L

es premiers jours des vacances avaient semblé durer un temps infini aux yeux de Melody. La même rengaine que l'année précédente : éviter au maximum de croiser le regard de Lysandre et de lui adresser la parole sans éveiller les soupçons des parents (qui semblaient de moins en moins dupes... tant pis), rendre visite aux quelques amis (quoique leur nombre diminuait d'année en année, personne n'avait envie de rester sur cette île, tout le monde finissait par déménager à un moment ou à un autre - sauf ses parents, évidemment) et aux membres de sa famille qui vivaient sur sa ridicule île écossaise, et... voilà. Ennui. Heureusement, elle avait pris avec elle tout son nécessaire de couture, et tout le tissu dont elle avait besoin pour se lancer dans de nouvelles créations. De quoi l'occuper intelligemment et de quoi justifier qu'elle reste dans sa chambre sans accorder aucune attention à sa soeur jumelle. Ça permettait d'attendre, de patienter autant que possible.

De patienter en attendant quoi ? Lexie, pardi ! Elle devait arriver assez tôt durant les vacances mais, déjà, elle éprouvait le manque d'elle. C'est fou comme la jeune femme avait réussi à prendre une importance à ce point capitale dans sa vie en si peu de temps ! Passer du temps loin d'elle était presque une perspective impossible, qui lui pesait sur la conscience et sur le moral, en tous cas. Alors, forcément, quand le jour de l'arrivée de Lexie était venu, la bleue et bronze ne tenait plus en place. Elle s'agitait dans tous les sens, incapable de se focaliser sur une chose et une seule (déjà que de manière générale, elle était incapable de se poser), et elle ne s'arrêta pas jusqu'à ce que l'on toque enfin à sa porte. Melody dû se contenir et ne prendre que sa petite amie dans ses bras et de ne pas lui sauter au cou pour l'embrasser. Ses parents étaient là, et ils leur tinrent la bride, d'ailleurs, un temps qui parut une éternité à Melody, avant que cette-dernière n'ait la paix et puisse entraîner Lexie jusque dans sa chambre.

Ce fut une fois qu'elle eût refermé la porte derrière elles et ait vérrouillé celle-ci à double-tour, qu'elle put réellement apprécier ces retrouvailles. Elle s'empara des lèvres de Lexie presque aussitôt qu'elles furent seules, et déjà, elle se sentait beaucoup mieux. Les vacances commençaient réellement maintenant. Heureusement que la vert et argent avait pu convaincre son père de la laisser passer du temps chez les Farnsworth, elle serait devenue complètement dingue s'il lui avait vraiment fallu poireauter deux mois. Une fois ses lèvres détachées des siennes (non sans difficulté), elle lui adressa un grand sourire, l'observant de haut en bas. C'était presque surréaliste de la voir dans ce décor spécifique : dans cette chambre complètement en bordel, mais elle aimait ce qu'elle voyait. Vraiment beaucoup.

-Tu m'as manquée. dit-elle avec la plus grande des sincérités. Désolée pour les parents, j'aurais aimé t'épargner ça.

Ça. Leurs bavardages incessants. C'était dans leur nature.

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S

ans en avoir l'habitude, Melody devinait sans mal à quoi devaient ressembler les grandes réunions de familles entre des membres de familles de sang pur et fiers de l'être, elle en avait déjà eu quelques échos, et ça avait l'air aussi prétentieux que rasoir. Vraiment, Melody plaignait sincèrement Lexie, c'était le genre de milieux guindés et aristocrates où elle serait parfaitement incapable de s'épanouir. Elle n'accepterait de s'y mêler, c'est certain, que pour y foutre un joyeux boxon, un bordel sans nom. Un peu comme ces réunions du club de Slug qu'elle et les membres de la Guilde s'étaient faits un malin plaisir de gâcher. Au fond, oui, Melody aimait être dans sa famille à elle. Ses parents l'ennuyaient, parfois, mais au moins, ils n'étaient pas à cheval sur un protocole datant de Mathusalem, et ils la laissaient relativement libre... Quoi qu'elle ne doutait pas un seul instant du fait qu'ils s'empresseraient de la séparer de Lexie et de l'interner dans l'espoir de la guérir de ses tendances contre nature s'ils apprenaient la nature exacte de sa relation avec la jeune femme. Mais pourquoi l'apprendraient-ils, après tout ? Il n'y avait aucune raison que cela arrive.

Melody savoura pleinement le baiser que Lexie déposa sur ses lèvres, elle avait vraiment le sentiment que, plus elle l'embrassait, plus il était difficile d'accorder à ces lèvres de s'éloigner l'une de l'autre. Lexie avait une emprise totale sur elle. Elle n'avait jamais ressenti cela, avec personne d'autre. Et espérait bien n'avoir besoin de ressentir cela que pour elle. Elle lui suffisait très largement. La bleue et bronze entraîna sa petite amie sur son lit pour qu'elle s'y asseye à côté d'elle, sur le peu d'espace qui n'était pas occupé par des vêtements ou des chutes de tissus. Elle ne put s'empêcher de sourire en entendant la jeune femme lui affirmer qu'elle avait cru devenir folle en son absence. Elle n'était pas la seule, loin de là, et c'était agréable de voir que leurs sentiments sur le sujet était entièrement identiques. C'était soulageant, même, car Melody savait bien qu'elle avait tendance à trop s'emballer, et que la réciprocité n'était malheureusement pas toujours au rendez-vous. Linus lui en avait donné la preuve, à l'époque. Même s'il était à mille lieues de son esprit, à l'heure actuelle.

