-Tu ne veux pas qu’on fasse quelque chose?
-Je suis déjà en train de faire quelque chose… je réplique, légèrement exaspéré, en continuant de faire glisser ma plume sur mon parchemin. J’entend mon interlocuteur pousser un soupir. Je l’ignore.
-C’est sûr, c’est vraiment… mortel, comme activité.
Je soupire à mon tour. Pourquoi avait-il fallu que le correspondant égyptien que l’on m’avait affecté soit si… bavard, énervant, actif… et surtout, maitrise aussi bien la langue anglaise? J’aurais tout donné pour devoir à la place supporter la présence d’un garçon muet, incapable de prononcer un seul mot de ma langue maternelle. En fait, à choisir, j’aurais tout donné pour ne pas avoir de correspondant du tout. Pour quelqu’un comme moi, qui affectionne par-dessus tout la solitude, avoir à supporter un autre élève au quotidien pendant une semaine est un supplice. Heureusement, dès demain, les correspondants seront partagés entre les cours et les visites, et j’aurais moins à voir Jamal, puisque c’est ainsi qu’il se nomme. En attendant, je suis sensé m’occuper du jeune homme toute l’après-midi, et autant dire que je n’en ai pas la moindre envie. Hors de question que sa présence vienne contrarier mon programme de révision, et s’il n’est pas content, je n’en ai franchement cure, il me fatigue par sa seule présence, d’autant plus qu’il n’est pas de ce genre de personnes vers lesquelles je me dirigerais spontanément, bien au contraire. Il est beaucoup trop extraverti et bavard pour moi. À peine une heure que je suis avec lui, et déjà il me fatigue. Il m’a forcé à lui faire faire le tour du château, et maintenant, il s’attend encore à ce que je l’occupe. Mais qu’il le fasse tout seul! J’ai des ASPIC à réviser, moi!
-T’as pas du boulot à faire? Je demande, avec un léger mépris.
Il me regarde avec des yeux ronds, à le voir, il me prend pour une sorte d’extra-terrestre.
-Je suis en vacance, mec.
« Mec ». J’osai espérer que la barrière de la langue m’éviterait d’avoir à subir ce genre de familiarités, mais visiblement, Jamal est on ne peut plus à l’aise avec la langue anglaise. Cette langue leur est enseignée en cours, apparemment. Des cours de langue étrangère manquent cruellement à Poudlard, mais en l’occurrence, j’irai plutôt me plaindre de comprendre et d’être sans cesse compris par celui qui n’a de correspondant que l’appellation, puisqu’il est bien évidemment hors de question que je me lance dans un quelconque échange épistolaire avec ce type une fois que, par bonheur, nos chemins se sépareront. Me moquant bien de le voir s’ennuyer et de l’entendre soupirer, je continue d’écrire.
-Non, sérieusement, on fait quoi?
-Et si tu allais mendier dehors? Tu trouveras peut-être une âme charitable pour accepter de te prêter un cerveau…
Il me lance un regard noir.
-Je comprend ce que tu dis, tu sais.
-C’est bien ce que j’espérais.
Ne saviez-vous pas encore qu’envoyer promener ceux qui me privent de ma précieuse solitude est une de mes activité préférées? Alors vous êtes à présent avertis.
-Les anglais sont vraiment tous des snobs.
Je l’ignore une nouvelle fois. Qu’il pense et dise ce qu’il veule. Qu’il s’en aille surtout. Il me fait finalement ce plaisir.
-Bon, j’m’en vais.
-C’est ça, débarrasse le plancher.
-P’tit con.
-Au plaisir!
Une semaine. Une semaine, c’est vraiment trop long. Si au moins j’étais en Egypte avec les autres, j’arriverais à passer outre, il y a tant de merveilles à découvrir, là-bas. Là, je ne me coltine que les inconvénients de ce fichu échange scolaire. Jamal s’en va. Je ne doute pas qu’il va se plaindre de l’accueil que je lui ai fait, mais j’aviserai de cela plus tard.

