Quand Daryl passe, le calme trépasse. Difficile à croire de la part d'un bibliothécaire, mais l'homme est incapable de demeurer immobile et tranquille, passant son temps à marcher et courir dans tous les sens, faisant fonctionner sa cervelle à plein régime, parlant sans cesse, n'acceptant de s'arrêter que pour se plonger dans un livre passionnant.
Enfin, s'arrêter...C'est là un bien grand mot. En effet, même un livre à la main, Daryl continue à mettre ses jambes en marche et à crapahuter de gauche à droite. Mais, au moins, la lecture lui permet d'être à peu près silencieux et l'empêche de titiller les personnes qui ont le malheur d'être à proximité et de porter l'étiquette de "défouloir".
Oh, il ne les frappera jamais, Daryl ne se lance dans une bagarre que lorsque son adversaire en a formulé le désir et a consenti à ce qu'il déloge son globe oculaire par l'aide de son coup de poing, mais il leur donnera volontiers une pichenette, sifflotera dans leurs oreilles, leur lancera un sortilège de chatouillis...Bref, tout ce qui pourra l'occuper et l'amuser pendant un temps, jusqu'à ce que l'ennui ne le prenne à nouveau et ne le pousse à chercher une autre source où déverser son agitation incontrôlable.
Hyperactif, Daryl ne s'arrête jamais. Les nuits sont pour lui un long calvaire. Il s'endort, fait un cauchemar, se réveille, tourne en rond dans sa chambre, se promène dans le château et revient ensuite dans sa chambre pour recommencer ce cycle. Son agitation se laisse deviner jusqu'au sein de son débit de paroles, qui est pour le moins impressionnant.
Lorsqu'un sujet le passionne, tous ses neurones se mettent en branle à une vitesse qu'on ne peut appréhender et les mots se précipitent sur ses lèvres, se culbutent, à tel point qu'il devient difficile pour son interlocuteur de comprendre le raisonnement de Daryl. Qu'importe, il aime à parler, même si on ne l'écoute pas forcément...
Malgré son agitation et son côté "embêtant", Daryl sait néanmoins être une épaule sur laquelle on peut se reposer, taisant ses tourments pour absorber ceux des autres, se faisant éponge de tous les soucis de ce bas monde. Haïssant la solitude, il cherche la compagnie de toutes les façons possibles, quitte à parfois se montrer embarrassant.
Taquin et doté d'un humour piquant, Daryl n'aime rien mieux que pouvoir se lancer dans une discussion ponctuée de répliques cyniques et ironiques, adorant confronter son cerveau brillant et ses idées de génie. Modeste ? Si peu...
Néanmoins, cette arrogance apparente dissimule une part de fragilité qu'il n'est pas décidé à révéler à qui que ce soit : depuis la mort de sa femme et de sa petite fille, Daryl est rongé par la culpabilité et nourrit envers lui-même un véritable sentiment de haine, qu'il cache derrière des façades prétentieuses.
Très attaché à sa famille, il va sur leur tombe aussi souvent que possible et porte encore l'alliance de sa femme, quand bien même cela fait maintenant plus de six ans que cette dernière a trouvé la mort.
Ajoutons enfin que Daryl était un ancien alcoolique et qu'il n'a plus touché à la moindre boisson depuis quatre ans, terrifié qu'il est à l'idée de sombrer à nouveau.  

Daryl se définit lui-même comme le parfait Dandy britannique et jure haut et fort qu'il aurait fait un Lord parfait, si seulement sa naissance avait été auréolée de noblesse. Il faur reconnaître que l'homme sait se donner des allures de gentleman, avec ses costumes cintrés, ses chapeaux et la canne qu'il aime parfois à utiliser, principalement pour la faire tournoyer ou donner quelques coups en traître à des élèves qui auraient osé abîmer l'un de ses précieux livres. Daryl complexe un peu sur sa taille, puisqu'il dépasse à peine le mètre soixante-quinze, ce qui l'invite à porter de temps en temps des talonnettes pour tricher un peu et paraître plus imposant. Musclé, Daryl entretient son corps, cherchant à dissimuler les traces que l'abus d'alcool avait pu laisser, pendant les deux longues années de perdition qu'il avait traversé après la mort de sa précieuse famille. N'oublions pas de souligner la couleur noisette de ses yeux, mise en valeur par la pâleur d'albâtre de son teint, qu'il lui arrive parfois de dissimuler derrière d'épaisses lunettes aux verres teintés, lui permettant d'observer les gens sans que ces derniers ne soient en mesure de le noter.