-Moi aussi, tu n'as même pas idée ! Je me suis acharnée sur ma machine à coudre pour essayer de meubler le temps, mais les secondes passaient tellement lentement ! répondit-elle très sincèrement. Oh, attends ! Elle se leva d'un bond, le temps de fouiller dans son bordel organisé et d'en sortir un gilet vert emmeraude. Cadeau ! fit-elle en venant s'asseoir à côté d'elle. Alors, c'était comment, ton début de vacances ?

Le moulin à paroles était de nouveau enclenché. Nul doute qu'on allait avoir du mal à l'arrêter. Même si elle comptait bien donner la parole à Lexie le temps d'apprendre comment s'était déroulé le début de ses vacances. Avec un peu de chance (pour elle), il aurait été aussi palpitant que le sien.

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M

elody ne savait trop si le compliment de Lexie était destiné à lui faire plaisir ou si elle était vraiment contente de son cadeau, mais la bleue et bronze décidait d'admettre le deuxième cas de figure, d'autant qu'elle avait immédiatement enfilé ce gilet, et aussi, si Melody savait avoir un regard critique sur son propre travail, elle avait tout de même tendance à se considérer comme plutôt douée dans ce domaine spécifique, alors elle était assez fière de son ouvrage, et surtout d'avoir réussi à constituer la bonne taille sans mesures précises. Elle trouvait qu'il lui allait bien, ce gilet. Elle risquait vite d'avoir chaud avec, vu les températures estivales, mais elle appréciait vraiment qu'elle fasse honneur à sa création, qu'elle sublimait, au passage... De toute façon, Lexie était une femme magnifique, elle pourrait s'habiller avec un vieux sac à patates qu'elle resterait absolument sublime. Si belle que Melody ne cesserait jamais de se demander comment la jeune femme pouvait vraiment soutenir la comparaison. Quoi qu'elle se laissait tout de même aimer avec plaisir et sans demander son reste, et c'était on ne peut plus clair quand leurs lèvres se retrouvaient de nouveau. Comment elle avait fait, tout ce temps, sans elle dans sa vie... et sans ces baisers-là ? Pas la moindre idée. Ça lui semblait parfaitement improbable.

Lexie affirma que son début de vacances était nul. Au début, Melody voulut s'en satisfaire, non pas qu'elle veuille à tous prix que la jeune femme passe de mauvais moments loin d'elle, mais elle voulait croire que le fait qu'elle lui ait manqué y ait été pour quelque chose. Seulement, sa satisfaction disparut quelque peu en découvrant la pâleur nouvelle du sourire de la jeune femme, comme si quelque chose n'allait pas. Elle se trompait peut-être, mais elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver, de fait, une certaine appréhension. Avait-ce un rapport avec ses parents ? Elle avait l'air de dire que non, ou du moins, qu'ils n'avaient pas agi différemment de d'habitude à son adresse. Puis elle prononça un nom. Comme venu de nulle part. Pourquoi ce nom ? Pour quoi faire ? Elle n'en avait pas l'ombre d'une idée. Ce nom lui disait vaguement quelque chose, en même temps, le nom "Black" était connu d'à peu près tous les sorciers. Mais quel intérêt d'en parler ? Sans comprendre encore quelle importance allait prendre ce nom, et combien elle allait le haïr, elle appréhendait dors et déjà.  Même si Lexie et elle n'étaient pas ensemble depuis si longtemps que cela, Melody avait vraiment le sentiment qu'ils partageaient un lien très fort, et bien assez fort, tout du moins, pour deviner les états d'âme de sa petite amie. Quelque chose lui échappait, elle en était sûr, elle ne savait pas de quoi il s'agissait, mais ce quelque chose existait bel et bien, et il allait mettre en exergue des enjeux auxquels la bleue et bronze se plaisait à ne jamais penser mais qui, pour autant, existaient bel et bien. Et elle ne pouvait pas les éluder si simplement.

-Et... donc ? demanda-t-elle, incapable de savoir quoi dire ou demander d'autre, mais consciente que la conversation était tout à coup devenue moins anodine.