Je travaille encore plusieurs heures. Les bavardages incessants du jeune homme m’ont quelque peu déconcentré, et m’ont empêché d’avancer aussi vite que je le voulais. Il est environ 17h quand je pose un point final sur mon parchemin et laisse ma plume reposer enfin sur la table. J’ai grand besoin de faire ce que j’ai refusé à Jamal un peu plus tôt : prendre un peu l’air. Je quitte donc la table de la salle commune que je monopolise depuis le début de l’après-midi, mes jambes sont un peu douloureuses à force de ne pas avoir fonctionné. Je quitte la salle commune et traverse successivement le hall et le parc. J’ignore les gens que je croise, accompagnés de leurs correspondants pour la plupart. Beaucoup ont l’air enthousiastes. Je ne comprend pas. Je hais tellement que l’on empiète sur mon espace personnel! J’ai l’impression qu’on me prive de mon air. Je décide de m’accorder un temps de lecture, en m’installant sur un banc. Il fait beau, comme souvent ces derniers jours (au moins, les égyptiens ne pourront pas se plaindre de l’habituellement ignoble climat écossais).

Livre sous mon bras, je me dirige vers mon banc de prédilection. Un peu à l’écart, non loin du parc. Ce n’est que presque arrivé que je me rend compte que quelqu’un a pris les devants. Je m’apprête tout d’abord à trouver un autre endroit où être tranquille, puis je change d’avis : je reconnais Jo. Jo à qui je n’ai pas eu l’occasion de parler depuis très longtemps. Beaucoup trop longtemps, honte à moi. Cela fait un moment pourtant que je songe qu’il serait une bonne chose que je m’entretienne avec elle. La pauvre ne doit pas aller très bien en ce moment, aux vues de toutes les rumeurs qui circulent à son sujet. Puisque j’ai l’occasion de lui parler, et que visiblement, son ou sa correspondant n’est pas avec elle, je me permet de m’installer à côté d’elle.

-Hey, comment tu vas?

Je ne me permettrais pas une question aussi banale si je n’ignorais pas que Jo doit avoir beaucoup de choses à y répondre.

-Tout va bien.

Je dois bien admettre que ce n’est pas la réponse que j’espérai, mais à quoi m’attendais-je, après tout? Voilà plusieurs semaines que, obnubilé par mes propres problèmes, j’ai ignoré ceux de Jo, qui aurait pourtant eu besoin de mon soutien. Elle ne me doit pas de confidences. Et elle a tous les droits de vouloir garder tout ce qu’elle ressent ou vit pour elle.. Ou de les partager avec quelqu’un d’autre. Je ne sais pas si elle a gardé beaucoup d’amis, depuis ce qui lui est arrivé concernant Inès. Le fait est que j’ai envie de lui consacrer mon temps, de lui prêter une oreille attentive, de lui montrer que même si je ne lui en ait pas donné l’air jusque là, je suis là pour elle, elle est mon amie, ma sœur de cœur, et que je ne l’abandonnerai pas aux rumeurs qui circulent sur elle.

D’ailleurs, je ne crois rien de ces racontards. Je n’ai pas beaucoup d’estime pour Inès Stinwick, je n’ai pas manqué de le faire comprendre à Daniel plusieurs fois, mais je sais très bien que les sentiments sont une chose beaucoup trop complexe pour qu’on puisse demander à qui que ce soit d’y renoncer… Si Jo avait pu oublier ses sentiments pour Daniel aussi facilement que l’on oublie ce qu’on a mangé la semaine précédente, elle n’en serait pas là. Elle n’y est pour rien. Elle est victime de ses sentiments, tout comme je suis victime des miens. Même si Jo ne veut pas se confier, je tiens à lui faire comprendre que je veux être là pour elle dans le moment difficile qu’elle traverse, et qu’elle peut compter sur moi. Mon opinion sur elle n’a pas été altérée par cette histoire. Au contraire, je la trouve courageuse d’affronter tout cela sans faillir… Tomber amoureux de la mauvaise personne est une chose extrêmement simple, j’en fais les frais tous les jours, et ce n’est de la faute de personne, si ce n’est peut-être d’un destin qui aime jouer des tours et faire souffrir les individus qui peuplent cette terre. Je ne vais pas non plus juger le fait qu’elle ait choisi d’avouer la vérité à Inès. Pour tout dire, je trouve cela courageux. moi-même, je serai bien incapable d’admettre mes sentiments à haute voix. Le seule fait qu’elle ait déjà eu le cran de tout dire à Daniel tient de l’exploit pour moi, qui est fermement décidé à rester muet absolument toute ma vie. Ou en tout cas tout le temps où ces sentiments demeureront ancrés en moi. Jo est courageuse, beaucoup plus que moi. Et pour cela, elle a toute mon estime.

