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ne journée qui n'avait pas eu grand chose de constructive. Sur de nombreux points, son groupe de fidèle, après avoir atteint un paroxysme de supériorité à la fin du mois précédent, les chevaliers de Walpurgis piétinaient quelque peu, et faisaient du sur-place. Ce n'était que temporaire, bien évidemment, mais il n'en demeurait pas moins qu'il était, aux yeux de Tom, grand temps que les choses progressent au plus vite. Les nouveaux (qui, comme l'avait précisé Brook, ne l'étaient vraiment plus tant que cela) étaient en véritable position de faiblesse, mais cet état pouvait n'être que temporaire. Il fallait qu'ils songent au plus vite à relancer l'offensive afin de ne pas perdre l'avantage. Et, pour se faire, il fallait impérativement qu'il grossisse ses rangs. Il ne se faisait pas grande inquiétude à ce sujet. Il avait déjà repéré plus d'un potentiel, mais avant que de passer à l'étape suivante, il fallait qu'il soit certain de pouvoir mettre suffisamment de confiance en eux pour ne rien risquer à les faire intégrer ses rangs, d'autant que l'affaire devenait de plus en plus sérieuse, et les fuites éventuelles pouvant de plus en plus porter à conséquences pour lui et pour tous ses projets de domination. Oui, ces choses-là prenaient du temps, et il était évidemment hors de question de les précipiter. Néanmoins le temps lui, risquait fort de manquer.

Parmi ses potentiels les plus certains, il y avait Abraxas Malefoy qui, bien que n'appartenant pour le moment pas aux chevaliers de Walpurgis et n'ayant pas encore la marque des ténèbres trônant sur son poignet, était déjà, aux yeux du futur seigneur des ténèbres, presque acquis. Et pour cause, tout dans son caractère, son comportement, ses opinions, sa façon d'agir, laissait entendre qu'il ne serait pas difficile à convaincre. L'évidence de son recrutement était d'autant plus simplifiée que lui et Tom étaient "proches", du moins, dans la limite où l'on pouvait considérer Tom Jedusor comme étant véritablement proche de qui que ce soit. Il aurait certainement à user de moins de persuasion qu'avec les autres pour enfin parvenir à ses fins.

Depuis le début de l'année, ils passaient de plus en plus de temps ensemble. Il justifiait cela par le fait que ses "meilleurs amis" (Daniel, Vincent et Caleb, donc) n'étaient plus là, et que c'était une compagnie qu'il devait chercher à présent auprès d'autre. Ce n'était pas tout à fait faux... si l'on comprenait que le mot "ami", dans le vocabulaire de notre Voldemort en devenir, signifiait "fidèle" ou "larbin". Rien d'anormal, donc, à ce qu'on voit ces deux-là traîner dans un couloir du château à la fin d'un cours. La conversation en apparence anodine qui allait s'amorcer entre eux, ceci dit, ne manquerait pas de le devenir beaucoup moins.

"Tu as un peu de temps devant toi? J'aimerais te parler de quelque chose..."

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force de traiter au cas par cas chacun de ses potentiels, et de les initier les uns après les autres à sa cause, de les intégrer à ses fidèles, Tom avait prit le coup de main. Ce qui n'empêchait pas le fait que chacune de ses interventions nécessitait un maximum de patience, d'observation et de minutie. Entrer trop rapidement dans le vif du sujet pouvait effrayer en engrangeant des réfracteurs, tourner trop longtemps autour du pot n'était pas forcément plus productif. Avec Abraxas, le terrain avait été sondé depuis un moment déjà. Tom était convaincu que cette large part d'obscurité qu'il y avait en son interlocuteur ne demandait qu'à prendre pleinement possession de son hôte, au nom de la cause que défendait Tom, s'il le fallait. Il ne restait plus qu'à mettre des mots sur ce que tous les deux devinaient déjà. À officialiser la situation, en quelque sorte. Et même lorsque presque tout était dit, lorsque quelques mots devaient suffire, il fallait savoir prendre des gants, faire preuve du tact nécessaire. Le moment qui précédait la proposition, comme celui qui précédait la réponse, était crucial.

