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 Tais-toi mon coeur !

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MANGEMORT
Caleb I. Lestrange
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Message#Sujet: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeDim 28 Avr - 15:04

Mon père est le directeur du département des mystères, ce département du ministère de la magie qui soulève les théories les plus folles, les passions les plus grandes, les questions les plus nombreuses. Personne, à part ses employés ne sait ce qui s'y passe, alors, forcément, ça prête à interrogations. Mais essayez de parler à un langue-de-plomb, vous verrez rapidement que vous perdrez considérablement votre temps. Tenez, mon père dirige ces bureaux, et pourtant je ne sais rien, absolument rien! C'est à la limite d'être parfaitement exaspérant, d'ailleurs. Je suis curieux de nature, je n'aime pas savoir qu'il y a des informations auxquelles je n'ai pas accès... Alors entendre mon père constamment ignorer mes questions ou faire silence sur ses activités, c'est lassant. J'ai décidé de faire avec, ceci dit. Je peux comprendre, après tout, qu'il ait une conscience professionnelle et tout le reste. Mais bon, ça a quand même le don de m'exaspérer un peu.

Je pensais, naïvement, que puisque j'allais travailler pour le compte de mon père, les choses allaient changer. Allez, quoi! Je travaille au département des mystères, maintenant, comment peut-il être possible que, en travaillant au département des mystères, on ne sache rien de ce qui s'y passe? Eh bien, je vous le confirme ici et maintenant, c'est tout à fait possible, et c'est mon cas. Non seulement j'ai l'impression que tout le monde sait tout autour de moi à part moi. C'est extrêmement frustrant. Parfois, je me demande vraiment ce que je fais là, mon travail est ennuyeux et répétitif, il ne me stimule pas un soupçon de seconde, et si je pouvait avoir l'envie absurde d'obtenir l'estime de mon père par ce biais, je me rend bien compte que tout ça est absurde.

Je ne fais pas ça pour mon père, de toute manière. En fait, je n'ai absolument pas la moindre idée des raisons qui me poussent à être ici, où l'on m'ignore, me tolère, on ne me dit rien.. (vous n'imaginez même pas l'ambiance). Parce qu'il faut bien avoir un salaire. Certes, mais je me sens comme un imposteur, le fils du patron que l'on accepte ici car il est le fils du patron. Souvent, je me sens isolée, mes capacités bridés. On me fait classer des dossiers (où on se garde bien de laisser des informations intéressantes), je satisfais aux besoins en caféine de mes camarades, et ça s'arrête là. Je suis capable de tellement plus, pourtant! Je suis sûr que je pourrais les remplacer sans problème. J'essaie tous les jours de me rendre utile en m'attribuant des tâches qu'on ne veut pas me donner. Au final, on m'ignore, et il arrive des moments comme aujourd'hui ou, du coup, où je n'ai basiquement rien à faire, et mes tentatives pour trouver du boulot supplémentaire sont infructueuses. Alors j'attends. Je guette la pause déjeuner.

Voilà, elle est arrivée. Avec un certain soulagement (que je ne prends même plus la peine de feindre - mais en même temps, personne ne se soucie de moi, cloîtré dans mon petit bureau où l'on m'a enfermé surtout pour que je ne puisse rien entendre des conversations de ceux supposés travailler avec moi), je m'apprête à sortir. Je n'ai pourtant le temps que de faire quelques pas avant que mon coeur ne s'arrête pendant plusieurs longues secondes. Mon temps pâlit. Je tente d'ignorer le frisson qui me traverse l'échine. Elle est là. Tant que je ne la voyais pas, j'arrivais presque à l'oublier, ravi de ma relation avec la superbe Elena, mais voilà... Elle est là.
Attacher un air indifférent sur mon visage, vite.
Et un ton désagréable.

-Qu'est-ce que tu fais là, Fitz?

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Pomona Fitz
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 30 Avr - 9:35

"Je prends ma pause." déclara Pomona à l'adresse de McDowell après avoir posé un point final au dossier qu'elle avait passé la matinée à compléter.

Disciplinée et assidue, Pomona avait pensé un moment, à ses débuts au bureau de criminologie du département des aurors, qu'il fallait bien sûr attendre l'aval de son supérieur pour s'en aller le soir, prendre une pause à midi, avoir le droit de se chercher un café...

Puis elle avait dû se faire à l'évidence, McDowell laissait une très grande liberté d'action à ses employés. Il regardait de temps à autres par-dessus leurs épaules pour voir s'ils faisaient du bon travail, et quand ce dernier était mal fait, les choses dégénéraient, mais il ne surveillait jamais ses subordonnés au point de gérer leurs emplois du temps.

Au début, cela avait dérangé Pomona. Consciencieuse et acharnée, elle se refusait à quitter son poste tant qu'on ne l'y invitait pas. L'ennui, si elle attendait après son supérieur, alors elle ne quittait jamais ses bureaux (une fois, elle avait quitté le travail à 21h).

Puis, finalement, il lui fit directement comprendre qu'elle pouvait parir quand bon lui semblait, dès lors que le travail qu'elle s'était fixé pour la journée était accompli, et qu'il était bien fait... Alors elle avait fait avec... Et même si elle partait souvent tard (absorbée par ses occupations, elle ne le faisait plus par zèle, mais par passion).

McDowell lui répondit par un léger signe de tête, et Pomona s'en satisfit. En ces quelques mois, elle avait également comprit que ce n'était pas avec lui qu'elle parlerait des heures durant. Tant mieux, Pomona abhorrait les personnes qui parlaient sans cesse, et pour toujours ne rien dire.

Elle plaça donc son sac en bandoulière sur ses épaules, et se mit en route... non pas pour le chaudron baveur, où elle avait prit pour habitude de prendre la plupart de ses repas, mais pour un autre lieu du ministère.

Aucun doute possible, son patron n'approuverait jamais une telle attitude, et elle-même n'en était pas bien fière... mais même si, au fil des jours, son travail gagnait de plus en plus de valeur dans le coeur de la vert et argent, il n'était pas pour autant question pour elle de le faire passer au premier plan. Beaucoup trouveraient cela sûrement un peu absurde, mais la résistance passait avant. Ce qui pouvait passer pour une lubie adolescente était pour elle une noble cause...

Et oui, l'intérêt des voyageurs temporels, qu'elle ne connaissait pourtant pas près d'un an plutôt, pouvait bien passer avant le sien.

Du groupe qu'ils s'étaient constitués, elle était la seule à pouvoir mettre un pied au ministère, et comme personne n'acceptait de leur dire quoi que ce soit quant à l'avancée des recherches afin de les faire rentrer chez eux, Pomona avait prit la décision d'aller chercher l'information à sa source.

Elle savait que la tâche serait ardue, croiser un langue-de-plomb vous suffisait à comprendre qu'obtenir quoi que ce soit d'eux tenait du plus fou du miracle, mais elle ne comptait pas se laisser démonter pour autant. Qui ne tentait rien n'a rien, ces histoires de rébellion faisaient naître en elle une volonté farouche et un sens de l'honneur qu'elle ne s'était pas supposée.

Elle avait donc choisi très innocemment de fouiner du côté du département des mystères. Si on la croisait, elle ferait mine de s'être perdue, qu'importe la crédibilité qu'elle obtiendrait.

Elle fit quelques pas dans les couloirs sombres d'un département donc le propos et les locaux étaient tout autant. Si les bureaux des aurors pouvaient sembler peu engageants, il suffisait de venir ici pour comprendre qu'il y avait bien pire.

Après quelques pas, son regard en croisa un autre, familier. Lestrange... Son père dirigeait le département des mystères... Le retrouver là, c'était... logique. Quelle faible estime de lui. Pomona n'appréciait pas Caleb, mais elle lui reconnaissait une intelligence certaine. Il aurait pu obtenir bien plus.