J’essaye donc subtilement de lui faire comprendre que je suis de son côté. Je m’installe à côté d’elle, bien que je n’y ai pas été invité. Je fais comme si je la croyais, dans un premier temps. Avec un peu de chances, peut-être que faire semblant que les choses sont normales, comme avant, cela lui fera autant de bien que de parler de ses problèmes à quelqu’un de neutre, qui ne se permettra pas de la juger pour son comportement, quelqu’un qui se contentera de l’écouter, sans lui donner de conseils dont elle ne veut pas ou de sermons dont elle n’a pas besoin.

-Tant mieux, alors. je fais comme si j’étais convaincu par ce qu’elle vient de dire, mais ce n’est pas le cas, bien sûr. Ton correspondant n’est pas avec toi? Autant orienter le sujet vers quelque chose qui peut sembler un peu neutre, et qui ne lui donne pas l’impression que je la considère comme une victime ou comme une bête noire. Le mien a rendu les armes. Il n’a pas l’air de beaucoup m’apprécier… bizarrement. j’achève d’un ton innocent.

Je ne suis pas doué pour les traits d’esprit ou faire de l’humour. Je ne suis doué que pour le sarcasme, mais j’aimerais bien réussir à faire décrocher un sourire à Jo. Je veux la voir sourire, je veux la voir heureuse. Ça me semble normal, je suis très attaché à Jo. La voir triste me rend triste. Malheureusement, c’est une constante chez les gens que j’apprécie : qu’il s’agisse de Jo, Daniel, Olive, ou même… elle. Seuls Emmet et Ashley semblent aller plutôt bien. Du moins, je le crois. J’ai un peu honte de ne pas en être certain. J’adresse un léger sourire à Jo, espérant pouvoir la faire aller mieux.

Jo se décala pour laisser Caleb s'installait à ses côtés. Elle soupira de lassitude, sa vie ne ressemblait pas vraiment à un conte de fée. Quoique, il y avait le début, où tout se passait bien, et puis un événement déclencheur qui rendait la vie du héros, ou de l’héroïne, atrocement compliqué et après quand il ou elle arrivait à affronter tous les obstacles, sa vie redevenait calme et elle ne connaissait un happy-end, des jours heureux. Mais Jo voyait mal comment sa vie pourrait devenir meilleur. Caleb lui parla des correspondant égyptiens arrivaient dans l'école récemment. Pour sa part, elle n'avait pas de correspondant, alors elle haussa les épaules quand Caleb lui demanda où était le sien... Puis il fit un commentaire sur le sien, et Jo eut un petit sourire, elle était tout de même contente de pouvoir parler à quelqu'un, de savoir que quelqu'un pensait encore à elle, en bien...

"Le pauvre, tu as dû lui en faire voir de toutes les couleurs" dit Jo dans un petit sourire. Elle imaginait bien Cale avoir rendu la vie impossible à ce pauvre petit égyptien, qui ne parlait peut-être même pas anglais, et qui avait simplement voulu découvrir Poudlard et ses secrets. Jo savait qu'il y avait des secrets dans les couloirs de Poudlard.
"Qu'est ce que tu lui as fait? Tu ne l'as pas perdu dans les cachots au moins, ou pire accrocher à un arbre?" demanda-t-elle en regardant les bras des arbres du parc de Poudlard, qu'ils pouvaient voir de là où ils étaient... Puis, elle se mit à rire, ça fait tellement longtemps qu'elle n'avait vraiment rit avec quelqu'un, ça faisait du bien... Elle se tourna vers Caleb et lui sourit. Elle voulait vraiment croire à leur amitié, qui durait depuis longtemps...

Elle s'arrêta de rire, et se tourna vers la contemplation du paysage, la vie était étrange, par exemple l'année dernière à cette même époque, elle était dans la salle commune des Serpentards à rire avec ses amis, mais aussi un peu inquiète après ce qui était arrivé, à Mimi Geignarde, Jo regarda au loin la petite cabane de Hagrid, et se demanda si c'était bien lui le responsable.
"Qu'est ce que je devrais faire à ton avis?" demanda Jo, c'était bien sûr en rapport avec Ines, et surtout avec les rumeurs qui circulaient sur son compte. Elle pouvait laisser dire les choses, et attendre que ça se tasse, ou bien essayer de se défendre, mais comment. N'aurait-elle pas au contraire encore plus suspecte, si elle s’énervait. Et puis cette question pouvait aussi concernait les sentiments qu'elle avait envers Daniel, est-ce qu'elle pourrait l'oublier un jour.

