The brother who lights your way

Au fil du temps, les pièces du puzzle se rejoignent pour former un dessin de plus en plus précis et de plus en plus satisfaisant. Je dois bien le dire, je suis très fier de ce que je suis en train d'accomplir. Sans considérer que mes plans soient infaillibles ou que je sois invincible, je peux tout de même reconnaître que je suis sur la meilleure voie possible. Mes projets n'ont pas été percés à jours, j'ai des hommes dans des secteurs variés, et une idée de plus en plus précise de ce que sera mon empire, notre empire. Et il n'y a pas que sur ce plan que la situation abonde dans ma seule direction... qui est après tout celle aussi de tous ceux qui m'ont rejoint et qui croient en moi.

Car à ce jour, il y a également Augustus. En ce qui le concerne, je ne suis pas responsable de grand chose. Cette situation, je le dois entièrement à Lucretia, qui a su mener cette affaire d'une main de maître. En même temps, je n'en ai jamais vraiment douté. Je savais qu'elle serait parfaite et qu'elle accomplirait cette mission, qu'elle s'est personnellement fixée, avec tout le talent qui la caractérise si bien. Elle a été parfaite, une inspiration... Comme toujours, somme toute. Et dorénavant, eh bien, nous sommes pour ainsi dire parents. Pas de chair et de sang, soit, mais je pense que le mal qui a été consacré à l'obtention d'Augustus vaut bien tous les labeurs physiques imaginables.

C'est un événement, un événement que je veux bien sûr partager avec mes proches, avec ma famille, donc, et avec mon frère évidemment. Bien sûr, même à lui, je ne pourrais pas dire toute la vérité. Il me le reprochera peut-être un jour mais peu importe, il comprendra aussi. Je sais qu'Alastor fait de son mieux, presque constamment, pour briller à mes yeux. J'apprécie qu'il se donne ce mal et je ne fait pas grand-chose pour l'en empêcher, je dois bien le dire.

Je l'ai donc invité chez moi. Lucretia n'est pas là, je n'ai invité que lui, sans son épouse. Ainsi nous pourrons parler tranquillement, seul à seul. Des changements récents, mais aussi de l'Hydre tant qu'à faire. L'elfe de maison lui ouvre et le conduit dans le salon, où je l'attends.

-Alastor, merci d'être venu. Comment vas-tu ?

The brother who lights your way

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Alastor avait été vraiment heureux en recevant l’invitation de son frère. En soit, ce n’était rien d’exceptionnel, mais Alastor était toujours plus que content de voir son frère. Ignatius ce n’était pas juste son grand frère, c’était son modèle, son guide. Il se sentirait perdu s’il ne l’avait pas dans sa vie, et il ne l’avait jamais caché. Ignatius tenait le rôle du grand frère à merveille, il ne pouvait pas dire le contraire, ni personne d’ailleurs. Alastor n’avait jamais eu à se plaindre, même si certains diraient qu’Ignatius avait un peu profité de l’influence qu’il avait sur lui, et qu’il continuait de le faire. Mais ce n’était pas un problème dans tous les cas, et Alastor, s’il s’en rendait compte, s’en fichait bien. Il n’y avait que la reconnaissance de son aîné qui comptait pour lui.

On pouvait peut-être croire, ou prétendre qu’il était niais de sa part et naïf de penser ce genre de choses, mais Alastor ne voyait pas le mal. Sans vraie raison particulière, Alastor a toujours voulu plus impressionner son frère que son père. Pourtant, il aimait son père, et sa mère, il n’y avait pas de soucis. Mais il trouvait plus fierté à voir certaines choses dans les yeux de son frère que dans ceux de son père. Chacun était différent de toute façon. Heureusement en un sens, si les hommes pensaient tous de la même manière, ce serait plus triste, mais en même temps, il y aurait beaucoup moins de conflits, voire plus du tout, c’était une vérité. Mais ce n’était pas du tout le sujet.

Quoiqu’il en soit, c’était toujours un plaisir pour le sang-pur d’aller rendre visite à son frère. Surtout quand c’était ce dernier qui prenait l’initiative de l’inviter, au moins, cela lui témoignait qu’Ignatius se souciait un peu de lui, ne serait-ce qu’un minimum. C’était toujours ça de pris, surtout pour Alastor, cela va sans dire. Arrivé devant sa porte, il sonna tranquillement, jusqu’à ce que l’elfe de la maison vienne lui ouvrir ladite porte.

Il suivit l’elfe jusqu’au salon où son frère l’attendait. Alastor lui adressa un sourire gai, mais sans trop en faire, il ne fallait pas trop exagérer non plus. C’était son frère pas son dieu. Il s’installa, il avait l’habitude, il n’avait plus vraiment besoin d’attendre qu’Ignatius lui dise de le faire.

-Alastor, merci d'être venu. Comment vas-tu ?

Il était rare qu’Alastor décline une invitation de son frère. Juste en cas de force majeur, donc si un de ses fils était malade par exemple. Ses enfants passaient avant tout, c’était une des raisons pour laquelle il avait rejoint l’Hydre, parce qu’Ignatius lui avait affirmé que son projet les protégerait dans le futur. Et il le croyait, naturellement.

« C’est normal je t’en prie. Je vais très bien merci, et toi ? »

black pumpkin

Je hoche simplement la tête quand mon frère me dit que sa réponse favorable à mon invitation, je suis bien d'accord avec lui, c'est parfaitement normal, surtout de la part d'Alastor. Si ce dernier devait, du jour au lendemain, décidet de m'ignorer ou de ne plus répondre à mes invitations, je me méfierais très largement. Je le connais, et surtout je sais à quel point il souhaite être présent à mes côtés et me rendre fier. Je l'invite, il rapplique, c'est la moindre des choses en fin de compte.

On me dira que ce n'est pas franchement très sain de ma part que de profiter de l'admiration que me porte mon frère, mais je répondrais à ces individus que je n'ai rien fait de particulier pour susciter cette admiration (même si je suppose que c'est naturel chez moi d'éveiller une telle impression). Et puis, Alastor reste mon frère, tout de même, et je tiens à lui. Suffisamment en tout cas pour m'intéresser à sa vie et me sentir satisfait d'entendre qu'il va bien. Parce que je suis loin de vouloir son malheur d'une part, bien sûr, et ensuite parce qu'on est toujours plus efficace quand on a le moral au beau fixe.

-Je vais bien, je confirme en retour. Les affaires marchent bien. Par "affaires", je parle aussi bien de Gringotts (où j'espère m'asseoir à la place de Londubat incessamment sous peu) que de l'Hydre (même si nous avons encore un long chemin à faire de ce point de vue). Et Augustus est adorable, j'ai rarement vu Lucretia aussi heureuse.

Je ne suis pas rentré dans les détails de nos manigances pour obtenir cet enfant. Avec Lucretia, nous avons estimé que nous devrions demeurer les seuls à savoir que Gabrielle Rookwood n'aurait jamais fini à Sainte-Mangouste si nous n'y avions pas veillé. Alastor sait donc seulement que nous avons pris le petit sous notre aile puisque ses parents nous l'ont confié. C'est suffisant.

-Et toi ? Le travail ? La famille ?

Ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus mais il est après tout entièrement naturel de nous concentrer sur nos vies respectives avant de passer à des sujets de conversation éventuellement plus passionnants que cela. Encore que cela peut parfois revêtir un intérêt que l'on imaginait totalement insoupçonné.

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Alastor ne rechignait jamais à l’idée de passer du temps avec son grand frère, c’était même tout l’inverse. Il cherchait souvent sa présence, parce qu’Ignatius était un modèle pour lui dans tous les domaines, sauf peut-être la paternité. Pour cela, Alastor se débrouillait seul, et il se débrouillait plutôt bien. Quoique depuis récemment, Ignatius élevait un enfant avec sa femme, Alastor n’avait pas compris exactement toute l’histoire mais le plus important était qu’Ignatius soit heureux avec cet enfant. Même si ce n’était pas vraiment le sien. Mais bon, dans l’ensemble, il était content pour lui.

