher la tête, tout simplement, quand Anthony admit qu’il faudrait qu’elle ait une conversation avec Christopher. Ce n’était pas à elle de leur tenir la main et de leur dire ce qu’elle devait faire, ils étaient tous les deux adultes – et au passage ses aînés –, alors elle se voyait mal leur imposer quoi que ce soit, mais elle espérait tout de même qu’ils tiendraient l’un et l’autre compte de ce qu’elle leur disait, parce qu’il serait tout de même dommage qu’ils gâchent une entente presque fraternelle tout simplement parce que l’un et l’autre se laissaient dominer par leur fierté, alors que s’il était bien des circonstances, une situation, qui exigeaient que les egos soient laissés au placard, c’était la situation actuelle. Même si elle ne pouvait pas non plus prétendre qu’elle oubliait l’individu au nom de la communauté quand elle était à ce point inquiète du sort de Christopher. Si ce dernier devait perdre Anthony en plus de tout ce qu’il avait déjà perdu… ce serait… injuste.

Elle ne voulait plus parler de l’enquête menée en solitaire par son interlocuteur, ni de ce qui l’avait motivé à agir de la sorte, mais visiblement, Anthony avait à cœur de se justifier à nouveau, alors Caelan l’écouta sans l’interrompre. Elle pouvait comprendre que sa soif de justice l’ait poussé à agir en dehors des clous, en revanche, elle avait le net sentiment que le comportement de son ami frôlait la paranoïa. Il se serait approché trop près de la vérité ? Mais quelle vérité ? Son interlocuteur parlait comme le ferait n’importe quel complotiste de bas étage. Anthony valait mieux que ça, tout de même.

-La vérité…, répéta-t-elle, un peu sidérée par ce qu’il racontait. Il s’imaginait quoi ? Qu’un grand complot entourait le registre des loups-garous et que son renvoi du ministère revenait à une grande machination politique ? Mais quelle vérité, Anthony ? Elle marqua une légère pause. La vérité, c’est qu’on est dans la merde jusqu’au cou. La vérité, c’est qu’on fait face à un ennemi qui gagne en puissance chaque jour, la vérité c’est que les assassinats se multiplient dans notre pays. La vérité, c’est que si on ne fait rien, si on se concentre sur des faits sans rapports, on va perdre, on va tout perdre. La vérité, c’est que si on ne se focalise pas sur notre objectif commun, Purdey sera la première sur une longue liste, comme du temps de Grindelwald… Tu pourras t’intéresser à ces histoires de registre plus tard, et autant que tu veux, et t’inventer des fourmilières à massacrer si tu le souhaites, mais ici et maintenant, il n’y a qu’une seule chose qui compte.

   

 

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C

De toute évidence, Caelan et Anthony ne se comprenaient pas, et Caelan n’aimait pas ça du tout. Elle n’avait pas la moindre intention de braquer Anthony ni de le mettre en porte-à-faux, mais elle avait besoin de s’assurer qu’ils menaient le même combat. Dans des moments comme celui-ci, elle regrettait de ne pas avoir le charisme et l’autorité de Purdey. Elle savait qu’elle devait imposer ses choix, qu’elle devait faire selon sa conscience, au mieux avec les éléments qu’elle avait à sa disposition, et penser avant tout au bien commun. Mais ce n’était pas simple quand elle se retrouvait face à un aîné, et qu’elle respectait au plus haut point, qui plus est. Elle avait commencé à faire ses armes quand Anthony, de son côté, était déjà un expert.

C’était une chose qu’elle n’oubliait pas, et qu’elle reniait encore moins. Mais elle aimerait qu’il entende son discours, tout de même, sans se mettre martel en tête, car elle avait le sentiment qu’il jouait les Don Quichotte, en proie à un combat sans merci contre des moulins à vent, quand des ennemis pourtant bien réels les environnaient de toute part.

-Nous avons créé l’Ysbridion justement pour agir en dehors des clous et ne pas dépendre du ministère, répondit-elle posément. Et c’était vrai. Le ministère ignorait l’existence de l’Ysbridion, et si vraiment ils agissaient en étroite collaboration avec le ministère, ils ne seraient pas présentement en train de protéger des fugitifs accusés du crime le plus grave que l’on puisse imaginer. Elle marqua une pause. Nous sommes prêts depuis le jour où les Wardens se sont réunis… à moins que moi aussi, tu ne me penses pas à la hauteur.C’est vrai, je pense que nous ne pouvons pas faire confiance à tout le monde au sein du ministère.

Et c’était normal, la grande majorité des sorciers finissaient par y travailler, et par conséquent, il fallait s’attendre à ce que certains soient dans le camp ennemi, ou tout du moins qu’ils soient satisfaits des événements en cours, mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait, selon elle, considérer le ministère dans son entier comme une entité diabolique qui n’aurait pour but que de leur nuire. Elle refusait d’observer une vision si manichéenne de la situation. Même si elle admettait que la défiance était de mise.

