À

chaque fois qu'un événement d'une telle nature était porté à sa connaissance, Cedrella ne manquait pas d'y assister, c'était à la fois une habitude et un plaisir. Pour elle, c'était une certaine fierté que d'avoir lui le premier ouvrage de Nicholas avant que les critiques ne s'emparent de l'ouvrage pour en vanter les évidentes qualités, et depuis, d'ouvrages en ouvrages, la plume de l'écrivain n'avait jamais su le décevoir. Quand elle avait su, donc, que l'auteur serait présent à la librairie Fleury & Botts pour présenter son dernier titre, Cedrella n'avait pas longuement hésité. Bien au contraire. Ça lui ferait bien de sortir, surtout pour une telle occasion, et de voir un visage ami, aussi... Elle n'en avait que peu à sa connaissance, en effet. Car oui, Cedrella, à force de rencontre avec l'un de ses auteurs préférés, avait fini par se lier d'amitié avec lui, et elle appréciait sincèrement sa compagnie d'autant plus que cet homme avait un point de vue sur le monde qu'il était toujours intéressant de partager. Ce n'était pas avec lui qu'une conversation pourrait être morne et plate en tous cas. Alors oui, c'était avec un certain enthousiasme (quoique dissimulé derrière son habituel masque de froideur) qu'elle s'était rendue à la librairie. Elle avait tendance, dans la journée, à tourner en rond, dans l'appartement de Septimus (enfin, dans leur appartement). Même si elle ne songerait pas à regretter le choix qu'elle avait fait, la décision qu'elle avait prise de suivre son fiancé en dépit de la déception qu'elle devait immédiatement représenter en conséquence pour sa famille, ses journées, éloignées de tout ce qui faisait sa vie autrefois, quand Septimus était au travail. Là, elle avait une bonne raison et une bonne occasion de ne pas rester seul dans son coin, à tourner en rond comme un poisson rouge dans son bocal. Car une fois passé les quelques heures au cours desquelles elle jouait à la parfaite ménagère, le temps avait tout de même tendance à passer bien trop lentement.

Elle était venue un peu en avance, dans l'espoir de pouvoir bavarder un peu avec Nicholas avant que ce dernier ne soit assailli par les personnes qui seraient venues le voir. Elle avait visiblement bien fait, car quelques fans de la première heure étaient déjà présents, mais elle n'eut pour autant pas trop de mal à se frayer un chemin jusqu'à Nicholas, son dernier ouvrage sous le bras. Quand elle croisa son regard, elle le gratifia d'un sourire qu'elle adressait très rarement et à peu de personnes, généralement loin d'être agréable et amène. Mais Nicholas avait réussi à gagner son amitié, ce qui n'était pas une mince affaire.

-Est-ce que vous accepteriez de me signer votre dernier livre, monsieur Tucker ?

Bien sûr, le ton très formel et presque distant qu'elle employait était sans aucun rapport avec les faits. Voilà longtemps qu'ils avaient dépassé le stade des simples autographes. Ou même le stade du vouvoiement et de l'appellation par leurs noms de famille respectifs, mais c'était, après tout, une entrée en matière comme une autre.

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edrella ne se départit pas de son sourire quand l'écrivain le lui rendit, bien au contraire, elle était vraiment heureuse de retrouver cette présence amie, et de constater que Nicholas était content de la voir également. Ils n'avaient pas tant que cela l'occasion de se croiser, mais leurs conversations étaient toujours captivantes et bienvenues. Elle apprécia de s'entendre qualifier de sa lectrice la plus assidue, même si elle devait sans doute ce titre à l'amitié qui était née entre eux, justement. C'est qu'elle n'était pas peu fière de faire partie de ses toutes premières lectrices. Elle récupéra le livre une fois signé et releva les yeux après avoir examiné quelques instants l'autographe et refermé l'ouvrage précautionneusement (elle avait tendance à tout faire précautionneusement, ce côté maniéré ne la lâchait jamais, et pouvait d'ailleurs en agacer plus d'un, mais elle avait renoncé depuis longtemps à l'idée de changer de ce point de vue-ci. À quoi bon ?).

-Je l'ai dévoré en une nuit, tu sais. dit-elle en faisant référence au livre qu'elle tenait dans les mains, ne feignant plus à présent d'être une admiratrice lambda. Je crois que c'est mon préféré parmi ceux que tu as écrit, l'intrigue, le développement des personnages, j'ai adoré.

