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n sourire satisfait s'afficha sur le visage de Melody quand, ouvrant les yeux, son regard se posa sur le plafond de cette chambre au décor peu familier qu'elle n'avait investi que depuis la veille. Elle se trouvait chez Yuûki. Ou du moins non, elle n'était pas exactement chez Yuûki (bien qu'elle aurait bien aimé aller au Japon un de ces jours), mais chez sa tante, qui élevait des abraxans dans le Pays de Galles. Peu importaient, à vrai dire, ces quelques détails géographiques, le principal, c'était qu'elle allait passer une semaine avec l'une des seules personnes capables de redonner le sourire à la jeune fille, rien que lorsqu'elle pensait à elle. La bleue et bronze avait compté les jours qui la séparaient du moment où elle pourrait enfin rejoindre la jolie japonaise. Melody tentait de ne pas mettre de mots sur l'impatience qu'elle avait eu à l'idée de retrouver son amie, sur cette joie si singulière qu'elle ressentait à chaque fois qu'elle recevait une lettre d'elle... au fond, elle savait, mais faute d'émettre à haute voix l'hypothèse un peu folle qui lui effleurait l'esprit, elle se contentait de penser la situation plus simplement : elle se disait juste que cette semaine passée avec elle lui allait lui faire le plus grand bien et, surtout, allait la libérer de toutes les tensions qu'elle ressentait depuis qu'elle était rentrée chez elle, en Ecosse (toute cette mascarade avec sa sœur l'épuisait). Pour preuve : elle n'était arrivée que la veille, et elle se sentait déjà plus légère.

Passé le sentiment confus que l'on ressent toujours lorsqu'on se réveille dans un endroit qu'on ne connaît pas, ne restait plus en elle que la joie de commencer cette journée prometteuse. La rouquine se redressa, s'asseyant sur son lit d'emprunt, et jeta un coup d'oeil au réveil posé sur la table de chevet. Onze heures ! Eh merde... Et dire que Melody s'était promis de se réveiller tôt pour profiter au possible des journées qu'elle passerait avec la jaune et noir ! Elle commençait très mal. Elle avait envie de s'autogifler. En même temps, pour sa défense, elle et Yuûki s'étaient couché tard la veille au soir. Ce qui n'avait sans doute pas empêché la jolie japonaise d'être levé bien plus tôt qu'elle. Vacances rimaient souvent avec grâce matinée pour la bleue et bronze, ceci dit, elle se promit de faire un effort pour les jours suivants.

Melody s'étira, bailla, puis enfila ses chaussons. Elle sortit de sa chambre, à la recherche de son amie, qui devait sûrement être déjà debout. N'étant là que depuis la veille, elle ne connaissait pas encore très bien les différentes pièces de la ferme, elle se perdit plusieurs fois avant d'atteindre le salon, où se trouvait Yuûki.

« Salut. » dit-elle de cette voix enrouée si caractéristique des personnes venant à peine de se réveiller. « T'es debout depuis longtemps ? » demanda-t-elle ensuite en se grattant l'arrière de la tête dans un geste tout sauf élégant.

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l n'existait pas de meilleur accueil au monde, alors qu'on quittait à peine le pays des rêves que celui que venait de lui réserver Yuûki : magnifique et souriante, comme à son habitude. La jaune et noir était son rayon de soleil, celle qui, d'un geste, savait écarter les nuages sombres qui pesaient sur son existence et rendre celle-ci plus belle. En fait, personne n'avait jamais parvenu à la faire se sentir aussi bien, ne serait-ce qu'en lui souriant ou en lui parlant. Yuûki avait un don... ou bien était-ce la bleue et bronze qui percevait les choses différemment lorsqu'elle était en sa présence ? Le fait est, quoi qu'il en soit, qu'elle ne s'était jamais sentie aussi bien avec qui que ce soit, pas même lorsqu'elle était avec Linus, du temps où ils étaient ensemble et où elle pouvait jouer les amoureuses transies sans prendre la mesure de son erreur. La jeune fille voulut répondre à la jolie japonaise qu'elle avait effectivement bien dormi, pour la première fois depuis longtemps, même (car entre ses soucis personnels, la proximité de Lysandre et la mort de Morgan, elle avait du mal à échapper aux cauchemars et aux nuits agités), mais Yuûki ne lui laissa pas le temps de répondre. Bah, peu importe, le sourire qu'affichait la serdaigle devait répondre à sa place, et l'éternelle bonne humeur de son interlocutrice méritait bien que, pour une fois, elle ne soit pas celle qui accapare la parole.