-On en a déjà parlé tous les deux. De tes ambitions de tes... aspirations.

Abraxas manifestait un réel intérêt pour tout ce qui avait trait à la magie noir, qu'il se rangeait du côté de ce que l'on pourrait communément appeler le "mal" n'avait rien de surprenant. Il était fait pour se plonger dans cet obscurité à laquelle tant d'aveugles se refusaient, et Tom comptait bien lui montrer la voie à suivre, ce chemin qui le mènerait... à la grandeur? Pas sûr, mais à ce qu'il recherchait réellement en tous cas. Tom s'exprimait avec douceur, la voix basse, le ton calme. Pour, bien sûr, ne pas se faire entendre, mais également instaurer ce climat de confiance, de confidence, dont, à force de comédie parfaitement maîtrisée, l'Héritier savait jouer à la perfection.

-Je voudrais savoir jusqu'où tu te sens capable d'aller au nom de ces idéaux.

De la réponse que lui fournirait le vert et argent dépendraient beaucoup de choses. C'était la dernière occasion pour Abraxas de tourner les talons, de dire non, et de conserver ce semblant de liberté qui ne devait pourtant pas lui convenir. Il ne saisirait sans doute pas cette occasion. Peu étaient ceux qui savaient la saisir. Mais de ceux qui le suivaient à présent, aucun n'avait l'air, après tout, de regretter son choix. Bien au contraire. Ils étaient destinés, pour la plupart, au chemin qu'il avait tracé pour eux, Abraxas, aux yeux du futur seigneur des ténèbres, ne ferait pas exception. D'autant qu'il avait des capacités et des prédispositions évidentes. Il ferait un élément efficace, Tom le gageait. Il avait l'intelligence, la froideur, cette once de cruauté qu'il fallait avoir pour savoir sans broncher se mettre au service des ténèbres.

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a suggestion faite par Abraxas ne manqua pas de plaire à Tom. Car il venait, par l'interrogative, de soulever un point qui devait paraître dans l'affirmative que l'Héritier escomptait l'entendre prononcer. Au nom de la cause qu'embrassait Tom, et à laquelle il voulait mener tous les chevaliers

de Walpurgis, il fallait en effet être capable de tout, ne tolérer aucune limite, se plier aux directives sans broncher, accepter jusqu'aux pires contraintes si elles pouvaient mener à l'idéal que le vert et argent comptait instaurer : un monde sans moldu, où la suprématie du sang pur ne serait plus seulement un mythe mais une réalité... et sa suprématie de même, bien sûr. Alors oui, au nom de cette cause que Tom savait Abraxas vouloir défendre, il fallait que ce dernier soit capable d'ôter une vie. Le préfet en chef ne demandait pas à ce qu'il y ressente le moindre plaisir. Ce n'était pas une armée de fous-furieux sanguinaires et de psychopathes qu'il voulait gouverner, il préférait de loin à la folie pure la pondération et l'efficacité, qui laissait moins de marge d'erreur. Après tout, Tom n'avait pas l'intention de nettoyer après chacun des "crimes" de ses sous-fifres.

Il fallait, c'est un fait, être capable du pire, du meilleur, de tout, de n'importe quoi. Accepter de tuer... Mais accepter de pouvoir mourir, également. Tout accepter au nom de ce qui pouvait sembler être une chimère, et ce sans broncher, sans jamais contester, en se parant toujours d'une certitude qui devait à tout jamais être inaliénable : seul le résultat comptait, et peu importe ce dont il fallait souffrir, les épreuves à traverser, les montagnes à gravir.

Baissant encore plus la voix, de sorte que celle-ci se transformait en murmure, il répondit, de ce ton légèrement énigmatique qu'il se plaisait à employer en telle circonstance.

