L

a fin de semaine approchait à grands pas. Le ciel brillait d'une clarté absolue. Bientôt, les cours allaient se terminer pour les élèves afin de laisser place au temps du midi. Mais avant, ces chères petites têtes blondes devaient encore patienter quinze minutes et se concentrer sur les cours avant de réfléchir à ce qui allait constituer le contenu de leur assiette. Concernant les élèves de dernière année appartenant à la maison Serpentard, ces derniers se trouvaient actuellement en cours de Métamorphose avec le professeur Dumbledore. Albus les avait mit pendant les deux heures qu'ils devaient passer ensemble en examen écrit. Avec les ASPICs qui approchaient plus vite que les élèves n'avaient pu l'imaginer, le professeur voulait vraiment les mettre en condition d'épreuve, quitte à ce que ces examens écrits se reproduisent une fois par semaine. Certes, cela en agaçait plus d'un, mais aucun n'osait contester les décisions de Dumbledore. Il était quelqu'un de très respecté parmi ses élèves et ses collègues. Cela était sûrement dû à sa grande sagesse. Un trait qui lui avait valu la place de Directeur adjoint à Poudlard et plusieurs recommandations en tant que Ministre de la Magie.

Alors que les élèves grattaient sur leurs parchemins toutes les connaissances qu'ils avaient en tête, Albus lui corrigeait les copies d'examens des Poufsouffle de deuxième année. Si on comparait avec l'exemplaire du sujet donné aux Serpentard que Dumbledore avait gardé pour lui, le niveau était vraiment différent. Pendant qu'il corrigeait, le professeur de Métamorphose ne pouvait s'empêcher de penser aux récents événements qui avaient impliqué la mort de son ami, Armando Dippet. Peu de gens s'étaient rendus à son enterrement, et Albus ne pouvait pas s'empêcher d'éprouver beaucoup de tristesse et de compassion pour sa femme, Anya. En plus d'avoir eut un mariage qui s'était soldé par une maladie inconnue qui l'avait par la suite plongé dans le coma, à son réveil, elle serait confrontée à la mort de son mari. Dumbledore avait prévu de venir lui annoncer la nouvelle le jour où elle se réveillerait, si elle se réveillait.

Il restait très peu de temps avant que la cloche ne retentisse. Le professeur Dumbledore se leva et descendit de l'estrade où se trouvait son bureau. Bien que celle-ci était pas mal surélevée, Albus continuait malgré tout de dominer les gens de sa grande taille. ''Il vous reste cinq minutes'' dit-il d'une voix calme et posée. Il circula d'un pas lent au milieu des rangées avant de retourner s'asseoir à son bureau. Puis la clochette retentit. ''C'est terminé. N'oubliez pas de mettre vos noms sur les copies puis venez les déposer sur mon bureau. Je ne vous donne pas devoir cette fois-ci, mais pensez à bien réviser pour le prochain cours.'' Les élèves s’exécutèrent. Certains se précipitèrent sur la sortie puis d'autres prirent plus le temps pour ranger leurs affaires. Alors que les dernières années passaient les uns après les autres devant Albus, ce dernier en interpella un avant qu'ils ne soient tous sortis. ''Monsieur Jedusor ? Pouvez-vous venir me voir je vous prie ?'' Il attendit que les retardataires quittent la salle avant de reprendre. ''Ferme la porte s'il-te-plaît.'' Avec sa baguette, il fit voler une chaise jusqu'en face de son bureau puis invita le jeune Tom à s'asseoir. Il ne dit pas un mot pendant ce temps là. Une fois que le jeune homme l'eut rejoint, il prit la parole. ''Alors, Tom. Tout d'abord je tiens à te féliciter pour tes résultats qui, une fois de plus, dépassent les espérances de tous tes professeurs.'' Il eut un léger sourire avant de poursuivre. ''Maintenant, je dois bien t'avouer que je suis assez intrigué quant à ton avenir. Que comptes-tu faire après ton départ de Poudlard ?''

