Une défaite ? Oui. Beaucoup l'interprétaient comme telle, tout du moins, et alors que lui-même soignait ses quelques plaies à grands renforts de sortilèges de guérison et de potions diverses, il ne pouvait pas donner complètement tort à ceux qui clamaient la fin d'une époque, la fin d'un règne, le déclin de leurs idéaux. Avec Gelert Grindelwald, c'était tout un combat, tout un idéal qui semblait devoir mourir. Seulement, et comme souvent le concernant, là où tous les autres ne voyaient qu'une défaite cuisante, le signe que tout était fini, lui, voulait voir une opportunité. Il ne s'était pas battu en vain, n'avait pas tout sacrifié pour en venir à cette conclusion déplaisante. Il avait juré loyauté à Grindelwald, quand ce dernier avait choisi de s'entourer de fidèles, il avait été le premier sur les rangs, il se targuait d'avoir été son bras droit. Fidèle et inflexible, là à chaque bataille, livrant tous les combats possibles pour la cause qu'il défendait, pour le plus grand bien, sans jamais faillir, sans jamais baisser les bras ou les armes.... Si quelqu'un devait poursuivre dans la droite lignée de ce qui avait été commencé, c'était bien lui, non ?

Et pourquoi les autres les suivraient-ils ? Eh bien, il ne se faisait pas vraiment de soucis à ce sujet. C'était clairement prétentieux que de penser cela (mais être prétentieux lui était foncièrement égal, il considérait même cela de bon aloi dès lors que c'était justifié), mais il considérait que son charisme lui avait été acquis dès même la naissance, et qu'elle lui permettait d'avoir à sa botte tous les fidèles du monde. Déjà tout petit, ses parents lui passaient tous ses caprices et, fils unique, il va de soi qu'il en avait profité plus que de raison, tout comme il profitait désormais, et avec une évidente nonchalance, de cette fortune parentale qu'ils lui avaient légué en mourant, et qui lui auraient permis de ne jamais travailler de toute sa vie s'il en avait décidé ainsi. Il ne choisit cependant pas la voie de la paresse. Ses études à l'école de sorcellerie de Durmstrang furent brillante, et il fut le premier de sa promotion durant les sept années qu'il y étudia. C'est ensuite qu'il aborda cette brillante carrière d'avocat, métier qu'il fit jusqu'à ce que sa rencontre avec Grindelwald, et les conséquences qui en découlèrent (c'est à dire qu'il se mit pleinement et entièrement à son service) l'obligent à reconsidérer ses choix de carrière. Oui, il pouvait se dresser à sa place, ça n'avait rien d'une mutinerie. N'avait-il pas, après tout, été l'ami de Grindelwald ? Certes, plusieurs fois, il avait considéré qu'il aurait fait un bien meilleur leader que celui qu'il avait suivi malgré tout, mais jamais les actes n'avaient dépassés la pensée, jamais. Oui, il pouvait bien y prétendre, à cette succession que, au fond d'eux ils attendaient tous sans oser l'admettre. Les hommes le suivraient sans broncher, les femmes opposeraient moins encore de résistance.

...Il était temps d'établir un ordre nouveau. Dimitri acheva de boire le verre de whisky qu'il tenait entre les mains. Il ne buvait plus à une défaite, mais à une victoire prochaine.
Tels le phénix, ils renaîtraient de leurs cendres, et sous un titre respectueux, qui laisseraient penser qu'il ne cherchait qu'à égaler celui à qui il succédait alors même qu'il comptait bien le dépasser, ils frapperaient.
Les neo-grindelwaldiens étaient nés.