Quand Yuûki fit une remarque sur le look parfaitement débraillé qu'elle arborait en ce moment même, Melody ne pu s'empêcher d'avoir le réflexe d'examiner sa tenue. Effectivement, elle qui était d'ordinaire coquette n'avait rien d'une icône de la mode dans son vieux pyjama. De même, ses cheveux d'ordinaire soigneusement coiffé devaient reposer en total désordre sur son crâne... la jeune fille en aurait presque honte si elle avait oublié que son interlocutrice l'avait déjà vu en bien pire position, les yeux embués de larme au beau milieu des escaliers. La bleue et bronze s'en voulut un peu d'entendre que son amie était debout depuis une bonne heure (si ce n'était plus), et avait mit cette heure à profit pour achever ses corvées. Melody avait un peu trop prit ses aises, elle se promit de se rattraper le lendemain. Si elle pouvait mettre la main à la pâte, elle le ferait. D'autant plus que – elle ignorait pourquoi – elle préférait être dans les bonnes grâces de la tante de la jaune et noir... et, de ce que lui en disait Yuûki, ce ne serait pas une mince affaire.

Alors que Melody, une fois de plus, tentait de prendre la parole (elle n'avait pas eu l'occasion de parler depuis une bonne minute, elle allait faire de l'hyperventilation, si ça continuait), Yuûki la plaça face à un petit déjeuner royal, qui coupa net tous ses élans rhétorique. Miam. Melody ne se fit pas prier pour s'installer face à cette assiette ô combien prometteuse, quand Yuûki fit remarquer à la demoiselle qu'elle n'était pas du tout du matin. C'était le moins que l'on puisse dire.

« Et encore, j'ai eu mon quota de sommeil. Tu me verrais quand je ne suis vraiment pas réveillée, là tu prendrais peur. » sourit la bleue et bronze tout en se saisissant de son côté et de sa fourchette, qu'elle planta dans une tranche de bacon. « Eh ben... Je sais que rien n'est trop bon pour moi, mais tu t'es vraiment surpassée. »

Et ce n'était pas qu'un compliment lancé en l'air. Melody mourait toujours de faim, le matin, et ce petit-déjeuner était tout ce qu'elle pouvait espérer de ce qui, pour elle, était l'un des moments les plus importants de la journée.

« Alors, on fait quoi de beau, aujourd'hui ? »

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elody oubliait toute forme de civilité, se goinfrant, et faisant plus qu'honneur au délicieux petit-déjeuner que lui proposait Yuûki. Il faut dire que la bleue et bronze était une bonne mangeuse, et elle ne pouvait jamais résister à tant de denrées disposées au même endroit. C'était un miracle, d'ailleurs, qu'elle ne cumule qu'un nombre de kilos en trop trop peu nombreux pour qu'ils puissent être remarqués avec tout ce qu'elle était capable de manger en un temps record. C'est vrai que, étant donné qu'elle n'était pas chez elle, Melody aurait peut-être pu faire un léger effort, et faire preuve d'un peu plus de savoir-vivre, mais que voulez-vous, chassez le naturel, il revient au galop, et le naturel n'était jamais loin quand la rouquine se trouvait avec Yuûki. En sa compagnie, elle avait le sentiment de pouvoir être complètement elle-même, avec ses quelques qualités mais aussi tous ses travers, elle savait qu'elle ne serait pas jugée.

La jaune et noire ne fit que répondre à moitié à la question de Melody, qui lui demandait ce qu'elles allaient faire de leur journée, lui faisant comprendre qu'elle avait prévu quelque chose de grandiose pour elle, mais ne lui en expliquant pas davantage. Quoi de pire, pour quelqu'un d'aussi curieux que la jeune fille que de devoir attendre ?... car nul doute que la jolie japonaise ne cracherait pas le morceau aussi facilement.

« Si je te faisais mon regard de crup battu, je te jure que tu n'y résisterais pas. » répliqua la rouquine d'un ton malicieux.

Oui, elle était sérieuse. Melody savait s'y prendre comme pas deux pour attendrir son monde. Suffisamment pour attendrir Yuûki ? Pas sûr, ceci dit. La jaune et noir avait, tout comme sa comparse, une fierté mal placée qui l'invitait à ne jamais avoir tort. Enfin... Melody n'aurait pas l'occasion de le vérifier, elle allait devoir attendre.

« Et t'as tort de vouloir me demander conseil, j'ai une intuition de merde. »

Ben quoi ? C'était vrai. Si elle avait une meilleure intuition, elle aurait comprit ce qui se passait dans son dos et n'aurait pas voué un culte inutile à sa sœur et à son ex petit ami. Que de temps perdu...
Melody avala en quatrième vitesse ce qu'il lui restait de petit-déjeuner (encore plus vite qu'avant, je veux dire). Elle avait suffisamment mangé pour que sa curiosité passe avant son estomac.