-Oui, on doit rester sur nos gardes, mais le ministère n’est pas l’ennemi, en tout cas jusqu’à preuve du contraire. Tu n’as peut-être pas confiance en notre ministre, mais moi oui, et la justice magique est dirigée par l’homme le plus intègre et compétent que je connaisse, c’est un atout.

   

 

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A

nthony avait beau dire, ses propos n’avaient pas vraiment le don de rassurer Caelan. Elle savait qu’il était normal que l’on donne son opinion sur ses décisions et qu’elle devait demeurer attentive aux objections des uns et des autres, mais elle aimerait qu’on accepte de l’écouter, finalement, sans la considérer instinctivement comme naïve ou aveugle à la réalité des faits. C’était peut-être une question de fierté, elle n’en savait rien, mais elle n’avait pas le sentiment que l’on opposait autant de résistance à Purdey, et c’était frustrant, surtout quand elle était convaincue, pour une fois, d’être sur la bonne voie, de guider l’Ysbridion dans la bonne direction.

Quand Anthony lui assurait qu’elle était à la hauteur, les propos la touchaient bien sûr, mais elle ne réussissait pas à accorder une véritable valeur à son discours, parce qu’à côté de ça, il insistait encore et toujours sur la même chose. Sauf que Caelan n’était pas totalement aveugle non plus. C’était triste à dire, mais la grande majorité des gouvernements étaient corrompus, et c’était un problème à prendre en considération, oui. Seulement, une fois de plus, le gouvernement n’était pas la bête à abattre. Ils avaient un ennemi bien réel à combattre, et s’éparpiller ne les mènerait nulle part. A une petite poignée, ils ne pouvaient pas espérer changer le monde, mais ils pouvaient le rendre meilleur. Ils devaient agir à leur échelle, et à leur échelle, ils étaient des chasseurs de mangemorts, pas de grands génies politiques, Anthony en avait bien conscience non ?

-Je ne suis pas naïve, Anthony, je sais bien que le ministère n’est pas un parangon d’intégrité. Nous avons un espion auprès des mangemorts, je te rappelle, on sait tous lesquels du groupe font partie du ministère. Mais en attendant, ça ne change rien. Notre objectif, c’est d’abattre Voldemort, point. Je comprends que tu sois alarmé, mais je te le répète, nous agissons indépendamment du ministère de toute façon.

Pour le moment, il s’agissait de couper la tête du groupe, ensuite de traquer ceux qui avaient obéi à ses ordres. Il y avait un grand maître qui prenait les décisions, qui s’arrogeait un droit de vie et de mort sur les individus, qui donnait des ordres à l’application monstrueuse, et c’était lui qu’il fallait arrêter avant toute chose. C’était pour ça que l’Ysbridion avait été créé, et c’était pour ça que Caelan se battrait, ne cesserait jamais de se battre, et la jeune femme avait besoin de savoir qu’Anthony était prêt à se battre aussi.


   

 

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T

out comme elle n'était pas certaine de croire son interlocuteur sur parole quand ce dernier avait affirmé qu'elle était à la hauteur, elle n'était pas certaine de le croire davantage quand il lui disait qu'il ne la pensait pas naïve... Mais il était possible ceci dit que la pression qu'elle se mettait à elle-même jouait pour beaucoup dans son interprétation des faits. Parce qu'elle avait peur, oui, d'être naïve, tout comme elle avait peur de ne pas être à la hauteur, en succédant à Purdey. La responsabilité qui lui incombait était immense, elle tenait à prouver qu'elle en était capable. Et quand on se montrait moralisateur envers elle, c'était pire que tout.

Ce n'était pas l'intention d'Anthony, bien sûr, mais quand il parlait de tirer la sonette d'alarme, elle avait tout de même le sentiment d'être prise pour idiote incapable de ne pas voir la menace qu'elle avait sous le nez. Pourtant, elle avait choisi de consacrer sa vie contre ces menaces. Elle avait vu ses proches mourir à cause de ça, chaque jour que Merlin faisait, elle cherchait de nouveaux moyens de contribuer à rétablir la paix et l'équilibre. Elle ne s'imaginait absolument pas que la vie était un immense chemin parsemé de roses sur lequel on pouvait courir sans s'arracher la peau à coup d'épines. Enfin bref... L'essentiel, c'était qu'Anthony soit de leur côté, respecte son autorité, et n'abandonne pas leur combat pour un autre, peut-être correllé, mais qui avait toutes les raisons d'attendre.

-Oui je suis optimiste, tu as raison, répondit-elle tout de même. Il faut qu'on le soit. Même si dresser le tableau de la situation laissait clairement penser que la situation était désespérée. Ils devaient croire en leurs chances, ils devaient croire en la nature humaine. Sinon, leur combat était perdu d'avance. Si on estime avoir déjà perdu, alors on ne gagnera jamais. Peu importe combien la situation est désespérée, je continuerai d'être optimiste, parce que si je ne le suis pas, alors il ne me reste plus qu'à abandonner. Elle marqua une pause. Et je te remercie, je suis sûre que Chris n'attend que ça.

Elle doutait fort que Chris veuille rester brouillé avec Anthony à vie. Ils avaient besoin de faire table rase et d'aller de l'avant. En regardant dans la même direction.
   

 

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