Un mois. Un tout petit mois que Madeleine enseignait à Poudlard. Et bon sang non, ce n'était pas aussi simple qu'elle ne se l'était imaginé ! Après tout, on ne s'improvise pas professeur du jour au lendemain. C'était une vocation. Mais pas pour Madeleine. Elle n'avait jamais un jour envisagé de devenir professeur. Elle avait eut une brillante carrière au Ministère de la Magie. Mais elle avait eut envie de changement. Et elle aimait la jeunesse. L'enseignement était essentiel de plus. Le contact humain était primordial. Non c'était un métier qui semblait fait pour elle. Seulement, elle n'y avait jamais vraiment songé et du coup, elle découvrait tout d'un coup. La jeune femme devait avouer que c'était un emploi fatiguant.

Déjà, il lui était arrivé pas mal de pacotilles. Le premier soir où elle avait souhaité corriger les parchemins de ses élèves, elle s'était retrouvée Aux Trois Balais, à boire une bièreaubeurre, à discuter avec un charmant inconnu. Elle avait même réussi, ce soir là, à renverser de la bièreaubeurre sur les copies des élèves. Fort heureusement, elle connaissait pas mal de sortilèges, la petite Maddie, donc cette maladresse avait vite été réparée. Et puis il y avait eu les histoires du chat ! Son chat, Moustache, qui avait disparu une bonne dizaine de fois en un seul mois ! Voyez-vous ça ! Ce chat qui se volatilisait tout le temps forçait Madeleine à partir à sa recherche : elle ne souhaitait vraiment pas recevoir des réflexions de ses collègues à cause d'un chat venant visiter leurs chambres ou pire : d'un chat se servant en libre service dans les cuisines de l'école …

Ce matin-là, Madeleine ne donnait pas cours mais elle avait tout de même fait l'effort de se lever tôt. Elle était encore toute fraiche à cette heure ! Equipée d'un café extrêmement fort qu'elle avait aromatisé avec de la mandragore, elle se penchait sur la correction des devoirs qu'elle avait donné à ses élèves de seconde année. Et ses yeux étaient plissés : la jeune femme ne comprenait rien à l'écriture microscopique de l'élève qui avait rempli ce parchemin. Il y avait de l'abus. Face à ce problème de taille (oui, c'était le cas de le dire), Madeleine se retrouva bien vite la tête en l'air. C'était ça le problème avec la jolie blonde, et ça n'avait pas changé depuis qu'elle était devenue enseignante : elle était très (trop) facilement distraite. Une mouche qui passe près d'elle et ça y est, c'était mort : elle avait l'esprit ailleurs.

Cette fois-ci, elle était absorbée par le spectacle qui se déroulait à sa fenêtre. Seule dans la salle des professeurs, elle pouvait s'abandonner complètement à cette activité de feignant. Dehors se tenait un cours de vol sur un balai. Les premières années avaient encore du mal, mais c'était plutôt pas mal. Bon, il y en avait quelques un qui étaient vraiment drôles à regarder. Comme cette toute petite fille aux cheveux roux : elle se tenait tellement mal sur son balai … ! si les parents de Maddie et son frère, Math, avaient été là, ils auraient bien ris, eux les fans de Quidditch et surtout Math, qui a même pas 1 an enfourchait déjà un balai et qui maintenant était un célèbre joueur de Quidditch ! Maddie se mit à penser à sa famille. Elle avait besoin d'être prêt d'eux. De retourner dans sa campagne anglaise. Quoi qu'ils se chamailleraient tous en moins 10 minutes, alors autant rester à Poudlard ! Et ces derniers temps, quelques disputes et tensions avaient éclatés entre les ainés et la petite dernière de la famille, Rose. Mais ça, c'était une toute autre histoire.

Un bruit de pas fit sursauter Madeleine. Elle revint à la réalité et, devinant qu'il s'agissait sans doute d'un de ses collègues, elle fit mine d'être absorbée par la correction du parchemin illisible. Le parchemin en question avait été ensorcelé par ses soins pour ne pas qu'il soit modifié ou que l'élève ne triche. Du coup, impossible pour Maddie d'utiliser la magie pour grossir les lettres. Enfin bref, elle joua la comédie en se passionnant soudainement pour la maudite copie.
Elle avait sincèrement peur de ce que ses collègues pouvaient penser ou dire d'elle. Elle savait qu'elle n'était pas prédestinée à être professeur, mais elle allait apprendre. Mais voilà, elle avait peur de ne pas être à la hauteur. Devant ses collègues, elle ne montrait pas ses craintes. Elle ne voulait pas les embêter avec ça. Et puis non, elle ne voulait pas qu'ils pensent d'elle qu'elle était incompétente.

Du coin de l'oeil, elle put constater que la nouvelle venue était Lisaëlle, professeur de divination. Madeleine l'aimait bien. Elle voyait en elle une alliée. Toujours mimant la professeur subjuguée par son métier, Maddie prit un air fatigué, but une gorgée de café, s'étira, et lança un regard amical à sa collègue. « Lisaëlle ! Tu viens me rejoindre dans l'antre du travail de correction de parchemins ?! » Bon, elle en faisait peut-être un peu trop mais elle voulait se faire bien voir, la petite blonde !