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i l'approche des vacances scolaires amenait avec elle son lot d'incertitudes, son lot de doutes, de craintes... Luna ne donnait pas le moins du monde l'impression d'être vraiment affectée par cela. Ne l'était-elle pas ? Non. Ce serait mentir que d'affirmer qu'elle ne ressentait pas le changement, qu'elle ne savait pas que tout serait différent, bientôt, et qu'ils allaient tous s'exposer à des dilemmes qui dépassait de loin leurs âges et même leurs compétences, car des décisions de la nature de celle qu'ils devraient prendre, personne ne devrait avoir à y être confronté, personne. Mais quand le courant était à ce point fort, il fallait se laisser emporter et rejoindre la rive dès qu'elle se présentait à proximité. Nager à contre-courant serait s'épuiser et inutilement et en vain, mieux valait non pas accepter, mais du moins tolérer, pour pouvoir avancer. Mais toutes ces considérations-là, qui étaient pourtant bel et bien celles de Luna, cette dernière ne donnait pas l'impression de les ressentir davantage pour autant.

De quoi donnait-elle l'impression, d'ailleurs ? Pas grand chose, en vérité. Quiconque cherchait à décrypter l'attitude de Luna pouvait craindre de ne rien y comprendre, il fallait pour cela adhérer à sa folie douce, mais pour l'heure, la bleue et bronze n'avait pas trouvé d'équivalent dans son domaine, pas d'autre équivalent que son père. Un père qu'elle ne retrouverait peut-être jamais. Et cela aussi, même si elle ne le montrait pas, cela la chagrinait, la chagrinait vraiment. Elle se trouvait, à l'heure actuelle, dans le parc de Poudlard, elle avait retiré ses chaussures pour profiter du contact direct de l'herbe contre la plante de ses pieds. L'été pointait le bout de son nez, et imprégnait les lieux d'une chaleur encore supportable, juste assez douce, et le sol, lui aussi, était chaud, confortable et doux. Dans l'incertitude, il fallait se raccrocher à l'immuable et au certain, et quoi de plus immuable et de certain que la Nature. Malmenée, certes, mais toujours présente. Bien avant eux, bien après eux. Alors qu'elle marchait seule, sans raison et sans but, contemplant l'herbe sous ses pieds, quand elle entendit la voix de Harry. Elle leva ses yeux globuleux pour les plonger dans ceux du jeune homme et un sourire sincère se déposa sur ses lèvres. Il voulait qu'ils discutent. Elle devinait bien sûr de quoi.

-Salut Harry. Son sourire ne quittait toujours pas son visage. Le temps, c'est toujours notre problème, pas vrai ? se contenta-t-elle d'ajouter, sa manière de dire qu'elle avait du temps, pour peu que le temps ait encore la même valeur que celle qu'ils lui accordaient avant leur voyage temporel. Elle ne le lâcha pas des yeux. Tu te demandes ce qui va se passer. Ou ce que Ginny et moi on va faire l'an prochain. C'est bien ça ?

Luna n'en donnait pas forcément l'air, mais elle était lucide. Et observatrice. Alors oui, elle pensait deviner les raisons pour lesquelles le jeune homme voulait lui parler.

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una avait apparemment parfaitement bien retranscrit la pensée de Harry, et elle en était ravie. Pas parce que la jeune femme appréciait d'avoir raison, juste parce que cela devait soulager Harry que de pouvoir entrer directement dans le vif du sujet sans s'interroger trop longuement sur la manière de présenter les choses. Pour preuve, il n'hésita pas alors à lui poser la question qu'elle même se répétait régulièrement depuis de nombreux jours, se répétant également toujours la même réponse avec un sentiment de légère angoisse qu'elle faisait au mieux d'occulter. Elle savait ce qu'elle devait faire, et elle en avait aussi l'envie, en réalité, mais elle appréhendait tout de même de rester seule, loin de ses amis, même s'il aurait été complètement égoïste de leur demander de rester, ça ne les aiderait ni elle, ni leurs plans, d'ailleurs, elle espérait aussi que Ginny ne prendrait pas la même décision qu'elle, elle se sentirait trop responsable d'une situation qui n'arriverait qu'à lui déplaire si les choses devaient se dérouler ainsi.

