La semaine dernière, je suis allé en ville pour acheter de quoi soigner un de mes dragons qui s'était battu avec le mâle dominant du troupeau, s'infligeant du coup plusieurs blessures assez profondes. C'est lors de cette pénible virée dans le monde des vivants, j'ai compris pourquoi j'aime tant rester isolé de tout dans mon château. J'ai fait l'étrange connaissance d'un garçon plus jeune que moi, avec des airs de martyr et deux grands yeux brillants. Je dois dire qu'au début j'ai songé qu'il était bien roulé, mais au final je l'ai trouvé trop collant. Bien trop sentimental à mon goût. Aujourd'hui il pleut des cordes, ce n'est pas rare dans cette région de l'Écosse. Les dragons se sont abrités les uns contre les autres pour préserver leur précieuse chaleur corporelle qui leur permet de cracher des flammes. Je les regarde, installé dans ma chambre en bordel, la chaise contre la fenêtre et les pieds sur le bureau. Y a des papiers partout, la plupart sont des lettres d'insulte ou des factures impayées. Je soupire. Les choses à faire dans cette baraque ne manquent pas, et pourtant je n'ai pas la motivation de bouger pour le moment. On frappe à ma porte discrètement. Je grogne. « Entrez Alfred. » Mon majordome entre en faisant de rapides petits pas. Vu l'âge qu'il a, les grandes enjambées ne sont plus d'actualité. Je lève un regard distrait vers mon vieil ami. C'est le seul être humain que je tolère vraiment sur cette terre. Il se racle la gorge en s'inclinant devant moi, chose que je déteste qu'il fasse. « Bon dieu redressez-vous mon vieux, je ne suis pas un monarque ! Qu'est-ce-qui nécessite cette visite ? » Je suis dur avec lui, c'est vrai, mais je suis dur avec tout le monde. C'est ma façon d'être, je ne peux pas changer. Je n'en ai pas envie. Le vieil homme de présente droit comme un piquet, l'air confus d'avoir encore oublié à qui il avait affaire. « Pardonnez-moi monsieur, mais vous avez un visiteur. Dois-je faire ouvrir les grilles ? » Je hausse un sourcil et me lève de mon fauteuil pour aller voir par la fenêtre à l'opposé de la pièce qui donne sur la grande allée et le portail. Je ne distingue qu'une silhouette à travers le rideau de pluie. Quel est le pauvre suicidaire qui a décidé de venir me contrarier ? Tout le monde sait que je n'accepte pas d'étrangers ici. Je soupire et m'appuie sur le rebord de la fenêtre. « Alfred, débrouillez-vous pour connaître l'identité de cet homme. Mais ne le laissez pas entrer. » Le vieil homme s'en va en trottinant. J'ai comme un mauvais pressentiment.

Une heure…. Une putain d’heure qu’il attendait comme un con devant l’immense portail de cette immense baraque. Pourquoi me direz-vous ? Non ce n’était pas parce qu’il était complètement givré ou qu’il avait eu une subite envie de se prendre des trompes d’eau, ni qu’il avait la flemme de prendre une douche donc qu’il avait trouvé cette solution quelque peu… primitive et étrange. Non, en fait il voulait parler à celui qui habitait dans l’immense baraque. A savoir, un mec plutôt mignon qui s’assumait, et qu’il avait rencontré… il y a à peine quelques jours. Mais bon ce dernier détail était sans importance. Mais bon, le problème c’est que ce dernier ne semblait pas vraiment vouloir se montrer et on peut dire qu’Angel commençait vraiment à perde patience. Surtout qu’à tous les coups il allait choper la crève et donc, il n’irait pas bosser les jours suivants. Super… Il n’avait pas besoin de ça en ce moment, mais bon, aux grands maux les grands remèdes comme disent les moldus !

