Lexie venait de recevoir une lettre de son père, l’une de ces habituelles lettres où il lui disait qu’il avait hâte de la revoir. Les vacances approchaient et son père semblait impatient qu’elle rentre à la maison. La jeune femme savait que son père l’adorait, elle l’adorait aussi d’ailleurs, mais elle ne l’avait jamais vu aussi impatient de la voir rentrer. Elle se demandait bien pour quelle raison il avait à ce point hâte que les vacances arrivent. Surtout que de son côté, on ne pouvait pas vraiment dire que la verte et argent était vraiment pressée que les vacances pointent le bout de leur nez. Sa mission pour son maître avançait doucement mais surement, la jeune femme ne craignait pas vraiment de représailles. Elle pensait pouvoir peaufiner les derniers détails avant que les vacances n’arrivent pour de bon. Les examens, elle n’en avait que faire depuis le début de sa scolarité donc ce n’était pas quelque chose qui allait la stresser plus que cela. Mais elle n’avait pas envie de voir arriver ces deux longs mois de vacances, Poudlard allait lui manquer. L’école de magie, mais pas seulement, Melody aussi. Malgré la conversation un peu compliquée qu’elles avaient eu quand Lexie avait avoué à Melody qu’elle faisait partie des Chevaliers de Walpurgis, les sentiments de la verte et argent n’avaient pas changés. Cependant, elle craignait encore plus ce temps d’absence où elles allaient avoir beaucoup de mal à se voir. Parce qu’elle avait peur que Melody décide de l’abandonner purement et simplement à force de ne pas la voir. La jeune femme n’en revenait toujours pas de ressentir cela pour quelqu’un, mais elle se sentait déprimer de plus en plus à l’approche de cette fin d’année et de ces semaines chez elle. Ça ne lui ressemblait pas vraiment. La preuve que ce qu’elle ressentait pour la bleue et bronze n’était pas rien.

Enfin, elle n’avait pas le choix et Lexie n’était pas pour autant du genre à déprimer toute seule dans la salle commune des Serpentard. Quand elle eut terminé de bidouiller un parchemin qu’elle devait rendre le lendemain pour le cours d’histoire de la magie, elle décida de quitter la salle commune pour rejoindre la Grande Salle et retrouver ses camarades pour manger. Mais alors qu’elle marchait dans le couloir, son chemin croisa celui d’une Poufsouffle. C’était rare de voir les élèves d’autres maisons trainer dans les sous-sols. Ils n’avaient pas vraiment de raison de s’y trouver en dehors des heures de cours (quand ils allaient en cours de potion par exemple). Lexie ne prêta pas spécialement attention à Brunett (elle connaissait quand même son nom de famille, sans pour autant lui avoir déjà parlé de sa vie), pensant se contenter de passer son chemin. Mais alors qu’elle arrivait à sa hauteur, Lexie remarqua le regard insistant de la jeune femme.

« Qu’est-ce que tu me veux ? »

Lui demanda-t-elle sans prendre la peine de se montrer aimable. Et puis quoi encore ?

Lexie ne comprenait vraiment pas pourquoi cette jaune et noire se retrouvait devant elle pour lui parler. Enfin, la verte et argent ne savait pas si elle voulait lui parler ou non, mais puisqu’elle se plantait devant elle, elle osait croire que c’était ça. La jeune femme ne prit pas la peine de se montrer très agréable, forcément, elle n’avait aucune raison de le faire. Elle ne comprenait pas pourquoi une Poufsouffle se retrouvait ainsi dans les sous-sols alors que les cours de potion n’avaient pas lieu. Clio Brunett rétorqua alors qu’elle n’attendait pas de sa part son amabilité. Encore heureux, parce que sinon elle allait attendre longtemps. Lexie n’avait aucune raison de se montrer aimable avec elle, surtout qu’elle ne se doutait pas une seule seconde de sa venue. Déjà, c’était Brunett qui venait l’ennuyer dans les couloirs des sous-sols (et donc le lieu de prédilection des Serpentard rappelons-le), elle n’avait vraiment aucune raison d’être sympathique. Lexie ne prit cependant pas la peine de répondre à la remarque, ça n’avait pas d’utilité. Elle attendait simplement l’excuse que Clio allait bien pouvoir lui sortir pour expliquer sa présence devant elle.