Il était rare qu'elle se montre à ce point enthousiaste, pour quoi que ce soit. Le seul qui pouvait escompter découvrir en elle autant d'enthousiasme (et beaucoup plus régulièrement), c'était Septimus, l'homme qui partageait sa vie. Mais les mots qu'elle adressait à Nicholas n'étaient pas là uniquement pour flatter son égo, elle n'était pas du genre à caresser ceux qu'elle n'aimait pas dans le sens du poil, bien au contraire, plutôt de nature à les arroser de son venin. Elle pensait chaque mot qu'elle venait de prononcer, oui, le moindre d'entre eux. Elle avait effectivement lu ce livre en une seule nuit, et il l'avait captivé. Une chance, d'ailleurs, qu'elle apprécie ce nouvel ouvrage, elle n'apprécierait pas vraiment de se retrouver dans un cas de figure où elle devrait reconnaître auprès de Nicholas ne pas avoir apprécié l'un de ses ouvrages. Ceci dit, elle doutait fort que cela se produise un jour. À aucun moment. Son style d'écriture et son imagination étaient ce qu'ils étaient, elle doutait fort qu'il le déçoivent un jour.

-Mais je ne vais pas me lancer trop longuement sur le sujet ou tu ne vas pas réussir à m'arrêter. C'était très possible, et cela arrivait bien souvent, d'ailleurs, et leurs échanges se transformaient en longs débats sur le dernier ouvrage en date. Comment vas-tu ?

Après tout, plus que le livre, elle était contente de voir l'homme, et cela faisait si longtemps ! Autant dire que ces derniers temps, Cedrella n'avait pas vraiment eu la tête et le coeur à sortir et à voir ses rares amis, il était grand temps qu'elle rattrape le temps perdu.

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edrella devrait peut-être se reprocher à elle-même d’accaparer ainsi le temps et l’attention de l’auteur alors que ce dernier se trouvait en pleine séance de dédicace, ce qui ne lui permettait par conséquent pas de se concentrer entièrement sur elle, mais à vrai dire, elle n’en éprouvait pas de gêne particulière. Les occasions de parler avec Nicholas n’étaient pas si fréquentes, et elle n’empêchait pas le reste des personnes présentes d’avoir leur petite signature et d’échanger deux trois mots avec l’écrivain. Le fait est qu’elle avait envie de partager plus de deux trois mots avec lui. Il était son ami, un ami sincère, et ces derniers se faisaient bien assez rares dans l’entourage de la jeune femme pour qu’elle n’éjecte pas d’un revers de manche toute opportunité de passer un peu de temps avec lui. Elle restait suffisamment à l’écart pour laisser le passage à sa communauté de fan, et ils parvenaient malgré tout à poursuivre comme si de rien n’était. Cedrella eut bien envie d’ajouter que le contexte historique qu’il avait pris le temps de mettre en place avec une précision d’orfèvre n’avait pas été pour la déranger, loin de là, mais elle devait s’en tenir à ce qu’elle lui avait dors et déjà dit à l’instant, si elle s’épanchait vraiment sur le sujet, ils en auraient effectivement pour des heures, et elle ne manquait pas de lui tenir la jambe, déjà. Ils se connaissaient bien assez tous les deux pour savoir ce que pourraient entraîner d’heure dépensées à débattre s’ils évoquaient quelque sujet littéraire que ce soit, du plus vaste au plus pointu (bien que Nicholas dispose de références et de connaissances tout de même plus appuyées que les siennes). Ils pourraient bien en discuter plus tard, pour le moment, de toute façon, elle s’intéressait bien plus à l’auteur qu’à son œuvre, même si c’était la seconde qui lui avait permis de découvrir le premier.