Il soupira encore une fois tout en maudissant cette foutue pluies et fit encore plus de bruit dehors pour que quelqu’un daigne enfin s’apercevoir de sa présence. Parce que d’accord, le beau mec  pouvait très bien s’en foutre pas mal de lui, mais il pourrait au moins avoir l’amabilité de venir le lui dire au lieu de le laisser poireauter comme un débile sous cette pluie battante. Nan mais oh ! Où avait-il été élevé ? Bon, du calme, du calme. Ne surtout pas s’énerver, ce n’était pas une bonne idée. Surtout qu’après tout il ne le connaissait même pas ce jeune homme. Et puis, c’est vrai qu’il était un peu mal placé pour parler puisque venir squatter comme ça devant chez une personne n’était pas vraiment quelque chose de correct… Enfin bref, maintenant qu’il était là, il ne comptait pas repartir avant de l’avoir vu.

Presque aussitôt quelque chose semblait sortir dehors. Sous cette pluie il ne distinguait pas vraiment ce que c’était, mais plus la chose avançait plus il distinguait une forme humaine. Si bien qu’un vieux monsieur se planta devant lui demandant ce qu’il voulait. Angel fut un peut plus clair.

« Je vous préviens, j’attends ici depuis plus d’une heure et je refuse de partir avant d’avoir vu le propriétaire ! Je suis vraiment sérieux je ne bougerais pas d’ici. Et si jamais j’attrape la mort à cause de cette pluie et que je meurs, vous l’aurez sur la conscience. »

Et avec ça, le monsieur le regarda de haut en bas, avant de refermer le portail et de repartir vers la maison. Heu… Il était vraiment sérieux là ? Très puisque c’était ainsi, Angel se rassit devant le portail, comme il l’avait dit.

J'assiste à l'entrevue depuis la même fenêtre qui m'a permis de distinguer la silhouette de l'inconnu. Comme je le lui ai demandé, Alfred revient après avoir claquée la porte au visiteur. Ce dernier, mécontent, semble s'être assit par terre à même la boue. Il est peu vêtu et la pluie est glaciale. Je me demande depuis combien de temps il est là. A sa place j'aurais déjà abandonné. Mon fidèle serviteur revient en secouant le parapluie replié. Il soupire et hausse les épaules, signe que cet homme n'a pas voulu donner son nom ni son prénom. « Il a l'air têtu et bien décidé à vous voir, monsieur. » Je fronce les sourcils et retourne à mon bureau pour rédiger quelques papiers en retard et les envoyer par hiboux. Ceci fait, je retourne près de la fenêtre, persuadé que le jeune homme a du abandonner. Eh bien non, il est toujours là, trempé jusqu'aux os, grelottant contre la grille. Bon sang mais qu'est-ce-qu'on leur apprend aux jeunes de nos jours ?! Je grommelle. Je n'aime pas que l'on me force la main. Ce sale gosse n'a qu'à rentrer chez-lui, je suis pas une garderie non mais sans déconner ! Je serre les poings comme si j'allais rugir de colère, mais au dernier moment je souffle et appelle Alfred avec calme et neutralité. « Très bien, laissez ce pauvre malheureux entrer, mais qu'il ne touche à rien et ne sorte pas du salon. Je tiens pas un musée. » C'est avec un petit sourire en coin que le vieillard s’exécute au petit trot. Pour un vieux croûton, il est diablement rapide et discret. J'ai un peu honte de l'avouer ainsi, mais j'aime bien sa compagnie, il ajoute une touche vivante à cet environnement macabre. Je regarde avec attention le jeune homme remonter l'allée en compagnie d'Alfred, tout recroquevillé sur lui même, grelottant. A présent que je peux distinguer son visage, je le reconnait. C'est le jeune homme que j'ai croisé rapidement en ville. Il n'était pas désagréable mais je ne me souviens pas l'avoir invite ou quoi que ce soit de ce genre. Je soupire à nouveau. Le calme de ce château se voit troublé pour des raisons bien obscures. Qu'est-ce-qui peut bien pousser un garçon de son âge à venir camper devant la ferme presque en ruine d'un mec dont la réputation d'homosexuel contagieux est connue de tous ? Mystère. Je descend les escaliers sans me presser, laissant le temps à mon invité de s'installer sur un fauteuil et de se réchauffer au coin du feu. J'aime mieux entamer la discussion avec quelqu'un qui ne dégouline pas sur mon tapis. Oh bien sûr je sais que c'est ce qui est en train de sa passer, mais moins j'en suis témoin et mieux je me porte. Mon pauvre tapis en laine tout neuf... Lorsque je pénètre dans le grand salon, Angel est blotti dans le fauteuil le plus près de la cheminée, enroulé dans un plaid en polaire. Je souris, un peu gêné. Il est sûrement malade maintenant. « Bon, maintenant que tu es au chaud et au sec, tu m'expliques ce que tu fiches ici ? » Dis-je sur un ton autoritaire. Je suis plus âgé que lui et j'ai plus tellement envie de tourner autour du pot. Surtout que j'ai jamais été doué pour tout ce qui touche au relationnel.