-J'ai fait une promesse. répondit-elle avec son calme et sa douceur de ton habituels. Il est inutile de faire des promesses si on les oublie à la moindre contrariété. Une maxime apprise de longue date par l'intermédiaire de son père. Je sais que tu t'inquiètes pour Rhian et pour Louisa, et moi aussi. ajouta-t-elle en plantant son regard dans celui du jeune homme. J'ai dit que je les protègerai alors c'est ce que je vais faire. Même si elle n'était pas certaine d'être à la hauteur de cette mission, puisque, toute intelligente qu'elle était (contrairement à l'opinion publique qui la reconnaissait comme débile), elle ne pensait pas avoir les talents de Harry pour affronter le danger. Mais Tom Jedusor ne serait plus élève à Poudlard. Déjà, ce serait forcément plus simple. Même s'il y avait sans doute d'autres personnes à ne pas sous-estimer dans Poudlard. Des personnes qu'elle ne soupçonnait pas... ou ne soupçonnerait pas. Il allait falloir qu'elle aiguise encore cette défiance qui ne lui était pas naturelle. Je retourne à Poudlard l'an prochain. ajouta-t-elle si son propos avait véritablement besoin d'être explicité.

Oui, elle retournerait à Poudlard l'année suivante, et à vrai dire, prononcer enfin à voix haute cet état de fait était un soulagement pour elle. Il était inutile que la question défile encore et encore, qu'elle se dise sans y croire qu'elle avait encore la possibilité de se raviser. Ainsi qu'elle l'avait dit elle-même, les promesses ou les engagements que l'on prenait envers autrui avaient valeur sacrée pour elle, elle n'y touchait pas, ne retournait pas sur cette dernière. D'autant qu'elle ne concernait pas qu'elle, ni ne concernait pas non plus que Harry, elle concernait deux adolescents innocents qui ne méritaient en rien d'être mêlés à ce qui se préparait... et à ce qu'ils avaient initié complètement malgré eux.

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n sourire doux et sincère se déposa sur les lèvres de la jeune femme quand son interlocuteur lui demanda si elle était sûre de son choix. Elle aimait entendre une considération sincère dans le ton de sa voix. Il lui posait cette question avec une honnête appréhension, parce qu'il savait ce que cela impliquerait pour elle que de se retrouver seule à Poudlard l'année suivante. Bon, elle l'avait été en partie en n'appartenant pas à la même maison que le reste de ses camarades. Mais là, elle serait vraiment isolée du reste du groupe, et même si elle ne doutait pas qu'ils trouveraient un moyen judicieux de communiquer. Oui, bien sûr, la situation était délicate, et elle présentait déjà qu'il serait difficile pour elle de supporter d'être loin à certains moments, mais elle l'assumait, elle était simplement heureuse d'entendre que Harry privilégiait ses propres intérêts avant ceux de la cause qu'ils défendaient tous en même temps que la résistance. C'était apaisant, ça ne lui donnait que l'envie de rester davantage. Parce que cela lui prouvait la considération et l'amitié que Harry pouvait avoir pour elle, et Luna était très bien placée pour savoir combien précieuse pouvait être une amitié.

-Tu te soucies vraiment de moi, je trouve ça gentil. répondit-elle d'un ton tout à fait naturel, disant comme souvent à haute voix ce qu'elle pensait, avec son habituelle et désarmante franchise. Mais je suis sûre de moi, ne t'en fais pas.

Et c'était le cas. Parce que ce n'était pas à elle-même qu'elle pensait mais bel et bien à Louisa et Rhian, et elle n'avait pas envie qu'il leur arrive quoi que ce soit et n'avoir rien fait pour l'empêcher, elle avait, quelque part, sa responsabilité dans la situation, elle ne l'oubliait pas. Harry pouvait émettre l'hypothèse qu'il y ait une autre solution, mais Luna n'y croyait pas vraiment. Et elle ne pensait pas non plus que Harry y croyait. Ils pouvaient bien décider de remettre la mission entre les mains d'un membre de la résistance encore à Poudlard... Lysandre, peut-être ? Mais c'était une affaire qui continuait de concerner les voyageurs avant de concerner la résistance. Luna avait le sentiment qu'ils devaient être les seuls à y être mêlés, et elle était convaincue que son interlocuteur pensait de même, quand bien même il aurait fait les choses différemment s'il n'y avait pas eu le choix.
La question ne se posait pas, quoi qu'il en soit.

