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ne élève, toute jeune, une première année, sans doute, passe sans le faire exprès à travers son corps spectral, et un frisson gigantesque lui parcourt tout le corps. Voici le seul émoi qu'elle est encore capable de provoquer. Faute de pouvoir sentir physiquement la froideur qu'elle inspire, son mental et son attitude sont de glace. Elle ne s'excuse pas auprès de la demoiselle, devenue presque aussi pâle qu'elle, et passe seulement son chemin, comme si elle ne l'avait pas vu. Il fut un temps où, peut-être, Helena daignait s'excuser lorsque cette sorte d'incident venait à se produire.... Peut-être. Elle n'en est pas certaine, tout constat fait. En l'état de fantôme, et avant sans doute, jamais elle n'a été très attentive aux autres, ou du moins pas de cette façon que veut le protocole : cette façon bruyante, tactile, sans discrétion. Elle laisse la petite s'en aller et ne lui adresse même pas un regard. Est-elle brune? Blonde? Dans quelle maison est-elle? Helena n'en sait rien. Helena s'en moque. Le fantôme passe à autre chose, déroule le fil de sa mort en faisant de son mieux pour ne guère se soucier des vivants.

Le temps la rend prompte à cet exercice. Elle est un mur infranchissable pour certains, une énigme pour d'autres, une ombre pour beaucoup. Aux yeux de la plupart, elle n'existe pas. Les regards filent à travers son être. La transparence est un beau prétexte, les yeux traverseraient peut-être sa chaire également, si elle était de chaire. Elle se meut tranquillement dans les couloirs. Cette petite était une gamine isolée, perdue, sans doute, et qui n'avait pas osé demandé son chemin jusqu'à sa salle commune. Aurait-elle répondu? à présent, la nuit est tombé, et le bruit migre vers des pièces bondées que le fantôme évite soigneusement. Plus un bruit à son oreille.

Jusqu'à ce que l'écho de bottines martelant le sol lui parviennent. Encore une élève perdue? Helena ne cherche pas à savoir, mais son regard tombe malgré elle sur la concernée. Il s'agit de Dora Stevens. Helena a retenu le nom de la rouge et or sans forcément la connaître tant que cela. A-t-elle le droit d'être là? Oui. Une insigne de préfète orne sa robe de sorcière. Helena veut s'avancer et l'ignorer, mais se fige tout à coup. Dans le couloir perpendiculaire au leur, Peeves vient de faire son entrée, se manifestant à grand fracas et sans discretion.

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lles n'ont le temps que de s'adresser un regard entendu, où se mêlent légère inquiétude et instinct de survie. Helena n'est pas d'un naturel forcément lâche (même si elle l'a été en une certaine circonstance qu'elle refuse complètement de mentionner), mais elle sait quand il faut qu'elle se préserve. Et face à Peeves, il vaut mieux se trouver ailleurs. L'avantage, lorsqu'on est un fantôme c'est qu'il est facile et rapide de fuir en donnant l'air de rien, en traversant les murs. Pour preuve, même si Helena est un fantôme depuis très longtemps, et erre entre les mêmes murs que l'esprit frappeur depuis aussi longtemps, elle a toujours réussi à n'assister que de loin à ses coups bas, et à ne pas avoir trop souvent affaire à lui.

Peeves se rapproche dangereusement, il jongle avec les casquesdes armures du couloir, il en lance au hasard des rencontres sur la tête de pauvres élèves qui ont commis l'impair de ne pas être encore couchés. Dora, si elle ne s'empresse pas de trouver refuge ailleurs, ne tardera pas à être la cible de ses saillies à son tour. Les prunelles du fantôme s'attardent un moment sur la rouge et or. Doit-elle la prévenir? Pas nécessairement, elle doit bien comprendre où se situe le danger, Peeves n'a jamais fait dans la discrétion, et elles ont toutes les deux pu l'entendre arriver à des kilomètres. Par ailleurs, doit-elle se faire une mission ou un soucis de ce qui peut bien arriver à la demoiselle? Helena a apprit depuis longtemps à ne pas se soucier des élèves de l'école. Il vont, viennent, vivent, meurent. Pourquoi s'attacher à l'un d'eux quand on sait comment cela se termine (bien différemment de la façon dont cela se termine pour elle).

Cela étant, elle ne veut pas non plus avoir sur la conscience le fait que la jeune fille finisse à l'infirmerie, totalement assommée. Elle décide donc de faire acte d'une légère charité en l'avertissant bien que ce ne soit pas vraiment nécessaire.

-Vous feriez bien de vous en aller.

C'est décence que de prévenir, après tout.

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lle semble surprise d'entendre le fantôme s'exprimer. Helena ne lui en tient pas rigueur. Comment pourrait-il en être autrement quand son absence de loquacité faisaient presque oublier à chacun jusqu'à son existence... ou à son inexistence, car errer en toute transparence est de toute évidence la façon la moins glorieuse d'exister, si tant est que cela soit compatible avec la définition même de ce que sont les spectres comme elle. Des morts. Et des âmes damnées qui n'ont pas forcément conscience de l'être. Helena, donc, ignore la surprise de la rouge et or. Elle la comprend, même, bien qu'elle ne cherchera à s'en justifier. Oui, parfois, elle parle. Peu, mais elle parle. Il vaut mieux moins en dire qu'en dire trop quoi qu'il en soit, alors la position semble être la bonne. L'élève visiblement un peu anxieuse semble vouloir enfoncer cette porte ouverte. En donnant à Dora l'accès à sa voix, elle s'est exposée aux prémisses d'une conversation. C'était là un risque qu'elle n'avait pu ignorer. Elle l'a même prit sciemment, se disant que quelle que soit la nature de la discussion, elle ne pourrait pas durer bien longtemps. A-t-elle eu tort ?

