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-Oh non, elle n’est jamais bien loin.

Herbert ne put s’empêcher de regarder soudainement autour de lui, se demandant soudain si l’animal n’avait pas été là depuis le début de la conversation qu’il avait eu avec sa collègue. Si c’était le cas, soit ces bestioles avaient un don inné pour le camouflage qu’Herbert ne leur connaissait pas (en même temps, ses connaissances en ce qui concernait les créatures magiques étaient plus que limitées), soit il n’était vraiment pas observateur (et c’était parfaitement possible. Quand on connaissait Herbert, on savait qu’il était constamment dans la lune, et rarement attentif à ce qui se passait autour de lui, ce qui lui avait posé problème plus d’une fois, il faut bien le dire.
Serya siffla pour appeler la bête, et où qu’elle se soit trouvée auparavant, elle ne mit vraiment pas longtemps avant de venir se frotter à ses jambes. Herbert eut d’abord un léger mouvement de recul, sous l’effet de la surprise, mais reconnaissant l’animal, un sourire s’afficha sur son visage. Autant les crabes de feu, il n’était pas particulièrement fan, autant à cet animal là, il trouvait un certain charme. Oui, Chantal était plutôt mignonne.

-Mais qu’est-ce que ces manières? Sois sage, maintenant !

Ça n’aurait pas dérangé outre mesure le comédien raté de voir Chantal continuer de traîner entre ses jambes. Elle avait l’air particulièrement affectueuse, et en tous cas bien dressé, mais il laissa tout de même Serya la prendre entre ses bras sans rien dire. La relation qu’avait le professeur vis à vis de ses animaux était vraiment singulière... mais Herbert trouvait cela plus adorable qu’effrayant. Sincèrement, il n’y avait rien de mal à un peu trop personnifier une bestiole. Il lui arrivait, lui-même, de pousser la chansonnette devant ses plantes pour les aider à mieux pousser. C’était loin d’être moins ridicule.

-Nous pouvons y aller, et puisque tu viens d’arriver, je t’invite.

Herbert adressa un regard gêné à sa nouvelle amie. Il n’était pas dans les moeurs de laisser les femmes payer pour soi. Et même s’ils avaient été d’une autre époque, Herbert, galant dans l’âme, ne l’aurait pas laissé faire, impossible qu’il y concède.

-Hors de question. Je t’invite, ne discute pas. répliqua-t-il tandis qu’ils faisaient chemin jusqu’à Pré-au-lard.

Le village était agréablement vide. Herbert n’avait rien contre la foule, mais s’il pouvait s’en passer, il le faisait avec grand plaisir, vraiment. Les Trois-balais, pub que le professeur connaissait autrement bondé, était lui aussi peu fréquenté à cette heure. Tant mieux, ils pourraient parler plus facilement dans une atmosphère moins guindée, et dans un cadre plus intimiste. Après qu’ils se soient installés à une table près d’une fenêtre qui donnait sur la rue, la serveuse vint leur apporter la carte des boissons. Non sans lancer un regard intrigué à Chantal.

-Qu’est-ce que tu prends ? demanda-t-il, l’air de rien, le nez plongé dans la carte.

-Oh non, elle n’est jamais bien loin.

Herbert se mit à regarder autour de lui. Serya se doutait de ce qu'il cherchait. Il était déjà arrivé que Chantal reste derrière quelqu'un avec qui sa maîtresse parlait. Ce dernier avait manqué de faire une crise cardiaque en voyant le félin juste derrière sa tête. Mais pour le coup, elle n'était pas loin mais pas assez proche pour sauter sur Herbert, toutes griffes dehors.
Lorsqu'elle siffla, Chantal arriva et une fois aux pieds de l'artiste, il eut un mouvement de recul. Serya craignait que son fléreur n'ait effrayé son nouvel ami. Elle n'en avait déjà pas beaucoup d'humains! Mais son sourire la rassura bien vite. Cependant elle avait promis que son animal ne l’ennuierait pas. Elle la pris donc dans ses bras. Une promesse c'est une promesse! Puis ils quittèrent les serres de botanique pour prendre gentiment le chemin du pub sorcier.

-Nous pouvons y aller, et puisque tu viens d’arriver, je t’invite.
-Hors de question. Je t’invite, ne discute pas.

La surprise pris notre enseignante qui n'était pas habituée à ce genre de gentillesses. Bien entendu ce n'était pas désagréable. Seulement là elle avait proposé la première. Si elle avait eu des doutes sur la générosité de Herbert, c'était fini. Elle ne pouvait s'empêcher de brièvement se demander si il était sérieux ou si il la faisait juste marcher. Mais après cette petite réflexion, elle céda avec une certaine satisfaction.

-Bon, bon, si tu y tiens. Mais la prochaine fois ça sera moi!

