Le soleil commençait à peine à pointer le bout de son nez à l'horizon que déjà June grognait sous la couette. Elle ne voulait pas sortir du lit et encore moins aller en cours. Elle avait la flemme de tout aujourd'hui et la mauvaise humeur allait très certainement faire partie de toutes les activités auxquelles elle allait devoir s'adonner. Lorsque la lumière du jour commença à se faire trop vive dans le dortoir, elle enfonça sa tête sous son oreiller et pesta contre ses camarades de chambrée chaque fois qu'un malheureux bruit venait perturber le silence matinal. Oh, elles avaient l'habitude à présent. Elles savaient que les matins où June se levait de mauvais poil, il valait mieux la laisser tranquille jusqu'à... jusqu'au soir en fait la plupart du temps, si ce n'était pas jusqu'au lendemain. Pourtant l'une d'entre elle rompit la « tradition » et enleva l'oreiller qui recouvrait la tête de la jeune fille, ce qui lui valut l'un des regard les plus noirs qu'elle était capable de faire.

- On a devoir de potions ce matin June, faut que tu te lèves ! lui dit-elle avant d'ajouter un petit : Désolée...

Par Merlin... Elle avait complètement oublié ce maudit devoir... C'était une raison supplémentaire pour rester sous la couette ça... Elle aurait d'ailleurs bien répondu cela à l’effrontée qui venait de briser son périmètre de tranquillité mais, contre toute attente, elle se retint et se contenta de grogner une nouvelle fois avant de ramener la couette sur son visage. Il faudrait bien qu'elle se lève pourtant... Elle ne pouvait pas se permettre de louper un devoir pour cause de flemingite aiguë. Elle attendit que les demoiselles qui la supportaient chaque soir, chaque nuit et chaque matin sortent pour rejoindre la grande salle et le petit déjeuner qui les attendait, pour à son tour s'extirper du lit. Elle frissonna au contact de l'air frais de ce mois de novembre. Au moins sa couette avait le mérite d'être chaude toute l'année, ce qui n'était malheureusement pas le cas des dortoirs de la maison Gryffondor, légèrement mal isolés, ce qui n'était pas vraiment étonnant aux vues de la hauteur de la tour qui les abritait. Elle s'habilla et se débarbouilla en vitesse, consciente qu'elle aurait très peu de temps pour avaler un morceau avant de rejoindre la salle de classe, attrapa son sac de cours et dévala les marches menant à la salle commune.

Évidemment, la grosse dame n'était pas disposée à lui ouvrir, trop occupée à épater la galerie, comme à son habitude. Excédée, June donna un violent coup de pied contre le pan du mur. C'était vraiment pas le moment de la mettre davantage en retard. La voie finie par se libérer, non sans un cri offusqué de la part de la gardienne de la tour, qui lui répliqua ensuite qu'elle n'avait qu'à se lever à l'heure, comme tout le monde. L'orpheline ne l'écouta pas une seule seconde – elle savait depuis un moment maintenant que plus on l'ignorait mieux on se portait –, et prit le chemin de la grande salle. Arrivée dans le hall, elle croisa les premiers élèves qui quittaient la grande salle et, toute concentrée dans son slalom, elle percuta un serpentard venu de nul part. Etait-il en retard lui aussi ? Après tout, elle n'en avait rien à cirer et elle ne lui accorda qu'un rapide coup d’œil avant de reprendre son chemin, sans qu'un seul mot d'excuse ne sorte de sa bouche. Plus que quelques mètres avant les portes de la grande salle !

Ce n’était pas un bon jour pour Edward. On ne pouvait pas vraiment dire que le jeune homme s’était levé du bon pied. Et pour cause, un abruti s’était mis à brailler dans le dortoir des paroles incompréhensibles pour le jeune homme. Et sincèrement, il n’en avait rien à faire de leur signification. Le simple fait d’entendre la si mélodieuse voix de son camarade avait suffi à le mettre de très mauvaise humeur. Cela devrait donc être une journée pourrie, comme beaucoup. Mais bon, il ne pourrait pas y faire grand-chose de toute façon.

Encore une journée de cours… Cela n’en finissait jamais. Quoiqu’il se plaignait maintenant, mais dans quelques mois, il se plaindrait de ne plus avoir de cours. C’était la nature humaine, de se plaindre, de ne jamais être content… C’était triste tout de même quand on y pensait. Mais bon, ce n’était le moment de philosopher sur la nature humaine et ses défauts. C’était plutôt le moment de se préparer et d’aller en cours. De plus que s’il continuait à traîner ainsi, il allait finir par être en retard.