- On ne peut pas l'aider, n'est-ce pas?

Question qui de manière générale chez le fantôme trouvait toujours une réponse à peu près unique. L'altruisme est une vertu, belle, respectable, honorable, et dans le plus parfait des mondes, chacun se soucierait du bonheur d'autrui, mais le monde a créé l'homme en être égoïste qui, même lorsqu'il fait acte de générosité, ne le fait, d'une manière ou d'une autre, que pour satisfaire son égo. Chacun doit se nourrir de ses propres expériences, cette élève aux prises avec Peeves en fait les frais, c'est l'un des aléa d'une vie qui souvent s'avère trop courte. Nourri d'expérience, l'on devient comme Dora, l'on sait de quels dangers se méfier. Puis l'on devient comme Helena, que plus rien ne semble susceptible d'attendrir et de chambouler. Déjà, pour ne pas avoir le sentiment d'avoir prit sa décision seule, Dora demande si "elles" ne peuvent pas l'aider. Elle pluralise la situation, rendant la décision finale plus simple à assumer. Mais Helena ne perçoit pas les choses ainsi. Elle laisse la rouge et or libre de son choix, elle-même a fait le sien, voilà tout ce qu'il faut comprendre. Au sens strict du terme, le fantôme pourrait aider Peeeves. Il lui suffirait de recourir au seul que craigne l'esprit frappeur. Mais pour des raisons pour le moins évidente, et même si un mot de sa part pourrait convaincre le baron sanglant, elle n'a pas la moindre envie d'aller à ce dernier, ou même de lui adresser la parole.

-Dès lors que l'on demande s'il est possible d'agir, l'on sait déjà que la réponse est positive. La question ne repose pas sur la possibilité mais sur la volonté. Pouvoir l'aider? Sans doute. Mais le veux-tu vraiment.

Aucun détour, il y a longtemps que celle qui porte le nom de la maison des aigles ne se soucie plus de faire preuve de tact ou d'enrober ses propos afin qu'ils soient plus appréciables. Elle n'est pas donneuse de leçon pour autant. En vérité, elle constate seulement. Un constat souvent amer car elle a perdu depuis longtemps le peu d'illusions qu'elle ait pu avoir.

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lle lui lance un regard de défi. Les mots prononcés par le fantôme de la maison serdaigle n'étaient pas un reproche, ou une invitation à agir. Chacun est libre de faire ce qu'il veut, la dame grise n'a pas l'intention d'influer sur les actes de chacun. Elle n'a pas prononcé ces mots pour souligner la lâcheté de la demoiselle, seulement évoqué ce qui pour elle est une généralité. Elle-même observe et n'agit plus, pour le peu qu'elle ait agi au cours de son inexistence, l'inactivité lui sied bien, c'est dans cet état d'impassibilité qu'elle est la moins apte à commettre des erreurs, elle qui serait la risée de tous et la honte de l'école qui l'accueille aujourd'hui si chacun savait le forfait dont elle s'était rendue coupable. Non, loin d'elle l'idée de provoquer Dora oude la pousser dans ses retranchements. Toute rouge et or qu'elle est, Helena n'aurait pas jugé honteux qu'elle décide tout simplement de tourner les talons. Il n'y a pas de mal à fuir quand l'on choisit de se protéger soi-même.

Mais Dora Stevens est une gryffondor, le regard de défi qu'elle lui lance le prouve sans équivoque, elle veut montrer qu'elle sait agir et qu'elle va le faire puisque la possibilité lui en est donner. Courageux. C'est l'apanage de sa maison, après tout. Vain. C'est également l'apanage des rouges et or. Ils foncent tête baissée, ne réfléchissent au danger qu'ensuite. Feignant d'ignorer qu'ils sont parfois inférieurs et incapables de faire le poids face à ceux qui leur servent d'adversaires. Au fond, c'est admirable. Si le spectre avait eu tel tempérament, sans doute sa vie aurait été différente, elle n'aurait pas vécu dans l'ombre de sa mère, aurait eu suffisamment de caractère pour se distinguer d'elle et se faire son propre nom sans se laisser dévorer par une jalousie qui avait finie par lui faire commettre l'irréparable. À l'âge de Dora, elle aurait choisi d'éviter Peeves, comme elle le faisait maintenant, tant pis pour l'élève qui se trouvait aux prises avec lui. C'est vrai, il y a un peu d'admiration dans son regard tandis qu'elle regarde Dora partir à l'assaut de son propre moulin avant, attirant l'attention de l'esprit frappeur pour qu'il laisse tranquille le pauvre élève qu'il traumatise.

Mais admirative ou non, elle ne l'imitera pas. Elle reste ce qu'elle est : ombre, inconsistance, muette spectatrice de la comédie humaine. Elle n'endossera pas d'autres rôles, pas même mue par la détermination et la témérité de la demoiselle qui, un temps court, lui tint compagnie. L'un de ses pâles et rares sourire alimente son visage d'une expression nouvelle qui disparaît une fraction de secondes plus tard, tandis qu'elle détourne les yeux, comme si de rien n'était. Pour le mieux, selon elle, elle fait volte face, accélère le pas, devient brume argentée, traverse un mur, et s'éloigne, les laissant seuls, tout à leurs destins, ou à ces fractions de destins qui font des vies entières, et parfois même des morts. Et qui font des rencontres fortuites et anodines comme celle qu'il vient de se produire, les pierres au fondement d'une pyramide.


FIN

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HJ : J'ai préféré terminer le rp étant donné que j'ai cru comprendre que tu partais bientôt