-Par exemple, oui.

Ce qu'il attendait, à présent, c'était une réponse concrète de la part de son interlocuteur. Il ne voulait pas aiguiller ou influencer son choix. À l'heure actuelle, l'héritier Malefoy avait encore l'occasion de se rétracter. Sous peu, ce ne serait plus possible. Sous peu, son destin serait scellé. Et tout cela ne tiendrait qu'à un "oui", anticipation d'une allégeance qu'il faudrait alors qu'il lui prête.

Tom était confiant (comme toujours, à vrai dire). Pour lui, cette conversation était plus une formalité qu'autre chose. À la proposition que s'apprêtait à lui faire l'Héritier, celle de le rejoindre, Tom considérait qu'il n'y avait qu'une réponse possible, pour peu que l'on soit un tant soit peu intelligent, et Abraxas était bien loin d'être quelqu'un d'idiot. Il attendit, donc, ce simple mot, positif ou négatif, qui résonnerait comme un irrépressible verdict, sur lequel il serait, dès lors, totalement impossible de revenir.

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braxas se justifia de sa réponse, comme si cela était vraiment nécessaire. Il ne savait pas encore ce qui l'attendait, semblait méfiant et, de fait répondait de la façon la moins compromettante pour lui possible. Lorsqu'il affirma être capable de tuer pour leur cause à tous les deux, il ne tarda pas à ajouter que ce serait toujours au nom de la cause, et pas au nom d'un goût trop prononcé pour le sang, de penchants tordus qui feraient qu'on puisse le qualifier de psychopathe. Tant mieux, ceux qui tuaient pour le simple plaisir de tuer étaient les plus ingérables. Aux yeux de Tom, son oeuvre n'aurait effectivement un certain impact que dès lors que des flots de sang auraient coulé en son nom (ce qui avait déjà commencé, même si très peu pouvaient encore s'en rendre compte), mais ce n'était pas la volonté de tuer qui déclencherait ces flots d'hémoglobines, seulement le besoin de voir leurs intentions entendues, de voir assise cette suprématie qu'il lui tardait d'atteindre, même s'il lui fallait attendre d'avoir quitté les bancs de l'école pour ce faire. Pour le moment, Abraxas avait répondu très justement, de la façon dont Tom avait voulu l'entendre faire. Il disait être capable de tout au nom de leur "juste cause", l'avait même affirmé sur le ton de l'évidence, et ajoutait le faire par intelligence et non contrôlé par il ne savait quelle pulsion morbide qui aurait été difficile à gérer.

À cette affirmation, succéda bien sûr la question qu'Abraxas se devait forcément de poser : pourquoi? Il était donc temps. Puisque l'Héritier Malefoy montrait toutes les prédispositions qu'il recherchait, l'heure était venue qu'il apprenne, l'heure était venue qu'il les rejoigne. Si Tom se garderait encore de parler très clairement de ce qu'il attendait de lui et s'exprimerait pour le moment à demi-mots, il lui semblait avoir obtenu à l'instant l'assurance qu'il les rejoindrait, qu'il aurait un autre sbire sur lequel compter à Poudlard, ce qui n'était pas du luxe, il faut bien le dire. Tom regarda attentivement autour de lui, afin de s'assurer qu'aucune oreille indiscrète ne viendrait entendre ne serait-ce qu'une bribe de leur conversation.

-S'il y avait un moyen de concrétiser nos idées, de... purifier ce monde, tu le ferais, quel qu'en soit le prix?

Son ton et son propos demeuraient énigmatiques, mais bientôt, il n'y aurait plus le moindre amalgame possible. Déjà, il faisait en sorte qu'il ne puisse y en avoir que par déni volontaire de ce qui était en train d'être dit et entendu.

-Si je t'en offrais la possibilité, est-ce que tu me rejoindrais ?