Notons, pour conclure, que sa voix est quelque peu éraillée, abîmée par les excès par lesquels Daryl est passé, mais qu'elle sait se montrer douce et posée, bien qu'elle tende à s'élever dans ses périodes d'excitation.

Au commencement, il y avait un petit garçon insupportable, un "Mr je-sais-tout" qui prenait la parole toutes les deux minutes pour exposer ses pensées d'une implacable logique, soulignant les erreurs de ses professeurs et de ses camarades, détrompant ses parents sur les règles les plus élémentaires en les invitant à les reconsidérer sous un autre angle.
Si Daryl pouvait se montrer surprenant d'intelligent, on le considérait plus souvent comme un "p'tit con" qui parle à tort et à travers et cherche perpétuellement des embrouilles (comme le jour où il avait acheté un bocal et l'avait rempli d'eau de mer pour le placer dans sa chambre, le décrétant comme "espace maritime" avant de tenter de faire signer un contrat réglementant le droit d'accès à ses parents, se basant sur ses connaissances des lois britanniques. L'affaire s'était conclue sur un magnifique coup de pied au derrière, que Daryl avait considéré comme "anti-démocratique").
Il y avait un enfant insupportable et des parents incroyablement patients, Mr et Mrs Lynch. Mr Lynch était un sorcier passionné par le monde moldu, qui avait volontairement quitté le monde magique pour s'installer avec sa petite famille et ouvrir un commerce d'antiquités en tout genre. Mrs Lynch, quant à elle, était une moldue passionnée d'ésotérisme, qui écrivait toutes sortes de livres sur le sujet, harcelant littéralement son mari pour que celui-ci daigne lui raconter des anecdotes du monde magique afin d'enrichir le contenu de ses ouvrages.
Tous deux avaient leur propre vision de l'éducation, Papa sévère, Maman laxiste, mais ils se rejoignaient sur un point : Daryl était un gamin agaçant à qui il fallait apprendre à obéir à certaines règles, ne serait-ce que les plus basiques. Lui apprendre, par exemple, que le fait que la maîtresse ait fait une faute d'orthographe ne justifiait pas de la traiter de "parfaite imbécile incompétente" avant de lui montrer la porte en assurant qu'on ferait mieux le cours à sa place. Ce genre de choses, quoi...
Pour Mr et Mrs Lynch, ce fut un soulagement lorsque Daryl reçut sa lettre pour Poudlard et partit pour l'école de sorciers, leur laissant neuf mois de répit, tandis que l'institution magique devait gérer l'hyperactivité folle de leur chérubin. Réparti à Serpentard, Daryl, malgré son statut de sang-mêlé, s'imposa très vite comme "l'élève à suivre" au sein de sa maison, grâce à sa langue de vipère, sa ruse et son intelligence fine, qui faisaient de lui le meilleur avocat pour les causes désespérées ou les élèves en détresse.
Enfant, puis adolescent peu commun, Daryl était aimé ou détesté, sans juste milieu. Sa personnalité explosive et survoltée ne laissait personne indifférent, à son plus grand plaisir, lui qui aimait être entouré et suivi. La plupart du temps, Daryl avait de bonnes notes, même si sa pratique de la magie laissait à désirer. En effet, trop enthousiaste, le jeune homme n'avait qu'un contrôle limité sur sa sorcellerie, tout comme sur son énergie, et les résultats étaient...explosifs. Ce pourquoi il n'utilise aujourd'hui sa baguette que dans des cas d'extrême urgence...