Bordel de **** ce n’était pas possible d’avoir un temps aussi pourri. Mon dieu mais qu’est-ce qui lui avait pris à cet idiot d’être aussi têtu ? Il était complètement gelé. Il frissonnait tandis que la pluie continuait de le tremper un peu plus. Bande d’ingrats ! Ils n’en avaient rien à faire à ce qu’il crève devant leur portail ! Angel avait envie de se maudire pour son idée si débile. D’accord, il l’avait trouvée géniale au début mais maintenant il la regrettait ! Et tout ça pour un mec qui ne savait même pas qui il était ! Oh la poisse !

Pendant qu’il continuait de s’insulter de tous les noms, le petit vieux revînt en lui ouvrant le portail et en lui demandant de le suivre. Angel ne se le fait pas redire deux fois et s’empresse de suivre le vieillard jusqu’à l’intérieur. Arrivés dans la maison, Angel est trempé de la tête au pied et goutte sur le sol. Il devait fortement ressembler à une serpière en cette instant présent, de plus ses vêtement lui collaient à la peau lui donnant une sensation tout à fait désagréable.

Il suivit son guide jusqu’à une pièce qu’il jugea être le salon et remercia l’homme quand il lui donna de quoi se réchauffer. Assis devant le feu il grelottait, ne sachant même plus pourquoi il était venu aussi, il avait sûrement dû attraper la crève. Super… C’est son patron qui allait être content.

Il tendit l’oreille en entendant des pas approchés, se disant sûrement que c’est le petit vieux qui revenait. Mais il fut surpris d’apercevoir ce pourquoi il était ici. Il détailla l’homme de haut en bas de ses yeux brillants et il se dit qu’il était vraiment pas mal. Les beaux ténébreux étaient toujours les plus sexys. Angel répondit au sourire de son hôte en se disant qu’il était vraiment mignon.

« Bon, maintenant que tu es au chaud et au sec, tu m'expliques ce que tu fiches ici ? »

Angel frissonna au ton autoritaire employé. C’est vrai qu’il avait le droit d’avoir des explications. Surtout qu’il devait le prendre pour un fou. Puisque ce n’était pas très correct de d’inviter chez les gens de la sorte. Il allait lui répondre quand une quinte de toux de prit. Bon… Il était bel et bien malade. Quand il fut calmé il releva à nouveau les yeux sur lui.

« Je voulais te…euh…vous voir. Je… suis désolé si je dérange mais j’avais vraiment besoin de vous parler. Alors s’il vous plaît ne me fichés pas dehors. »

