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om n'était pas de nature à apprécier les échanges épistolaires... Il faisait à peine l'effort d'envoyer un ou deux courrier à Lou durant l'été, toujours laconiques et où ne transperçait pas l'ombre d'un sentiment (puisqu'il n'en ressentait pas), ce n'était que depuis le début de cette année scolaire qu'on pouvait le voir beaucoup plus régulièrement fréquenter la volière du château et recevoir la visite de nombreux hiboux. C'est qu'il y avait pour lui enfin une raison valable d'envoyer des lettres. Donner des nouvelles d'autrui ou en prendre, ce n'était clairement pas dans ses habitudes, et pour cause, autrui ne revêtait aucun intérêt à ses yeux, en tous cas pas suffisamment pour qu'il s'ennuie à ce genre d'échanges inutiles. Autrui n'avait de la valeur pour lui que s'il savait servir ses plans comme il se doit, et c'était bien ce qui légitimait le fait que, ce matin-là, l'aube encore levée, alors que toute l'école de magie semblait encore sommeiller, qu'il se soit rendu à la volière pour envoyer un courrier.

La donne avait changé. Depuis la rentrée scolaire, il avait plusieurs émissaires en dehors de Poudlard qu'il se devait de maintenir au courant de ses plans et à qui il devait confier à distance ses directives (tout en les confiant à demi-mot, bien sûr, car il ne faudrait pas que qui que ce soit mettant la main sur ce courrier puisse en déterminer les origines et l'impact.) Tout était codé, mais c'était là des codes que son destinataire (et lui seul) comprendrait aisément. Une invitation à des projets qui devraient faire avancer d'un grand pas son ambition devenue de plus en plus dévorante, et qui semblait très clairement ne plus devoir connaître la moindre limite, aucune autre limite que celle de l'imagination qui inventait et soutenait tous ces desseins macabres, et mettait toute son énergie au profit de ce dernier. La lettre était destinée à Borodine, et Tom la regarda un instant s'envoler en même temps que le hibou à la patte de laquelle il l'avait accrochée les bras croisés sur le contour d'une ouverture qui donnait sur l'extérieur, donnant vue sur le parc, le lac, et la forêt interdite.

Détournant son regard (les grands paysages bucoliques, ce n'était pas spécialement un objet d'intérêt et de fascination pour lui), il s'apprêtait à descendre les marches de la tour et à se rendre dans sa salle commune pour préparer ses affaires avant de se fondre dans la masse des élèves qui se rendraient dans la grande salle pour prendre leur petit déjeuner. Mais à peine avait-il fait un pas qu'il en entendit d'autre, de pas, qui eux montaient jusqu'à la volière. Tom aurait très bien pu l'ignorer et passer son chemin, si la personne en question n'avait pas de quoi l'intéresser, Jordan Winx, un potentiel. Il possédait en tous cas bon nombre de ces qualités qui pourraient lui permettre d'être un élément de choix parmi les chevaliers de Walpurgis. Bien évidemment, l'Héritier de Serpentard n'avait pas l'intention de passer à côté de l'occasion. C'était peut-être l'occasion.

-Bonjour Jordan.

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i Tom avait véritablement conscience d'à quel point son interlocuteur pouvait bien l'idôlatrer, il mettrait sans doute moins de formes à leurs conversations, ne tournerait pas autour du pot, et entrerait bien vite dans le vif du sujet. Il suffisait de voir de quelle manière il avait procédé pour d'autres de ses chevaliers, dont l'idôlaterie était par contre manifeste, comme Lou ou Daniel. Mais rien ne justifiait évidemment qu'il soit au courant concernant Jordan, à moins d'avoir lu dans son esprit, ce qu'il n'avait guère l'intention de faire pour le moment. Chaque chose en son temps, et il était décidé à le prendre, son temps. Pour s'assurer de faire le bon choix en lui proposant de rejoindre ses rangs, pour avoir la certitude de ne pas avoir à le regretter par la suite, il devait s'assurer de ses aptitudes, de ses compétences, et de sa loyauté future afin de ne pas regretter sa décision par la suite. Tom le regarda, cherchant la meilleure entrée en matière possible pour parvenir à ses fins. Il allait certainement falloir commencer comme pour une conversation classique, quotidienne, qui, d'un point de vue extérieur, passerait pour banal et sans enjeu particulier, mais en gagnerait très sûrement un au fil de la conversation, si elle prenait la tournure attendue. Cependant, Tom n'avait pas envie de perdre trop de son temps et de sa salive non plus, il aimait les affaires rondement menées, et répugnait à consacrait trop de temps à une entreprise qui aurait pu être accomplie plus vite... ou qui était vouée à l'échec, c'est selon. Enfin, il pouvait bien, malgré tout, être patient, c'était une qualité primordiale à ses yeux, surtout quand on se trouvait dans sa situation, où l'on mettait tout en place, où l'on dessinait le dessein... mais sans que, au final, rien ne soit encore concret. Pour cela, il faudrait qu'il ait quitté Poudlard. Jamais il n'avait à ce point eu l'envie de quitter l'école de magie, et pourtant, Merlin sait qu'il y tenait bien plus qu'à n'importe quel autre être humain. Si tant est qu'on puisse le qualifier d'être humain.

