Tout s'était effondré. C'était fini. Plus de rires, plus de douces rêveries pour Serya et Herbert. La représentation avait été une catastrophe du début à la fin. La blonde se demandait comment cela avait pu dégénérer à ce point. Que les élèves ne connaissent pas leur texte, c'était presque obligé. Ils n'apprenaient déjà pas leurs cours, aucune raison pour qu'il connaissent leur texte pour une représentation théâtrale. Si seulement il n'y avait eut que cela. Non, leur travail et leur motivation n'avaient servit à rien et cette représentation avait été une catastrophe. Mais ce n'était pas le plus triste. Les plus triste dans cette histoire, c'est qu'Herbert avait été renvoyé, viré, remercié, congédié. Malgré tout ce qu'elles faisaient, des femmes comme Sparkley ou Mathews continuaient à exercer. Mais Herbert Beery n'avait pas même eut droit à une seconde chance. C'était injuste. Totalement injuste. Et aussi très triste.

Quelque part, Serya s'en voulait un peu. Parce que si Herbert avait continué à espérer, si il avait insisté pour faire ce club théâtral, c'était un peu à cause d'elle. C'était elle qui l'avait encouragé. Et c'était elle qui avait à tout pris voulut l'aider dans son projet. Si ça se trouve, elle avait sa part de responsabilité avec leur échec. Enfin, de toute façon, elle avait forcément une part de responsabilité. Mais ce qui la gênait un peu, c'était que pour sa part, elle n'était ni renvoyée, ni même mise à pieds. Non, elle avait tout juste eut droit à une petite séance de reproches. À peine. Quelle injustice.

C'était donc pleine de remords qu'elle avait invité Herbert à venir passer quelques jours chez elle. À vrai dire, elle n'avait pas précisé la durée de son séjour. Elle s'était dit qu'il pouvait bien rester profiter de la campagne autant qu'il le voulait. Sans compter que c'était grand et qu'elle était seule. Avoir la chance d'avoir un véritable ami avec elle était déjà une bonne chose. Mais au fond, elle voulait surtout lui remonter le moral, lui faire changer d'air. Il le méritait. Ce n'était pas du tout quelqu'un de méchant et il avait travaillé dur pour malheureusement revoir son rêve partir en éclats. Le pauvre homme ne serait pas être en grande forme.

Il neigeait, il faisait froid, mais étrangement, il n'y avait pas cette impression de ciel sombre. En une autre saison, il aurait fait beau... ou presque. Serya attendait avec une impatience non dissimulée son ami. Elle espérait simplement qu'il n'allait pas trop mal. Parce qu'en temps normal, elle aimait bien passer du temps avec lui. Ils étaient amis.

La nouvelle avait été extrêmement difficile à avaler pour Herbert. C'est vrai, ce poste de professeur d'herbologie, ça n'avait pas du tout été en soi l'accomplissement de son plus grand rêve, lui qui aurait largement préféré faire de la scène et brûler les planches, mais ça faisait bouillir la marmite, au moins. Et il y avait eu ce club de théâtre. Au final, ça avait été un foirage total, mais Herbert y avait cru corps et âme, lui, à ce projet. Il avait vraiment pensé que c'était par cet intermédiaire qu'il trouverait un sens à ce qu'il était en train de faire et à ce vers quoi avait fini par déboucher sa carrière. Et maintenant, qu'est-ce qu'il en était de sa carrière ? Le néant total, absolu. Voilà qu'on l'avait viré, du jour au lendemain, et à la demande de plein de parents d'élèves, qui plus est. Il était grillé. Impossible d'espérer se faire réengager à Poudlard... Il aurait aimé y voir un signe, le signe qu'il fallait qu'il persévère et reprenne les auditions avec plus de ferveur, seulement voilà, il savait qu'il était fiché. Le bouche à oreille, ça va vite, et après le fiasco de son "spectacle"... qui voudrait encore de lui ? Il était une catastrophe ambulante, et maintenant, il n'avait plus aucun boulot, et un avenir professionnel obscur.

Quel défaitisme, hein ! Mais bon, même quelqu'un d'aussi naïf et optimiste qu'Herbert Beery savait admettre quand les choses n'allaient pas en sa faveur et quand il fallait rendre les armes et admettre sa défaite. Ces vacances de Noël, qui dans son cas pourraient bien se prolonger sur une durée indéterminée, il ne les abordait pas sous les meilleurs hospices, et ça l'avait vraiment soulagé, quand Serya lui avait proposé de les passer en sa compagnie. Un séjour indéterminé à la campagne en compagnie de l'une de ses rares amies, histoire de se ressourcer un peu. Ouais, ça devait être ce dont il avait besoin. Et donc, il avait répondu par un oui enthousiaste à la proposition de son ancienne collègue. Au jour et à l'heure qu'ils s'étaient fixés, il avait donc transplané jusque devant la ferme d'élevage où vivait Serya. Déjà, l'endroit lui plaisait. La nature, le grand air, loin de l'agitation londonienne où il avait encore son appartement pour l'instant (mais il était quasiment sûr que ça ne durerait pas), si ça c'était pas le meilleur endroit au monde pour se remettre de toutes ses déconvenues ! Alors il n'existait aucun endroit au monde qui y suffise. Ses pieds s'enfoncèrent dans la neige alors qu'il faisait les quelques pas qui le séparait de la porte d'entrée. Il y toqua, attendit qu'on lui ouvre,  et quand Serya lui apparut dans l'encadrure, il lui adressa un grand sourire.

-Bonjour Serya. Merci de m'inviter chez toi.

Et ce remerciement venait du fond du coeur. Demeurer seul dans son ridicule appartement sous les toits, voilà qui n'aidait pas à sa déprime latente. Elle comptait sur son amie pour lui changer les idées. Et connaissant son caractère farfelu et fantaisiste, il était sûr qu'elle y arriverait.

Serya aimait bien Herbert. Il n'était pas méchant ou même moqueur avec elle. Il était juste gentil et il avait l'air d'avoir confiance en elle. Ce qui était assez rare en fait. Parce que c'était plus que facile de trouver de quoi se méfier chez Serya. Elle était assez extravagante. Elle pouvait partir assez loin des fois. Dans des explications qui ne touchaient pas des sujets passionnants. Et encore. C'était si il y avait un sujet précis. Mais Serya était aussi quelqu'un de très gentil qui pouvait être d'une aide précieuse si vous saviez la motiver. C'est ce qu'Herbert avait fait avec son projet de club théâtre. Elle avait été très enthousiaste à l'idée de pouvoir participer à un tel projet. Bien moins de voir ce qu'il était devenu, c'est certain. Mais elle avait fait ce qu'elle pouvait pour aider celui qu'elle pouvait appeler son ami. Et aujourd'hui encore, elle voulait faire tout son possible pour lui remonter le moral.

