Sa première semaine avait été épuisante. Herb' avait beaucoup peiné à se faire apprécier de ses élèves, et malgré tout ses efforts, il se coltinait déjà une réputation de professeur pathétique, qui avait du mal à exercer son autorité, et ces chères têtes blondes en profitait pour lui tomber dessus : tenter de faire garder leur calme à une armée de gosses surexcités n'était pas une mince affaire, croyez-moi. Sans compter qu'il avait réussi à se mettre plusieurs collègues à dos en un temps record . Mathews et Sparkley se détestaient peut-être l'une l'autre, mais elles s'y connaissaient comme personne En une semaine, il était déjà extrêmement fatigué. Qu'est-ce que ce serait d'ici un mois ? Deux mois ? Un an ? Il rêvait déjà des prochaines vacances...

Enfin bon. Au moins, il pouvait déjà profiter de son premier week-end, et c'était une bonne chose. Il allait vraiment pouvoir décompresser. Il avait presque passé tout son été à bosser ses cours, il en avait pour un régiment. Il n'avait donc rien à préparer pour le moment, ni de devoir à corriger, il était encore trop tôt pour ça. Donc c'était l'occasion rêvée pour profiter un peu. Mais profiter comment ? Il pouvait se rendre à Pré-au-lard, bien sûr. C'était là l'avantage de ne pas être un élève, il pouvait aller et venir hors du château sans demander l'avis de personne et sans craindre des représailles. Mais il n'avait pas envie de s'y rendre, ni nulle part à l'extérieur. Il voulait s'accoutumer au château en dehors des heures de cours... Et aussi, trouver l'endroit idéal pour mener à bien son projet..

Cela faisait quelques semaines que ça le taraudait : créer une sorte de groupe théâtral, une activité extra-scolaire pour les élèves de l'école, qui permettrait au professeur de ne pas trop perdre de vue son rêve de départ. Herbert n'abandonnait pas l'idée de briller sur les planches un jour. Il considérait ce boulot seulement comme un moyen de joindre les deux bouts, en attendant d'avoir les moyens et la possibilité de vivre de son art. Bien sûr, pour que son projet puisse aboutir, il fallait qu'il l'expose au directeur, et pour l'exposer au directeur, il fallait qu'il se fonde sur des bases solides.

Son objectif de la journée était donc de trouver un endroit où les élèves pourrait se réunir sans déranger personne, où il puisse y avoir assez de place, et qu'on puisse meubler et arranger à sa convenance. Il avait entendu parler de cette salle de cours qui ne servait plus depuis longtemps. Elle serait sûrement parfaite. Mais il fallait qu'il la voit, histoire de se faire une idée de la superficie du lieu. Il se trouvait donc dans l'ancienne salle d'étude du cinquième étage, à se demander si elle ferait l'affaire ou non, quand quelqu'un ouvrit la porte.

Cela faisait une petite semaine que Serya avait repris les cours et elle était aux anges. Pouvoir parler de ses petits chéris, elle adorait ça. Disons qu'elle était dans son élément. La pauvre ne se rendait pas du tout compte que beaucoup de ses élèves n'en avaient pas grand chose à faire ou se moquaient d'elle plus que souvent. En fait, elle aimait juste rester positive. C'était une chose plutôt louable dans sa situation mais voir le bien presque partout n'est pas toujours un avantage. Mais c'est plus fort qu'elle.

Il y a aussi que ses actions ne sont pas toujours comprises par les autres. Et oui, elle a sa façon de faire comme elle a sa façon de penser. Pour elle, ses élèves sont un peu comme sa famille. Et ne parlons même pas de ceux de sa maison . Elle les prenaient pratiquement pour ses propres enfants. Ils n'étaient pas tous du même avis mais ses petites attentions ne pouvaient pas leur faire de mal. Et puis qui pourrait lui reprocher de prendre soin de ses élèves. Enfin bref. Pour l'instant elle leur fichait la paix et allait chercher la toute jeune Géraldine, une femelle crabe de feu de quelques jours, qu'elle avait mis à l’abri dans l'armoire de l'ancienne salle d'étude. Plus personne n'y allait et Serya passait souvent voir si tout allait bien pour elle. C'est qu'il lui fallait du calme et de l'obscurité pendant quelques temps alors c'était un plutôt bon endroit.

Au bon endroit mais finalement ça devenait légèrement fréquenté comme endroit. Oui car, en ouvrant la porte, Serya trouva Herbert Beery, regardant autour de lui comme pour chercher quelque chose. D'après elle, ce nouveau professeur allait bien s'en sortir ici. Il avait l'air déterminé et c'était important ici.

« Oh, pardonnez-moi mais je ne savais pas que vous étiez là. »

Et puis elle se souvînt qu'elle ne s'était pas vraiment présenté à lui. Où était passé la Serya accueillante?

« Mais je ne me suis pas encore présentée. Serya Sundarkens. Et soyez le bienvenu dans l'équipe.
Si je peux me permettre, comment s'est passée votre semaine? »

Elle avait dit tout cela d'un ton léger avec un grand sourire tout en se dirigeant vers l'armoire. Une fois sa phrase achevé, elle pris la créature dans les bras et se retourna vers son collègue.

-Oh, pardonnez-moi mais je ne savais pas que vous étiez là.

ça n'avait l'air de rien, peut-être, mais pour Herbert, le simple fait que son interlocutrice s'excuse, parle avec politesse et se montre gentille avec lui lui faisait chaud au coeur. Non, mais sérieusement, on avait pas cessé de le malmener, depuis qu'il était arrivé à Poudlard. S'il n'y avait que ses élèves pour ça, ça irait encore (après tout, c'était le rôle des élèves que de ne pas aimer leurs professeurs), mais même ses collègues semblaient s'être tous liguées contre lui. Mathews et Sparkley ne manquaient pas une seule occasion de le mettre plus bas que terre, Dippet n'avait pas l'air de le tenir en grande estime, et il n'osait même pas tenter de faire la conversation avec lui... Bref, il se sentait un peu seul, et la bonne entente entre collègues qu'il avait imaginé n'était pas au rendez-vous.
Ou du moins, elles ne l'avaient pas été pour le moment. Les choses avaient l'air d'être sur le point de changer. Heureusement!

-Mais je ne me suis pas encore présentée. Serya Sundarkens. Et soyez le bienvenu dans l'équipe.

Vraiment, ça faisait du bien de sentir qu'il allait pouvoir engager une conversation amicale avec quelqu'un. Il avait vraiment besoin de ça. Déjà qu'il avait plus ou moins abandonné ses rêves pour enseigner ici, il ne voulait pas souffrir en plus d'un isolement social qui lui donnerait clairement le coup de grâce.

-Enchanté de faire votre connaissance. Je suis Herbert Beery, mais je suppose que ça, vous le savez déjà.
-Si je peux me permettre, comment s'est passée votre semaine?

Oui, elle pouvait se le permettre. Pouvoir bavarder tranquillement, de tout et de rien, c'était ce qu'il voulait.

-Eh bien... je me familiarise petit à petit. J'avoue que j'ai un peu de mal avec certains élèves. Et certains collègues aussi... mais dans l'ensemble, la semaine s'est bien passé.

Herbert n'était pas sûr qu'il faisait bien de dire d'emblée du mal de ses collègues à une totale inconnue. Mais en même temps, il ne pourrait pas longtemps cacher son animosité. Et il ne pouvait pas croire que cette jeune femme si aimable soit amie avec Sparkley ou Mathews.

-Eh bien... je me familiarise petit à petit. J'avoue que j'ai un peu de mal avec certains élèves. Et certains collègues aussi... mais dans l'ensemble, la semaine s'est bien passé.


Le pauvre. Il avait certainement eu une semaine un peu compliquée. Pour un nouveau prof, c'était toujours difficile au début. Et puis aussi jeune c'était pire. Serya avait bien senti qu'il n'était pas du genre méchant ou exubérant. Les élèves n'avaient donc pas autant de raison de se tenir qu'avec d'autres... Elle lui avait souri chaleureusement et s'était promis de le soutenir aussi longtemps qu'il en aurait besoin.

-Je comprends. Les élèves ne sont pas toujours tendres avec nous mais ça passe au bout d'un moment. Maintenant, je ne vais pas pouvoir en dire autant pour nos collègues. Je suppose que vous parlez de Sparkley ou de Mathews? Personnellement je ne les aime pas tant que cela. Et puis je trouve que Miss Mathews est un peu trop irresponsable pour avoir la charge des élèves. Vous avez entendu parlé de ce cours dans la forêt? C'était bien trop dangereux. Le directeur lui a d'ailleurs retiré son titre de directrice de la maison Gryffondor. Je n'arrive toujours pas à savoir comment elle l'avait eu au départ.