Enfin bref, cela n’enlevait rien au fait qu’Alastor était plus que ravi de voir son frère. Il se doutait bien qu’Ignatius était bien plus modéré que lui à ce sujet, mais cela ne faisait rien. Ce n’était pas comme si c’était une nouveauté. Alastor était de toute évidence bien plus attaché à Ignatius que ce dernier ne l’était par rapport à lui, mais cela n’avait aucune importance. Tant qu’il avait un peu de son affection, et de sa considération, cela lui suffisait. Si son frère l’invitait, c’est que cela devait être le cas, du moins, c’est que qu’Alastor avait envie de croire. Même s’il était toujours bien difficile de savoir ce que son aîné avant dans la tête.

-Je vais bien. Les affaires marchent bien. Et Augustus est adorable, j'ai rarement vu Lucretia aussi heureuse.

Il était vraiment content pour son frère. De savoir qu’il allait bien, que tout était bien pour lui. Il savait qu’il avait toujours voulu avoir des enfants, sans succès, alors maintenant, il pouvait enfin avoir ce qu’il voulait, et il ne doutait pas que son frère soit un très bon père. Par contre, en toute honnêteté, savoir Lucretia heureuse ne faisait ni chaud ni froid à Alastor, pour la simple et bonne raison qu’ils ne s’appréciaient pas du tout. Pour diverses raisons, mais c’était comme ça.

-Et toi ? Le travail ? La famille ?

Alastor n’avait pas à se plaindre de son côté, tout allait bien. Tout se passait bien au travail, il gravissait tranquillement les échelons. Quant à sa vie plus privée, il était très heureux. Il n’avait pas de soucis avec sa femme, et il adorait toujours autant ses deux fils. Alors vraiment, il n’avait pas de raison de se plaindre. En aucun cas.

« Je suis vraiment content pour toi. Moi ça va, tout va bien. Que ce soit le travail ou la famille, je ne me plains pas. »

black pumpkin

J'affiche un sourire, sincère pour la peine, quand mon frère m'assure qu'il est heureux pour moi. Je suis absolument convaincu de son honnêteté. S'il n'est question de Lucretia, je sais qu'Alastor est la personne la plus susceptible de se soucier honnêtement de moi, et il est certain qu'il est agréable d'avoir à ses côtés des personnes pour qui vous comptez sincèrement. Ainsi, l'on peut s'assurer d'avoir au moins quelques rares personnes fiables et loyales, dont il ne sera jamais question de remettre en cause la sincérité et la fidélité.

De son côté aussi, semble-t-il, il n'a pas à se plaindre. J'aurais souhaité qu'Alastor entre davantage dans les détails, mais je le connais, je sais qu'il s'épanche rarement sur lui-même. Ceci dit, je préfère entendre ça que de mauvaises nouvelles, même si je ne suis pas surpris. Je sais qu'Alastor est un bon époux et un bon père. Ce n'est pas une surprise. De même pour son travail, je sais parfaitement qu'il est sérieux et assidu, ce qui prouve une fois encore qu'il est la personne la plus fiable que je connaisse, ce que je peux me permettre d'affirmer honnêtement sans être totalement biaisé par le fait que, eh oui, c'est mon frère, alors forcément, de quel autre côté pourrais-je me ranger sinon du sien.

-Tu ne te plains jamais, j'observe tout de même avec un fin sourire, pas tant pour le lui reprocher que pour tenter d'en glaner davantage.

En même temps, c'est la vérité, Alastor n'est vraiment pas du genre à se plaindre. Ce qui ne signifie pas que cela ne lui arrive jamais, évidemment, mais en tout cas il s'épargne toujours de le faire en ma présence. Je ne crois l'avoir vu hausser le ton qu'en de très très rares occasions, et ce n'était jamais à mon adresse.

-Ce n'est pas parce qu'on ne se plaint pas qu'on n'a aucune raison de se plaindre. Mais je vais devoir te croire sur parole, dans ce cas. Je marque une pause. Rien de croustillant ou de nouveau à m'apprendre, alors ? je l'interroge.

Le tout est léger mais la question honnête, je dirais même légitime. Parce qu'elle peut brasser plus d'un sujet, et il le sait. Nous pouvons en rester à des considérations toutes familiales ou nous focaliser sur notre... autre centre d'intérêt.

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Il est vrai qu’Alastor ne s’attendait plus vraiment à voir Ignatius voir père, mais bon, il était content pour lui, même si la situation restait spéciale, et que… eh bien Augustus n’était pas leur enfant. Peut-être même qu’ils ne le garderaient pas éternellement. Que sa famille le récupèrerait un jour ou l’autre, après tout. Mais Alastor ne préférait pas parler de tout cela avec Ignatius, parce qu’il ne voulait pas le blesser, ou l’énerver. Alors autant juste lui dire qu’il était content pour lui. Ce qui était vrai dans le fond, pas forcément dans la forme. Mais ce n’était pas le plus important.

Quoiqu’il en soit, Alastor ne pouvait que souhaiter le bonheur de son grand frère. Il voulait vraiment qu’il le soit. Peut-être que tout se passerait bien avec Augustus, de toute façon, quelle que soit la durée de son séjour chez les Prewett, il savait très bien qu’Ignatius serait un très bon père, il l’avait déjà vu à l’œuvre avec ses fils, et il était vraiment bon avec les enfants, donc il ne devrait pas y avoir de soucis. Ce n’était que des bonnes nouvelles en tout cas, par pour tout le monde, mais pour Ignatius, ce qui était le principal. Du moins du point de vue d’Alastor.

-Tu ne te plains jamais.

Il sourit légèrement. Ignatius n’avait pas tort. Alastor n’avait jamais été quelqu’un qui se plaignait, depuis tout petit. Mais en même temps, il n’avait pas de raison de se plaindre. Si sa vie n’était pas un paradis, il s’en satisfaisait très bien. Il avait ce qu’il souhaitait, une femme et des enfants, il était toujours aussi proche de son frère et l’aidait dans ses projets, il avait un travail qu’il appréciait, non vraiment, il n’avait aucune raison de se plaindre. Il pourrait en trouver, comme par exemple la nouvelle épouse d’Ignatius, mais ce n’était pas des sujets abordables avec lui.

-Ce n'est pas parce qu'on ne se plaint pas qu'on n'a aucune raison de se plaindre. Mais je vais devoir te croire sur parole, dans ce cas. Rien de croustillant ou de nouveau à m'apprendre, alors ?

Il comprenait où il voulait en venir, mais malheureusement, il n’allait pas pouvoir le contenter. Alastor n’avait rien d’intéressant à apprendre à son frère. Que ce soit à son sujet ou celui de l’Hydre. Les choses étaient plutôt calmes, il n’y avait rien eu non plus au Ministère, même si cela restait un peu tendue chez les Aurors depuis le problème avec Beresford. Mais sinon… il n’avait rien de neuf.

« Malheureusement, non. Tout est en état de faux calme. Tout le monde se regarde du coin de l’œil, se jauge, se juge. Quelqu’un va peut-être finir par faire quelque chose de regrettable avec toute cette tension. Mais pour le moment, rien à signaler. »

black pumpkin

Un état de faux calme, c'est en effet une très bonne manière de résumer les choses. C'est cette espèce d'accalmie qui précède toutes les tempêtes, et il serait difficile de dire par où les problèmes pourraient bien advenir. En l'occurrence, je ne saurais dire si c'est une bonne chose ou non. C'est plus simple d'agir dans le vrai calme ou dans la vraie tempête, mais nous allons devoir agir avec les moyens dont nous disposons. Ils ne sont pas moindres, après tout. Et nous devrions nous en sortir sans dommages.