Du moins elle espérait bien qu'il y aurait une prochaine fois. Elle commençait à vraiment bien l'aimer Herbert.
L'avantage qu'il y avait à aller au village en pleine journée? Pas un chat. Deux ou trois pauvres gens qui se baladaient dans les rues mais sans plus. Et ne parlons pas du pub où quelques personnes au bar et puis c'est tout. Serya se sentait plus à l'aise lorsqu'il n'y avait pas grand monde. Elle n'avait pas à s'inquiéter de ce que l'on pouvait bien dire dans son dos. Là, ils étaient tranquilles tous les deux pour parler de leurs petites affaires.
Les deux amis s'étaient posé a côté d'une fenêtre ce qui leur offrait un très bon éclairage. À peine Serya s'était-elle assise avec Chantal sur ses genoux que l'animal avait posé ses pattes avant sur la fenêtre et regardait les passants avec un air interrogateur. La serveuse était venu leur apporter la carte des boissons en jetant un regard plein de questions vers Chantal. De toute évidence, cette fille était nouvelle dans le pub. Mais Serya ne dit rien, faisant comme si elle n'avait rien vu. Pourtant elle ramena son félin sur ses genoux et l'animal se lova sur elle avant de simplement s'endormir.

-Qu’est-ce que tu prends ?

Oui, la question piège. Serya ne supportait pas l'alcool ou les boissons trop fraîches. Mais elle craignait un peu de passer pour trop particulière auprès d'Herbert. Et puis c'était lui qui allongeait les gallions à la fin. C'est donc un peu hésitante qu'elle lui répondit... Sans pour autant lever le nez de la carte de la serveuse.

-Un petit thé serait parfait.

Oui, un thé. Une boisson chaude avec le temps qu'il faisait dehors. Un thé en plein après midi dans un pub. Un thé pour parler avec son nouveau collègue et ami. La serveuse jeta son air intrigué sur elle cette fois mais les autres personnes qui travaillaient ici savaient que Serya affectionnait d'avantage les boissons chaudes, en toutes saisons. Malgré tout, elle restait particulière.

-Bon, bon, si tu y tiens. Mais la prochaine fois ça sera moi!

La prochaine fois? D'accord. Herbert aimait comprendre, de cette manière, que sa collègue ne trouvait pas le temps trop long avec lui et envisageait même de lui en accorder plus, du temps, quand l'occasion se présenterait. En même temps, elle disait cela maintenant... Il était encore tout à fait possible qu'elle change d'avis. Herbert était un brave type, il faisait rarement du mal aux gens intentionnellement, mais on est jamais à l'abri de finir par déplaire, même quand on est un type bien sous tous rapport. Il y a toujours des gens pour ne pas supporter les types irréprochables. Logique après tout, c'est exaspérant, les types irréprochables. En bref, Herbert était satisfait. Il appréciait de plus en plus la compagnie de Serya, et il espérait vraiment qu"une solide amitié puisse se construire comme ça entre eux. Ils semblaient vraiment bien partis. Alors d'accord, le caractère du professeur de soin aux créatures magiques était atypique, mais après tout, il passait bien son temps à chanter dans la salle de bain, lui, alors il n'allait blâmer personne et encore moins elle.
Au passage, la prochaine fois, il ne la laisserait pas payer quand même.
Quand ils furent installés et que Serya passa commande, Herbert ne put se départir de son sourire.

-Un petit thé serait parfait.

Du thé au sortir de l'été ! Quand il faisait encore chaud et que tout le monde privilégiait les boissons froides... Mais pourquoi pas, après tout? C'était bien loin de déranger Herbert, une fois de plus, il aimait les esprits libres, ceux qui ne faisaient pas tout comme tout le monde. En la matière, Serya était un exemple à suivre.

-Un thé et un jus d'oeillet, s'il vous plaît. commanda Herbert à la serveuse, qui ne pouvait s'empêcher de regarder sa collègue de travers, impolitesse que le comédien raté lui signifia en employant un ton moins aimable que celui qu'il utilisait d'habitude.

En attendant que leurs boissons leur soient servies, Herbert choisit de lancer la conversation sur ces apparentes banalités qui pourraient, en l'occurrence, les servir, puisque comme ça, ils pourraient apprendre à mieux se connaître encore. Si Serya devait être sa seule connaissance positive de tout Poudlard, alors Herbert voulait en apprendre le plus possible à son sujet.

-Alors dis moi... tu préfères que je commence par quelles questions d'usage? Quel âge tu as, où tu habites, si tu as des animaux de compagnie, depuis quand tu enseignes? Je te laisse choisir. sourit-il.

Herbert avait légèrement souri à sa réponse. Mais c'était tout. Soit il se forçait à ne rien dire, soit il acceptait pleinement. Dans un cas comme dans l'autre, elle le remerciait intérieurement. Serya se détendit visiblement et le laissa prendre la commande. La serveuse la dévisageait et Serya repris son petit air mal à l'aise. Mais une fois de plus Herbert vola à son secours!

-Un thé et un jus d'oeillet, s'il vous plaît.

Le ton qu'il avait pris risquait de vite remettre en place la jeune fille qui reparti vers la cuisine après avoir tout noté sur son petit carnet. Serya ne la regarda pas mais un sourire s'afficha presque tout seul. Elle était rassurée de voir une personne sur Terre prendre sa défense. La classe! Et en plus un jeune artiste plein de générosité et souriant. Vraiment, il était génial!

-Alors dis moi... tu préfères que je commence par quelles questions d'usage? Quel âge tu as, où tu habites, si tu as des animaux de compagnie, depuis quand tu enseignes? Je te laisse choisir.

Woua. Il savait ce qu'il voulait en tout cas. C'était une bonne chose en fin de compte. Herbert posait des questions en rafales en lui demandant de choisir. Geste charmant mais pourquoi choisir. Si ils devaient faire connaissance, autant y aller franchement.