Et puis elle commença à partir dans ses pensées et prenait toute la place dans la conversation. Elle était sympa mais parfois un peu lourde notre Serya. Et en parlant de lourde, Géraldine aussi devenait pesante. Serya s'arrêta de parler deux secondes pour la déposer sur une table qui était à proximité. Le crabe de feu était tout calme et pouvait même sembler mignon. Elle était jeune et d'une couleur douce due au lieu où Serya la laissait. Une fois que sa petite chérie aurait grandit, elle l'emmènerait jusqu'à chez elle où elle retrouverait le reste des crabes de feu de Serya.

-Mais je ne vous ai pas non plus présenté Géraldine. Elle n'a que quelques jours mais elle est déjà capable de produire de la chaleur. Cette petite est encore trop jeune pour faire de quelconques dégâts mais je préfère la laisser au calme. Elle est mignonne, non?

Parler de ses bébés c'était très agréable pour elle et trouver quelqu'un qui ne lui renvoyait pas à la figure était encore mieux. Peu de gens comprenaient qu'elle soit passionnée par ces créatures. Pourtant, il y avait bien d'autres passions bien plus étranges.

-Mais je n'ai parlé que de moi. Et vous Herbert. Que faites-vous de votre temps libre?

-Je comprends.

Quelqu'un qui la comprenait! Je vous jure qu'à l'heure actuelle, ça frôlait le miracle pour le pauvre Herbert. Il avait toujours eu l'impression d'être un éternel incompris, notamment parce que son goût pour les arts théâtraux n'avaient pas été vu d'un bon oeil par beaucoup quand il avait décidé de s'y mettre, y compris ses parents. Cela dit, l'optimisme béat du professeur de botanique l'avait jusqu'ici aidé à plutôt bien accepter la situation. Il avait plus de mal à présent qu'il était à Poudlard et qu'il se sentait isolé. Ceci dit, il lui en fallait peu pour reprendre du poil de la bête, et la seule gentillesse de Serya l'aidait déjà à se sentir mieux.

-Les élèves ne sont pas toujours tendres avec nous mais ça passe au bout d'un moment.

Ses propos eurent tendance à le rassurer, il sentait bien que Serya était sincère quand elle lui disait cela. Herbert, du coup, était plutôt soulagé, il n'aurait pas tenu au rythme de cette rentrée tout au long de l'année. Mais en vérité, ce n'était pas les élèves qui l'inquiétaient le plus, c'était l'impression qu'il avait eu, avant de rencontrer son interlocutrice, qu'il n'y aurait personne pour lui apporter un peu de soutien moral en dehors des cours.

-Je suppose que vous parlez de Sparkley ou de Mathews? Personnellement je ne les aime pas tant que cela. Et puis je trouve que Miss Mathews est un peu trop irresponsable pour avoir la charge des élèves. Vous avez entendu parlé de ce cours dans la forêt? C'était bien trop dangereux. Le directeur lui a d'ailleurs retiré son titre de directrice de la maison Gryffondor. Je n'arrive toujours pas à savoir comment elle l'avait eu au départ.

Visiblement, il n'était pas le seul à avoir des problèmes avec l'infirmière de l'école et le professeur de défense contre les forces du mal. Qu'on laisse à ses deux là la responsabilités de pauvres élèves innocents le laissaient complètement dubitatif. Oui, Herbert avait entendu parler de cette histoire de cours, et comme Serya, il ne comprenait pas comment elle avait pu être en charge de la maison gryffondor. A croire que le directeur de Poudlard avait des déjections de vers à crasse dans les yeux. Herbert voulut répondre quand il vit sa collègue déposer un crabe de feu sur la table.

-Mais je ne vous ai pas non plus présenté Géraldine. Elle n'a que quelques jours mais elle est déjà capable de produire de la chaleur. Cette petite est encore trop jeune pour faire de quelconques dégâts mais je préfère la laisser au calme. Elle est mignonne, non?

Bon... au final, Serya n'était peut-être pas très saine d'esprit non plus. Un crabe de feu, ce n'était pas mignon, dans aucune vie, mais d'un autre côté, il préférait ça à un autre serpent visqueux. Et puis, quand on enseignait le soin aux créatures magiques, c'était une plutôt bonne chose. Même s'il émettait quelques réserves, il n'allait pas juger la seule personne qui se montrait sympathique avec lui sur ses quelques lubies.

-Elle est adorable. répondit-il donc, pour se montrer sympathique.

-Mais je n'ai parlé que de moi. Et vous Herbert. Que faites-vous de votre temps libre?

Non, elle ne parlait pas que d'elle, mais voir quelqu'un se soucier enfin de sa personne lui faisait plaisir. Au fond, on était tous un peu égoïstes, on avait tous envie de parler de soi. Lui compris, et même si Herbert pouvait être très altruistes.

-Avant d'être professeur, j'étais dans l'art scénique, j'ai étudié à l'Académie d'Art Dramatique des sorciers. Et vous? D'autres passions, si ce n'est les animaux?

-Elle est adorable.

Herbert ne l'avait pas envoyé bouler avec son animal. Il avait été gentil. Serya sentait qu'ils allaient bien s'entendre. Peu d'adultes étaient aussi calmes avec elle, et encore moins ne hurlaient pas devant ses créatures. Et il ne semblait pas la prendre pour une folle. Son sourire se fît plus étincelant.

-Avant d'être professeur, j'étais dans l'art scénique, j'ai étudié à l'Académie d'Art Dramatique des sorciers. Et vous? D'autres passions, si ce n'est les animaux?

L'art scénique? L'académie d'Art Dramatiques des sorciers? Le théâtre? Ce type était génial! Un artiste à Poudlard. Enfin un peu de douceur dans ce monde de brutes! Serya était ravie de pouvoir parler à quelqu'un ayant un minimum de sensibilité. Elle même ne possédait pas cette fibre artistique. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé... Mais elle était nulle et s'y était résolu. Mais là, c'était une chance. Serya ne doutait pas une seconde qu'elle pouvait devenir fan de son collègue. Mais avant de lui sauter dessus et de ruiner tout espoir de lui sembler daine d'esprit, elle décida de répondre à sa seconde question. C'était non seulement plus simple, mais aussi plus prudent.

-Mais animaux me prennent beaucoup de temps mais cela ne me dérange pas du tout. Ils sont très attachants et de les voir évoluer est un vrai bonheur.

Elle avait décidé de ne pas lui parler de ses propres tentatives. C'était plus prudent.

-Alors vous étiez un artiste avant de venir ici? Mais qu'est-ce qui vous a pris?

Serya disait cela en plaisantant et riait à moitié. Elle voulait aussi se montrer détendue et mettre à l'aise ce pauvre Herbert qui en avait vu de toutes les couleurs durant la semaine. Et puis elle avait bien remarqué qu'il n'était pas aussi détendu avec Géraldine qu'il ne l'avait dit.

-Sérieusement, si vous avez fait ces études, c'est que vous aimez ça. Pourquoi enseigner la botanique ici? Je ne dis pas que ce n'est pas une matière passionnante, loin de là. C'est juste que cela me semble un peu trop différent pour être un vrai choix.

Et c'était vrai. Serya ne trouvait pas ce choix naturel. Et elle aurait tellement voulu le rencontrer comme une vedette plutôt qu'un enseignant. En même temps, elle se disait qu'elle n'aurait pas réussi à lui parler aussi librement. Et de pouvoir le faire la faisait se sentir moins seule...

-Mes animaux me prennent beaucoup de temps mais cela ne me dérange pas du tout. Ils sont très attachants et de les voir évoluer est un vrai bonheur.

Serya avait l'air vraiment investie dans ce qu'elle faisait. Fascinée par les animaux et tout ce qu'ils pouvaient lui apporter. Herbert sentait qu'elle nourrissait une véritable passion pour l'objet de son travail, et le professeur de botanique trouvait tout simplement cela admirable. Elle était chanceuse, Serya, elle s'épanouissait pleinement dans ce qu'elle faisait. Si Herbert avait pu faire de même, peut-être aurait-il plus facilement supporté le manque d'égard de certains de ses collègues ou encore l'ingratitude de ses élèves. Herbert avait tendance à penser que si l'on pouvait vivre de ce que l'on aimait vraiment, alors les aléas du quotidien n'avaient pas la moindre importance... Et il ne vivait pas de ce qu'il aimait. Oh, il adorait la botanique, c'est vrai. C'était sa matière fétiche à Poudlard, et il n'avait pas été mécontent de constater qu'en prenant sa retraite, Terwilliger ne l'avait pas oublié et avait pensé à lui pour le remplacer, mais quand même. Il était presque certain que son destin se trouvait sur les planches. Sur une scène de théâtre, devant un public... Il n'y avait que là qu'il se sentait pleinement heureux. Mais le destin, contrariant au possible, s'amusait souvent à modifier des plans qui semblaient bien huilés.