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A

u fond, Melody avait deviné ce que Lexie allait lui dire, elle avait seulement désiré se tromper. Malheureusement, elle devait bien vite déchanter et accepter l'amère vérité. Orion Black n'était pas seulement un Black parmi tant d'autres rencontré lors d'une réunion de sangs purs. Il était le fiancé que les parents de celle qu'elle aimait avaient trouvé à cette-dernière. À cette pensée, la bleue et bronze eut le sentiment de sentir son coeur se briser en mille morceaux. Ce n'était pas comme si elle ne l'avait pas su. Elle avait eu pertinemment conscience que, au sein d'une famille telle que celle des Hepburn, on vous choisissait un mari à votre place et que, de toutes les manières, un jour ou l'autre, pour ne pas devenir un rebut de la société, il fallait prendre un homme pour mari. Elles ne pourraient jamais vivre leur idylle et assumer leurs préférences au grand jour, elle le savait. Elle avait même envisagé l'hypothèse que un beau jour, plus tard, elle prendrait un homme pour mari, juste pour sauver les apparences, tout comme elle accepterait que Lexie se marie à un homme de son côté. Ce ne serait pas de gaieté de coeur, mais elles ne pouvaient pas espérer grand chose de mieux, après tout, il fallait qu'elles fassent avec ce que la vie pouvait leur accorder, et tout simplement grapiller les moments qu'on leur offrait. Cueillir le jour, comme on dit. C'était si simple à dire et à penser. C'était facile de faire ce genre d'hypothèse tant qu'on était pas devant le fait accompli. Mais maintenant, la vérité la frappait en plein visage, et ce coup du sort était vraiment douloureux. À présent qu'un fiancé était trouvé à Lexie, elle éprouvait une jalousie vive et soudaine, et découvrait qu'elle serait tout simplement incapable de supporter de la savoir au bras de quelqu'un d'autre. Même pour faire illusion.

-Oh... souffla-t-elle, complètement sonnée par la nouvelle, serrant plus fermement la main de Lexie pour y puiser autant de force que possible. Et tu... tu comptes faire quoi ?

Elle tentait d'employer un ton des plus détachés, mais les inflexions de sa voix trahissaient sans aucun doute son trouble. Elle savait bien que Lexie ne pouvait pas faire grand chose de plus que ce que l'on attendait d'elle, au fond. Elle ne pouvait pas contester, elle ne pouvait pas fuir, et Melody n'avait pas d'alternative à lui proposer... Mais l'idée qu'elle accepte ces fiançailles et que ces prochains mois soient une longue préparation de ces noces horribles qui viendraient la cueillir sitôt qu'elle aurait fini ses études était une pensée à peine supportable. Elle ne voulait Lexie qu'à elle, un point c'est tout. Et réciproquement. Elle ne pensait pas qu'elles seraient confrontées si tôt à ce que la vie et la société leur refuserait et à ce que, au contraire, elle leur obligerait d'accepter. Elle ne pourrait pas en vouloir à Lexie d'accepter le sort tracé pour elle. Après tout, ce n'était pas comme si elle avait des alternatives à lui offrir. Mais quand même, ça faisait mal. Vraiment très mal.

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M

elody avait beau ne pas connaître tous les codes dictés par les sangs-purs, elle en savait certains sans pour autant les accepter et les comprendre. Se marier entre eux, c'était s'assurer qu'aucune goutte de sang moldu ne coulerait dans les veines de leur descendance, mais c'était si injuste. Où était le choix ? Où était le libre arbitre ? Nul part, visiblement. Lexie le disait elle-même, elle n'avait pas le choix. On lui imposait ce mariage, on décidait sa vie à sa place. Melody esquissa un sourire un peu triste quand la jeune femme lui dit avoir d'abord cru pouvoir accepter ce mariage tout en laissant son coeur vagabonder ailleurs, comme Melody avait pensé qu'elle serait capable de supporter le mariage de Lexie tant qu'elles savaient qu'elles s'appartenaient l'une à l'autre. Mais les choses étaient bien loin d'être aussi simples que cela. Leurs sentiments avaient évolué. Elles avaient besoin d'être ensemble, un point c'est tout. Comment continuer à se voir, à être tout simplement l'une avec l'autre, si un mariage venait tout gâcher ? Melody ne pouvait se résoudre à ça, et elle était soulagée d'entendre qu'il en était de même pour la vert et argent, même si cela ne changeait pas grand chose à leur situation. Un mariage tel que celui-là ne s'annulait pas en un claquement de doigts. Sinon, il suffirait à Lexie de refuser ces fiançailles avec Orion Black.

Le sourire de Melody s'élargit, par contre, quand Lexie sembla se résigner à trouver une solution quoi qu'il en soit pour échapper à ce mariage insupportable autant pour l'une que pour l'autre. Voilà une stratégie qui parlait bien à la jeune femme. Il n'existait pas de problèmes insolubles, il y a toujours une solution. Et deux ans, cela leur laissait le temps d'élaborer une stratégie digne de ce nom. L'une était un membre actif d'une organisation criminelle (bon, Melody n'aimait pas trop revenir là-dessus, mais c'était un fait), l'autre était l'une des têtes pensantes de la Guilde. Comment concevoir que, à elles deux, elles ne parviennent pas à rompre ces noces ? Il allait falloir passer par des voies détournées, il était évident qu'agir à la loyale ne fonctionnerait pas dans ce cas de figure précis, mais justement, agir à la déloyale, c'était aussi l'une de leurs spécialités, à l'une comme à l'autre. Tout à coup, la jeune femme parvenait à envisager la situation sous un jour bien plus positif.

