L'information lui était parvenu il y quelques jours par une de ses nombreuses sources au ministère. Elle savait déjà que la jeune fille qu'elle avait interrogée prétendait venir du futur avec ses amis. Ce qu'elle n'avait pas vu venir c'est que l'un de ses voyageurs temporels prétendait s'appeler Harry Potter. Purdey n'avait connu qu'un seul Potter portant ce nom et il était mort bien avant qu'elle ne rencontre Angus.
Si elle s'était retrouvée mêlée à cet histoire c'était d'abord par intérêt, pas dans le sens où elle avait quelque chose à y gagner mais plutôt dans le sens premier du terme. L'ancienne auror s'était intéressée à l'affaire mais voilà que cette dernière la touchait personnellement. A la mort de son mari c'était elle qui était devenu responsable de la famille et du nom Potter. Un nom prestigieux liée à une ancienne famille et dont elle était la garante désormais. Il était donc évident pour Purdey qu'elle devait savoir si ce Harry était vraiment un Potter ou seulement un imposteur. Si il était véritablement de la famille alors il était de son devoir à elle de le protéger, voire même de réclamer sa garde, et si il était un imposteur...hé bien il apprendrait ce qu'il en coûte de voler le nom d'une famille aussi prestigieuse.
Seule dans son bureau elle avait passée de longues heures à réfléchir sur la chose, la fumée de sa pipe envahissant la pièce d'une forte odeur de tabac. Finalement elle appela Porgrunn, son elfe de maison, et lui dit de s'occuper des enfants en son absence alors qu'elle éteignait sa pipe. Purdey s'empara de son imperméable noir qu'elle mit avant de saisir son balai que lui tendait l'elfe de maison.  Elle décolla une fois dehors et se dirigea immédiatement vers le manoir où Luna avait été arrêtée quelques mois plus tôt.  

Durant le trajet elle continuait à essayer de mettre les pièces du puzzle dans le bon ordre, s'il était un Potter cela expliquerait certains traits physiques lui rappelant elle, Angus ou un des jumeaux (particulièrement Rhian d'ailleurs). D'ailleurs si il portait le nom Potter, cela impliquait également qu'il était le fils ou le petit-fils de Rhian...ou que Cenlyn allait être une fille-mère, une pensée qui ne la rassurait pas. Elle se posa avec élégance dans le jardin et sonna à la porte, coup de chance ce fut William, enfin Harry, qui lui ouvrit. Il lui parla comme si de rien n'était, elle sentit une sourde colère monter en elle. Il devait savoir pourquoi elle était là, que cela ne relevait ni du hasard ni de la visite de courtoisie. Aussi elle choisit de mettre directement les pieds dans le plat, sans préambule ni introduction :

- Je sais tout William ou devrais-je Harry...Potter ? Toi et moi on a beaucoup de choses à se dire tu ne crois pas ?

Il s'écarta sans rien dire et Purdey rentra, elle vit volte-face alors qu'il refermait la porte. Les yeux très expressifs de la galloise plongèrent dans ceux de son « descendant »  et on pouvait clairement voir derrière l'air buté et décidé une petite étincelle de colère.

Purdey regarda ce garçon qui se prétendait de sa famille, elle lut sa tension et son anxiété sur son visage comme dans un livre ouvert. L'ancienne auror voyait sur ce jeune homme les marques sur le front, l'air buté dans les yeux. Clairement il ne voulait pas la voir ici, elle voyait même comme une peur au fond du regard du jeune gryffondor. La galloise s'assit en face de William et plongea ses grands yeux dans les siens, son regard exprimant clairement une farouche envie de savoir. Têtue comme une mule, Purdey ne bougerait pas d'ici avant d'avoir eu les réponses qu'elle voulait, elle s'était déjà mise en mode interrogatoire. Son ton s'était instantanément durci à la réponse de William...ou Harry elle n'était pas sûr de comment elle devait l'appeler :

- Oh au contraire, on a beaucoup à se dire. Tu me dois des explications...que ton récit soit vrai ou non.

Son regard d'acier ne quitta pas celui du jeune homme, elle n'était pas aussi menaçante qu'en interrogatoire. Si elle avait voulu lui faire peur elle en aurait été largement capable mais tel n'était pas son intention. Il y avait toujours cette probabilité qu'il soit bien un Potter, c'était si il ne l'était pas qu'elle deviendrait vraiment menaçante. Pour le moment la belle voulait juste démêler le vrai du faux. Elle joua carte sur table à son interlocuteur :

- Depuis la mort d'Angus, mon mari, je suis la chef de famille. Cette charge signifie également que je suis la garante de l’intégrité du nom Potter contre les calomnieurs...ainsi que les éventuels imposteurs ou plus fou les voyageurs du futur...

