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ette réunion leur avait fait du bien. Non pas que leurs problèmes soient vraiment résolus, loin de là - leurs problèmes étaient en tel nombre qu'il ne suffisait clairement pas d'une conversation pour les tirer du marasme où ils étaient embourbés - mais au moins, ils avaient pu en parler, à coeur ouvert, chacun avait exprimé ses opinions, ses doutes, ses inquiétudes, ses projets. Et quelque part, Hermione avait dorénavant le sentiment qu'ils sauraient aller de l'avant, plutôt que de stagner comme ils le faisaient jusqu'alors. D'autant que ce sentiment d'être complètement désunis s'était un peu effacé. Il ne fallait pas se leurrer, ils n'avaient franchi qu'une étape, une seule, mais si cela pouvait leur permettre de progresser, ne serait-ce qu'un peu, face à un ennemi qui, pour sa part, ne les attendait pas pour suivre son propre rythme. Alors elle avait retrouvé de la volonté, et surtout, un optimisme qui lui avait trop fait défaut dernièrement, et que n'encourageait pas ses visites répétées au ministère, où on lui rabâchait, encore et encore, qu'il n'y avait aucun progrès, et qu'il fallait être patiente. Comme s'ils avaient le temps d'être patients.

S'il semblait y avoir du mieux, une accalmie au coeur de sévères intempéries, ce n'était pas pour autant que la jeune femme était désormais complètement sereine. Les motifs d'inquiétude étaient bien trop nombreux pour faire comme si de rien n'était, et pour la peine, ses nuits demeuraient courtes, et les insomnies fréquentes. Son cerveau était monopolisé par des pensées qui l'envahissaient en masse, et refusaient de la laisser tranquille. Elle qui avait eu l'intention de se coucher en vue de l'examen d'Histoire de la magie qu'ils devaient passer le lendemain matin (oui, elle arrivait quand même à s'en préoccuper quand même encore un peu, même si au final, elle considérait que le diplôme qu'elle aurait peut-être à la fin de l'année n'aurait pas la moindre valeur, de toute manière), c'était loupé. Tant pis. Ce n'était pas bien grave. À force, elle était habituée. Elle allait s'installer dans la salle commune avec un bon livre, et attendre que Morphée la rappelle à ses bons souvenirs. Cela finissait toujours par arriver, après tout.

Son livre sous la main, elle était donc venue dans la salle commune. Il devait être aux environs d'une heure du matin. À cette heure-ci, il n'y aurait sans doute plus personne, et ce n'était pas forcément un mal... Quoique... Il s'avéra qu'il restait une âme qui vive, dans l'antre des rouge et or. Un sourire s'afficha sur le visage d'Hermione quand elle reconnut Harry. Ni une ni deux, elle vint s'installer à côté de lui. Quitte à attendre que le sommeil vienne, autant qu'elle le fasse en présence de son meilleur ami.

-Pas encore couché ? demanda-t-elle, ce sourire toujours sur le visage.

Au fond, elle ne trouvait pas cela si surprenant, ses motifs devaient être les mêmes que les siens, quoiqu'elle voulait lui croire l'esprit plus apaisé, dernièrement... Pour une raison qui n'avait pas encore été clairement explicitée, mais qu'elle pensait avoir deviné sans mal.

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videmment, Hermione se doutait de la réponse de son meilleur ami avant même qu'il ne la formule, tant elle était évidente. Si Harry avait pu dormir d'un sommeil de plomb, il ne serait pas venu se réfugier dans la salle commune à une heure si tardive. Elle supposait que, tout comme elle-même, son esprit était accaparé par trop de pensées susceptibles de prendre le pas sur les rêves les plus calmes. Ces derniers temps, c'était leur spécialité, se prendre la tête, et en même temps, si désagréable cette activité puisse-t-elle être, la situation la rendait nécessaire. Ils ne pouvaient pas baisser la garde. Les risques qu'ils prendraient alors ce faisant étaient bien trop importants... Et à force de demeurer sur ses gardes, même le simple fait de trouver le sommeil se muait en activité extrêmement délicate et laborieuse. À la question de son interlocuteur, Hermione répondit donc par un léger hochement de tête qui pouvait suffire à lui seul à exprimer non simplement le fait que Morphée lui refusait ses bras, et les raisons pour laquelle il se montrait si peu altruiste.