-Je vois deux choix. dit-elle alors, alors que son cerveau carburait à plein régime (elle n'avait jamais eu un meilleur prétexte pour élaborer un plan en béton). Soit on ruine la réputation de Black jusqu'à ce que tes parents décident qu'il est le pire parti possible. Soit on trouve une prétendante à Black, et on lui laisse le soin de briser tes fiançailles à notre place. Une lueur de malice brilla dans son regard. Elle appréciait mieux cette situation en lui envisageant une issue positive, même si rien ne disait qu'elles parviendraient à leurs fins. Qu'est-ce que tu en dis ?

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D

ifficile de rester parfaitement enthousiaste et optimiste dans une telle situation, qui n'invitait pas franchement à envisager l'avenir sous les meilleurs hospices, mais Melody éprouvait malgré tout un véritable regain d'énergie, forte de la décision qu'elle venait de prendre de saborder à tous prix les fiançailles de Lexie avec Orion Black. Y parviendraient-elles ? La jeune femme avait la prétention de le croire. Il n'était pas dans sa nature de passer son chemin quand un obstacle se présentait devant elle, ça non, elle trouvait largement plus amusant et utile de passer cet obstacle. Elle le ferait donc cette fois, comme les autres, même si l'obstacle était plus conséquent, et l'épreuve plus douloureuse. Et rien ne l'arrêterait, ne les arrêterait. C'était comme ça, imaginer celle qu'elle aimait dans les bras d'un autre, même si c'était pour de faux, même si c'était pour de faux, même si c'était pour honorer sa famille, elle ne saurait vraiment pas s'y résoudre. Elles allaient prendre l'hypogriffe par les plumes et résoudre ce problème, et tous ceux qui se présenteraient ensuite, un point c'est tout. Comment faire autrement ? Leur amour valait bien tous les compromis, toutes les décisions, tous les sacrifices. C'était un amour qui méritait que l'on se batte pour lui, c'est ce qui le rendait si fort, si intense, comme rien que la jeune femme n'ait jamais ressenti jusqu'alors. Melody n'était pas peu fière de ses idées, et d'autant plus satisfaite que Lexie semblait également les trouver à son goût. Bien sûr, rien ne garantissait que cela suffirait, et il se pourrait bien, par ailleurs que sitôt débarrassées de Black, qu'on mettre un nouveau prétendant dans les pattes de Lexie, et tout serait à recommencer. Bah, s'il le fallait... Elles réitèreraient, et elles finiraient par prendre le coup de main. Mieux valait observer les choses sous cet angle, de toute manière, sans quoi elles deviendraient folles, toutes les deux.

-Pour ce qui est de sa réputation, ça ne devrait pas être trop difficile. affirma-t-elle dans un sourire satisfait. Il suffit qu'il se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. Et pour ce qui était de créer des situations, Melody était spécialiste. Elle avait, il faut le dire, aiguisé son sens de la mise en scène avec la Guilde. Ensuite, il suffit de répandre quelques sales rumeurs à son sujet, et c'est réglé.

Était-ce juste, de jouer ainsi avec l'honneur et la réputation d'une personne qui elle aussi n'avait rien demandé à personne, et subissait ces fiançailles autant que Lexie ? Non, bien sûr que ce n'était pas juste, mais la jeune femme n'avait que peu de scrupules, à vrai dire. pour l'heure, elle ne voyait vraiment pas quel mal il pourrait y avoir à se montrer égoïste.

-Pour ce qui est de la fille à lui mettre entre les pattes... T'as des suggestions ?

Mieux valait viser une fille de bonne famille. Avec le sang pur juste ce qu'il faut, le genre qu'on trouve surtout en abondance chez les verts et argent. Lexie aurait donc plus de facilité qu'elle à trouver une prétendante idéale à son fiancé.

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R

ien de plus simple ? Si bien, sûr, bien des choses étaient plus simples que les fous projets qu’elles avaient décidé d’ourdir, mais Melody n’avait pas l’intention de contredire Lexie. Au contraire, elle était parfaitement de son avis. Si elles partaient directement défaitiste et ne couraient pas après les solutions éventuelles qui se présentaient à elle, elles allaient devenir dingues, résignées seulement à attendre le moment fatidique où on leur empêcherait d’être ensemble, toutes les deux, puisque la jeune mariée aurait sans cesse des comptes à rendre à son jeune époux, ne serait peut-être pas capable d’échapper à sa vigilance. Non, c’était inenvisageable. Qui que soit cet Orion Black, il était parfaitement hors de question qu’il épouse Lexie, et même si elle ne savait rien de plus de lui, cette information (loin d’être anodine) mise à part, la bleue et bronze le haïssait dors et déjà de toutes les fibres de son être, et rien qu’il puisse dire ou faire ne changerait son opinion à son sujet. La demoiselle était rancunière, oui. Ne vous l’avait-on pas dit ? Oui, il fallait positiver, et observer la situation sous son meilleur jour. Et les prétextes à être optimistes étaient nombreux, après tout, leurs solutions « miracle » étaient bien loin d’être si bêtes que cela, elles pourraient effectivement fonctionner, et au-delà de cela, elles étaient parfaitement réalisables. Melody était bien placée pour savoir combien rapidement une rumeur peut se répandre, Lysandre et Linus en avaient fait les frais, bien malheureusement (pour eux, Melody ne regrettait absolument rien), et Lexie était bien placée pour savoir que les prétendantes potentielles afin de remplacer la jeune femme au bras d’Orion, ne manqueraient pas. Les jeunes filles en fleur à la recherche d’un bon parti, n’était-ce pas légion, en même temps ? Lexie esquissa un sourire quand sa petite amie la remercia. Comme si elle pouvait réellement faire autrement quoi qu’il en soit. Elle avait le devoir d’empêcher ce mariage, il lui faisait à ses yeux autant de mal qu’à la principale concernée. Elle savoura le baiser qui lui était adressé et ne manqua pas de le prolonger par ailleurs avant de reprendre la parole, ses lèvres détachées de celles de la belle élève de Serpentard.