Elle appuya bien sur les derniers mots pour faire passer le message déjà fort clair de son avis. Déjà la réaction de l'élève, possible voyageur du temps, allait en dire long sur la réalité de sa situation. Certes elle se rappelait que cet adolescent semblait important aux yeux de Dumbledore, après tout il lui avait demandé de le protéger discrètement. Cela voulait sans nul doute dire qu'il était important pour l'homme qui avait vaincu Grindelwald, mais Purdey voulait savoir la vérité. Si ce gryffondor était un vrai Potter alors il faisait partie de la famille et elle devait le protéger au même titre que ses enfants. Si cela n'était pas le cas alors il en coûterait à William pour avoir usurpé le nom de son mari et de ses enfants, elle-même avait une tendance à considérer qu'elle ne faisait qu'emprunter le nom jusqu'à ce qu'à la majorité de ses enfants.

Dans sa réponse évasive, son arrière petit-fils en avait largement plus sous-entendu qu'il ne le voulait. S'il était le chef de la famille et le garant du nom Potter alors cela voulait dire qu'à son époque les Potter allait très mal. Vu sa jeunesse cela voulait dire soit qu'il était tout seul ou alors qu'il était l’aîné, il y avait également la possibilité d'une paternité très précoce mais Purdey trouvait cette idée trop étrange pour être réellement sérieuse.

Le regard acéré de son arrière-grand-mère analysa le jeune homme dans les moindres détails, le moindre tic de langage, la moindre petite gestuelle qui trahirait ce qui se cache derrière son apparence et ses paroles. L'ancienne Auror savait reconnaître comme personne quand quelqu'un mentait. Les gestes de nervosité, le regard fuyant, etc...Purdey voyait tout et savait briser le mensonge pour obtenir la vérité. Elle était étonnée de voir qu'aucun de ses tics habituelles n'était visible chez ce jeune homme qui se disait de sa famille. Etait-il possible qu'il dise la vérité ? Qu'il soit venu du futur ? Aulne Quibber lui avait déjà sorti une histoire similaire lors de son interrogatoire. Si elle avait cru à son innocence, son esprit rationnel avait toujours le plus grand mal à concevoir cette hypothèse. Cela semblait tout droit sorti d'un roman fantastique pour les gosses or on n'était pas un roman ici c'était le monde réel ! Certes par rapport au monde moldu beaucoup de choses était possibles mais on ne pouvait pas remonter le temps...tout comme il était impossible de ressusciter les morts.

Elle sortit sa pipe et d'un regard demanda si elle pouvait fumer ici. Elle bourra sa pipe avec du tabac et l'alluma lentement avec une allumette.  Purdey exhala quelques bouffées de fumée, l'odeur forte et puissante du tabac naturel emplit la pièce. Le silence dura encore quelques secondes, le temps que la galloise profite de la saveur du tabac avant de répondre à Harry :

- Durant son interrogatoire Aulne m'a soutenu qu'elle venait du passé...tout comme toi

Elle se cala au fond du canapé, exhala une bouffée de fumée et continua :

- De son innocence j'en étais sûr même si j'ai toujours du mal à croire son histoire...seulement voilà vous êtes maintenant deux à me dire cette histoire, raconte-moi tout...sans rien oublier

Purdey avait absolument besoin de savoir ce qui se passait et il lui manquait tellement de données dans cette histoire. Dumbledore lui avait demandé de protéger William Black, elle ne savait absolument pas pourquoi. S'il était un Potter du futur cela pourrait expliquer mais pourquoi une telle importance ?  Il était clair dans l'hypothèse où il était de sa famille elle devait s'en occuper et le protéger jusqu'à ce qu'il puisse se défendre seul. Les Potter comme les Camron tiraient leur force de leur union et de leur solidarité sans faille. Cela ne voulait pas dire qu'elle acceptait l'idée qu'il soit venu du futur, juste qu'elle avait besoin de comparer sa version à celle d'Aulne dont elle savait qu'il était juste.