-Alors vous étiez un artiste avant de venir ici? Mais qu'est-ce qui vous a pris?

Il en était un avant de venir, il en était toujours un à ce jour, en tous cas il l'espérait. Herbert comprit d'abord de travers la question que lui posait Serya, raison pour laquelle il ne s'en étonnait pas (ce qui n'aurait pas été le cas s'il l'avait bien comprise. Il avait l'habitude de ce "qu'est-ce qui t'as pris", qui généralement précédait un "de vouloir être comédien". Tout le monde pensait sa carrière ratée avant même qu'elle ait commencé. Il n'était pas fait pour un travail de saltimbanque, comme disaient ses parents. Peut-être que tout le monde avait raison. En tous cas, à l'heure actuelle, les faits semblaient le prouver : en acceptant d'être prof, c'était comme s'il renonçait à tout jamais à son envie de faire du théâtre. Mais en fait, il se trompait.

-Sérieusement, si vous avez fait ces études, c'est que vous aimez ça. Pourquoi enseigner la botanique ici? Je ne dis pas que ce n'est pas une matière passionnante, loin de là. C'est juste que cela me semble un peu trop différent pour être un vrai choix.

Herbert fut surpris. C'était la première fois qu'on lui faisait comprendre qu'il devait privilégier l'art par rapport à l'enseignement. Tout son entourage, lui, avait eu l'air soulagé de le voir enfin se diriger sur "le droit chemin". Malheureusement, tout n'était pas que question de choix, dans la vie. Si celle d'Herbert s'était conformée à sa volonté, il ne serait pas là aujourd'hui. Il arrivait un moment où le plus important était de se nourrir et d'avoir un toit sur la tête, rien de plus, rien de moins.

-Eh bien... On ne peut pas dire que ma carrière en tant que comédien ait vraiment décollé... Et à force d'être refusé d'essais en essais, et de ne plus savoir comment subvenir à ses besoins... Quand le professeur Terwilliger... enfin... ex-professeur Terwilliger a suggéré au directeur de m'engager pour enseigner la botanique, je me suis dit que cette voie était peut-être celle qui me conviendrait, finalement. J'adore la botanique, vous savez. Être ici n'est pas un fardeau, pour moi.

Ou pas...

C'était un homme vraiment touchant. Il y avait vraiment quelque chose de particulier chez lui qui le rendait sensible. Quelque chose que Serya aimait bien. Et puis elle ne pouvait pas s'en empêcher. Il fallait qu'elle chercher ce qu'il y avait d'agréable chez les autres. Avec Herbert, elle n'avait que l’embarras du choix. Et dans un sens, c'était très agréable.
De toute évidence, sa petite plaisanterie n'avait pas été bien comprise. Cela avait provoqué un léger malaise chez Herbert et Serya qui s'était vite reprise. Bien sûr que l'enseignement c'est bien, mais l'art c'est aussi l'expression de soi. Tout le monde pouvait en témoigner, ça faisait du bien de se lâcher de temps en temps. Il fallait qu'il reprenne tout ça au sérieux, comme il semblait le faire avant. Serya ne supportait pas qu'on se heurte à ses échecs. C'était la marque d'une faiblesse bien trop lâche pour qu'elle ne la prenne au sérieux. Elle n'allait pas lui dire cela. Elle aurait été bien trop cruelle de lui balancer en pleine figure. Non, Serya allait passer par un autre chemin.

-Eh bien... On ne peut pas dire que ma carrière en tant que comédien ait vraiment décollé... Et à force d'être refusé d'essais en essais, et de ne plus savoir comment subvenir à ses besoins... Quand le professeur Terwilliger... enfin... ex-professeur Terwilliger a suggéré au directeur de m'engager pour enseigner la botanique, je me suis dit que cette voie était peut-être celle qui me conviendrait, finalement. J'adore la botanique, vous savez. Être ici n'est pas un fardeau, pour moi.

C'était une bonne raison, en effet. Mais il restait quand même bloqué par des refus à des essais. Dans un sens, Serya était plus effarée par les refus que par le reste. Herbert avait fait des études et personne ne lui donnait sa chance. Pas étonnant qu'il avait finit par baisser les bras. Il fallait vraiment qu'elle décoince tout ça. Elle n'était pas sûre qu'il l'écoute mais il fallait qu'elle tente le coup.

-Je ne veux surtout pas vous froisser mais si j'étais vous, je ne laisserai pas votre talent de côté. Vous trouverez peut-être meilleur public ici?

Oui, elle était sérieuse. Elle-même se serait fait plaisir d'être aux premières loges. C'était un encouragement des plus simples. Si ça pouvait lui faire plaisir, elle aurait fait tous les autre rôles d'une pièce si Herbert avait le premier rôle.

-Mais je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. C'est votre choix et je ne suis pas la mieux placée pour vous faire changer d'avis. Et puis si vous êtes satisfait de votre situation actuelle, tant mieux.

Elle n'avait aucune envie de le laisser mais elle pouvait comprendre qu'il n'ai pas bien pris sa remarque. Se rétracter semblait être une bonne idée.

-Je ne veux surtout pas vous froisser mais si j'étais vous, je ne laisserai pas votre talent de côté. Vous trouverez peut-être meilleur public ici?

Un public ici? Mais quel public? Herbert avait déjà l'impression de se donner en spectacle à chacun de ses cours, et le regard de désapprobation de ses élèves, celui de mépris des autres enseignants, ne lui donnaient pas envie de se ridiculiser encore plus. Car, si pour lui, son art devait être objet de respect, il demeurait la proie de tous les quolibets. Oui, il espérait trouver un public ici, mais il ne manquait pas d'avoir des doutes malgré tout. Si son talent n'avait su être reconnu au milieu de professionnels du milieu qui, par définition, avaient la même passion que lui, comment espérer faire entendre raison à cette foule d'individu qui n'y connaissait rien?

La suggestion de Serya n'avait rien de folle ou d'absurde pour autant, ceci dit, ce serait malvenu de répliquer froidement à sa suggestion alors qu'il avait eu la même idée. Il n'était pas ici par hasard, après tout, une idée folle avait germé dans son esprit cet été. Il mourrait d'envie de la mettre en oeuvre, il ne savait juste pas s'il irait jusqu'au bout. Il fallait qu'il en parle à Dippet, qu'il ait des volontaires... Sans aucun soutien de la part de personne, il se sentait plutôt démuni, et pas sûr d'aller au bout de ses envies. Ce dont il avait besoin, c'était une amie susceptible de lui affirmer qu'il avait raison de croire, d'un soutien...
En fait, il semblerait qu'il l'ait trouvé, il en fut convaincu quand Serya ajouta :

-Mais je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps. C'est votre choix et je ne suis pas la mieux placée pour vous faire changer d'avis. Et puis si vous êtes satisfait de votre situation actuelle, tant mieux.

Elle n'insistait pas, mais le mettait face au vide qu'allait être son existence s'il ne poursuivait pas au moins un peu ses rêves. Herbert se dit alors que s'il y avait quelqu'un avec qui il pouvait partager ses idées absurdes sans être jugé, c'était bien elle. C'est vrai, ils ne se connaissaient pas. Herbert avait toujours accordé trop facilement sa confiance aux gens, mais il s'émanait tant de gentillesse du professeur de soin aux créatures magiques qu'il ne pouvait croire qu'elle se joue de lui ou soit malhonnête.

-Vous ne m'ennuyez pas, au contraire. Vous savez, j'ai eu une idée qui me permettrait de combiner mes deux passions, mais je crois que j'aurais besoin d'aide.

Sous-entendu : acceptes-tu de m'aider?

Serya sentait bien qu'il y avait de la réflexion en face d'elle. Herbert se demandait quelque chose et il ne se le demandait pas qu'un peu. Et puis ça s'est confirmé.