Elle soupira et se leva du banc pour faire quelques pas devant elle, puis se tourna vers Caleb, elle se mit à sourire. Elle voulait vraiment évacuer toute cette colère, et toute cette tristesse de son corps, elle ne devait plus se morfondre ainsi, sinon ines aurait vraiment gagné, non pas que Jo la traite en ennemie, mais il fallait maintenant faire face, il fallait grandir. Caleb était un ami, elle avait confiance en lui, il pourrait lui dire quoi faire, lui conseiller une ou deux choses, pour que tout aille mieux...
Jo se doutait qu'il y avait encore un long chemin à faire, qu'elle ne pourrait peut-être jamais retrouver d'amis, d'ailleurs en avait-elle jamais eu, vu les événements qui se passaient, personne n'était resté. Elle avait cru qu'Eli, l'écouterait, mais non... Après Oly, mais elle n'était même pas venue à son anniversaire, et puis Pomona, Lou, Ashley, personne n'était resté auprès d'elle. Ines lui avait donné le rôle de la méchante, et presque tout le monde l'avait cru... Pas tous, pensa Jo en regardant Caleb, d'un air si sérieux tout à coup..

Tout de même! Je peux déceler un sourire sur ce ravissant visage. Je suis ravi d’être parvenu à mes fins, d’autant plus que rendre le sourire aux gens n’est pas mon domaine de prédilection. Il y a longtemps que je n’avais plus vu Jo sourire. Même si je ne lui ai pas consacré assez de temps, je reste attentif à ce qu’elle vit et à ses états d’âme, je sais qu’elle n’ait pas au mieux, réussir à illuminer l’expression de son visage ne serait-ce qu’une fraction de secondes me ravit : je n’en attendais pas autant, étant donné mes faibles capacités en matière de consolation et de compréhension d’autrui. Jo est quelqu’un auquel je tiens. Ces personnes sont assez rares pour que je m’applique à faire au mieux pour faire son bonheur et non son malheur.

-Le pauvre, tu as dû lui en faire voir de toutes les couleurs… 

C’est à mon tour d’afficher un fin sourire. Jo me connaît bien, elle m’accepte malgré mon sale caractère, et cette tendance que j’ai à me montrer hostile et désagréable envers quiconque essaierait de percer ma carapace. Elle sait donc que je ne suis pas de ce genre de personnes à apprécier de me voir imposer la présence de quelqu’un, adepte de la solitude que je suis. Pourtant, je trouve que je ne me suis pas montré si dur que ça envers mon homologue égyptien, ou juste ce qu’il fallait, aux vues de ce que sa présence m’obliger à supporter : entre autres son incommensurable bêtise. Il est d’une impolitesse folle et d’un laisser-aller agaçant, je ne lui dois pas de faire le moindre effort. Je ne considère donc pas lui en avoir fait voir de toutes les couleurs, j’estime avoir eu la juste attitude, celle qui équivaut au comportement dégradant qu’il m’avait imposé et semble s’imposer à lui-même chaque jour que Dieu fait. Je ne me réjouis pas de la misère et de la dégénérescence humaine, mais je m’en préserve. Côtoyer quelqu’un comme lui reviendrait à abandonner pour de bon ce qu’il me reste de foi en l’humanité… ou en la communauté sorcière, pour être plus exact.

-Qu'est ce que tu lui as fait? Tu ne l'as pas perdu dans les cachots au moins, ou pire accrocher à un arbre?

Que va-t-elle s’imaginer? Je ne mange pas de ce pain là, pensez-vous… Quoique… Imaginer que Jo puisse avoir cette opinion de moi m’amuserait presque. Je ne suis pas quelqu’un de véritablement vicieux (même si j’ai choisi de me mettre au service de quelqu’un qui l’est au centuple), mais il est vrai que si l’on trouble ma tranquillité, si on m’importune vraiment, je suis capable de quelques stratagèmes pour retrouver calme et sérénité. De là à accrocher qui que ce soit à un arbre… Je laisse ça à ceux que je considère comme étant dénués d’intérêt et d’esprit de revanche.

-Penses-tu! Je lui ai seulement fait très courtoisement comprendre que sa présence n’était pas désirée.