Elle finit par venir à cette raison. Elle lui affirma alors qu’elle se demandait si c’était elle qui rendait heureuse son amie. Elle l’observait, parce qu’elle se demandait vraiment comment cela pouvait être possible. Lexie était étonnée d’entendre les paroles de cette jaune et noire, se demandant bien où elle voulait en venir. Cela l’étonnerait qu’elle ait beaucoup d’amie chez les Serpentard et il fallait bien avouer qu’elle n’avait pas non plus de raison de rendre quelqu’un heureux. En dehors de Melody, ce qu’elle n’appréciait pas vraiment comprendre. C’était Melody son amie ? Et si c’était elle, elle était au courant ? La verte et argent ne pouvait pas s’empêcher de sentir une tension dans son dos. Elle n’aimait pas vraiment l’idée que quelqu’un soit au courant. Pas que ça la dérange de vivre sa relation aux yeux de tous, en réalité elle adorerait ça, mais elle savait parfaitement ce qui pouvait arriver aux personnes comme elles. Deux femmes qui s’aimaient, ce n’était vraiment pas dans les mœurs des personnes vivants à leurs époques (et encore moins dans les familles de sang-pur).

« Déjà, je ne vois pas du tout de quoi tu parles. » Répondit-elle toujours sur le même ton, ne voulant rien montrer de son trouble. Et puis quoi encore ? « Mais je ne vois pas du tout ce que j’aurais à rendre une personne qui serait amie avec toi heureuse. » Lexie avait après tout l’attitude digne d’une Serpentard. « Tu parles de qui ? »

Tant qu’à faire, Lexie avait envie d’avoir le cœur net. Peut-être que Clio se faisait des idées n’importe comment, qu’elle ne parlait pas du tout de Melody. Honnêtement, la jeune femme avait bien envie que ça soit se cas de figure, qu’elle ne se retrouve pas confronté à une personne capable de deviner leur secret, alors qu’elles mettaient tout en œuvre pour bien se cacher (ce qui était relativement frustrant au passage).

Lexie n’avait vraiment pas envie que Clio continue de jouer avec ses nerfs. Elle avait envie de savoir de qui elle était en train de parler, pour savoir si elle devait s’inquiéter ou non. Visiblement, la jeune femme avait l’impression que la verte et argent devrait connaitre ses amis, mais elle n’en avait vraiment rien à faire de ses amis. La jeune femme attendait donc que la jaune et noire décide enfin de lui en dire un peu plus, afin qu’elle sache si elle devait s’inquiéter ou non. C’était une évidence pour les deux jeunes femmes qu’elles ne devaient pas se faire découvrir, qu’elles devaient garder secret leur relation. Dans cette époque, dans ce monde, ce n’était pas du tout le genre de relation autorisé. Elle ne risquait pas simplement de se faire mal voir par leurs familles, elles risquaient beaucoup plus. Clio ne savait peut-être rien, mais elle avait peut-être un début de piste. En tout cas, Lexie pouvait difficilement s’empêcher d’être curieuse. Il était important qu’elle sache de quoi voulait parler Clio, afin de pouvoir se détendre ou non. Elle espérait grandement qu’elle ne parlait pas de Melody en tout cas, sinon ça signifiait qu’elles ne se cachaient pas assez bien.

Clio reprit la parole en affirmant que c’était normal qu’elle ne voit pas de qui elle parlait, puisqu’elle n’avait pas donné de nom. Cette fille avait vraiment le don de l’agacer, quoi qu’elle dise. Elle se rendait bien compte qu’elle ne lui avait pas donné de nom et c’était bien pour cela qu’elle lui posait la question. S’il n’y avait pas eu ce léger doute qu’elle parle de Melody, Lexie l’aurait envoyé balader d’une force avant de la laisser planter toute seule dans le couloir. Mais elle se contenait du mieux possible, simplement parce qu’elle avait besoin de ces informations. Clio parla, encore et encore, pour finalement ne donner aucun nom. Elle jouait vraiment avec la patience de Lexie, qui n’en avait pas énormément dans ce genre de situation.

« Contrairement à ce que tu penses, je n’en ai rien à faire de toi et de qui tu as comme amie. » Lui lança-t-elle comme un serpent lançant son venin (ce qui lui convenait bien, au vu de sa maison). « Alors, si tu n’as pas l’intention de me dire de quoi tu veux parler, grand bien te fasse, c’est pas mon problème. » Bon, elle disait cela, mais elle avait quand même envie de savoir, sauf qu’elle n’avait pas l’intention de se rabaisser pour la supplier de parler. « J’ai tendance à rendre les autres plus malheureux qu’heureux, je te déconseille de trop me taper sur le système si tu ne veux pas en faire les frais. »

Autant dire, Lexie n’allait pas se montrer bien patiente si elle continuait de jouer les mystérieuses comme elle était en train de faire. Et si jamais elle ne lui disait rien du tout, elle n’aurait qu’à voir ça directement avec Melody.