-Qu'est-ce que tu fais là, Fitz?

Aucune excuse en réserve pour quelqu'un d'aussi antipathique. Néanmoins, et contrairement à chacune de leurs altercations, le ton de Pomona se fit plus sympathique, enfin... dans la mesure de ses capacités, qui faisait que sa voix restait très neutre malgré tout.

Une idée venait de germer dans son esprit. D'un langue-de-plomb, elle n'obtiendrait peut-être aucune information, mais d'un "ancien camarade de classe"... Ne dit-on pas qu'on laisse les anciennes querelles de lycée derrière soi une fois qu'on les a quitté.

Certes, ils étaient parfaitement incompatibles, ne serait-ce que parce que Lestrange était l'un des sbires de Jedusor. Mais d'un peu d'hypocrisie pouvait peut-être naître une information intéressante.


"Lestrange. Je ne savais pas que tu travaillais ici."
Puis, inventant, au hasar, mais l'air sérieux. "Mr McDowell m'avait demandé d'aller chercher quelque chose." L'avantage, c'est que comme ils étaient au département des mystères, elle pouvait toujours passer le quoi sous silence. "Je vais aller déjeuner, tu veux venir?"

Sa demande était hasardeuse, mais qu'importe... Elle fonctionnerait peut-être.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeVen 3 Mai - 10:49

Je la déteste. Oui, vraiment, je la hais. Chaque fibre de mon corps veut la rejeter, autant qu'elles sont attirés par elle. Je la hais car elle ne me laisse aucun répit. Je la hais car elle prend dans mon cerveau une place démesurée. J'aimerais écraser ces pensées d'elle, comme on écrase un moustique, j'aimerais me débarrasser du sentiment absurde qu'elle m'inspire d'un revers de manche. Merlin oui, je la déteste, et d'autant plus maintenant que, la voyant face à moi, je retrouve ces symptômes stupides qui font de moi le plus parfait des abrutis, qui feraient de moi le plus docile des esclaves, si je m'écoutais et m'abandonnait à toute la déraison qu'elle m'inspire. J'ai envie de le lui crier, puéril. Je te hais. Tourner les talons et m'en aller, et avec ces cris, dissiper mon obsession, mes vaines attentes, redevenir moi-même, récupérer cette part de moi qu'elle a su me voler j'ignore quand et comment, la rendre à Elena, qui la mérite mille fois plus qu'elle. Devenir enfin quelqu'un d'équilibré. J'aimerais qu'elle disparaisse, j'aimerais qu'elle ne soit qu'un mirage. Je veux détruire cette fantaisie, la réduire en miette. Je ne veux plus que mon coeur s'arrête comme à chaque fois. Mais mon coeur ne m'écoute pas. Il s'arrête, puis il s'emballe. Tais-toi mon coeur. Rends-moi ma liberté, dispense-moi des frissons qui me parcourent l'échine... Mais surtout, dispense moi de te supplier. Cet ultime affront me sauverait peut-être, mais je m'en sens incapable malgré tout.

- Lestrange. Je ne savais pas que tu travaillais ici. Mr McDowell m'avait demandé d'aller chercher quelque chose.


Pourquoi sa voix me transperce-t-elle l'âme? Elle n'a rien de spéciale, pourtant. Elle est sèche, froide. Dépourvue d'intonation, dépourvue de séduction. Pourquoi je suis incapable de l'entendre parler de banalités et de la trouver ennuyeuse? Trouvez moi un sortilège, n'importe lequel, un anti-filtre d'amour, et faites-le moi boire jusqu'à la dernière goutte. Je veux oublier ces fantaisies plutarquiennes, qui me font jusqu'à oublier que les excuses qu'elle trouve pour justifier sa présence ici sont extrêmement faibles et pour le moins douteuses. Je m'apprête à lui répondre... je ne sais pas quoi, d'ailleurs, n'importe quoi. Quelque chose qui soit de préférence désagréable, et mette directement de la distance entre elle et moi. Elle est beaucoup trop proche. Mais la phrase qu'elle prononce ensuite a le don de complètement me désarçonner.

- Je vais aller déjeuner, tu veux venir?


Comment ça, est-ce que je vais venir? Pourquoi est-ce que je voudrais venir? Pourquoi ce soudain élan de sympathie et d'altruisme alors que nous avons passé toutes nos altercations à nous insulter mutuellement? Pourquoi tient-elle à ce que nous passion plus de temps ensemble? Pourquoi je n'ai pas envie de lui refuser cette terrible faveur. Je suis totalement interdit, et je me sens ainsi que je dois paraître, complètement idiot. Au final, je répond ainsi que je le peux. Et je ne suis pas particulièrement fier de ma réponse.

-Qu'est-ce qu'il y a, Fitz? T'as oublié l'argent de ton déjeuner?


Oui, elle est mauvaise, mais une seconde de plus à ne rien répondre, et j'aurait été idiot pour de bon.

-Je vais au chaudron baveur, fais ce que tu veux.


Et oui. Je sais que c'est une invitation implicite à ce qu'elle me suive.
Non, je ne saurais pas tomber plus bas que cela, j'ai atteint le fond, je le crains.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMer 8 Mai - 11:02

-Qu'est-ce qu'il y a, Fitz? T'as oublié l'argent de ton déjeuner?

Pomona se retient de lever les yeux au ciel, ou même de montrer son exaspération. Elle était même parvenu à garder suffisamment de contenance (heureusement que sa patience pouvait être qualifier de proverbiale) pour retenir la réplique cinglante qui menaçait de franchir la barrière de ses lèvres.

Était-ce une bonne idée, finalement, que de vouloir "sympathiser" avec Lestrange? Sûrement que non, leurs natures respectives faisaient qu'ils ne pouvaient logiquement faire autrement que de se détester.

C'est en tous cas ce que, très honnêtement, l'ancienne vert et argent croyait. Quand bien même elle se pensait excellent juge de la nature humaine, jamais elle n'avait su soupçonner les sentiments que Caleb pouvaient avoir pour elle. Bien au contraire. Et un épisode comme celui-ci lui faisait vraiment croire qu'ils étaient seulement voués à une haine réciproque.

Un instant, elle se dit que les choses allaient s'arrêter là, qu'il allait partir dans son coin, et que sa tentative (hasardeuse, il faut dire) serait veine. Ça ne l'aurait guère surpris, après tout.

Se rapprocher de l'ennemi, d'un ennemi qui pouvait lui fournir les informations qu'elle recherchait, c'était une chose, y parvenir en était une autre, et cela fonctionnait très rarement dans les faits.

Tant pis, Pomona n'aurait pas été certaine de savoir jouer le jeu de toute façon, pas si elle devait avoir affaire à une salve de répliques cinglantes et assassines auxquelles elle serait obligée de répondre avec calme, pondération, faisant mine d'être indifférente à ces réflexions des plus désagréables.

Au moment où, donc, l'apprenti-criminologue se faisait au fait que cette tentative soit si rapidement avortée, Caleb reprit la parole.

-Je vais au chaudron baveur, fais ce que tu veux.


Est-ce que cela signifiait qu'il voulait qu'elle la suive? Ou cela avait-il un caractère urement informatif ?

Eh bien... Pomona et ses talents d'observatrice pensait à la première suggestion. Mais dans un même temps, cela semblait si absurde. Que fallait-il croire, alors?

Pomona choisit de laisser cette question en suspens. Puisqu'elle était sur le point de parvenir à ce qu'elle avait voulu, inutile de parasiter la discussion (qui n'avait pas besoin de cela) à l'aide de réflexions de ce type.