-Tu sais, ce n'est pas si mal, de rester ici. ajouta-t-elle dans un léger haussement d'épaules, son fin sourire poursuivant de trôner sur son visage. Non, ce n'était pas si mal en effet, le paysage qui s'offrait à elle avait des accents de promesse apaisante. J'aime cet endroit. Oui, elle l'aimait vraiment, et c'était l'un des rares arguments "pour". Ces murs lui manqueraient s'ils devaient si tôt cesser de l'environner. Et puis, vous ne serez jamais très loin, pas vrai ?

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una avait entièrement foi dans la parole de Harry. Quand celui-ci lui disait qu'ils ne seraient jamais très loin, qu'elle ne resterait jamais seule trop longtemps, elle savait qu'il était parfaitement honnête, et que s'il devait, à un moment ou à un autre, faillir à sa parole, ce ne serait pas volontaire, ce ne serait pas un oubli, ce serait un concours de circonstances contre lequel il ne pourrait rien. C'était une belle promesse, elle maintenait sur ses lèvres le doux sourire qu'elle avait entamé d'afficher tantôt. La promesse, en soi, en dehors de toute application de celle-ci, de par sa nature et sa sincérité, était déjà très belle et très rassurante. C'était rassurant, oui, d'entendre qu'elle ne serait jamais seule... Alors qu'être seule, c'était une habitude. Quelle ironie que ce voyage temporel lui ait fait perdre celui qui était sa meilleure compagnie (son père, bien sûr), en échange de nombre d'autres. Une belle ironie, quelque part. Même si cela n'empêchait pas le souvenir de son père de venir la hanter, et ce très régulièrement, sans qu'elle puisse rien n'y faire.

Et c'est certain, il n'y avait pas que des inconvénients à rester dans l'école de magie. Elle aurait la sécurité (relative), le confort d'un endroit habituel, où elle avait des marques, des repères... Le reste des voyageurs serait bel et bien lâché en pleine jungle, et cela n'allait pas aider leur situation. Elle pouvait avoir quelques soucis de son côté, mais les leurs seraient certainement plus conséquent. Le danger ne pesait pas sur elle, on la tenait pour inoffensive, la vraie menace reposait sur Louisa et Rhian... mais ils auraient le soutien de Dumbledore. Tout se passerait bien. Tout devrait forcément bien se passer. Elle ferait tout pour, cette détermination et cette volonté seraient des compagnons efficaces pour lui faire oublier autant que possible sa solitude. Elle savait qu'il plaisantait, évidemment, en parlant de les ravitailler. Ceci dit, ça pourrait bien finir par leur servir, effectivement. Et l'entraide serait plus nécessaire que jamais en de telles circonstances.

-Vous vous en sortirez très bien. dit-elle d'un ton apaisant, mais surtout très sincère. Elle le pensait, Harry et les autres n'avaient jamais manqué d'ingéniosité et de ressources. Ils parviendraient à s'en sortir, et même brillamment. Tout ce voyage ne serait pas fait en vain. Tu as déjà une idée de ce que tu veux faire ?

Elle disait "veux", non pas "peux" et "va", car elle était absolument certaine, parce qu'elle était convaincue que, peu importe les circonstances, même les pire, il ne fallait pas oublier de s'écouter, sans cela, ils n'iraient nulle part, ils n'arriveraient à rien. Ils n'auraient pas toujours ce qu'ils voudraient, ils n'avaient pas les clés de tout... Mais au moins, pour le substitut d'avenir auquel ils étaient contraints tant qu'ils demeureraient dans cette époque, il devaient garder le sentiment que les clés restaient entre leurs mains.