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était un fait indéniable, et qu'aucun de ses professeurs, même ceux qui, pour une raison ou une autre (souvent justifiée), ne l'apprécieraient pas, ne pourrait nier : Tom Jedusor était un élève brillant. Le jeune homme avait certes beaucoup travaillé à titre individuel pour arriver aux résultats qui étaient les siens, mais il fallait tout de même lui reconnaître d'indéniables facultés intellectuelles, qu'il mettait à profit à chaque examen. Pour cause, l'Héritier de Serpentard avait l'échec en horreur, et il ne supporterait pas l'idée d'avoir des résultats médiocres, acceptables, ou même bon. En tous points, il recherchait l'excellence, dans ses cours comme au quotidien, et à l'approche des ASPIC (il visait bien sûr la note optimale dans toutes les matières), il se donnait encore moins le droit à l'erreur (droit absurde s'il en est). C'était en toute confiance qu'il relisait son devoir, une dizaine de minutes avant l'heure du rendu, pour être certain que sa copie ne comporterait pas la moindre fioriture. Comme toujours (et c'était bien là son plus grand défaut), il était plus que confiant. Et quand la cloche annonça la fin des cours, il ne partageait en rien l'angoisse de certains de ses camarades, qui non seulement l'impression de jouer absurdement leurs vies sur ce devoir, et dont la vacuité du propos équivalait certainement la vacuité d'esprit. Il remit donc son devoir, et rangea minutieusement ses affaires, tandis que d'autres les fourraient en boule au fond de leur sac pour s'enfuir de classe le plus rapidement possible. Si Tom déplorait leur attitude, peut-être aurait-il dû l'imiter, pour une fois. Car, parmi les derniers à vouloir quitter la salle de classe, Tom fut également le seul interpelé par le professeur Dumbledore pour rester après la classe.

Autant dire que cette perspective ne réjouissait en rien le préfet en chef des verts et argent, même s'il n'en montra rien, se contentant d'acquiescer avec un sourire poli avant d'aller fermer la porte. Le fait est que, s'il y avait bien l'un de ses professeurs avec lesquels il se passait sans mal de ce genre de tête à tête, c'était bien Albus Dumbledore. Même au cours de leurs conversations en apparence les plus anodines, il avait toujours l'impression qu'il y avait plus à lire que ce qu'il exprimait, et surtout, qu'il le cernait mieux que personne, qu'il en savait plus sur lui qu'il voulait bien le dire, et Tom s'en voyait déstabilisé, sentiment qu'il exécrait, cela va sans dire. Mais soit, il savait tout de même garder une attitude quotidienne, de celle à laquelle tous ses enseignants s'étaient habitués, ces atours d'élève modèle alors même qu'il était sans aucun doute possible le pire d'entre tous.

Tom esquissa un humble sourire, quand Dumbledore le félicita pour ses résultats. S'il avait été parfaitement lui-même, il aurait agi d'une toute autre manière et, faute de se montrer modeste, aurait plutôt déclaré que c'était normal, puisqu'il était doué. Égocentrisme, quand tu nous tiens. À la question que lui posa son professeur alors, la réponse était plus délicate. Il savait bien à quoi le destinaient tous ses professeurs, le fait est qu'il avait à l'esprit bien d'autres ambitions, et qui ne manqueraient pas d'en décevoir plus d'un le moment venu, c'est certain. Et ce moment approchait, d'ailleurs.

-Eh bien, pour tout vous dire, je n'en sais trop rien encore.

Ou tout du moins, il s'abstiendrait de délivrer ses projets d'avenir plus précis.

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tonnamment, le professeur de Métamorphose avait constamment l'impression de discuter avec un mur quand il entreprenait une conversation avec le jeune Jedusor. La plupart des élèves de Poudlard témoignaient une véritable sympathie envers le directeur adjoint. D'autres quelques fois n'osaient pas l'approcher ou angoissaient à l'idée de se retrouver en tête à tête avec lui, par admiration excessive ou par timidité mal contenue, probablement. Enfin, les derniers, qui le détestaient, ne se retrouvaient la plupart du temps jamais en la compagnie du professeur. Que voulez-vous ? On ne peut pas plaire à tout le monde… N'est-ce pas Armando ? Ce bon vieil ami... Enfin, Albus restait indifférent aux rumeurs et aux insultes que l'on pouvait proférer dans son dos. Il lui arrivait même de sourire à certaines remarques, aussi ridicules qu'elles puissent être.

Tom Jedusor était une énigme pour le professeur de métamorphose. Une énigme très difficile à résoudre, voir impossible. Dumbledore ne voyait pas d'autres solutions. Ce dernier n'avait pas pour habitude de se servir de ses pouvoirs de legilimens pour pénétrer dans l'esprit de ses élèves. Et pourtant, il allait bientôt devoir être obliger d'abandonner un de ses plus fidèles principes pour enfin savoir ce que cachait le Serpentard après ces sept longues années passées au sein des murs de ce château. C'était plus fort que lui, mais Albus ne pouvait s'empêcher d'être intrigué par ce jeune homme. Ce jeune garçon qui grâce à de sombres événements qui l'avaient fait connaître du professeur de métamorphose était venu à sa rencontre pour lui conseiller fortement de rejoindre l'école de sorcellerie Poudlard. Cet enfant troublé qui avait découvert ce goût de faire du mal aux autres. Un avant goût de la vengeance en résumé. Depuis ces premiers mots échangés avec le Serpentard, Dumbledore savait qu'il devrait garder un œil attentif sur lui. Même après son départ de Poudlard.