L'heure est à la défiance, presque à la paranoïa, comme Alastor le transcrit à sa manière en affirmant que tout le monde se jauge du coin de l'oeil. Il y a eu suffisamment d'exemples de traîtrise au sein de la communauté sorcière pour que ce soit un réflexe naturel, et je pense que Jedusor, en dépit tout le mal que je pense de lui (ce n'est pas peu dire), a parfaitement conscience de cela et en joue. Ce qui est tout naturel, ce qui est normal. Et il sera de bon ton que l'Hydre en joue également de son propre côté. Une tension qui finira forcément par coûter cher à quelqu'un. Ou à quelques uns serait plus exact.

-Quelque chose de regrettable ? Pour nous, tu veux dire ? je demande avec curiosité, surtout pour inviter son frère à pousser plus loin son discours, à mettre des mots plus concrets sur ses inquiétudes. Tu aurais des doutes ?

Après tout, aucun faux pas ne peut vraiment être qualifié de regrettable pour peu qu'il ne nous mette pas des bâtons dans les roues. Pour peu qu'il ne vienne pas de l'un d'entre nous, en somme. Je suis plutôt fier de mes recrues. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai en eux une confiance aveugle, mais une confiance certaine malgré tout. Après tout, bien sûr que mes recrues sont plus que convenables puisque c'est moi qui les ai choisies ?

Forcément, il ne peut pas en être autrement. Mais si des doutes demeurent, et si Alastor a des raisons concrètes d'en exprimer. Je me dois de les entendre. Je n'ai aucune intention de me laisser prendre au dépourvu. Il en est même hors de question. Je sais que s'il y en a un dont je n'aurais jamais à remettre en question la loyauté, c'est bien Alastor.

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Alastor n’était pas très serein face à la situation qui se profilait. Il ne travaillait pas directement au bureau des Aurors, puisqu’il n’était pas un Auror, mais il collaborait quelques fois avec eux, quand la situation l’exigeait et il y en avait qu’il connaissait bien. Mais ce n’était pas le plus important. Le fait qu’il avait été révélé qu’un Mangemort était infiltré au bureau des Aurors avait quelque peu chamboulé le Ministère, et cela ne présageait rien de bon. Les gens allaient devenir plus suspicieux, et probablement un brin parano aussi.

Là où ils avaient de la chance, c’est que l’Hydre demeurait toujours secrète à ce jour, et c’était tant mieux. Mais bon, on ne savait jamais ce qu’il pouvait se passer. Alastor savait qu’il ne devait pas être pessimiste, ce n’était d’ailleurs pas du tout dans sa nature, mais là, l’atmosphère était vraiment lourde et pesante. Il n’avait pas envie que quelqu’un comette une erreur, quelle qu’elle soit, et que cela puisse leur nuire, surtout à son frère. C’était quand même lui le chef, et l’instigateur de tout cela, et il n’avait aucune envie qu’il soit mis en première position. Même s’il n’y avait aucune raison que qui que ce soit le soupçonne de quoi que ce soit.

-Quelque chose de regrettable ? Pour nous, tu veux dire ? Tu aurais des doutes ?

C’était difficile à dire. Il ne savait pas si l’Hydre allait être directement impactée ou non, il n’espérait pas, mais les choses n’étaient pas vraiment à leur avantage. Spécialement parce que beaucoup de regards étaient portés sur Seth Beresford, et que ce dernier avait rejoint l’Hydre. Il était recherché comme Mangemort, mais cela ne changeait pas grand-chose. Il se doutait qu’Ignatius ne recrutait pas n’importe qui, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être tout de même un peu inquiet sur toute cette situation. Pas qu’au sujet de Seth, sur l’ensemble de la situation et du contexte actuel. Mais bon, il faisait tout de même confiance à son frère.

Il espérait que les choses allaient s’apaiser avec le temps. Si rien d’autre de fâcheux ne se produisait, peut-être que les gens baisseraient progressivement leur garde. Mais pour le moment, rien n’était prévisible, alors il valait mieux rester vigilant. Enfin, juste ouvrir un peu plus l’œil, il n’y avait pas forcément besoin de regarder toujours derrière soi non plus.

« Je ne saurai pas dire. Mais en tout cas, ça ne sent pas bon. Beresford, tu lui fais vraiment confiance ? »

black pumpkin

Alastor me répète que ça ne sent pas bon. J'apprécierais qu'il soit plus précis. Je n'aime pas les simples sous-entendus qui se basent sur des impressions. Etant donné ce que nous cherchons à construire, nous ne pouvons pas nous payer le luxe de faire dans l'approximation. Non, j'ai besoin de faits, de données concrètes. En ce qui me concerne, j'estime que nous nous trouvons à l'heure actuelle dans une excellente situation, et même si, bien sûr, la dangerosité de notre ordre suggère que rien ne sera jamais complètement simple, j'ai plutôt le sentiment que la situation abonde largement dans notre sens.

Nos fidèles se font de plus en plus nombreux à mesure que le temps passe, les ennemis sont fragilisés d'un côté comme de l'autre... Je n'ai pas l'intention d'être aveugle aux appréhensions de mon frère, ce serait commettre une erreur que de m'estimer surpuissant. S'il a le moindre soupçon, j'ai besoin d'en connaître la nature, mais pour cela, je veux pouvoir me fier à plus qu'une intuition. Ce n'est pas assez pour me faire ma propre vision des choses.

-Je ne fais confiance à personne, je réponds simplement quand Alastor me demande ce que je pense de Seth. C'est donc sur lui que repose sa défiance ? Soit, c'est en partie compréhensible, mais de nos nouveaux fidèles, Seth Beresford est l'un de ceux qui m'inquiète le moins.

Ceci dit, c'est un fait, je trouverais stupide d'accorder une pleine et entière confiance à aucun des membres de l'Hydre. Mener une organisation peuplée de traîtres et ne redouter aucune trahison serait faire preuve de naïveté. Il y a une part de risque dans le processus, mais le risque est calculé.

-Mais le cas Beresford ne m'inquiète pas le moins du monde. Il n'a plus aucun camp auquel se rallier quoi qu'il en soit.

Les mangemorts et les Aurors l'avaient rejeté, alors au mieux pouvait-on dire que le seul camp auquel il était assujetti était le sien propre. Mais quand bien même... il ne leur causerait aucun problème. Dans le pire des cas, les Aurors et les mangemorts régleraient son sort et tant pis. Aucun membre de l'Hydre n'était irremplaçable, pas même Alastor sous mes yeux. Je pense qu'il est de meilleur ton de se focaliser sur l'ennemi que sur ses alliés, même si les surveiller reste une bonne chose.

-Je garde chacun de vous à l'oeil, sois-en sûr.

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Alastor se montrait peut-être un brin pessimiste, mais il faut dire que la situation au Ministère était parfois un peu pesante. Pas tout le temps, et pas avec tout le monde certes, mais dans sa branche, ils étaient parfois amenés à travailler avec les Aurors, et certains d’entre eux étaient sous pression, c’était évident. Après, bien sûr, il pouvait y avoir de nombreux facteurs à cela, mais Alastor préférait être préparé à toute éventualité, sans tomber dans la paranoïa, bien évidemment. En tout cas, il espérait que personne ne commettrait d’acte susceptible de déclencher une chasse à la sorcière, c’était le cas de le dire.

Ce n’était qu’une intuition qu’il avait, il n’avait rien de concret à donner à son frère, mais il trouvait tout de même cela bien de lui donner. Même si ce n’était pas à son… chef, il le disait aussi à son frère. Alastor ne dissociait pas vraiment les deux, pour lui, il était toujours en train de parler avec son frère, et il s’inquiétait pour lui. Il n’était pas en danger, mais il n’avait pas envie qu’il le soit, qu’on le trahisse ou qu’il regrette certains choix qu’il avait fait. En tant que petit frère, c’était normal qu’il veuille le protéger non ?

-Je ne fais confiance à personne.

