Anya était définitivement la grande maîtresse de la nuit. Depuis le temps, elle était de plus en plus active de nuit. Il y avait les missions, mais aussi les soirées dites de riches. Ces soirées mondaines où elle devenait une femme puissante sur lequel le sort s'acharnait. La pauvre femme qui ne pouvait garder un mari plus de huit ans. Une femme forte parce qu'elle surmontait cela. En vérité, Anya n'était qu'une manipulatrice que le jeu d'actrice rendait sympathique. Et ce soir encore, elle ne passerait pas inaperçue.

En effet, ce soir Anya avait organisé une soirée histoire de se montrer un peu. Pas juste faire une apparition. Elle voulait mener la danse de façon évidente. Pour cela, elle avait aussi trouvé un prétexte assez bidon mais qui aux yeux de tous pouvait passer pour très charitable. D'ailleurs c'était bien le nom qu'elle portait. C'était la Soirée de Charité en Soutient aux Membres du Ministère. La belle avait dit qu'en ces temps de trouble, ces employés avaient bien besoin d'un peu d'aide et de se libérer l'esprit. Aussi avaient-ils été tous invités. Et puis, de cette façon, elle pourrait voir certains membre du mouvement auquel elle vouait pas mal de temps et d'attention. Et cela pouvait toujours servir.

Donc, elle avait mis une tenue noire qui convenait à son deuil qu'elle montrait comme inachevé mais tout de même quelques bijoux d'argent pour ne pas faillir à sa réputation. Malgré le deuil, Anya ne put s'empêcher de porter une robe plutôt moulante et peu couverte à des endroits stratégiques. Il ne fallait pas non plus qu'on la prenne pour une femme facile, mais il y avait des habitudes qui avaient la vie dure. Et puis, Anya restait Anya après tout. Comédienne ou pas, ne pas se sentir désirée pendant trop longtemps ne lui plaisait pas. C'était son jeu et elle adorait y jouer.

Une fois l'heure arrivée, elle descendit dans le hall. Il y avait déjà du monde. Des musiciens jouaient dans un coin, les plateaux passaient mollement dans la foule, les gens discutaient. Anya respira un bon coup avant de descendre les dernières marches. Allant saluer ses invités de manière tout à fait stratégique, commençant par les plus influents. Elle passait un peu vite sur les gens sans importance particulière et restait un peu discuter avec les plus importants. Tout cela étant un jeu bien planifié.

Qui dit soirée de charité, dit aussi argent. Le but était aussi d'en récolter le plus possible pour divers causes plus ou moins perdues. Et ici, le prétexte était clairement bidon. Du moins, pour ceux qui connaissaient un peu la maîtresse de maison. Les membres du Ministère de la Magie n'avaient pas fondamentalement besoin de cet argent. En revanche, elle aurait l'occasion d'en rencontrer pas mal et des plus importants. Ce qui était toujours bon à prendre dans sa situation. Anya pourrait facilement leur plaire et se les mettre dans la poche. Quoi de mieux pour une manipulatrice doublée d'une meurtrière?

Lorsque cet artiste tout simplement inconnu lui avait proposé quelques toiles à mettre aux enchères, elle n'avait pas vu de réelle raison de refuser. Dans les faits, elle passerait pour une femme qui aide un peu un artiste à se faire connaître tout en récoltant un peu plus d'argent. Mais pour elle, la belle venait d'accepter un homme tout à fait quelconque dans son monde de richesse et de personnalités de monde magique. Peut-être allait-elle le regretter maintenant. Mais ce qui était fait n'était plus à refaire.

En recevant les toiles la veille, elle fut un peu rassurée. Très peu portée sur l'art, Anya n'aurait pas acheté une de ces œuvres. Mais cela ne voulait pas dire que personne ne le ferait lors de cette soirée. Cette soirée qui avait commencé sous les meilleurs hospices et qui maintenant battait son plein. La brune était satisfaite de la tournure des événements. Elle comptait bien faire connaissance avec le fameux artiste. Et comme elle s'en était douté, le jeune homme n'était pas très difficile à repérer. Sans avoir l'intention d'être méchante ou vexante, elle se disait que cet homme faisait tâche dans la foule. Là où les gens étalaient toujours les mêmes ou presque, son visage n'était pas connu. Tous étalaient leur richesse, mais lui portait un smoking assez simple. Moderne, mais simple. Au moins, il avait fait un effort.

Se dirigeant vers lui en souriant, elle se demandait un peu quel genre de personne il était. Et pour ne pas mentir, Anya espérait qu'il ne viendrait pas à toutes ses soirées.

