Miranda continuait sa petite vie tranquille, comme un peu tout le monde. Tout les sorciers devaient continuer sans trop penser à ce qui s'était passé. Pourtant c'était difficile. Et d'ailleurs, il ne fallait pas l'oublier non plus. Cela ne serait pas une bonne chose non plus. Il fallait que ce qui s'était passé au nouvel an reste dans les mémoires, mais sans y penser en permanence et en vivant dans la peur que cela recommence. Mira savait que personne ne pourrait vraiment se promener l'esprit léger, surtout à partir d'une certaine heure. Elle le voyait déjà. Moins de monde passait devant sa boutique dès qu'il faisait un peu sombre. Elle avait moins de clients. Son affaire marchait encore, heureusement. Mais ce n'était pas pareil. Ce qu'elle comprenait parfaitement en fait. C'était normal. D'ailleurs, elle-même n'était pas vraiment tranquille. La jeune femme était déjà très protectrice envers sa fille à la base. Alors maintenant qu'elle savait qu'il y avait des raisons de s'inquiéter, c'était peut-être pire.

Naomi, c'était un peu la seule famille que Miranda avait encore. Pas qu'un peu en fait. Mais certains de ses amis étaient si proches qu'elle les considérait parfois comme. Les Potter par exemple. Elle avait été là pour Cenlyn et Rhian pendant que leurs parents étaient absents. Purdey restait une excellente amie. Il y avait aussi Flynn qui venait souvent la voir et s'occupait de Naomi quand elle en avait besoin. Il était génial. Un ami, un vrai, et elle en avait bien besoin parfois. Sa fille aussi d'ailleurs. Elle avait besoin de passer un peu de temps avec un homme parfois. C'était une question de repères. Et pour ça, Miranda faisait confiance à Flynn.

Ce jour-là avait été assez calme dans le genre. Mais en même temps, la semaine, c'était assez calme. C'était pour le week-end que Miranda vendait le plus. Parce qu'on voyait sa famille le week-end. Ou alors pendant les vacances. Les enfants qui n'étaient plus à l'école venaient chercher des gâteaux pour le goûter. Elle en voyait défiler un certain nombre en fait. Ce qui ne la dérangeait pas du tout. À force, elle les connaissait bien. Pour la plupart bien sûr. Il y en avait toujours pour passer, récupérer ce qu'ils voulaient et rapidement repartir. Ce qu'ils avaient tout à fait le droit de faire. Mais d'autres prenaient le temps de manger leur achat sur place et de discuter avec leur pâtissière.

Naomi était comme souvent assise à l'une des tables de la pâtisserie. Elle était très concentrée, pour la simple et bonne raison qu'elle était occupée. Pour son goûter elle avait choisit de manger un morceau de gâteau au chocolat et il y avait de la crème dessus alors elle avait un peu de mal à le manger sans s'en mettre partout autour de la bouche. Ce qui amusait un peu sa mère, c'est vrai. Mais elle enlèverait tout ce qui dépassait après avoir fini. De toute façon il en restait encore alors même si elle nettoyait ces moustaches elles reviendraient dès la bouchée suivante. Miranda la laissait donc faire quand une jeune femme entra dans la pâtisserie. Toujours souriante elle attendit que cette jeune femme lui dise ce qu'elle voulait.

-Bonjour, j'aimerais avoir ce que vous avez de plus calorique, de plus sucré, de plus gras... N'importe quoi.

En général, ça, c'était un bon indicateur pour dire que quelque chose n'allait pas. Miranda réfléchit donc quelques instants avant de présenter à sa jeune interlocutrice une belle part de gâteau au chocolat et à la crème. Là, dans le genre, c'était bien calorique comme il faut. Une fois sa cliente installée elle lui apporta une cuillère et une serviette, se permettant de glisser un petit mot tout de même avant de retourner dans ses affaires.

-Tout va bien?

Miranda était du genre compatissant. Elle écoutait souvent ses clients. Et ils étaient nombreux à dire ce qu'ils avaient sur le cœur finalement.