La blonde attendait avec impatience de voir arrive son ami. Elle se demandait si il aimerait son petit coin de campagne ou si il finirait par regretter son choix. Elle serait bien sûr un peu déçue si il ne se plaisait pas ici, parce qu'il voudrait certainement repartir et qu'elle n'était pas du tout du genre à le retenir. Non, si il voulait repartir elle irait le raccompagner à la porte avec le sourire. Mais il faut bien admettre que si elle adorait ses animaux, ça ne faisait pas tout. Elle aimait bien discuter avec des êtres humains, échanger avec un ami.

Lorsqu'il toqua à la porte, elle essaya de ne pas tarder pour lui ouvrir. Elle ne voulait pas qu'il reste trop longtemps au froid derrière la porte. Alors c'est avec un grand sourire qu'elle lui ouvrit. Mais pas que... Il faut savoir que quand elle était là, Serya était bien plus active qu'à l'école. Ici, elle était dans son élément. Et comme en temps normal il n'y avait jamais personne, elle était souvent en salopette. Oui, et alors? C'est plus pratique qu'une robe et ça habille tout aussi bien. Bon, avec une chemise tout de même mais en salopette. Ceci dit, elle n'y faisait même plus attention. Et elle se doutait bien qu'Herbert ne s'y attarderait pas trop. Il la connaissait. Il savait qu'elle était souvent un peu... particulière.

-Bonjour Serya. Merci de m'inviter chez toi.

Chantale vint se frotter à lui dès qu'il entra après y avoir été invité. L'animal ne l'avait pas oublié et elle l'aimait bien. Sa maîtresse débarrassa son invité de son manteau en lui répondant.

-Je t'en pris, ça me fait plaisir.

Serya l'accompagna ensuite à l'étage pour lui montrer sa chambre afin qu'il y dépose le plus gros de ses affaires. N'allez pas non plus croire que Serya habitait un château. C'était une maison assez grande pour être confortable. Le plus gros des terres qui lui étaient accordées étaient occupées par ses animaux. Mais la chambre qu'elle laissait sans aucun soucis à Herbert était peut-être même plus grande que celle qu'il avait à l'école. Et il avait sa propre salle de bain. Serya espérait que ça irait.

-Tu pourras rester ici autant que tu le souhaite. Et si quelque chose ne va pas n'hésite pas à me le dire.

Serya était bien plus énergique qu'à Poudlard mais elle espérait que ça ne dérangerait pas son ami. Et puis, elle ne le faisait pas exprès.

Quelle chance il avait eu de tomber sur une collègue et amie telle que Serya. Auprès d'elle, tout lui semblait soudain moins grave, même ce moment de sa vie qui n'allait pourtant pas être simple. Il avait une épaule sur laquelle se reposer, et l'air vivifiant de la campagne, qui glissait le long de ses narines, lui faisait un bien à peine imaginable. C'est comme son sourire, son beau sourire franc, jovial, émaillé de blanc, qui lui laissait espérer les meilleures vacances possibles. Une pause, Une intermède, avant que la vie vienne lui rappeler que, quand même, il serait grand temps qu'il se reprenne en main, que le travail, ça pousse pas sur les arbres. Et qu'il fallait qu'il envisage une autre façon de gagner sa vie, sans rien foirer, cette fois. Il faudrait peut-être qu'il abandonne le théâtre et l'art dramatique en général pour se concentrer sur il ne savait pas quel autre corps de métier qui ne lui vendrait aucun rêve mais qui lui assurerait tout du moins un avenir.

-Je t'en pris, ça me fait plaisir.
-Pour l'instant. répliqua-t-il dans un sourire.

Après tout, même s'ils se voyaient régulièrement à Poudlard, elle n'avait encore jamais eu l'occasion de le supporter au quotidien. Il se pouvait qu'elle ne se remette pas d'une telle expérience. Surtout que si pour l'instant il goûtait seulement à la satisfaction de pouvoir changer d'air, il ne lui faudrait sûrement pas beaucoup de temps avant de broyer de nouveau du noir. Il se pouvait même que ce soit très rapide. Elle lui montra l'endroit qui lui servirait de chambre : une pièce spacieuse et confortable. Herbert sentait déjà qu'il se sentirait parfaitement à son aise, là, il devrait fournir beaucoup d'efforts pour ne pas demander à prolonger ses vacances pour retrouver son déprimant appartement de Londres, parce qu'il ne comptait pas s'imposer trop longtemps, bien sûr. Même si Serya le proposait très gentiment.

-Tu pourras rester ici autant que tu le souhaite. Et si quelque chose ne va pas n'hésite pas à me le dire.
-Merci beaucoup ! Je me sens déjà mieux ici que chez moi.

Ce n'était pas difficile, faut dire. Chez lui, c'était glauque, triste et froid comme c'est pas permis. Là, même si c'était l'hiver, l'endroit avait l'air de rayonner d'un soleil tout particulier. C'était même difficile à expliquer, en fait. Il ne mit pas longtemps à ranger ses affaires, en fait, il se contenta de déposer sa valise au pied du lit, avant de se tourner vers son interlocutrice.

-Alors, tu me fais visiter ? J'ai hâte de voir tous tes animaux.

Depuis le temps qu'elle lui en parlait, de ceux-là, en même temps ! Sa curiosité était toute naturelle.

Serya considérait que pouvoir parler et passer un peu de temps ave quelqu'un comme Herbert n'était pas que très agréable. C'était une chance. Une vrai chance. Pas parce qu'elle ne pouvait pas souvent parler à grand monde parce que personne ne l'écoutait bien longtemps, mais parce que lui, il la comprenait. Les gens comme Serya et Herbert étaient souvent incompris parce que leur passion prenait beaucoup de place dans leur vie. Mais eux, ils se comprenaient. Ils savaient ce que cela représentait et ils se soutenaient du mieux qu'ils le pouvaient.
Raison pour laquelle Serya l'avait invité à venir chez elle. Il était convenu qu'il vienne un de ces jours. Ils se l'étaient dit dès leur première rencontre. Mais le fait qu'il ait vécu une période difficile qui n'était certainement pas encore finie était une raison idéale pour lui faire changer de décor. Alors ces vacances tombaient à point nommé. Et puis, Serya était tout simplement contente de passer un peu plus de temps avec lui si cela lui permettait d'aller mieux. Elle le lui avait dit. Et lui avait plaisanté.

-Pour l'instant.

Cette touche d'humour prouvait qu'il n'allait pas si mal que ça. Même si ce n'était certainement pas encore la grande forme. Serya répondit avec plaisir à ce sourire pourtant. C'est vrai qu'avec eux, c'était souvent des échanges de sourires qui se passait. Mais ce n'était pas désagréable en fait. On les voyait vraiment heureux. Ils n'avaient rien à prouver à l'autre. Ils étaient amis et ça suffisait. Alors ils étaient détendus, voilà tout.

-Mais non, ça va être sympa.