-Comment te portes-tu ?

Finalement, il avait opté pour l'entrée en matière classique, celle qui risquait fort de lui prendre un certain temps, mais qui avait sans doute plus de chances d'être efficace. En définitive, Tom se moquait plutôt de savoir si Jordan allait bien ou pas, si tout allait bien dans sa vie ou non, ce qu'il voulait, c'était le faire participer à quelque chose de plus élevé que le quotidien morne d'un étudiant lambda, lui permettre d'acquérir un statut digne, et de servir de hautes et nobles ambitions. Mais pour en arriver là, il fallait passer par cette légère et embarrassante convention sociale. Une fois que la conversation se serait bien amorcée, il serait bien plus simple d'obtenir ce qu'il désirait. Et qu'ils désiraient peut-être tous les deux, au final, même si aucun d'entre eux n'allait encore aborder concrètement le sujet pour le moment.

code by Mandy

S

e moins que l’on puisse dire, c’était que Jordan avait décidé de jouer la carte de la transparence la plus totale, et il était plus qu’évident que cela arrangeait très largement le futur seigneur des ténèbres qui découvrait à présent qu’il ne devrait pas avoir grande difficulté à mener le jeune homme jusqu’à ses rangs. Par plusieurs aspects, il lui faisait penser à Daniel, et puisque ce dernier n’était plus à Poudlard, envisager d’avoir un Daniel bis à disposition n’était clairement pas pour lui déplaire, et pourrait bien lui être infiniment utile. Le jeune homme devinait qu’il lui suffirait de proposer de but en blanc pour que son interlocuteur accepte son offre, mais même si, dans l’enthousiasme qu’il mettait à l’idée de le voir, il lui facilitait très clairement la tâche, Tom avait tout de même l’intention d’y mettre un tant soit peu les formes. Ne serait-ce que parce que cet enthousiasme, s’il avait l’air des plus sincères, pouvait bien dissimuler quelques mauvaises intentions, et il fallait d’abord qu’il s’assure du contraire. Il savait qu’à mesure qu’il gagnait n puissance et en partisan, il gagnait également en opposants, en personnes soucieuses de ne pas le voir parvenir à ses fins, ces satanés voyageurs temporels en tête. Mais il saurait les faire taire, et il saurait rapidement discerner le vrai du faux dans propos de son interlocuteur (du moins, il était convaincu de le pouvoir, pas seulement parce qu’il était legilimens, quoique cela pouvait très concrètement jouer, mais tout simplement parce qu’il avait de lui-même une estime si grande qu’il n’imaginait pas que les choses puissent se dérouler différemment). Et d’ailleurs, ce dernier venait de leur trouver un sujet de conversation idéal, qui lui permettrait rapidement d’en avoir le coeur net.

Car oui, la question de Jordan pouvait paraître particulièrement banale et anodine, et elle l’était, quelque part, mais c’était souvent des situations les plus quotidiennes que l’on pouvait tirer le meilleur. Le meilleur d’autrui, et inviter aux confidences et aux révélations les plus inattendues, celles qui se concentraient dans les gestes familiers et dans les propos qui semblaient avoir été entendus un bon milliard de fois. Alors il allait répondre, à sa manière bien à lui, et sans complètement mentir, par ailleurs, ce qui de sa part, même s’il savait parfaitement donner l’illusion du contraire, était chose extrêmement rare.

-À vrai dire, j’avais quelques affaires à régler à l’extérieur de l’école. De la part d’un élève de septième année, le propos pouvait sembler surprenant, mais c’était effectivement l’idée et la volonté du préfet en chef des verts et argent. Et par ailleurs, il savait pertinemment que ce serait le meilleur moyen d’initier un conversation qui pourrait bien devenir exceptionnelle. Mes… activités extra-scolaire… il appuyait bien sur les mots essentiels pour y laisser peser le bon dosage de mystère… réclament beaucoup de mon temps et de mon organisation.

Le sous-entendu se faisait de lui-même, et Tom espérait bien avoir piqué la curiosité du jeune homme.

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