"C'est justement là où j'allais."
répondit Pomona, l'air de rien.

Elle aurait sûrement menti,, s'il le fallait, mais en plus, c'était vrai, c'était bel et bien au Chaudron Baveur qu'elle mangeait tous les midis.

Elle lui emboîta donc le pas dans le couloir.

Fallait-il attendre qu'ils soient installés autour d'une table pour parler? Ou commencer tout de suite?

Finalement, l'apprenti-criminologue opta pour tout de suite.


"Comment ça se passe, au travail ?"
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeVen 10 Mai - 11:30

-C'est justement là où j'allais.

Donc, elle a forcément quelque chose à me dire. Je ne vois pas d'autres explications. J'ai peut-être le sentiment de perdre une partie de mes capacités intellectuelles quand elle se trouve à proximité, mais pas au point, tout de même, d'être infiniment crédule et de croire qu'elle veuille déjeuner avec moi pour le simple fait d'apprécier ma compagnie, d'autant que nous passons plus de temps à nous engueuler qu'à véritablement parler lorsque nous nous rencontrons, en temps normal. Les études finies, les querelles adolescentes sont laissées au vestiaire, c'est ce que tout le monde dit. Mais je suis d'avis, tout de même, que les tensions demeurent. La logique est ce qu'elle est, la logique veut que nous nous détestions, et je l'enfreins déjà en sentant mon coeur battre la chamade dès que sa voix retentit à mon oreille. Je ne dis rien, je me contente d'avancer. Dire que je vais déjeuner ailleurs, maintenant, serait une attitude puéril. Et oui, je l'avoue, j'ai voulu qu'elle me suive, que cet instant dure. Être en présence de Pomona, c'est pour moi comme s'infliger la plus douloureuse des tortures et s'y restreindre avec bonheur. Un vent de culpabilité me traverse tandis que je pense à Elena. Certes, nous ne faisons rien de grave. Et nous ne ferons rien de grave, d'ailleurs. Parce que ce serait stupide, absurde. Et parce que non, je n'en ai pas envie... Mais la voir, et daigner passer ce temps avec elle, c'est déjà trop. À moi-même, j'ai d'ailleurs l'impression d'en infliger beaucoup trop. Nous marchons, d'abord silencieusement, et je me demande, au fond, s'il ne vaudrait pas mieux qu'on s'engueule.

- Comment ça se passe, au travail ?


À nouveau, elle me prend de cours. Mais je devine que cette question, qui pourrait sembler anodine posée par n'importe quel autre, ne l'est pas le moins du monde. Qu'elle ma parle par intérêt (même si je ne saisis pas quel est l'intérêt en question) ne me vexe pas, c'est attendu, quelles autres raisons pourraient l'encourager à aller vers moi. Elle se moque de qui je suis... Comment peut-on perdre tant de temps à adorer quelqu'un qui ne daigne connaître votre existence que lorsque celle-ci peut lui servir? Je n'en sais vraiment rien. Et je me sens particulièrement idiot. Pourtant, pourtant, je persiste. Et même maintenant, j'essuie des mains moites sur le revers de mon pantalon, abruti par mon inaccessible.

Mais ma voix, elle, reste maîtrisée. À la perfection. Heureusement. Je la toise, l'air à la fois hautain et indifférent. Si elle connaissait ce désordre, ce fouillis absurde qu'elle crée dans mon cerveau !

-Je travaille au département des mystères. Rien ne ressort du département des mystères. Ta question est complètement absurde.

Bien, je l'envoie balader, et dans un même temps, feint de ne rien ignorer de ce qui peut l'intéresser. Passer pour l'inutile sous-fifre à qui l'on apprend rien, je ne l'accepterai pas. Même si, au fond, c'est effectivement ce que je suis. Triste vie.

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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 14 Mai - 15:14

"Je travaille au département des mystères. Rien ne ressort du département des mystères. Ta question est complètement absurde."


Évidemment... Attendre de Caleb Lestrange qu'il déballe dans la seconde à Pomona les informations qu'elle voulait lui sous-tirer était parfaitement absurde, elle n'avait d'ailleurs pas cru que les choses se feraient facilement, elle n'avait pas doutée que l'entrée en matière serait complexe... et le reste sans doute aussi.

Caleb Lestrange, quand bien même cela déplaisait grandement à Pomona de l'admettre, était un jeune homme intelligent, tout à fait capable de reconnaître un piège quand celui-ci lui était tendue. Il faudrait bien plus que des tartines de feintes sympathie pour briser ses défenses et abaisser la gigantesque barrière qui était encore adressée entre eux deux.

Mais soit, si le défi s'avérait complexe, il n'était pas impossible pour autant, et Pomona était bien décidée à y mettre toute la détermination possible. Elle avait comprit, via les voyageurs, à quel point l'heure était grave. Et elle comptait bien tout faire pour s'investir au maximum dans cette "résistance" qu'elle avait fondé avec Miyria, et prouver que le fait qu'elle se trouve en dehors de l'enceinte de l'école ne l'empêchait pas d'agir, de servir à quelque chose...

Puisque tant de sbires de Jedusor (entre autres Chaser et Lestrange) avaient non seulement quitté l'école eux aussi, mais travaillaient en plus au même endroit qu'elle, elle ne pouvait que sauter sur l'occasion. Le contraire serait déshonnorer la cause (et non, le mot n'était pas exagéré) qu'elle défendait.

Comment allait-elle s'y prendre? Elle ne le savait pas encore. Elle comprenait, en tous cas, que si elle voulait obtenir quelque chose de lui, il fallait qu'elle gagne sa confiance. Et étant donné leurs antécédents (ainsi que leur incroyable capacité à se prendre la tête dès que leurs chemins se croisaient), ça n'allait pas être une mince affaire.

"Pardonnez-moi, altesse, j'essayais seulement de meubler la conversation."
ironisa-t-elle, faisant mine de considérer son refus comme un caprice prétentieux (ce qui était peut-être le cas, d'ailleurs). "J'ignorais que ton simple titre de stagiaire t'ouvrais la porte à tous les secrets de ce département." ajouta-t-elle, n'ayant pas résisté à l'envie de le remettre à sa place.

Et à ce sujet, d'ailleurs, elle n'était pas complètement dupe non plus. Elle savait très bien que l'on ne devait pas dévoiler tout ce qui se tramait au sein du département des mystères au premier venu... Néanmoins, il avait pu pénétrer une porte ouverte à laquelle peu de personnes avaient accès, et ce détail était d'importance.

Certes, son but était bel et bien d'instaurer un semblant d'entente entre eux, mais elle n'allait pas le faire à n'importe quel prix tout de même. D'autant qu'un changement aussi radical dans sa manière d'agir vis-à-vis de l'ancien vert et argent aurait forcément semblé louche.

Ne voulant pas lui laisser le temps de répliquer, et tandis qu'elle mettait un pas à l'extérieur, elle ajouta :


"Vais-je donc devoir nous trouver un sujet de conversation susceptible de te rendre plus amène? Ou peut-être préfère tu t'en charger? À moins bien sûr que tu ai l'intention de nous voir passer l'heure du déjeuner à nous regarder en chien de faïence."
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeVen 24 Mai - 14:22

-Pardonnez-moi, altesse, j'essayais seulement de meubler la conversation.