Ce n'était pas une bonne chose, il leur fallait le plus de clarté d'esprit possible s'ils voulaient espérer venir à bout de cette menace grandissante qui les enveloppait comme un épais et sombre brouillard. Il ne fallait pas que, sous couvert de se dévouer à la cause qu'ils défendaient (ce qui était le cas, sans l'ombre d'un doute), ils en oublient de vivre, et de conserver ce qui faisait leur équilibre, et donc leur force. Cela passait par les nécessités usuelles de l'existence (boire, dormir, manger), et par quelques essentiels qu'ils devaient à tout prix ne pas oublier, à commencer par l'amitié, car si les voyageurs ne se montraient pas soudés les uns envers les autres (ce qui avaient été quelque peu le cas ces derniers temps), l'ennemi pourrait fondre sur eux avec toute la facilité du monde. Et l'amour, aussi, sans doute, même si Hermione avait tendance à reléguer ça au second plan, compliquant au passage plus que nécessaire la situation avec Ron, alors qu'il lui suffirait d'être honnête pour tout décanter et pour faciliter bien des choses (honnête comme Harry l'avait été avec Ginny, ce qu'Hermione ignorait encore). À propos de Ron, d'ailleurs, Hermione esquissa un sourire amusé quand Harry évoqua ses ronflements. Au moins, lui, parvenait à dormir à poings fermés. Quelle aubaine.

-Je crois que j'aurais du mal à l'imiter. Avec les vacances qui approchent...

Elle ne se montra pas plus explicite, mais elle supposait que Harry avait deviné. Au terme de l'année scolaire, qui approchait de plus en plus, s'ils étaient toujours coincés à cette époque (et, autant le dire, les probabilités étaient plus que fortes), il allait falloir changer leur mode opératoire. Jedusor ne serait plus à Poudlard, techniquement eux non plus (à voir pour Ginny et Luna, mais dans l'idéal, Hermione préfèrerait qu'elles quittent l'école avec eux), et la suite allait donc se corser... comme si les choses n'étaient pas assez compliquées comme ça. Déjà, il fallait qu'ils sachent atteindre les objectifs qu'ils s'étaient fixés avant que de dire au revoir à Poudlard, et ce n'était pas gagné. Rien ne servait de s'appesantir là-dessus immédiatement, ils auraient tout le loisir de le faire plus tard.

-Tu as pu parler à Ginny, récemment ?

Depuis son retour de l'infirmerie, Hermione et elle avaient parlé un peu, et Hermione avait le sentiment que quelque chose avait changé chez Ginny, comme si cette épreuve avait entraîné chez elle une profonde prise de conscience. Elle semblait en tous cas déterminée à se battre, et évidemment, c'était une excellente chose. Hermione se demandait si Harry et elle en avaient justement parlé.

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h ça, c'est sûr, Hermione donnerait cher pour savoir le secret de Ron, celui-là même qui lui permettait si sereinement de trouver les bras de Morphée quand la jeune femme n'y avait pas le droit. Et pourtant, elle avait quelque peu reproché au jeune homme, justement, cette décontraction qu'elle ne savait avoir, puisqu'elle se sentait sans cesse tendue, anxieuse, puisqu'elle appréhendait toujours. Parce qu'elle imaginait alors qu'il occultait les problèmes plutôt que de les voir en face. Mais leur dernière conversation lui avait fait voir les choses autrement. Ron, en vérité, était pleinement conscience des problèmes, c'est seulement qu'il savait quelle importance il y avait à savoir vivre malgré tout, pour ne pas se laisser dominer par ses préoccupations, pour ne pas devenir presque fois, folie qu'Hermione ne se sentait pas loin d'atteindre, ces temps derniers, alors que leurs quelques initiatives trouvaient toujours une réponse mille fois plus violente de la part du camp adverse. De quoi vous décourager des plus certainement... Là, même alors qu'elle pourrait profiter de la présence de son meilleur ami pour se changer les idées, elle se trouvait incapable de les oublier, et le fait que Harry les partage n'aidait bien évidemment pas. Raison pour laquelle elle avait parler de Ginny à Harry, sans la moindre arrière-pensée... Du moins, sans aucune arrière-pensée au départ, mais cela allait rapidement changer.

Ce n'était pas la première fois qu'ils discutaient d'elle, c'est un fait, que ce soit à cause de sa tendance à faire bande à part des débuts qui s'était heureusement calmée, à cause de son agression récente ou tout simplement parce qu'Hermione n'était pas aveugle, loin s'en faut, et qu'elle avait parfaitement compris que Harry voyait dans la soeur de son meilleur ami plus qu'une simple amie, et jusque là, ils avaient tous les deux pu parler très franchement, sans gêne ni malaise. Cette fois, quelque chose avait changé. Hermione connaissait bien Harry. Logique, après tout, c'était son meilleur ami, elle savait lire entre les lignes, comprendre les signes... mais là, franchement, il n'y avait pas besoin d'être legilimens ou extralucide pour comprendre que le jeune homme lui cachait quelque chose, et que ce quelque chose concernait la rouquine. Se serait-il passé quelque chose lors de sa visite à l'infirmerie qu'il omettrait de lui apprendre ? Elle gageait que oui, et il lui semblait même savoir quoi. Jamais il n'aurait prononcé un simple "vite fait" autrement. Un sourire en coin s'esquissa sur le visage de la rouge et or.