Alastor savait qu’il était compris dans le « personne », et cela ne faisait pas vraiment plaisir à entendre, mais bon, Ignatius était comme ça, il avait appris à faire avec. Ce n’était pas bien grave au final, même si Alastor aurait aimé qu’il en soit autrement. Au moins, il ne se faisait pas de fausses idées, c’était déjà ça. Et puis, Ignatius prenait ses précautions, ce n’était pas plus mal.

-Mais le cas Beresford ne m'inquiète pas le moins du monde. Il n'a plus aucun camp auquel se rallier quoi qu'il en soit. Je garde chacun de vous à l'oeil, sois-en sûr.

Il le croyait s’il disait qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Après tout, il ne connaissait pas Seth, il avait dû le voir une ou deux fois, et étant donné qu’il était dans une situation compliquée, Alastor n’était pas vraiment rassuré. Mais bon, il faisait confiance en son frère. Il voulait juste s’assurer qu’Ignatius savait ce qu’il faisait, et apparemment, c’était le cas, donc c’était une bonne chose.

« Je n’en doute pas, tu as toujours su avoir une vue d’ensemble sur tout. Tant que tu maîtrises parfaitement la situation, alors tout va bien. Je te fais confiance dans tous les cas. »

black pumpkin

La compagnie d'Alastor ne cesse d'être bonne pour mon ego. Il me conforte dans tout ce que je pense déjà de mon côté. Je n'ai aucun besoin d'être rassurée, que ce soit au sujet des mes aptitudes ou au sujet de mes projets, mais il est toujours agréable d'obtenir l'approbation d'une personne que l'on estime loyale.

Et c'est le cas de mon frère. Je peux me méfier de tout le monde, et par principe, je garde une marge de défiance pour Alastor, mais quand je pense tout le monde capable de me duper ou de me tromper, je ne vois pas mon frère faire de même. Peut-être me décevra-t-il un jour ? C'est le plus grand risque que j'entrevois, mais ça s'arrête là. Et même ça, je ne pense pas que ça arrivera. Il tient trop à se montrer digne de ma confiance et de mon estime, c'est très bien.

-Je le sais, réponds-je simplement quand mon frère m'assure que je maîtrise la situation et qu'il me fait confiance.

Il y a tout intérêt en effet. L'un des plus grands risques que je pourrais prendre serait de perdre la confiance des membres de l'hydre. Pour peu que cette confiance s'essouffle, tout le reste pourrait bien s'effondrer tel un chateau de cartes. Je ne peux pas permettre que cela arrive. C'est l'absence de confiance qui ébranle doucement l'empire que ce nabot de Jedusor essaie de construre. Je ne laisserai pas la même chose se passer de mon côté. De ce point de vue, d'ailleurs, je bénéficierais bien d'un avis extérieur, de la part d'une personne qui n'a aucun lieu de me mentir, et tout intérêt, au contraire, à se montrer honnête en toutes circonstances.

-Y a-t-il d'autres personnes que tu estimes qu'il me faudrait garder à l'oeil plus attentivement ?

Hormis Beresford, mais j'ai bien conscience du cas qu'il représente et des problèmes qu'il pourrait potentiellement engendrer. Suffisamment pour ne pas véritablement m'en inquiéter, en tout cas. Alastor n'a peut-être pas encore eu le loisir de s'entretenir très longuement avec tous les membres de l'Hydre mais j'apprécierai assez de savoir ce qu'il peut bien penser de ceux qui sont à présent ses... camarades de fortune, je dirais.

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Ignatius était évidemment la personne en qui Alastor avait le plus confiance. Avec raison ou non, c’était ainsi depuis l’enfance, et cela ne risquait pas de changer. Son frère représentait presque tout pour lui, et il le suivrait quoiqu’il arrive. S’il n’était pas totalement convaincu par les idées véhiculées par l’Hydre, il faisait néanmoins confiance à son frère, quand il déclarait que cela mettrait leur monde plus en sécurité. S’il le disait, il pouvait le croire sans souci.

Quoiqu’il en soit, il ne doutait pas qu’Ignatius avait la situation bien en main, et qu’il savait ce qu’il faisait, et avec qui. Il ne prenait probablement pas n’importe qui dans son cercle, et prenait sans doute le temps de bien discuter avec eux avant de leur laisser une place ou non. Mais cela n’empêchait pas Alastor d’avoir sa propre opinion sur les « équipiers » qu’il avait.

-Je le sais.

Evidemment. Ignatius n’avait jamais été un homme particulièrement modeste, et il avait toujours eu une certaine assurance pour tout ce qu’il pouvait entreprendre. C’était quelque chose qu’Alastor lui enviait. Non pas qu’il ait des doutes, mais c’était toujours bien ne de pas sans cesse se poser des questions, avoir peur, ce genre de choses. Etre sûr de ce que l’on faisait, ce que l’on disait, c’était une bonne chose à son sens. Du moins, c’est ainsi que le plus jeune des deux voyait les choses. Quoiqu’il en soit, il était certain que son aîné savait déjà comment il allait procéder, et que son plan était parfaitement rodé. En même temps, il le fallait. S’il était l’instigateur de tout cela, il fallait qu’il en assume le rôle derrière, et qu’il soit de taille à faire les choses de la meilleure des manières.

-Y a-t-il d'autres personnes que tu estimes qu'il me faudrait garder à l'oeil plus attentivement ?

Alastor était tenté de répondre Lucretia, mais il savait que ça ne passerait pas. Ils ne s’entendaient pas ces deux-là, et il était certain qu’elle avait une mauvaise influence sur Ignatius, et qu’il fallait qu’il s’en méfie, mais bon, il préférait le garder pour lui. Il appréciait Phèdre et ne pensait pas qu’elle représente une menace. Avec Aaron ça ne passait pas trop mais pareil, il ne pensait pas qu’il puisse trahir Ignatius. Pour ce qui est de Lou et Leta, il ne leur avait jamais parlé, même si pour Lou, c’était un peu le même combat que Seth.

« Non, si tu les as acceptés, c’est que tu sais ce que tu fais. Et je n’ai pas de doutes sur les autres pour le moment. »

black pumpkin

Je hoche la tête avec un fin sourire quand Alastor affirme que puisque j'ai choisi les membres qui composent l'Hydre, c'est qu'ils sont dignes de confiance. J'ignore s'il est sincère en prononçant ces mots ou s'il abonde dans mon sens uniquement parce qu'il abondera toujours dans mon sens. Au fond, ça m'est égal, l'essentiel est qu'il me reste loyal, l'essentiel est qu'il sache où se situe son intérêt.

Je pense qu'il est important que je reste attentif à ses doutes malgré tout, car même si je le voudrais, je ne peux pas prétendre être infaillible. Et ma force, justement, qui à mon humble avis me distingue de l'ennemi, est que je suis capable de me remettre en question. Dans une moindre mesure, c'est vrai, car je mentirais si je disais que j'accepte tout de même tous les conseils qu'on peut me donner ou tous les reproches qu'on peut éventuellement me faire. Je retiens ce qu'il m'a dit concernant Seth, et c'est vrai que lui faire confiance aveuglément serait une erreur... malgré tout, je continue de croire en son inutilité, et surtout dans sa haine en notre ennemi commun, qui lui sera inaltérable.

-Très bien.

Cela m'arrange tout de même, je ne dirais pas le contraire, de ne pas avoir à refondre mes stratégies si quoi que ce soit d'alarmant ou de suspect avait dû être mis en avant. Mais visiblement, il n'en est rien, la mécanique reste correctement huilée, et la machine telle qu'elle est à l'heure actuelle me convient parfaitement. Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne pourra pas être améliorée. J'en suis convaincu.

-Même concernant Lucretia ? je me permets de demander tout de même, pas vraiment pour entendre sa réponse ou en tenir compte mais uniquement parce que je ne suis pas aveugle.