Je n'aime pas trop le ton qu'elle utilise avec moi. Et pour cause, vous pensez bien que la fierté bien trop grande qui me caractérise m'interdit d'être insulté, ridiculisé ou provoquer. Je ne réponds jamais avec violence, préférant la force des mots à celle des poings, mais je répond toujours quand même. Ce n'est pas le plaisir d'être ainsi raillé qui apaise mon esprit, c'est celui de constater qu'en fait, les choses n'ont peut-être pas changées. Je n'avais pas compris pourquoi elle se montrait soudainement agréable avec moi, constater que nous devions rester dans cette situation où nous nous lançons constamment des piques. Je reconstate alors l'incompatibilité de nos caractères, et j'arrive à taire un peu (mais un peu seulement) les élans de ce coeur qui bat beaucoup trop fort au creux de ma poitrine. Au fond, c'est mieux comme ça. Les choses sont mieux comme ça. Je vais pouvoir lui réserver un nouvelle fois de ces piques assassines que je lui lance à chaque fois dans l'unique but de me protéger d'elle, et ça ira bien.
Ce sera d'autant plus simple, d'ailleurs, qu'elle persiste et signe et ne s'arrête pas à cette seule réplique.

-J'ignorais que ton simple titre de stagiaire t'ouvrais la porte à tous les secrets de ce département.


Soit. J'ai peut-être été trop présomptueux. Ou alors Pomona étant, comme je le sais (et c'est malheureusement ce qui me plaît chez elle) très brillante, elle est en train de m'embobiner. Je n'en sais rien. Qu'importe au fond. Quoi qu'elle veuille de moi, et même si je pourrais en crever d'envie, elle n'obtiendra rien de moi. Je veux répondre, quelque chose d'assassin, bien sûr. Les répliques incisives ont toujours du mal à franchir la barrière de mes lèvres quand je suis avec elle. Comme si elle paralysait certains fragments de mon cerveau. Je déteste ça. Elle est de fait, plus prompte à parler que moi et me devance en me parlant à nouveau. Pour quelqu'un de si peu bavarde, autant d'efforts me surprennent.

-Vais-je donc devoir nous trouver un sujet de conversation susceptible de te rendre plus amène? Ou peut-être préfère tu t'en charger? À moins bien sûr que tu ai l'intention de nous voir passer l'heure du déjeuner à nous regarder en chien de faïence.

À nouveau, je ne comprends plus. Elle me déstabilise... encore plus que d'habitude. Que me veux-t-elle? Qu'attends-elle exactement de moi? Je ne peux pas croire qu'elle se montre si agréable dans le seul but de l'être. Il y a forcément autre chose... Ces années de joutes verbales, et sentiments refoulés (pour ma part bien sûr, elle elle s'en moque) ne peuvent pas être oubliées en ces quelques phrases.

-Fitz. Le fait que nous nous retrouvions à moins d'un mètre l'un de l'autre ne signifie pas que nous sommes obligés de nous parler.


Mon attitude peut paraître bien plus puérile que la sienne, j'en ai conscience. Mais que voulez-vous. Je me protège. Je me protège d'elle. Je fais comme je peux.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeJeu 30 Mai - 22:57

-Fitz. Le fait que nous nous retrouvions à moins d'un mètre l'un de l'autre ne signifie pas que nous sommes obligés de nous parler.
Effectivement, la proximité ne devait logiquement pas être comprit, par l'un comme par l'autre, comme une invitation à se parler plus longuement, plutôt comme une invitation à s'éloigner le plus vite possible l'un de l'autre.

Si, bien sûr, ils pouvaient se parler. Mais quand ils le faisaient, c'était généralement pour s'envoyer les pires insultes au visage, en se montrant toujours plus incisifs l'un que l'autre.

Ils n'avaient aucune raison de se montrer aimable ou d'entamer une conversation raisonnable. D'accord, d'accord... si elle voulait qu'ils se qualifient d'ennemis naturels, ils ne l'étaient pas tant que ça (eh non, ils avaient beaucoup de points communs, en vérité, plus qu'ils voudraient bien l'admettre l'un l'autre).

Pourtant, même s'ils ne semblaient pas avoir de raisons de se parler, Pomona comptait toujours mettre son plan à exécution. D'une façon ou d'une autre, il fallait qu'elle prenne l'opportunité qui lui était faite, un point c'est tout. Elle n'en aurait peut-être pas d'autre. Et si cela ne devait pas fonctionner, alors soit. Mais pas tout de suite. Après tout, elle n'était pas aspirante criminologue pour rien.

Elle demeura de marbre face à sa remarque, et feignit de s'en moquer comme il se devait, comme si le passage à l'âge adulte faisait qu'elle était désormais au-delà de ces querelles adolescentes. Ce qui était faux, bien sûr. Si toutes ces querelles étaient derrière elle, elle n'y serait pas aussi investie à ce jour. Ni ne prendrait la peine de parler avec Caleb Lestrange comme elle le faisait maintenant.

"Très bien, alors je parlerai pour nous deux."
dit-elle.

Ces mots prononcèrent, ils arrivèrent devant le chaudron baveur. Pomona entra la première, et s'occtroyant cette primeur, elle choisit leur table, un peu à l'écart, où ils pourraient parler loin des oreilles indiscrètes, des fois que leur conversation finissait par nécessiter de ne pas être entendue... ce qui n'était pas certain.

"À vrai dire", dit-elle une fois assise. "Je pense que je te dois des excuses."" Elle poussa un léger soupir. Elle n'aimait pas s'excuser, même lorsqu'elle le faisait pour une raison spécifique. "Ton attitude a souvent été déplorable mais... étant donné qu'on risque de se croiser souvent, on pourrait peut-être oublier nos stupides querelles d'étudiants et faire table rase?""

Elle tentait le tout pour le tout, et Caleb lui rirait sûrement au nez, mais qu'importe.

Elle ne pouvait pas tourner autour du pot trop longtemps, et piquer la fierté du jeune homme en soulignant le fait qu'elle agissait avec plus de maturité que lui pourrait lui servir.

Cela dit, il était quelqu'un d'extrêmement intelligent, il se pourrait qu'il ne se laisse pas avoir, auquel cas, elle ne savait pas quelle riposte elle utiliserait. Elle compterait sur son don d'improvisation.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 4 Juin - 15:15

-Très bien, alors je parlerai pour nous deux.

Qu'attends-elle donc? Que veux-t-elle? Cette question tourne en boucle dans ma tête. À chaque mot qu'elle prononce, aussi enjôleur que venimeux, je me sens partagé entre l'envie de croire en tout ce qu'elle pourra me dire, peu importe que ce soit en contradiction totale avec elle et également moi-même, et la raison, la raison qui m'invite à me méfier. On ne peut pas à ce point changer d'attitude en seulement deux mois, c'est positivement impossible. Pomona qui déclarait pouvoir parler pour nous deux? Je sais qu'on partage le même amour du verbe et ce même désir de ne l'employer que si la nécessité s'y prête. Parler pour ne rien dire? Cela ne lui ressemble pas, ni ne me ressemble non plus d'ailleurs. Partager une conversation en n'omettant rien de la défiance naturelle que nous possédons l'un envers l'autre? Cela me semble positivement impossible.Pis encore ! Un affront fait à nos personnalités respectives. Je ne saisis pas. Veut-elle vraiment que l'on apprenne à se supporter? Ou a-t-elle une autre intention en tête. Aucune perspective n'est bonne pour moi. Je ne veux pas qu'elle s'intéresse à ma personne, en mal comme en bien. Je parviens à supporter le poids de ce fichu et inaltérable sentiment quand elle n'est pas dans les parages. Mais là, juste à proximité... je me sens totalement aux prises d'une toile dont je cherche à peine à me dépêtrer. Vraiment, existe-t-il individu plus déplorable et pathétique que moi? J'en doute plus que fortement.
Nous arrivons au chaudron baveur. Elle choisit notre table, je m'assois en face d'elle. Quelle vision étrange... moi, me préparant à déjeuner avec Pomona Fitz. Ça tient du domaine de l'absurde, de ces rêves dont je me tirais seulement en me qualifiant immédiatement de parfait abruti. Ce que je suis, définitivement. Mon regard parvient à croiser, défier le sien. Mais je voudrais être à des kilomètres de là. Retrouver les bras d'Elena, ne jamais les quitter, oublier jusqu'à son nom.

