Pfiou... Que la journée avait été ennuyante ! C'était à chaque fois pareil lorsque Poudlard était assailli par la pluie. Et dans ces cas-là, il n'y avait pas grand chose à faire pour occuper son après-midi. Il y avait eu certes les cours, mais une fois rentrée dans sa salle commune, Bonnie ne trouva rien de bien intéressant à faire. Comment ça il y avait deux devoirs à rendre pour la fin de la semaine ? La jeune fille n'avait pas du tout envie de se plonger dans les bouquins. Encore moins rédiger un parchemin... Elle en avait juste assez de rester enfermée. Elle aurait voulu se dégourdir les jambes dans le parc après être restée longtemps assise en classe. Mais non impossible, il tombait des cordes dehors...
Pire que tout, la rouge et or ne trouvait personne avec qui discuter. Tous les élèves qui se trouvaient dans la salle commune étudiaient. Déprimant. Non il fallait qu'elle fasse quelque chose. Surtout qu'à gigoter comme ça dans son fauteuil, elle commençait à agacer ses camarades.
Alors dans un soupir d'exaspération, elle monta dans son dortoir. Au moins personne ne râlerait ici. Arrivée devant sa malle, la jeune fille se souvint qu'il fallait encore qu'elle envoie un hibou à son grand frère pour lui souhaiter un bon anniversaire. Ben oui... obligé. Si elle ne le faisait pas elle s'attirerait les foudres de sa mère. Et bien qu'elle y soit déjà habituée, Bonnie préférait éviter ça. Surtout que son prochain retour à la maison serait explosif... bref autant ne pas y penser.
Heureusement, elle avait déjà rédigée la lettre ce matin en se levant. Elle avait juste oublié d'aller à la Volière à midi. Dans un seul geste, elle attrapa l'enveloppe laissée quelques heures auparavant et une petite veste beige qu'elle enfilait souvent pour se protéger de la pluie.

Après avoir bravé les marches qui menaient à la tour, oui bravé car marches + pluie = très glissant, Bonnie pu constater qu'il n'y avait pas âme qui vive. Bon... elle ne pourrait pas non plus enquiquiner quelqu'un aujourd'hui.
La pluie avait cessé, laissant par ci par là quelques flaques d'où se reflétait un soleil très éclatant pour une fin d'après-midi. La jeune fille en eu presque mal aux yeux. Elle eut d'autant plus de mal à trouver son hibou. Quelques minutes de recherche suffirent à informer Bonnie que son volatile était parti chasser. Ou au moins profiter de l’accalmie.

- Jamais là quand on a besoin de lui... avait-elle sorti dans un souffle.

Qu'allait-elle faire maintenant ? Elle n'avait pas envie de remonter une seconde fois dans la soirée pour envoyer sa lettre. Il n'y avait plus qu'à attendre dans ce cas.
Bonnie s'adossa donc devant l'une des ouvertures de la Volière, s'exposant ainsi à un rayon de soleil. Que ça faisait du bien ! Elle ferma un instant les yeux et écarta de ses pensées tous les problèmes qu'elle vivait depuis peu. Cela ne lui arrivait pas souvent d'ailleurs. Mais aujourd'hui cela lui était bénéfique.

Des bruits de pas vinrent cependant briser le silence et attirèrent l'oreille de la Gryffondor. Quelqu'un avait eu la même idée qu'elle on dirait. Bonnie scruta le haut des marches pour voir qui montait la rejoindre. Elle reconnut immédiatement Steve Johnson, un garçon de sa maison qu'elle appréciait tout particulièrement. Ils avaient eu une histoire mais étaient restés proches depuis. Bonnie aimait beaucoup sa compagnie.

- Tiens tiens... Je te surprend à venir envoyer des mots doux !

La jeune fille avait déclaré cela le sourire aux lèvres, comme pour dire salut. Elle n'avait même pas remarqué que son hibou était revenu, refroidi par l'humidité qui régnait dans les environs.

Je ne sais pas vous, mais je trouve qu'il n'y a rien de plus compliqué au monde que d'écrire à quelqu'un que vous connaissez plutôt bien... sans vraiment la connaître, que vous êtes supposé apprécier alors que vous ne voyez cette personne que toutes les saint glinglin. C'est le difficile exercice auquel je m'adonne en ce moment même, et autant vous dire qu'il n'y a rien de plus compliqué que d'écrire une lettre de remerciement à quelqu'un qui, pour vous, est presque un total inconnu. En l'occurrence, je parle de Mildred. Mildred, c'est ma tante, la sœur de mon père (elle appartient donc au côté moldu de ma famille). Elle est ma marraine, mais malgré ça, je ne la vois jamais... et quand je dis jamais, le mot est faible. Je l'ai vu deux fois, à Noël quand j'avais dix ans, et à mes 7 ans, pour mon anniversaire. Bon... techniquement, elle a dû être là à mon baptême, aussi, donc ça fait trois fois. Mais c'est tout. Oh, c'est pas une mauvaise marraine pour autant : elle m'envoie de l'argent à chaque anniversaire, et s'arrange toujours pour me faire parvenir un cadeau par la poste lors des fêtes de fin d'année. Oui, on peut dire qu'elle remplit ses fonctions de marraine à la perfection, et j'avoue que j'attend toujours ses cadeaux avec impatience (je suis vénal, j'y peux rien)... mais quand même, c'est bizarre d'être couvert d'attentions par quelqu'un qui a si peu d'importance dans votre vie de tous les jours. Je la blâme pas,c'est pas de sa faute. Mon père m'a appris qu'elle voyageait beaucoup, parce que son mari est plein aux as (c'est une excuse comme une autre, hein – en même temps, c'est bien parce qu'elle est pleine aux as qu'elle peut me gâter comme ça). D'ailleurs, elle me rapporte un petit quelque chose à chaque voyage qu'elle fait.

Cette fois, elle est en Amérique. Elle m'a fait parvenir un souvenir, ça fait déjà plusieurs semaines, et ma mère n'arrête pas de me tanner pour que je la remercie. Tu parles d'un mic mac ! La famille de mon père n'est pas au courant que ma mère et moi sommes sorciers, donc il n'est pas question qu'un hibou vienne frapper à leur fenêtre. Chaque fois que je dois écrire à ma famille côté paternel, je dois d'abord envoyer le hibou aux parents, qui eux le retransmettent, plus bordélique, comme organisation, tu meurs ! Bref... Il faut que je retourne à ma lettre.

Chère Mildred,

Non... D'un coup de baguette, j'efface ce que je viens d'écrire. C'est trop... distant, de l'appeler par son prénom, même si c'est ce que je fais toujours quand elle a le dos tourné (et elle a toujours le dos tourné). Alors quoi : tata ? Tantine ? Aucune de ces appellations ne me plaît. Bon. Tentons autre chose, alors.

Ma marraine préférée,

Voilà qui est mieux. Et c'est pas un mensonge, puisque j'ai pas d'autres marraines. Plus confiant, je poursuis l'écriture de ma lettre. Je vais pas y passer la journée non plus ! Je n'aime pas écrire. L'amour des vieux parchemins, c'est bon pour Dora, pas pour moi. C'est décidé, j'écris sans m'arrêter, tant pis si ça ressemble à rien.

Merci pour ton cadeau, il m'a fait très plaisir. J'espère que tu t'amuses en Amérique. Tu y restes longtemps ?

Pitié, qu'elle ne réponde pas à cette question ! Je ne veux pas d'un échange de lettres à rallonge.

En ce qui me concerne, je vais bien. Mes examens de fin d'année approchent, je suppose que papa te l'as dit, mais je suis plutôt confiance. L'institut St Georges me plaît toujours autant.

Vous vous demandez ce que c'est, l'institut St Georges ? Moi aussi. Apparemment, c'est une école privée équipée d'un internat, l'endroit même où mon père prétend que j'étudie puisqu'il n'est pas question pour lui de révéler à sa famille que j'étudie dans une école de magie.