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e choix de carrière de Harry n'avait pas grand chose de surprenant aux yeux de Luna, bien au contraire, même. Elle n'avait appris à connaître le jeune homme en dehors de sa réputation (qui le précédait évidemment - du moins à l'époque) qu'une fois que l'Armée de Dumbledore fut fondée et qu'elle en devint membre. Elle avait rapidement reconnu en Harry l'âme d'un leader, d'un combattant (ce qu'avaient confirmé les différentes épreuves traversées malgré son jeune âge, dont il était toujours ressorti indemne et victorieux), et cela n'avait fait que se confirmer ensuite. Harry n'était pas fait pour un ennuyeux travail de bureau, il voudrait travailler sur le terrain, c'était une évidence, et alors, quelle meilleure voie à choisir pour lui que de devenir Auror ? Ce semblait même être une voie toute tracée. Il est vrai que la jeune femme ne parvenait pas vraiment à l'imaginer dans une autre branche que celle-ci, à bien y réfléchir. Elle était convaincue que Harry non plus, et ce n'était pas qu'une question d'époque. Le mal était très concret ici, mais il l'était également dans le futur, où Voldemort avait retrouvé un corps et une armée (malgré l'attitude déplorable du ministère qui cherchait à nier les faits). Et quel que soit le temps ou l'espace, Harry semblait être né pour combattre ces menaces. Il y a des destinées qui vous transcendent, c'était encore plus le cas dans le cas spécifique du jeune homme. Un fin sourire s'esquissa sur les lèvres de Luna quand il sembla vouloir justifier son choix en fonction de la situation alors même qu'elle pourrait bien n'être qu'un prétexte. Même si, évidemment, la formation d'Auror ne pourrait qu'aider Harry à contrer comme il se doit l'ennemi. Tandis que d'autres, comme Luna, allaient chercher à agir à leur échelle. En protégeant autant qu'elle le pourrait Rhian et Louisa, par exemple. Surtout.

-C'est important de faire ce qui est juste, affirma-t-elle, philosophe, de son habituel timbre empreint à la fois de douceur et de légèreté. C'est aussi important de faire ce qui nous plaît.

En somme, Harry devait reconnaître que de la mission qu'il s'était imposé à cette époque, et qui était parfaitement honorable, cela va sans dire, ne devait pas s'oublier lui-même dans l'affaire, mais il parvenait visiblement à concilier les deux, car elle n'avait pas le sentiment que le jeune homme ait à forcer son esprit combattif. Il était ainsi de nature, et c'était pour cette raison, d'ailleurs, du fait de cette volonté de vaincre, qu'ils pouvaient espérer y parvenir. En tous les cas, le choix du jeune homme semblait manifestement fait, et c'était rassurant de se dire qu'il était possible de s'imposer des repères, même dans un monde qui en proposait si peu.

-C'est un métier qui te va comme un gant.

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una se contenta d'afficher un sourire qui, sans doute, signifiait "de rien" quand Harry la remercia de considérer que le métier qu'il souhaitait faire lui allait vraiment comme un gant. C'était un "de rien" mental, oui, et un "de rien" au sens le plus strict du terme, car il n'avait en effet aucune raison de la remercier. Elle se contentait, après tout, d'agir comme elle le faisait bien souvent, en énonçant ce qui lui traversait l'esprit, sans filtres et sans fausse pudeur. Elle disait ce qu'elle pensait, voilà tout, et elle n'imaginait pas pouvoir avoir la moindre raison de dissimuler cette pensée, puisque la stricte vérité qu'elle avait formulé à voix haute ne pouvait, elle en était certaine, que sauter à l'esprit de quiconque connaissait un peu Harry Potter (et la bleue et bronze savait qu'elle pouvait se targuer de le connaître très bien). C'était un fait, le jeune homme avait ce comportement combattif, courageux, tête brûlée, même, qui ne pouvait convenir qu'aux Aurors. Sans oublier son sens exacerbé de la justice qui, évidemment, jouait beaucoup également. Luna était convaincue que, dans cette époque ou dans une autre, rien n'y changerait, il lutterait toujours, et quitte à s'abandonner à cette lutte perpétuelle, autant lui donner une légitimité en endossant le titre d'Auror, non ? C'était tout du moins de la sorte que Luna observait les choses, depuis ses yeux toujours grands ouverts, et qui voyaient certainement plus que ceux de beaucoup d'autres, au-delà des barrières qui se dressaient à l'avant de certaines pupilles. Il ferait de son mieux, disait-il. Et son mieux, Luna en était persuadée, c'était déjà beaucoup, et elle ne considérait pas que posséder ce genre d'ambitions était blamable, certes, cela semblait relever d'une certaine résignation : se forger un avenir dans le passé, c'était admettre qu'ils ne retourneraient peut-être jamais à leur époque (sans doute la raison pour laquelle, pensait Luna, Ginny ne mettait pas le cœur à ses études et décidait de les abandonner), mais Luna considérait qu'il était sans doute temps d'admettre l'éventualité de faire leurs vies ici... Bien sûr, bien des informations lui échappaient encore.