Je sais pertinemment qu'elle et Alastor ne s'entendent pas. C'est un conflit interne qui m'amuse plus qu'ils m'embarrasse, mais je dois quand même veiller à ce que cela continue de n'être que cela, et rien de plus. D'autant que d'un côté comme de l'autre, j'estime que les arguments ne sont pas franchement valides, que ce soit d'un côté ou encore de l'autre.

The brother who lights your way

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Si Alastor était sûr de quelque chose, c’est bien qu’Ignatius connaissait chaque membre de l’Hydre bien mieux que lui, ce qui était logique, puisque c’est lui qui a formé cette organisation. Et puis, ce n’était pas non plus une bonne méthode que de se méfier de tout le monde, en soit, Alastor ne connaissait pas Seth, pas vraiment, il s’était juste inquiété du fait qu’il avait porté la lumière sur lui dernièrement, de la mauvaise des façons. Mais il n’était pas en mesure d’attester ou non de sa loyauté.

Mais bon, en tout cas, Alastor continuait de penser que son frère savait ce qu’il faisait. Ignatius était comme ça depuis leur enfance, il avait toujours mené tout le monde à la baguette et avait toujours su très clairement où aller, ce qu’il devait faire, pour avoir ce qu’il voulait. Alastor était différent de son frère, ils ne se ressemblaient pas du tout dans leur attitude, mais cela n’empêchait pas que le plus jeune se sentait tout de même proche de son aîné, et cela ne l’empêchait pas non plus d’aimer son frère et de l’admirer comme personne. Il était son modèle, sans aucune hésitation, et il savait qu’Ignatius en était totalement conscient.

-Très bien.

Alastor hocha la tête, il n’avait pas pour projet de faire l’analyse de chacun des membres de l’Hydre, il n’était pas forcément le mieux placé pour cela. Et mis à part Phèdre, on ne pouvait pas dire qu’il avait vraiment chercher à sympathiser avec les autres. Avec Aaron, ça ne passait pas, mais c’était plus personnel que parce qu’il n’avait pas confiance en lui. Pour ce qui était des autres, ce n’est pas parce qu’il n’avait pas envie de les connaître, mais disons qu’il n’avait pas eu l’opportunité de le faire, et que ce n’était pas forcément une priorité non plus, mais il verrait bien à l’avenir, si l’occasion se présentait.

-Même concernant Lucretia ?

Alastor dut se retenir de grimacer en entendant le nom de sa belle-sœur. Il avait presque réussi à l’oublier celle-là. C’était probablement la personne qu’il appréciait le moins sur cette terre, il ne la voyait que comme un parasite, un poison auquel Ignatius n’aurait jamais dû s’attacher. Il s’était marié avec elle, et c’était bien dommage. Et d’ailleurs, il déplorait que le petit Rockwood soit élever par cette femme… mais bon, il ne montrait jamais son total ressenti de la jeune femme devant son frère, il le faisait juste avec Ginevra. Il resta neutre et haussa les épaules.

« Tu es mieux placé que moi pour connaître ta femme. Tu sais très bien qu’on ne s’apprécie pas, alors je n’ai pas d’avis objectif à son sujet. »[/b]

black pumpkin

Ce n'est pas pour rien, évidemment, et ce n'est pas du tout de façon innocente que je choisis de parler à mon frère de Lucretia. Je pourrais me sentir personnellement affecté par le fait que mon frère et mon épouse ne s'entendent pas, ce n'est pas le cas du tout. Ils ont tous les deux des caractères bien assez affirmés pour que je n'ai pas besoin de les protéger l'un et l'autre l'un de l'autre, et leur petite guéguerre finit toujours par m'amuser plus qu'elle ne me dérange. Je ne comprends pas pourquoi c'est à ce point, pourtant, Lucretia, malgré notre différence d'âge, est une épouse parfaite pour moi.

En fait, elle est l'épouse parfaite tout court. Rien ne l'aurait à ce point présagé, mais je ne pense pas qu'en cherchant de moi-même, j'aurais su trouver une personne qui me convienne à ce point, qui me soit à ce point à la fois semblable et complémentaire. Alors, Alastor devrait être heureux pour moi, pas vrai ? Je n'en attends pas tant de lui, pourtant. Pas du tout, même. Cela ne m'intéresse pas de les réconcilier, parfois, même, je me plais à raviver leurs querelles et leur animosité, et je me contente d'observer le spectacle. Je ne sais pas vraiment ce que j'attends, présentement. Je me place en observateur, tout simplement.

-Ton avis objectif ne m'intéresserait pas, peu importe les circonstances, je réponds simplement, balayant sa réflexion d'un geste de la main.

Je le dis en toute honnêteté, et je le pense tout autant. C'est la vérité, son avis objectif n'a aucune forme d'intérêt à mes yeux, ce que je veux, c'est qu'il pose sa subjectivité sur ce qui l'entoure et qu'il m'en fasse profiter dans la foulée.

-Je ne comprendrais jamais ce qui te déplais tant chez elle, j'ajoute ensuite.

Je ferais peut-être mieux d'enterrer le sujet, c'est vrai, mais je n'y trouverais aucune sorte d'intérêt, pour tout dire. Il m'est bien plus plaisant d'agir ainsi que je le fais que d'enterrer toute réflexion désobligeante sous le tapis. Ce n'est pas comme si j'allais en prendre ombrage ou m'emporter contre mon frère dans tous les cas, je n'en ai pas du tout l'intention. J'accepte parfaitement la situation comme elle est

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Alastor ne savait pas vraiment à quoi jouait son aîné. C’était acté qu’il ne pouvait pas supporter Lucretia, et elle le lui rendait parfaitement. C’était comme ça entre eux depuis leur rencontre, il ne la sentait pas, c’est tout. Elle était fourbe, manipulatrice, vénale… et il en passait des meilleures. Certes, Ignatius était un peu comme ça aussi, mais c’était des choses qu’Alastor ne voyait pas. Et que Lucretia s’occupe d’un enfant innocent ne le rassurait en rien. Absolument jamais, Alastor n’avait laissé ses fils à Lucretia, cela n’arriverait jamais. Seulement à Ignatius, après avoir eu la certitude qu’elle ne els approcherait pas. Il voulait bien faire des efforts pour être cordial, mais quand il était question de ses enfants, impossible. Pour qu’elle leur mette n’importe quoi dans la tête, hors de question.

Il avait toute confiance en son frère, et ses garçons aimaient beaucoup leur oncle, mais elle, elle pouvait aller se gratter. D’ailleurs, Alastor avait déjà dit à ses fils que Lucratia était une méchante sorcière, et qu’il fallait faire attention. C’était peut-être immature, mais il faisait ce qu’il voulait. Enfin, tout cela pour dire qu’il ne pouvait pas la voir en peinture, ni en nature. Ce que son frère savait parfaitement. Donc inutile de le questionner à ce sujet. Mais il avait compris que cette guerre interne l’amusait au plus haut point.

-Ton avis objectif ne m'intéresserait pas, peu importe les circonstances.

Alastor ne répondit rien, tout de même un peu déçu qu’Ignatius ne décide pas de passer outre cette question. Il n’avait pas envie de parler de Lucretia, parce que ce n’était pas un sujet qui lui plaisait, ou le mettait de bonne humeur. Mais il ne pouvait pas non plus aller contre son frère et surtout ce que ce dernier souhaitait.

-Je ne comprendrais jamais ce qui te déplais tant chez elle.

Rien, à part le fait qu’elle était une garce. Mais il ne pouvait pas dire les choses comme ça. Alastor n’avait pas envie de se disputer avec Ignatius à cause de Lucretia, cela ferait bien trop plaisir à cette dernière. Il n’avait pas l’intention d’arrondir les angles, parce que Lucretia ne faisait pas plus d’efforts de son côté, et elle le provoquait très souvent, ce à quoi il répondait, bien entendu.