Je t'embrasse. J'espère te revoir bientôt.

Oui, j'avoue, c'est plutôt ironique.

Steve.

Voilà, emballé c'est pesé ! Satisfait de ma missive, je lève mes augustes fesses de ma chaise et quitte la salle commune des gryffons pour envoyer la lettre à mes parents. J'ai un peu la flemme, je dois dire, mais plus tôt ce sera fait, plus tôt je serais débarrassé.
Je me rend donc à la volière, le pas légèrement traînant, avant de découvrir que quelqu'un s'y trouve déjà.

Tiens tiens... Je te surprend à venir envoyer des mots doux !

Bonnie ! Un sourire s'inscrit sur mon visage. La jeune fille est mon ex petite amie, et nous sommes restés en excellents termes, si bons en fait que quand elle me fait ce genre de remarque, je sais que ce n'est pas par jalousie.

-Pris sur le fait. Je réplique dans un innocent haussement d'épaule, riant intérieurement, songeant qu'envoyer des mots doux à la tante Mildrer serait l'idée la plus absurde du monde. Comment tu vas ? Ça fait une éternité qu'on ne s'est plus parlé, tous les deux.

Bonnie se trouvait chanceuse d'être restée en excellents termes avec Steve. C'est vrai, beaucoup de relations amoureuses se terminaient très mal pour la plupart. Il suffisait de tendre l'oreille à tous les ragots qui pouvaient circuler dans Poudlard. Il n'était question que de ça. Enfin presque... Non vraiment les histoires d'amour de jeunes sorciers n'étaient que des catastrophes, il ne fallait pas se leurrer. Bonnie avait même le parfait exemple en tête : Melody et Linus. Avoir des vues sur la sœur de sa copine, quel pauvre type sérieusement. Le résultat ? Melody en a pris plein la figure et souffre énormément aujourd'hui. Bonnie l'a bien remarqué même si la Serdaigle s'est éloignée d'elle.
Tout ça pour dire que l'amour fait beaucoup de dégâts parfois. Et Bonnie est d'autant plus heureuse qu'avec Steve tout s'est bien passé. Elle garde un très bon souvenir de sa relation amoureuse avec lui. Elle pourrait même affirmer que c'est sa seule relation « sérieuse » à ce jour. En effet, la jeune fille a généralement du mal à s'attacher à quelqu'un. Qui plus est, la Gryffondor est particulièrement difficile en matière de garçons et il était impossible pour ses amies de discuter avec elle sur ce sujet. Quand on vous dit que Bonnie Adams ne veut vraiment pas faire comme tout le monde !
Et maintenant qu'elle savait que ses parents voulaient la marier sans son avis, il était hors de question que la jeune fille se plonge dans une autre histoire. Le contraire serait ridicule pour elle...

- Pris sur le fait.

Bonnie sourit à ces mots. Steve avait compris qu'il n'y avait aucune curiosité de style jalousie derrière tout ça. C'est une plaisanterie qu'elle avait l'habitude de lui envoyer de temps en temps.

- Comment tu vas ? Ça fait une éternité qu'on ne s'est plus parlé, tous les deux.

Sur ce point il n'avait pas tort. Même si les deux élèves étaient dans la même maison, il y avait longtemps que Bonnie n'avait pas eu l'occasion de discuter avec Steve. Il faut dire que la rouge et or s'était un peu éloignée des gens qu'elle appréciait à cause de ses différents avec sa famille. Elle n'en parlait à personne. Non pas qu'elle ne le voulait pas, mais si elle pouvait éviter le sujet ce n'était pas plus mal.

- Je vais... Bien. C'est vrai que ça fait longtemps, je plaide coupable. Des ennuis avec ma famille, tout ça...

Bonnie termina sa phrase en bredouillant. Elle ne savait pas comment expliquer la situation et elle ne voulait pas assommer Steve avec ses déboires personnels.
Au moins réussirait-il à éclairer sa journée, comme il le faisait souvent. Bonnie se souvient des nombreuses soirées qu'ils avaient passé tous les deux dans la salle commune à rire et parler de tout et de rien. Quoi qu'ils riaient plus qu'ils ne parlaient en fait.

- Enfin fais pas attention, c'est pas important.
J'étais sur le point d'envoyer une lettre à mon frère mais mon stupide hibou n'est pas... elle avait commencé à pointer le haut de la tour et constata que son volatile était rentré de sa chasse.
Je crois qu'il se moque de moi en fait !

La Gryffondor éclata de rire. C'était bien quelque chose qui n'arrivait qu'à elle. Posséder un hibou qui la faisait tourner en bourrique ne pouvait tomber que sur elle. Au moins cela la faisait rire. Pourtant, Bonnie avait pris soin de bien le choisir, ce hibou. Elle se souvient encore du jour où sa mère l'avait emmenée dans la ménagerie à Londres. Elle avait peut être passé plus d'une heure dans le magasin avant de ressortir. Ce qui avait énervé sa mère et amusé la jeune fille par la même occasion.

Je vais... Bien.

Ma petite Bonnie, grande cachotière ! Je ne te crois pas. Je suis même persuadé que tu mens. On est sorti ensemble pendant un moment, quand même, alors je sais quand tu mens. Je ne vais pas insister, mais puisque Bonnie est mon amie, je m'inquiète, bien sûr. Si ça se trouve, je suis totalement à côté de la plaque (ce ne serait pas la première fois) et Bonnie pète la forme. Mais j'ai comme un doute. Si quelque chose ne va pas, je veux savoir quoi. Mais je ne veux pas la forcer à cracher le morceau. Je sais à quel point c'est désagréable d'avoir à dire ce qui ne va pas quand on en a pas l'envie, je suis le dernier à aimer ça (même si j'ai jamais de motifs à me plaindre... enfin presque), alors je vais attendre. Et en attendant, je ferais tout mon possible pour lui donner le sourire. S'il y a une chose pour laquelle je suis douée, c'est ça, je suis très fort quand il s'agit de remonter le moral des gens. Je ne suis pas qualifié de rigolo de service pour rien. J'assume complètement ce rôle, et preuve est faite qu'il est utile.

C'est vrai que ça fait longtemps, je plaide coupable. Des ennuis avec ma famille, tout ça...

Mes doutes se confirment. Quelque chose ne va effectivement pas, et apparemment, ce n'est pas sans rapport avec les parents de mademoiselle Adams. Je ne sais pas grand chose de sa famille. Je sais juste qu'elle est de sang-purs, et que Mr et Mme Adams sont plutôt conservateurs dans leur genre, à ce que j'ai cru comprend. De là à comprendre ce qui peut bien arriver à la jolie blonde, il y a un océan. J'imagine un peu tout et n'importe quoi : la mort d'une tante éloignée, une bataille pour l'héritage, le décès d'un parent proche, un enfant caché, un adultère ? Quand il s'agit de famille et de secrets, le pannel des possibilités est large. Il suffit de regarder la mienne, de famille, pour le comprendre : la moitié de ma famille ne sait pas que l'autre est de sang sorcier. Et nul doute que ce genre de secrets de famille pourraient très mal tourner.

Enfin fais pas attention, c'est pas important.

Trop tard ma jolie, j'ai fait attention, et je suis convaincu que c'est important. Mais sois soulagée, je ne suis pas du genre intrusif. Si tu ne veux rien dire, je ne t'obligerais pas. J'ai souvent l'air d'être assez insouciant, mais quand il s'agit de mes amis, je suis extrêmement impliqué, en fait. Regardez Hagrid. Ce que je ne serais pas capable de faire pour lui !

J'étais sur le point d'envoyer une lettre à mon frère mais mon stupide hibou n'est pas... Je crois qu'il se moque de moi en fait !