-Mais encore ? Son regard ne lâchait pas Harry, dans l'espoir qu'il tourne le sien dans sa direction, souhaitant y déceler ce que le fait qu'il refuse de la regarder dans les yeux semblait déjà prouver, pour tout dire. Si je ne te connaissais pas, Harry, je dirais que tu me caches quelque chose.

Et elle le connaissait très bien. Il n'allait pas pouvoir se défiler. Pas après avoir si mal prétendu qu'il n'y avait rien au moment où elle aurait encore pu y croire. Quoi ? S'il s'était passé quelque chose avec Ginny, il pouvait bien le lui dire, non ? Ce n'était pas elle qui allait lui faire des reproches ou les blâmer, tous les deux. Au contraire, ce serait plutôt l'inverse.

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arry avait tout intérêt à ne rien cacher à Hermione, en effet, car quand bien même il en prendrait l'absurde initiative, la jeune femme le saurait tout de suite. Voilà sept ans qu'ils se connaissaient, qu'ils se côtoyaient presque tous les jours, elle faisait partie de ceux qui le connaissaient le mieux, et il ne pouvait pas espérer avoir le moindre secret pour elle. Et à quoi bon, après tout ! Il était son meilleur ami, non ? Oui, il l'était.Tant et si bien qu'il n'avait pas vraiment besoin de dire quoi que ce soit pour qu'elle sache ce qu'il s'apprêtait à lui avouer. Elle voulait seulement l'entendre sortir de sa bouche, mais elle savait déjà pertinemment ce qu'il allait lui dire. Et en effet. Il était allé voir Ginny à l'infirmerie et, comme elle l'avait présumé, ils ne s'étaient pas contenté de parler de la pluie et du beau temps (ça aurait été mal leur ressembler, il faut dire, aussi). Il n'eut pas à se montré plus explicite quand il apprit à la jeune femme qu'ils s'étaient "un peu" rapprochés, elle savait très bien où il voulait en venir, tout comme elle comprenait par la même que "un peu" était un doux euphémisme.

Si elle avait eu le moindre doute, quoi qu'il en soit, le sourire d'amoureux transi qu'affichait Harry en cet instant aurait parlé à sa place. Le jeune homme sortait donc avec Ginny. Enfin ! Cela faisait un moment qu'elle pressentait qu'il se tramait quelque chose entre eux, elle l'avait dit à son meilleur ami, d'ailleurs, elle était bien heureuse d'avoir vu juste. Le contexte n'était peut-être pas idéal, mais quelle importance ? S'il s'avérait qu'ils ne rentrent pas dans leur époque, il n'y aurait de toute façon pas de contexte idéal, alors quelle importance cela pouvait-il bien avoir ? Aucune importance, l'essentiel, c'est que Harry et Ginny s'étaient finalement trouvés, et ils n'en seraient que plus forts pour affronter ce qui devait les attendre. Hermione sourit, quoi qu'il en soit, elle était heureuse pour ses deux amis, et elle avait bien l'intention de les soutenir... et d'éventuellement les défendre contre Ron s'il s'avérait que ce dernier pique une crise inutile. Car elle devinait que c'était à cause de Ron, surtout, que le survivant s'était montré quelque peu réticent à l'idée d'apprendre à sa meilleure amie son histoire avec le frère du rouquin.

-Je suis vraiment contente pour vous. Et ne t'en fais pas, je tiendrai ma langue.

Elle n'avait aucune raison de moucharder, de toute manière, c'était leur histoire, pas la mienne, même si elle se serait quand même sentie vexée si Harry n'avait pas pris la peine de la mettre dans la confidence, ce qu'il ne lui avait heureusement pas fait l'affront de faire. Ginny et Harry étaient ensemble. Quelque part, ça faisait bizarre. Et quelque part, aussi, Hermione les jalousait. Elle n'arrivait pas à faire la part des choses, elle se concentrait tant et si bien sur son objectif qu'elle brimait d'instinct et presque mécaniquement toutes les tentatives d'approche (pas forcément très subtiles, au demeurant) de Ron à son adresse, et pourtant, ce n'était pas faute d'en avoir envie, elle s'était seulement convaincue que ce serait incompatible à la situation actuelle. Mais si Harry y arrivait, lui...