« Je ne comprendrais jamais ce qui te plaît tant chez elle. »

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Honnêtement, j'aurais bien aimé que mon frère me donne le détail des raisons qui, à ses yeux, font qu'il ne s'entend pas avec Lucretia. Je sais, bien sûr, que certaines animosités sont naturelles, viscérales, et inexplicables, mais je suis quelqu'un de curieux. Mais je n'ai pas le droit à cette réponse. A la place, Alastor me retourne ma question. J'esquisse à sourire amusé. Moi, je n'ai aucun mal à répondre à cette question, en réalité, car Lucretia s'est révélée être tout ce que j'espérais avant même de savoir que je le voulais.

-Eh bien, je réponds alors sans aucune hésitation. Déjà, c'est une femme magnifique.

Comme si ça ne sautait pas aux yeux. Certes, tous les goûts sont dans la nature, il est bien possible que Lucretia n'inspire aucune forme d'intérêt à mon frère, mais personnellement, j'ai du mal à imaginer qu'on ne puisse considérer Lucretia désirable. Avant qu'on ne me présente ma future femme, je n'attendais rien d'elle. Je savais qu'elle était très jeune, j'en ai déduit qu'elle serait facilement influençable, et que ce serait très bien comme ça.

Je n'attendais d'elle que d'accomplir le rôle attendu d'une épouse, j'attendais qu'elle soit une discrète femme au foyer, et une parfaite mère de famille. Comble de l'ironie, j'imagine, Lucretia s'est révélée non seulement tout sauf discrète, mais en plus stérile. Pourtant, je ne l'aime pas moins, je l'aime en fait plus. Je n'attendais pas de tomber amoureux d'elle. Ce n'est pas un sentiment dont j'avais envie de m'embarrasser. Mais je l'aime, et si je dois faire son éloge des heures durant, je n'y vois aucun problème. Et si ça doit agacer un peu Alastor, après tout...

-Ensuite, elle est redoutablement intelligente, elle ne se laisse jamais abattre, elle prend toujours les meilleures initiatives, elle tire le meilleur de moi, et depuis que nous prenons soin d'Augustus, je constate aussi qu'elle est une excellente mère. Je marque une pause, ajoute un sourire. Il est bien possible que cette description ne le convainque pas et qu'il n'y reconnaisse absolument pas Lucretia, mais ça, ce n'est pas mon problème. Ma femme est parfaite, voilà ce que je lui trouve.

Même si je n'attends évidemment qu'il soit pas d'accord avec moi.

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Alastor n’avait absolument aucune envie de se montrer conciliant. Il n’aimait pas Lucretia, et il n’allait pas faire semblant, pour faire plaisir à son frère. Pourtant, il adorait son frère, ce n’était absolument pas une interrogation, mas il ne pouvait pas avec son épouse. Il ne la supportait pas, et il ne voyait que du négatif en elle. Et le fait qu’elle ne se montre absolument pas appréciable avec lui, puisqu’elle ne l’appréciait pas plus que lui, n’aidait pas à les réconcilier, tous les deux.

-Eh bien. Déjà, c'est une femme magnifique.

Raison subjective. Alastor ne la trouvait pas du tout magnifique. Et ce n’était même pas de la mauvaise foi, c’était le cas. Elle n’était pas attirante, elle avait un côté vulgaire qui le dérangeait. Cela se sentait qu’elle était une séductrice, ou une manipulatrice, et il ne trouvait aucun attrait à ce genre de femme. Que son frère la trouve magnifique s’il le voulait, ce n’était pas son cas. De plus, l’apparence physique ne rentrait pas vraiment en compte pour aimer ou non quelqu’un. Du moins, pas dans le genre de relation qu’il était sensé entretenir avec sa belle-sœur.

Honnêtement, il n’aimait pas du tout le fait qu’elle puisse avoir de l’influence sur Ignatius. Et ce n’était pas de la jalousie. Il ne sentait pas cette femme, et elle n’avait rien à lui apporter, elle n’était même pas capable d’enfanter. Si ce n’était pas une preuve, qu’elle n’était pas quelqu’un de bien. Même la nature l’avait punie, alors vraiment Ignatius n’avait rien à faire avec elle, même si Alastor n’avait pas son mot à dire, et que son aîné se fichait de son avis, il ne cesserait jamais de le penser.

-Ensuite, elle est redoutablement intelligente, elle ne se laisse jamais abattre, elle prend toujours les meilleures initiatives, elle tire le meilleur de moi, et depuis que nous prenons soin d'Augustus, je constate aussi qu'elle est une excellente mère. Ma femme est parfaite, voilà ce que je lui trouve.

Alastor leva les yeux au ciel, tant il trouvait ce portrait faux. Certes, Ignatius la connaissait mieux que lui, mais il avait un regard amoureux, alors évidemment, il était faussé. Et en plus de cela, le plus jeune avait totalement envie d’être de mauvaise foi. S’occuper de l’enfant d’un autre ne faisait pas d’elle une bonne mère. Elle ne le serait jamais, mère. C’était triste, mais c’était comme ça, et parfaite c’est ça… Ignatius était devenu bien naïf, cela faisait presque peine à voir.

« Elle n’est pas sa mère. Et elle est tellement parfaite qu’elle ne peut même pas enfanter. »

Alastor regretta ses paroles instantanément. Il avait laissé ses pensées parler, mais il ne voulait pas faire de peine à son frère pour autant.

« Pardon. Je n’aurai pas dû dire ça. Tant mieux pour toi, si tu l’aimes et qu’elle est parfaite. C’est tout ce que je te souhaite. »

black pumpkin

Je ne supporte pas l'hypocrisie, et pour cette raison, je n'ai jamais été dérangé par le fait qu'Alastor me parle de ses réticences envers Lucretia. Seulement, si je ne supporte pas l'hypocrisie, je supporte encore moins le manque de respect, et mon frère vient de dépasser un seuil que je ne l'aurais jamais imaginé franchir. L'insulte qu'il vient de proférer à l'encontre de mon épouse est si forte et si brutale qu'elle éveille en moi une déception et une rage profondes. Alastor vient de dépasser les limites de l'acceptable, et il peut s'en excuser autant qu'il le souhaite, ça m'est complètement égal, je me fiche royalement de sa manière de se rattraper. Je ne peux pas lui pardonner les mots qu'il vient de prononcer.

Reprocher à Lucretia de ne pas être la mère biologique de notre fils (car même s'il reste un Rookwood sur le papier, pour moi c'est acté, il est bel et bien notre fils), je trouve ça facile, et je trouve ça d'un irrespect et d'une irréverrence inacceptable. Il n'était pas là, bien sûr, pour assister à tous nos rendez-vous médicaux, il n'a pas vu la détresse de Lucretia quand elle a compris qu'elle ne deviendrait jamais maman.

-Ta femme n'a eu qu'à écarter les jambes pour devenir mère, Lucretia, elle, s'est battue, a déployé une intelligence dont tu n'as pas idée.

Je toise mon frère d'un air mauvais. Au nom de notre sang en commun, je peux lui pardonner beaucoup de choses, mais certainement pas les mots qu'il vient de prononcer. Il pourra bien se confondre en excuse encore et encore, j'y resterai sourd. Je n'accepte vraiment pas ce comportement, ça ne passe pas.

-T'en prendre à elle, c'est t'en prendre à moi, c'est bien compris ? Je lui adresse mon ton le plus menaçant. Plus de privilège, plus de traitement de faveur, il a dépassé la ligne rouge. Je ne conçois pas son comportement, je le tolère encore moins. Avise-toi encore une seule fois de l'insulter ou de lui manquer de respect, et tu pourras dire adieu à tout ce que tu possèdes.

Je ne me serais jamais vu en venir là avec Alastor, mais je ne peux décemment pas lui pardonner ses propos, tout comme je me fiche de ses excuses puisque je sais qu'il a été sincère. Et c'est bien le problème.

