Cher journal,
Cela fait un certain temps que je n'ai pas écrit et je m'étais promis d'arrêter. Mais il s'est passé tellement de choses. L'écrire me fera peut-être du bien. Ça marchait jusque là...
Andreï est venue me voir en pleine période scolaire. J'adore ce garçon mais même moi j'ai trouvé ça bizarre. Je crois que je n'ai jamais eut autant raison de ma vie. Le pauvre en avait déjà vu pas mal, mais là je crois que ça va l'achever. J'ai peur qu'il fasse quelque chose de mal. Je me fais beaucoup de soucis pour lui. Mais même avec ça j'ai encore pas mal de choses sur le cœur.
J'ai appris qu'Anya avait fait des choses. Je ne me l'explique toujours pas. Pourquoi faire tout cela? C'était loin d'être indispensable. Elle avait plusieurs moyens de se faire aider, quelque soit le problème qu'elle avait rencontré. En arriver au... enfin, en arriver là c'était largement abusé. Je ne la comprends pas. Et quelque part ça me fait peur. Avant, on se disait toujours tout. Maintenant je ne sais pas si je dois croire ce qu'elle me dit. Je suis un peu perdue dans tout ça. Depuis combien de temps est-ce qu'elle me mentait? Sur quoi pouvait-elle encore me mentir? Y a-t-il encore des choses que je n'aimerais pas apprendre sur elle? Je l'aime toujours autant mais j'ai du mal à savoir ce que je dois faire. Je devrais peut-être arrêter de la voir, lui faire comprendre que je n'accepte pas ce qu'elle a fait, l'éviter, rentrer en Ukraine. Mais même si c'est idiot je ne pense pas y arriver. C'est trop dur. Et puis il y a Andreï. Je ne peux pas le laisser tout seul avec ça. Le pauvre petit est bien trop fragile pour affronter ça tout seul. C'est quand même sa mère. Il l'aimait tellement. Elle a parfois été un peu rude avec lui, mais jusqu'à maintenant il n'en lui en tenait pas vraiment rigueur. Maintenant ça sera différent. Il avait connu et fréquenté deux de ces hommes. Le troisième était son père. Comment réagir à ça quand ça vous saute au visage d'un seul coup? Je ne peux pas l'abandonner dans ce brouillard.
Et pour changer de sujet je n'ai pas mieux que parler d'Ivan. J'étais avec Andreï, on était sorti pour changer d'air. Cela faisait presque dix ans qu'on ne s'était plus vu. Et je ne pensais pas que ça me ferait aussi mal. Non seulement il s'est remarié sans même m'envoyer un mot, mais il a aussi quatre enfants superbes. Quatre enfants en dix ans et moi je n'ai pas été capable de lui en faire un en huit. C'est tellement injuste. Elle, elle est plus jeune, plus belle peut-être aussi. Mais moi je l'aimais. C'est moi qui suis retourné le voir même après notre divorce. C'est moi lui ai tout donné. Je l'ai aimé comme une folle pendant huit ans. Et lui il m'a laissé tomber. J'ai été idiote d'espérer quoi que ce soit. C'est un crétin. Et sa femme encore plus. Je sais que c'est injustifié et clairement injuste de ma part, mais cette femme m'insupporte. Ce n'était pas de ma faute si on avait pas d'enfants. Quel besoin avait-il d'aller voir ailleurs. Et moi qui pensais qu'on était bien ensemble. Cette histoire m'a bien remuée aussi. Mais ça m'a aussi motivée.
Je me suis arrangée pour remonter mon dossier de demande d'adoption de quelques places. J'y ai laissé un peu plus de mes finances, mais j'espère que ça marchera. Ça serait tellement bien. Je me suis résignée, ce n'est pas avec un homme que je tomberais enceinte. Si l'adoption aussi devait rater, je ne sais pas ce qu'il me restera. C'est aussi pour ça que je n'ai rien dit à Anya ou à Andreï. Juste au cas où, j'ai préparé une chambre d'enfant. Mais pour l'instant elle reste fermée. Elle est comme moi, elle attend. Elle restera peut-être vide jusqu'à la fin, mais ça m'aide de faire tout ça. Je me dis que rien n'est fait sans raison et que ça me portera peut-être chance. Pourtant je n'ai jamais été très superstitieuse, mais il y a des moment où c'est plus facile.
Je crois que ça suffit pour cette fois. En fait c'est déprimant. On est bien loin de la vie dont je rêvais étant petite. Mais c'est comme ça, je n'y peux rien. J'espère que si je dois écrire sur une autre de ces pages j'aurais quelque chose d'un peu plus réjouissant à y mettre. On verra bien...

Cher journal,
J'avais espéré quelques instants que mes prochains mots sur ces pages seraient heureux. De bonnes nouvelles, des mots rassurants. Mais ce n'est pas le cas. Je n'ai ni bonne ni rassurante nouvelle à écrire. Je crois que je n'ai pas même vraiment de nouvelle à y mettre. Les faits sont toujours aussi tristes et connus. Et d'ailleurs, je ne sais toujours pas quoi faire.