Elle le pensait. Il était certain que pour le moment, ils n'avaient connu que des entrevues à l'école ou à l'extérieur. Alors que là, ils allaient passer des jours entiers ensemble. Cela serait peut-être différent. Mais Serya n'avait pas peur de ça. Elle pensait connaître suffisamment Herbert pour pouvoir passer autant de temps avec lui. Ils feraient certainement des concessions. Mais pas de trop grande, espérons. Cela pouvait soit leur montrer qu'ils étaient vraiment amis, soit briser cette amitié. Mais Serya n'était pas du tout inquiète.
Lorsqu'elle l'accompagne jusqu'à sa chambre, elle espérait que cela lu conviendrait. Chez Serya ce n'était pas le grand luxe, mais au moins c'était confortable. Herbert avait l'air content. Tant mieux. Elle se sentait déjà un peu mieux. Elle savait qu'au moins, il serait bien chez elle et pas qu'en sa compagnie.

-Merci beaucoup ! Je me sens déjà mieux ici que chez moi.

Bonne nouvelle. Peut-être resterait-il toutes les vacances, peut-être même plus. À vrai dire, même si Serya devrait retourner à l'école, elle s'était dit qu'elle pourrait laisser la place à Herbert. Après tout, si il était bien ici et qu'elle n'était plus là, autant qu'il profite un peu tout de même. Et puis, peut-être qu'il pourrait être plus à l'aise que chez lui, c'était peut-être plus grand. Enfin, ils verraient bien. Peut-être qu'après quelques jours ici il voudrait repartir chez lui au plus vite. Pour le moment, Serya se contenta de lui sourire le plus sincèrement du monde.

-Alors, tu me fais visiter ? J'ai hâte de voir tous tes animaux.

Soit il voulait être gentil, soit il était curieux. Dans un cas comme dans l'autre, Serya était contente de l'entendre dire ça. Elle l'entraîna donc à l'extérieur. Les enclos et la maison n'étaient pas tout à fait collés. Les plus proches étaient tout naturellement ceux qui abritaient les bébés crabes de feu et leurs mères. Il n'y en avait pas tant que cela finalement. Ensuite les terres étaient à peu de choses près partagées en trois. L'enclos des crabes de feu adultes ou presque, l'enclos des nifleurs, et des enclos vides qui permettaient de changer un peu les bêtes d'endroit. Serya et Herbert passèrent d'abord par l'enclos des petits. La blonde n'avait pas encore été vérifier que tout allait bien aujourd'hui. Puisqu'on était en hiver, l'endroit était couvert. Elle entra doucement et fit signe à Herbert de la suivre. Elle passa par dessus la barrière.

-Tu peux venir si tu veux. Mais je comprendrais si tu préfères rester derrière la barrière.

C'était un peu comme il voulait. Pour sa part, elle alla vers les trois petits qui étaient là en ce moment. Les mères avaient l'air d'aller bien. Elle pris un des petits dans ses bras pour vérifier qu'il n'avait rien. Elle jeta un regard à Herbert dans un sourire.

-Tu veux le toucher?

-Mais non, ça va être sympa.

Heureusement que Serya débordait d'optimisme. Il en fallait un sacré paquet pour contrecarrer la quasi dépression qui guettait sans arrêt notre professeur fraîchement remercié. D'accord, la simple perspective de pouvoir passer un peu de temps chez l'une de ses seuls amis pour se remettre un peu et se reconstruire tout doucement lui faisait déjà du bien, mais bon, les sombres pensées l'attendaient toujours au détour d'une réflexion. Logique. On ne pouvait pas oublier si facilement un événement qui avait autant d'impact sur sa vie. Herbert, en tous cas, ne le pouvait pas. Et il savait bien qu'au cours de son séjour, il aurait forcément des crises de mauvaise humeur. Il espérait que, à ce moment-là, Serya saurait se montrer suffisamment conciliante pour ne pas lui en tenir rigueur. D'une certaine manière, il n'en doutait pas. Il ne la connaissait que depuis quelques mois, d'accord, mais il pensait quand même bien la connaître, et il la pensait tout simplement incapable de s'énnerver. Sauf, peut-être, si on s'en prenait à ses si chers animaux. Là, il était sûrement probable qu'elle montre les crocs, comme une louve protégeant ses petits.

À propos d'animaux, Serya accepta sa proposition, et le mena jusqu'aux enclos où se trouvaient ses si précieuses créatures. Elle le conduisit d'abord jusqu'à un espace couvert, où des crabes de feu miniature (des bébés, en fait), s'agitaient en tous sens. Herbert évita un léger mouvement de recul. Ces choses pleines de pattes, ce n'était pas trop sa tasse de thé. Plus c'est petit, plus c'est mignon, on dit, mais là, il avait plutôt tendance à croire que la petitesse de ces bestioles les rendait plus... grouillantes. Enfin, il garda contenance quand même, afficha même un sourire. Il voyait que Serya était vraiment passionnée par tous ses animaux. Et c'était ce qui importait vraiment, au final. Son bonheur à elle faisait son bonheur à lui.

-Tu peux venir si tu veux. Mais je comprendrais si tu préfères rester derrière la barrière.

Un peu réticent, il daigna s'avancer quand même. Il acceptait de croire qu'il ne risquait rien, puisqu'elle le lui garantissait, et même s'il avançait un peu à reculons, il acceptait de se laisser gagner par le même enthousiasme que celui de son amie. Serya prit l'une de ces bestioles dans ses bras.

-Tu veux le toucher?

Euh. Non ? Mais il allait quand même faire un léger effort. Après tout, il lui devait bien ça. Il s'avança, mal à l'aise... et le toucha du bout des doigts. Au contact, c'était moins désagréable que ce qu'il aurait cru. Mais ça restait tout de même une expérience qu'il ne réitérerait pas dans une autre circonstance.

-Il a un nom, je suppose ?

Herbert commençait à bien connaître Serya. Il supposait que chaque animal dans cet enclos avait été doté d'une identité propre. Ça lui ressemblait bien.

Serya n'était pas une femme bien compliquée. Tant qu'elle avait ses animaux, elle était de bonne humeur. Et là, ce n'était pas ça qui manquait. Alors forcément, quand en plus un ami venait la voir, chez elle, au milieu de ses chéris, ça allait tout de suite très bien. Et puis il était gentil Herbert. Il aimait pas trop toutes ces petites bêtes. Mais il faisait l'effort la suivre et d'y faire un tout petit peu attention. Qu'il se rassure, Serya ne lui ferait pas tripoter ses animaux toute la journée. Là c'était la visite. Juste pour faire connaissance avec l'environnement... et que l'environnement fasse connaissance avec lui aussi, accessoirement. Parce que ces animaux ne connaissaient pas cet homme et qu'il était mieux qu'ils le connaissent si Herbert devait rester un peu chez son amie.