-Et bien pourquoi pas les quatre? Mais commençons par la première. J'ai 45 ans. Mais tu devrais te méfier. Toutes les femmes ne répondront pas à cette question aussi calmement. J'en connais même qui préféreront répondre par une bonne gifle plutôt que par des mots.

En clair, elle lui répondait par respect pour leur récente amitié mais c'était une question sensible. Serya se sentait jeune et avait du mal à supporter que son corps ne suive pas le mouvement. Pourtant, c'était inévitable. Mais Herbert était tellement plus agréables que les autres qu'elle ne faisait pas la fine bouche pour si peu.

-Ensuite j'habite dans un coin de la campagne anglaise au milieu de mes élevages divers. Il faudrait que tu viennes un de ces jours.

Serya était très fière de ses animaux, tout le monde le savait. Alors pour une fois que quelqu'un ne l'envoyait pas balader lorsque le sujet était abordé, elle voulait partager un peu de ça avec lui.

-Pour ce qui est des animaux de compagnie, je crois qu'avec mes élevages j'ai de quoi faire. Maintenant, le plus proche reste Chantal. Elle est toujours avec moi ou très proche. Mais je crois que tu avais remarqué...

Chantal. Cette chère Chantal. Les autres animaux dont Serya s'occupait n'étaient pas aussi expressifs ou aussi affectueux. Les animaux la connaissaient et l'aimaient bien mais ils ne la suivraient pas partout comme Chantal. Alors oui, elle avait une place particulière dans la vie de Serya. Et après on se demande pourquoi elle est célibataire!!

-Et enfin j'ai commencé à enseigner un ou deux ans après Poudlard. Voilà un petit résumé de ma vie. Je crois que je peux te demander la même chose maintenant. Et dis-moi aussi depuis quand as-tu commencé à étudier le théâtre. Je te sent très passionné par tout cela et j'admets m'y intéresser.

Bah oui, c'était bien beau de parler de soi mais faire connaissance, c'était dans les deux sens. Mais elle ne s'inquiétait pas. Ils étaient bien parti, alors pourquoi s'arrêter maintenant? Un sourire malicieux s'afficha sur son visage. Sur le moment, Serya était heureuse. Heureuse parce qu'Herbert l'accompagnait. Heureuse parce qu'il semblait l'apprécier telle qu'elle était. Heureuse parce que pour une fois, elle pouvait se contenter d'être elle-même. Le bonheur quoi.

-Et bien pourquoi pas les quatre? Mais commençons par la première. J'ai 45 ans. Mais tu devrais te méfier. Toutes les femmes ne répondront pas à cette question aussi calmement. J'en connais même qui préféreront répondre par une bonne gifle plutôt que par des mots.

Quarante-cinq ans? Vraiment? Très sincèrement, et pas pour la complimenter, Herbert lui aurait bien donné au moins dix ans de moins. Elle était si énergique, et - c'était une chose qu'il ne pouvait qu'admettre - si belle encore physiquement, comme si les rides liées à l'âge (même si 45 ans restait encore jeune) ne s'inscrivait pas sur son visage, refusaient de s'y attarder. Elle était jeune physiquement aux yeux d'Herbert, et mentalement aussi. Le professeur comprenait parfaitement qu'elle ait pu être légèrement courroucée par sa question, même si elle l'avait finalement plutôt bien prit. Elle était jeune dans son esprit, disposait encore d'un peu de cette naïveté liée normalement à la jeunesse - et dont Herbert serait loin de la blâmer, il était pareil. Exactement pareil, même si dans les faits, oui, il était plus jeune que son interlocutrice. Il s'excusa de sa question par un sourire, mais lui affirma, le plus sincèrement du monde.

-Sincèrement, je t'aurais donné dix ans de moins.

Il se garda de toute réflexion quant à son âge à lui, il préféra le mettre en veilleuse. Il n'aimait pas l'idée de souligner la différence d'âge qu'ils avaient tous les deux. De toute manière, il n'eut pas le temps d'ajouter grand chose, puisque Serya enchaîna en répondant aux autres question qu'il lui avait posé plus tôt.

-Ensuite j'habite dans un coin de la campagne anglaise au milieu de mes élevages divers. Il faudrait que tu viennes un de ces jours.

Ah la campagne anglaise ! Herbert rêverait d'y habiter. Il imaginait très bien Serya vivre dans une ferme entourée d'une multitude d'animaux magiques. Herbert, lui, avait conservé son misérable appartement d'étudiant, de quelques petits mètres carrés, sous les toits. Rien à voir avec le domaine ou devait vivre son amie. Herbert sourit en l'entendant l'inviter chez elle un jour. Ce serait avec grand plaisir. Le professeur avait beaucoup de bonheur à voir leur amitié devenir, au fil de leur discussion, de plus en plus proches.

-Pour ce qui est des animaux de compagnie, je crois qu'avec mes élevages j'ai de quoi faire. Maintenant, le plus proche reste Chantal. Elle est toujours avec moi ou très proche. Mais je crois que tu avais remarqué...

