L

es journées se succédaient, mais ne se ressemblaient plus vraiment, dernièrement, et si strict Gwendall aimait que sa vie soit régie et normée selon des règles précises, il devait admettre prendre de plus en plus de plaisir à déroger à ces mêmes règles, même s'il faisait toujours scrupuleusement en sorte que le danger soit calculé. Ses journées, entre son travail d'auror et ses activités auprès des neo-grindelwaldiens étaient devenues pour le moins mouvementé, et il était très rare qu'il ait le temps de s'accorder ne serait-ce qu'un peu de répit. Qu'importe, c'était bien loin de lui déplaire. En fait, son quotidien était devenu tel que lorsqu'un moment de calme et de répit se présentait à lui, il avait le sentiment pour le moins désagréable d'être inutile. Gwendall abhorrait l'inactivité, et même si ce n'était pas être inactif que d'être plongé dans des dossiers toute la journée, derrière son bureau, et de rentrer du travail après une dure journée de labeur, il avait l'infini sentiment que quelque chose manquait. Ça, c'était sa vie d'autrefois, mais depuis qu'il avait renoncé au train-train et rejoint ce groupe de personnes que l'on traquait dans son propre métier, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une certaine incomplétude quand les choses n'allaient pas à la vitesse qu'il exigeait, où quand les habitudes d'antan reprenaient le dessus.

Somme toute, cette journée avait été une journée banale. Plusieurs de ses collègues avaient été envoyés en mission, mais pas lui (ce n'était pas la première fois que ça arrivait dernièrement, et Gwendall soupçonnait de plus en plus Christopher McDowell et cette histoire de rapport d'y être pour quelque chose), il avait donc attendu à son bureau que quelque chose d'intéressant se passe. Et rien ne s'était passé. Il avait espéré le contraire... Finalement, il était bon pour une soirée en tête à tête avec lui-même (quand bien même il avait une idée un peu trop précise de la personne avec laquelle il aurait préféré la passer).

C'était du moins ce qu'il avait cru, avant de reconnaître la silhouette de sa cousine devant l'entrée de sa porte. Que faisait-elle là ? Même s'il appréciait beaucoup Amy, il était peu fréquent qu'elle vienne le voir, surtout en période scolaire. Ma foi, c'était malgré tout une bonne surprise. Sa soirée serait au moins différente de ce qu'il avait présumé.

-Amy ! Quel plaisir de te voir ! Qu'est-ce que tu fais là ? Puis, glissant ses clés dans la serrure. Viens, entre. Il lui ouvrit grand la porte afin qu'elle puisse s'installer. Fais comme chez toi. Tu as déjà dîné ?

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G

wendall n'était pas le genre de personnes qui aimaient être prises au dépourvu. Mais il y avait des imprévus plus agréables que d'autres. En l'occurrence, la venue d'Amy était plutôt une bonne surprise, même si elle aurait pu mieux tomber. Il appréciait toujours d'avoir des nouvelles de cette cousine qu'il affectionnait beaucoup, même s'il ne le lui montrait pas toujours de la meilleure des manières. Il la laissa entrer. Comme d'habitude, et parce que l'Auror avait quelques tendances à la maniaquerie, son intérieur était impeccable. Pratique, lorsqu'il fallait recevoir des gens à l'improviste. Bien qu'Amy ne semblait pas décidée à rester dîner avec lui, il lui offrit tout de même à boire, versant du jus de citrouille dans deux verres qu'il déposa sur la table basse avant de s'asseoir sur le canapé en face de celui où la vert et argent avait décidé de s'installer. Ah ! Qu'il était bon de s'asseoir ! Gwendall était complètement épuisé. C'est vrai qu'il n'aurait pas dit 'non' au fait de retrouver son lit immédiatement, mais soit, bavarder avec Amy était un appréciable changement de programme. La demoiselle sembla d'ailleurs constater l'état de fatigue dans lequel l'Auror se trouvait, puisqu'elle lui demanda comment se passait le travail. Gwendall lui apporta une réponse évasive, se contentant de lui répondre que oui, le travail se passait bien, mais qu'ils avaient beaucoup de pain sur la planche, dernièrement, et que cela l'épuisait. C'était en partie vrai... même s'il ne serait pas tant épuisé, c'est certain, s'il ne fallait pas ajouter à son travail au ministère celui, bien moins protocolaire, qu'il exerçait auprès des neo-grindelwaldiens. Il demanda par la même à sa cousine de retransmettre à Christian et Harold son bonjour. Voilà longtemps qu'il ne les avait plus contacté ni n'avait prit de leurs nouvelles. ll entendait les propos d'Amy comme un rappel à l'ordre : il faudrait qu'il les recontacte. En attendant, il allait s'encquérir de leur état quand son interlocutrice, changeant radicalement de sujet, lui fit oublier tout sens des formalités.