Miranda en voyait passer des gens dans sa boutique. Un certain nombre. A force elle savait un peu voir quand ils allaient bien, ne voulaient rien d’autre que vite passer et repartir avec leur commende ou toute autre attitude. Avec la jeune femme qui venait d’entrer dans sa boutique, elle ne savait pas bien. Enfin, elle voyait bien qu’elle n’allait pas bien, ou que quelque chose la tracassait. Mais maintenant, pour savoir quoi… c’était une autre histoire. Elle ne lisait pas dans les pensées non plus. Enfin, en théorie elle était une bonne légilimens, mais elle ne le ferait pas sur un client non plus, cela ne se faisait pas. Et puis, de toute façon, si cette jeune femme ne voulait pas lui parler, c’était son droit tout de même. Miranda n’irait pas contre cette volonté en tout cas. Mais elle pouvait toujours demander.

De toute façon, cela ne lui coûtait rien d’essayer. Si sa cliente ne voulait rien dire elle ne dirait rien. Et si elle lui parlait, elle serait une cliente de plus à lui parler. Miranda était devenue une confidente de fortune pour pas mal de monde à force. Et en général, besoin de sucre, c’était mauvais moment… et il était bien connu que parler un peu dans ce genre de situation faisait souvent du bien. Mira ne s’attendait à rien de toute façon. Même si ils ne parlaient pas de leur problème lui-même, que ses clients lui parlent un peu et repartent avec le sourire était important. C’était une sorte de récompense qui avait de quoi satisfaire notre pâtissière. Alors elle avait osé poser la question qui avait tendance à fâcher…

-Non pas vraiment…

Au moins, la réponse était claire. Prévisible, mais claire. Miranda s’assit donc avec sa nouvelle cliente, histoire de pouvoir en écouter plus si elle voulait parler plus. C’était bien beau de demander, maintenant il fallait s’intéresser. Ça, elle savait le faire, ça allait. Il n’était pourtant pas certain que la jeune femme veuille encore lui dire quoi que ce soit. Enfin, dans le doute Miranda attendit un peu tout de même. Il serait dommage de rater une occasion…

-Je crois qu’on peut résumer ça, par une peine de cœur.

Aïe, effectivement, ça faisait mal. Miranda fit une légère grimace. Elle pouvait comprendre que ce n’était pas évident comme situation. Des peines de cœur, des vrais, elle n’en avait techniquement jamais connu. Ce n’était sans doute pas pareil que lorsqu’elle avait perdu son mari, mais elle imaginait que cela faisait aussi mal. Ou que c’était un peu comparable. Quoi qu’il en soit, elle se doutait bien que c’était douloureux.

-Je suis vraiment désolée…

Miranda était sincère. On pourrait croire qu’elle disait ça juste comme ça, parce que ça se faisait, mais pas du tout. Elle était vraiment désolée que cela soit arrivé à sa si jeune interlocutrice. La jeune femme laissa un peu de silence s’installer avant d’oser de nouveau poser une question à laquelle son interlocutrice ne voudrait peut-être pas répondre…

-Que s’est-il passé ?

Miranda adorait sa nouvelle vie. Sa petite boutique, sa fille adorée, une petite vie tranquille. Elle ne demandait rien à personne et personne ne l’embêtait. Quoi qu’il arrive, elle restait avec sa fille, dans sa pâtisserie, parce que c’était ce qu’elle avait choisi de faire et qu’elle aimait ça. Cependant, faire ce travail ne voulait pas dire qu’elle ne passerait que des moments heureux et dans la joie la plus totale. Il arrivait, comme aujourd’hui, que des clients ne soient pas au meilleur de leur forme. Et dans ce cas-là, elle avait tendance à vouloir les aider. Ce qui était normal pour elle. C’était comme ça. A la base, elle n’avait pas cherché à être Auror par hasard. Elle l’avait voulu parce qu’elle avait cette envie d’aider les autres. Alors quand la jeune femme qu’elle avait devant elle lui avait confié qu’elle n’allait pas bien, Miranda avait eu envie de faire quelque chose.