Il ne savait même pas pourquoi il avait posé la question des animaux de compagnie, c'était tellement évident. Elle passait sa vie à être entourée d'animaux... en en plus, elle avait emmené l'un d'entre eux avec elle. La fameuse Chantal. Qui restait incroyablement calme, d'ailleurs, si bien qu'on aurait pu finir par oublier sa présence

-Et enfin j'ai commencé à enseigner un ou deux ans après Poudlard. Voilà un petit résumé de ma vie. Je crois que je peux te demander la même chose maintenant. Et dis-moi aussi depuis quand as-tu commencé à étudier le théâtre. Je te sent très passionné par tout cela et j'admets m'y intéresser.
Deux ans après Poudlard, elle enseignait déjà. C'était impressionnant. Elle avait donc une longue expérience dans le métier. C'était bon à savoir, elle pourrait vraiment l'aiguiller quand il aurait des problèmes... Il y comptait déjà avant, d'ailleurs. C'était donc à son tour de parler. Et vu que le théâtre représentait une grande partie de sa vie, il était ravi d'entendre que son interlocutrice s'y intéressait.

-Eh bien... mes parents sont moldus. C'est grâce à eux que j'ai découvert le théâtre, ils m'y emmenaient régulièrement. Du coup, je veux être comédien depuis que je suis tout petit. J'ai rejoins l'AADS - l'Académie d'Art Dramatique des Sorciers - directement après avoir obtenu mes ASPIC. J'ai étudié pendant cinq ans. Puis écumé les castings, sans succès. Quand le professeur Terwilliger a décidé de prendre sa retraite, il m'a recommandé pour le professeur Dippet pour le remplacer... et me voilà !

-Et bien pourquoi pas les quatre? Mais commençons par la première. J'ai 45 ans. Mais tu devrais te méfier. Toutes les femmes ne répondront pas à cette question aussi calmement. J'en connais même qui préféreront répondre par une bonne gifle plutôt que par des mots.
Bien qu'un peu susceptible quand à cette question, elle l'avait bien pris en sachant qu'il s'agissait d'Herbert. De plus, sa réponse donna un petit sourire gêné à son collègue. Serya compris qu'il n'avait pas voulu la froisser. Elle ne s'en étonnait pas d'ailleurs. Leur amitié se concrétisait alors pourquoi tout gâcher avec une simple question d'usage. Elle ne lui en voulait pas, loin de là. Il voulait bien faire et continuait en lui répondant avec sincérité.

-Sincèrement, je t'aurais donné dix ans de moins.

Serya était aux anges. Avec tout les efforts qu'elle faisait, c'était agréable de voir son travail récompensé. Rester actif retarde les effets du temps. Elle l'avait bien compris. Et puis elle avait renoncé à devenir une personne tristement sérieuse. Elle préférait se contenter d'être bienveillante mais toujours un peu enfantine dans ses actes. Serya aimait se montrer libre d'esprit mais restait tout à fait correct dès qu'il s'agissait de son travail. Le travail c'était important. Mais Herbert était quand même charmant, et cela quelle que soit l'état d'esprit des gens. Ils pouvaient ne pas l'apprécier mais cela n'enlevait rien au fait qu'il faisait des efforts. Alors oui, Serya savait pertinemment qu'Herbert était bien plus jeune qu'elle, mais le fait qu'il n'ai pas insisté avait touché Serya. Elle était persuadé qu'ils allaient bien s'entendre. Chacun y mettait du sien. Et puis, ils en avaient bien besoin tout les deux.

-Ensuite j'habite dans un coin de la campagne anglaise au milieu de mes élevages divers. Il faudrait que tu viennes un de ces jours.

Herbert avait un petit regard rêveur. En tant que débutant dans le métier, sa paye ne devait pas être mirobolante. S'imaginer dans le plein air de la campagne devait le faire un peu rêver. Serya s'en doutait et cela faisait partie des raisons qui l'avaient poussé à l'inviter. Et puis on dit que les grands airs donnent l'inspiration. Surtout que pour le coup, il ne risquait pas d'être dérangé par grand monde. Le propriété était protégée en raison des nombreuses créatures qui s'y trouvaient. Non, vraiment cela pouvait lui plaire.

-Et enfin j'ai commencé à enseigner un ou deux ans après Poudlard. Voilà un petit résumé de ma vie. Je crois que je peux te demander la même chose maintenant. Et dis-moi aussi depuis quand as-tu commencé à étudier le théâtre. Je te sent très passionné par tout cela et j'admets m'y intéresser.

Oui, elle avait un peu d'expérience. Mais ce n'était peut-être pas la meilleur. Cependant, il pourrait compter sur Serya en cas de besoin. Transmettre et aider étaient deux points importants pour elle.

-Eh bien... mes parents sont moldus. C'est grâce à eux que j'ai découvert le théâtre, ils m'y emmenaient régulièrement. Du coup, je veux être comédien depuis que je suis tout petit. J'ai rejoins l'AADS - l'Académie d'Art Dramatique des Sorciers - directement après avoir obtenu mes ASPIC. J'ai étudié pendant cinq ans. Puis écumé les castings, sans succès. Quand le professeur Terwilliger a décidé de prendre sa retraite, il m'a recommandé pour le professeur Dippet pour le remplacer... et me voilà !

Serya buvait ses paroles alors un regard plus qu'attentif. Herbert s'était donné à fond dans sa passion et n'avait pas percé. Pourtant, elle était persuadé qu'il était plein de talent. Dans un sens, elle était déçue? Que personne ne reconnaisse les capacités de son nouvel ami lui faisait de la peine, bien entendu. Des refus en rafale ne font pas beaucoup de bien à l'amour propre et à la confiance en soi. Il fallait qu'elle reprenne ça. Qu'elle lui donne sa chance. Elle le ferait avec plaisir et énergie.