Je le regarde et je l'écoute attentivement. J'ai cette espèce d'attitude sereine et silencieuse qui est à la fois reposante et inquiétante. Il s'est invité chez moi, sans raison apparente, me forçant la main en me faisant culpabiliser, et pourtant je ne le déteste pas. Ordinairement, il devrait déjà être en train de s'enfuir, un dragon lui crachant des flammes aux fesses. Pour une raison que j'ignore, je tolère son exécrable présence. Je tolère même les nombreuses gouttes d'eau qui dégoulinent de ses cheveux directement sur mon magnifique tapis ancien en laine. Je fronce les sourcils en l'écoutant bafouiller et me supplier presque de ne pas le renvoyer sous l'averse. Ais-je l'air si cruel que cela ? Il faut croire que oui. Autre détail surprenant : le jeune homme semble avoir du mal à savoir s'il doit me tutoyer ou me vouvoyer. N'ayant sûrement que deux ou trois ans de plus que lui, je trouve que le vouvoiement est assez vexant. Je ne suis pas un vieillard. Je supporte déjà mal que mon fidèle majordome me montre autant de respect, ce n'est pas pour que cet inconnu fasse de même. Je me contente de grommeler : « Ne sois pas stupide, je ne vais pas te renvoyer sous la pluie. J'ai demandé à mon majordome d'apporter des vêtements secs pour que tu ne tombes pas plus malade que tu ne l'es déjà. » Mes sourcils se froncent et je décolle mon épaule de l'encadrement de la porte pour m'avancer dans la pièce. Le jeune brun est à peine plus grand que moi, mais je dépasse de beaucoup sa carrure musculaire. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il me suffirait d'une seule main et de deux minutes pour le mettre K.O. Ce pendant je ne pense pas que cela soit nécessaire. Il n'a rien d’agressif dans son regard, au contraire. Plus d'une fois je surprends son regard qui me détaille. Je connais cette attitude. J'ai connu suffisamment d'hommes perdus passer ma porte en espérant que je puisse les éclairer. Nombreux sont ceux qui pensent que je suis atteint d'une maladie transmissible, mais certains sont dans le même cas que moi et se demandent comment je fais pour vivre ma différence au grand jour sans craindre le regard des autres. Un coin de mes lèvres se soulève légèrement en un demi sourire. « Tu peux me tutoyer. Quel est ton prénom ? » J'essaye de me montrer gentil pour une fois, ce qui n'est pas simple étant donné que je n'y suis pas habitué. Quand on passe autant de temps que moi en dehors de la société et en compagnie de créatures sauvages telles que les dragons, on a tôt fait d'oublier les règles de politesse. Peut être que je devrais lui offrir à boire ou à manger, je n'en sais rien. Je vais attendre qu'il me demande ce dont il a besoin, ce sera plus sage.

« Ne sois pas stupide, je ne vais pas te renvoyer sous la pluie. J'ai demandé à mon majordome d'apporter des vêtements secs pour que tu ne tombes pas plus malade que tu ne l'es déjà. »

Oh... A lors le vieux monsieur de tout à l'heure... C'était le majordome. Il devait être vachement riche alors ! En même temps... Vu la maison, ce n'était pas vraiment étonnant. Angel était tout de même rassuré. Il n'allait pas le foutre dehors ! C'était assez étonnant d'ailleurs... Beaucoup disaient que c'était un homme froid et sans cœur qui était... atteint d'une maladie très contagieuse et qu'il fallait donc ne pas s'en approcher. N'importe quoi... S'il était vraiment malade, Angel l'était tout autant ! Néanmoins, il s'était tout de même attendu à ce que le jeune homme lui fasse des réprimandes à défaut de l'expulser de chez lui. Mais bon... Angel n'allait vraiment pas s'en plaindre !

« Merci beaucoup. »

Au début, Angel avait vraiment regretté d'être venu ici... A vrai dire, il commençait à oublier ce qu'il faisait là. Quand on y pensait, cela ne se faisait pas vraiment de s'incruster comme ça chez les gens, surtout quand c'était chez des personnes qu'on ne connaissait pas vraiment. Angel sourit tout seul en pensant que sa mère lui en toucherait deux mots si elle le savait. Elle lui dirait sûrement qu'elle ne l'avait pas élevé comme ça et que ce n'était pas une façon de se comporter. Mais bon... Elle n'était pas là et heureusement d'ailleurs ! Elle ne savait même pas que son fils unique n'était pas vraiment attiré par les jeunes femmes. Pas du tout même. Mais il ne pouvait pas lui dire. Tout d'abord parce que... il avait un peu peur qu'elle le rejette et ensuite, parce qu'il savait que cela lui ferait de la peine de se dire qu'elle ne serait sûrement jamais grand-mère... Une seule et unique personne était au courant de son « état » et c'était déjà beaucoup trop selon lui, même s'il avait une parfaite confiance en Audrey.