Autant dire que Serya avait été plutôt contente de voir qu'Herbert était un peu intéressé par son petit monde. Et donc à ses petits chéris. Si elle avait voulut commencé par les bébés crabe de feu, c'était pour plusieurs raisons. La première étant qu'elle voulait vérifier comme toujours qu'ils allaient bien. La seconde plus inhabituelle. Serya voulait commencer par ce qui serait certainement le plus dur pour Herbert. Les crabe de feu, elle avait déjà remarqué qu'il n'aimait pas vraiment ça. Alors autant commencer par ça et finir sur plus agréable. Mais visiblement, il avait toujours autant de mal. Raison pour laquelle elle lui avait laissé le choix de la suivre ou de rester derrière la barrière, bien protégé. Serya était contente qu'il essaye comme ça. C'était gentil. Et il avait même touché son bébé du bout des doigts. Elle n'avait pas insisté mais c'est vrai qu'elle était satisfaite. C'était un peu une victoire. Petite, mais quand même. De toute façon, elle n'avait pas besoin de le voir caresser ses adulte comme si il adorait ça. Tant qu'il pouvait rester un peu dans sa propriété malgré les animaux, elle serait contente.

-Il a un nom, je suppose ?

C'est qu'il la connaissait à force. Bien sûr qu'il avait un nom ce petit trésor. Comme tout ces petits camarades. Ils avaient tous, autant qu'ils étaient, un petit nom. Alors ils avaient pour la plupart des noms franchement discutables, mais ils avaient un nom. C'était le principal, non? Et bien pour Serya ça l'était. Et si il lui demandait si gentiment, elle lui dirait. Et avec un grand sourire.

-Oui, il s'appelle Roger. Il est mignon, hein?.. Enfin, comme une petit crabe de feu j'imagine.

Elle ne voulait pas non plus imposer ses idées à Herbert. Ce n'était pas parce qu'elle trouvait ce petit animal adorable que c'était le cas de tout le monde. Alors il avait le droit de penser ce qu'il voulait. De toute façon, il savait ce qu'elle en pensait.
Serya reposa son animal et entraîna Herbert ailleurs. Là où il serait certainement un peu mieux. Du côté des niffleurs, c'était déjà moins dangereux. Mais il y en avait plus aussi. Ceci dit, c'était plus affectueux aussi. À peine Serya avait-elle mis les pieds dans l'enclos que ces petits chéris venaient la saluer. Il faut dire qu'elle avait pris leur nourriture au passage. Alors tout de suite, ils venaient vers elle. Serya était toujours contente de les voir arriver comme ça. Et c'était toujours gentil, toujours doux malgré tout. Toujours souriante, elle se dirigea vers leur mangeoire et vida son seau dedans. Ils vinrent tous autour pour manger et Serya restait derrière, fière d'elle et de ses petits choux. Elle jeta ensuite un regard vers Herbert.

-Je ne t'embête pas trop, ça va? Tu peux me le dire sinon, je ne t'en voudrais pas.

Bah oui, il pouvait donner son avis aussi. Les animaux c'était le truc de Serya. Mais lui aussi pouvait dire ce qu'il voulait faire ou non. Il était un peu chez lui ici pour les prochains jours. Autant qu'il puisse se sentir un peu libre de ses mouvements.

-Oui, il s'appelle Roger. Il est mignon, hein?.. Enfin, comme une petit crabe de feu j'imagine.

Elle avait fait son observation avant même qu'il n'ait le temps de s'en charger. Oui, effectivement. si d'une manière ou d'une autre, il existait des critères de "mignonittude" chez les crabes de feu, bébés qui plus est (c'est bien connu, les bébés animaux sont toujours plus mignons), alors peut-être que l'adjectif qualificatif pouvait convenir à cet animal. Sinon... Sinon, bah, Herbert aurait beau faire, il ne parviendrait jamais à trouver ces choses mignonnes.  Le fait de lui donner un nom, lui supposer un caractère, une identité, une individualité, ne parviendrait pas à y changer quoi que ce soit. Il pouvait gagatiser des heures durant devant un petit chaton à la frimousse enjôleuse, oui, mais là... fallait pas trop lui en demander. Même si, pour faire plaisir à Serya, il était prêt à prétendre que les veracrasses représentaient le summum de l'élégance et de la beauté.

-Je ne t'embête pas trop, ça va? Tu peux me le dire sinon, je ne t'en voudrais pas.

Herbert fit vigoureusement non de la tête. C'est vrai que par pure politesse, par pure convenance, et vu son caractère et toute l'amitié qu'il avait pour son interlocutrice, il aurait forcément répondu que non, il n'était pas embêté, même si ça avait été le cas. C'était la moindre des choses, quand même, non ? Surtout après ce qu'elle avait fait pour lui, tout le soutien qu'elle lui avait apporté, et qu'elle lui apportait encore, notamment en l'invitant chez elle alors qu'il venait juste d'être renvoyé et broyait évidemment du noir. Mais il n'avait pas à mentir. Elle ne l'embêtait pas. C'est vrai, il ne pouvait pas totalement partager son enthousiasme, mais il le comprenait. C'était comme quand lui, parlait de ses rêves de comédiens, il ne demandait pas à son entourage d'avoir la même passion, juste de l'encourager.

-Non, au contraire, j'adore voir la passion que tu mets dans ton "deuxième travail". Ça se sent, que t'es vraiment passionnée par ça. Et puis, ça me change les idées. Il sourit. Ils doivent te manquer, non, quand tu dois être à Poudlard ?

Ça aussi, il le savait et le comprenait bien, que ce n'était pas évident de mettre de côté ce qui nous passionnait et nous motivait, dans le seul but de "gagner sa vie". Bon, l'avantage qu'avait Serya c'est que, même quand elle gagnait sa vie, elle continuait à faire ce qu'elle aimait : s'occuper des animaux. Mais la différence, c'est que ce n'était pas les siens. Herbert était convaincu que ça changeait complètement la donne, d'une façon ou d'une autre.

Serya et les animaux, ça datait pas d'hier. C'était une très très très longue histoire d'amour. En même temps, elle avait grandit dedans. Ses parents faisaient déjà de l'élevage. C'était vraiment une passion. Voire plus même. C'était vraiment toute sa vie. Un travail? Elle en avait trouvé un sur mesure. Une famille? C'était ses animaux qui faisaient sa famille. Et ils remplissaient très bien ce rôle pour leur propriétaire. Ils comptaient tous beaucoup pour elle quoi qu'il en soit. Parce que bon, c'était un peu ses bébés aussi. Tous autant qu'ils étaient. Et elle les aimait en tant que tels. Les gens qui la fréquentait pouvaient facilement la trouver un peu tordue. Mais c'était un choix qu'elle avait fait. Partager tout cela avec Herbert était un vrai plaisir. Même si elle devait faire un effort pour ne pas l'effrayer ou lui sembler bizarre. Elle ne voulait vraiment pas qu'il ait envie de partir maintenant.

-Non, au contraire, j'adore voir la passion que tu mets dans ton "deuxième travail". Ça se sent, que t'es vraiment passionnée par ça. Et puis, ça me change les idées.

Ah oui, ça, elle en avait une sacré de passion. Et en effet, ça devait lui changer les idées. Le pauvre Herbert en avait besoin en plus. Pas qu'un peu en plus. Alors c'était agréable de savoir qu'elle pouvait lui donner un peu de quoi se distraire. Tant qu'à faire, si elle pouvait éviter de lui déplaire, àa serait bien aussi.