-Je ne vais pas te mentir, j'aurais aimé faire un peu de théâtre. Mais ce n'était pas mon truc. Alors j'ai vite laissé tombé. Mais je dois dire que je suis impressionnée par ton parcours. Il ne faut surtout pas que tu laisses tomber maintenant. Il y a d'ailleurs plus d'une manière d'exercer en dehors des grande troupes.

Elle voulait l'encourager. Elle voulait le soutenir et lui redonner confiance. Ne pas aller au bout de ses rêves à cause des autres était très dommage. Serya voulait lui faire comprendre et lui offrir le soutient dont il aurait besoin. Puis la serveuse revînt avec les boissons. Elle ne regarda ni Serya ni Herbert qui, de toute évidence, l'avait bien calmé tout à l'heure.

Herbert avait du mal à croire que Serya puisse à ce point s'intéresser à son parcours. Il avait été tellement bridé, on l'avait tellement habitué aux reproches et à un certain mépris, qu'il peinait vraiment à penser que sa passion puisse en fasciner d'autres. On lui avait dit qu'il perdait son temps, qu'être comédien, ce n'était pas un métier, que c'était au mieux un passe-temps. À l'AADS, certains n'avaient pas manqués de lui affirmer qu'il n'avait de toute façon pas de talent et que changer de voie était vraiment le mieux qu'il puisse faire. Herbert avait beau être un éternel optimiste, il arrivait un moment où, inmanquablement, il finissait par le croire. Se retrouver en présence de quelqu'un qui croyait en lui et en son potentiel lui faisait un bien fou. Mais il préférait ne pas s'emballer malgré tout, on ne sait jamais. Peut-être qu'elle changerait radicalement d'avis une fois qu'elle l'aurait vu jouer.

-Je ne vais pas te mentir, j'aurais aimé faire un peu de théâtre. Mais ce n'était pas mon truc. Alors j'ai vite laissé tombé.

Herbert ne savait pas que Serya s'était essayée au théâtre. Maintenant, il comprenait mieux. Pour comprendre sa passion il fallait s'en être nourri au moins un peu, et c'était visiblement le cas de Serya. Herbert était curieux, d'ailleurs, de la voir sur scène, il espérait qu'il aurait droit à une démonstration. Le talent dans le théâtre reposait entre autres sur une grande générosité, puisque Serya en était plus que largement dotée, il était convaincue qu'elle était plus douée qu'elle voulait le faire croire.

-Mais je dois dire que je suis impressionnée par ton parcours. Il ne faut surtout pas que tu laisses tomber maintenant.

Les encouragements qu'il avait tant attendu ! Et qui semblaient arriver trop tard. Il avait déjà laissé tomber, en quelque sorte, en acceptant de devenir professeur à Poudlard au lieu de continuer d'écumer les auditions. Mais les propos de sa collègue et amie lui redonnaient un peu d'espoir.

-Il y a d'ailleurs plus d'une manière d'exercer en dehors des grande troupes.

Herbert voulut répliquer, un peu amer, que les petites troupes ne voulaient pas davantage de lui, mais fort heureusement, ces propos défaitistes n'eurent jamais à dépasser sa pensée, la serveuse arriva à point nommé avec leurs commandes, se faisant toute petite, vraisemblablement encore gêné.

-Merci. prit quand même la peine de la remercier Herbert avant de focaliser de nouveau son attention sur Serya. Tu as raison, il y a d'autres manières d'exercer, c'est pour ça que cette idée de club me tient à coeur.

Et oui, c'est assez égoïste quand on y pense, mais il avait songé à ce club surtout parce qu'il y voyait un moyen d'assurer son épanouissement personnel, et si celui des élèves lui importait aussi, ce n'était pas ce qui pesait le plus lourd dans la balance. Mais bon, l'essentiel.tait le résultat, non ?

-J'ai songé à une pièce qui s'axerait autour des contes de Beedle le Barde, pour les élèves. Tu en penses quoi?

-J'en suis ravie pour toi. Tu auras aussi ton heure de gloire, même si c'est une petite.

Elle avait l'air sincère quand elle disait ça. Il y avait tellement de personnes qui à sa place, auraient pu prononcer ces mêmes mots avec mépris et ironie ! Mais l'ironie, Serya Sundarkens n'en semblait pas capable. Tout comme Herbert ne l'imaginait pas susceptible d'avoir la moindre pensée négative. C'était tellement rare de trouver des personnes comme elle ! Il s'estimait vraiment chanceux d'avoir su gagner son amitié. Elle était certainement la meilleure amie et collègue que l'on puisse espérer. Là où auprès d'autres, il aurait pu se vexer, il prenait cette réflexion avec joie et bonne humeur. Il savait qu'elle était sincère, mieux encore, qu'elle croyait en lui, et ça, c'était tellement rare qu'il acceptait avec bonheur tous les compliments qu'elle lui faisait, même ceux que d'autres auraient assimilé à une certaine moquerie. L'amitié de Serya lui était clairement précieuse, c'était par elle, c'est presque certain, qu'il allait supporter cette année à Poudlard, au milieu de ses terribles autres collègues.