-Vous ne m'ennuyez pas, au contraire. Vous savez, j'ai eu une idée qui me permettrait de combiner mes deux passions, mais je crois que j'aurais besoin d'aide.

Besoin d'aide? Le sang de Serya ne fit qu'un tour. Bien entendu qu'elle voulait l'aider. Elle ne demandait que ça même. Que cet homme lui fasse suffisamment confiance pour lui demander son aide alors qu'ils se connaissaient à peine, cela relevait du miracle. Dans un sens, elle était fière de cette confiance soudaine. D'ailleurs, elle lui avait bien fait comprendre! Même si il restait une pointe de doute dans son esprit. Et oui, Serya était loin d'être sûre d'elle lorsqu'il s'agissait du projet des autres.

-Quand vous dites besoin d'aide, vous voulez parler de mon aide? Oh, ça sera avec un grand plaisir!

Sur le moment, Serya aurait semblé hystérique mais elle était juste contente. Et puis, je dirais qu'elle était encore une fois dans son monde où tout est doux et rose. En bref, elle nageait dans le bonheur. Et puis elle s'était calmé rapidement pour laisser place à un simple sourire de satisfaction.

-Comme je l'ai dit, mes animaux me prennent un certain temps. Et je ne parle même pas de mes cours. Mais le reste de mon temps sera le votre.

Pour faire court, son temps libre, elle le donnait à Herbert et son projet. Et c'était avec un grand plaisir. Cette femme était vraiment surprenante... et, pour le coup, surprise.

-Mais... dites-moi... Quel est ce projet?.. Parce que je suis tout à fait partante mais je le suis également pour savoir un peu mieux dans quoi je me lance...

En disant cela, elle était relativement mal à l'aise. Serya avait une entière confiance en son nouveau collègue, mais elle s'était engagé sans avoir lu le contrat. Peut-être serait-ce plus compliqué qu'elle ne l'avait imaginé. De toute façon, quoi que cela puisse être, elle y mettrait toute sa volonté et son attention.

-Quand vous dites besoin d'aide, vous voulez parler de mon aide? Oh, ça sera avec un grand plaisir!
-Je ne vois personne d'autre de susceptible de m'aider sinon vous. répliqua Herbert dans le plus sincère des sourires.

Il avait la certitude qu'elle serait la seule à ne pas trouver son idée absurde et irréalisable (car c'est vrai, ça l'était un peu). A lui seul, il ne parviendrait pas à mener son projet à terme, il craquerait certainement une bonne dizaine de fois avant de se dire que c'était vain... Mais s'il était bien entouré... ou au moins d'une personne en qui il pouvait avoir confiance, ses chimères auraient moins l'air de l'être. Il fut ravi d'entendre sa collègue lui affirmer qu'elle l'aiderait avec plaisir. Il n'était plus habitué à voir des mains tendues dans sa direction autrement que pour se prendre une baffe en plein visage (une baffe métaphorique, précisons quand même).

-Comme je l'ai dit, mes animaux me prennent un certain temps. Et je ne parle même pas de mes cours. Mais le reste de mon temps sera le votre.

Herbert acquiesça légèrement. Loin de lui l'intention d'accaparer tout le temps de la jeune femme, elle serait là quand elle en aurait l'envie, et ce serait très bien. De toute façon, lui-même, avec tous les cours qu'il avait à préparer, ne pourrait pas consacrer beaucoup de temps (ou pas autant qu'il l'aurait voulu) à son idée idyllique. Elle aurait pu même ne pas l'aider et seulement lui apporter son soutien qu'il s'en serait déjà contenté, d'ailleurs.

-Mais... dites-moi... Quel est ce projet?.. Parce que je suis tout à fait partante mais je le suis également pour savoir un peu mieux dans quoi je me lance...

Oui, tout de même, cette question méritait d'être posée. Le professeur de botanique s'était étonné, d'ailleurs, du fait que ce ne soit pas elle qui ait été posée directement. ça aurait semblé logique. Mais Herbert devinait que la logique de Serya n'était pas tout à fait celle du commun des mortels, et ça lui plaisait bien, en fait.

-J'aimerais monter un spectacle théâtral. Une sorte d'atelier, d'activité extra-scolaire à laquelle les élèves participeraient après les cours. Mais il me faut l'aval du directeur, des élèves intéressés, un lieu pour mettre tout cela en place, que je parvienne à me fournir en éventuels costumes et accessoires...

La liste des choses à faire, et difficiles à obtenir était malheureusement longue. Mais Herbert ne se décourageait plus complètement, à présent qu'il s'était trouvé une alliée.

Serya était toute émoustillée. Se lancer dans un projet a toujours été très excitant et cette fois, elle y allait avec Herbert Beery. Cela ne faisait que quelques minutes qu'ils se connaissaient -je veux dire qu'ils avaient vraiment fait les présentations et un premier échange- mais elle l'aimait déjà. Un homme très sympathique, motivé par son travail et avec la petite touche artistique qui faisait de lui un collègue parfait aux yeux de Serya.

-Quand vous dites besoin d'aide, vous voulez parler de mon aide? Oh, ça sera avec un grand plaisir!
-Je ne vois personne d'autre de susceptible de m'aider sinon vous.

Cet homme était trop fort. Il avait vraiment trouvé comment mettre Serya à l'aise en lui plaisant au plus haut point. Même si elle était dans son monde, elle n'en était pas moins lucide. Les petits encouragements et autres compliments d'Herbert l'avaient vraiment touché. Il faut dire que ce n'était quand même pas si souvent qu'on s'intéressait à elle pour sa passion, ses capacités ou son caractère.

-Comme je l'ai dit, mes animaux me prennent un certain temps. Et je ne parle même pas de mes cours. Mais le reste de mon temps sera le votre.

Herbert s'était contenté d'un simple signe de tête mais c'était bien suffisant pour Serya. En temps normal, on lui aurait répondu un truc du genre « Mais restez-y avec vos animaux! » ou encore « Vous ne faites que ça! Vous êtes d'un ennui... ». En bref, un signe de tête accompagné d'un tel sourire avait tout pour plaire à notre enseignante. Son sourire en témoignait et son regard se voulait reconnaissant.

-Mais... dites-moi... Quel est ce projet?.. Parce que je suis tout à fait partante mais je le suis également pour savoir un peu mieux dans quoi je me lance...

Bah oui, c'était pas mal de le savoir quand même. Malgré une certaine gêne de Serya, Herbert ne semblait pas décontenancé et enchaîna.

-J'aimerais monter un spectacle théâtral. Une sorte d'atelier, d'activité extra-scolaire à laquelle les élèves participeraient après les cours. Mais il me faut l'aval du directeur, des élèves intéressés, un lieu pour mettre tout cela en place, que je parvienne à me fournir en éventuels costumes et accessoires...

Dans le genre idée à suivre à tout pris, là c'était fort. Serya s'en rendait bien compte et ses yeux pétillaient. Il est vrai que la liste était longue mais rien n'était insurmontable. Et puis le principe était drôlement bien. Un atelier c'est toujours accrocheur et les élèves sont toujours prêts à se mettre en avant sur scène. Serya était enchantée par cette idée. Et elle était convaincue qu'ils finiraient par trouver ce dont ils avaient besoin pour ce projet. Pour le directeur, elle ne le prenait pas comme un obstacle. Elle se tenait tranquille et n'avait strictement rien à se reprocher. Au contraire. Les élèves, il suffisait d'un bon coup de pub. En clair ce n'était rien d'insurmontable.

-Et bien, pour les locaux, vous pouvez toujours essayer ici ou une autre salle peu utilisée. Quand au directeur, je suis certaine qu'il ne refusera pas si j’appuie la demande. Peut-être pourrions-nous aller lui demander ensemble? Contrairement à certains collègues, je n'ai rien fait qui mérite un quelconque reproche. Et puis cela apporterai tellement à l'école. Les élèves suivront et les costumes viendrons bien une fois le plus gros mis en place.

Oui, elle était confiante. Cela n'était pas difficile à voir. Elle croyait vraiment en ce projet pour apporter un peu de gaieté après les récents événements. Et puis il y avait cette satisfaction de voir Herbert parler de sa passion et de ce qu'elle entraînait. Serya était ravie de passer du bon temps avec un adulte de son entourage et de pouvoir lui être utile.

-Et bien, pour les locaux, vous pouvez toujours essayer ici ou une autre salle peu utilisée.