-Ils doivent te manquer, non, quand tu dois être à Poudlard ?

C'était d'ailleurs un gros problème. Elle aimait tellement ses animaux que Serya avait parfois un petit coup de déprime une fois à l'école, loin d'eux. Cela ne durait jamais bien longtemps. Serya était une femme joyeuse de nature. Mais c'était encore trop. Heureusement, elle pouvait encore prendre soin de certains de ses chéris. C'était son travail même. Enfin, ils n'étaient pas vraiment à elle, mais elle en prenait soin tout comme. Alors si elle devaient en laisser derrière elle, elle avait encore de quoi chouchouter à l'école.

-Oui, c'est sûr. Mais si je ne travaillais pas, je ne pourrais pas m'occuper d'eux. Et puis, mon poste me permet d'en prendre avec moi quand même. Alors finalement, ce n'est pas si grave.

Non, c'était vrai. Finalement, elle s'en sortait bien Serya. Son travail avait plus qu'une vague ressemblance avec ce qu'elle faisait pendant son temps libre. Elle pouvait faire ce qui était le mieux dans son cas. Enseigner ce qui faisait sa passion, quoi de mieux? Surtout que cela lui permettait de continuer son élevage en lui apportant une source de revenus. En bref, elle avait réussit à trouver le compromis parfait.
Herbert devait pourtant avoir du mal avec ces animaux. Il y en avait beaucoup, peut-être trop pour lui le pauvre. Serya termina ce qu'elle avait à faire de distribution de nourriture avant de raccompagner Herbert jusqu'à la maison.

-Tu veux boire quelque chose? Un thé? Une café? Je dois avoir du chocolat aussi si tu préfères.

-Oui, c'est sûr. Mais si je ne travaillais pas, je ne pourrais pas m'occuper d'eux. Et puis, mon poste me permet d'en prendre avec moi quand même. Alors finalement, ce n'est pas si grave.

C'était la chance qu'elle avait, d'avoir pu faire de sa passion son métier, et même si l'un et l'autre ne savaient jamais se concilier complètement, elle s'en sortait plutôt bien, au final. De toute façon, quoi qu'elle fasse, Serya avait toujours l'air et l'art de s'en sortir, et elle avait l'air d'y éprouver aucun problème. C'est bien simple, Serya, c'était l'optimisme, le positivisme incarné. Rien ne semblait jamais pouvoir l'atteindre. C'était en partie pour ça qu'il avait accepté d'aussi bon coeur son invitation, parce qu'il savait qu'en sa compagnie, il ne pourrait qu'aller bien. Elle ne pouvait que l'entraîner vers le haut, jamais vers le fond. Comme il était suffisamment doué pour se déprimer tout seul, c'est clair qu'il n'en était pas mécontent. Herbert n'avait même pas besoin de se perdre dans des bavardages en continu (c'était sa meilleure parade quand il se sentait mal et qu'il voulait à tous prix penser à autre chose), il se contentait de la regarder s'occuper de ses animaux, passionnée, et il se sentait un peu mieux. C'est ce qu'il voulait lui aussi dans sa vie, s'abandonner pleinement à sa passion même si c'était totalement casse-gueule. Quand ils eurent fini, ils retournèrent chez son hôtesse.

-Tu veux boire quelque chose? Un thé? Une café? Je dois avoir du chocolat aussi si tu préfères.

Ah oui, effectivement, ce ne serait pas de refus. Ça ne lui ferait pas de mal, après avoir affronté le froid. Et puis, c'est bien ce dont il avait besoin. Une conversation plaisante, une amie, un bon chocolat...

-Un chocolat, ce serait parfait.

Il s'autorisa à s'asseoir, prenant un peu plus de soin à observer la pièce où il se trouvait. Il reconnaissait bien là la pâte de la jeune femme. Alors qu'il attendait que le chocolat soit préparé, il laissa ses pensées divaguer... mauvaise idée.

-Tu sais quoi ? Je m'en moque d'être hué et de finir à la rue, je veux devenir comédien. J'aurais pas dû abandonner en premier lieu.

Il aurait sûrement dû laisser tomber, cette pièce scolaire ratée aurait dû sonner le glas de sa carrière artistique, et pourtant, il insistait. C'était un incorrigible naïf.

Serya avait toujours été une grande optimiste. C'était très facile à voir et à comprendre en fait. Elle avait choisit d'ignorer totalement les mauvaises choses qui pouvaient lui ternir sa vision de la vie. Enfin, on ne pouvait pas ignorer totalement ce genre de choses. Mais elle faisait son maximum pour en faire abstraction. La blonde espérait qu'elle pourrait aider Herbert à faire un peu pareil en venant passer quelques jours ici. Ou plus même si il le voulait. Ils n'avaient rien prévu de particulier alors c'était assez ouvert comme décision. Mais quoi qu'il décide, il serait toujours bien accueilli ici. Et toujours avec plaisir.

Les deux amis avaient bravé le froid pour aller voir les animaux de Serya, maintenant il fallait revenir au chaud et prendre un peu de bon temps tout les deux. Enfin, ils étaient quand même là entre amis pour profiter de leurs vacances. Il y avait des choses à faire avec les animaux mais Serya ne passerait pas son temps à ça non plus. Surtout si il était là. Alors maintenant par exemple, elle avait bien l'intention de rester à l'intérieur avec lui avec une bonne boisson chaude dans les mains. Et puis ils parleraient certainement un peu aussi. Parce qu'ils trouvaient toujours quoi se dire. Les deux compères avaient déjà passé du temps ensemble, mais dans une ambiance de pause pendant le travail. Là ils étaient en vacances, juste tout les deux, et ils étaient libres de parler pendant des heures sans que cela ne dérange personne.

-Un chocolat, ce serait parfait.

Et un chocolat alors. En fait, maintenant qu'elle y pensait, le chocolat c'était pas mal aussi. C'était plutôt bon, c'était chaud, ça changeait du thé et du café. Oui, elle prendrait un chocolat aussi. Serya lui sourit avant de partir en cuisine pour préparer leurs boissons. Elle se dépêcha de le faire et revînt vite vers son ami avec leurs tasses. La blonde tendit la sienne à Herbert avant de souffler le nuage de vapeur qui tournoyait entre ses mains pour arriver devant ses yeux.

-Tu sais quoi ? Je m'en moque d'être hué et de finir à la rue, je veux devenir comédien. J'aurais pas dû abandonner en premier lieu.

Herbert lui avait lâché ça, comme ça, avant même qu'elle n'ait eut le temps de porter son chocolat jusqu'à ses lèvres. Au début, la blonde fut surprise. Mais au final, elle était ravie d'entendre ça. Étrange non? Une vrai amie aurait sans doute dit à Herbert d'oublier le théâtre. Mais Serya était une très bonne amie optimiste. Elle avait envie de l'encourager parce que c'était ce qu'il aimait et qu'elle serait là pour l'aider. Que les autres le découragent si ils voulaient. Serya resterait fidèle à sa pensé optimiste et l'encouragerait. Un point c'est tout.