L’ironie transpire dans chacun de mes propos. J’espère ainsi amener Jo à se sentir définitivement en confiance. J’hésite à lui redemander ce qu’elle a fait de son correspondant, puisqu’elle n’a pas daigné répondre à cette question, mais je dois dire qu’au fond, je m’en moque un peu. Seul son bien-être m’importe pour le moment, et si l’absence du camarade égyptien de Jo me permet de parler seul à seul avec elle, alors tant mieux et peu importent les raisons.

La jeune fille semble en effet enfin bien vouloir s’ouvrir à moi. Elle passe par des voies détournées, mais quand elle me demande :

-Qu'est ce que je devrais faire à ton avis?

Je comprend ce que ces mots veulent dire, je saisis leur importance. Elle me demande mon opinion, peu éclairée, sans doute, sur la situation. Je comprends cette question comme l’interrogation qui la bouleverse et la met à mal, la hante chaque jour depuis quelques temps. Arriver à un carrefour dans sa vie, et avoir la sensation que chaque chemin que l’on vous propose mène à une impasse, j’ai connu cela, moi aussi. Ce sont Voldemort et les chevaliers de Walpurgis qui m’ont sauvé, ni plus ni moins. Je doute que cette même solution contente mon interlocutrice face aux dilemmes qu’elle est contrainte d’affronter. Comment doit-elle réagir vis-à-vis d’Ines et de ceux qui croient en ses ragots, vis-à-vis de Daniel et de ce qu’elle lui a apprit sur ses sentiments? Je ne suis pas certain d’avoir les réponses qu’il faut à ces questions. J’ai moi-même souffert des ragots et d’une certaine impopularité durant mes premières années à Poudlard, quand ma réputation d’intello me collait à la peau, je ne m’en suis sorti que par un coup de chance, parce que Tom Jedusor s’est intéressé à moi et à mon nom. Ma parade contre ceux qui me veulent du mal, ce sont les remarques sarcastiques, je doute tout de même que Jo veuille se lancer dans ce genre d’exercice. Pour ce qui est de devoir renoncer à ses sentiments, comment bien la conseiller, moi qui n’y suis toujours pas parvenu? Je décide de faire de mon mieux pour lui fournir la réponse la plus adéquate, la plus susceptible de la rendre heureuse, sans être certain pour autant d’être de bon conseil.

-Ecoute… Je sais que ce que tu vis en ce moment n’est pas facile, et je ne prétends pas pouvoir régler ça en un coup de baguette. Mais je crois que le mieux à faire dans ce genre de situations, c’est de garder la tête haute, de ne pas montrer à Inès et aux autres que cette situation t’atteint, parce que c’est exactement ce qu’ils attendent de toi. Ne leur donne pas raison en te braquant ou en t’opposant à elle. Je suis sûr que je ne suis pas le seul à ne pas croire aux ragots qui courent sur ton compte. Je ne peux pas te faire croire que la situation va s’arranger du jour au lendemain, mais avec le temps, tout passe… même les sentiment. Enfin je crois…

Si seulement ce dernier point était vrai! Il y a tellement longtemps que j’ai réalisé mes sentiments pour Pomona sans réussir à m’en défaire que je ne suis pas du tout certain que le temps suffise à l’oubli.

Quel conseil, gardez la tête haute, ne pas montrer que tout ça l'atteint, mais c'est ce qu'elle avait fait les premiers temps, puis les seconds temps, c'était devenu une habitude, à laquelle, elle ne faisait plus attention, à ce qu'on disait sur elle. Mais parfois un mot, ou une phrase, lui faisait penser à tout ce qu'elle avait vécu, et ses rumeurs lui rappelaient son erreur, et l'éloignement que Daniel avait dû prendre à cause de toute cette histoire. C'était surtout ça que les rumeurs lui rappelaient. Son père avait aussi dit d'agir pour que ces rumeurs cessent, mais elle ne voyait pas vraiment comme faire.

"Oui, je vois ce que tu veux dire, Calebfit-elle dans un petit sourire. Mais parfois c'est difficile de faire comme ci de rien n'était..." ajouta-t-elle plus tristement, cette histoire la rendait vraiment triste. Mais comme le disait son frère de cœurs, les choses passent, les mots disparaissent, et les sentiments changent. Il faut laisser du temps au temps. Quand Daniel aura quitter Poudlard, peut-être Ines se sentira-t-elle plus en sécurité. Et elle, de son côté, ne le verra pas chaque jour, dans la salle commune, et peut-être parviendra-t-elle à laisser ses sentiments coulaient loin d'elle. Et pouvoir ainsi retomber amoureuse de quelqu'un d'autre, avoir des sentiments pour une autre personne.