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e laisser aller, tout simplement. Dit de cette manière, ça avait l'air si simple ! Et ce devait sans doute l'être, effectivement. Il n'y avait aucune raison que cela ne le soit pas. Il suffisait de mettre de côté, juste quelques instants, toutes ses préoccupations, et de se jeter à l'eau. On ne pouvait pas passer sa vie à ruminer sans cesse, encore et encore, les mêmes problèmes, c'était à devenir dingue, et la rouge et or ne pouvait que le savoir, puisqu'elle avait l'impression de devenir folle, de se rendre malade à force de ne se focaliser que sur des considérations qu'elle n'arrivait jamais à occulter, à aucun moment, quand bien même c'était tout sauf sain. Elle avait tout d'abord considéré que songer à autre chose que ce qui les avait peut-être menés à ce voyage temporel d'apparence accidentelle au départ, était une faiblesse, qui allait les détourner d'objectifs plus nobles, elle commençait à penser l'inverse. Ce n'était pas parce que Harry et Ginny sortaient ensemble qu'Harry allait être moins concentré sur la cause qui les concernait. Au contraire, quelle meilleure motivation pouvait-on bien avoir au monde ? Et Hermione savait qu'elle pouvait en avoir une identique. Il suffisait de sauter le pas. Elle connaissait suffisamment Harry pour ne pas se rendre compte que son propos contenait un message subliminal. Il parlait de Ron, bien sûr, et du fait que, elle non plus, n'avait pas à se refuser d'être bien avec lui, sous des prétextes qui n'étaient pas vraiment valables. Le message était passé. Même si Hermione n'était pas pour autant certaine que, la prochaine fois qu'elle se retrouverait seule avec Ron. La théorie était toujours plus évidente que la pratique. Combien de fois Hermione s'était-elle imaginé avouer ses sentiments à Ron, avant de se raviser. Elle savait, pourtant, qu'à certaines occasions, le jeune homme lui avait donné la possibilité de se mettre à nu (au sens propre, hein, pas au figuré, précisons-le), et à chaque fois, elle avait priorisé les choses et s'était voilée la face. Pourtant, il n'y avait pas d'ordre à donner à ses priorités, elles étaient de deux natures différentes, et Harry lui donnait bien la preuve qu'elles n'étaient pas le moins du monde incompatibles.

-Tu as sûrement raison. accepta-t-elle d'admettre. Mais quand je songe à faire pareil... Elle marqua une pause. Ce n'était jamais simple, même auprès de son meilleur ami, de se confier sur ce genre de sujets. D'autant que Ron restait également le meilleur ami de Harry, elle n'avait ni l'envie de le mettre en porte-à-faux, ni l'intention de le mettre mal à l'aise. Il se passera quoi, s'il m'envoie balader ? demanda-t-elle, mettant par la même un jour une crainte qu'elle n'avait jamais dévoilé jusque-là, mais qui ne jouait pas non plus en faveur de ce lâcher-prise que lui conseillait Harry, et contre lequel elle était loin d'être, en vérité.

Elle esquissa un léger sourire. C'était très étrange, d'avoir une conversation en soi si légère quand ils passaient la majeure partie de leur temps à organiser l'offensive contre Tom Jedusor, mais c'était bien loin d'être déplaisant.

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étendre en long, en large et en travers sur ses affaires de coeur, ce n'était pas naturellement dans le tempérament d'Hermione, bien au contraire. Cela pouvait lui arriver, bien sûr, que de s'abandonner à quelques confidences du genre (qu'elle réservait généralement à Ginny, car tout meilleur ami qu'Harry puisse être à ses yeux, il n'en était pas moins un garçon, et sur certains aspects, ça ne manquait pas d'être problématique). Non pas qu'elle tienne absolument à être une chose frigide et imperturbable qui rejetterait l'idée même de sentiments, mais parce que c'était un domaine dans lequel elle ne maîtrisait rien du tout. Normal, ce n'était pas un domaine où la maîtrise ou le contrôle avaient quelque rôle à jouer que ce soit. Elle ne pouvait que se laisser porter et accepter de n'avoir aucune influence sur ce qui se passait en elle, et c'était difficilement acceptable, quand on avait à ce point l'habitude, comme elle, de prendre constamment sur soi. Et dans la situation où ils se trouvaient, elle avait l'impression de devoir plus encore faire preuve de se self-control, comme si ses sentiments pour Ron devaient vraiment relever d'une certaine faiblesse. Évidemment, c'était une erreur, et une leçon qu'ils avaient pourtant déjà eu l'occasion d'apprendre à plus d'une reprise. Considérer que les sentiments humains puissent être une faiblesse, c'était ne pas valoir plus que Lord Voldemort. Ils étaient au contraire une force, et il suffisait de voir la détermination que semblait avoir insufflé en Harry sa relation nouvelle avec Ginny pour en avoir la certitude. Alors oui, il fallait lâcher prise. Juste lâcher prise. C'était toujours plus facile à dire qu'à faire, surtout quand, comme Hermione, on était affublé d'une peur panique de l'échec. Elle ? Se déclarer à Ron ? Bien sûr qu'elle y pensait, et depuis longtemps. Mais elle ne pouvait s'empêcher de penser aux conséquences si elle essuyait un refus de sa part. Ce n'était pas qu'une question d'orgueil ou de coeur brisé, leur "amitié", même si elle était ponctuée de bien nombreuses crises de bec, était solide, elle n'avait pas envie de briser ça, surtout maintenant, au moment où ils avaient tous, et plus que jamais, besoin d'être unis, unis dans l'adversité. Harry entendait ses craintes, mais visiblement, il les trouvait complètement infondées, et Hermione le trouvait bien sûr de lui, alors qu'il affirmait que Ron ne l'enverrait pas balader.