-Tu sais, t’as pas à me remercier, c’est purement égoïste de ma part. J’ai aucune envie de te partager, c’est tout. Ni maintenant, ni jamais.

Et c’était la pure et simple vérité. C’était une perspective qu’elle trouvait tout simplement insupportable, inconcevable. Elles n’étaient pas ensemble depuis longtemps, mais c’était ainsi. Melody savait que Lexie était la bonne, que son cœur ne battrait jamais à ce point pour aucune autre, jamais. Pas à ce point là, en tous cas. Et pour un amour pareil, c’était comme ça, il fallait se battre, ne pas ménager ses efforts, et veiller à ce que la flamme subsiste malgré les épreuves. Après tout, ces fameuses épreuves ne rendaient leur histoire que plus incroyable et belle encore. Melody soulèverait des montagnes pour la vert et argent. À côté de ça, empêcher son mariage avec Orion Black, ce n’était jamais qu’une bagatelle.

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a, Lexie pouvait bien le dire sans effectivement craindre de se tromper, Melody était bel et bien jalouse. Elle ne connaissait pas Orion Black, elle ne savait rien sur lui, peut-être que, dans d'autres circonstances, ils seraient devenus les meilleurs amis du monde, mais sur le principe même, elle le haïssait. Peut-être qu'il était aussi agacé qu'elle de ce mariage, c'est vrai, mais il avait une chance incroyable, celle de pouvoir passer le restant de ses jours avec la femme la plus merveilleuse qui puisse être. Une opportunité qu'on ne lui accorderait jamais pour sa part. c'était injuste. Vraiment injuste. Pourtant, si quelqu'un était capable d'aimer, de chérir, d'aider et de protéger Lexie au quotidien, personne ne serait jamais mieux placé qu'elle, car personne ne pouvait nourrir pour elle des sentiments équivalents aux siens, c'était impossible. Oui, elle était jalouse, à en crever, et la réaction de la vert et argent la fit sourire. Comme elle aimait qu'elle trouve en chacun de ses défauts une irrésistible qualité, et la réciproque était, c'est rien de le dire, plus que vraie également. Vivre leur relation en cachette, se résigner au fait qu'elles y seraient contraintes toute leur vie, ça n'avait rien de simple, et ce pouvait être décourageant. Mais la force incroyable qu'elles savaient s'insuffler mutuellement, en étant tout simplement ensemble, c'était la preuve qu'elles arriveraient à lutter contre l'adversité, à s'en sortir, à se battre pour de bon, et surtout, que ce qui les unissait résistait à tout. Tant pis si cela avait l'air d'être bien trop tôt pour penser de la sorte, tant pis si elles s'emballaient trop vite. Elles ne savaient même pas combien de temps cela saurait durer, alors il fallait bien qu'elles fassent au mieux pour que cela soit aussi longtemps que possible, non ?

-Je crois que je ne me marierai jamais. répondit Melody dans un léger sourire, et ce sourire tenait lieu de promesse, en vérité.

Jamais elle ne se laisserait passer la bague au doigt par un homme, qui qu'il soit, et quelle que soit la pression familiale qui puisse reposer sur ses épaules (si les parents de Melody étaient bien plus laxistes que ceux de sa petite amie, il est certain qu'ils n'apprécieraient pas pour autant de la voir finir vieille fille). Pourtant, du jour de son mariage, la bleue et bronze rêvait depuis qu'elle était toute gosse. Elle s'était imaginée une grande cérémonie, où tous ses amis et toute sa famille seraient là, et elle n'avait qu'à fermer les yeux pour visualiser la robe de mariée qu'elle aurait portée. Et pour cause, la couturière en herbe qu'elle était, si gnangnan cela pouvait-il sembler, avait dessiné le patron de cette robe, qui devait attendre le jour idéal pour être créée ou portée. Ce jour n'arriverait pas. Car Melody ne voyait pas d'intérêt à s'unir à qui que ce soit par les liens sacrés du mariage si ce quelqu'un n'était pas Lexie. Oui, elle allait vite en besogne, et alors ? Elle ne voulait personne d'autre dans sa vie. Pas seulement maintenant, mais demain et tous les jours qui suivraient aussi.