C’est donc un peu dans l’express qu’il finit de tout préparer pour sa journée. Il descendit ensuite à la salle commune qui était pratiquement déserte. Il n’y restait que quelques élèves retardataires ou d’autres qui préféraient sécher et rester avec leurs amis ou tout seul pour ne rien faire de leur journée. Ce qui était un programme assez alléchant. Mais le Serpentard ne pouvait pas se le permettre en tant que préfet de sa maison. Cela n’était pas vraiment un exemple. Quant à engueuler les autres… Bof, ce n’était pas vraiment son problème s’ils séchaient. Il laissait le soin aux enseignants de les réprimander.

Il sortit ensuite, pressé. Il était un peu en retard, et il ferait mieux de se dépêcher. Cependant, le monde semblait être contre lui ce jour-ci puisque les couloirs étaient loin d’être déserts. Malheureusement. Et comme il ne pouvait pas vraiment pousser tout le monde il dut prendre son mal en patience. Quand il put enfin passer et donc se rendre au hall, quelqu’un le percuta de plein fouet. Il s’arrêta, attendant des excuses de la part de la personne. Mais contre toute attente, cette dernière continua son chemin, sans se soucier une seule seconde de lui. Mais d’où sortait-elle ? Il se retourna et reconnu la personne qui était de dos : June Gallagher. Autant dire que cette jeune femme de la maison Gryffondor n’était pas sa meilleure amie. Il ne pouvait pas non plus la qualifier d’ennemie. Mais il ne la portait pas vraiment dans son cœur.

« Hey ! Tu pourrais au moins t’excuser ! »

C’était la moindre des choses, étant donné que c’était elle qui lui avait foncé dessus. Il ne demandait que de simples excuses, rien de plus. La connaissant elle allait sûrement ne pas le faire de bon cœur, mais cela lui était bien égal.  

June aurait du se douter que sa journée allait être un désastre du début à la fin. Rien que le fait de la commencer par un stupide devoir de potions donnait le ton... Elle avait pourtant espéré avoir la tranquillité nécessaire pour se ressourcer avant que la journée ne commence réellement, mais non, il y avait un certain serpentard susceptible qui en avait décidé autrement. Sérieusement, elle l'avait à peine touché ! Bon... D'accord, vu la légère douleur qu'elle ressentait dans l'épaule, le choc avait été assez violent. Mais elle ne s'en plaignait pas elle, alors ce grand gaillard, elle doutait qu'il ait eu mal une seule seconde...! La gryffondor avait été tentée d'ignorer la remarque du serpentard pour continuer tranquillement son chemin vers la nourriture qui lui remplirait le ventre pour la matinée, mais la mauvaise humeur qui l'habitait actuellement était suffisamment forte pour la pousser au conflit. D'autant plus lorsque la personne en question n'avait qu'une place médiocre dans son cœur. Edward Loiyd...

June n'avait rien de bien concret à lui reprocher et, vu l'indifférence totale qui les liait l'un à l'autre, c'était bien normal. La gryffondor ne lui avait pour ainsi dire jamais adressé la parole mais elle sentait clairement, notamment dans les rares regards qu'ils avaient pu s'échanger au cours de leur scolarité, que le courant ne pourrait jamais passer entre eux. Ils étaient le jour et la nuit et, de toute façon, June n'avait pas besoin de s'encombrer d'autres personnes dans son entourage. Elle allait déjà en laisser tomber suffisamment lorsqu'elle arriverait au bout de sa vengeance... Mais la question n'était pas là. La jeune fille s'était levée d'un très mauvais poil et voilà qu'elle se faisait agressée alors que son ventre était encore complètement vide. Elle ne pouvait définitivement pas laisser passer ça. Se stoppant dans sa course, elle se retourna lentement et planta son regard dans celui du serpentard.

- C'est quand même pas de ma faute si tu te plantes au beau milieu de mon chemin non ?!

De la mauvaise foi ? Oui, June en était emplie, mais cela lui était bien égal. Elle n'était pas d'humeur à faire des excuses à qui que ce soit, et encore moins à avoir en elle une once de gentillesse aujourd'hui. Sa réputation la poursuivait suffisamment, elle était persuadée qu'Edward savait à quoi s'attendre avec elle. Ainsi donc, il avait décidé de jouer au plus malin... Pour autant, la gryffondor n'avait pas l'intention de faire quoi que ce soit, excuses comprises. Il n'y avait pas encore suffisamment d’énergie dans son corps pour qu'elle s’énerve outre mesure face à cette situation. Aussi se contenta t-elle de maintenir son regard noir dans celui de son interlocuteur, bien décidée à gagner ce combat dérisoire.