Je ne peux m'empêcher de rire de concert avec Bonnie quand je vois le hibou de la jeune fille refaire son apparition pile au moment où elle se plaint de son absence. Ce genre de situations cocasses font ma joie quotidienne. Un véritable bonheur. Je suis content si ce genre de petits amusements du quotidien peuvent lui faire oublier ses problèmes autrement plus important.

-Les piafs... tous des vicieux !  Je marque une pause. Tu connais la blague du hibou et du toreau ? 

La blague est nulle. Mais je suis un expert en matière de blagues nulles, alors j'assume. Je laisse un silence de circonstance puis je largue la bombe.

-C'est un hibou et un toreau qui discutent dans un près. Le toreau est déprimé, tu vois, il a le museau sec, l'air abruti, la corne creuse... Oui, j'aime broder inutilement autour des blagues que je fais. Lui et le hibou sont très potes, alors le hibou, qui lui a un plumage genre.. de compétition, tu vois, il s'inquiète pour lui. Donc il lui demande ce qui ne va pas. Le toreau soupire puis dit : Si tu savais la chance que tu as.  Je prends une voix grave et caverneuse pour représenter le toreau, que je change en voix aigu pour faire le hibou. Oui, quand je fais des blagues, je me met en scène. Pourquoi ? Lui demande le hibou. Ben... Ta femme est chouette, alors que la mienne est vache. 

Roulement de tambour. C'était la blague nulle du jour ! Enfin... pourvu que ça la fasse rire.

Bien sûr qu'il se doutait de quelque chose. Bonnie ne se posait même pas la question. Elle voulait éviter de parler de ses ennuis mais elle connaissait Steve et elle savait qu'au moindre son de sa voix, il devinait son humeur. D'accord, c'était vraiment très facile de comprendre comment fonctionnait Bonnie Adams, soit elle était rayonnante de bonne humeur soit elle était complètement le contraire, c'est-à-dire désagréable comme la pluie. Elle s'accordait très bien avec le temps du jour d'ailleurs.

Enfin la faute à qui? Ses parents ne la lâchaient pas depuis quelques temps. Ils étaient constamment sur son dos à lui répéter qu'il n'était pas bien de faire ceci ou de dire cela. Chaque jour passé chez elle lui rappelait que ses parents auraient aimé un troisième fils ou une fille plus docile pour pouvoir faire honneur à la « l'extraordinaire » lignée des Adams. Ah ah! Ça elle avait bien intégré dans sa tête qu'elle était la déception de la famille et que jamais elle ne réussirait aussi bien que ses frères. Et pourtant elle s'en fichait pas mal. Elle voulait juste vivre sa vie comme elle le voulait elle, et pas ses parents.
Mais elle avait quand même décidé de ne pas trop envenimer les choses et souhaiter un bon anniversaire à son frère ne lui ferait pas de mal. Et si ça pouvait lui éviter une nouvelle beuglante à l'heure du petit déjeuner demain devant tous ses camarades, elle s'en porterait même bien. La Gryffondor les collectionnait depuis sa première année. Il faut dire que sa mère avait tendance à vite s'énerver en sa présence. Ou non d'ailleurs.
Au moins son hibou était revenu et son fou rire lui fit du bien car Steve se joint à elle. C'était quelque chose qui le faisait autant rire qu'elle et elle se sentait un peu moins seule tout d'un coup.

-Les piafs... tous des vicieux !  Tu connais la blague du hibou et du toreau ? 

Comble du ravissement, le Gryffondor allait lui sortir une nouvelle blague. Et par Merlin qu'est ce qu'elle pouvait adorer les histoires de son ami. N'importe quel autre élève pouvait raconter la même chose, elle ne riait pas autant qu'avec Steve. Bon, ses blagues étaient un peu voire vraiment nulles et Bonnie s'amusait à le lui rappeler souvent, mais la façon dont il pouvait les raconter était à mourir de rire.

-C'est un hibou et un toreau qui discutent dans un près. Le toreau est déprimé, tu vois, il a le museau sec, l'air abruti, la corne creuse...  Lui et le hibou sont très potes, alors le hibou, qui lui a un plumage genre.. de compétition, tu vois, il s'inquiète pour lui. Donc il lui demande ce qui ne va pas. Le toreau soupire puis dit : Si tu savais la chance que tu as. 

Déjà ça commençait bien, Bonnie était obligée de se retenir de rire à cause de la voix gutturale que Steve avait essayé de prendre.

Pourquoi ? Lui demande le hibou.
Ben... Ta femme est chouette, alors que la mienne est vache. 

Petit instant de silence. Instant pendant lequel Bonnie fixa son camarade tout en essayant de ne pas rire. Mais c'était peine perdue et la jeune fille éclata de rire. Et vous savez, ce rire franc et sincère qui vous donne mal au ventre après avoir essayé de s'arrêter, en vain. Pour un peu, elle en aurait eu les larmes aux yeux. Bonnie était certes bon public mais ça faisait tellement de bien d'entendre une blague de son ami après tout ce qu'elle traversait, que le rire lui venait facilement.

- Une histoire à la hauteur de ton talent Steve! Parvint-elle à dire après s'être calmée. Tu imite super bien le taureau en plus!

Spoiler:

Une seconde.. Deux secondes. Je sais parfaitement que ma vanne ne vole pas bien haut, mais généralement, j'arrive à faire rire, même avec la blague la plus ridicule qui soit. Je sui un clown-né, les gens ne me voient souvent que comme ça, et ça me va très bien. Du coup, je crains toujours le flop. Quitte à jouer les crétins, autant que ça ait une utilité : en l'occurrence faire rire le plus de monde possible. Bon, y'a toujours deux trois crétins pour ne rien comprendre à l'humour (bizarrement, la plupart de ces crétins sont à serpentard), mais eux, ils ne comptent pas. Si je ne les fais pas rire, je m'en fous... Par contre, si je n'arrive pas à faire rire Bonnie, là, je m'inquiète, c'est qu'elle va vraiment très mal (ou que je deviens absolument nul, étant donné qu'elle a ri à la vue d'un malheureux piaf tout à l'heure). Elle finit quand même par rire, ouf! Par rire aux éclats, même. L'objectif est atteint. Parce qu'après tout, si je fais tout ça, moi, c'est pour lui faire plaisir, parce que je n'aime pas la voir soucieuse. Même si on est plus ensemble, je continue à tenir à elle, je tolèrerais pas de la voir malheureuse sans tenter de faire quelque chose pour y remédier.

- Une histoire à la hauteur de ton talent Steve!

Je ne prends pas mal l'ironie, d'autant plus que je sais que Bonnie ne pense pas à mal la moindre seconde. On se taquine souvent, elle et moi. à l'époque, quand on ne sortait pas ensemble, c'était une façon de se chercher l'un l'autre, de flirter. Une fois qu'on était ensemble, c'était notre façon de s'amuser, une sorte de passe-temps... et maintenant qu'on est plus ensemble, c'est davantage une habitude qu'on a gardé tous les deux. C'est drôle, même sans ambiguité, alors pourquoi s'en priver? Au lieu de me vexer comme certains auraient pu le faire, je me contente de bomber le torse, comme si je prenais cette phrase au premier degré. Jouer les vântards, c'est aussi une seconde nature, chez moi.

-Tu imite super bien le taureau en plus!

Sa remarque me fait sourire. Visiblement, j'ai réussi à détendre l'atmosphère, j'en suis ravi. Si à la fin de notre discussion, elle arrive à oublier un temps ses ennuis, alors j'aurais réussi. Bon, c'est vrai que ça m'intrigue, de ne pas savoir ce qui lui arrive, et que j'aimerais bien savoir, pour pouvoir l'aider du mieux que je peux, mais les sujets graves, ce n'est pas le genre de choses qu'on aborde, avec moi. Je suis le fanfaron, le copain rigolo avec lequel on peut bien se marrer, mais discuter... se confier.... les gens préfèrent le faire avec quelqu'un qui leur semble plus à même de les comprendre, qui n'ait pas l'air de prendre sans arrêt tout par dessus la jambe.