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elody sourit de plus belle quand son interlocutrice lui fit remarquer qu'il devait être agréable de devenir des vieilles filles. La bleue et bronze ne pouvait croire que sa petite amie le pense vraiment, mais l'image était amusante. C'était sûrement ce qu'on finirait par penser d'elles, puisqu'elles étaient résolues l'une comme l'autre à ne jamais se marier. Elles souffriraient certainement d'une sinistre réputation, toutes les deux, mais elles n'auraient qu'à s'en foutre, puisqu'elle seraient heureuses, quel que puisse être l'opinion des autres à leur sujet (et il fallait bien Lexie dans sa vie pour que Melody daigne ne pas accorder d'importance au regard des autres, elle qui avait bien trop souvent tendance à être conditionnée par lui). Melody et Lexie n'avaient absolument pas le profil de jeunes filles amères et asociales. Quiconque les connaissaient un tant soit peu pouvaient en attester, mais si ce devait finir par être leur réputation, elle ne regretterait rien. Elle ne regretterait rien, parce que cela signifierait qu'elle pourrait vraiment passer tout son temps avec Lexie, qu'elle pourrait vieillir avec elle, être à ses côtés sans rival à affronter. De ce point de vue là, la perspective était très agréable.

-J'adore les chats. plaisanta-t-elle avec le plus grand des sourires.

Bon, c'était vrai, elle adorait les chats (en même temps, comment faire autrement ? Ces petites boules de poil étaient tout bonnement irrésistibles), mais elle éprouverait sans doute un semblant de tristesse si ainsi devait finir sa vie, une ribambelle de chats pour seule compagnie, sans doute à faire du tricot (étant donnée sa passion actuelle pour la couture, on lui dirait que ce serait dans la droite lignée des choses), elle aurait quand même le sentiment d'avoir raté sa vie. Quoique tous les moments qu'elle avait passé avec Lexie, même s'ils n'étaient pas encore assez nombreux, faisaient déjà de sa vie la plus belle d'entre toutes aux yeux de Melody. Pour ce qui était de finir asociale, même si la jeune femme était plutôt l'inverse de cela, ça ne la dérangerait pas tellement s'il n'y avait plus que Lexie et elle. Quand elle était dans les parages, de toute manière, le monde autour d'elle avait tendance à disparaître.

-Au pire, on pourra s'entourer de moutons volants.

Les moutons volants, ou ce dont ses parents faisaient l'élevage ici même. D'ailleurs, il faudrait que la bleue et bronze lui permette d'en découvrir de plus près.

-Imagine, on reprend la ferme, on s'enterre dans ce coin paumé, et on se fait oublier du monde.

C'est sûr que ce n'était pas sur une petite île comme Müll que quiconque s'intéresserait à eux (pour cela, il faudrait déjà qu'ils aient des voisins). Ceci dit, elle les imaginait mal se lever aux Aurors pour s'occuper de la tonte de ces braves bêtes. Quoique c'était tentant, sur certains aspects.

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C'

est vrai, elles étaient normalement bien trop jeunes pour se soucier de l'avenir, et Melody, qui était une hédoniste de nature, ne devrait même pas y songer. Elle aimait savourer l'instant présent, la moindre seconde passée en compagnie de sa petite amie, en se fichant du monde autour, de ce que pourrait être le regard des autres s'ils découvraient la vérité, et de l'avenir. Mais on les obligeait à avoir des considérations d'adulte, à les exposer ainsi à des affaires d'adultes. Lexie était fiancée, on voulait la marier de force. Ça avait de quoi vous obliger à vous projeter. Même si là, maintenant, tout de suite, et fortes de leur décision de saborder ces noces par tous les moyens possibles, elles pouvaient bien s'accorder une petite pause et prendre du bon temps. Même si parler de ces projets hypothétiques était une manière de le faire, pour la bleue et bronze. C'était aussi une façon de lui prouver qu'elle comptait vraiment beaucoup pour elle, au point de ne plus rien envisager sans et loin d'elle.

Melody se disait que, au final, venir s'enterrer ici, dans cette ferme, à l'abri du monde et des regards, ce n'était peut-être pas la perspective la plus terrible à envisager. Elle avait toujours laissé entendre de façon plutôt claire à ses parents qu'elle n'avait pas la moindre intention de s'occuper de la ferme et de l'élevage quand elle en aurait l'âge. Si elle avait passé beaucoup de temps à les aider et qu'elle s'y connaissait, de fait, plutôt bien les moutons volants, ce n'était vraiment pas comme ça qu'elle ambitionnait sa vie. Elle avait l'âme d'une citadine. Se couper du monde, ça ne lui serait jamais venu à l'esprit, ça lui semblait seulement envisageable parce que, comme cela, Lexie et elle pourraient avoir la paix. Mais dans sa vie idéale, elle et Lexie vivraient dans un somptueux appartement londonien sans avoir à se cacher de personne. Et elle savait que Lexie préfèrerait voir les choses ainsi aussi. Elle deviendrait styliste, oui, puisque c'était son rêve depuis toujours, et c'était agréable d'être encouragée dans cette voie, pour une fois.