-Je crois que c'est une excellente idée. De quoi rafraîchir toute les mémoires et s'amuser un peu.

Herbert était plus que ravi que Serya approuve son idée. En fait, il ne savait pas trop ce qu'il aurait dit ou  fait si elle l'avait désapprouvé. Il aurait sûrement tout laissé tomber. Oui, il avait une confiance à lui qui équivalait à zero, et qui expliquait peut-être pourquoi il n'avait jamais réussi à suivre sa voie jusqu'au bout. Il fallait sûrement plus de poigne et de conviction qu'il n'en avait. Quand il était sur scène, il gagnait en confiance, mais la confiance hors-scène semblait primordiale aussi. Enfin, peu importe, puisque le professeur de soin aux créatures magiques aimait son idée, et semblait toujours aussi enthousiaste à la pensée de la voir se réaliser. Et oui, les contes lui semblaient encore une meilleure idée, ils étaient visuels, leur propos était intelligent, certains étaient très sombres (ce qui devrait plaire à une bande d'adolescents) et ça faisait partie du patrimoine (ce qui devrait plaire à Dippet). En fait, plus il en parlait, plus il avait hâte de voir tout ça se concrétiser.

-Les humains ont le don de jeter leur dévolu sur les choses qui, précisément, leur font le plus de mal.

Un sourire s'afficha sur le visage d'Herbert.

-Tu connais tes classiques, à ce que je vois.

N'empêche qu'il était un peu mal à l'aise que cette citation ait été choisie plutôt qu'une autre. Si quelqu'un semblait vraiment, autour de cette table, désirer un inaccessible susceptible de lui faire du mal, c'était bien lui. Lui et son désir de brûler les planches.Mais bon, il préféra penser qu'il n'y avait pas de sous-entendus, et que Serya avait cité cette phrase uniquement parce qu'elle l'affectionnait.

-D'ailleurs, selon toi, quels contes sont les plus visuels, les plus intéressants à mettre en scène ?

Il avait déjà sa propre idée, bien sûr, mais l'opinion de Serya, lui importait beaucoup.

-Je pense qu'il faudra attendre la finalisation des inscription pour vraiment décider, histoire de faire une bonne répartition des rôles.

Effectivement, et ça, Herbert le savait bien mais il n'y pouvait rien, il n'arrivait pas à calmer la profonde tendance qu'il avait souvent à mettre la charrue avant les hyppogriffes. Pour l'instant, ce projet auquel il tenait beaucoup n'était rien du tout, demeuré au stade embryonnaire. Il ne savait pas combien d'élèves seraient de la partie, combien de garçons, de filles, s'ils seraient bons acteurs, s'il faudrait tout leur apprendre... Merlin ! Il n'était même pas certain que ce groupe soit mis en place. Pour peu que Dippet refuse, et c'était encore probable, tous ses beaux projets tomberaient à l'eau, tués dans l'oeuf, rêvés pour rien... Bah, ce ne serait pas la première fois. Il était habitué aux déceptions, mais celle-ci lui ferait mal, quand même. Ce groupe de théâtre, c'était sa lumière dans un paysage sombre, il ne voulait pas y renoncer. Encore moins maintenant qu'il avait le soutien de Serya.

-Mais si tu as déjà une idée, je t'écoute avec attention. Pour ma part ce sont tous de petits défis à relever, mais tu t'y connais bien mieux que moi.

Des idées ? Il en avait plein ! Des dizaines, des centaines, même ! Ça fourmillait dans son cerveau. Des idées de décors, de costumes, de mise en scène... Il y avait longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi inspiré. Il lisait et relisait les contes de Beedle le Barde en boucle et en boucle, comme un gamin insatiable, à la recherche de ce qui serait le plus intéressant de mettre en scène, ce qui prendrait à partie le plus de personnages, ce qui mettrait en exergue le potentiel de certains comédiens. Au fond, tous ces contes, une fois remaniés et dialogués,possédaient un fort potentiel.

-À vrai dire, je pense que tu as raison, on ne peut pas planifier grand chose tant que nous ne savons pas combien nous serons ni ne connaîtrons le potentiel des élèves qui accepteront de nous rejoindre. Dans l'idéal, j'aimerais pouvoir regrouper plusieurs contes en un en trouvant un fil d'ariane, un élément narratif qui rendrait tout cela fluide malgré tout.

Oui, il ne pouvait nier avoir grandement réfléchi à la question sous peine d'être qualifié de menteur. Il avait songé à la mise en scène, et à prendre ces contes pour thème avant même d'être nommé à Poudlard. Puisque se trouvait une occasion de concrétiser au moins un de ses projets, forcément, il en profitait.

-Enfin, il sera effectivement plus simple d'en décider une fois que le groupe sera bel et bien constitué.

-Il y a quelques temps j'ai vu un spectacle se déroulant à peu de choses près de la même manière. Il s'agissait de chants qui se succédaient. Entre chaque mélodie, un artiste faisait une sorte d'explication de texte. Ton fil d'ariane, si c'était toi? Si tu faisait des commentaires, des explications sur ces contes. Et si, pour une fois, c'était toi qu'on regardait. Les élèves seront sur scène, tu pourrais faire cela sous forme d'un cours que tu leur donnerait.