-Si on rentre chez nous, le corrigea-t-elle sans rancœur, crainte ou amertume, seulement forte du constat que c'était devenu, à ce stade, une éventualité qu'ils ne pouvaient plus vraiment prendre à la légère. Elle marqua une pause, penchant légèrement la tête sur le côté, réfléchissant un peu... Plus d'un métier potentiel avait hanté ses rêves d'avenir depuis sa plus tendre enfance, mais à force, il y en avait bel et bien un pour commencer à sortir du lot. Je ne sais pas trop... Je crois que mon père voudrait bien que je travaille avec lui au Chicaneur - et en soi, la perspective n'avait rien de détestable, d'autant que Luna était la première lectrice et admiratrice du travail journalistique de son père - mais je ne me vois pas travailler derrière un bureau. J'aimerais voyager, peut-être étudier de nouvelles espèces animales à travers le monde.

Ce qui était presque sûr, c'était qu'elle ne laisserait jamais son horizon se restreindre aux quatre murs d'un bureau. Luna était-elle une aventurière dans l'âme ? Va savoir, mais son esprit regorgeait d'une insatiable curiosité, et si une profession pouvait véritablement lui convenir, elle consisterait très certainement dans le fait d'étancher cette curiosité.

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e sourire de Luna s'élargit quand elle entendit Harry lui affirmer qu'il l'imaginerait sans mal parcourir le monde comme elle venait d'en nourrir le vœu pour l'avenir. Elle n'attendait après l'aval de personne pour accomplir ses rêves et ses désirs, mais c'était toujours agréable d'entendre quelqu'un pour qui on avait de l'estime (et la bleue et bronze avait la plus grande des estimes pour le survivant) affirmer que les choix que vous comptiez faire dans la vie étaient bons pour vous. Ceci dit, tous ces projets appartenaient au registre de la simple hypothèse. S'ils ne revenaient jamais de leur voyage temporel, la jeune fille n'était pas certaine qu'elle ferait ce qu'elle affirmait. Bien sûr, elle cultiverait toujours la même passion pour les créatures magiques et nourrirait toujours la même envie de voyager, mais il était très possible qu'elle n'en fasse rien, si leurs priorités devaient changer. Et pour l'instant, l'urgence était d'arrêter à tous prix le futur seigneur des ténèbres. Le reste ne comptait pas réellement. Ou si, il comptait, et c'était parce qu'ils comptaient qu'ils devaient agir ainsi qu'ils le faisaient.

-Merci. répondit-elle, avec toujours le même sourire aux lèvres.

Elle trouvait agréable d'avoir ce genre de conversation, alors que leur situation chaotique les invitait plutôt à une situation beaucoup plus grande et beaucoup plus grave. Luna avait rarement l'occasion d'avoir ce genre de discussions légères et simples, et cela ne datait pas d'hier, et encore moins des débuts de leur voyage temporel. Elle n'avait pas eu, pendant longtemps, d'amis qui s'intéressent suffisamment à elle pour pouvoir avoir ce genre d'échanges. C'était cela qui était plaisant, au-delà du fait que Luna appréciait qu'on approuve ses choix de vie, aimait tout simplement un ami avec lequel partager ses pensées, ses joies, ses peines, ses rêves. Oui, vraiment, c'était agréable, et elle voulait croire que cela lui faisait plaisir, aussi. Pas forcément parce que c'était elle, mais parce que les occasions de parler en ignorant l'immense épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes étaient quasiment inexistantes. Ça ne voulait pas dire qu'ils oublieraient tout, ils seraient très vite rappelés à leurs obligations et à la réalité, mais en attendant, ils restaient humains, c'est tout.

-Je vais y aller, j'ai envie de marcher un peu. dit Luna sans vraiment se chercher d'excuses. Non pas que la présence de Harry l'incommodait, au contraire, elle était heureuse de pouvoir parler avec lui, mais elle écoutait simplement son envie du moment, et comme bien souvent, elle se contentait de l'exprimer avec la plus totale des sincérités. Je suis contente d'avoir parlé avec toi.

Avoir parlé avec lui lui avait fait du bien, effectivement, pas tant parce qu'une mise au point avait été nécessaire pour décider de la suite, que parce qu'ils avaient partagé un moment simple, entre amis.

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