Oui, c'était effectivement ce que j'avais dans la tête. Il y a tant de pièces inutilisées dans Poudlard, il serait tout de même dommage de ne pas en profiter, non? Celle-ci, par exemple, n'a vu aucun professeur l'utiliser. Quand Herbert lui-même était à Poudlard, il n'y avait déjà plus personne pour se soucier de cet endroit. Et il suffisait de voir la masse de poussière qui s'était accumulée ici pour comprendre qu'il n'y avait logiquement aucune raison pour qu'on s'oppose à l'utilisation de cette ancienne salle de classe. Enfin, ça ne rassurait pas franchement Herbert pour autant. Ce dernier était anxieux de nature, il craignait que, même avec toute la bonne volonté du monde, et avec les meilleurs arguments possible, on décide de ne pas accéder à sa requête. Et par "on", il parlait de Dippet. Se faire remarquer du directeur alors qu'il venait seulement d'arriver ne l'enchantait guère. Il n'avait pas envie de donner une mauvaise image de lui alors qu'il débarquait à peine. C'est vrai, il était de notoriété publique que le directeur n'était pas bien difficile à convaincre, mais tout de même!

-Quand au directeur, je suis certaine qu'il ne refusera pas si j’appuie la demande. Peut-être pourrions-nous aller lui demander ensemble? Contrairement à certains collègues, je n'ai rien fait qui mérite un quelconque reproche.

Oh! Pile ce qu'Herbert avait voulu entendre! Un grand sourire éclaira son visage en entendant sa nouvelle amie réagir ainsi. Elle avait l'air réellement motivée par son idée, et prête à s'investir. Mieux encore, elle acceptait de le soutenir auprès du directeur de Poudlard. Autant dire que ce ne serait pas de trop. Effectivement, le professeur de botanique n'avait entendu aucun reproche désigner la jeune femme, on ne condamnait que de temps à autres une bizarrerie qu'Herbert, lui, avait tendance à trouver charmante. Oui, il craignait moins d'affronter Dippet s'il n'était pas tout seul, alors il était bien décidé d'accepter l'aide si gentiment et généreusement offerte de sa collègue.

-Et puis cela apporterai tellement à l'école. Les élèves suivront et les costumes viendrons bien une fois le plus gros mis en place.

Herbert était vraiment heureux de voir son idée trouver un écho si positif. recevant un tel accueil, elle ne lui semblait plus si idiote et irréaliste que ça. Il aurait vraiment dû rencontrer Serya quelques jours plus tôt. En compagnie de la jeune femme, il avait soudainement le sentiment que son année ne se déroulerait peut-être pas aussi médiocrement qu'il l'avait supposé.

-Merci beaucoup. Je crois qu'à nous deux, on peut vraiment arriver à quelque chose! Si je fixe un rendez-vous avec le directeur, vous me promettez de venir avec moi, alors?

-Et bien, pour les locaux, vous pouvez toujours essayer ici ou une autre salle peu utilisée.

Quand on y pense, c'était une évidence. D'ailleurs, Herbert ne serait pas venu ici si il n'avait pas déjà eu cette idée. Cette salle était vide en permanence et c'est bien pour cela que Serya y avait mis Géraldine. En fait, elle en était venue à se demander à quoi pouvait bien servir une telle pièce. Bon, c'était un château, mais quand même. Au moins, elle allait trouver une utilité cette salle vide. Et puis que voulez-vous. Serya voulait répondre à toutes les attentes de son collègue et avait pour cela insisté dur tous les points, y compris la salle. Pourtant, cela n'avait pas rassuré ce cher monsieur Beery. Tant pis, elle allait passer à la suite si c'était comme ça.

-Quand au directeur, je suis certaine qu'il ne refusera pas si j’appuie la demande. Peut-être pourrions-nous aller lui demander ensemble? Contrairement à certains collègues, je n'ai rien fait qui mérite un quelconque reproche.

Et là c'était une bonne réaction. Herbert avait réagit avec une grande joie et Serya compris avec plaisir que c'était ce qu'il fallait dire. En effet, Herbert n'avait aucune ancienneté en tant que professeur et il était risqué de démarrer seul avec un projet artistique, aussi brillant soit-il. Il était souriant au possible et Serya était ravie. Comment être autrement en sachant qu'on fait plaisir? Non, là, vraiment, elle était contente. De plus, c'était naturel de proposer cela à son collègue. Toutes les passions se doivent d'être encouragées et Serya aurait trouvé bien dommage que le directeur refuse ce projet uniquement parce qu'il s'agissait d'un jeune enseignant.

-Et puis cela apporterai tellement à l'école. Les élèves suivront et les costumes viendrons bien une fois le plus gros mis en place.

Ces choses-là ça vient tout seul. Une fois les nombre d'élèves établi, il y aura une répartition des rôles et une mise en place des costumes. Herbert semblait plus serein et positif que lors de l'entrée de Serya. Elle sentait déjà que ce projet allait vraiment lui plaire. Et puis il était évident que cela ne pouvait être qu'une bonne chose d'avoir un peu d'art dans cette école.

-Merci beaucoup. Je crois qu'à nous deux, on peut vraiment arriver à quelque chose! Si je fixe un rendez-vous avec le directeur, vous me promettez de venir avec moi, alors?

Vraiment touchant. Serya pensait un peu à un enfant émerveillé devant la proposition d'une sortie au théâtre. Cela avait vraiment tout pour la motiver. Je vous ai déjà dit qu'elle considérait ses élèves comme faisant partie de sa famille. Et bien il y avait un peu de ça avec cette conversation.

-Bien entendu. Je ne vais pas vous mettre des idées plein la tête avant de vous laisser en plan. Non, ce n'est vraiment pas dans mes habitudes. Et puis, Je vous ai dit être intéressée et j'entends bien vous aider jusqu'au bout. Du moins, autant que que vous me le permettrez.

Il était hors de question de le laisser aller seul devant le directeur. Il risquerait de ne pas avoir gain de cause. Cela serait des plus triste pour Serya.

-Bien entendu. Je ne vais pas vous mettre des idées plein la tête avant de vous laisser en plan. Non, ce n'est vraiment pas dans mes habitudes. Et puis, Je vous ai dit être intéressée et j'entends bien vous aider jusqu'au bout. Du moins, autant que que vous me le permettrez.

Ah mais d'autres en auraient été parfaitement capables! Cela dit, Herbert n'avait pas imaginé une seule seconde que Serya lui mentirait. Elle avait l'air d'être quelqu'un de franc et d'honnête, et même si quelques rumeurs circulaient à son sujet, suggérant qu'elle était un peu folle, elle lui semblait être l'adulte le plus équilibré de toute cette école de magie. Le professeur de botanique appréciait d'entendre qu'il pouvait compter une bonne fois pour toute sur sa collègue, et qu'elle ne se défilerait pas. Il avait soudainement le sentiment de posséder une arme nouvelle, et avec elle à sa disposition, il était tout bonnement impossible que son projet échoue ou ne soit pas mené à terme. Oui, enfin l'optimisme béat d'Herbert Beery retrouvait sa place dans son cerveau foisonnant, et cela lui faisait un bien fou, vraiment. Au fond, son idée ne signifiait pas grand chose, mais voilà qu'il se sentait prêt à soulever des montagnes. Peut-être y avait-il un moyen de mêler rêves et ambitions professionnelles, tous comptes faits? Herbert adressa un large sourire à Serya, soudainement plus confiant dans ses objectifs. S'il pouvait mener un projet qui lui tenait à coeur en plus de ses cours, alors les antipathiques Zelda Sparkley et Morticia Mathews ne seraient plus rien à ses yeux, sinon quelques tâches sombres dans un paysage ensoleillé.

Enfin, rien n'était fait encore, cela dit. Il s'agissait maintenant de convaincre Armando Dippet, et même si tout le monde convenait à dire qu'il n'était pas de nature à refuser quoi que ce soit, même ce qui l'agaçait ou ce qui obtenait sa désapprobation, Herbert n'était pas totalement rassuré à son sujet. Tous ses collègues disaient qu'il se laissait mener à la baguette. Mais il fallait voir à quoi ressemblaient ces fameux collègues, aussi! Le comédien raté était loin d'avoir leur poigne ou leur motivation.

-Dans ce cas, je vais arranger un rendez-vous avec le directeur, et je vous tiens au courant. Cela vous convient-il? Il marqua une légère pause, le temps de réaliser que si Serya devait devenir sa seule et grande amie dans tout Poudlard, il faudrait peut-être qu'ils cessent de se vouvoyer. On pourrait se tutoyer, tu ne crois pas?