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Alastor regretta ses mots à l’instant même où il les avait prononcés. Il savait qu’il avait été trop loin, et que c’était injuste de sa part de parler ainsi de Lucretia. Il avait beau ne pas l’apprécier, elle n’y était pour rien si elle ne pouvait pas avoir d’enfants. La jalousie avait parlé à sa place, et il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait. Le fait d’entendre son frère vanter les mérites de son épouse, alors qu’il savait très bien quelle était la nature de leur relation, cela l’avait agacé. Vraiment. Alastor était un homme gentil, mais il avait aussi du caractère, dans certaines occasions. Il se doutait qu’Ignatius allait un peu mal le prendre, mais il n’imaginait pas qu’il réagirait aussi… violemment.

Néanmoins, il ne s’attendait pas du tout à cela. Rien qu’à voir le regard que lui lançait son frère, il sentit son cœur se tordre. Ignatius ne l’avait jamais regardé de la sorte. Et il était certain que si son regard avait pu tuer, Alastor serait déjà mort à l’heure qu’il est. Il était à la fois surpris, blessé et choqué, et il n’osait même pas respirer, ou esquisser le moindre geste. Et encore moins prononcé un seul mot, bien évidemment.

-Ta femme n'a eu qu'à écarter les jambes pour devenir mère, Lucretia, elle, s'est battue, a déployé une intelligence dont tu n'as pas idée. T'en prendre à elle, c'est t'en prendre à moi, c'est bien compris ? Avise-toi encore une seule fois de l'insulter ou de lui manquer de respect, et tu pourras dire adieu à tout ce que tu possèdes.

Même si Alastor avait voulu dire quelque chose, pour défendre Ginevra, il n’aurait pas pu. Il avait du mal à comprendre comment les choses avaient tournées ainsi. Il s’était attendu à ce que son frère s’énerve, mais pas de cette façon. Il trouvait sa réaction un peu disproportionnée, il devait bien le reconnaître. Jamais Ignatius le lui avait parlé ainsi, encore moins menacé, et l’homme peinait à croire que cette situation était belle et bien réelle. Chacun de se mots lui faisaient l’effet d’un poignard qu’il plantait dans son cœur. Alastor était vraiment blessé. Que son frère lui parle ainsi lui faisait du mal, qu’il choisisse nettement son camp en faveur de Lucretia était un coup, mais le fait qu’il puisse aussi violemment le traiter le laissait tout de même sans voix, et partiellement atteint. Néanmoins, il ne pouvait laisser les choses ainsi, il n’avait aucune envie de se fâcher avec Ignatius, et il voulait que ce dernier comprenne que ses mots avaient nettement dépassés sa pensée.

« Je… je regrette. Je sais que j’ai été dur dans mes mots, ce n’est pas ce que je voulais. Mes mots ont dépassé ma pensée, et je ne voulais pas insultée Lucretia. Je me doute que la situation n’a pas dû être facile pour elle, comme pour toi, et elle ne mérite pas cela. Ignatius… pardonne moi, je t’en prie. »

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Je ne regrette aucun des mots que je viens de prononcer. Je ne prétendrais pas avoir été trop dur ou brutal en menaçant frontalement Alastor. Le message devait passer. Je peux tolérer ses brouilles incessantes avec Lucretia, elles sont même capables de m'amuser parfois, mais parler de notre progéniture est un sujet bien plus sensible. Et il sait que le sujet ne peut pas être anodin pour moi. Ma première femme est morte en même temps que l'enfant qu'elle tentait de me donner alors, et Lucretia mettait un point d'honneur à me faire ce don, tout comme elle aspirait sincèrement à devenir la mère biologique de notre enfant.

Avoir cette chance, qu'il nous a certes fallu provoquer mais qui reste bien réelle, d'avoir un fils, c'est une chose qu'il devrait saluer, qu'Alastor, plus que personne, devrait considérer comme un cadeau providentiel. Car lui, plus que n'importe qui est supposé me soutenir et savoir ce que j'ai traversé.

Si je me montre aussi direct et désagréable avec lui, c'est justement parce qu'il est mon frère, et que de lui, j'attends un soutien inconditionnel, qu'il ne m'a pas donné en cet instant. Peut-être que ses mots ont dépassé sa pensée, mais pour moi, personne ne se dédouane en prononçant ces mots. Quiconque affirme que ses mots ont dépassé sa pensée souhaite réellement dire, en sous-texte, que ce qui était pensé n'aurait pas dû être dit. Pour tout le mal qu'il peut penser de Lucretia, que ce genre de réflexion puisse seulement s'échapper de ses lèvres, c'est beaucoup trop pour moi.

Je considère mon frère un instant sans rien dire. Il a de la chance d'être mon frère. D'autres auraient payé au centuple la remarque qu'il m'a faite, mais c'est Alastor, et même si j'ai sans doute une manière bien singulière de le lui montrer et n'oublie jamais de profiter de l'influence que je sais avoir sur lui, je tiens à lui, je ne veux pas que cette conversation brise totalement notre relation. En revanche, elle lui a mis un coup, et je n'ai pas l'intention de faire comme si ce n'était pas le cas.

-Tu es mon frère, Alastor, même si si je ne le voulais pas, je finirais forcément par te donner mon pardon. Ce qui n'est pas vraiment une façon d'accepter ses excuses, plus une manière de lui rappeler quelle place privilégiée il tient pour moi. Une place qu'il est de son devoir de préserver. Mais sache que tu m'as profondément déçu.

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Alastor reconnaissait qu’il avait été trop loin. Il savait reconnaître ses torts, et il savait qu’il avait dépassé les bornes. Mais il continuait tout de même de penser que la réaction d’Ignatius était trop extrême. Qu’il soit énervé était une chose, qu’il le menace en était une autre. Et ça ne passait pas du tout. Au final, il avait bien compris quel était véritablement le clan de son frère. S’il avait décidé de tout envoyer balader pour sa femme, qu’il le fasse. Alastor en était blessé, évidemment, mais il ne pouvait rien y faire. Ignatius avait fait ses choix, et Alastor n’en faisait clairement pas partie, c’était flagrant.

Néanmoins, le jeune homme n’avait pas envie de totalement se brouiller avec son frère, ce qui était peut-être devenu inévitable. Il aurait pu répondre à Ignatius, mais cela n’aurait servi strictement à rien. Si ce n’est envenimer les choses. Il avait préféré se coucher, et demander pardon. Comme toujours. Son frère l’avait toujours dominé, depuis qu’ils étaient petits, mais cela n’enlevait rien au fait qu’Alastor n’acceptait pas tout de son frère, et il y avait certains de ses mots qui ne passaient pas vraiment.

Le pire dans cette histoire, c’était qu’Alastor n’était même plus sûr de pouvoir faire totalement confiance à son frère. Il avait toujours été d’une loyauté sans faille envers Ignatius, il l’avait toujours suivi sans question. Mais étant donné que Lucretia avait répandu son emprise sur lui de manière presque totale, il n’était pas certain qu’il puisse continuer de tout confier à son frère sans que cela n’ait de répercussion. Si c’était pour qu’il répète tout à Lucretia, ce n’était pas utile. Il lui raconterait peut-être cette conversation. De toute façon, ils ne s’aimaient déjà pas, alors elle ne serait pas forcément surprise. D’autant plus qu’il était à peu près sûr qu’elle ne le couvrait pas de louanges. Lucretia pouvait bien l’insulter de tous les noms, de ce qu’il avait vu, Ignatius ne devait pas prendre sa défense, au mieux cela devait le faire sourire.

-Tu es mon frère, Alastor, même si si je ne le voulais pas, je finirais forcément par te donner mon pardon. Mais sache que tu m'as profondément déçu.