Elle esquissa un sourire en coin quand il lui parla des filles, elles voulaient bien le croire, qu’elles lui faisaient perdre la tête, c’était de leur âge. D’un autre côté, mieux valait cette agitation qu’un calme plat ou qu’une routine morose. Pour ce qui était de la routine morose, Cedrella ne risquait pas d’être servie pour le moment non plus, même si elle prenait déjà un rythme et des habitudes quotidiens, tout était de toute façon trop nouveau pour que l’on puisse exactement parler de routine. Quand il lui retourna la question, elle ne sut exactement de quelle façon répondre en étant parfaitement honnête. Parce que oui, elle allait bien, elle était libérée d’un étau dont elle ne découvrait l’ampleur qu’à présent qu’elle n’en était plus captive, et surtout, elle était amoureuse, et quand bien même elle avait été la première à juger ce sentiment bête, puisqu’il était partagé, il pouvait difficilement la rendre malheureuse. Mais il y avait les à côtés.

-Ma vie de paria se déroule pour le mieux. répondit-elle en guise d’entre-deux, qui résumait finalement assez bien la situation. Je n’y suis pas encore complètement habituée, je dois avouer. Elle esquissa un léger sourire, pour mieux relativiser. Ta séance de dédicace finit à quelle heure ?

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edrella esquissa un sourire quand Nicholas affirma qu'elle arrivait au bon moment... Il faut dire qu'elle l'avait plus ou moins calculé, pour être tout à fait honnête. La jeune femme avait admiré l'écrivain bien avant d'apprécier l'homme, mais si elle venait à ses dédicaces, ce n'était pas tant pour avoir une jolie signature sur ses derniers ouvrages que pour saisir l'occasion de bavarder un peu avec lui. Et pour ce faire, elle préférait ne pas avoir à attendre dans un coin que la masse de fan (à peine exagérée) décide de s'éparpiller pour pouvoir échanger quelques mots avec celui qui, par la force des choses (et elle en était sincèrement heureuse dans des périodes telles que celle-ci, où elle avait le sentiment de n'avoir plus grand monde sur qui compter), était devenu son ami. Elle hocha la tête. Oui, ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas pris le temps de discuter, elle n'était en rien contre le fait d'y remédier. D'autant qu'elle avait du temps devant elle. Ses journées ne manquaient pas d'être longues quand Septimus partait au travail... et il rentrait malheureusement tard, des heures supplémentaires destinées à leur permettre un meilleur train de vie, qu'elle serait au fond prête à s'épargner, en dépit du luxe auquel elle avait toujours été habituée, pour passer un peu plus de temps avec lui.

Cedrella attendit donc patiemment que la séance s'achève, acceptant de se faire plus petite pour laisser aux lecteurs de Nicholas l'occasion d'échanger quelques mots avec l'écrivain. Elle n'était pas forcément d'un naturel patient, mais ce n'est pas comme si elle eut à attendre très longtemps. Bientôt, la séance furent terminés, et les deux amis purent se permettre de s'isoler dans les rayonnages. Le coin choisi par Nicholas était parfait. Et bien situé. L'histoire et les romans. C'était des sujets parfaits pour Cedrella. Qui pourraient bien alimenter leur conversation, quoi qu'elle n'aurait peut-être pas besoin de ça. Il y avait en effet longtemps qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de discuter, au point qu'il en était presque difficile de savoir par où commencer. Ils avaient bien parlé, en gros, tout à l'heure, mais ils n'étaient jamais resté qu'en surface des choses. Ils avaient forcément davantage à se dire et à partager.

-Alors, dis-moi combien j'ai de chapitres à rattraper. lui demanda-t-elle quand ils se retrouvèrent seuls, n'évoquant bien sûr plus cette fois les chapitres de ses ouvrages mais bel et bien ceux de sa vie dont il fallait qu'elle rattrape le cours. Quoi de nouveau dans ta vie ? À part ton futur best-seller, bien sûr.

Il était sans doute encore trop tôt pour se faire une idée des ventes, et Cedrella était loin d'être une lectrice objective des ouvrages de Nicholas, mais en tous cas, c'était bien là tout le succès qu'elle pouvait souhaiter à l'écrivain.