Mira lui avait demandé si elle voulait en parler. La jeune femme lui avait dit ce qui se passait. Une peine de cœur. Pauvre chérie. Ce n’était effectivement pas agréable. Bon, personnellement, Miranda n’avait jamais connu ça. Heureusement! L’amour qu’elle avait porté à son mari avait été plus fort que tout. Elle avait tout de même cette satisfaction que jamais il ne l’avait trahis. Maintenant cela ne valait peut-être plus grand-chose. Mais pour elle cela restait important.

- Et bien…

Mira comprenait que cela ne devait pas être simple. Elle laissa son interlocutrice prendre son temps. Il ne servirait à rien qu’elle insiste de toute façon. La jeune femme lui dirait ce qu’elle voudrait. Ce n’était pas à elle de décider.

- Il s’avère que mon sang n’est pas assez noble pour convenir à ladite personne.

Ah, le sang. Encore le problème de beaucoup de famille. Miranda n’y faisait pas vraiment attention. Ce qui l’intéressait elle c’était les personnes qu’elle avait la chance ou le malheur de rencontrer. Elle prenait le temps de les rencontrer et de les connaître. Le temps, c’était important dans la vie. On disait qu’on ne l’avait pas. C’était vrai. Il fallait le prendre, c’est tout.

-Je suis désolée. Mais si c’est la seule conclusion qu’il en a tiré, c’est sans doute qu’il n’était pas pour vous. Il n’y a que dans les moments difficile que l’on voit vraiment ce que sont les personnes qui nous entourent…

Miranda y croyait. Il fallait rencontrer des épreuves pour vraiment savoir. C’était comme ça. Autrement, ils pouvaient se cacher derrière des façades. C’était entre autres comme ça qu’elle s’était tant lié à Flynn.

Depuis qu'elle entendait et écoutait les histoires de ses clients, Miranda avait entendu un peu tout et n'importe quoi. Bon, elle ne pouvait pas se sentir impliquée non plus, après tout, elle ne faisait pas partie de leurs proches ou même amis un peu lointains. Mira n'allait donc pas s'impliquer dans les histoires de tout le monde. Mais elle essayait au moins de les écouter un peu, de les conseiller si il le fallait ou au moins qu'elle le pouvait. Après tout elle ne pouvait pas non plus être là que pour les écouter et tout le bazar, elle était d'abord et surtout pâtissière et elle vendait ses produits. Mais bon, la compassion, l'habitude, tout cela faisait qu'elle s'intéressait un peu à ceux qui passaient dans sa boutique. Bon, pas à chaque fois. Parce qu'elle ne pouvait pas sympathiser avec tout le monde comme ça. Mais ceux qui restaient sur place, ceux qui avaient l'air un peu mal, elle faisait de son mieux pour leur redonner le sourire.

Miranda avait saisit de quoi il s'agissait pour cette jeune femme. Une peine de cœur. Son homme lui avait visiblement demandé d'aller voir ailleurs lorsqu'il avait appris la soit disant impureté de son sang. Cela avait sans doute été très difficile pour elle. La pauvre n'avait d'ailleurs pas l'air dans son assiette. Et au fond, Miranda pouvait totalement le comprendre. Enfin non, pas totalement. Son mari et elle n'avaient pas du tout ce genre d'idées. Et si elle se retrouvait seule aujourd'hui, ce n'était ni elle ni son mari qui l'avaient décidé. Pour son plus grand malheur. Mais en se basant sur sa propre douleur, elle imaginait que cela faisait mal et c'était suffisant pour qu'elle s'intéresse à cette jeune femme. Elle s'était permis de donner son avis. Peut-être qu'elle n'aurait pas du...