L'esprit de Serya, auquel trop peu de personne acceptait d'accorder du crédit, fourmillait d'idées nouvelles, et c'était vraiment très plaisant à entendre. Elle n'avait pas proposé de l'aider uniquement parce qu'elle avait eu pitié de lui et de son incapacité manifeste à se faire entendre de ses élèves ou apprécier de ses collègues. Non, elle était vraiment intéressée par son projet, elle voulait y contribuer, apporter sa pierre à ce piètre édifice qu'Herbert essayait de construire, et Herbert lui en était extrêmement reconnaissant. Il n'était pas sûr qu'il serait venu à bout de son projet, qui lui semblait de plus en plus accessible et réalisable, si Serya n'avait pas été là. Elle lui donnait la confiance en lui qui lui manquait beaucoup trop autrement.

Il écoutait donc ses arguments et ses suggestions avec beaucoup d'attention. Ses idées étaient effectivement excellentes. Même s'il se demandait un peu si servir de fil d'Ariane ne rendrait pas au rendu final un aspect un peu trop didactique. Sans compter que se mettre en avant, comme ça, lui posait paradoxalement problème. Oui, son rêve était de brûler les planches. Mais les vedettes, cette fois, devaient être les élèves. Les élèves et rien d'autre. Enfin, l'idée était à garder tout de même, elle pourrait toujours servir.

-Mais comme toujours tu devais avoir une idée précise de ce que tu voulais alors je vais arrêter le massacre.

À vrai dire non, son idée n'était pas précise du tout. Il savait qu'il voulait traiter les contes de Beedle Le Barde, mais c'était à peu près tout. Bon, c'est vrai, c'est parce qu'à la lecture de ces contes, il avait eu des idées de mise en scène. Mais ça restait vraiment abstrait. Il n'arriverait à se décider complètement que lorsqu'il saurait combien d'élèves participeraient à l'aventure (pas sûr qu'il y en ait beaucoup)... En bref, il comptait prendre ses décisions finales sur le tas. Après tout, le métier d'acteur n'impliquait-il pas un certain talent pour l'improvisation ?

-En fait non, j'ai des embryons d'idées, rien de précis. Je crois que j'aurais plus de facilité à me mettre sérieusement à la mise en scène quand le groupe sera constitué et que chacun aura prit ses marques.

Ce qui laissait moins de temps pour préparer le spectacle, c'est vrai, mais avec la motivation de tous (pourvu qu'ils le soient tous autant que Serya), ça devait être possible. Pour la première fois, il avait vraiment confiance. Et pourtant, ils n'avaient pas encore obtenu l'aval de Dippet. Si ça se trouve, il leur couperait l'herbe sous les pieds.

Ils ne se connaissaient pas depuis plus d'une heure et avaient passé la moitié du temps à parler du fameux projet théâtral. Le reste du temps, chacun se disait qu'il appréciait la compagnie de l'autre. En clair, ils amorçaient une relation tout ce qu'il y a de plus amical et comprenaient qu'ils pourraient compter l'un sur l'autre. Pourtant, rien n'indiquait une telle relation.
Herbert était un jeune homme déjà en pleine désillusion. Professeur par dépit, laissant de côté sa vocation d'artiste, il faisait ce qu'il pouvait avec ce qui se présentait. Serya, pour sa part, était une femme déjà plus âgée qui avait du métier. Elle exerçait depuis plusieurs dizaines d'années dans un cadre qui lui convenait parfaitement. Son travail, c'était sa passion. La seule chose qui avait fait la différence était leur besoin de soutient. On ne peut pas dire qu'ils étaient admirés de leurs collègues ou même de leurs élèves. Leur grand cœur avait fait le reste. Ils étaient différents, mais pas tant que cela.

-En fait non, j'ai des embryons d'idées, rien de précis. Je crois que j'aurais plus de facilité à me mettre sérieusement à la mise en scène quand le groupe sera constitué et que chacun aura prit ses marques.

Oui, bon. Cela n'avait rien de surprenant. Quelques heures avant Herbert cherchait une salle en se disant qu'il n'aurait pas même ça. Maintenant qu'il avait soutient et envie, il ne fallait pas trop en demander d'un coup. Sans compter que s'emballer ne servirait à rien pour le moment. Mais allez dire ça à Serya qui se prenait franchement au jeu. Mais heureusement, elle s'en rappela seule.

-Oui, bien entendu. Je ne veux pas forcément aborder les sujets qui fâchent, mais il ne faudrait pas trop tarder à en parler au directeur. Tu sais comment sont les élèves. Ils ne se réveilleront qu'au dernier moment, si tu as de la chance. Certains seraient capables de se demander de quoi il s'agit deux semaines avant la représentation.

Les derniers mots étaient accompagnés d'un léger rire visant à détendre l'atmosphère largement refroidie après la prise de conscience du temps qui passe.

-Oui, bien entendu. Je ne veux pas forcément aborder les sujets qui fâchent, mais il ne faudrait pas trop tarder à en parler au directeur.

Sur ce point, il ne pouvait être plus d'accord. Plus ils attendraient, plus leurs chances diminueraient, d'autant que l'éventuel spectacle prendrait sûrement place en période de Noël (la fin de l'année scolaire avait également été envisagée, mais avec les examens de fin d'année, il s'avérait que c'était en fait la pire période qui puisse être. Bref, il fallait effectivement qu'ils s'adressent au directeur de Poudlard au plus vite, même si cette perspective ne le réjouissait pas vraiment. Tant que son verdict n'était pas tombé, il pouvait encore rêver... Mais les rêves étaient encore meilleurs quand ils se concrétisaient , alors à un moment donné, oui, il fallait bien passer à l'acte. Il irait à parler à Dippet à la première heure demain matin. Ou ils iraient parler à Dippet tous les deux, puisque Serya s'était proposé de le faire avec lui, toute bonne âme qu'elle était.