-À vrai dire. Je pense que je te dois des excuses.


À nouveau, je ne comprend pas. Depuis quand Pomona s'excuse-t-elle? Et pourquoi s'excuse-t-elle, surtout? Cinglé... Elle cherche à me rendre cinglé. Et elle n'arrêtera pas tant qu'il n'y aura plus la moindre once de raison dans cette esprit que je ne veux pas m'approprier même s'il est le mien, tant il m'apparaît faible et misérable.

-Ton attitude a souvent été déplorable mais... étant donné qu'on risque de se croiser souvent, on pourrait peut-être oublier nos stupides querelles d'étudiants et faire table rase?


Je reste un moment sans rien dire. Lui répondre non, c'est choisir la plus douce des facilités, mais également passer pour le roi des gamins. Dire oui... c'est briser une barrière, une très mauvaise idée. Et je sens la barrière vasciller, pourtant. Mon silence se prolonge, stupide, heureusement interrompu par une serveuse qui vient nous servir nos commandes. Je la remercie, puis me perd pour le plus grand mal dans ces yeux encore une fois.

-Ce ne sont pas que des querelles d'étudiants, Fitz, je te trouve insupportable. On est pas faits pour s'entendre, tu as dû le remarquer, non?


Oh douce solution de facilité ! Je crains malheureusement qu'elle ne suffise pas à me sauver.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeLun 10 Juin - 22:04

Et voilà où ils en étaient, tous les deux, eux qui n'avaient jamais su se parler qu'en s'adressant des piques acerbes durant sept années, à manger leur repas face à face à une table du Chaudron baveur. À quel point cela était-il étrange? Au point que l'on pouvait penser. Le tout multiplié par l'infini.

Même si Pomona avait été à l'initiative de tout cela et savait plutôt bien dissimuler son jeu, elle ne se sentait pas particulièrement à l'aise avec tout cela. Elle avait toujours observé plus que manipulé, et elle savait quel esprit brillant possédait Caleb Lestrange. Elle n'était pas convaincue de pouvoir ou savoir mettre ses plans à exécution en sa présence.

Et il lui laissait comprendre, par son attitude particulièrement fermée, qu'il ne se laisserait pas amadouer si facilement. Elle n'avait pas choisi la plus simple des cibles. Mais en même temps, Jedusor ne choisissait pas n'importe qui non plus, là était tout le problème, épineux problème.

Ses mots ne laissaient pas davantage de place à l'éventualité de l'établissement d'un terrain d'entente entre eux, malheureusement. Mais elle n'abandonnerait pas. Pas tant, en tous cas, qu'ils se trouveraient ensemble à cette table, et qu'elle pouvait le cuisiner avant qu'il ne vaque à ses occupations.


"Ce ne sont pas que des querelles d'étudiants, Fitz, je te trouve insupportable. On est pas faits pour s'entendre, tu as dû le remarquer, non?"

Sur le fond, il n'avait pas tort. Il y avait un moment que ce qui avait opposé Caleb et Pomona avait dépassé la rixe adolescente. À partir du moment, à vrai dire, où chacun d'entre eux s'était investi à cent pour cent dans une "cause" qui les dépassait, elle en créant la résistance avec Miyria, lui en rejoignant Jedusor et les chevaliers de Walpurgis, tout avait prit beaucoup plus d'importance. Trop d'importance? Peut-être. Mais puisque des vies avaient été mises en jeu, puisque le pire avait été commis au nom de ces deux causes, il était impossible de les prendre à la légère.

Néanmoins, que savait Caleb de sa cause à elle? Fort heureusement, personne ne savait pour la résistance à part les principaux concernés. S'il savait que leurs opinions divergeaient, il ignorait, en vérité, à quel point ils s'opposaient. Et ça, c'était un bon point pour elle.


"J'avoue avoir tendance à te trouver plutôt antipathique, moi aussi."
admit-elle avant de boire une gorgée de jus de citrouille dans son verre.

Il est vrai, prendre les choses sous cette angle ne semblait pas être la meilleure manière de s'attirer la sympathie ou la confiance de Caleb. Mais qu'importe, un peu d'honnêteté ne nuirait pas dans ce tissus de mensonge. Et cela paraîtrait moins suspect.


"Mais je pense que tu as tort quand tu dis que nous ne sommes pas faits pour nous entendre."
Elle reposa son verre. "À bien y réfléchir, on a beaucoup en commun, non? Outre le fait que nous avons le même âge, avons fait nos classes au sein de la même maison et travaillons à présent au même endroit. Tu es intelligent, doté d'une grande capacité d'analyse, loquace que lorsque cela est strictement nécessaire... Nos opinions divergent peut-être plus que nos caractères... et encore, pas toutes nos opinion, car je crois que le regard que nous portons sur autrui n'est pas bien différent non plus, je me trompe? Alors oui, je pense qu'on pourrait s'entendre, à vrai dire."

Elle avait dit cela du ton le plus neutre du monde. Comme si elle exposait l'une des analyses qu'elle mettait dans son carnet. Le pire, c'est qu'elle ne mentait pas. Les points communs qu'il y avait entre eux et qu'elle venait de mettre en exergue existaient réellement, elle ne les avait pas inventé.

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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeVen 14 Juin - 14:32

-J'avoue avoir tendance à te trouver plutôt antipathique, moi aussi.

Est-ce que l'entendre proférer ce genre de propos à mon égard me fait du mal... ou du bien? Je ne serai trop dire, cela semble être entre les deux, ou un subtil mélange des deux, plutôt. Savoir qu'elle me trouve antipathique, c'est la preuve que le jeu auquel je joue fonctionne, c'est diminuer les probabilités qu'elle puisse un jour m'apprécier, c'est restreindre toute possibilité qui pourrait mener au terrible envisageable, celui qui me hante autant qu'il me répugne. Celui qui s'impose à moi à chacune de nos rencontres quel que soit la lutte intérieure que je mène pour ne plus céder à une passion absurde. Oui, qu'elle me déprécie est une bonne chose, moins elle m'aime, plus j'ai de facilités à essayer de ne pas l'aimer. Ajouter à cela qu'Elena me rend plus heureux que Pomona ne sera jamais susceptible de le faire, et je me sentirais presque sur la voie de la guérison, mais presque seulement. Car il demeure cette part de moi qui se brise et semble souffrir le martyre en entendant l'inaccessible clamer qu'elle ne m'aime pas. Et les lames tranchantes que ces propos enfoncent dans mon coeur sont malheureusement pour moi difficiles à ignorer.Je pourrais me faire à cette oscillation, au fait de jongler entre plaisant et déplaisant, pour ne plus avoir à supporter le déplaisant une fois qu'elle disparait de mon champ de vision. Mais il faut alors qu'elle ajoute les mots suivants, et crée un joyeux désordre à l'intérieur de moi, le premier d'une longue série, désordres qui s'enchainent à chaque phrases qu'elle martelle dans mon cerveau.

-Mais je pense que tu as tort quand tu dis que nous ne sommes pas faits pour nous entendre.


D'un premier coup de marteau dans le crâne. À nouveau, elle me décontenance. Pourquoi faut-il qu'elle y parvienne si facilement? Qu'est-ce que je ne donnerais pas, moi, pour qu'elle se taise et s'en aille.
...Qu'est-ce que je ne donnerais pas, moi, pour qu'elle reste et parle encore et encore, quoi qu'elle dise.