Lexie n'était vraiment pas une jeune femme patiente, bien au contraire. Quand elle n'avait pas ce qu'elle voulait, quand elle le voulait, elle se sentait particulièrement agacée. Evidemment, il y avait des situations où elle parvenait à prendre un peu plus sur elle - quand cela concernait les chevaliers par exemple - mais d'une manière générale, elle n'était pas patiente. Cette Clio l'agaçait fortement donc, parce qu'elle sous entendait des choses sans les dires. La jeune femme ne comprenait vraiment pas à quoi elle était en train de jouer et pourquoi elle "s'amusait" comme ça avec ses nerfs. Et surtout, la verte et argent se demandait bien ce qu'elle savait. Est-ce que la jaune et noir savait quelque chose de la relation entre elle et Melody ? Lexie ne savait pas et elle avait bien envie de le savoir justement. La relation entre les deux jeunes femmes devaient absolument rester secrète au vu des visions de la société sur ce genre de "phénomène". Lexie n'avait aucune envie d'être traité de folle parce qu'elle était amoureuse d'une fille, ce n'était pas comme si elle l'avait décidé à un moment donné. Mais maintenant, elles se montraient particulièrement discrète, ce n'était pas une bonne chose que quelqu'un soit au courant. Cela étonnerait énormément Lexie que Melody ait décidé de se confier, même si ce n'était pas non plus inenvisageable. Par moment, Lexie aussi avait envie de se confier, mais elle n'avait personne en qui elle avait suffisamment confiance.

Clio affirma donc qu'elle ne pouvait pas souffrir plus que ce qu'elle souffrait déjà, donc qu'elle n'avait pas peur de la verte et argent. Celle ci ne manqua pas de pousser un soupir, agacée par ces propos. Pauvre enfant qui était la victime de ses camarades. Lexie n'était clairement pas la mieux placée pour plaindre Clio. Elle n'allait pas le faire, mais de toute façon, la suite des propos de Clio la troublèrent. Lexie sentit un long frisson parcourir son échine quand elle entendit le nom de sa petite-amie sortir de la bouche de la jaune et noire. C'était donc bien elle alors ? Oui... Qu'est-ce qu'elle devait dire et faire ? Lexie aurait besoin de parler avec la bleue et bronze pour savoir exactement ce que Clio savait, si elle s'était confiée. En attendant, il valait mieux qu'elle ne prenne pas de risque. Leur relation ne devait pas se savoir.

"Farnsworth ?" Demanda-t-elle en jouant la surprise, ne prenant évidemment pas la peine d'appeler la jeune femme par son prénom. Elles ne devaient pas être aussi intimes. Malheureusement, Lexie ne parvenait pas à être aussi à l'aise qu'elle aurait aimé, parce qu'elle était un peu décontenancée. "Si j'ai envie de la rendre malheureuse, je fais ce que je veux." Affirma-t-elle en souriant, jouant évidemment. Elle n'avait aucune envie que Melody soit malheureusement et encore moins à cause d'elle. Elle ne le supporterait pas. "Mais crois moi, j'en ai rien à faire de ta copine, comme de toi."

Lexie cherchait vraiment à faire comme si de rien n’était, mais elle n’aimait vraiment pas l’idée que Melody entre dans leur conversation. Quoi qu’en même temps, connaissant la jaune et noir qui se trouvait sous ses yeux et ses fréquentations, Lexie s’était un peu doutée que c’était bel et bien de sa petite-amie qu’il s’agissait. Sauf que personne ne devait savoir qu’elle était sa petite-amie justement. Lexie ne comprenait vraiment pas comment Clio avait pu le comprendre, puisqu’elle l’avait bien compris apparemment. Melody et Lexie étaient vraiment prudente, elle faisait attention de se ne pas se montrer en public. Pas même en temps qu’amies, elles s’évitaient le plus possible. Elles ne passaient pas du temps ensemble, sauf quand elles se trouvaient toutes seules lors de leurs rendez-vous secrets. Elles faisaient en sorte de ne pas se faire remarquer et pourtant, Clio semblait avoir compris leur relation. Mais Lexie n’avait pas l’intention de se laisser démonter pour autant, il n’était pas question qu’elle fasse comprendre à Clio qu’elle sortait bel et bien avec Melody. La bleue et bronze n’avait rien dit du tout à son amie mais elle avait deviné simplement parce qu’elle était heureuse. Elle devait vraiment connaitre Melody pour le deviner. Et cela permettait à Lexie de continuer de jouer le jeu, parce qu’elle allait évidemment jouer le jeu. Même si Clio avait raison, elle ne pouvait pas le confirmer. Parce que même si la jeune femme lui affirmait qu’elle accepterait la situation – elle l’accepterait vraiment ? – ce n’était pas le cas des autres personnes.