-T'en sais rien. répondit-elle dans un léger sourire. Elle marqua une pause, son regard se perdit quelques secondes sur un point quelconque dans l'horizon avant de se reposer sur Harry. Il n'en savait rien. Mais peut-être que si. Il t'a dit quelque chose ? demanda-t-elle alors d'un ton qu'elle voulait détaché, et qui donc faisait très mal son travail, alors que son regard retrouvait ce point insignifiant de l'horizon auquel la jeune femme n'aurait jamais prêté garde dans des circonstances différentes.

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u fond, Hermione aurait aimé que son meilleur ami lui dise que Ron et lui avaient parlé concrètement d'elle. Non pas que cette perspective la réjouirait infiniment non plus, car elle n'aimait pas forcément qu'on parle d'elle dans son dos (alors que c'était ce qu'elle était en train de faire par rapport à Ron), mais au moins aurait-elle eu une certitude sur laquelle s'appuyer. Certes, cela n'aurait jamais fait qu'écourter une échéance manifeste, car ils ne pouvaient pas non plus s'amuser à tourner autour du pot éternellement, c'est évident, mais elle se serait sentie un peu plus rassurée quant à la marche à suivre. C'est que la situation était très inédite pour elle. Aller au-devant de ses sentiments, de cette manière, même si elle ne manquait pas de courage pour le reste, elle ne l'avait jamais fait. Le seul garçon avec lequel elle était plus ou moins sortie (pour peu que l'on puisse dire qu'elle et Krum étaient sortis ensemble), elle n'avait rien fait pour accaparer son temps et son attention. Là, ce n'était évidemment pas pareil. Parce que c'était Ron. C'était Ron, et Hermione n'avait pas envie de tout gâcher. Elle aimait quand tout était clair, elle aimait avoir des certitudes, et là, aucune ne se faisait jour. Elle n'avait que la parole de Harry, et même si elle avait toute confiance en lui, c'était en elle-même qu'elle peinait à avoir confiance. Mais ça ne pouvait pas durer. Ils étaient en situation de crise, ils vivaient des situations vraiment graves, ce n'était pas le moment de se pourrir l'esprit et le coeur avec des problèmes qui n'en étaient pas, en réalité. Il disait ça, il disait rien. Mouais... En même temps, elle ne pouvait pas lui reprocher d'attendre que ses deux meilleurs amis parlent entre eux. Il devait en avoir assez, pour sa part, de cette situation et de leurs relations en dent-de-scie. Elle ne répondit rien, mais elle savait bien où il voulait en venir. Harry n'ajouta rien sur le sujet, se contentant de dire qu'il allait tenter de dormir un peu. Elle hocha la tête. Il faudrait sans doute qu'elle fasse de même, même si, pour le moment, il était évident qu'elle serait proprement incapable de trouver le sommeil. Pas tout de suite, en tous cas,  elle avait besoin de cogiter sur la situation, et d'y réfléchir à tête reposée.

-Bonne nuit. lui dit-elle seulement, esquissant un léger sourire, le laissant s'en aller.

Pour sa part, elle trouva sur une table à proximité un livre quelconque sur lequel elle n'aurait jamais posé les yeux si elle n'avait pas le simple besoin de s'occuper les mains et l'esprit, en attendant de rejoindre à son tour les bras de Morphée. Un rien de sommeil ne lui ferait, sans nul doute, que le plus grand bien.

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