-À bien y réfléchir, on a beaucoup en commun, non? Outre le fait que nous avons le même âge, avons fait nos classes au sein de la même maison et travaillons à présent au même endroit. Tu es intelligent, doté d'une grande capacité d'analyse, loquace que lorsque cela est strictement nécessaire...

Ce qu'elle dit et que j'entends, je le sais, malheureusement, et je m'étais déjà fait la même réflexion. Nous ne sommes pas des ennemis naturels, nous le sommes par la force des choses. Mais au final, nous nous ressemblons beaucoup, elle et moi, de caractère, de façon d'être, dans notre vision de la vie, même (bien que j'ai choisi d'arpenter ce chemin sinueux sur lequel elle ne voudrait jamais me suivre - et pourquoi commencerait-elle seulement à en avoir l'idée, d'ailleurs ?).

-Nos opinions divergent peut-être plus que nos caractères... et encore, pas toutes nos opinion, car je crois que le regard que nous portons sur autrui n'est pas bien différent non plus, je me trompe? Alors oui, je pense qu'on pourrait s'entendre, à vrai dire.


Pourquoi faut-il qu'elle me le dise? Ce qui était jusqu'alors parfaitement clair pour moi est soudainement embrouillé, mon esprit est incapable de réfléchir correctement, encore moins capable. Tant qu'elle me hait, tout va bien, quand elle admet que l'on pourrait s'entendre, mon cerveau, comme paralysé, ne sait plus quelle réaction commander à mon corps et à mes mots. Je reste un moment silencieux. Beaucoup trop longtemps, puis quelques-uns de mes neurones semblent bien vouloir se connecter.

-Peut-être.
Merlin, mais qu'est-ce que je suis en train de dire? Merlin, mais qu'est-ce que je fous? À quoi je joue. Tu n'as peut-être pas tort. Mais qu'est-ce que ça change, maintenant. On s'est détesté trop longtemps pour pouvoir s'apprécier du jour au lendemain, tu ne penses pas ?
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeDim 16 Juin - 18:45

"Peut-être..."


Tiens, Pomona ne s’était pas attendue à obtenir une certaine approbation (même s’il ne s’agissait en fait que d’une semi-approbation) de la part de Caleb si facilement. Autant qu’elle le savait intelligent, elle n’ignorait pas qu’il était également fier et buté. Suffisamment, pensait-elle, pour révoquer des faits susceptibles de le déranger, même s’ils étaient arrivés.

Pomona n’en doutait pas, l’observation qu’elle venait de faire, et qui les mettait tous deux face à ce qui, quoi qu’ils en disent, était une réalité (qu’ils pouvaient choisir d’accepter ou non) était loin de plaire à l’ancien vert et argent.

Il aurait sûrement préféré qu’elle s’abstienne de mettre en exergue leurs points communs, mais c’était l’argument le plus valable qu’elle puisse soumettre à son interlocuteur pour obtenir ne serait-ce qu’un peu de son intérêt, et la possibilité (encore très incertaine) de s’attirer sa confiance.

Mais, bien sûr, Caleb ne se contenta pas d’un simple «peut-être», il fallait malgré tout qu’il argue et qu’il réfute. À nouveau, on pouvait dire qu’ils avaient cela en commun.


"Tu n’as peut-être pas tort, mais qu’est-ce que ça change, maintenant? On s’est détesté trop longtemps pour s’apprécier du jour au lendemain, tu ne crois pas?"

Sur ce point, il n’avait pas tort du tout non plus. Ils avaient passé sept années de leur vie à bien se montrer l’un l’autre qu’ils ne s’appréciaient guère. On ne pouvait pas effacer en quelques mots sept années de répliques acerbes et de détestation affichée (bien que leurs dialogues n’aient jamais manqué de distinction, malgré tout, au nom de leur sens de la bienséance à l’un comme à l’autre. Encore quelque chose qu’ils avaient en commun, remarquons).

Oui, bien sûr, sa tâche ne serait pas aisé. Mais la phrase que venait de prononcer le jeune homme laissait à Pomona un peu d’espoir, et une certaine marge de possibilité.  Déjà, il admettait leurs points communs, c’était un grand pas. Et en plus de cela, il soulignait le fait que c’était davantage la notion d’immédiateté qui rendait l’hypothèse d’une entente entre eux improbable. Or si c’était du temps, qu’il fallait, l’apprenti-criminologue était prête à prendre tout celui qu’il faudrait. Sa patience, quand elle la mettait au service de sa cause, pouvait lui être enviée de beaucoup.


"Je ne demande pas à ce que nous devenions tout à coup les meilleurs amis du monde, je ne le supporterai pas plus que toi, crois-moi. Mais nous pourrions au moins... essayer de se parler sans s’agresser. Ce serait un bon début, tu ne penses pas? Elle marqua une légère pause. Tu sais Caleb, je ne te déteste pas. Une animosité affichée clarifiait nos rapports, mais au fond, je n’ai rien contre toi."

Mis à part qu’elle était convaincu qu’il s’était mis au service de Tom Jedusor, autrement dit son ennemi juré, celui qu’elle s’était promis, aidée de plusieurs autres, de détruire par tous les moyens, afin de tuer dans l’oeuf ses projets machiavéliques. Reproche suffisant pour que ses paroles soient en fait les fruits d’un mensonge éhonté.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 18 Juin - 10:36

Je ne demande pas à ce que nous devenions tout à coup les meilleurs amis du monde, je ne le supporterai pas plus que toi, crois-moi.

Oui, elle ne le supporterait pas plus que moi, je la crois sans mal, mais je crois tout autant que ce ne serait pas pour les mêmes raisons. Là où nos querelles estudiantines feraient barrière à sa sympathie pleine et entière, ce sont mes sentiments dans ce qu'ils ont de dévorant et de destructeur qui m'empêcheraient de louer l'esquisse d'une amitié singulière et de la savourer pleinement. Veut-elle me détruire ? Si oui, elle ne pouvait mieux s'y employer qu'ainsi qu'elle le fait, en effet. Si quelque chose me sauve d'elle et du stupide transport qui m'anime quand elle est trop proche de moi comme maintenant, c'est d'avoir la possibilité de mettre le plus de distance possible entre nous. Loin de moi, à parfaite distance, je peux vivre convenablement, et même l'oublier. Je peux tout oublier dans les bras d'Elena, d'ailleurs. Elena, la personne la plus parfaite qui puisse être pour moi. Pourquoi faut-il qu'une discussion pourtant un brin austère rappelle l'inaccessible à mon être, moi qui n'ait jamais été aussi bien qu'auprès de la jolie blonde ? Non, nous ne serons jamais les meilleurs amis du monde, ça me tuerait. En fait, il faut que je m'arrange pour ne plus jamais la revoir ou lui parler, dès que nos chemins se sépareront aujourd'hui, il faut que je m'y engage. Peu importe ses promesses venimeuses d'amitié. Je dois me protéger d'elle, pour me sauver moi-même.

-Mais nous pourrions au moins... essayer de se parler sans s’agresser. Ce serait un bon début, tu ne penses pas? 

J'ignore pourquoi elle insiste à ce point, j'ignore ce qu'elle croit pouvoir en tirer. Je me hais quand vient à moi l'hypothèse que, peut-être, je l'intéresse. Mes yeux croisent les siens. Très mauvaise idée. Ils s'y perdent un peu trop facilement. J'ai envie que ce repas s'achève le plus vite possible, que je redevienne moi-même, j'aimerais écraser son image, l'anéantir, annihiler son pouvoir sur ma personne. Rien n'est jamais si simple dans la vie... Au fond de moi, je le sais, j'ai diablement envie de rester là, et de ne jamais en bouger.