Un oui, et la marque des ténèbres trônerait bientôt sur son avant-bras.

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l ne savait pas comment il convenait qu'il s'y prenne ? Eh bien tant mieux, il apprendrait, et Tom était convaincu qu'il saurait être un élève exemplaire et discipliné. À quoi bon s'entourer d'individus qui partageraient avec lui son égo démesuré, et penseraient avoir la solution pour aller au bout des idéaux qu'il comptait défendre ? Il était la tête pensante, eux les exécuteurs, et tant que les choses se passeraient et seraient comprises ainsi, alors tout serait pour le mieux. C'était ainsi, en choisissant bien ses fidèles, que l'on endigue les mouvements éventuels de rébellion, et les absurdes mutineries (qu'il étoufferait dans l'oeuf de toute manière, dans l'éventualité fort peu probable où cela se produirait), et Abraxas était parfait dans le rôle que l'Héritier lui réservait.

Il ne savait pas comment s'y prendre, alors Tom lui montrerait la voie. Et cette indécision, cette incapacité à savoir quel chemin suivre pour parvenir à ses fins serait ce qui permettrait à Tom de garder un plein contrôle sur lui, tout en sachant profiter au mieux de ses capacités et de ce potentiel qu'il avait directement deviné en lui, et qui n'avait fait que se confirmer au fil de leurs conversations, qui avaient fini par le mener à cette dernière, évidente.

Comprenant, lorsque Tom lui proposa à demi-mot de le rejoindre, de quoi il retournait, Abraxas ne sembla pas hésiter, et il ne mit pas longtemps à répondre par l'affirmative, d'un simple mot qui se suffisait à lui-même. Pas plus d'emphase, pas plus de questions, juste la concision, et c'était là tout ce que l'Héritier attendait de lui. Une approbation qui ne tolérait pas le moindre questionnement, la moindre hésitation... Rien.

Un fin sourire vint s'afficher sur ce visage qu tolérait rarement une telle déformation, du moins pas sincèrement. Par ce simple mot que l'on employait souvent à la légère, il venait de sceller son destin. Il ne resterait plus, à présent, que ces quelques formalités.

-Très bien... Je prends ta réponse pour un engagement. dit-il si bas que sa voix ressemblait à un murmure. Il y a beaucoup de choses dont il faut que je t'informe... mais ce n'est pas l'endroit... Et en effet, il avaient beau être seuls, il y avait trop de passage pour que ce ne soit pas risqué. Pour l'heure... Il marqua une légère pause, attrapa le bras du vert et argent, et y apposa sa baguette. Bientôt, la marque des ténèbres apparut sur l'avant-bras de l'héritier Malefoy. Cela devait le brûler légèrement, il ne le prévint pas. Tout comme il lui laissait le soin de découvrir ce tatouage sombre et indélébile qui demeurerait inscrit à tout jamais dans sa peau. Considère-toi comme l'un des nôtres.

Et ce n'était pas qu'un simple conseil dispensé au hasard bien sûr, même si c'est ce que le timbre de sa voix pouvait laisser croire. C'était davantage un ordre véritable. Son destin était désormais lié à celui des chevaliers de Walpurgis. Il ne pourrait l'ignorer, moins encore envisager de se désister. Pour lui, aucun retour possible. À moins d'en subir de graves conséquences.