« Bon, je vais me changer. »

Elle fila rapidement en direction de sa chambre, le temps de mettre une tenue un peu plus adéquate. Adéquate pour quoi, ça... ne sachant pas trop à quoi elle devait s'attendre, Melody préféra prendre les devants, et s'habiller de la façon la plus décontractée possible (des fois que Yuûki lui ait préparé un véritable parcours du combattant). Quand elle ressortit de la chambre, elle retrouva la jaune et noire qui, fort heureusement, l'avait attendue (il n'aurait plus manqué qu'elle se soit barrée et l'ait laissé en plan).

« Voilà, je suis prête. » Elle lui adressa un grand sourire. « Bon on y va ou on prend racine ? »

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as besoin d'intuition, hein ? Tant mieux alors ! Melody ne s'aviserait plus jamais de vânter les éternels mérites de l'intuition féminine. La sienne l'avait si mal servi qu'elle avait fini par admettre qu'il ne s'agissait que d'un mythe parfaitement stupide. La jolie japonaise déclara en revanche à Jane qu'un brin de bon goût serait le bienvenue. Melody sourit en entendant son interlocutrice lui attribuer cette qualité. En toute humilité (ou presque) elle admettait effectivement que le bon goût n'était pas une chose qui lui faisait défaut. Ou du moins osait-elle le croire, car lorsque l'on se voue à une carrière artistique (oui, pour elle, la conception de vêtements tenait de l'art, et personne n'avait intérêt à la contredire sur ce point. Elle possédait un sens de l'esthétique assez poussé, lui semblait-elle, qui lui venait d'une coquetterie naturelle. Aussi, elle ne songea même pas à contredire la jaune et noir, histoire de faire montre d'un semblant de modestie. Elle se contenta seulement de sourire, de plus en plus curieuse de savoir de quoi il pourrait bien en retourner.

Pour cette raison, elle s'était préparée à la vitesse de la lumière, et elle n'eut pas à attendre longtemps avant que Yuûki ne la mène là où sa « surprise » devait se trouver. Au passage, elles parcoururent de nombreux recoins de la ferme. Pour chacun d'entre eux, Yuûki avait maintes et maintes anecdotes à raconter, Melody les écoutait avec délice, c'était un plaisir que de voir l'enthousiasme de la demoiselle, et l'amour qu'elle portait de toute évidence à ces lieux. Melody le comprenait aisément, ses parents élevant des moutons volants, sa ferme regorgeait d'histoire, et elle ne manquait jamais d'en raconter quand on venait chez elle (Brittany y avait eu le droit, d'ailleurs). Finalement, leur parcours prit fin, et elles atterrirent devant l'un des boxes de la ferme. Melody s'était douté que les fameux abraxans de la tante de Yuûki feraient partie de ces choses que cette dernière voudrait absolument lui montrer... et tant mieux, car cela faisait également partie des choses que la rouquine voulait absolument voir.

Yuûki attrapa la main de Melody afin de l'entraîner à l'intérieur. À ce contact, Melody sentit son cœur battre un peu plus fort. Elle n'avait plus envie de la lâcher... Mais elle le fit tout de même, succombant au spectacle que Yuûki lui offrait. Ce bébé Abraxan (bien qu'il soit déjà gigantesque) était totalement adorable. Si il avait pu subsister le moindre chagrin en elle à cet instant (ce qui n'était pas le cas la présence de Yuûki suffisait à son bonheur), il avait disparu, plus encore quand Yuûki lui suggéra de lui trouver un nom. Melody se sentait... honnorée. Plus qu'elle n'aurait cru l'être à l'idée de nommer un animal.

« Il est adorable ! Merci de me faire cet honneur ! » La bleue et bronze déposa un baiser sur la joue de Yuûki. « Alors... trouver un nom à cette merveille... Vous leur donnez quoi, comme genre de noms, aux abraxans, d'habitude ? »[/list]

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n nouveau sourire prit place sur les lèvres de Melody, tandis que Yuûki lui faisait part de la méthode toute particulière qu'elle et sa tante avaient trouvé pour dénommer les animaux de la ferme des Kiyomizu : un thème par année, voilà qui était judicieux. À entendre cela, on pouvait supposer que les thèmes choisis étaient emprunts d'une certaine mièvrerie et étaient des thèmes du type : l'espace, la nature, la mer, la montagne... Mais non, un tel manque d'originalité aurait visiblement été indigne des Kiyomizu, et même si la bleue et bronze n'avait pas encore eu l'occasion de vraiment bien connaître la tante de son amie, elle devinait que son caractère ne devait pas être si éloigné de celui de sa ravissante nièce. Car un choix de thèmes tel que "objets moldus" témoignaient d'une originalité et d'un non conformisme que Melody adorait, Elle se demandait quel pouvait être le terme cette année-ci. Peut-être détritus, ou personnages de contes de fée? Elle était certaine que quelque soit elle serait inspirée. Restait à savoir si Yuûki avait raison de lui confier le baptême de l'une de ces créatures, parce que les goûts de la rouquine, qu'elle pensait pourtant très sûrs, n'étaient pas toujours appréciés de tous.