-Tu ferais un modèle à tomber. affirma Melody dans un grand sourire. Et elle le pensait. Lexie était une jeune femme sublime, vraiment, au point que Melody se demandait bien souvent comment elle avait pu faire pour la séduire. Et c'est déjà toi qui m'inspires. C'était sûrement niais dit comme ça mais oui, au-delà de lui servir de modèle de temps à autres, Lexie était surtout sa muse. Elle déposa sa tête sur les épaules de sa petite amie et afficha une mine rêveuse. Je serais la nouvelle Coco Chanel. Son modèle entre toutes. Qu'elle n'aurait peut-être pas dû évoquer, tout moldu ce modèle était-il. Malheureusement, ses références en matière de mode l'étaient presque toutes, elle avait du mal avec le style robe de sorcier. Y'a pas un métier que tu aimerais faire ? Je veux dire, même si tu te dis que c'est impossible ? Melody pouvait mal imaginer que Lexie ambitionne seulement de devenir son mannequin.

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P

eut-être était-ce parce que, au sein de la ferme, sa mère travaillait au même titre que son père, le fait est que Melody ne s'était jamais imaginé autrement que travaillant plus tard. Sa passion immodérée pour la mode et la couture avait fait le reste. Elle ne pouvait que devenir créatrice de mode, elle ne savait pas envisager d'autre carrière, et elle pensait même avoir un petit talent pour ça. La situation de Lexie était différente, et la bleue et bronze en avait bien conscience. Toute sa vie, on avait dû répéter à la jeune femme qu'elle ferait comme toutes les femmes de sa famille, qu'elle prendrait un époux, ferait des charmants enfants, veillerait à leur éducation et organiserait des réceptions pour en mettre plein la vue à ses invités de luxe. Une vie moisie, en somme. Mais quand on vous bourre le crâne à vous dire qu'il n'y avait pas d'autres options.... Sauf que Lexie s'imaginait à présent d'autres options, visiblement, et Melody aimait l'idée de ne peut-être pas être pour rien dans ce changement d'attitude.

Puisque Lexie ne se marierait pas (hors de question que ça arrive), il était grand temps de voir les choses autrement. D'envisager qu'elle puisse faire carrière, et même une carrière brillante. Après tout, ce n'était pas parce qu'elles étaient des femmes qu'elles devaient manquer d'ambition. Après tout, leur situation évoluait de jour en jour. Pour preuve, elles avaient même le droit de voter, maintenant, qui sait ce que demain leur réserverait. Et n'était-ce pas leur génération, l'avenir ? Melody imaginait sans mal Lexie, en effet, à un poste à responsabilité. Elle serait parfaitement douée pour ce qui est de donner ses directives et faire entendre sa voix, elle avait l'intelligence, l'opinion bien tranchée, l'autorité, le charisme. Au fond, si l'idée d'avoir une femme ministre de la magie devait mettre son petit tant à intégrer les mœurs, elle pourrait vraiment tenir son rôle à la perfection. Et tout subjective qu'était Melody, elle le pensait réellement.

-Si t'étais ministre de la magie, tu changerais la face du monde. assura la jeune femme dans un sourire. C'était agréable d'entendre que, puisqu'on l'autorisait à avoir des ambitions, elle décidait de ne pas faire les choses à moitié, c'était ça, que d'avoir de la volonté et une réelle confiance en soi. Par contre, je te verrais plus jamais. fit-elle mine de bouder, affichant une petite moue contrite, considérant que l'expression "avoir un emploi du temps de ministre" ne devait tout de même pas venir de nulle part.

La vérité, c'était que quelles que soient les décisions que Lexie choisirait de prendre dans le futur, Melody était fermement décidée à la soutenir à cent pour cent. Elle n'envisageait pas même qu'il y ait une autre option que celle-ci. Pour cause, il lui semblait important qu'elles se soutiennent mutuellement. Pour le moment, elles en étaient à l'heure où elles étaient autorisées à rêver. Qui sait combien de temps cette période pourrait bien durer ?

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M

elody doutait fort que les probabilités pour que Lexie devienne un jour ministre de la magie soient bien grandes, mais cela ne coûtait rien de rêver, pas vrai. La jeune femme ne pouvait que considérer que sa petite amie avait toutes les qualités que l'on peut souhaiter de la part d'un ministre. Elle avait la volonté, le charisme, la force de caractère et de décision, le potentiel d'un leader, les opinions bien tranchées... (quoique, pour ce qui était de ses opinions, la bleue et bronze ne préférait pas quand même savoir ce que cela donnerait au sein d'un programme politique. Oui, elles évitaient d'en parler autant que possible, mais ça restait tout de même un fait, les idéaux de Lexie vis-à-vis des moldus étaient on ne peut plus tranchés). Oui, bien sûr, la bleue et bronze était l'inverse d'objective, puisqu'on parlait de sa petite amie, mais elle était quand même convaincue du fond de vérité contenu dans ses pensées. Elle se savait chanceuse de sortir avec quelqu'un d'à ce point remarquable, même si c'était une chose qu'elle ne pouvait pas partager. Un secret agréable, mais pesant, parfois, parce qu'un bonheur pareil devrait se hurler à la face du monde, pas rester confiné dans les coins. Mais tant pis. Tant qu'elle l'avait. Elle pouvait s'en satisfaire. Et ne se satisfaire que d'elle, elle et personne d'autre.