Je sais que laisser les choses comme cela et marcher sur des œufs ne sert à rien mis à part aggraver la situation. Mais je ne sais vraiment pas comment réagir. Pour le moment, je n'ai pas encore parlé à Anya. Il faudra bien que ça arrive, c'est sûr, mais je n'en ai pas encore le courage. Et puis, comment devrais-je aborder le sujet? Je ne peux pas lui dire que je comprend et que ce la ne me dérange pas. C'est totalement faux! Bien sûr que ça me dérange. Je ne sais pas pourquoi elle a fait ça et ça me pose un problème de savoir qu'elle en est capable. Je suis censée pouvoir lui faire confiance tout de même maintenant? Ce qu'elle a fait à ces hommes, pourquoi ne le ferait-elle pas avec moi ou Andreï maintenant qu'on est au courant? Et en même temps, je me demande si elle continuera à être la même avec nous. Du coup, je ne peux pas l'accuser directement et lui faire un déluge de reproches. Je ne peux pas non plus lui faire ça. J'en suis incapable. Et pourtant, je me suis posé la question. Je crois que je vais encore me la poser un certain temps. Ce n'est pas le moment de brouiller un peu plus les choses.
Aujourd'hui, Anya était en crise. Je sais que c'est la période et qu'avec ce qui s'était passé, cela risquait d'être encore pire. Mais je déteste ça. Je me fiche de ce qu'elle a fait finalement, je n'aime pas du tout la voir dans cet état. Et ça fait seize ans que ça dure. Pourtant je ne peux pas faire grand chose pour elle. En général, elle se contente de pleurer en réclamant Adrian. Cela pouvait aussi bien durer quelques minutes que quelques heures. Tout comme elle peut venir me voir ou me demander de venir. C'est toujours aussi dur. Elle ne m'a pas donné de détails sur la conversation qu'elle avait eut avec son fils. Seulement qu'ils s'étaient disputé. Je n'ai pas insisté. Et je peux sentir que la situation lui fait peur. Anya a vraiment peur de perdre Andreï aussi. Et même si je peux le comprendre, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'elle l'a mérité. Pourtant, c'est horrible de penser ça. C'est sa mère, elle a besoin de lui autant que lui d'elle. Sauf que ce n'est pas aussi simple. Andreï lui en veut beaucoup. L'éviter lui fait du bien. Même à ce niveau-là je ne sais pas quoi faire. Si je vais dire à Anya qu'elle doit renoncer à son fils, elle ne le supporterait pas. Et si je dis à Andreï de pardonner à sa mère, c'est moi qui le perdrait. Je comprends bien pourquoi d'ailleurs. Alors pour le moment, ils gardent leurs distances tout en espérant un peu de l'autre. Moi, il faut que je reste là, au milieu, neutre. Je ne peux pas prendre position avec ça. Parce que je ne peux pas choisir entre eux. Ils sont tout ce que j'ai. C'est ma famille. De la voir partir en morceaux me fait mal.
Enfin, ce n'est pas en ruminant ainsi que je vais arranger les choses. Parfois, j'aimerais pouvoir tout laisser de côté. Partir, loin, seule, et tout retrouver à mon retour. Comme une pause.
Je n'ai pas non plus de nouvelles de l'agence d'adoption. Ça devient désespérant. Je crois que c'est encore une chose qu'il faudra que j’oublie. Même si je n'en ai pas vraiment envie. Mais continuer me fera certainement plus de mal que de bien. Pour le moment je devrais penser à des choses plus concrètes.
Bon, la prochaine fois sera peut-être la bonne. Peut-être aurais-je enfin des choses plus agréables à dire. Ceci dit, je commence sérieusement à en douter...

Cher journal,
Cette fois c'est bon. J'ai enfin quelque chose d'un peu heureux à raconter. J'ai un travail! Et pire encore, je n'ai eu a chercher très longtemps en fait. J'ai vu cette annonce, j'y ai répondu et voilà. Me voilà Nounou d'Aiden Fawcett. Je suis encore toute excitée. Ce garçon est un peu particulier, il faut bien l'admettre. Mais il est charmant. Je ne sais pas ce qu'il a vécu et ne chercherai pas à le savoir. Je sens pourtant que quelque chose l'a perturbé. C'est frustrant de voir que je ne peux pas l'aider. D'autres pourront mieux l'aider que moi pourtant. Ce n'est pas mon rôle et si il ne veut pas m'en parler, je ne le forcerai à rien. Aiden est vraiment touchant. Je crois que je vais lui faire un cadeau pour noël. Il avait l'air tellement content quand je lui ai montré les chats. Même si il avait parfois l'air d'avoir un peu peur. J'ai trouvé ça étrange mais il souriait tellement que je n'ai rien dit. Une de mes russes a eut des petits, je suis sûre qu'il serait ravi d'avoir le sien. Mais je vais encore y réfléchir.