À la suite de la jolie japonaise, Melody entra dans le boxe, son sourire n'avait toujours pas quitté ses lèvres, elle se rapprochait avec douceur de l'animal, évitant de faire le moindre geste brusque. Melody se doutait que, si Yuûki lui avait permis d'entrer, c'était qu'il n'y avait pas le moindre risque, et qu'elle ne se mettait en danger d'aucune manière en approchant cet abraxan nouveau né, mais dans le doute, elle préférait ne pas tenter le diable, comme on dit.

"Salut, toi!"

Elle su approcher l'animal suffisamment près pour caresser son magnifique pelage, l'abraxan encore nouveau né s'étira de plaisir. Melody était ravie. Elle avait toujours aimé les animaux, et ceux-ci le lui rendaient bien la plupart du temps. C'était sans doute parce qu'elle avait passé toute sa vie dans la ferme de ses parents. Certes, un mouton volant n'avait pas grand chose à voir avec un abraxan, mais Melody considérait ces bêtes de la même manière, avec une forme d'affection identique.

"Il est vraiment magnifique." constata la bleue et bronze tout en continuant de carresser le pelage de l'animal. Elle le pensait. Ces animaux n'étaient pas forcément les plus appréciés au sein du bestiaire du monde magique, maix elle s'en fichait, elle les trouvait beaux. "Alors, c'est quoi le thème que vous avez choisi, cette année?"

Plusieurs idées de nous lui traversaient déjà l'esprit tandis qu'elle observait plus attentivement la bête qu'elle était sur le point de prénommer. Ses doigts courant toujours sur la peau de la créature magique, qui se laissait faire, très sereinement, elle attendait la réponse de la jaune et noir avant de rendre son verdict. Elle ressentait un très léger stress, de ceux qui l'habitaient quand elle s'apprêtait à passer un examen. Elle avait envie de ne pas déplaire à Yuûki. À cet instant, cela lui importait plus que toute autre chose. Elle voulait donc faire un choix qui soit du goût dre son amie.

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elody laissait ses doigts courir sur le doux pelage de l'animal sans nom, lui accordant moins d'attention, tout de même, que ce qu'il aurait pu mériter. Pour cause, son attention était totalement accaparée son par son interlocutrice. A se demander comment elle parvenait, de temps à autres, à détourner son regard d'elle pour se concentrer sur autre chose, cette chose fut-elle aussi mignonne qu'un abraxan nouveau né. Elle fut étonnée de voir Yuûki introduire le thème qu'elle avait choisi cette année par de telles prémisses. Ce qui la surprenait, surtout, c'était de la voir se justifier, lui apprenant que cela lui tenait à coeur quand, généralement, elle ne se justifiait de rien, faisant toujours plus qu'assumer ses choix. C'était d'ailleurs l'une des qualités que la bleue et bronze appréciait le plus, chez elle. Néanmoins, quand elle entendit le thème qu'elle avait choisi, elle aussi le considéra avec plus de sérieux que ce que la situation semblait imposer.

Le monde... Cela pouvait sembler banal à beaucoup, d'autant que c'était un thème qui englobait à peu près tout ce que l'on voulait, mais Melody ne l'entendait pas ainsi... et elle voulait croire que Yuûki non plus. Ce n'était pas la première fois que toutes les deux évoquent le monde, le changement, le renouveau. Tout cela s'était symbolisé dans une boule de papier qui, elle aussi, aurait pu sembler insignifiante à un grand nombre de personnes, mais qui était loin de l'être pour la bleue et bronze. Ce simple présent, que lui avait fait son interlocutrice il y a un mois de cela, avait changé en partie sa vie, lui avait permis de passer à autre chose... Melody avait-elle raison de croire qu'il y avait un lien entre le thème choisi par Yuûki et le cadeau qu'elle lui avait offert? La bleue et bronze avait envie de croire que oui, et à cette pensée, elle sentait les battements de son coeur s'accélérer, et ils n'allèrent qu'en s'intensifiant quand la jolie japonaise lui déclara que cette année serait parfaite si elles étaient ensemble et se rapprocha d'elle.