Purdey écouta attentivement les paroles de son descendant, ses grands yeux ne le quittait pas d'un pouce. Il était scruté, analysé dans les moindres détails à la recherche d'un quelconque indice pouvant révéler un mensonge. Mentalement elle comparait également la version de William Black à celle de Aulne Quibber, où plutôt celle d'Harry Potter et Luna Lovegood. Le plus grand atout de Purdey était sa mémoire absolue, elle se rappelait d'absolument tout ce qu'elle voyait et ce qui se disait dans les moindres détails.  Toutefois ce qui faisait que le témoignage de Luna était gravé dans la mémoire de l'Auror était surtout son incongruité. Dans toute sa carrière elle en avait entendu des histoires bizarres, glauques ou étranges mais jamais un suspect lui avait raconté venir du futur...et en plus ne pas mentir.  La version d'Harry correspondait en tout point à celle de son amie, certes on aurait pu conclure qu'ils avaient eu le temps de la travailler mais comme Luna disait la vérité alors ce jeune homme aussi.
Elle avait pourtant toujours du mal à concevoir cette vérité, son trouble se vit dans le masque pourtant impénétrable qu'elle arborait. S'il disait la vérité alors il était du devoir de Purdey de le protéger et veiller sur lui. Tous les tests possibles avait été effectué sur Luna et son  récit s'était révélée vrai à chaque fois, elle n'avait par conséquent aucune raison de douter du récit de Will..non Harry.  Après quelques secondes de silence, le temps pour elle de digérer les informations, elle répondit enfin :

- Ton récit correspond à celui de Luna, en temps normal j'aurais toutes les raisons de penser que vous avez bossé votre mensonge ou votre folie...si je n'avais pas la preuve que Luna ne mentait pas

La fumée sortit en volutes blancs de la bouche de la galloise, le brasier rouge de la pipe se raviva quand elle prit une autre bouffée. Elle exhala et demanda si elle pouvait faire un ultime test, un sortilège de compatibilité. Un des pionniers des Aurors médicomagiques avait mis au point ce sort qui permettait grâce à un échantillon de sang d'identifier une victime ou de confondre un coupable. Par extension, le sort pouvait également identifier deux personnes comme étant liés par les liens du sang. Purdey se fit une petite entaille  dans la main et y trempa sa baguette en murmurant une formule. Elle répéta la même pour Harry et de la baguette partirent des volutes verts, signe qu'ils étaient de la même famille.

La galloise agita sa baguette pour annuler le sort et la rangea dans sa poche. Son visage soucieux s'était fait plus léger même si ses grands yeux si expressifs montrait toujours le trouble et l'inquiétude de leur propriétaire. Cette question de la parenté résolue, beaucoup d'autres se bousculaient désormais. S'il était un Potter alors le devoir de Purdey était de s'en occuper et de le protéger mais comment le faire sans que ses enfants s'en rende compte ? Leur dire la vérité était complètement exclue mais pour autant elle ne pouvait leur mentir. Les petits diables découvriraient la vérité tôt ou tard et c'était bien plus qu'ils ne pouvaient supporter.  La professeure se leva et regarda le jardin par la fenêtre. Un silence pensant s'était installé sans qu'aucun des deux ne semble savoir comment le briser. Finalement ce fut  Purdey qui le fit :

- Je ne sais pas comment c'est dans ton époque mais ici les Potter veillent les uns sur les autres et se protègent.  Je t'enverrai de l'argent tous les mois, si tu as besoin de quoi que ce soit mon bureau comme ma maison te sont ouvert. Si tu veux je ferais les démarches auprès du ministère pour que je sois ta tutrice en attendant ta majorité. Si tu étais venu plus tôt vers moi nous aurions pu trouver un mensonge, te faire passer pour un cousin ou quelque chose comme ça afin que tu puisses passer les vacances avec nous sans éveiller les soupçons de Cenlyn et Rhian mais là...ils ne comprendraient pas pourquoi soudain William Black est de la famille. S'ils te voient chez moi tu dis que je te donne des cours particuliers pour devenir joueur de Quidditch. Autrement je t'interdis de leur parler, tu restes loin d'eux et tu ne leur dis rien, tu m'as compris ?

Elle fit volte-face et regarda son descendant droit dans les yeux, son regard attendant une réponse de la part de celui-ci. Elle ne savait pas ce qu'elle était par rapport à lui, ni même si lui connaissait son existence. Purdey s'était adouci, si son visage restait soucieux on pouvait pourtant y voir de la douceur. Elle voulait vraiment que Will...non Harry comprennent qu'il avait maintenant quelqu'un sur qui compter, une famille...