Mais à cet instant précis, Albus savait-il qu'il venait de rencontrer le plus dangereux mage noir de tous les temps ?.. Non. Cependant, il aurait peut être la chance d'en savoir plus sur cette énigme qu'était Tom Jedusor. C'est alors qu'il jeta un regard perçant en direction du jeune homme tout en continuant la conversation comme si de rien était. Il savait pertinemment qu'une personne aussi talentueuse et aussi audacieuse que lui ne pouvait pas sortir de Poudlard sans avoir ne serait-ce qu'un plan de secours pour s'en sortir dans la vie. ''Vraiment ?'' demanda-t-il sous une fausse question, tout en laissant un léger sourire se dessiner sur son visage. ''Allons, Tom… Tu es plein de ressources. Je suis sûr que tu ne quitterais pas cette école sans avoir de quoi t'en sortir dehors.'' Au même moment, il prononça intérieurement la formule magique ''legilimens'' puis se plongea dans l'esprit du jeune homme.

Alors que la discussion suivait son cours, l'esprit d'Albus commençait à s'introduire progressivement dans celui de Tom. Dumbledore avançait dans une pièce complètement sombre, avec pour seules lumières son corps qui en émanait une assez faible, et une porte qui tenait debout toute seule et qui rejetait une lumière beaucoup plus vive. Le professeur de métamorphose avançait d'un pas lent en direction de la porte, puis posa ses mains sur la poignée. Cette dernière refusait de s'ouvrir.

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il était un sorcier qui ne pouvait se laisser aussi aisément abuser que les autres, c'était bien Albus Dumbledore. Tom avait su endormir la confiance de la grande majorité de ses professeurs, et certains, même (comme Horace Slughorn, ça va de soi), lui mangeaient dans la main. Mais tous ne se laissaient pas prendre au jeu, et le préfet en chef des verts et argent sentait bien que celui qui avait toutes les chances de devenir officiellement le nouveau directeur de Poudlard ne se laissait pas abuser et voyait au-delà de ses apparences d'élève modèle et de jeune homme bien sous tous rapports. L'héritier de Salazar Serpentard ne pouvait donc affirmer à son interlocuteur ne pas avoir de projets d'avenir précis sans que ce dernier s'interroge. Pour cause, Tom devait bien reconnaître qu'un esprit brillant comme le sien (bien évidemment, le jeune homme était l'humilité incarnée) ne pouvait se satisfaire de l'instant présent, et devait pallier à son avenir. Qu'importe, il assumait ce rôle d'élève indécis, qui lui promettait un "choix de carrière" qui en surprendrait certainement plus un.

-C'est ce que plusieurs de vos collègues m'ont déjà répété. constata posément Tom. Et le jeune homme était, pour le coup, véritablement sincère, bon nombre de ses professeurs avaient voulu l'encourager dans une voie ou une autre. Combien de fois lui avait-on prédit qu'il gravirait les échelons au ministère de la magie ? Sauf que ce n'était pas à cette sorte de pouvoir spécifique qu'il comptait accéder. Il avait d'autres ambitions, qu'il ne pouvait exprimer à haute voix.

Non, il n'hésitait pas, il avait des convictions fortes et indétrônables. Mais il pouvait appuyer ce mensonge avec la plus totale des convictions. Il semblait qu'il ait appris à mentir en même temps qu'à respirer. Cet effort lui était ce qu'il y a de plus naturel, et il pouvait, ce faisant, soutenir le regard de son interlocuteur sans que le mensonge ne s'y décèle. Enfin, dans son regard, oui. Dans son esprit, cela était moins certain. Alors qu'ils se fixaient comme le font ceux qui n'ont pas la faiblesse de détourner les yeux, Tom crut sentir comme une forme de résistance. C'était devenu habituel, pour lui, en présence d'adulte expérimentés, de fermer son esprit par principe, afin d'empêcher que ses pensées les plus noires ne deviennent accessibles, en présence de Dumbledore plus que n'importe qui. Et ses talents d'occlumens semblaient mis à rude épreuve. Garder son esprit fermé lui demandait un effort plus conséquent que d'ordinaire, si bien qu'il lui était plus difficile de conserver son masque d'impassibilité, et de poursuivre la conversation comme si de rien n'était.

-La vérité, c'est que j'aimerais ne me fermer aucune porte, j'hésite.

Et à propos de portes. Celle que le professeur de métamorphose tentait de forcer peinait à lui résister. Vacillante, elle tremblait de plus en plus. Cette conversation lui demandait un effort mental de tous les instants. S'il baissait sa garde, qui sait ce que Dumbledore découvrirait de l'autre côté. Tom, pour l'heure, savait lui barrer l'accès. Pour combien de temps, difficile à dire.

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