Alastor ne savait pas vraiment si c’était une bonne chose ou non, mais c’était au moins encourageant. Quant au fait qu’il l’ait déçu, Alastor aurait bien envie de lui dire qu’il l’était aussi. Il n’avait pas apprécié ses menaces. Pas parce que cela le touchait lui, mais surtout parce que ça touchait ses enfants. Il ne l’avait pas dit expressément, mais Alastor avait bien compris de quoi il en retournait. Ginevra et Ignatius ne s’étaient jamais particulièrement bien entendus, il le savait. Mais qu’il puisse menacer de faire du mal à ses fils, et donc à ses neveux, il n’arrivait pas à passer outre. Alastor lui avait toujours laissé les garçons avec une confiance aveugle, d’autant plus qu’ils adoraient leur oncle, mais maintenant… il n’était plus vraiment sûr de rien. Néanmoins, encore une fois, il préférait garder tout cela pour lui.

« Je sais, et j’en suis désolé. »

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Si la déception doit être réciproque, je m'en moque. Je rends ce qu'on me donne, et en l'occurrence, ce n'est pas moi qui ai déterré la hache de guerre. J'ignore si Alastor a vraiment pris la mesure du total irrespect qu'il a montré à l'égard de la personne que j'aime le plus au monde, je n'en suis pas certain. Je pense qu'il s'excuse bien davantage de crainte de nous voir nous déchirer que parce qu'il regrette les mots qu'il a prononcés.

Eh bien soit, je ne regrette pas les miens non plus. Ma famille est une priorité, et Alastor est ma famille. Mais les intérêts de Lucretia passeront toujours avant les siens, qu'il le veuille ou non, et il me faudra plus que toutes les excuses du monde pour passer outre ce sentiment tenace, celui d'avoir été insulté par là où c'est susceptible de blesser le plus par la personne qui est supposée ne jamais me blesser. Lui rendre coup pour coup, dans ces circonstances, j'estime personnellement que c'est la moindre des choses.

-Inutile de s'excuser pendant des heures, ce qui est dit et dit, je me contente de répondre avec un sourire qui ne laisse pas forcément deviner s'il est sincère ou non.

Cela reste vrai que les excuses à rallonge n'ont ni importance, ni intérêt. C'est par les actes qu'Alastor me prouvera ses regrets. Et je ne parle pas que de ses actions au sein de l'Hydre. Mon intransigeance lui laisse peut-être imaginer que je le traite à l'instar de n'importe qui d'autre, mais ce n'était pas le cas. Je me montrerai toujours d'autant plus sévère avec lui qu'il est mon frère, et donc l'une des personnes qui compte le plus pour moi. Lui et ses enfants tiennent, tout comme Lucretia et Augustus, une place privilégiée. Mais justement, je suis plus exigeant encore avec ceux que j'ai la faiblesse d'aimer sincèrement.

-L'adoption d'Augustus n'est pas encore officielle, mais quand il deviendra vraiment un Prewett, il sera temps de le baptiser. Evidemment, je n'envisageais que toi pour être son parrain. Mais j'ignore si je peux te confier cette tâche si tu dois ne pas le considérer comme un membre à part entière de notre famille.

Je ne dis même pas ça pour enfoncer le clou, c'est une observation honnête et objective de la situation.

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Alastor ne savait pas vraiment ce qu’il devait faire en cet instant présent, il savait qu’il avait été trop loin, et qu’il n’aurait jamais dû dire une chose pareille. Il avait juste voulu attaquer Lucretia, et il avait choisi la facilité, mais il avait blessé son frère dans la manœuvre semblait-il, et il avait agi comme un enfant capricieux. Il n’en était pas fier, et il aimerait revenir en arrière, mais ce n’était pas possible, et il espérait que son frère saurait lui pardonner. Vraiment.

Même s’il disait qu’ils étaient frères et qu’il ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, Alastor savait qu’Ignatius était tout de même en colère contre lui. Alastor n’avait aucune envie que leur relation s’envenime, et encore moins à cause de Lucretia, mais puisque son frère avait choisi son camp, il ne pouvait pas vraiment lutter. Il avait bien compris où étaient les intérêts de son aîné, et ce n’était clairement pas de son côté. Il n’était même pas certain qu’il se soucie de lui mais bon, peu importe, il restait son grand frère.

-Inutile de s'excuser pendant des heures, ce qui est dit et dit.

Peut-être, mais cela n’enlevait rien au fait qu’il sentait bien qu’Ignatius n’oublierait pas tout cela de sitôt, et Alastor n’oublierait pas non plus. Il avait retenu la leçon, il ne dirait jamais plus rien qui pourrait se montrer irrespectueux envers Lucretia, et il retiendrait également qu’il ne pouvait pas forcément trop faire confiance à Ignatius. Il avait toujours eu une confiance aveugle envers son frère, mais après ce qu’il lui avait dit, il n’était pas certain que ce soit le comportement à avoir désormais.

-L'adoption d'Augustus n'est pas encore officielle, mais quand il deviendra vraiment un Prewett, il sera temps de le baptiser. Evidemment, je n'envisageais que toi pour être son parrain. Mais j'ignore si je peux te confier cette tâche si tu dois ne pas le considérer comme un membre à part entière de notre famille.

Inutile de s’excuser pendant des heures, pourtant Ignatius continuait de remuer le couteau dans la plaie. Alastor ne savait pas ce que son frère attendait de lui, ni même ce qu’il devait répondre. Si Augustus devait être adopté par son frère et sa belle-sœur, évidemment qu’il le considèrerait comme un membre de sa famille. Il serait son neveu, même s’il n’était pas du même sang. Mais Ignatius ne semblait pas croire qu’il puisse être capable de penser de cette façon.

« Evidemment que je le considèrerais comme un membre de la famille. Il sera officiellement votre fils, et vous allez continuer de l’élever et prendre soin de lui comme des parents doivent le faire. »

black pumpkin

Je ne sais pas si l'évidence est si certaine, quand bien même elle transpire des propos de mon frère. Je sais qu'il y a parfois un fossé entre ce que l'on affirme, même avec la plus grande conviction, et ce qui est véritablement, mais l'essentiel, c'est de se conformer à sa parole, et sur ce point, je pense vraiment pouvoir compter sur Alastor.

Qu'il le pense ou non, que cela lui plaise ou pas, il fera l'effort d'intégrer Augustus à la famille comme s'il en était un membre à part entière, comme s'il était un membre biologique de notre famille, quand bien même notre sang ne coule pas dans ses veines. Ce sang est au moins aussi pur qu'il puisse l'être, j'estime que c'est le plus important. Bien sûr, j'aurais préféré pouvoir avoir un héritier qui soit le produit de mon ADN. Mais il ne faut pas être trop gourmand, parfois. Ce qui importe reste le résultat. Je hoche finalement la tête.

-Alors je compte sur toi pour être le meilleur parrain possible, je réponds alors simplement en déposant une tape fraternelle sur l'épaule d'Alastor, comme si tout était oublié.

Est-ce que c'est le cas ? Non, bien sûr que non... Même si au moins cette conversation a le mérite d'être révélatrice. Certaines choses déplaisantes ne veulent pas être entendues mais doivent être dites. C'est donc en connaissance de cause que je confie tout de même à Alastor un titre que je n'aurais confié à personne d'autre. Bien sûr, Lucretia aurait tout à fait pu proposer son propre frère, Orion, mais Orion est un enfant.

Le titre de parrain n'est pas seulement quelque chose d'honorifique, pas à mes yeux en tout cas. Il vous engage à titre personnel. Si quelque chose devait m'arriver (il n'en est pas question, mais dans la position où je me trouve, il faut bien que j'admette que l'on n'est jamais certain de quoi que ce soit, c'est ainsi), et à Lucretia, alors c'est une charge différente qui reviendrait à Alastor. Alastor qui est déjà père et qui devrait donc savoir s'occuper de mon fils (puisqu'il l'est, ainsi que je l'ai décidé) le cas échéant. Mais ne parlons pas de malheurs, n'est-ce pas ?

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