Les bonnes habitudes ont la vie dure alors je n'ai pas vraiment d'autres joyeusetés à dire. Je suis retourné à l'agence avec Tristan pour rien et je n'ai toujours pas parlé à ma sœur. Je déteste cette situation. J'ai cette sensation d'être inutile et de ne rien pouvoir y faire. Mais je ne vais pas me laisser prendre par tout ça cette fois. Réécrire encore et encore mes problèmes ne les résoudra pas. Alors même si je n'ai pas écrit grand chose, c'est bien suffisant. C'était le principal et c'est dit alors à la prochaine fois!.. tout en espérant que ça sera un peu joyeux aussi.

Cher journal,
Aujourd'hui je suis assez anxieuse. Redire une fois de plus ce qui s'est passé depuis la dernière fois que je t'ai écrit ne servirait pas à grand chose. Il s'est passé tellement de choses de toute façon que je pourrais te remplir en une seule fois. Mais je vais tout de même laisser une trace du plus important.
J'ai jeté un œil à la dernière page que j'avais écrite, et je me dois de commencer par la plus heureuse et la plus adorable des nouveautés. Les voyages jusqu'à l'agence c'est fini. Ils ont fini par accepter le dossier et je suis rentrée avec Irina. Elle est adorable. J'avais imaginé des choses, comme beaucoup de femmes dans mon cas. J'avais imaginé son visage, comment cela se passerait quand on me laisserait la prendre, comment elle pourrait réagir une fois à la maison, tout un tas d'autres petites situations et détails qui étaient bien en dessous de la réalité. C'était juste... magique. On pourra jouer avec sa baguette autant qu'on veut, jamais cela ne sera aussi beau que quand je l'ai prise contre moi la première fois. Un vrai petit ange. On m'a déjà dit que je n'étais pas objective, que de toute façon son enfant était toujours le plus sage, le plus beau, ou tout un tas d'autres choses. Moi je dit que les autres pensent ce qu'ils veulent. Pour moi, Irina est ma chance. Et pas une petite. C'est vraiment une enfant facile. Elle n'a pas encore réagit de façon négative face à quelqu'un, elle est déjà assez régulière dans ses repas, elle se calme assez facilement comparé à d'autres. Non, en fait, j'aurais tendance à penser qu'elle est un peu comme moi. Facile à vivre à condition qu'on l'écoute. Ce qui est plutôt une bonne chose aussi. Ce n'est pas vraiment ma fille alors il y avait de grandes chances pour qu'elle ne me ressemble pas. D'ailleurs, avec ses adorables yeux bleus et ses petits cheveux blonds, la ressemblance n'est pas frappante. Voire même inexistante. Si elle peut avoir un caractère semblable au mien je ne vais pas dire non. Même si je vais faire de mon mieux pour qu'elle se bouge un peu plus que moi quand même. Être trop gentille n'est pas toujours simple. Mais bon, elle a encore le temps. Moi aussi d'ailleurs. Le principal c'est qu'elle soit bien avec moi. Le reste c'est secondaire.
Mais comme je le disais au début, aujourd'hui je suis un peu anxieuse. Et ce n'est pas fini. La rentrée se rapproche. Je ne sais pas du tout comment mais Anya s'est débrouillée pour me trouver un poste à Poudlard. Et pas juste concierge de base ou assistante bibliothécaire. Non, un vrai poste de professeur. Professeur de botanique. J'adorais ça petite. Je ne suis pas vraiment botaniste mais si j'en crois ce que j'ai lu dans les livres que je me suis dépêché d'aller chercher, ça devrait aller. Mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter. J'avais déjà vu le directeur, mais décidément, je ne sais pas ce qu'Anya lui avait dit mais c'était comme si il n'avait pas besoin d'entretien pour m'engager. Enfin, je sais que ce n'est que pour un petit moment, juste pour lui laisser plus de temps pour trouver un nouveau professeur, un vrai. Mais je n'aurais pas pensé cela si facile d'entrer dans le corps enseignant de Poudlard. Enfin, tant mieux pour moi. Ce qui me fait peur, mis à part les élèves et l'organisation d'une école de magie anglaise qui ne me parle pas vraiment, c'est que du coup je vais devoir laisser Irina derrière moi. Le directeur a accepté que je rentre pour les week-end, mais ça reste assez peu pour moi. Avec un peu de chance, un nouveau professeur sera vite nommé. Ceci dit, je ne l'abandonne pas non plus. J'en ai parlé avec Anya et Lindsay. Elles s'en occuperont très bien. Et puis, ce n'est que provisoire.
D'ailleurs, puisqu'on en parle, avec Anya j'ai l'impression que ça va beaucoup mieux. Je pense surtout qu'Andreï lui manque et que du coup elle se raccroche à ce qu'elle peut. Au fond ça ne me dérange pas, mais ça me fait de la peine de la voir comme ça. Elle est bien trop fière pour dire quoi que ce soit, et puis c'est une vrai tête de mule. Et pourtant, j'ai l'impression de la comprendre. Mais je me trompe peut-être. Après tout, elle m'a déjà menti sans que je m'en rende compte. J'ai envie de lui laisser une deuxième chance quand même. Peut importe ce qu'en pense Andreï. Je le comprends lui aussi, mais je ne suis pas dans la même position que lui, c'est tout.
Enfin, on verra bien comment tout cela va se mettre en place. Pour le moment je suis juste curieuse de commencer les cours.