La réflexions qu'elle lui sortit de façon presque anodine, mais qui fit penser à Gwendall que la demoiselle était tout de même venue avec une intention particulière derrière la tête, lui fit oublier tout le reste. Quelqu'un faisait du chantage à sa cousine ? Dans ce cas, autant dire que l'Auror l'aurait immédiatement dans le colimateur. Oui, Gwendall, malgré sa position au ministère, savait que sa cousine était un animagus non déclaré... Ma foi, il considérait qu'il s'agissait d'une bien faible faute en comparaison de celles qu'il avait pu commettre lui-même. Oh, s'il n'était pas attaché à Amy comme il l'était, l'homme si scrupuleux de la loi qu'il était aurait immédiatement dénoncé la jeune fille, mais il n'en était rien, et il avait prit soin de garder ce secret pour lui. Mais quel besoin avait-elle eu, aussi, de le révéler à une personne susceptible de s'en servir contre elle ? Les secrets en étaient pour une raison logique. Précautionneusement, Gwendall déposa son verre sur sa table, et planta son regard dans celui d'Amy avant de lui répondre.

-Les conséquences juridiques, si ton statut est divulgué, peuvent être graves, oui. Pour une personne majeure, elles peuvent aller jusqu'à la peine d'emprisonnement. Tu es mineure, la sanction serait moins graves pour toi, mais conséquentes tout de même... pour toi, et pour ton frère, puisqu'il te représente légalement. Il marqua une légère pause. Amy... Si quelqu'un te fait chanter, il faut que tu m'en dises plus, c'est extrêmement grave.

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A

my avait beau dire que ce Tom Jedusor n'avait aucun rapport avec ce chantage dont elle venait de lui dire être la victime, il avait du mal à y croire. Pourquoi, sinon, aurait-elle prit la peine de mentionner son nom ? Malheureusement pour la vert et argent, c'était la première fois (mais certainement pas la dernière) que l'Auror entendait parler de lui... et il ignorait que, à l'inverse, l'étudiant de serpentard commençait à en savoir un peu trop à son sujet. S'il avait su, évidemment, que le jeune homme était devenu le client de sa soeur, il lui aurait été possible d'intervenir sur le vif... Mais pour l'heure, il ne voyait quoi faire d'autre, si ce n'est se renseigner le plus rapidement possible sur cet adolescent. La famille était chose sacrée aux yeux de Gwendall, il ne laisserait pas Amy se faire manipuler, ou subir le chantage de son camarade. Il ignorait à quel morceau il était en train de s'attaquer... Mais en tous les cas, il escomptait bien mener sa petite enquête. Qu'importe qu'il ait un élément compromettant à utiliser contre elle, il en trouverait contre lui, et le petit jeu cesserait. C'était ce à quoi il voulait s'engager, en tous les cas.

-Je ne sais rien sur lui, mais je te promets de me renseigner.

L'avantage, quand on était Auror, c'est que l'on pouvait facilement disposer des informations compromettantes sur autrui, pour peu qu'autrui ait réellement fait quelque chose de répréhensible. Il se promit donc de chercher cette faille dont le jeune homme disposait sans doute, même si le jeune âge du garçon ne laissait pas supposer qu'il trouve grand chose à utiliser contre lui. Quoi qu'il en soit, Gwendall était prêt à défendre bec et ongles les intérêts de sa cousine, si la situation l'exigeait. C'était de son ressort, pas de celui d'Amy, sa promesse faite, il se concentra donc sur la seconde question que posa Amy.

-Ainsi que je te l'ai dit, tu serais entendue en tant que mineure, dans le meilleur des cas, donc irresponsable de tes actes, ton frère aurait une amende très lourde à payer... et il est fortement probable, à moins de disposer d'une bonne défense, que cela s'achève par un passage en maison de correction... ou au moins par l'accomplissement de travaux d'intérêt général, qui pourraient s'échelonner sur plusieurs années. Il marqua une légère pause. Dans tous les cas, rien de tout cela n'arrivera, ton secret ne s'ébruitera pas... et au pire des cas, Nemesis se chargerait de te représenter, et tu sais à quel point elle est compétente.

L'ennui, c'est qu'il y aurait, dans ce cas, conflit d'intérêt. Ce que Gwendall ne pouvait, bien sûr, pas savoir.

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