-Bonsoir, Mr Craven?

Après tout, on ne sait jamais. Mieux valait vérifier. Mais puisqu'elle n'était pas contredite, elle continua.

-Anya Armyanski, ravie que vous soyez venu.

Il en fallait de la volonté pour rester calme dans ce type de situations. On était toujours demandé de tout les côtés et il fallait tenir son rôle. Oui, je sais, ce n'est pas le cas de tout le monde. Mais Anya avait véritablement un rôle à jouer devant les gens. La pauvre petite veuve décidément très très malheureuse en amour et mère d'un fils traumatisé. Pour le fils ce n'était pas totalement faux, mais pour le reste un peu moins. Malheureuse elle ne l'était pas le moins du monde et l'amour... c'est quoi déjà? Le premier mari c'était une obligation et les deux autres des choix stratégiques. Pourtant, il ne fallait pas le laisser croire à la population. Cela ne serait pas bon pour son image.

Charlie ne s'était pas mêlé à la foule. C'était compréhensible et un peu rassurant. Anya n'était pas très désireuse d'apprendre qu'il ennuyait ses autres invité. Elle ne le connaissait pas ce garçon après tout. Et quitte à le mettre dans le bain, autant que ce soit elle qui s'y colle.

-Bonjour Madame Armyanski.

Entendre son nom avec cet accent anglais lui faisait toujours un peu drôle. Au bout du compte, tous le changeaient un peu à leur convenance. Ce qui était une évidence en Ukraine ne l'était pas ici.  Le jeune Craven lui pris la main et la baisa dans les convenance. Au mins, il avait des manières. Ce n'était pas si mal.

-Tout le plaisir est pour moi. Je suis pour ma part ravi d'avoir pu faire votre connaissance.

Des manières et des convenances. C'était déjà une bonne chose. Anya était au moins à peu près sûr qu'il ne ferait pas de bêtises. Maintenant, restait à savoir si ses toiles allaient se vendre. Il était là pour ça aussi tout de même.

-Alors, comment vous sentez-vous? Pas trop impressionné par la situation? Votre travail connaîtra peut-être un franc succès.

Pour être honnête, Anya n'avait aucune envie de rester avec ce pauvre type. Il n'avait aucun intérêt pour elle. Même ces habituels attraits qu'elle leur trouvait souvent elle ne parvenait pas à les retrouver chez lui. Un homme tout à fait quelconque qui n'avait pas franchement grand chose à faire ici. Alors oui, il y avait ses toiles. Mais la belle aurait très bien réussit à les vendre seule. À condition qu'on les achète bien sûr. Mais raison de plus! Si personne n'aimait son travail, il serait certainement dans un état pitoyable. Enfin, plus que maintenant en tout cas...

Lancer la conversation n'était qu'une forme de politesse. Une sorte d'obligation pour bien se conduire. Mais une fois encore, elle s'en serait bien passé tout de même. Que voulez-vous qu'elle apprenne de ce type qui n'en avait pas grand chose à faire non plus? M'enfin, il fallait bien se faire voir alors elle faisait son possible pour se montrer sympathique.

-À vous dire vrai je suis quelque peu nerveux. En effet, si je peux être franc avec vous, j'ai peur d'un échec total, puisque, je ne me leurre point, et comprend que souvent, ce sont les noms et non l'image qui guident l'acheteur de tableau, et mon nom n'est que peu connu. Donc, il est vrai que j'espère votre pronostique véridique.

Bah voilà, il n'y avait rien à apprendre. C'était normal et logique et humain et tout ce que vous voulez d'autre. Un artiste inconnu qui fait le grand saut ne pouvait pas être très à l'aise.

-Mais je pense que vous devez vivre quelque chose de semblable, puisque si je connais un fiasco, vous en connaîtrez un peut être aussi… C'est tout de même de là qu'influera une partie des donations n'est-ce pas?

La première partie de sa phrase lui avait fait peur. Il voulait sa perte ou quoi? Pourquoi un fiasco? Mais elle finit par comprendre qu'il s'agissait de la vente de œuvres qu'il avait peur de voir échouer. Si Anya avait attendu d'avoir ces tableaux pour être sûre d'avoir un peu de l'argent attendu, elle aurait failli à son expérience. Jamais elle ne s'en tenait à une seule source. Surtout si il s'agissait de ce genre de choses.

-Oui, en quelques sortes. Il s'agit bien entendu une source de donation. Mais j'ai certainement moins d'enjeux que vous. C'est une occasion pour faire sortir votre nom de l’anonymat.