Melody ne pouvait détacher ses yeux d'elle. Elle se sentait... presque extérieure à elle-même. Ce n'était pas désagréable. Elle se sentait envahie par une délicieuse sensation de liberté... qui ne l'invitait plus vraiment à réfléchir à ce qu'elle faisait. Elle se rapprocha à son tour, si près que quand elle parla, son souffle caressa l'une des mains de Yuûki. Elle ne réfléchissait pas à ce qu'elle faisait, son cerveau était comme paralysé, elle agissait plus par instincts que par raison.

"Oui, cette année sera notre année."

Les lèvres de Melody se posèrent sur celle de Yuûki, le geste lui était venu naturellement... ceci dit, quand leurs lèvres se détachèrent l'une de l'autre, le rouge lui monta aux joues, et elle recula d'un pas.

Tout à coup, elle réalisait ce qu'elle venait de faire... et ce qu'elle s'apprêtait à perdre, certainement. Yuûki allait la prendre pour une folle, pour une... erreur. Elle avait décidément le don de tout gâcher. Melody baissa les yeux, tenta de reprendre contenance, s'éclaircit la gorge, et prit le parti de faire comme si rien ne s'était passé.

"Je... hum... Harmonie, c'est un joli nom, non?" suggéra-t-elle sans être certaine que l'harmonie appartiendrait à son monde si Yuûki se détournait d'elle après ce qu'elle venait de faire.

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lle ignorait que l'on pouvait ressentir autant de choses en même temps, que tant d'émotions confuses et contradictoires pouvaient se succéder en une fraction de seconde seulement. La vie de Melody avait toujours été des plus simplissimes, elle n'avait jamais été confrontée à ce véritable choc émotionnel, qui brouillait ses sens, emmêlait son esprit, créait une parfaite confusion au creux de son esprit. L'instant du baiser, cet instant magique, très court mais qui lui avait semblé suspendu dans l'infini, avait été un moment de pur bonheur, au cours duquel elle n'avait pensé à absolument rien, à absolument rien d'autre qu'à celle dont les lèvres était soudée aux siennes, au plaisir qu'elle ressentait à la sentir si proche d'elle, à l'envie qu'elle avait eu de la retenir pour toujours... Mais il avait été suivi d'un moment à l'inverse parfaitement atroce, un moment de tiraillement, de doute, d'angoisse. Elle craignait d'être rejetée par la seule qui comptait, elle craignait de devoir analyser ce qu'elle venait de faire, elle craignait les conséquences d'un geste qui lui avait pourtant semblé si naturel, sur le moment... Voilà qu'elle doutait de tout, y compris d'elle-même. Ce qu'elle venait de faire... ce n'était pas normal, non? Et ce qu'elle ressentait non plus... Pourtant, elle ne pouvait pas l'empêcher, c'était plus fort qu'elle.
Et même si elle devait essuyer un refus de la part de Yuûki, elle n'était pas certaine qu'elle parviendrait à le regretter complètement, quand bien même la morale l'exigeait. Car sur l'instant... ça avait été parfait.

Ce ne fut pourtant pas par le refus auquel Melody s'était attendue qui vint lui servir de réponse à ses interrogations. Au contraire, sa réponse fut un autre baiser, plus long, et d'autant plus agréable que la réciprocité dont Yuûki venait de lui faire la preuve venait de lui ôter un poids du coeur. Un coeur qui s'emballait plus que de raison, battant la chamade.
Sa main tremblait tandis que la jolie japonaise la tenait dans la sienne. Ça y est, cette fois, elle la ressentait vraiment. L'harmonie. Elle parvint pendant quelques secondes, à ne plus songer aux conséquences subsidiaires. À sa déclaration, Melody se sentit frémir. Devait-elle l'admettre? Qu'elle l'aimait ? C'était évident. Elle était amoureuse de Yuûki Kiyomizu.

- Je... je crois que c'est pareil pour moi. admit-elle en maintenant fermement serrée sa main dans la sienne.

Quelques secondes, songeant aux réactions tout autour, à commencer par celle de sa famille, elle se demanda si elles ne commettaient pas une erreur, si elles ne devaient pas abandonner tant que c'était encore possible, mais elle ne voulait pas renoncer à la belle jaune et noir...

-Il faut... comment on va faire pour... enfin, éviter que ça se sache...?

Elle interrompait peut-être la magie, mais c'était le genre de questions qu'il allait bien falloir qu'elles se posent à un moment ou à un autres. Le plus tôt était peut-être le mieux...

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