« Tu peux me tutoyer. Quel est ton prénom ? »

Angel revint subitement sur terre quand la voix du jeune homme s'éleva. Il le dévisagea quelques secondes avant de sourire doucement et de détourner le regard. Il ne savait pas pourquoi il l'avait vouvoyé. Après tout, il ne devait pas être beaucoup plus âgé que lui. Mais il dégageait une telle prestance que cela pouvait être un peu... intimidant en fait.

« Angel... Je m'appelle Angel. »

C'est vrai que si Angel connaissait son prénom, lui en revanche n'en savait rien. Il était d'ailleurs de plus en plus surpris par l'attitude que Blake avait avec lui. Etait-ce seulement avec lui ou alors... out ce qu'on racontait sur lui était faux ?

« Tu sais... Tu es bien différent de ce que l'on raconte sur toi. Mais... C'est une bonne chose, en quelque sorte. »

Angel lui fit un petit sourire, conscient que cela était un peu maladroit mais bon... On en pouvait pas dire qu'il était quelqu'un de doué pour ce qui est de discuter avec quelqu'un en choisissant les bons sujets et les bons mots. Angel était assez maladroit et surtout tête-en-l'air, ce qui fait qu'il dit toujours ce qu'il ne faut pas.

Je détaille discrètement le jeune homme qui me fait face. Il est assez beau garçon, il faut le reconnaître, même s'il n'a pas beaucoup de manières visiblement. Dans cette époque qu'est la notre, les gens n'aiment pas vraiment les visiteurs qui ne préviennent pas à l'avance de leur venue. Finalement, je pénètre un peu plus dans le salon et m'installe sur mon fauteuil fétiche. On reconnait tout de suite que c'est le mien, car c'est le seul a être usé, décoloré, abîmé. Je reçois si peu de visite que les autres sont encore d'un état presque neuf. Pour un inconnu, cette demeure doit vraiment sembler effrayante. Tant de place pour un seul homme et son majordome, sans compter les dragons qui grouillent plein le jardin.Je soupire et remet mes cheveux en place en l'écoutant se présenter. « Angel, hein ? C'est un joli prénom, très exotique. Tu n'as pas que des origines anglaises, pas vrai ? » Dis-je avec amusement. Je n'attends pas réellement de réponse de sa part. C'était une question purement rhétorique.
Un petit silence s'installe dans la pièce, seulement perturbé par le bruit que fait le majordome en fouillant le grenier à la recherche de vêtements propres et secs. L'idée seule de voir cet inconnu dans de vieux vêtements à moi me hérisse le poil, mais je fais comme s'il n'en était rien. Je dois essayer de me comporter comme quelqu'un de civilisé. La remarque du jeune homme à ce propos pique là où ça fait mal, déclenchant mon habituelle mauvaise humeur. « Si tu es assez bête pour écouter et croire ce que disent les gens dans la rue, c'est ton problème, pas le mien. » Aussitôt, je regrette mes mots. Ce n'est pas complètement sa faute et je ne devrais pas me montrer rude avec un invité. En plus, il n'a pas complètement cru ce qu'on lui disait, puisqu'il est venu jusqu'ici afin de forger sa propre opinion. « Désolé, je suis juste un peu susceptible à ce sujet. » Dis-je en essayant d'afficher un sourire presque sincère sur mes lèvres.
Alfred arrive enfin avec des affaires plein les bras. Il les dépose avec une délicatesse calculée sur un fauteuil et s'incline avant de quitter la pièce. « Il y a une salle de bain à l'autre bout du couloir, tu n'as qu'à te changer là-bas. » Je propose en restant calme et concis. Il n'est resté que trop longtemps dans ses vêtements trempés, je n'aimerais pas avoir sa pneumonie sur la conscience. Ce n'est pas parce que j'ai un caractère d'ours mal léché qu'il doit en souffrir les conséquences.