Il est vrai que beaucoup de gens auraient fait miroité les atouts de ce projet avant de laisser Herbert faire le sale boulot. Imaginez que Zelda se soit intéressé au spectacle. Le pauvre Herbert en aurait bavé pendant des mois. Et je ne parle même pas de Morticia. Elle n'aurait pas arrêté de le remettre plus bas que terre par pur plaisir de le voir désespéré. Après tout cela, Serya l'aurait relevé et élevé aussi haut qu'elle l'aurait put. Elle en aurait une véritable mission. Mais... En fait... Elle en faisait une véritable mission. Elle s'était déjà mis en tête d'aider Herbert Beery à aller au bout de son rêve. Et elle était ravie qu'il la laisse l'accompagner dans son aventure. Oui, c'était bel et bien de la fierté qu'elle éprouvait en cet instant. Herbert semblait lui faire confiance et il devait bien être le seul. Serya était tout à fait consciente de ce qui se disait derrière son dos ou parfois ouvertement. Elle ne disait rien parce qu'elle refusait de fâcher les gens. Mais ça lui faisait mal. Elle essayait toujours de faire de son mieux. Alors quand on lui répondait qu'elle était la pire des imbéciles, c'était toujours un pincement au cœur.

-Dans ce cas, je vais arranger un rendez-vous avec le directeur, et je vous tiens au courant. Cela vous convient-il?

Il n'y avait aucune raison que cela ne lui convienne pas. Qu'il prenne le rendez-vous permettait à Herbert de s'affirmer un peu et de s'imposer comme créateur du projet. Il la tiendrait au courant et elle n'aurait plus qu'à "appuyer le dossier". C'était un bon compromis pour elle.

-Et bien faisons comme cela alors. Et détendez-vous, il n'y a aucune raison qu'il nous refuse ce petit projet artistique. Il pourrait même se prendre au jeu à la longue.

Serya afficha un petit sourire amusé avant de remarquer une certaine hésitation chez son collègue.

-On pourrait se tutoyer, tu ne crois pas?

Cette fois c'était Herbert qui avait trouvé les mots justes. Aucun adulte de cette école ne lui avait jamais proposé et elle-même ne l'avait jamais proposé à aucun de ces adultes. Ils ne la prenaient pas au sérieux et elle ne les estimaient pas assez pour vouloir se lier avec eux. Désormais, elle ressemblait à une petite fille de dix ans, les yeux pleins d'étoiles et n'osant répondre tout de suite de peur de se réveiller d'un rêve bien trop doux pour être autre chose que le fruit de son imagination. Mais elle voulait parler. Elle voulait dire au monde entier qu'elle était mieux que ce qu'il pensait et qu'Herbert Beery s'en était rendu compte.

-Vous... Enfin... Tu es sérieux?

Bien sûr qu'il devait l'être. Autrement il n'aurait jamais dit cela. Mais c'était tellement difficile à croire pour elle qu'elle préférait vérifier quand même...

-Alors... Amis?

Serya avait juste tendu la main vers lui. Elle n'avait pas osé ajouter quoi que ce soit de peur de trop en dire. Mais pourtant, elle était émue et une barrière de cils retenait avec peine des larmes de joies qui se penchaient au bord de ses yeux.

-Et bien faisons comme cela alors. Et détendez-vous, il n'y a aucune raison qu'il nous refuse ce petit projet artistique. Il pourrait même se prendre au jeu à la longue.

Elle devait avoir raison. Elle avait plus de chances d'avoir raison que lui, d'ailleurs. Elle connaissait le directeur de Poudlard depuis bien plus longtemps que lui, il aurait été un tort que de ne pas accorder de crédit à ses paroles. Herbert pensait vraiment qu'avoir Serya pour lui soutenir lui serait favorable. Parce qu'elle connaissait l'école et ses élèves depuis plus longtemps que lui d'une part, parce qu'elle devait être l'un des rares adultes de l'école à ne jamais s'être mise Dippet à dos d'autre part. Et enfin, parce qu'elle était d'une gentillesse remarquable, et que sa sympathie était communicative. Il était agréable de se retrouver ainsi soudain en compagnie de quelqu'un qui vous soit agréable, après tant de jours d'hostilité. Avec l'arrivée de Serya dans sa vie venait également la perspective de ne plus être seul, enfin. Et cette perspective le réjouissait grandement. Oui, c'était elle qui avait raison. Dippet n'allait pas le manger, après tout. Allez savoir pourquoi il nourrissait tant d'angoisse à l'idée de lui faire part de ses projets. Il devait être l'un des seuls de toute l'école à penser que le directeur représentait dignement l'autorité. Non, il fallait qu'il soit conscient, et si le professeur de soin aux créatures magiques était dans les bonnes grâces de Mr le dirlo, ce serait encore mieux.

Il était peut-être trop tôt pour parler d'amitié entre eux, mais Herbert comprit tout de même rapidement que celle-ci ne tarderait pas à se souder. Serya semblait avoir attendu avec impatience de se trouver un collègue qui ne soit pas complètement névrosé et psychotique, et le professeur de botanique, dans quelques semaines, aurait sûrement réagi comme elle si, soudainement, quelqu'un lui avait proposé qu'ils se tutoient. Suggestion naturel pour beaucoup, mais qui dans ce monde absurde était bien loin de l'être.

-Vous... Enfin... Tu es sérieux?
-Très sérieux. répliqua-t-il dans un sourire.

S'ils se serraient les coudes, cette année pourrait finalement ne pas être forcément cauchemardesque. Peut-être même s'avèrerait-elle distrayante. Il avait maintenant avec lui une acolyte prometteuse. Oui, Herbert allait rapidement en besogne, il ne savait rien de son interlocutrice, et il s'imaginait déjà qu'ils allaient devenir les meilleurs amis du monde. Il le pensait. C'est pour ça qu'il n'hésita pas à répondre quand elle ajouta, lui tendant sa main pour qu'il la serre.

-Alors... Amis?
-Amis. répondit-il en serrant cordialement cette main.

La situation semblait à la limite presque trop solennelle, mais mettez vous à leur place et vous comprendrez leur attitude, se prodiguer mutuellement du soutien leur ferait un bien fou à tous les deux.

-Que dirais-tu d'aller prendre un verre? ça nous permettrait de faire plus ample connaissance et de discuter de notre projet.

-Cela sera avec grand plaisir. Laissez-moi deux minutes le temps de finir avec Géraldine et je suis à vous.

Géraldine? Quelle Gér... Ah oui! Herbert, prit dans ses projets et dans sa conversation, en avait oublié la présence du crabe de feu juste à côté. Tant mieux, d'un côté, il n'était pas franchement friand de ces bestioles, même s'il s'abstiendrait bien d'en dire du mal devant Serya. Les passions des uns et des autres étaient des choses insondables. On s'était beaucoup moqué de son goût pour le théâtre et la musique, les gens faisaient de même avec Serya et sa fascination pour les animaux. L'un et l'autre étaient, en quelque sorte des artistes incompris, à la recherche de compréhension et d'acceptation Alors même s'ils ne se comprendraient pas forcément sur tous les points, ils devaient s'entendre. Ils étaient obligés de s'entendre. Herbert regarda, à distance, c'est vrai, mais un sourire au coin des lèvres, Serya en train de s'occuper de la fameuse Géraldine, elle semblait vraiment faire ce à quoi elle était heureuse. Herbert se promit de s'intéresser davantage à ce qui l'intéressait. Si elle-même pouvait faire l'effort de partager sa passion, cela méritait bien qu'il fasse de même de son côté.
... Cela dit, il aurait moins de mal à partager ses passions quand celles-ci s'orienteraient vers des bestioles un tantinet plus mignonnes et un tantinet moins dangereuses.

-Cela n'a pas de rapport avec notre projet mais pensez-vous que je puisse vous emprunter deux ou trois feuilles de différentes de vos plantes de temps à autres? Certains de mes chéris adorent jouer les difficiles et certaines plantes sont particulièrement compliqués à obtenir.

Herbert sourit. À ce stade de leur conversation, il aurait été bien malvenu de sa part que de refuser ce genre de faveurs à sa collègue. Surtout qu'il n'y voyait pas d'inconvénients. Bien sûr, il ne fallait pas que toutes les réserves des serres soient épuisées par cet intermédiaire, et il ne pourrait pas céder certaines de ses précieuses plantes. Mais d'autres poussaient en surabondance, telles de mauvaises herbes. Ce ne serait pas plus mal si l'on pouvait l'en débarrasser.