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n sourire sincère s'esquissa sur les lèvres de Cedrella (décidément, il en avait le privilège plus que beaucoup d'autres - lui et Septimus devaient recevoir tout son quota de sourire quand elle les voyait... ceci dit maintenant qu'elle voyait Septimus tous les jours, la donne allait changer, comme elle-même avait le sentiment de changer un peu, déjà) quand Nicholas parla de ses filles. Elles étaient ses trésors, cela se ressentait quand il en parlait. Cedrella n'envisageait pas encore d'avoir d'enfants (même si elle ne doutait pas que cela changerait vite, elle avait une armée de rouquins à autoriser à vivre), elle ne pouvait qu'imaginer le lien fort qui unissait un père et ses enfants. À plus forte raison quand le père en question devait jouer le rôle de deux parents, et supporter l'absence de la mère avec la force de caractère qui permettrait aux enfants de mener une vie équilibrée sans être hantés par le spectre de leur mère. Nicholas était vraiment courageux. Et c'était une chance pour lui que d'avoir ses filles, elle supposait que c'était elles qui le maintenaient à la surface. Le sourire de Cedrella se mut en moue un peu triste quand il lui apprit sa fatigue. Elle comprenait. C'était normal.

-Peut-être que tu devrais prendre des vacances, avec tes filles. Ça te ferais du bien de te dépayser un petit peu, non ? suggéra-t-elle sans savoir si elle était de bon conseil ou non. Le deuil n'est pas une blessure bénigne sur laquelle il suffisait d'apposer un maigre pansement pour qu'elle guérisse. Et si ton éditeur te le reproche, tu pourras toujours prétendre que tu veux aller puiser un peu d'inspiration ailleurs. ajouta-t-elle, espérant surtout lui changer les idées.

Peut-être avait-il envie d'en parler, de parler d'elle. Dans ce cas, Cedrella serait à l'écoute, et lui apporterait autant de soutien qu'elle pouvait être en mesure de le faire. Mais elle ne l'obligerait pas à s'épancher sur ce sujet douloureux s'il préférait l'occulter et profiter de cette discussion pour parler d'autre chose.
Quand le sujet se reporta sur elle, Cedrella joua la carte de la sincérité, elle aussi.

-Nous ne sommes que fiancés, pour le moment. le corrigea-t-elle sans lui reprocher la confusion, il faut dire que ces fiançailles traînaient un peu en longueur, mais Septimus et Cedrella avaient attendu suffisamment longtemps, ils n'étaient pas si pressés. Mais oui, je suis heureuse, vraiment. C'était le cas, elle se sentait vraiment bien pour la première fois de sa vie, peut-être, parce qu'elle pouvait enfin assumer sa relation avec Septimus. Même si... je dois t'avouer que ma famille me manque, par moments... Ils ont beau être une bande d'obscurantistes intolérants, c'est ma famille...

Et elle ne s'était pas imaginée bien différente d'eux pendant très longtemps.

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e sourire de Cedrella su ne pas quitter le visage de Cedrella quand Nicholas émit avec humour l'hypothèse d'aller prétexter un voyage au Bahamas avec ses filles pour sa prochaine parution. Et après tout, pourquoi pas, hein ? Elle était convaincue, en tous cas, que changer d'air ne pourrait que faire du bien à son interlocuteur... En même temps, à qui cela pourrait-il bien faire du mal, des vacances. Certainement pas à lui. Ni à elle non plus, d'ailleurs. Par moments, elle devait bien reconnaître être on ne peut plus tentée par la perspective de fuir elle ne savait où en compagnie de Septimus loin des cieux grisâtres de la Grande-Bretagne, histoire de trancher plus certainement encore avec son quotidien (quoique pour ce qui était de bouleverser ses habitudes, la jeune femme n'avait tout de même pas fait les choses à moitié, il faut bien l'admettre). Quoi qu'il en soit, il faisait évidemment comme il voulait. S'il suffisait de céder à ses désirs pour se rendre dans les lieux chers à nos rêves et oublier les aléas de la vie ainsi que sa routine, cela ne manquerait tout de même pas de se savoir.

Sur ce sujet, elle n'insista pas, ils en avaient quoi qu'il en soit abordé un autre, qui sur certains aspects devaient s'avérer un rien plus délicat, malheureusement. Son mariage futur avec Septimus, qui se teintait d'appréhensions et de doutes qu'elle se serait bien épargné, sans aucun rapport avec son mari, ne se doutant pas le moins du monde de ses sentiments, mais n'était toujours pas vraiment confiantes avec leurs conséquences (même si une bonne partie d'entre elles ne manquait pas d'être agréable - il allait lui falloir encore du temps pour s'y faire, c'est une certitude). Elle fit doucement "non" de la tête quand son interlocuteur lui demanda si elle avait encore des nouvelles de sa famille. Directement, non, plus aucune. Pour cela, il aurait fallu que les Black daignent encore la considérer comme un membre de leur famille, et manifestement, elle pouvait oublier cette option... Au moins, les choses étaient claires... Même si Cedrella ne pouvait s'empêcher d'espérer au moins un peu finir par recueillir l'approbation de ses parents ou au moins de ses deux sœurs.