-Je suis ravie de te l'entendre dire. Tu sais, les gens finiront par voir que tu as du talent. Il faut juste les pousser un peu.

Serya faisait de son mieux pour l'aider, mais il y avait du travail quand même. Mais si Herbert retrouvait de sa motivation, peut-être qu'il finirait par y arriver. En tout cas, Serya le voulait vraiment et ferait tout ce qu'elle voulait pour que cela arrive.

-Si je peux faire quelque chose pour t'aider tu n'as qu'à demander. Et, je ne te le souhaite pas bien sûr, mais si tu devais finir à la rue comme tu dis, tu pourras toujours venir ici. Après tout, je n'y suis pas si souvent et une maison a toujours besoin d'être habitée.

La blonde était plus que sincère. Si elle pouvait laisser sa maison à Herbert en cas de besoin, ça serait avec plaisir. Et puis, c'était aussi le rôle des amis.

-Je suis ravie de te l'entendre dire. Tu sais, les gens finiront par voir que tu as du talent. Il faut juste les pousser un peu.

On en était arrivé à ce stade où Serya croyait plus dans les rêves d'Herbert que lui. C'est clair, il allait se consacrer à mille pour cent à la tâche et, avec de la chance, ça porterait un peu ses fruits, mais il ne croyait plus aux castings réussis haut la main, aux salles combles, aux contrats faramineux. En acceptant de vivre de sa passion il acceptait tout autant de vivre sans le sous, il y avait quelque chose d'assez satisfaisant, en fait,à cette complaisance malheureuse. Il pourrait presque se comparer à ces artistes maudits qui tout au long de leur existence, avaient mené une vie désenchantée, sans saveur, et qui ne devaient connaître la célébrité, la reconnaissance de leur oeuvre qu'après leur mort. Comment ? C'était prétentieux ? Ça ouais, mais jouer les gars à la grosse tête, ça lui faisait franchement du bien, à l'heure actuelle. Il avait quand même été viré pour incompétence flagrante (pas en ces termes, peut-être, mais c'est comme ça qu'il l'avait perçu, alors bon… Dans ce sens, les compliments de son interlocutrice lui faisaient du bien aussi. Enormément de bien. Elle était apparemment la seule personne en ce bas monde à avoir de l'estime pour lui. À croire en ses compétences. À se dire qu'il n'était qu'un pauvre raté, né raté, décidé à mourir raté, qui n'arriverait jamais à rien.

-Si je peux faire quelque chose pour t'aider tu n'as qu'à demander. Et, je ne te le souhaite pas bien sûr, mais si tu devais finir à la rue comme tu dis, tu pourras toujours venir ici. Après tout, je n'y suis pas si souvent et une maison a toujours besoin d'être habitée.

Et elle était généreuse, par dessus le marché ! C'est fou comme les gens pouvaient être aveugles. Serya n'était pas la personne la plus appréciée du monde, il l'avait bien vu. Tout comme lui, on avait tendance à la mettre à l'écart, et il ne comprenait pas. Elle avait tant de choses à apporter au monde ! Le coeur sur la main ! Une vraie perle comme on en fait si peu… Comme on devrait en faire plus. Il se sentait un peu gêné. Son aide pouvait lui être utile, oui, mais il ne voulait pas abuser de sa générosité, de sa gentillesse.

-J'arriverais à me débrouiller, il faut bien après tout. Mais ça me touche beaucoup. Ce que t'as fait pour moi… ce que tu fais encore. J'ai l'impression que t'es la seule personne au monde à vouloir me maintenir à la surface.

Les autres ? Ils la propulsaient vers le fond.

Herbert était quelqu'un de particulier et que Serya trouvait très intéressant. Il était passionné. Vraiment passionné. Chose que Serya adorait. Il méritait d'être encouragé. Elle était même certaine qu'il était doué malgré tout. C'était injuste qu'il n'ait pas été accepté par les autres artistes de ce milieu. Décevant même. Serya n'était bien entendu pas déçue par Herbert, mais par le manque de reconnaissance dont il était victime. Mais il pouvait compter sur elle si besoin. Elle serait derrière lui en cas de problème. Ou même sans en fait. Il méritait qu'on s'intéresse à lui et à son travail. Et même si elle était là seule, elle le ferait aussi longtemps que possible.

C'était tout naturellement que Serya s'était proposé pour l'aider. Après tout, lui avait été compréhensif avec elle. Il avait même accepté son amitié. Il était quelqu'un d'important pour elle. Un vrai ami qu'elle soutenait naturellement parce qu'il l'avait fait lui aussi. Elle avait une situation qui lui convenait, elle aimait son travail et ce qu'il impliquait. Il avait le droit d'avoir la même chose. Seulement pour le moment ce n'était pas le cas. Alors il fallait bien qu'au moins une personne l'encourage. C'était logique pour Serya. Et elle aimait le voir heureux.

-J'arriverais à me débrouiller, il faut bien après tout. Mais ça me touche beaucoup. Ce que t'as fait pour moi… ce que tu fais encore. J'ai l'impression que t'es la seule personne au monde à vouloir me maintenir à la surface.

Serya savait ou se doutait qu'elle faisait cela parce qu'il appréciait qu'elle l'aide. C'était un homme qui méritait qu'on le prenne au sérieux et qui savait apprécier quand on le faisait. L'entendre dire faisait vraiment plaisir. Elle n'avait décidément pas fait tout cela pour rien. Même si faire ce qu'il fallait pour aider Herbert n'était pas un problème. Bien au contraire. Et lui aussi faisait beaucoup pour elle. Il avait accepté sa passion, ne s'était jamais moqué d'elle, avait même essayé de s'y intéresser. Il était vraiment gentil avec elle, aucune raison pour qu'elle ne fasse pas de même. Serya lui sourit gentiment, toujours le regard aussi vif.

-C'est normal, on est amis, non? Je serais donc un très mauvaise amie si je ne voulais pas t'aider.

Ça servait à ça aussi les amis. On pouvait compter dessus pour nous aider, nous soutenir ou simplement passer du bon temps. C'était bien pour cela qu'elle avait demandé à Herbert si il voulait venir passer du temps chez elle. Pour qu'il puisse penser à autre chose qu'à l'école et ce qui s'était passé.

-Et puis tout le monde à le droit d'être encouragé et soutenu. Ce n'est pas parce que tu as l'impression que je suis la seule que c'est vraiment le cas.

Serya était une incorrigible optimiste. Et elle ne comptait pas s'arrêter tout de suite.

-C'est normal, on est amis, non? Je serais donc un très mauvaise amie si je ne voulais pas t'aider.