-Arrête, tu me gênes là... Même si le compliment est mérité, c'est vrai. J'imite aussi vachement bien le canard mandarin, si tu veux.

Steve avait eu presque peur que Bonnie ne rit pas. Et la situation aurait été vraiment grave, car Bonnie aimait toujours rire, quoi qu'il pouvait arriver. À part si elle était à l'agonie, et encore... Mais non, elle ne pouvait pas résister, les blagues de Steve étaient toujours aussi drôles.
Et lorsqu'elle lui dit que cette blague était à la hauteur de son talent, comme de bien entendu, le Gryffondor profita de l'occasion pour jouer le type fier de lui et bomba le torse. La jeune fille le connaissait trop bien pour savoir qu'il aimait jouer les vantards, mais qu'il n'en était rien. Malgré tout elle pouffa de rire.

-Arrête, tu me gênes là... Même si le compliment est mérité, c'est vrai. J'imite aussi vachement bien le canard mandarin, si tu veux.

Elle rit une nouvelle fois. Être en compagnie de Steve était tellement agréable. Tout était facile avec lui. Elle pouvait parler sans retenu.
Bonnie n'eut pas le temps de répondre que déjà son hibou s'approchait d'elle, espérant un petit quelque chose à grignoter. Dommage pour lui, elle n'avait rien prévu. Elle le récompenserait une fois sa mission achevée. Ce hibou était vraiment caractériel par moment. Alors se contente d'attacher la missive à la patte gauche et lui caressa la tête en guise de « désolé mais ce sera pour la prochaine fois. » Le plus important étant que son frère reçoive à temps sa lettre à Londres. Étonnamment, le volatile ne broncha pas. Il s'engouffra dans la fenêtre la plus proche et Bonnie le regarda disparaître au loin, le cœur lourd. Elle n'avait pas laissé de mot à sa mère et encore moins à son père. Elle voulait faire comme si rien ne se passait, comme si ses parents ne prévoyaient pas de la marier. Malheureusement, Bonnie ne l'oubliait pas. Pour l'instant, elle n'en parlait à personne. Et peut être que tout dire à son ami lui ferait le plus grand bien. Elle pouvait compter sur lui, ça elle en était sûre. Tout sourire s'effaça de son visage et elle ne quittait pas la fenêtre des yeux.

- Ils veulent me marier... son ton avait été plus sérieux qu'elle ne le voulait mais elle continua tout de même sur sa lancée. Mes parents m'ont trouvé un fiancé...

Bavarde comme elle était, cette phrase avait eu tout de même du mal à sortir. Mais elle avait réussi à lui dire. Maintenant, elle s'attendait à toutes les réactions possibles. Peut être croirait-il à une blague de la part de Bonnie. Après tout, cela ne lui arrivait pas souvent de dire les choses aussi sérieusement. Et puis ça faisait quand même bizarre de dire à son ex petit ami qu'elle allait se fiancer. Ça faisait bizarre tout court d'ailleurs. Qui pourrait croire que Bonnie se marierait un jour ? Elle était la première étonnée. Elle jeta un coup d’œil vers son ami. Guettant le moindre détail de sa physionomie.
Elle préférait tout de même le lui annoncer d'elle-même. Elle ne voulait pas que Steve apprenne ça par une autre personne. Car oui la rumeur se répandrait comme une véritable traînée de poudre. Les gens parlaient beaucoup et tout allait vite dans le château. Les familles parlent entre elles, et les enfants en parlent leur tour. La Gryffondor était d'ailleurs surprise que la nouvelle n'ait pas encore fait le tour de l'école. Mais au moins, Steve savait. Et quelque part, Bonnie se sentait soulagée du poids de ce secret. Car oui, la jeune fille espérait que ça ne resterait qu'un secret, mais elle n'était pas idiote, tout se savait un jour ou l'autre.

Le ton est joyeux et bon enfant, l'atmosphère beaucoup moins lourde que lorsque je suis arrivé dans la volière. Je suis plutôt fier de mon petit effet. Je sais que le rire est ma meilleure arme, elle ne manque pas de montrer, une fois de plus, son efficacité. Bon, je dois dire que la tâche m'en est facilitée par mon interlocutrice, qui est particulièrement bon public. Je pense être parvenu à définitivement détendre l'ambiance quand la nouvelle tombe comme un couperet. Visiblement, Bonnie avait besoin de m'en parler, malgré tout.

Ils veulent me marier...

Le sourire qui était affiché sur mon visage quelques secondes plus tôt s'efface aussitôt. J'ai envie de croire que c'est une blague, mais à en juger par la tête que fait Bonnie, c'est tout sauf une farce (qui aurait été de très mauvais goût). Je la regarde, l'air un peu défait. C'est rare que je sois pris au dépourvu, mais là... J'avoue que je sais pas trop quoi dire pour qu'elle se sente mieux.

-Mes parents m'ont trouvé un fiancé...

Donc ce n'est pas juste une idée en l'air. Non seulement les parents de mon ex petite amie veulent qu'elle se marie, mais il ne lui laissent pas le choix une seule seconde. Toutes ces histoires de mariage arrangé me débectent au plus haut point, et c'est d'autant plus ignoble que c'est monnaie courante, dans le monde des sang-purs. C'est dans ces moments là que je ne pourrais être plus heureux d'être de sang mêlé. Enfin, je n'ai pas franchement l'occasion d'être heureux, parce que voir ma camarade, qui avant tout est mon amie, souffrir à ce point d'une situation injuste a plutôt de quoi me rendre malade. Je vois mal comment ça pourrait me réjouir. À en juger par sa tête et le ton de sa voix, elle doit connaître son fiancé. À tous les coups, c'est un serpentard prétentieux. Parce que tous les serpentards ou presque sont de sang pur et que tous les serpentards sans exception sont des pauvres crétins arrogants. Pauvre Bonnie. C'est bien la dernière personne au monde qui mérite ce genre de choses. Et moi, comme un idiot, je ne vois pas quoi dire pour la rassurer. Finalement, ce n'est peut-être pas pour rien que personne ne se confie à moi dans les situations délicates.

-Je suis désolé.

C'est con comme phrase. Très con. Mais je suis pris au dépourvu, et je ne sais pas trop quoi dire. J'ai bien quelques blagues de très mauvais goût sur le mariage arrangé qui me viennent à l'esprit mais je vais m'abstenir de les partager. Il y a des limites à ma bêtise.

-Tu sais qui c'est, ce fiancé ?

Je ne sais pas si c'est vraiment la question à poser, mais quand je saurais à quoi m'en tenir, j'aurais moins de mal à gérer la situation. Enfin je pense... Je m'attends au pire : imaginez que ce soit Chaser, Dawnley, Lestrange... encore pire, Jedusor ! La liste des crétins à serpentard est vraiment trop longue pour que je puisse les citer tous.

Bonnie s'en voulait de lui avoir tout déballé comme ça sans crier « gare! ». Non pas qu'elle ne voulait pas se confier à son ami, loin de là, mais la dernière chose qu'elle souhaitait était de l'embêter avec ses problèmes personnels. Elle n'aimait pas vraiment gâcher l'ambiance surtout en compagnie de Steve, ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas parlé... Et pourtant elle n'avait pas pu s'empêcher de lui dire qu'elle était fiancée. Oui sauf que là elle avait besoin de se confier, c'était trop lourd pour elle seule.
Ce n'était pas difficile de voir à quel point son camarade semblait pris de court par cette nouvelle. Rien d'étonnant, Bonnie elle-même n'aurait pas su réagir dans ce cas-là. C'était un sujet beaucoup trop sérieux pour elle, et pourtant...

- Je suis désolé.

Bonnie le sentait, Steve ne savait pas quoi répondre. Dans d'autres circonstances elle aurait souri en l'entendant s’excuser. Elle ne lui avouait pas qu'elle allait mourir même si ça sonnait bien comme ça.