-J'ai des nouvelles d'eux... indirectement, mais pour eux, je n'existe plus apparemment. Mon nom a été rayé de notre arbre généalogique. Et quand je te dis ça, c'est au sens propre.

Cedrella songea à l'hideuse tapisserie qui figurait la "noble et très ancienne maison des Black"... ce n'était sans doute pas plus mal qu'elle n'y soit plus associé, même si ce symbole on ne peut plus clair avait forcément été difficile à avaler.

- On n'a fixé ni date ni lieu, pour le moment, disons qu'on prend notre temps.

Oui, il allait bien falloir qu'ils s'y mettent sérieusement, c'est certain, mais ni elle ni Septimus ne s'étaient montré très pressés. Pour l'heure, ils savouraient surtout le fait de s'être enfin trouvés, il allait, bien sûr, falloir qu'ils s'embarrassent de cette organisation qui traînait la patte... Mais ni l'un ni l'autre ne se montrait encore très investi dans ce projet. Oh, il leur tenait à cœur, bien sûr, mais un peu d'insouciance ne nuisait pas.

-En tous cas, comme c'est parti, la liste de mes invités risque d'être bien mince. C'était aussi peut-être ce qui la retenait un peu. Elle avait toujours rêvé d'un grand mariage en blanc comme tous ceux auxquels elle avait assisté, avec l'ensemble de sa famille. Ce n'était pas ce qui l'attendrait en définitive. Et c'était sûrement tant mieux. D'ailleurs, saches que tu en fais partie.

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edrella appréciait que son interlocuteur affirme qu'ils avaient le temps avant que de se dire "oui" officiellement, Septimus et elle. Dans ce qu'il lui restait d'entourage, il n'était pas rare que la question soit posée régulièrement, et puisqu'elle s'abstenait de fournir à ses interlocuteurs une réponse réellement précise, on ne manquait pas de la regarder de travers, ou du moins d'être surpris. Elle avait abandonné des fiançailles bien vues de sa famille pour d'autres, bien moins appréciées, il n'y avait rien d'anormal, de fait, à ce qu'on s'attende que les bans soient déjà publiés.

Ne pas se marier encore, ce n'était pas seulement "vivre dans le péché", comme le diraient les plus puritains, c'était comme retirer de la valeur à son histoire, comme si elle n'était pas sûre. Mais non, ce n'était pas le cas, elle avait juste besoin de temps, lui aussi, parce que leurs vies avaient été suffisamment agitées comme cela. Mais ça, ils n'étaient pas nombreux à le comprendre. Nicholas appartenait à ce nombre, Cedrella lui en était reconnaissante. Et plus encore quand il affirma qu'il viendrait bel et bien à son mariage, le jour où il aurait lieu. Même s'ils seraient en présence restreinte, mais donc amie, elle serait contente d'avoir cette présence amie particulière pour célébrer ce moment en sa compagnie.

-Merci ! lui répondit-elle. C'est toujours une bonne chose d'avoir une célébrité parmi ses invités.

Bien sûr, c'était une plaisanterie, mais le genre de raisonnement que ses parents auraient bien pu avoir. Quoi qu'il en soit, ce n'était évidemment pas l'écrivain, qu'elle invitait, mais l'ami, et elle savait que c'était bel et bien l'ami qui répondait à l'appel.

-Bon, depuis tout à l'heure, j'accapare la parole, je ne fais que parler de moi... Ça, c'était la part la plus égocentrique de sa personne qui s'exprimait, et elle n'était pas des moindres. Parlons d'autre chose. Tu as lu des choses intéressantes, dernièrement ?

Elle préférait éviter de lui poser des questions trop personnelles, recentrer la conversation sur leur centre d'intérêt commun, celui qui avait justifié qu'ils se rapprochent et s'entendent, surtout à l'endroit où ils se trouvaient présentement, lui semblait être une bonne idée, d'autant qu'ils étaient bien souvent intarissables quand ils étaient lancés sur ce sujet spécifique.

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