- Non c'est pas idiot. Nouveau sourire. C'est sûr que je ne pourrais pas être plus libre en étant mariée.

Là dessus, je suis d'accord d'accord. Clyde Hornby est bien trop flemmard pour se permettre d'être jaloux, possessif, ou je ne sais quoi. Et puis, pour être jaloux, il faut être amoureux... c'est pas contre eux, mais je ne les imagine vraiment pas finir par avoir des sentiments l'un envers l'autre, même avec beaucoup de temps et l'obligation de vivre en couple. Bref, je pense que Clyde ne râlera pas trop contre Bonnie, ou ne l'empêchera pas de vivre comme elle l'entendait, ça l'aurait sûrement achevé que de faire un tel effort. Mais même si Bonnie serait libre, elle ne serait jamais complètement heureuse. On ne peut pas être heureux en passant sa vie auprès de quelqu'un qu'on aime pas. Ou alors, il faut tromper. Peu-être que je me leurre à ce sujet, mais je n'imagine vraiment pas la rouge et or aller voir ailleurs. Elle a des principes, et c'est tout à son honneur, d'ailleurs. Bon... au moins, elle a accepté ma remarque pour ce qu'elle était, un moyen de détendre l'atmosphère... et même si ça marche plus ou moins, si je peux voir ne serait-ce qu'une esquisse de sourire sur le visage de mon interlocutrice, alors je suis déjà satisfait.

-En tout cas, merci d'être positif à ma place, ça fait du bien... Et tu as intérêt à venir me voir si tu veux pas que je vienne te botter les fesses !

Oui, je compte bien mettre ma parole à exécution, ce ne sont pas des paroles en l'air. J'ai dis à Bonnie que j'irais la voir, et oui, j'irais la voir. Bon, je suppose qu'il faudra que je m'arrange pour ne pas sembler trop suspect. C'est mal vu, qu'un homme voit une femme mariée, même si c'est en tout bien tout honneur. Parce que le commun des mortels pense que l'amitié entre fille et garçon est impossible... sottise! Et puis comme je suis sorti avec Bonnie, je parie que ça ne manquerait pas de jaser... Enfin, les détails pratiques, on a tout le temps d'y réfléchir plus tard, en même temps, hein. Il nous reste encore un peu de temps avant ce fameux mariage. Pas beaucoup. Mais suffisamment pour regarder la situation avec un peu de distance.

-Bon ben si en plus tu me menace, j'ai vraiment pas le choix.

J'adresse un clin d'oeil à Bonnie. Non mais sérieusement, je tiens à mon sublime arrière-train, moi! (oui oui, j'ai dit sublime).

-Et me remercie pas, je sais que tu ferais pareil pour moi... non, tu ferais encore mieux.

C'est vrai. Il est vraiment pas difficile d'être plus doué que moi pour consoler les gens. Je vous jure que je me sens terriblement nul, moi... Je pense que Bonnie est juste trop sympathique pour me le dire en face, mais elle doit le pensait autant que moi.

-Bon ben si en plus tu me menace, j'ai vraiment pas le choix.

Satisfaite que sa mise en garde ait été prise en compte par Steve, la jeune fille esquissa un sourire. D'autant plus après le clin d’œil de son ami. Sauf que s'il ne tenait pas sa promesse, Bonnie lui bottera vraiment le derrière. Elle ne tenait pas à ce qu'il disparaisse de sa vie.

- Et me remercie pas, je sais que tu ferais pareil pour moi... non, tu ferais encore mieux.

Sur un point, Steve avait raison : Bonnie aurait fait la même chose pour lui. Elle ne l'aurait pas laissé seul dans le désespoir et le désarroi (oui rien que ça!). Mais de là à faire mieux, peut être pas. Bonnie était du genre maladroit, voire même très maladroit. Lorsqu'il s'agissait de remonter le moral de quelqu'un, elle ne trouvait jamais les bons mots. Alors elle se contentait d'être là, de fournir une présence pour alléger un temps soit peu la peine de l'autre. Ce n'était pas grand chose, certes, mais c'était déjà suffisant. Au moins elle ne fuyait pas comme certaines personnes avaient l'habitude de faire. Elle se devait d'être là pour les gens qu'elle aimait.

- Mieux, ça je sais pas. On en reparlera quand tu seras fiancé !