-Tu sais qui c'est, ce fiancé ?

Eh oui Bonnie s'y attendait. Évidemment son ami voulait savoir qui était l'heureux élu, le parti idéal élu à l'unanimité par les Adams. En y réfléchissant bien, Bonnie trouvait que ses parents avaient des goûts douteux, et elle en faisait les frais.
Steve voulait le savoir car à coup sûr il s'attendait à ce que ce soit un Serpentard. Pourquoi Bonnie pensait ça ? Parce qu'elle y avait déjà songé. Enfin pas à se marier avec un vert et argent loin de là ! Mais elle avait déjà pensé au fait que sa famille pouvait lui arranger un mariage. Et ses parents auraient forcément voulu un snob de Serpentard. Sauf que ce n'était pas le cas... La jeune fille se demandait quel était le pire d'ailleurs.

- Oh tu le connais...

Une fois encore, Bonnie était curieuse de savoir comment il allait prendre la nouvelle. Elle prit une grande inspiration et se redressa, parce que malgré tout, la blondinette appréciait de rajouter un peu de théâtralité à tout ce qu'elle disait.

- Tu as devant toi la future Madame Clyde Hornby.

Merlin que ça faisait bizarre de dire ça à voix haute ! Tout ça devenait tellement réel pour Bonnie qu'elle en avait des frissons. Et tout d'un coup, elle perdit tout ses moyens. Elle ne savait pas quoi faire. Elle avait envie d'hurler, de pleurer et de rire, les trois en même temps. Alors elle laissa échapper un petit rire nerveux.

- C'est n'importe quoi...

N'importe quoi oui, c'était exactement ça. Bonnie se croyait dans un très mauvais roman à l'eau de rose pour sorcières à fleur de peau. La bibliothèque de sa mère en était remplie depuis des années. Mais elle se gardait bien d'en partager le secret avec son mari car Monsieur Adams n'était pas vraiment du genre... sentimental. En plus de ça Bonnie avait horreur de ces bouquins. C'était une perte de temps que de lire n'en serait-ce qu'un.

- Oh tu le connais...

Ah... Donc mes soupçons sont fondés, c'est bien un élève de Poudlard (sinon, comment expliquer qu'on le connaisse tous les deux). À partir de là, je m'attends très évidemment à entendre le nom de l'un de ces serpentards imbus de leur personne. Je m'offusque de ce qu'elle va dire avant même que le moindre nom soit prononcé, bien décidé à pester de concert avec Bonnie contre une injustice criante, et contre ce crétin fini qu'elle allait avoir pour époux (car c'est bien connu, tous les serpentards sont des crétins finis). Mais finalement, quand j'apprends le nom de l' »heureux fiancé », je tombe littéralement des nues.

- Tu as devant toi la future Madame Clyde Hornby.

Je ne peux m'empêcher d'adresser à Bonnie le regard le plus incrédule qui soit en apprenant la nouvelle. Clyde Hornby ? Ce même Clyde Hornby réputé pour être un glandeur invétéré, une larve humaine ? Non, ne vous y méprenez pas, Clyde et moi sommes tous deux très bon amis, mais très objectivement... Clyde est peut-être l'un des pires maris qui soient pour Bonnie. Pas besoin de les regarder bien longtemps (mais je les connais tous les deux très bien) pour réaliser qu'ils sont totalement incompatibles, elle, c'est une fille active, débordant d'énergie, et lui une loque qui ne sait pas ce que le mot « énergie » signifie. Non, Bonnie et Clyde, c'est vraiment... Attendez voir... Bonnie et Clyde... Bonnie et Clyde... Voilà, c'est une très mauvaise blague. À tous moments, je m'attends à ce que la jolie blonde revienne sur ce qu'elle vient de dire... malheureusement, elle est sérieuse. Je ne sais pas s'il faut rire ou pleurer de cette situation. En tous cas, il faudra que j'ai une conversation avec Clyde. Je ne peux que confirmer les propos que Bonnie prononce ensuite.

- C'est n'importe quoi...

Effectivement... J'ai du mal à la contredire, pour le coup. Oui, c'est vrai, c'est du grand n'importe quoi. Au point que j'ai encore du mal à croire que c'est vrai... Bon, si on voit les choses du bon côté, au moins elle ne finit pas avec un vert et argent.

-Je sais pas quoi te dire... Toi et Clyde, c'est... Vos parents avaient bu quand ils ont décidé ça ? Mmm... Oui, c'est peut-être pas le moment de lui sortir mon humour à deux balles. Excuse. C'est juste que... j'en reviens pas.

Je songe à la consoler en lui énumérant tous les époux potentiels auxquels elle a au moins la chance d'échapper. Je m'abstiens parce que je trouve ça fataliste. On ne sait jamais, après tout, si ça se trouve, les Adams et les Hornby retrouveraient leurs esprits et annuleraient le mariage, mettraient fin à cette mascarade... J'en doute, malheureusement, mais si on veut priver Bonnie de son avenir, je ne veux pas être celui qui la privait de ses espoirs.

-Enfin... ne mettons pas la charrue avant les hypogriffes, tant que ce fameux mariage n'a pas lieu, on peut toujours essayer de l'empêcher.

Comment, je ne sais pas, mais je ne veux pas que Bonnie perde de son optimisme.

Bonnie avait tout dit. Au moins à une personne. Et ce n'était que la première d'une longue liste. Car évidemment, elle se doutait bien qu'il faudrait annoncer la nouvelle à tout le monde ou à peu près. D'ici les vacances scolaires, son hibou allait être occupé... Et pas que son hibou. Bonnie se voyait déjà dans tous les stupides préparatifs relatifs au mariage. Elle les avaient soigneusement évités lorsque son grand frère s'était marié. C'était surtout sa mère la plus insupportable puisqu'elle s'était auto-proclamée organisatrice en chef. Ce n'avait été que cris, ordres et « roses blanches ou lys? » pendant des semaines. Voilà ce qui attendait la gryffondor. Vous pouvez le croire, elle redoutait ça comme la peste. Mieux valait ne pas y penser pour le moment...

Lorsqu'elle annonça à son ami qu'elle était fiancée à ce cher Clyde, la réaction de Steve ne différa pas de beaucoup avec la sienne. Elle n'avait pas su quoi dire sur le moment. Chose étonnante n'est-ce pas? Elle était d'autant plus persuadée qu'il était en train de se dire qu'ils allaient être le couple le plus mal assorti que le monde sorcier ait jamais connu. Et il n'aurait pas tort dans ce cas-là. Elle-même n'y croyait toujours pas.

-Je sais pas quoi te dire... Toi et Clyde, c'est... Vos parents avaient bu quand ils ont décidé ça ? Excuse. C'est juste que... j'en reviens pas.

Tiens c'est marrant, Bonnie s'était dit exactement la même chose. Enfin bon, Bonnie et Clyde, il faut dire que comme blague à deux mornilles, on ne faisait pas mieux dans le genre...

- Non ne t'excuse pas, je les soupçonne moi-même d'être atteint d'alcoolisme très avancé...

Franchement, si ses parents connaissaient un minimum Clyde, car sans l'ombre d'un doute ils ne l'avaient jamais rencontré, ils ne pourraient pas infliger ça à Bonnie. D'accord ils ne l'aimaient pas d'un amour inconditionnel et sans limite, mais elle ne pensait pas qu'ils pourraient lui faire un coup pareil. Il faudrait qu'elle pense à les remercier lorsqu'elle porterait un toast en leur honneur le jour de la cérémonie.

-Enfin... ne mettons pas la charrue avant les hypogriffes, tant que ce fameux mariage n'a pas lieu, on peut toujours essayer de l'empêcher.