« Qu’est-ce que tu es en train de sous-entendre au juste ? » Répliqua-t-elle d’un ton sévère, jouant de nouveau la comédie. Par chance, elle n’avait vraiment pas de souci dans le fait de jouer les énervées avec Clio, puisqu’elle l’agaçait profondément. Donc, elle pouvait s’énerver facilement, sans que cela ne soit trop dur pour elle. « J’espère que t’es pas en train de me prendre pour une malade mentale. »

Comme c’était difficile d’affirmer ces mots, de prononcer ces propos, alors qu’elle ne se considérait pas du tout malade d’aimer sa petite-amie. Elle ne se sentait pas différente en sentiment et en amour qu’une fille amoureuse d’un garçon, elle se sentait normal. Mais la société était telle que les personnes comme elle n’avaient pas le droit d’avoir une vie normale. Ça lui arrachait la gueule de dire des mots pareils, mais elle n’avait pas le choix. C’était la meilleure manière pour elle de se défendre, de faire croire à Clio qu’elle n’avait rien à voir avec ce qu’elle sous-entendait.

Et pourtant… et pourtant, ça serait tellement plus agréable, tellement plus appréciable, plus libérateur, si Lexie pouvait simplement crier sur les toits qu’elle était complètement raide dingue de la merveilleuse Melody.

Evidemment que Lexie savait parfaitement ce que voulait sous-entendre la jeune femme sous ses yeux, mais en même temps elle ne pouvait pas la laisser penser ce qu’elle voulait. Lexie ne savait pas du tout ce que Melody avait pu dire à Clio, elle ne savait pas plus comment elle allait réagir si elle devait vraiment apprendre la vérité, mais elle ne voulait pas prendre le risque. La verte et argent ne pouvait vraiment pas prendre le risque qu’une rumeur, ou elle ne savait quoi d’autre, se répande. Tant pis, si pour cela, elle devait se faire passer pour une homophobe. Quoi que dans le monde où ils vivaient, dans leur société actuelle, il n’y avait pas vraiment d’homosexualité. C’était le fait d’être pour ce genre de relation qui était problématique en réalité. Lexie trouvait ça vraiment désagréable donc de faire croire qu’elle considérait le fait d’aimer une personne de même sexe malsain, mais elle n’avait pas le choix de toute façon. Elle avait bien trop à perdre – elles avaient bien trop à perdre – pour prendre le risque de toute façon. Les propos de Clio devraient normalement la rassurer, puisqu’elle affirmait quand même clairement qu’elle ne la traitait pas de malade mentale. Peut-être qu’elle pouvait vraiment accepter une relation de ce genre, peut-être que les deux jeunes femmes ne prenaient pas trop de risque à ce que la jaune et noire soit au courant de tout ça. Mais encore une fois, Lexie ne pouvait pas prendre le risque. Parce qu’elle avait quand même une réputation, qu’elle ne pouvait pas parler de cette manière de sa relation avec Melody alors que son père l’enverrait à l’asile s’il l’apprenait. Et encore, la jeune femme ne savait pas encore qu’elle allait bientôt être fiancée, ce qui rendrait la situation encore pire.

« Tu perds ton temps et tu te trompes. »

Lança Lexie catégorique. D’accord, elle pourrait très bien décider de confirmer à Clio qu’elle avait une relation avec Melody, qu’elle était – peut-être – la raison du bonheur de la bleue et bronze. En réalité, si cela ne tenait qu’à elle, la verte et argent crierait sur les toits qu’elle était folle amoureuse de Melody et ne manquerait pas de l’embrasser en publique. Mais non, elle ne pouvait pas. Si Melody n’avait rien dit à Clio, elle ne voulait pas vendre la mèche à sa place. Et surtout, elle ne pouvait pas prendre le risque que des rumeurs circulent à son sujet. Malheureusement, elles devaient continuer de se cacher, elles n’avaient pas le choix. Clio devait donc croire qu’elle se trompait, c’était la meilleure solution.

« Je te souhaite une bonne journée Brunnet. » Lança-t-elle alors, en s’approchant un peu de la jaune et noire. « Evidemment, au cas où tu ne l’ai pas compris, c’était ironique. »

Et sur ces mots, la jeune femme s’éloigna. A quoi bon rester, elles tournaient en rond et il ne fallait vraiment pas qu’elle découvre la vérité.