-Bien sûr, aucun soucis. Ça va dépendre des plantes dont tu as besoin, mais sinon, pas de problèmes. répondit-il dans un clin d'oeil. Oh, et on a dit qu'on se tutoyait, non?

Hebert n'en tenait pas rigueur à Serya, lui-même avait failli repasser au vouvoiement plusieurs fois, c'était un réflexe à prendre. Mais il lui semblait important d'abolir cette frontière langagière, si ils voulaient vraiment être les amis qu'ils s'étaient promis d'être. Faisant un pas hors de la salle de classe vide, il ajouta, se tournant dans la direction de la jeune femme.

-Si vous voulez, on peut passer directement aux serres avant d'aller aux Trois-balais? C'est sur le chemin, après tout.

Et Herbert n'était pas contre le fait de prolonger un peu le temps qu'il passait en compagnie de sa nouvelle amie.

Quand elle s'occupait des ses animaux, Serya était toujours d'une douceur maternelle sans faille. En donnant à manger à Géraldine, elle lui murmurait des mots pleins de tendresse que la pauvre bestiole ne devait pas comprendre... Mais ça, elle s'en moquait. C'était un peu comme ces gens qui parlent à leurs chiens. Herbert semblait touché mais tout de même pas en confiance. Serya pouvait le comprendre. Il s'agissait tout de même d'un crabe de feu. Petit, d'accord, mais quand même. Et jamais elle ne lui aurait reproché sa distance. Surtout qu'elle ne concernait que l'animal.

-Cela n'a pas de rapport avec notre projet mais pensez-vous que je puisse vous emprunter deux ou trois feuilles de différentes de vos plantes de temps à autres? Certains de mes chéris adorent jouer les difficiles et certaines plantes sont particulièrement compliqués à obtenir.

Et oui, c'était compliqué. Mais comme c'était pour ses bébés, Serya y faisait attention. Mais d'un autre côté, si Herbert Berry pouvait lui donner un petit coup de main, elle ne dirait pas non. Et puis, la plupart du temps, il s'agissait de plante étant des nuisances pour les bons jardins. Elle ne s'était donc pas inquiété de la réponse de son collègue... enfin pas trop.

-Bien sûr, aucun soucis. Ça va dépendre des plantes dont tu as besoin, mais sinon, pas de problèmes.

Ces douces paroles et un petit clin d’œil avaient fini de rassurer Serya. C'était un bonne nouvelle en fait. Lui éviter d'aller chercher ses plantes dans les jardins allait lui laisser plus de temps libre.

-Oh, et on a dit qu'on se tutoyait, non?

Et oui, ils l'avaient dit. Le professeur de soins aux créatures magique l'avait totalement oublié. Elle n'avait pas du tout oublié l'amitié naissante qu'elle avait fini par trouvé, mais plutôt l'habitude à prendre avec. Les changements c'était pas trop son truc habituellement et il allait falloir un petit temps d'adaptation, mais elle y arriverait. Et puis cela ne l'empêcherait pas de son montrer des plus amicale avec Herbert.

-Oui, c'est vrai, désolée... En général je cherche plutôt des plants de pissenlits, de chardons, d'orties et en soi, ce n'est pas insurmontable. J'ai un peu plus de mal avec la Chromolaena odorata, la Clidemia hirta, la Rosa rugosa, la Miconia calvescens ou la Ardisia elliptica. Cela doit aussi venir du fait que je manque d'expérience avec les plantes. Peut-être pourrais-tu m'aider un peu?

Elle avait appris les noms pour des questions de facilité. Mais elle savait aussi qu'Herbert n'y verrait pas de complications et peut-être serait-il heureux de voir qu'il n'était pas le seul à connaître certaines plantes. Bien entendu, elle n'aurait pas été incapable de nommer n'importe quelle plante mais au moins, celles-là, elle les connaissaient.

-Si vous voulez, on peut passer directement aux serres avant d'aller aux Trois-balais? C'est sur le chemin, après tout.

En effet, pourquoi pas? Pour une fois qu'elle s'entendait avec un adulte, Serya serait resté en sa compagnie le plus longtemps possible. L'idée était bonne, mais ce n'était pas la seule chose que Serya avait remarqué.

-Oui, c'est une très bonne idée... Et il semble que je ne sois pas la seule à avoir du mal avec le tutoiement.

Elle avait pris un petit air malicieux et avait légèrement plissé les yeux pour volontairement se faire plus gamine qu'elle ne l'était. Et oui, passer du "tu" au "vous" ce n'est pas si simple tout de même. Surtout pour des adultes ayant l'habitude de l'un plus que de l'autre. Au moins, leur relation allait leur permettre d'y remédier.

-Oui, c'est vrai, désolée...

Dans un haussement d'épaules, Herbert lui fit comprendre que ce n'était pas bien grave. En même temps, il aurait été malvenu de lui reprocher une erreur qu'il allait faire lui-même d'ici quelques secondes. Il était toujours un peu difficile de faire la transition entre tutoiement et vouvoiement. Il en était conscient, et il se promit de ne plus relever ce genre d'erreurs que si elles se faisaient trop nombreuses.

-En général je cherche plutôt des plants de pissenlits, de chardons, d'orties et en soi, ce n'est pas insurmontable. J'ai un peu plus de mal avec la Chromolaena odorata, la Clidemia hirta, la Rosa rugosa, la Miconia calvescens ou la Ardisia elliptica. Cela doit aussi venir du fait que je manque d'expérience avec les plantes. Peut-être pourrais-tu m'aider un peu?

Il était très agréable d'entendre sa collègue et amie parler de ces plantes qui étaient parfaitement dans son domaine de compétences, il n'aurait aucun mal à satisfaire à sa requête. Si l'Herbologie n'avait pas été sa vocation, c'était malgré tout l'un de ses grands domaines de prédilection, et il s'en sortait particulièrement bien, ses connaissances était nombreux. En matière de plantes magiques, il était une vraie encyclopédie. Aucune de ces plantes ne lui étaient inconnues, et elles pouvaient toutes être données à Serya sans le moindre problème, d'autant que certaines d'entre elles étaient même des mauvaises herbes dont il ne serait que trop heureux de se débarrasser.

-Je serai ravi de t'aider.

Il le pensait effectivement, elle allait lui rendre un sacré service en allant voir le directeur avec lui, et en l'aidant à monter son club de théâtre, il était normal qu'il lui rende la pareille. Et puis, vraiment, ce n'était trois fois rien.

-Oui, c'est une très bonne idée... Et il semble que je ne sois pas la seule à avoir du mal avec le tutoiement.
-Désolé. répliqua-t-il dans un sourire. On va finir par y arriver.

Ils se mirent en route, en direction des serres, lieu qui était devenu à présent l'antre d'Herbert. Une fois à l'intérieur, il fit à l'adresse de sa nouvelle amie, dans un sourire :

-Attends cinq minutes, je te cherche tout ce dont tu as besoin. Ne te gênes pas, fais comme chez toi. Évite juste de trop t'approcher du snargalouf, je ne l'ai pas nourri aujourd'hui.

-Je ne bouge pas. Et ne t'inquiètes pas, je ne tiens pas trop à m'approcher de cette plante.

Herbert répondit à cette remarque par un sourire. Cette réflexion était la preuve rassurante que son amie était parfaitement saine d'esprit. N'importe qui d'un tant soit peu sensé ne nourrissait pas de passion plus que douteuse à l'égard des plantes carnivores. Herbert lui-même n'en était pas franchement fan. Il se serait bien épargné d'avoir à supporter la présence de tels végétaux, et surtout d'avoir à les nourrir, entretenir et nettoyer... Mais bon, ça faisait partie du métier, et tout métier avait ses désavantages, même celui qu'il cherchait à tous prix à obtenir un jour (les comédiens étaient des experts en galère quotidiennes). Herb' supposait que certaines créatures parmi les plus effrayantes et répugnantes ne devait pas forcément plaire à Serya (quoique... elle avait baptisé un crabe de feu Géraldine, à partir de là, on pouvait s'attendre à tout). Alors que le professeur de botanique s'appliquait à récupérer toutes les plantes dont son amie pourrait avoir besoin, cette-dernière poursuivait sa conversation.

-Tu connais vraiment toutes tes plantes pieds par pieds ou simplement par espèce?