Bonnie ne pût s'empêcher de sourire à Steve. L'optimisme ne le quittait jamais. Il essayait d'en redonner à la jeune fille. Et cela la toucha énormément. Mais c'était peine perdue. Ce n'était que rarement que Bonnie envisageait l'avenir sombrement. Elle réussissait à chaque fois à trouver un point positif à chaque situation. Mais un mariage forcé, qu'y avait-il de positif là dedans? Bonnie cherchait toujours malheureusement. Elle en revenait à la même conclusion: sa vie était vraiment pourrie. Alors non, Bonnie n'avait que très peu d'espoir d'empêcher un mariage arrangé par ses parents. Jamais elle ne pourrait aller à leur encontre, jamais. Elle pourrait tout essayer, en vain.

- L'empêcher? À moins de tuer Clyde ou de fuir le pays pour une autre planète... et encore, on réussirait à me retrouver.

Bonnie n'avait pas voulu être drôle en disant ça. Elle avait même l'air désespéré en pensant que même avec tous les efforts du monde, rien n'y changerait: elle se marierait avec Clyde. Elle était effrayé. Quoi de plus effrayant qu'un mariage franchement? Surtout à 17 ans. Pourtant c'était monnaie courante depuis des siècles. Pas pour Bonnie. Elle ne l'acceptait pas. Elle n'acceptait pas qu'on puisse choisir pour elle sans son consentement.

- Sinon... tu as déjà utilisé un Avada Kedavra sur un être humain?

Oui bon ça va, c'était une simple plaisanterie. Rien de plus. Pas la peine de monter sur vos grands abraxans!

Une chance pour moi, Bonnie me connaît suffisamment bien (moi et mon déplorable humour) pour ne pas prendre mal la remarque que je viens de lui faire. J'avoue que j'ai parlé sous l'impulsion du moment, et sous l'effet de la surprise, je n'ai pas franchement réfléchi à ce que je viens de dire. Comme souvent. J'ai tendance à parler et agir d'abord, à réfléchir aux conséquences ensuite. C'est une qualité comme un défaut. À cette instant, je me dis que j'aurais mieux fait de me taire, heureusement, heureusement, vraiment, que même dans les situations les plus critiques, elle parvient à ne pas m'en vouloir de faire preuve de légèreté (ce qu'ils ont été plus d'un à me reprocher.

- Non ne t'excuse pas, je les soupçonne moi-même d'être atteint d'alcoolisme très avancé...

Elle parvient même à en plaisanter... enfin, si elle en plaisante. Très sincèrement, pour choisir de mettre Bonnie et Clyde en couple, et jusqu'à la fin de leurs jours en les unissant par les liens du mariage, en plus, il fallait soit être suffisamment cinglé pour atterrir en psychiatrie à Sainte-Mangouste, soit avoir un sacré coup dans le nez. Mais en fait, il est fort à parier que les Adams et les Hornby ne se connaissent pas si bien que ça... et surtout, que chacune des deux familles ne connaît pas l'enfant de l'autre. En même temps, j'imagine très mal les Adams connaître la personnalité de Clyde et décider quand même de le marier à leur fille... je n'imagine pas non plus les Hornby présenter Clyde aux Adams, le jaune et noir m'a plus d'une fois fait part du fait que son comportement est plus que désapprouvé par sa famille.
Bonnie revient ensuite sur la remarque un brin trop optimiste que je lui avais faite au sujet de la potentielle annulation de l'union de mes deux amis.

- L'empêcher? À moins de tuer Clyde ou de fuir le pays pour une autre planète... et encore, on réussirait à me retrouver.

Bonnie a malheureusement raison. On annula pas si facilement ce genre de mariages. J'avoue que ne rien pouvoir faire pour sortir Bonnie et Clyde de cette impasse me frustre et m'agace. Parce que je veux leur bonheur à tous les deux... mais aussi, j'avoue, parce que ce sera vraiment étrange, pour moi, de voir Bonnie au bras de Clyde. Non, je n'ai plus de sentiments pour elle. Mais on a quand même été ensemble, et Clyde est l'un de mes meilleurs amis... alors ça a de quoi me perturber un peu, je pense.

- Sinon... tu as déjà utilisé un Avada Kedavra sur un être humain?

Je souris, Bonnie et moi avons ce talent commun pour sortir les blagues les moins appropriées au moment qui l'étaient le plus.

-Tu penses à tuer qui ? Parce que si c'est Clyde, je vais devoir m'opposer. Je répond sérieusement, comme si je prenait mon interlocutrice au pied de la lettre. Désolé, je maîtrise pas encore bien l'avada Kedavra. Mais mon père a un fusil de chasse à la maison, si tu veux !

Heureusement que Steve la connaissait bien, et heureusement qu'ils avaient le même humour. Sinon les paroles de la Gryffondor auraient pu être très mal interprétées. Comme quoi, ils s'étaient très bien trouvés tous les deux. Et puis, c'était réconfortant d'avoir quelqu'un pour plaisanter de tout ça, c'était presque dédramatisant. Quoi que l'Avada Kedavra était presque sérieux... Un jour elle serait forcément tentée de se débarrasser de son futur mari. Car il faut bien le dire, Clyde n'était pas le mec le plus reposant pour la santé mentale de Bonnie...

-Tu penses à tuer qui ? Parce que si c'est Clyde, je vais devoir m'opposer. Désolé, je maîtrise pas encore bien l'avada Kedavra. Mais mon père a un fusil de chasse à la maison, si tu veux !

À entendre le ton trop sérieux de son ami, Bonnie n'eût pas besoin de savoir si Steve plaisantait ou non. La jeune fille finit par sourire. Elle n'avait jamais réfléchi à qui serait la première personne qui apprendrait ses fiançailles, mais elle avait bien fait d'en parler à Steve. À présent, ça faisait presque du bien de ne plus être seule dans ce secret. Secret provisoire, certes, mais secret quand même. Il arrivait même à rendre ça léger.

- Hm... Pas sûre qu'il me le laisse. Je n'arriverai jamais à faire croire à ton père que je vais seulement chasser le chevreuil ! Elle marqua une pause pour chercher ses mots puis hésita. Je suis désolée de te parler de ça, mais au moins tu l'apprendras pas d'une rumeur. C'est juste que ça fait bizarre... d'annoncer ses fiançailles. Je me voyais pas me marier tu sais...

C'est vrai que c'était étrange d'en parler à Steve. Ils étaient quand même sortis ensembles, mais ne vous trompez pas aucun sentiments subsistent, mais c'était étrange d'annoncer à son ex petit copain qu'elle s'était fiancé. Surtout que Clyde était un ami proche de Steve. Ironie du sort non ?

- Et puis on dirait qu'ils ont fait exprès de choisir Clyde. Je le supporte pas. Il est trop lent, il est trop flemmard, il est trop... Elle soupira.

Bonnie ne préféra pas continuer la liste des choses qu'elle n'aimait pas chez lui, et d'une elle était beaucoup trop longue, et de deux c'était quand même un ami de Steve et elle ne voulait pas le blesser. Enfin ses termes étaient restés corrects malgré tout.

- Je me vois pas passer ma vie avec un type que je n'aime pas et qui ne m'aimera jamais.

Cette fois pas de blague, pas d'ironie. Elle ne faisait qu'exprimer ce qui lui trottait dans la tête depuis quelque temps. C'était surtout quelque chose que se répétait tous les jours dans sa tête quand elle repensait à la façon dont Clyde lui avait annoncer les intentions de mariage de leur famille respective. Comment avait fait sa mère quand elle s'est marié avec son père ? Depuis qu'elle était toute petite, Bonnie n'avait jamais vu aucun marque d'affection entre ses parents. Seulement une bonne entente, une cordialité à toute épreuve. Mais pas d'amour. Bien sûr, Bonnie se doutait bien que ses parents ne s'étaient pas mariés en raison de leurs sentiments mais quelque part, elle l'espérait. Elle voulait croire qu'un jour peut être, elle pourrait être heureuse. Oui c'était une espérance bien naïve, surtout venant de la Gryffondor.