Après sept années mémorables à Poudlard, Daryl fit le choix de retourner dans le monde moldu, afin d'accomplir un rêve : jouer les artistes itinérants. A travers tout le pays, le jeune homme s'improvisa magicien de pacotille, chanteur, musicien, récoltant les louanges ou les critiques du public, amassant de l'argent pour continuer son chemin, se nourrir et se loger décemment. Daryl aimait cette vie instable, qui lui permettait de dépenser pleinement son énergie.
Mais il l'abandonna volontiers lorsqu'il rencontra la douce institutrice Moïra Springfield. Moïra était la femme la plus jolie et la plus gentille qu'il lui avait été donné de voir. Elle l'avait rencontré lors de l'une de ses représentations et avait demandé à Daryl de venir pendant l'une de ses classes afin d'expliquer son mode de vie aux enfants. Il s'était exécuté de bonne grâce, puis il était revenu plusieurs fois à l'école, juste pour elle, jusqu'à lui faire une déclaration d'amour dans les règles.
Moïra était elle-même charmée par l'homme et elle était prête à l'accepter, à une condition : qu'il fasse une bonne impression à son père, le deuxième homme de sa vie. Et, pour cela, Daryl devait mener une vie rangée. Il lui fallut du temps, mais il y parvint. Trouvant un emploi dans un cinéma qui, bien que payé assez médiocrement, avait l'avantage de posséder un poste fixe et sûr, il alla ensuite rencontrer le père de Moïra et, avec culot, lui demanda l'autorisation d'épouser sa fille. Comme ça, sans ambages. L'initiative plut à l'homme et, après avoir fait la connaissance de Daryl, il ne tarda guère à donner sa bénédiction. Daryl avait alors 26 ans. Aujourd'hui encore, il considère son mariage comme l'un des jours les plus heureux de son existence, un mariage qui, peu de temps après, fut suivi par la naissance d'une petite fille, Marie.
Ce fut à cet instant que Daryl parvint à avouer la vérité à Moïra sur sa nature de sorcier. Et celle-ci, à sa plus grande surprise, le prit relativement bien. Choquée, elle ne chercha pas pour autant à le fuir, lui demandant cependant de ne pas utiliser de magie en sa présence, craignant ce que la sorcellerie pouvait faire ou le danger que pourrait courir Marie. Daryl le lui promit, bien évidemment, et la vie continua.
Cinq ans passèrent, dans le bonheur le plus complet, avant que la vie de Daryl et de sa famille ne bascule brusquement. Ayant renoncé à sa baguette, Daryl menait une existence tout à fait normale, éloignée de la magie. Un regret qui ne cesse de le poursuivre à ce jour...Ce qui devait être une sortie joyeuse en famille vira au cauchemar. Un voleur, une arme, trois coups tirés...Deux vies fauchées, une qui avait subsisté par miracle. Daryl n'oublierait jamais. Il n'oublierait jamais qu'il avait vu sa femme et sa fille agoniser, qu'il avait été incapable de les sauver. Avec sa magie, il aurait peut-être pu...Peut-être...Mais il n'avait pas sa baguette. Et, en se réveillant à l'hôpital, il n'avait pu qu'apprendre que sa fille et sa femme étaient mortes des suites de leur blessure.
Pour le père et mari attentionné, ce fut l'effondrement. Fuyant sa famille, honteux, dévasté, Daryl partit à la dérive, se réfugiant dans l'alcool, buvant, encore et encore, se plongeant dans des états comateux pitoyables, se tuant à petit feu. Presque deux années passèrent avant qu'il ne parvienne à se redresser, aidé par son beau-père, qui le secoua par cette simple phrase "Tu n'es plus l'homme que ma fille avait aimé.". Une phrase qui parvint à le bousculer suffisamment pour qu'il cherche à se redresser et à guérir de ce qu'il reconnaissait à présent comme une maladie...
Il lui fallut du temps, beaucoup de temps, et énormément de souffrance. Mais, aujourd'hui, Daryl est sorti d'affaire et il est fier de l'être.
Après une année de petits boulots, il apprit, par l'intermédiaire de son père sorcier, qu'un poste de bibliothécaire était disponible à Poudlard. Souhaitant trouver un emploi stable et recommencer enfin à vivre, Daryl se décida à postuler et il est, aujourd'hui, engagé.