-Tu sais comment sont les élèves. Ils ne se réveilleront qu'au dernier moment, si tu as de la chance. Certains seraient capables de se demander de quoi il s'agit deux semaines avant la représentation.

Malheureusement, il le savait, oui, ils étaient déjà comme ça du temps où lui-même avait été élève à Poudlard (ce n'était pas si vieux que cela mais il avait l'impression que ça datait malgré tout d'il y a une bonne éternité). Ça risquait fort de compromettre leurs projets, mais après tout, il ne pouvait pas espérer que les élèves face preuve de la même discipline que celle qu'il avait lui-même acquise à force de travail à l'AADS. Dans l'académie d'art dramatique des sorciers, tout le monde avait une ambition professionnelle en tête, alors le sérieux était de mise. Là, les élèves ne songeraient qu'à s'amuser parfaitement en toute inconséquence, il le savait malheureusement trop bien. Il espérait tout de même ne pas commencer avec un effectif de départ trop ridicule. Il espérait également savoir passionner suffisamment les élèves pour qu'ils reviennent la fois suivante. Il savait malheureusement qu'il n'était pas l'individu le plus convaincant de la Terre. Sinon, ses élèves se montreraient plus captivés par ses cours de botanique.

-Tu as raison, je vais prendre rendez-vous avec Dippet dès ce soir. Et pour ce qui est des élèves... On verra bien ce qu'il adviendra, j'ai plus confiance à présent que je ne l'avais au tout début.

Sous-entendu, "j'ai confiance grâce à toi", et c'était en effet le cas. Elle lui insufflait cette confiance qui lui manquait cruellement lorsqu'elle n'était pas là, elle serait essentielle, indispensable à son projet, elle en était parfaitement convaincue, à présent. Herbert avala ce qu'il restait dans son verre d'une traite et jeta un regard furtif à sa montre. Une sorte de réflexe qui lui permit tout de même de se rendre compte que le temps avait filé.

-Il commence à se faire tard, on ferait bien de ne pas tarder. dit-il dans un sourire.

Ils n'avaient certes pas de couvre-feu à respecter, mais le trajet de Pré-au-lard, puisque le transplanage n'était pas possible, était toujours plus complexe à effectuer de nuit.

-Très bien, tu me tiendras au courant alors. Et ne t'en fait pas, il n'a encore mangé personne. D'ailleurs, si Mathews et Sparkley sont encore là...

Effectivement, Dippet ne paraissait pas être très offensif, comme type, c'était même tout l'inverse. Et pour le peu qu'Herbert avait eu affaire à lui, ça s'était toujours plutôt bien passé. Il n'était ni vraiment autoritaire, ni franchement impressionnant, et son laxisme à toute épreuve était partie constitutive de sa personnalité, au point que la presse en faisait ses choux gras, le fustigeant et l'accusant d'être le pire directeur que cette terre ait jamais porté. En bref, non, en se rendant chez Dippet, ce n'était pas un dragon qu'il devait se préparer à affronter, plutôt un petit chaton inoffensif. Et pourtant, même en étant conscient de cela, il ne se sentait pas forcément de taille. Lui-même était un chaton encore plus petit. On ne devenait pas directeur de Poudlard sans avoir un minimum de valeurs et de compétences, quand même ! En tous cas c'est ce qu'il pensait. Mais bon, effectivement, puisque Dippet tolérait encore la présence du professeur Mathews et de l'infirmière Sparkley malgré ce qu'elles avaient pu faire de négatif, toutes les deux, il pouvait bien lui accorder sa requête ! En plus, il avait déjà préparé tout un argumentaire. Ça allait marcher. Il fallait que ça marche. Pas le choix, non ? Si, mais toute cette histoire commençait à prendre beaucoup d'importance à ses yeux

-Oui, en effet. Et ne t'en fait pas. On te fera penser le contraire encore longtemps, mais tu t'en sort très bien.

Herbert répondit à ce compliment vraiment apprécié avec un léger sourire. Il était agréable d'entendre quelqu'un lui dire ce genre de ce genre de choses. Serya savait lui apporter exactement ce qu'il voulait. Son soutien, et suffisamment de confiance en lui pour que les barrières qu'il lui restait à franchir ne lui semblent pas si importantes que ça, au final.

-Merci.

Il n'ajouta rien de plus mais mit toute la sincérité du monde dans ce "merci". Une fois cet unique mot prononcé. Herbert déposa le nombre de noises qui convenaient sur la table afin de payer leurs consommations. Ils quittèrent alors ce bar à l'atmosphère accueillante pour retrouver le château. Herbert n'était pas convaincu de vraiment procéder à ce retour à la réalité. Parce que depuis qu'il y était professeur, dans ce château, sa vie n'avait pas été franchement heureuse. Il avait le pressentiment qu'elle allait grandement s'améliorer maintenant qu'il avait Serya comme alliée... Avec un peu de chances.

FIN