-Hm... Pas sûre qu'il me le laisse. Je n'arriverai jamais à faire croire à ton père que je vais seulement chasser le chevreuil !

Bonnie n'a pas tort. Et je m'amuserai beaucoup à imaginer à quel point cette situation serait cocasse si la situation ne se prêtait pas à se montrer plus compatissant qu'amuser. J'ai beau prendre les choses à la légère parce que je veux que ma camarade et ex petite amie se sente mieux, au fond de moi, je sens se former une boule de stress. Je crains pour mon amie. Et quoi de plus normal, au fond? Je sais que si quelque chose de similaire m'arrivait, elle s'emploierait pour le mieux à être là pour moi, et je lui dois bien ça. Faute de rire franchement, je me contente d'un sourire en coin. C'est plus approprié, je crois.

-Je suis désolée de te parler de ça, mais au moins tu l'apprendras pas d'une rumeur. C'est juste que ça fait bizarre... d'annoncer ses fiançailles. Je me voyais pas me marier tu sais...

Je lui adresse un léger hochement de tête, pour lui faire comprendre que j'apprécie l'attention et que je comprend l'état d'esprit dans lequel elle se trouve. J'aurais plutôt mal prit le fait d'apprendre les fiançailles de deux de mes meilleurs amis par l'intermédiaire d'une tierce personne. Et je comprend totalement le sentiment qu'elle ressent. Même si c'est peut-être encore pire que ce que j'imagine. Je ne peux pas me mettre totalement à sa place, puisque j'ai la chance de ne pas vivre une situation similaire, mais je sais qu'on a des tempéraments similaires. Et comme elle, je m'imagine tout sauf marié dans les mois qui viennent. Je peine déjà à me projeter dans le futur avec les demoiselles avec qui je peux sortir (et quand je dis futur, je veux dire deux mois plus tard) alors...

-Et puis on dirait qu'ils ont fait exprès de choisir Clyde. Je le supporte pas. Il est trop lent, il est trop flemmard, il est trop...

Même si je me dois, pour le principe, de défendre Clyde, je comprend à nouveau parfaitement Bonnie. Bonnie et Clyde sont l'antithèse l'un de l'autre. Et depuis le temps, je sais très bien qu'ils ne s'entendent pas, et pour cause, ils ont toutes les raisons de ne pas le faire. Même dans mes pires divagations, je n'aurais jamais pu les associer l'un à l'autre. C'est tellement... inattendu. Le couple le plus inassorti qui puisse exister.

-Je me vois pas passer ma vie avec un type que je n'aime pas et qui ne m'aimera jamais.

Et à nouveau, je la comprend, même si je ne vois pas quoi lui dire ni comment faire pour la réconforter, là. Dire une nouvelle blague ce serait... lourd. J'aimerais bien dire qu'avec le temps, Clyde et Bonnie finiront par s'entendre, peut-être même par s'apprécier. Mais je ne me leurre pas. Leur seul point commun, à tous les deux, c'est... moi.

-Je te promets de passer te voir le plus souvent possible, histoire de ne pas te laisser seule avec lui. Enfin... au moins, dis-toi que quitte à avoir un mari que tu n'aime pas, Clyde aura au moins le mérite de ne rien attendre toi, je pense que tu ne pourras pas espérer plus de liberté avec quelqu'un d'autre qu'avec lui... Je sais, c'est un peu idiot, ce que je dis...

Mais je n'aime pas te voir malheureuse...

Une chose était sûre, Bonnie n'avait pas perdu son sens de l'humour, et bien heureusement pour elle, elle ne le perdrait pas de si tôt. Quelque part, ça lui permettait de rester elle-même. Mais plus elle parlait et plus l'appréhension et la colère refaisaient surface. En même temps, parler de tout ça à quelqu'un qui lui était cher lui faisait du bien et ne la faisait pas se sentir seule comme quand elle devait supporter le secret des fiançailles seulement avec le principal intéressé. Elle voyait bien que Steve ne savait pas trop quoi dire, et franchement, elle le comprenait, elle-même n'aurait pas su quoi dire à part sortir des blagues aussi pourries les unes que les autres. C'était la seule solution pour pallier à la gêne qu'elle pourrait ressentir. Mais Steve l'écoutait. Il tentait de la comprendre et y parvenait à merveille. Il connaissait un minimum la Gryffondor pour savoir qu'elle était la dernière personne à vouloir se marier. Notamment avec Clyde Hornby. Là encore, il était bien placé pour savoir que les deux jeunes gens ne se correspondaient pas du tout, étant donné que Steve était très ami avec Clyde. En un sens, c'était d'ailleurs étrange. La seule chose que Bonnie avait en commun avec Clyde c'était Steve. Ironie du sort ? Oui sans doute.

- Je te promets de passer te voir le plus souvent possible, histoire de ne pas te laisser seule avec lui. Enfin... au moins, dis-toi que quitte à avoir un mari que tu n'aime pas, Clyde aura au moins le mérite de ne rien attendre toi, je pense que tu ne pourras pas espérer plus de liberté avec quelqu'un d'autre qu'avec lui... Je sais, c'est un peu idiot, ce que je dis...

Lorsque Steve lui promit de passer la voir, elle en fût tout naturellement touchée. Elle allait avoir besoin des gens qu'elle aime auprès d'elle. Parce qu'il y avait bien une chose dont Bonnie avait peur : se retrouvait seule et isolée. Car il ne fallait pas se leurrer, une fois sa scolarité terminée et mariée, elle ne reverrait que peu de ses camarades. Steve allait passer en dernière année lui. Mais elle savait pertinemment qu'il ne s'éloignerait pas. Elle ne le laisserait pas en faire. Leur amitié était trop forte pour qu'ils se perdent bêtement de vue.
La seconde partie de la phrase de Steve la fit en revanche réfléchir. Elle n'avait jamais vu les choses sous cet angle. Le rouge et or n'avait pas tort, ça c'était certain. Au moins, Bonnie aurait la paix. N'importe quel fiancé ne fonctionnait pas comme ça. Cela aurait pu être pire, Bonnie aurait pu tomber sur une véritable ordure qui ne la laisserait pas sortir, qui la tromperait à tort et à travers sans qu'elle ait le droit de lui faire des reproches, ou pire, il pourrait la battre. Et la jeune fille était sûre que Clyde ne lèverait jamais la main sur elle, déjà parce qu'il n'était pas foncièrement mauvais et violent et aussi parce que ça lui demanderait bien trop d'énergie.

- Non c'est pas idiot. Nouveau sourire. C'est sûr que je ne pourrais pas être plus libre en étant mariée.

Elle était touchée. Steve essayait tant bien que mal de lui donner un peu d'optimisme. Ce n'était pas une chose si aisée dans le cas de fiançailles et le jeune homme se débrouillait bien. Il arrivait presque à alléger la situation.

- En tout cas, merci d'être positif à ma place, ça fait du bien... Et tu as intérêt à venir me voir si tu veux pas que je vienne te botter les fesses !

Et ce qu'elle dit, la plupart du temps, elle le fait !

- Non c'est pas idiot. Nouveau sourire. C'est sûr que je ne pourrais pas être plus libre en étant mariée.

Là dessus, je suis d'accord d'accord. Clyde Hornby est bien trop flemmard pour se permettre d'être jaloux, possessif, ou je ne sais quoi. Et puis, pour être jaloux, il faut être amoureux... c'est pas contre eux, mais je ne les imagine vraiment pas finir par avoir des sentiments l'un envers l'autre, même avec beaucoup de temps et l'obligation de vivre en couple. Bref, je pense que Clyde ne râlera pas trop contre Bonnie, ou ne l'empêchera pas de vivre comme elle l'entendait, ça l'aurait sûrement achevé que de faire un tel effort. Mais même si Bonnie serait libre, elle ne serait jamais complètement heureuse. On ne peut pas être heureux en passant sa vie auprès de quelqu'un qu'on aime pas. Ou alors, il faut tromper. Peu-être que je me leurre à ce sujet, mais je n'imagine vraiment pas la rouge et or aller voir ailleurs. Elle a des principes, et c'est tout à son honneur, d'ailleurs. Bon... au moins, elle a accepté ma remarque pour ce qu'elle était, un moyen de détendre l'atmosphère... et même si ça marche plus ou moins, si je peux voir ne serait-ce qu'une esquisse de sourire sur le visage de mon interlocutrice, alors je suis déjà satisfait.