- Tu sais Caleb, je ne te déteste pas. Une animosité affichée clarifiait nos rapports, mais au fond, je n’ai rien contre toi.


Et avec cette phrase, en fin, elle m'achève. Je veux absurdement y voir une litote, comme les mots de Chimène à Rodrigue, "je ne te déteste pas" pour "va, je ne te hais point". C'est stupide, car à observer les choses telles qu'elles sont, elle dit seulement que ma présence peut ne pas lui être insupportable, à quelques rares moments au moins. Je reste indécis,  je ne sais pas quoi dire. Arguer au nom de notre incompatibilité me semble vain. Alors quoi? L'approuver le temps d'un repas, puis la fuir aussitôt? Oui, c'est sûrement le mieux à faire. Même si d'avance, ça me  fait mal.

-D'accord. On peut essayer de se montrer un peu plus courtois l'un envers l'autre.
Et là, je commets l'erreur, l'aveu, la vraie litote. Au fond, je ne te déteste pas non plus.

Crétin.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeVen 21 Juin - 16:44

Elle commençait à penser que c'était fichue, que l'obstination de Caleb l'inviterait à ne jamais accepter cette main tendue vers lui et que sa tentative certes audacieuse mais bien trop aventureuse se solderait par un échec.


Elle s'était déjà fait une raison, d'ailleurs, se disant que ce n'était pas grave, que c'était de toute façon perdu d'avance, qu'il ne fallait pas se lamenter puisque ça avait été un pari risqué fait à elle-même qu'il était tout aussi simple d'oublier.


Mais au moment même, bien sûr, où elle s'était faite une raison et était prête à abandonner, il parvint à la surprendre, à la prendre au dépourvu.


-D'accord. On peut essayer de se montrer un peu plus courtois l'un envers l'autre. 


Voilà bien des mots qu'elle n'avait pas attendu de sa part. Certes, ils n'étaient pas révélateurs de grand chose non plus, mais Pomona imaginait bien que des trésors de diplomatie et de self-control se cachaient derrière cette phrase.


D'accord, donc elle avait su se montrer convaincante, il faut croire. Bien qu'elle ne savait trop en quoi cela lui serait profitable, elle accepta cette nouvelle non sans satisfaction.


- Au fond, je ne te déteste pas non plus.

Pomona ne devinait pas ce que dissimulait cette simple phrase, et c'était tant mieux. Elle était déjà suffisamment ébahie de l'entendre sous cette forme, savoir tout ce que cet aveu renfermait l'aurait totalement décontenancé, c'est évident.


Elle était si interloquée par cette sentance qu'elle se demanda un moment si les rôles ne s'étaient pas inversés. Alors qu'elle pensait piéger, c'était peut-être lui qui la prenait au piège. Il allait falloir qu'elle se montre vigilante.


Ceci dit, elle s'estimait largement assez pour penser ne pas avoir à craindre un tel retournement de situation. On est jamais trop prudent néanmoins.


"Bien. Tu vois, ce n'était pas si difficile au fond."


Ils avaient, au moins  en apparence, déterré la hache de guerre, et l'univers ne s'était pas effondré, rien n'avait radicalement changé. Au final, ça avait l'air plutôt simple.


"Bon, du coup, on peut avoir une conversation normale entre gens civilisés ? J'ai le droit de te demander comment se passe ton travail ? Promis, je n'exigerai aucun détail confidentiel."

L'ancienne vert et argent se hasarda même à déposer un pâle sourire sur son visage. Ce genre de sourire qu'elle accordait très peu, et qui ne lui allait pas exceptionnellement bien, au demeurant.


Avec un peu de chance se montrerait-il du coup plus bavard que tout à l'heure... Ou se refermerait-il comme une huître, comme il l'avait fait au commencement de leur discussion ?
Pomona voulait croire qu'ils avaient franchi un seuil, qu'elle lui avait inspiré cette confiance qui le déservirait sans doute dans un avenir proche.


Mais elle se trompait peut-être ?
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 25 Juin - 15:48

-Bien. Tu vois, ce n'était pas si difficile au fond.

Parles pour toi, ai-je envie de lui répondre. Elle n'a même pas idée de ce qu'elle vient de me faire faire, elle n'a même pas idée de la torture par laquelle je viens de passer. Bien sûr que si, c'était difficile. Et ça va le devenir encore plus grâce à mon aveu débile. D'accord, je n'ai rien dit ni rien fait de grave, en soi, mais allez dire ça à mon estomac, en train de s'essorer comme une éponge, et à mon coeur qui n'a jamais battu aussi irrégulièrement. Je hais ces fichus réactions physiologiques. C'est tellement stupide. Oui, c'était difficile, et ça l'est encore. En fait, tout sera à jamais difficile pour moi tant que ça la concernera elle. Le meilleur moyen de mettre fin à ce calvaire serait sûrement pour moi qu'elle disparaisse, mais il y a des voeux qui ne s'exaucent jamais, quand ce que l'on veut le moins au monde à toutes les facilités possibles à venir s'incruster dans notre vie. Pourquoi est-ce qu'il fallait que je la croise aujourd'hui ? Et surtout, pourquoi est-ce que j'ai eu la faiblesse de lui parler ? J'en ai assez d'être aussi bête quand elle est là ! Trouvez moi un remède à mon idiotie. Ça devient vraiment urgent, là.

-Bon, du coup, on peut avoir une conversation normale entre gens civilisés ? J'ai le droit de te demander comment se passe ton travail ? Promis, je n'exigerai aucun détail confidentiel.


Elle ne comprends pas. D'accord, encore heureux qu'elle ne comprenne pas. Mais quand même ! Mes mots ont dépassé ma pensée, et non, je ne veux pas de tout ça. Pourquoi vouloir parler tranquillement avec elle autour d'un bon repas ? Elle a l'air soudainement si accessible. En soi, ce regain d'humanité la rend moins attrayante, d'un autre côté, l'accessibilité de l'inaccessible a le même regard que cette crevure de serpent du jardin d'Eden. Je la toise un moment. Je songe à faire dix bons pas en arrière en les considérant comme des pas en avant personnel, mais finalement, je me résigne à répondre, n'ayant jamais perçu tant de lâcheté en moi.

-Ça se passe bien. Il n'y a pas grand chose à raconter, en fait...


Je préfère être concis. Être concis et flou, faire ce qui est le mieux pour moi, en gros. Engager un semblant de discussion avec Pomona, c'est suffisamment compliqué pour que je ne m'inflige pas une conversation à coeur ouvert. Je finis mon assiette, jette un coup d'oeil à ma montre. La salvatrice aiguille des heures m'apprends que je peux prendre congé. Châtiment. Délivrance. Je peux prendre congé. Et m'en aller la tête haute, ou au moins un peu...

-Il faut que je retourne travailler.
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 2 Juil - 15:40

Difficile de combiner son caractère à celui de quelqu'un de presque aussi asocial qu'elle. Difficile, déjà, de combiner le caractère de Pomona Fitz à celui de qui que ce soit. Les seules à y être jusque là parvenues semblaient être Miyria et Yuûki, et cela tenait indubitablement de l'exploit.

Pomona pensa donc que cette certaine incompatibilité, qui venait pourtant d'une véritable proximité de caractère (car l'ancienne vert et argent ne l'avait pas inventé, non, sur de nombreux points, ils se ressemblaient vraiment, et c'était indiscutable), allait encore, d'une façon ou d'une autre, poser problème.

Il était encore temps pour lui de se refermer comme une huître, ou même pour elle d'abandonner ses plans trop ambitieux et de tourner le dos à son ami d'une seconde. Mais ni l'un ni l'autre ne fit marche-arrière. Au nom d'une autre de leurs caractéristiques communes, sans doute : une fierté exacerbée.