Oui, ils étaient des amis, ou en tous cas, c'était clair que Serya était en train de devenir une amie très précieuse pour Herbert. Des amis, il en avait, il n'était pas un type asocial, et il n'avait pas du mal à se lier avec des étrangers, il était d'ailleurs plutôt de nature à aller vers les gens. Mais justement, sur le nombre de ces amis, combien étaient sincères ? Combien tenaient à lui ? Combien se souciaient-il suffisamment de son sort pour lui proposer de passer du temps chez soi alors qu'il se sentait au bout du rouleau ? Combien étaient-ils prêts à lui tenir des discours aussi encourageants. Avec Serya, Herbert avait l'impression de redécouvrir l'amitié, et ça lui faisait du bien. Il ne dénigrait pas pour autant les autres personnes qui gravitaient autour de lui, mais la fanatique d'animaux un peu fofolle avait réussi à prendre une place vraiment importante dans sa vie, et en un rien de temps. Il avait du mal à croire à l'heure actuelle que, il y a un an de ça, ils ne se connaissaient même pas. Comme quoi, quand il y a affinité émotionnelle, les années, ça ne compte pas vraiment.

-Et puis tout le monde à le droit d'être encouragé et soutenu. Ce n'est pas parce que tu as l'impression que je suis la seule que c'est vraiment le cas.

"Tout le monde a le droit d'être encouragé et soutenu", c'était une belle philosophie. Si seulement le commun des mortels l'appliquait au quotidien ! Seulement, ce n'était pas le cas, non. Vraiment pas. Enfin, Herbert avait pensé, en tous cas, que personne n'était capable de ce genre de civisme et d'altruisme. Mais de nouveau, Serya modifiait sa façon de voir les choses. Son soutien, ses encouragements, c'est tout ce dont il avait besoin pour le moment, et elle le lui offrait. Par contre, il doutait quand même carrément quand elle disait ne pas être la seule à l'encourager, parce que jusqu'ici, personne ne lui avait tenu ce discours. On avait passé sa vie à le décourager, alors qu'il ne demandait qu'à briller et à faire ce qu'il pensait faire le mieux.

-T'es incroyable. On a l'impression que rien ne peut t'atteindre, t'arrive toujours à voir ce qui est positif dans tout. J'aimerais être comme toi. Tu ferais un malheur comme... Il marqua une pause, une idée complètement folle venait de lui traverser l'esprit. Dis... ça va te sembler fou mais... qu'est-ce que tu dirais de devenir mon agent ?

Herbert était son ami. Un très bon ami. Certainement le meilleur qu'elle avait en fait. C'était vraiment particulier. Lui il ne se moquait pas, il ne cherchait pas à la comprendre parfaitement, ne cherchait pas son problème. Il se contentait de la suivre et de l'apprécier. Oui, il l'appréciait. Il savait le faire comme personne. Il semblerait que ces deux-là étaient fait pour s'entendre. Ils manquaient tout les deux de ce soutien qu'ils s'étaient donné presque tut de suite. Serya aimait bien passer du temps avec lui. C'était simple, personne ne se prenait la tête, ils parlaient comme ils pensaient, tout simplement quoi. Alors forcément, c'était toujours agréable de le voir. Et puis, elle lui avait promis qu'un jour elle l'inviterait dans sa campagne. Alors voilà qui était fait.

Serya était tranquillement installée en face de lui, Chantal ronronnant sagement et tenant sa tasse entre ses mains devenues chaudes à force. Elle était bien quoi. Et puis Herbert aussi avait l'air plus à l'aise maintenant. Il prenait des décisions, il avait l'air motivé, tout ce qu'elle aimait voir chez lui. Comme une bonne amie quoi.

-T'es incroyable. On a l'impression que rien ne peut t'atteindre, t'arrive toujours à voir ce qui est positif dans tout. J'aimerais être comme toi. Tu ferais un malheur comme...

Serya continua à sourire, attendant la suite sans bouger, comme si il n'y avait aucune attente en fait. Figée. Elle était resté figée. Elle l'attendait...

-Dis... ça va te sembler fou mais... qu'est-ce que tu dirais de devenir mon agent ?

Fou? Certainement. Raisonnable? Certainement pas. Prudent? Non plus. Mais quoi qu'il en soit, il avait mis cette idée dans la petite tête blonde de Serya. Et maintenant cette idée allait tourner, encore et encore. Jusqu'à ce qu'elle cède à son tour à cette idée. Ce qui, concrètement, dura un peu plus de deux secondes... Serya n'était pas une femme de volonté...

-Oui, bien sûr, ça serait amusant!

Serya était toute excitée, ravie de cette proposition. Si il lui demandait ça c'était qu'il devait avoir confiance. Au moins un minimum. Ne restait qu'une seule chose qu'elle se demandait. Elle se calma un peu en s'en rendant compte...

-Mais, euh, concrètement... ça voudrait dire quoi? Qu'est-ce que je devrai faire?

Bah oui, des agents, elle n'en croisait pas tout les jours. Elle ne voyait donc pas trop ce que cela faisait...

Serya n’était sans doute pas la personne que le commun des mortels choisirait pour les représenter publiquement et faire l’article à son sujet. Il suffisait de connaître la réputation (particulièrement injuste, de l’avis de l’ex professeur de botanique) pour savoir que ce n’était pas forcément le choix du siècle, le plus avisé de la terre. Un agent artistique, ça devait se traîner dans les pattes une aura de respectabilité, ça devait savoir charmer son monde, au point que tout le monde s’y laisse prendre. Si aux yeux d’Herbert, Serya était une femme charmante, il doutait fort que la plupart sachent lui reconnaître ces qualités pourtant primordiales quand on voulait exercer la fonction que le jeune premier voulait attribuer à son ami. Était-il fou ? Complètement cinglé ? C’était bien probable, oui. Il allait peut-être droit dans le mur, avec cette décision... Mais en même temps, étant donné qu’il considérait s’y trouver déjà, à plat contre le mur, il se disait qu’il n’avait pas grand chose à perdre. Même rien du tout. Il savait qu’un agent était indispensable, pour oser croire percer dans le milieu, et il ne voulait pas faire appel à un agent professionnel. Pour les quelques-uns qu’il avait pu croiser lors de ses études à l’AADS, il n’avait aucune envie de colaborer avec eux, il aurait eu l’impression de leur vendre son âme, c’était totalement hors de question. Il préférait se fier à une personne en laquelle il avait confiance à cent pour cent. Serya ne le trahirait jamais, et elle le connaissait suffisamment pour savoir le représenter sans en faire trop, ni pas assez. Et puis, être présenté par quelqu’un d’original, dans le milieu artistique, ça pouvait le faire. Elle attiserait la curiosité, c’était déjà mieux que la haine et le mépris.

-Oui, bien sûr, ça serait amusant!

“Amusant”. C’était bien le terme qu’elle avait utilisé. Et si Herbert avait eu des doute, ils auraient disparu en entendant cet adjectif. Parce que ce n’était pas comme ça qu’un agent lambda aurait qualifié son boulot, mais c’était exactement ce qu’il voulait : il ne voulait pas qu’elle considère ça comme une corvée. D’ailleurs, si ça venait à arriver, il lui demanderait immédiatement d’arrêter. Il voulait que ce soit un jeu, rien qui soit prise de tête. Il était heureux qu’elle accepte, mais il réalisa vite que sa décision était hâtive, elle ne connaissait pas grand chose, si ce n’est rien, au boulot d’agent. C’était logique. Il partait du principe que ce métierétait bien connu de tous, mais tout le monde n’avait pas évolué dans la sphère du spectacle comme lui.