-En tout cas, merci d'être positif à ma place, ça fait du bien... Et tu as intérêt à venir me voir si tu veux pas que je vienne te botter les fesses !

Oui, je compte bien mettre ma parole à exécution, ce ne sont pas des paroles en l'air. J'ai dis à Bonnie que j'irais la voir, et oui, j'irais la voir. Bon, je suppose qu'il faudra que je m'arrange pour ne pas sembler trop suspect. C'est mal vu, qu'un homme voit une femme mariée, même si c'est en tout bien tout honneur. Parce que le commun des mortels pense que l'amitié entre fille et garçon est impossible... sottise! Et puis comme je suis sorti avec Bonnie, je parie que ça ne manquerait pas de jaser... Enfin, les détails pratiques, on a tout le temps d'y réfléchir plus tard, en même temps, hein. Il nous reste encore un peu de temps avant ce fameux mariage. Pas beaucoup. Mais suffisamment pour regarder la situation avec un peu de distance.

-Bon ben si en plus tu me menace, j'ai vraiment pas le choix.

J'adresse un clin d'oeil à Bonnie. Non mais sérieusement, je tiens à mon sublime arrière-train, moi! (oui oui, j'ai dit sublime).

-Et me remercie pas, je sais que tu ferais pareil pour moi... non, tu ferais encore mieux.

C'est vrai. Il est vraiment pas difficile d'être plus doué que moi pour consoler les gens. Je vous jure que je me sens terriblement nul, moi... Je pense que Bonnie est juste trop sympathique pour me le dire en face, mais elle doit le pensait autant que moi.

-Bon ben si en plus tu me menace, j'ai vraiment pas le choix.

Satisfaite que sa mise en garde ait été prise en compte par Steve, la jeune fille esquissa un sourire. D'autant plus après le clin d’œil de son ami. Sauf que s'il ne tenait pas sa promesse, Bonnie lui bottera vraiment le derrière. Elle ne tenait pas à ce qu'il disparaisse de sa vie.

- Et me remercie pas, je sais que tu ferais pareil pour moi... non, tu ferais encore mieux.

Sur un point, Steve avait raison : Bonnie aurait fait la même chose pour lui. Elle ne l'aurait pas laissé seul dans le désespoir et le désarroi (oui rien que ça!). Mais de là à faire mieux, peut être pas. Bonnie était du genre maladroit, voire même très maladroit. Lorsqu'il s'agissait de remonter le moral de quelqu'un, elle ne trouvait jamais les bons mots. Alors elle se contentait d'être là, de fournir une présence pour alléger un temps soit peu la peine de l'autre. Ce n'était pas grand chose, certes, mais c'était déjà suffisant. Au moins elle ne fuyait pas comme certaines personnes avaient l'habitude de faire. Elle se devait d'être là pour les gens qu'elle aimait.

- Mieux, ça je sais pas. On en reparlera quand tu seras fiancé !

Cette fois-ci c'était au tour de la rouge et or d'adresser un clin d’œil à son ami. Oui bon, la blague ne volait pas très haut, mais que voulez-vous Bonnie n'était pas en grande forme depuis l'annonce de son mariage. Comme disaient les moldus, on ne peut pas être au four et au moulin.
Soudainement, un gargouillement provenant de l'estomac de la jeune femme vint clôturer la discussion. Bonnie commençait à avoir sérieusement faim. Cela voulait forcément dire qu'il se faisait tard et que l'heure du dîner approchait à grands pas. Et lorsqu'il s'agissait de repas, Bonnie Adams ne prenait ça à la légère. C'était le seul moment de la journée où elle arrivait en avance contrairement à la plupart de ses cours.
Oubliant presque la raison de sa présence ici, elle sortit la lettre qu'elle devait envoyer à son frère et attrapa son hibou, de meilleur humeur pour envoyer son courrier. Finalement elle réussit à attacher l'enveloppe sans mal et son volatile décolla immédiatement de la Violère.

- Par Merlin je meurs de faim ! Allez viens, je t'invite à dîner. Ça me fait plaisir !

Inviter n'était peut être pas le terme approprié puisqu'il était difficile d'offrir à manger à Poudlard. Mais Bonnie insistait encore pour faire de l'humour. Un humour qu'elle avait retrouvé grâce à son camarade et elle lui en était extrêmement reconnaissante. Elle se sentait beaucoup mieux maintenant.

Spoiler:

-Mieux, ça je sais pas. On en reparlera quand tu seras fiancé !

Je grimace à cette seule pensée. Moi ? Fiancé ? Jamais ! Enfin... Si, d'accord, je sais bien que ça a peu de chances de ne pas arriver un jour mais j'ose espérer quand même que je ne me verrais jamais confronté à la situation face à laquelle se trouve Bonne à ce moment précis. Elle a seulement un an de plus que moi . Un an de plus que moi ! Si dans un an, on m'annonce qu'on veut me marier à je ne sais pas quelle personne totalement incompatible avec moi, je crois que je fuis à l'autre bout du globe. Je ne me sens certainement pas suffisamment mature pour me marier à l'âge de dix-sept ans. D'ailleurs, je ne pense pas que qui que ce soit le soit, ou alors ces gens se mentent à eux-mêmes. Ils croient en des chimères. C'est peut-être le mieux à faire quand on est condamné à lier sa vie à celle de quelqu'un qu'on aime pas. Enfin bon, ça... je vais éviter de dire ça à Bonnie, y'a pas plus déprimant, comme réflexion.

Enfin moi, j'ai de la chance. La famille de la rouge et or est une famille de sang purs, ce genre de familles qui ne rêvent que d'union consanguines. Moi, j'ai la chance d'avoir des parents moldus, des parents moldus qui ont été plus ou moins forcés de se marier. Je dis plus ou moins parce que la chance de mes parents, c'est qu'ils s'aiment quand même. Ils se sont mariés en urgence parce que ma mère était enceinte de moi. Ils ont bien vécu leur relation, et mal vécu leur mariage. Pour cette raison, je pense que mes parents ne m'obligeront jamais à me marier. Ils savent ce que c'est, que de se marier à un inconnu dans l'urgence. Ils ne me feront pas subir ça. Et puis, on est une famille modeste, nous, on est pas obligés de lier les familles entre elles pour former une espèce de mix détestable (comment ça, je m'exprime mal?). Je sais pas trop quoi lui répondre au lieu de cette grimace, donc je la laisse poursuivre. Et je fais bien, parce qu'elle change de sujet. C'est préférable.

-Par Merlin je meurs de faim ! Allez viens, je t'invite à dîner. Ça me fait plaisir !

Maintenant qu'elle le dit, moi aussi j'ai faim (mon estomac fonctionne sur commande, dès qu'on évoque l'idée de manger, j'ai soudainement envie de me gouinfrer. Autant vous dire que ça m'arrive de nombreuses fois dans une journée). J'approuve donc d'un signe de tête quand elle m' « invite à dîner », façon de parler, bien sûr.

-Avec plaisir, mon ventre crie famine !

Il ne le faisait pas il y a quelques secondes, mais faisons comme si. Sur ces mots, nous quittons tous les deux la volière, fermement décidé à appaiser les chagrins de Bonnie à l'aide d'un festin digne des plus grands rois. Après tout, ne dit-on pas que quand l'appétit va tout va ?