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ne question unique pouvait être parfois chargée de tellement de sens. C'était le cas de ce simple "pourquoi ?" prononcé par Abraxas, un simple mot qui, ne donnant l'air de rien, semblait englober de nombreuses interrogations, de nombreux doutes... Tous légitimes, bien sûr. Tom ne s'était pas perdu en explications auprès de son nouveau sujet, il n'avait pas jugé cela utile, ce qu'il ne savait pas encore, il l'apprendrait bien assez vite, plus vite, même, qu'il ne le voudrait peut-être... Tom aurait pu se contenter de ne rien répondre, il était même très tenté de le faire, les questions telles que celles-ci, qui manquaient cruellement en précision, qui voulaient tout et rien dire à la fois, avaient toujours eu le don de l'exaspérer, même si lui-même se plaisait parfois à les utiliser par simple goût pour la rhétorique la plus élémentaire. Mais il choisit d'apporter à son interlocuteur un semblant de précisions, même si elles ne suffiraient peut-être pas à complètement satisfaire la curiosité du vert et argent, qui venait de mettre les pieds dans un lieu à part, sans avoir, en fait, eu vraiment idée qu'il était en train de le faire. Mais l'Héritier croyait en ses capacités quoi qu'il en soit, il lui avait peut-être un peu forcé la main, mais Tom était convaincu que le jeune homme ne regretterait pas son choix. Ils possédaient des ambitions et des idées similaires, celles-là même qu'il utilisait en justification de tous ses actes.

-C'est un signe de ralliement. dit-il, choisissant de prendre la question d'Abraxas dans son sens le moins métaphysique. Il te permettra de savoir à quel moment auront lieu nos réunions. En ce qui concerne le lieu en question, je te fournirais plus d'informations en temps et en heure.

Il savait que ces quelques mots ne suffiraient pas à taire tous les doutes et toutes les questions qui devaient traverser l'esprit de son interlocuteur. Par moments, Tom portait particulièrement bien son nom. Il n'était pas rare, effectivement, qu'il parle par énigme... Mais le mystère était tout aussi essentiel à son rôle que le reste, d'autant que les murs, dans l'enceinte de Poudlard, avaient la fâcheuse tendance à avoir des oreilles... et bizarrement, ces dernières se promenaient souvent dans sa direction tout particulièrement.

-Je me doute que tu dois avoir beaucoup de questions à me poser, pour peu qu'elles soient précises, j'y répondrais avec tout autant de précision.

Tom regarda autour de lui afin de s'assurer une nouvelle fois qu'il n'y avait personne autour d'eux. Le tournant que prenait la conversation ne permettait vraiment plus qu'elle soit entendue.

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a question que venait de lui poser Abraxas n'avait, aux yeux de Tom, nulle raison d'être. Il faut dire qu'il s'attendait à des interrogations d'un ordre tout autre. Qu'il demande, par exemple, qui d'autre appartenait au fameux groupe, ou à quel endroit ils se réuniraient... Sa question pouvait presque raisonner comme une remise en cause les raisons qui faisaient de lui un chef que l'Héritier de Serpentard considérait pourtant et logiquement comme émérite. Et il ne tolérait pas la moindre contestation à l'égard de l'autorité qu'il représentait. S'il était le chef, c'était bien parce que sans lui, les chevaliers de Walpurgis n'existeraient pas, et si quelqu'un d'autre avait cherché à constituer un groupe similaire, il aurait essuyé un échec particulièrement cuisant. Tom considérait qu'il n'existait personne sinon lui qui soit à même d'accomplir ce qu'il était en train d'accomplir, et de mener à bien ces plans qui permettraient enfin à une cause partagée par beaucoup mais jamais concrétisée afin d'être honorée et appliquée à sa juste valeur. Certes, son charisme y était pour quelque chose, il lui permettait de rassembler et d'endormir les foules, mais il n'était pas la seule raison...

La vraie raison, celle qu'il considérait comme telle, tout du moins, était une raison qu'il était bien contraint de garder pour lui pour le moment, le temps de justifier sa démagogie. Une raison simple, oui : il était supérieur à tous les autres. Mais ce n'est pas à cette version des faits qu'aurait droit son camarade. Les mots qu'il avait prononcé, il les avait prononcé avec humour. Après tout, il est vrai, ils étaient supposées être amis, et c'est ce qu'ils auraient sans doutes été si Tom était capable de tisser ce genre de liens avec autrui sans seulement le prétendre. En conséquences, il était bien forcé de faire mine de goûter, avec plaisir qui plus est, à cette plaisanterie.