Caleb répondit donc, évasivement et semble-t-il à contrecoeur, mais il répondit.


"Ça se passe bien. Il n'y a pas grand chose à raconter, en fait..."

À ce stade, Pomona ne savait plus dire s'il fuyait à moitié la discussion ou s'il n'avait effectivement pas grand chose à raconter (ce qui, il faut le dire, était une déception pour elle, même si elle gardait bon espoir de tirer quelque chose de cette amitié étrange et factice). Il s'avéra qu'il s'agissait un peu des deux. Même si elle fut plus convaincue par la première suggestion que par la seconde quand il regarda sa montre avant de prononcer ces quelques mots.



"Il faut que je retourne travailler."

Ce tenait en grande partie de la mauvaise excuse et de l'échappatoire, mais un coup d'oeil à la montre de Pomona lui permit d'admettre que l'excuse n'était finalement pas si tirée par les cheveux que cela. Il était déjà assez tard.


"Soit. Je vais rester encore un peu, j'ai envie de prendre un café."


Qu'elle sous-entende qu'il pouvait en prendre un avec elle ne servirait sans doute pas, et à ce stade de la discussion, elle aussi préférait, à la limite, qu'il retourne à son travail. Elle voulait juste s'assurer qu'elle aurait l'occasion de lui reparler sous peu.

Voyant Caleb se lever de sa chaise, elle fit de même, le temps de dire dignement au revoir au jeune homme, comme une amie serait supposée le faire.


"En tous cas, je suis heureuse que nous ayons fait la paix."


Étant donné que sa voix, comme d'habitude, débordait de joie, on pouvait légitimement en douter, mais elle ne forçait déjà que trop sa nature. Pour preuve, le baiser qu'elle déposa sur la joue de Caleb, l'air de rien. Geste amical.

Pure manipulation, sorte de manipulation dont elle n'était pas adepte et qu'elle maîtrisait encore mal, manipulation qui s'ancrait dans un registre où elle ne pensait pourtant pas s'aventurer.


"À bientôt!"
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeMar 9 Juil - 11:08

-Soit. Je vais rester encore un peu, j'ai envie de prendre un café.

J'avoue, vraiment, que cette perspective me soulage et me rassure, je vais m'éclipser, elle ne va pas me suivre. Et loin d'elle, je pourrais respirer, et agir enfin normalement. Je ne serai plus le prisonnier de ce que je ne veux pas ressentir, l'étau autour de mon estomac va pouvoir enfin se desserrer. Oui, je suis soulagé. Je ne crois pas avoir apprécié cette conversation ou ce moment... il a éveillé en moi trop de doutes, trop de sentiments contradictoires, tout un flot de sentiments contradictoires auquel il me plaît d'être étranger. Oui, le souvenir de ce moment va me hanter, oui, il me hantait déjà avant même de le connaître. Mais que le songe reste un songe, c'est bien moins dangereux ainsi.

-En tous cas, je suis heureuse que nous ayons fait la paix.

Moi je suis... perdu. Je sais que dans ce marasme d'émotions contradictoire, il y a du bonheur, mais embourbé comme je le suis, je peine à le ressentir. Et tant mieux, n'est-ce pas? Si je pouvais le ressentir, pleinement et parfaitement, ce bonheur, je commettrais certainement la pire erreur de mon existence. En fait, je ne le sais pas encore, mais ce que je m'apprête à faire sera également l'une des pires erreurs de mon existence.

Je me lève, m'attend à ce qu'elle reste assise et me laisse m'éloigner sans même me regarder, mais elle n'en fait rien, elle se lève à son tour, dépose un baiser sur ma joue.
...Dépose un baiser sur ma joue...

-À bientôt!

Mes sens semblent se paralyser brutalement, tout mon être est prit au dépourvu. Je sens un frisson me traverser l'échine. J'en contrôlais si peu déjà, là je ne contrôle plus rien. Dois-je le lui rendre ? Que dis-je. Je veux le lui rendre au péril de toutes mes grandes convictions. mes lèvres cherchent à rejoindre sa peau pâle sans même que mon cerveau le commande, auto-gérées. Pour le pire. Quand elles rencontrent ses lèvres à elle. Pile à ce moment là, mon cerveau a un sursaut de conscience, je réalise l'horreur et l'absurdité de ce que je viens de faire. Mon teint pâlit. Et je n'ai plus qu'une évidente envie : fuir. Fuir au plus vite. D'un ton de glace, et comme si rien ne venait de se passer, je lui adresse ces derniers mots :

-J'y vais.


Inutiles mais qu'importe. Je tourne les talons, et m'empresse de la fuir, sans me retourner une seule fois, sans lui adresser le moindre coup d'oeil.
Quel idiot, vraiment !
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Message#Sujet: Re: Tais-toi mon coeur !   Tais-toi mon coeur ! Icon_minitimeVen 12 Juil - 15:30

Ça aurait dû finir ainsi qu'elle l'avait plus ou moins planifié, en dépit de ce que ses plans avaient de maladroits, tendant presque par moments vers l'irréalisable.

Elle aurait juste dû se rasseoir, après ce baiser tout à fait innocent (et qui, entendons-nous bien, ne signifiait absolument rien) déposé sur sa joue, et lui, il aurait dû s'en aller.

Et elle se serait arrangée pour le revoir au ministère malgré tout, le tout pour parvenir enfin à grapiller les informations que, pour le moment, il lui refusait.

Et c'était presque ainsi que les choses s'étaient passées. Malheureusement, ce "presque" faisait une lourde et considérable différence que Pomona, quand bien même elle l'aurait peut-être voulu, n'était absolument pas en mesure d'ignorer.

Il l'avait embrassé.

Pas comme elle l'avait fait elle-même, qui s'était contenté d'un geste qu'elle avait voulu simple et sans ambiguïté, de ces gestes que deux amis (même s'ils ne l'étaient en définitive pas) pouvaient avoir l'un envers l'autre.

Il l'avait embrassé.

Sur les lèvres, avec une tendresse étrange, et l'esprit foisonnant de Pomona ne voyait malheureusement qu'une façon d'interpréter ce qui venait de se passer. ce baiser avait été volontaire, non-accidentel... plutôt agréable, il est vrai, mais ce n'étaient pas le genre de considérations sur lesquelles l'apprenti-criminologue avait l'intention de s'attarder.

Son premier (et peut-être dernier, allez savoir pourquoi, mais Pomona demeurait complètement insensible aux choses de l'amour, qu'elle considérait comme une faiblesse et une perte de temps) baiser lui avait été volé par Caleb Lestrange. Qui, au monde, aurait pu préméditer une chose pareille ?

Et qu'est-ce que cela impliquait concrètement ? Était-ce juste... un dérapage ? Lui avait-elle adressé des signes contradictoires ? Y'avait-il autre chose? Elle ne pouvait tout simplement pas se résigner à penser qu'il puisse être attiré par elle ou pire, avoir des sentiments pour elle. Personne ne s'était jamais trouvé dans la première situation, encore moins dans la deuxième...

Elle allait devoir tirer ces choses-là au clair. Oui, Pomona était d'un naturel perspicace pour sonder l'âme humaine, mais dès lors que cela la concernait de trop près, voilà qu'elle était tout simplement incapable d'analyser des signaux que d'autres trouveraient plus simples qu'elle.

Une autre question, qu'elle laissait en suspens : devrait-elle se servir de cette faiblesse contre lui ?

Sûrement, mais son esprit était pour le moment trop embrouillé pour y réfléchir plus avant.


-J'y vais.

Pour le moment, elle ne voyait quoi faire d'autre sinon le laisser effectivement s'en aller.
Consciente que les choses ne s'arrêteraient pas là.
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