Cette fois-ci c'était au tour de la rouge et or d'adresser un clin d’œil à son ami. Oui bon, la blague ne volait pas très haut, mais que voulez-vous Bonnie n'était pas en grande forme depuis l'annonce de son mariage. Comme disaient les moldus, on ne peut pas être au four et au moulin.
Soudainement, un gargouillement provenant de l'estomac de la jeune femme vint clôturer la discussion. Bonnie commençait à avoir sérieusement faim. Cela voulait forcément dire qu'il se faisait tard et que l'heure du dîner approchait à grands pas. Et lorsqu'il s'agissait de repas, Bonnie Adams ne prenait ça à la légère. C'était le seul moment de la journée où elle arrivait en avance contrairement à la plupart de ses cours.
Oubliant presque la raison de sa présence ici, elle sortit la lettre qu'elle devait envoyer à son frère et attrapa son hibou, de meilleur humeur pour envoyer son courrier. Finalement elle réussit à attacher l'enveloppe sans mal et son volatile décolla immédiatement de la Violère.

- Par Merlin je meurs de faim ! Allez viens, je t'invite à dîner. Ça me fait plaisir !

Inviter n'était peut être pas le terme approprié puisqu'il était difficile d'offrir à manger à Poudlard. Mais Bonnie insistait encore pour faire de l'humour. Un humour qu'elle avait retrouvé grâce à son camarade et elle lui en était extrêmement reconnaissante. Elle se sentait beaucoup mieux maintenant.

Spoiler:

-Mieux, ça je sais pas. On en reparlera quand tu seras fiancé !

Je grimace à cette seule pensée. Moi ? Fiancé ? Jamais ! Enfin... Si, d'accord, je sais bien que ça a peu de chances de ne pas arriver un jour mais j'ose espérer quand même que je ne me verrais jamais confronté à la situation face à laquelle se trouve Bonne à ce moment précis. Elle a seulement un an de plus que moi . Un an de plus que moi ! Si dans un an, on m'annonce qu'on veut me marier à je ne sais pas quelle personne totalement incompatible avec moi, je crois que je fuis à l'autre bout du globe. Je ne me sens certainement pas suffisamment mature pour me marier à l'âge de dix-sept ans. D'ailleurs, je ne pense pas que qui que ce soit le soit, ou alors ces gens se mentent à eux-mêmes. Ils croient en des chimères. C'est peut-être le mieux à faire quand on est condamné à lier sa vie à celle de quelqu'un qu'on aime pas. Enfin bon, ça... je vais éviter de dire ça à Bonnie, y'a pas plus déprimant, comme réflexion.

Enfin moi, j'ai de la chance. La famille de la rouge et or est une famille de sang purs, ce genre de familles qui ne rêvent que d'union consanguines. Moi, j'ai la chance d'avoir des parents moldus, des parents moldus qui ont été plus ou moins forcés de se marier. Je dis plus ou moins parce que la chance de mes parents, c'est qu'ils s'aiment quand même. Ils se sont mariés en urgence parce que ma mère était enceinte de moi. Ils ont bien vécu leur relation, et mal vécu leur mariage. Pour cette raison, je pense que mes parents ne m'obligeront jamais à me marier. Ils savent ce que c'est, que de se marier à un inconnu dans l'urgence. Ils ne me feront pas subir ça. Et puis, on est une famille modeste, nous, on est pas obligés de lier les familles entre elles pour former une espèce de mix détestable (comment ça, je m'exprime mal?). Je sais pas trop quoi lui répondre au lieu de cette grimace, donc je la laisse poursuivre. Et je fais bien, parce qu'elle change de sujet. C'est préférable.

-Par Merlin je meurs de faim ! Allez viens, je t'invite à dîner. Ça me fait plaisir !

Maintenant qu'elle le dit, moi aussi j'ai faim (mon estomac fonctionne sur commande, dès qu'on évoque l'idée de manger, j'ai soudainement envie de me gouinfrer. Autant vous dire que ça m'arrive de nombreuses fois dans une journée). J'approuve donc d'un signe de tête quand elle m' « invite à dîner », façon de parler, bien sûr.

-Avec plaisir, mon ventre crie famine !

Il ne le faisait pas il y a quelques secondes, mais faisons comme si. Sur ces mots, nous quittons tous les deux la volière, fermement décidé à appaiser les chagrins de Bonnie à l'aide d'un festin digne des plus grands rois. Après tout, ne dit-on pas que quand l'appétit va tout va ?