Herbert ne fut pas tout de suite certain de comprendre tout de suite sa question? Et quand il fut certain de l'avoir comprit, il regretta quelque peu de n'être de toute évidence pas autant investi dans son métier que l'étais sa collègue dans le sien. Herbert imaginait sans mal sa nouvelle amie avoir donné un petit nom à toutes les créatures dont elle s'occupait, et les reconnaître, les distinguer les unes des autres, même si c'étaient à des caractéristiques minimes (pour Herbert, tous les crabes de feu se ressemblaient, mais il imaginait bien qu'elle avait donné à chacun de ses "petits protégés" un petit nom affectueux différent).

-C'est déjà un miracle que je retienne toutes les espèces de plantes, j'ai une mémoire d'escargot... C'est pas le plus pratique, d'ailleurs, quand tu dois apprendre un texte de plusieurs pages.

C'était la vérité vraie. Quand venait l'heure de monter sur scène, Herbert maîtrisait son texte, oui, mais il lui fallait toujours beaucoup plus de temps que le commun des mortels pour assimiler le tout. Des heures et des heures de cogitation, à tourner en rond, c'était presque pathétique. Alors oui, effectivement, qu'il sache quelle plante correspondait à quelle espèce, c'était l'une de ses plus grandes victoires.

-J'abuse peut-être mais est-il possible que je prenne mon fléreur avec nous? Cela fait quelques temps qu'elle n'est pas sortie du château et elle ne t'embêtera pas, promis.

Oh... un fléreur... bah... il haussa les épaules. Visiblement, si l'on voulait profiter de la compagnie de Serya, il fallait accepter qu'elle soit toujours accompagnée d'une foule d'animaux magiques. Bah... à la limite, Herbert avait plus de mal avec les crabes de feu qu'avec les fléreurs. Les fléreurs, au moins, c'était assez... mignon... (de loin, à contrejour).

-Moi ça ne me dérange pas. Je ne sais pas si les animaux sont autorisés aux Trois-balais, mais au pire, on trouvera bien un autre endroit. À la tête de sanglier, par exemple, ça m'étonnerait fort qu'ils interdisent la présence de créatures.

En prononçant ces mots, il récupéra la dernière plante qui pourrait servir à Serya, et lui tendit le plein sachets de verdure.

-Et voilà pour toi! lui fit-il dans un sourire. Alors, il a un nom, ton fléreur?

-Tu connais vraiment toutes tes plantes pieds par pieds ou simplement par espèce?

C'était une question comme une autre mais pour Serya c'était intéressant. Apprendre le nom de toutes ces plantes aurait été presque insurmontable pour elle. En plus elle se ressemblaient toutes. Les seules qu'elle pouvait identifier à peu près étaient celles que mangeaient ses animaux. Alors quand il lui répondit, elle se dit que finalement, elle n'était pas si nulle.

-C'est déjà un miracle que je retienne toutes les espèces de plantes, j'ai une mémoire d'escargot... C'est pas le plus pratique, d'ailleurs, quand tu dois apprendre un texte de plusieurs pages.

Serya émit un léger rire qu'elle réprima en baissant la tête. Toujours le mot pour rire ce jeune homme. Mais sa réponse devait surtout être avec une touche de culpabilité. Elle n'aurait pas su dire pourquoi mais le fait est qu'elle estimait qu'il ne devait pas en ressentir avec elle. Surtout lorsqu'il s'agissait de mémoire.

-Oui, je comprends. Tu sais, j'ai moi-même quelques difficultés à apprendre des textes. Heureusement pour moi, cela ne m'est pas souvent indispensable.

Serya maîtrisait toujours ses sujets, mais plus par expérience que par apprentissage sérieux avant les cours. Elle avait appris ce qu'il fallait à l'école. Maintenant, elle avait ses chéris et les connaissaient assez pour parler d'eux avec ses élèves. Surtout qu'ils le lui rendaient bien. Herbert avait peut-être un peu plus de mal mais il savait faire les choses, et bien. Une qualité dans ce métier.

-J'abuse peut-être mais est-il possible que je prenne mon fléreur avec nous? Cela fait quelques temps qu'elle n'est pas sortie du château et elle ne t'embêtera pas, promis.

Elle avait un peu peur de la réaction de son collègue. Même si il n'avait rien dit, il n'avait pas l'air tout à fait à l'aise devant Géraldine. Du coup, elle lui avait une promesse qu'elle comptait bien tenir. Et puis l'animal dont il était question n'avait rien d'un animal sauvage ou dangereux. Loin de là. Mais elle fut bien vite rassurée.

-Moi ça ne me dérange pas. Je ne sais pas si les animaux sont autorisés aux Trois-balais, mais au pire, on trouvera bien un autre endroit. À la tête de sanglier, par exemple, ça m'étonnerait fort qu'ils interdisent la présence de créatures.

Elle souffla légèrement en entendant qu'il n'avait rien contre et lui répondit dans un sourire soulagé.

-Oh, nous n'aurons pas besoin de chercher à aller ailleurs. Dans les bâtiments elle reste dans mes bras ou sur mes genoux et... Disons qu'ils ont l'habitude là-bas.

Herbert était revenu vers elle et lui tendait un sachet plein des futurs repas de ses bébés. Son sourire s'illumina et elle accueilli son cadeau avec un grand plaisir non dissimulé.

-Et voilà pour toi! Alors, il a un nom, ton fléreur?

Si il avait un nom? Bien entendu. Jamais un animal de Serya était resté anonyme. Oh, bien entendu ils avaient souvent des noms stupides voire vraiment inattendus. Mais ils avaient tous un petit nom. Mais jamais rien de méchant. Du moins pas volontairement.

-Merci! Et, oui. Elle s'appelle Chantal. Je suis sûre qu'elle va te plaire. Elle est adorable.

-Oui, je comprends. Tu sais, j'ai moi-même quelques difficultés à apprendre des textes. Heureusement pour moi, cela ne m'est pas souvent indispensable.

Herbert répondit à cette remarque par un léger sourire à la remarque de Serya, avec qui il était heureux de se découvre des points communs, même si c'était pour qu'ils se découvrent tous deux des défauts quand il s'agissait de retenir un texte un peu trop long. À la différence, effectivement, que dans le métier que le professeur d'herbologie aurait voulu exercer, il n'aurait pas été un mal, pas du tout même, qu'il ait une mémoire d'éléphant plutôt que de poisson rouge. Combien de fois il s'était haï, n'empêche, quand il était encore étudiant à l'école d'art dramatique pour sorciers, de passer autant de temps à plancher sur ces fichus textes. Il mettait deux fois plus de temps que ses camarades à les retenir, et forcément, ben, ça l'handicapait. Herbert souffrait de ce qu'on appelle des défauts de concentration, et c'était vraiment loin d'être facile à vivre dans son quotidien de comédien. Quotidien qui, même s'il commençait seulement à enseigner, lui paraissait déjà extrêmement lointain.

Quand le sujet du nifleur fut abordé et qu'Herbert émit des réserves, pas parce qu'il n'avait pas envie de rester en contact avec cette bestiole (ça, du moment que ça ne le mordait pas, il n'avait rien du tout contre, loin de là), mais parce qu'il se demandait si les pubs acceptaient ce genre d'animaux dans leur ântre. Question d'hygiène, quoi.

-Oh, nous n'aurons pas besoin de chercher à aller ailleurs. Dans les bâtiments elle reste dans mes bras ou sur mes genoux et... Disons qu'ils ont l'habitude là-bas.

Très bien, il la crut. Il se dit qu'elle devait typiquement être ce genre de personnes qui se rendaient dans les institutions publiques avec toujours un animal sous le bras. Dans le fond, le comédien raté trouvait que ça ne manquait vraiment pas de charme. Il était plutôt content, par ailleurs, que les Trois-balais accepte ce genre d'animaux. La tête de sanglier était loin d'être un lieu qui était loin de lui plaire. Trop malpropre, trop glauque... Vraiment loin de ressembler aux endroits qu'il aimait fréquenter. Ils iraient donc aux Trois-balais, lui, Serya et...

-Merci! Et, oui. Elle s'appelle Chantal. Je suis sûre qu'elle va te plaire. Elle est adorable.

Chantal, donc. Entre Géraldine et Chantal, Serya choisissait vraiment des noms atypiques à ses animaux... enfin, pour des animaux, je veux dire. Herbert aimait mieux donner aux animaux des petits noms ridicules genre "poilu" ou "fluffy". Le fait que le professeur de soin aux créatures magiques donne à ses animaux des prénoms humains en disait long sur le regard et l'importance qu'elle leur portait. Mais Herbert ne jugeait pas. À vrai dire, il trouvait cela plutôt mignon.

-Alors... j'attends que tu aies cherché Chantal et on y va, si j'ai bien compris?