-Je sais. répondit-elle, amusée.

Même si elle ne pensait vraiment pas avoir la carrure et la prestance d'une première dame (au-delà du fait qu'il était parfaitement impossible d'envisager qu'une femme ministre se présente bras dessus bras dessous avec sa petite amie, même si elle avancerait en parallèle une certaine évolution de la société). En vérité, s'il était amusant de fantasmer cette vie là, elle n'en voudrait pas forcément. Être sous les feux des projecteurs ne la dérangeait pas en soi, bien au contraire, elle voulait vivre le fantasme bateau de la fille de la campagne, la fille de ferme qui gravirait les échelons de l'échelle sociale jusqu'à être au plus haut niveau, respectée non pas parce qu'elle serait "l'épouse de", mais pour son talent. Une fois encore, on peut toujours rêvés. Et pour le moment, nul ne leur interdisait de le faire. Leur jeunesse aidant, elles pouvaient s'imaginer à peu près tous les avenirs possibles, faire leur choix parmi eux. Elles étaient libres d'inventer, d'imaginer, de vibrer, d'aimer... Jusqu'à ce que la vie les rattrape au grand galop. Elle commençait déjà. On avait trouvé un mari à Lexie. La bonne blague...

-Tout le monde envierait mes tenues, ça c'est sûr. ajouta-t-elle en souriant, jouant avec ses doigts contre les siens. Comme elle voudrait que ce moment ne s'arrête jamais ! C'était si agréable, de rêver ! Elle n'avait pas vraiment envie que le pragmatique et le concret brise une à une la moindre de ses aspirations. J'aimerais tellement que le temps s'arrête, là... J'ai pas envie que tu repartes.

Bon, certes, elle venait juste d'arriver, mais le plaisir d'être avec elle se mêlait malheureusement à la crainte de la voir s'en aller.

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C'

était idiot, Melody le savait bien, de craindre tout de suite ce qui allait advenir plus tard au lieu de profiter comme il se doit du moment présent. Pour le moment, Lexie était bel et bien là, sous ses yeux, elle n'allait nulle part, et il leur restait une semaine entière pour profiter l'une de l'autre. Une semaine, c'était long, et court à la fois, dans tous les cas, il ne s'agissait pas de faire le décompte des heures avant le départ de sa petite amie, plutôt de savourer chaque seconde pleinement sans s'interroger sur les suivantes. C'était là un exercice dans lequel la bleue et bronze excellait d'habitude, mais il lui fallait bien reconnaître que, là, elle avait davantage de difficultés à le mettre en application, c'était plus fort qu'elle. Elle voyait se profiler ces longues semaines où elle n'aurait pas de nouvelles de Lexie. Certes, elles pourraient s'écrire, tous les deux (même si écrire n'était pas le fort de Melody), mais elles seraient contraintes de s'envoyer des messages cryptés, pour éviter d'attiser la curiosité de leurs parents, si ceux-ci venaient à découvrir leurs échanges épistolaires, ça n'avait vraiment rien d'idéal. Quoi qu'il en soit, Melody allait suivre les sages conseils de la jeune femme. En effet, elles n'avaient pas besoin de penser à cela pour le moment. Que les problèmes soient relégués à plus tard et qu'elle profitent seulement de l'instant présent, c'était clairement le mieux qu'elle puissent faire. La bleue et bronze savoura le baiser - si court fut-il, et un peu trop à son goût, elle devait bien le reconnaître - que lui adressa la jeune femme, qui la décida d'autant plus à seulement profiter le plus possible.

Et puis, elle avait raison. Ne pas se voir tout le reste de l'été, ce n'était pas une fatalité inévitable. Elles étaient suffisamment ingénieuses pour planifier de rompre les fiançailles de Lexie, trouvait quelques prétextes pour se revoir ne devrait pas vraiment poser de problèmes, pas vrai ? Vrai. Elle avait déjà en tête quelques plans qui leur permettraient de se revoir. Prétexter que Lexie avait oublier quelque chose d'important qu'il lui faudrait récupérer ou que Melody viendrait lui ramener en personne, profiter de leurs courses sur le chemin de traverse... On trouvait toujours une solution, quand on le décidait, et les deux demoiselles étaient parfaitement débrouillardes.

-Si tu exiges, en plus. répondit-elle avec un sourire au coin des lèvres. Je pense qu'on ne devrait pas avoir de mal à trouver des prétextes. Déjà, mes parents seront pas là à la fin du mois d'août. À part l'autre, là - elle parlait de sa sœur, évidemment - il n'y aura personne... je dis ça des fois que t'aimerais venir en douce, hein... Notre cheminée est parfaite pour la poudre de cheminette. Elle afficha un petit sourire angélique. Oui, bon, il restait que Lysandre serait là, mais si elle faisait ne serait-ce que l'ouvrir, Melody le lui ferait largement payer. Bon, et sinon, y'a des choses que t'as envie de faire en particulier, cette semaine ?

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