-En gros, tu serais chargée de me représenter, de gérer ma carrière, de négocier mes contrats... et surtout, tu pourrais me conseiller dans mes choix de carrière. Il marqua une pause. T’es pas obligée de dire oui, et je comprendrais que tu n’ai pas le temps, entre la ferme, les cours, et tout... mais j’ai confiance qu’en toi.

Si ça, c’était pas lui forcer la main...

En général, lorsque l'on parlait de Serya, c'était pour parler d'une femme active, drôle, un brin folle, et parfois agaçante à un point peu commun. Mais c'était tout simplement parce qu'elle était passionnée pas ce qu'elle faisait. Et que ce qu'elle faisait ne passionnait pas tout le monde. Loin de là. Il faut reconnaître qu'un crabe de feu n'avait pas la petite tête attendrissante d'un chiot... même Serya le savait bien. Mais elle restait très attachée à ses animaux, et pas juste aux plus gros. Chantal était sa préférée, c'est certain, mais elle restait la plus porche possible des autres. Mais tout cela ne voulait pas dire qu'elle n'accordait jamais d'attention à de vraies personnes, bien au contraire. Elle restait d'ailleurs professeur, ce qui impliquait qu'elle devait être avec de jeunes gens pour leur parler toute la journée. Cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Et recevoir son ami Herbert chez elle pendant les vacances était un vrai plaisir.

Ils avaient commencé par parler un peu de n'importe quoi... surtout des animaux de Serya quand même, puis de la passion du jeune homme. Un point important. Serya sentait qu'il avait besoin d'en parler avec elle. Tout simplement parce qu'elle l'encourageait. Et que ce n'était visiblement pas toujours le cas. Le pauvre Herbert n'était pas vraiment aidé dans cette voie. Mais tant pis. Serya voulait bien le faire, même toute seule. Herbert lui avait fait une proposition pour le moins surprenante, mais qui lui montrait à quel point il lui faisait confiance. Même si pour le moment elle ne faisait pas vraiment le lien entre le mot et le travail. Elle ne savait pas bien ce que c'était...

-En gros, tu serais chargée de me représenter, de gérer ma carrière, de négocier mes contrats... et surtout, tu pourrais me conseiller dans mes choix de carrière.

Ah oui, quand même. Bon, après réflexion, elle avait peut-être parlé un tout petit peu vite. Pas pour son choix, parce qu'elle voulait toujours faire tout ça pour lui. Mais plus simplement parce qu'elle aurait été moins vite dans son intérêt de la chose. Mais bon, elle voulait bien essayer ça pour lui, et puis, effectivement, peut-être qu'elle trouverait cela amusant tout de même au final. Elle ne connaissait pas du tout alors peut-être que cela lui plairait. Serya ne savait vraiment pas à quoi s'attendre mais c'était pour aider son ami alors elle ferait l'effort de le faire au moins un temps.

-T’es pas obligée de dire oui, et je comprendrais que tu n’ai pas le temps, entre la ferme, les cours, et tout... mais j’ai confiance qu’en toi.

C'était pas mignon ça alors? Serya était vraiment touchée qu'il lui dise ça. Il est certain qu'elle manquait peut-être un peu de temps, mais le temps, elle pouvait s'en trouver quand même. Si en plus il lui disait être avec elle, autant y aller carrément. Et puis Serya était sûre qu'elle pourrait trouver des choses bien à faire dans le domaine. Herbert allait être content d'elle, Serya s'y engageait.

-Mais non mais non, je vais le faire. Tu vas voir, je vais t'en trouver moi des occasions! Tu vas être content.

Serya était motivée là, elle se sentait prête à devenir cet agent pour Herbert. Pas forcément la meilleure. Pas forcément une bonne tout court non plus d'ailleurs. Mais bon, elle voulait essayer.

-Et puis, si jamais j'ai plus le temps, tu viendras m'aider à la ferme, hein?

Oui, qu'il se rassure, elle plaisantait. Et puis comme pour le reste des émotions, cela se voyait vite avec elle. La blonde n'était pas une très grande actrice elle, même si elle aimait ça...

-Mais non mais non, je vais le faire. Tu vas voir, je vais t'en trouver moi des occasions! Tu vas être content.

Content, il l'était déjà. Elle parvenait à rendre ses problèmes insignifiants, et ça lui faisait énormément de bien, il avait vraiment le sentiment de pouvoir aller de l'avant, il fallait juste qu'il prenne son courage à deux mains, qu'il mette un pied devant l'autre, et qu'il oublie jusqu'à l'idée de se morfondre. Avoir Serya pour agent, c'était peut-être une idée complètement saugrenue, mais en même temps, c'était le genre d'idée qui l'incitait à progresser, à allait courir les castings, et à essuyer les refus qui l'attendaient sans doute avec le sourire. Tant pis si Serya était une piètre agent, au final, après tout, il ne pourrait pas l'en blâmer alors que c'était quand même tout un métier, normal qu'elle ne le maîtrise pas complètement, ce qu'il voulait avant tout, c'était quelqu'un pour l'accompagner dans l'épreuve et pour le soutenir. Dans ce rôle-là, elle était juste parfaite. Et puis, il avait le sentiment qu'elle pourrait bien le surprendre, au final. Qui sait, il allait peut-être faire naître une vocation en elle, on ne sait jamais !

-Et puis, si jamais j'ai plus le temps, tu viendras m'aider à la ferme, hein?

Herbert afficha immédiatement un sourire amusé. Et puis quoi encore ? Bien sûr, il savait qu'elle plaisantait. Même si la jeune femme était un peu folle, elle ne l'était quand même pas à ce point, il osait le croire, d'ailleurs. En même temps, si elle avait été sérieuse, ce serait franchement inquiétant. Herbert avait à peine eu la main verte alors qu'il était professeur de botanique, alors ne parlons même pas de son rapport avec les animaux ! Ces pauvres bestioles l'auraient amèrement regretté, c'est sûr et certain.

-Ce serait vraiment un très mauvais deal, dit-il en souriant. Je suis incapable de m'occuper d'un animal correctement. Le seul que j'ai jamais eu, c'était un poisson rouge, et tu ne voudrais pas savoir comment il a fini. Non, elle ne voudrait pas. La pauvre... Et pauvre Hugo (c'était le nom de son poisson), personne ne méritait un destin si cruel. T'en fais pas, je veillerai quand même à récompenser ton dur labeur.

Évidemment, il ne comptait pas faire travailler Serya gratuitement, il la rémunèrerait. Mais quelque chose lui disait que s'il parlait trop franchement d'argent, ça la rebuterait, alors il évitait.