Crapauds et asticots [PV-Oly]

[Ce texte est l'enfant prématuré de deux esprits pas très net qui se sont rencontrés et ont (pour ton plus grand bonheur Oly) écrit ce texte en quasi symbiose. Ce fut intense, on s'en est toujours pas remis. Merci fiston ]

Il faisait étonnamment sombre. Les crapaud buffles tombaient du ciel en trombe, déversant leur crôa retentissants sur le sol humide du parc. Il pleuvait. Mais Morgan n'en avait cure, car il était bien trop occupé... A quoi me demanderez-vous ? Nul ne le sait. Ce qui était certain c'était que cela devait assurément être une action grandiose, noble et héroïque. Il était poursuivi. Il le sentait, chaque fibre de son être ressentait (peut-être) le danger qui allait (peut-être) s'abattre sur lui. Mais il n'avait pas peur. Puisqu'en réalité toute ces élucubrations n'étaient que le simple fruit de l'imagination douteuse de dieux tutélaires et un peu barrés qui conduisaient ses actions. En réalité il était certes suivi mais il savait exactement par qui. Tout ce qu'il souhaitait savoir c'était s'il était vraiment poursuivi pour lui-même, ou pour l'immense somme d'argent (inexistante) qu'il portait dans ses petites poches. C'était Olive. Pas le condiment, comme on pouvait s'en douter (comment voulez-vous qu'un condiment marche et se déplace de son propre chef?) mais la personne de chair et d'os et de sang et de sueur et de larmes et de pores et de peau et on s'arrête là. Pourquoi le suivait-elle ? Telle était la question non pas shakespearienne mais peu s'en faut qui parcourait l'esprit mouillé et torturé de Morgan.
Voilà pourquoi il se trouvait dans le parc en tout cas, alors que les crapauds buffles tombaient toujours du ciel, leur bave dégoulinant le long des arbres. Sa soif de vérité était plus forte que les crachats incessants de ces immondes batraciens qui faisaient la pluie et le beau temps. Voilà longtemps qu'ils ne s'étaient plus parlés, qu'il ne s'étaient plus adressés la parole, qu'ils n'avaient plus conversé de concert, plus dialogué, plus discutaillé, plus papoté. Bref il ne comprenait pas pourquoi soudainement la serpentard le suivait, sans oser l'aborder de surcroît. Parce que se faire suivre comme ça c'est assez flippant tout de même. Alors il l'avait baladé, pour s'assurer que ce n'était pas une simple lubie venu de l'esprit tordu de la jeune femme, ou si ce n'était pas sa propre imagination qui se laissait guider par la tension survenue des émanations des crapauds buffles à l'haleine fétide. Ca avait d'abord démarré à la sortie du cours de métamorphose. Il l'avait aperçue, comme souvent depuis leur dernière entrevue, et choisit de l'ignorer comme toujours lorsqu'ils n'étaient pas seuls. Ca avait commencé là, le début de l'engrenage infernal. Il avait trouvé ça étrange. Puis au deuxième étage, au troisième. Il fallait maintenant en être certain. Aussi l'avait-il baladé un peu partout dans l'école et même dehors connaissant son aversion pour l'air pur, aussi incompréhensible soit-elle. Mais les crapauds buffles yen avait marre, alors il avait repris sa route vers le château (parce que se prendre un crapaud buffle dans la tête c'est pas franchement très agréable). Pour achever ses doutes, il avait continué son manège le temps de remonter les 7 étages (déjà visité un peu auparavant). Le doute n'était plus permit. Ses pas résonnaient dans le couloir, il ralenti lentement le rythme de sa marche cadencée, pour finalement s'arrêter définitivement.

-Bon... Qu'est-ce que tu veux ?

Il se retourna lentement pour lui faire face, comme au ralenti, ses semelles en caoutchouc grinçant sur le dallage (voyez les vieux films d'horreur), les crapauds buffles s'écrasant avec grâce et volupté sur les vitres, répandant leurs sang visqueux sur les carreaux.

« Crapauds et Asticots »

La lettre de Pomona qui lui était parvenue par erreur lui avait fait un choc. Arrivée le 1er mars, destinée à Morgan. Elle la lui avait renvoyé. Mais l'essentiel n'était pas vraiment là. Le premier mars. Soit trois mois exactement depuis que Tom lui avait ordonné de parler à Morgan. Trois pendant lesquels elle s'était appliquée à ne pas y penser, à essayer d'oublier. Mais... En y réfléchissant bien, ce n'était pas vraiment la meilleure solution. Car si elle tardait trop, Tom viendrait lui secouer les puces. Elle s'étonnait d'ailleurs qu'il ne se soit toujours pas manifesté. Sans doute devait-il avoir quelque chose de plus important sur le feu... Quoi qu'il en soit, Olive s'était alors décidé à parler sous peu à Morgan.

Et à partir de là, elle avait tergiversé. Soit elle ne le voyait pas, leurs emploi du temps n'étant pas les mêmes, soit la situation n'était pas adaptée. Trop de monde autours de lui, un devoir important qui ne pouvait être reporté au lendemain et qu'elle devait absolument finir, une envie pressante,... Tout était devenu un prétexte pour repousser le moment fatidique. Mais les jours défilaient... Et alors que sa deuxième semaines de tentatives avortées pointait le bout de son nez, Olive se décida. Elle alla l'attendre à la fin de son cours de Métamorphose, feignant de passer par là au moment où il sortait de la salle. Et là, échec. Réagissant comme à l'ordinaire, il l'ignora, continuant son chemin. Zut. Mais bon, il fallait s'y attendre, non? Ils passaient leurs temps à s'ignorer, ne se parlant que lorsqu'ils étaient seuls. Alors pourquoi aurait-il dérogé à la règle et serait venu, tout-sourire, lui adresser la parole et demander de ses nouvelles?

Se traitant mentalement d'idiote, elle fit prestement demi-tour et rattrapa le retard qu'elle venait de prendre sur le serdaigle. La jeune fille resta à une bonne distance, calquant son pas sur le sien. Et, peu à peu, elle se mit à le suivre mécaniquement, se demandant comment elle allait s'y prendre, cherchant les phrases qu'elle pourrait dire.

Elle avait ainsi marcher sans trop s'en rendre compte dans tout le château en cherchant comment amener le sujet vers ce qui intéressait Tom, s'était laissée embarquer dehors sans même songer à rester à l'abri de Poudlard en se demandant comment débuter la conversation, avait remonté tous les étages de l'école en suivant toujours le sixième année... Elle ne se rendit pas compte qu'il avait finit par ralenti, puis s'arrêter. Et ce ne fut que lorsque son nez se retrouva à quelques centimètres du dos du serdaigle qu'elle pila net, évitant tout juste de lui rentrer dedans.

- Bon... Qu'est-ce que tu veux ?

Oups... Grillée. Elle leva lentement les yeux vers lui alors qu'il se retournait. Zut. Mal à l'aise, elle remit une mèche trempée en place. Essuya du revers de la manche les gouttes froides qui se trouvaient sur sa joue sans grand résultat, le manteau qu'elle portait étant chaud mais pas du tout imperméable et surtout bel et bien trempé.

- Euh.. Salut. Ça va bien?

Elle se sentit rougir bêtement sous cette question qui était bien stupide après s'être fait prendre en pleine filature, à défaut d'un autre mot. Et toute à sa gêne, Olive ne s'était pas encore rendu compte qu'elle s'était aventurée à l'extérieur des murs de Poudlard. Car un cet instant, elle pensait surtout à ce qu'elle allait bien pouvoir raconter à Morgan...