-Parce que je l'ai créé, surtout. répliqua-t-il dans ce sourire amical qu'il ne saurait jamais esquisser sincèrement, quand bien même c'était ce dont il donnait l'impression. Tout le monde est décisionnaire, tout le monde a son mot à dire. Mais par soucis d'organisation et de coordination, il faut bien que quelqu'un prenne les rennes. En l'occurrence, moi.

Au ton de sa voix, on eut pu presque croire qu'il s'exprimait avec la plus sincère des humilités, comme s'il venait de s'exprimer non pas en tyran sanguinaire mais en simple despote éclairé... pire, en digne démocrate.
La vérité était toute autre, cela va de soi.

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es questions étaient nombreuses, et c'était ce qu'il y a de plus normal, au fond. La situation était des plus particulières. Comme si Abraxas avait signé un pacte avec le diable sans avoir lu aucune conditions, aucun terme du contrat, et encore moins les petites inscriptions en bas de page, bien sûr. Il était trop tard pour faire marche arrière, mais puisque Tom lui avait offert de satisfaire à sa curiosité, il était normal qu'il l'abreuve de questions, d'interrogations diverses et variées pour lesquelles, certes, il avait donné son aval, mais qui le lassaient déjà profondément. À présent qu'il avait obtenu ce qu'il désirait, il était soucieux, bien sûr, d'employer les précieuses minutes de son temps à quoi que ce soit d'autre de plus ... digne d'intérêt, à son goût. Ce qui, en soi, n'était sans doute pas un mal pour Abraxas non plus. Il prit donc le parti de lui répondre de cette réponse qui palliait par la même à toute autre question éventuelle :

-Tu en sauras davantage et tu y verra plus clair lors de notre prochaine réunion.

Et il est vrai que c'était certainement la meilleure façon de trouver les réponses à ses questions. Il ne mettrait pas longtemps à se faire une idée de ce que l'on attendait réellement de lui. Leurs enjeux prendraient davantage d'ampleur et deviendraient plus clair. C'était du moins ainsi que Tom concevait les choses, et il ne doutait pas qu'Abraxas, concrètement initié, penserait comme lui. Pour ce qui est des autres chevaliers, il les découvrirait tous le moment venu, quoi qu'il serait certainement capable, et sans trop de mal, de deviner l'identité de certains d'entre eux.

Ainsi devait se conclure leur conversation. À présent que les questions essentielles avaient été posées, et que les suivantes, demeurées en suspens pour le moment, avaient obtenu une promesse de réponse, il était temps pour l'un comme pour l'autre de retourner à leurs occupations respectives... de faire comme si de rien n'était. Quand bien même cette discussion avait changé beaucoup de choses. Pour Abraxas, surtout. Car dès lors qu'on se laissait apposer la marque des ténèbres, l'on acceptait d'embrasser un destin à part, un destin unique. Et pour certains, sans doute, aussi stimulant que terrifiant.

-Je dois retourner en cours. dit-il finalement avec légèreté, l'air de rien, comme s'il sous estimait totalement l'impact de sa conversation (bien sûr, il n'en était rien), se servant d'une excuse bien réel - effectivement, il allait même être en retard à son prochain cours - pour se soustraire à une conversation qui, selon lui, avait à présent suffisamment duré. À plus tard.

Et "plus tard" arriverait sans doutes assez vite. Une nouvelle réunion des chevaliers de Walpurgis ne serait sans doute pas un luxe, les interrogations et la curiosité du jeune homme seraient donc rapidement satisfaits. En attendant, Tom tournait déjà les talons, prêt à retourner à ces activités qui devaient le faire passer aux yeux de tous pour un simple étudiant. Brillant, certes, mais simple étudiant tout de même.
Comme si un simple étudiant pouvait faire passer ce genre de marché avec ses camarades...

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