-Je ne sais pas…

Les sentiments c'était tellement compliqué. On ne s'y retrouvait pas toujours. En fait, c'était même rare de s'y retrouver. Concrètement, Miranda n'échappait pas à la règle. Elle avait même mis un certain temps avant de comprendre ce qu'elle avait ressenti pour son mari au départ. C'était tellement flou, impossible pour elle de le sentir dès le départ.

-Vous ne le connaissez pas, vous ne nous connaissez pas… je peux vous assurer qu’il était pour moi.

Bien sûr, c'était difficile. Miranda pouvait comprendre au moins ça. C'était un bon départ. Mais elle ne pouvait pas faire beaucoup mieux. Cette jeune femme semblait vraiment tenir à cet amour. C'était normal. Mira espérait que cette pauvre femme s'en remettrait tout de même.

-Dans ce cas j'espère que les choses s'arrangeront pour vous.

Miranda n'était pas la mieux placée pour conseiller dans ce cas. Elle ne l'avait pas connu. En revanche elle avait trouvé l'homme de sa vie et une fois qu'elle s'en était rendu compte, elle n'y aurait renoncé pour rien au monde. Elle se serait acharné si besoin. Plutôt deux fois qu'une. Naomi avait par erreur renversé son verre d'eau alors Miranda se leva pour essuyer, mais cela ne l'empêcha pas de continuer à parler avec la jeune femme.

-Mais si il est vraiment pour vous, alors avec du temps et un peu d'insistance les choses devraient s'arranger. Il est vrai que je ne vous connais pas, mais si vous êtes vraiment faits l'un pour l'autre le sang finira par ne plus compter.

Miranda essayait de l'encourager, mais après tout, elle n'était pas vraiment concernée.

Le jour où Miranda en aurait marre des pâtisseries, sa reconversion était toute trouvée. Elle deviendrait psychologue. Il ne lui manquait pas grand chose. Pour faire un psy un peu basique, mais quand même. Elle savait écouter, elle essayait de trouver des solutions ou au moins de rassurer, et elle avait même son petit grain de folie depuis qu'elle était seule sans l'avoir choisi. Non, vraiment, elle ferait sans doute un bon psy. Et puis elle aurait déjà de l'entrainement à force. Elle en avait vu des choses, mais Miranda en avait surtout entendu depuis qu'elle tenait sa boutique. Et au point où elle en était, une reconversion de plus ou de moins... cela ne serait jamais que la deuxième. Mais bon, elle n'en était tout de même pas là.

Pour le moment, Miranda parlait avec une de ses clientes. Elle semblait aller moyennement bien. Et pour cause, tout n'allait pas bien dans sa vie. Cette jeune femme avait perdu la considération de l'homme qu'elle aimait parce qu'elle n'était pas de sang pur. Miranda n'attachait aucune importance au sang. Mais elle savait que ce n'était pas le cas de tout le monde. Malheureusement. Et cette jeune femme semblait tristement en faire les frais. Mira avait donc essayé de l'encourager. Elle n'était pas certaine que cela marche.

-J’aimerais vraiment que vous aillez raison. En tout cas, moi je sais que je ne pourrais pas aimer un autre homme dans ma vie.

Miranda pouvait le comprendre. Contrairement au reste, ça elle l'expérimentait. Contrairement à la jeune femme, Miranda ne pouvait pas espérer que les choses s'arrangent. Son mari n'était plus de ce monde et ça, aux dernières nouvelles, elle n'y pouvait malheureusement rien. Faire entrer un autre homme dans sa vie n'était pas envisageable. Cela ne serait jamais pareil...

-Je comprends...

Elle s'était contenté de lui répondre, sans pour autant lever les yeux vers elle. Miranda resservi sa fille avant de revenir vers sa cliente. Cette dernière avait fini sa pâtisserie. Et puisqu'il ne restait rien dan l'assiette, Miranda estima qu'elle avait apprécié. Tant mieux, tant mieux.

-Vous voulez autre chose?

Il était toujours mieux de demander. Cela se faisait.