"Après tout, les rumeurs ne durent que 75 jours, et même si Ines sera toujours contre moi, d'autres se lanceront, n'est-ce-pas?" dit-elle avec espoir et optimiste, bien que son côté réaliste continue de lui dire qu'ils y en auraient toujours pour rendre sa vie compliquée, et en véritable enfer. Elle fit un petit sourire à son ami, et se remit à la contemplation du parc, et du lac de Poudlard, cet endroit était vraiment très calme, cela lui permettait de lui remettre les idées en place. Peut-être pourrait-elle y trouver une solution pour changer les choses dans sa vie.

-Oui, je vois ce que tu veux dire, Caleb. Mais parfois c'est difficile de faire comme ci de rien n'était...

À qui le dis-tu, Jo! Bien sûr, rien n’est plus difficile que de faire semblant de ne pas être atteint par ce qui se dit sur nous, surtout quand ces propos nous font souffrir. Mais c’est le mieux à faire. Donner l’impression de ne pas être atteint par la situation ne vous sauve pas de cette dernière, mais elle évite que les choses empirent. Avec l’expérience, j’ai compris que plus l’on s’obstine à se défendre ou à montrer sa faiblesse, plus les attaques se font nombreuses et violentes. Ceux qui prennent plaisir à faire du mal à autrui et à nuire à leur réputation ne se laissent pas apitoyer par quelques larmes ou convaincre par quelques protestations. Il faut rester de marbre, même si en effet, rien n’est plus dur. Et attendre… parce que parfois, faire preuve de patience a du bon, et lorsqu’on s’y attend le moins, au moment où vous êtres la cible privilégiée de tous ceux qui ne supportent pas les « grosses têtes », on vient vous sauver. C’est ce qui m’est arrivé, à moi. L’intello de service que je suis n’a plus été la cible du moindre quolibet depuis que Tom m’a prit sous son aile, et c’est au nom de la reconnaissance que j’ai envers lui que je ferais toujours preuve de la dévotion la plus totale à son égard, dussè-je faire quelques sacrifices, et me perdre moi-même au passage.

-Après tout, les rumeurs ne durent que 75 jours, et même si Ines sera toujours contre moi, d'autres se lasseront, n'est-ce-pas?

Les maximes de ce genre étaient souvent fausses et incompréhensibles, mais je veux bien croire en celle-ci. Pourquoi 75 jours, je n’en sais rien, je ne me suis jamais renseigné à ce sujet (une lacune qu’il faudrait peut-être que je comble, mais j’ai bien d’autres préoccupations, en ce moment), mais dans le fond, il est vrai que toutes les rumeurs finissent par passer. Le seul problème - et je préfère m’abstenir du moindre commentaire sur ce point, je ne suis pas là pour miner le moral de la pauvre Jo - c’est que c’est à Ines Stinwick que la jeune fille a affaire, et elle lâche difficilement le morceau. Elle serait bien capable d’alimenter les rumeurs sur la cinquième année un peu plus chaque semaine pour ne jamais la laisser tranquille. Ceci dit, comme Daniel quitte Poudlard dans un mois à peine, il se peut qu’elle trouve d’autres prétextes à s’énerver et qu’elle laisse mon amie tranquille, sans compter que l‘été serait passé par là. J’en viens à regretter de ne plus être à Poudlard bientôt, j’aurais aimé pouvoir garder un œil sur Jo.

- Bien sûr, qu’ils se lasseront. Ils trouveront rapidement un autre os à ronger, crois-moi.

Je ne sais pas si elle doit me croire ou non, mais j’ai parlé d’un ton rassurant. Je suis son ami, je ne suis pas là pour contester ses actes et me montrer pessimistes, je suis là pour lui montrer qu’elle peut compter sur moi, et que les choses peuvent aller mieux.

-Tu sais, c’est dans ce genre d’épreuves qu’on reconnaît ses vrais amis. Ceux qui t’acceptent comme tu es et quoi que tu fasses, ceux-là, tu sais que tu pourras toujours compter sur eux.

Une fois de plus je parle d’expérience. Je n’avais que peu d’amis, quand tout le monde ne voyait en moi qu’un rat de bibliothèque, mais ceux qui étaient là, comme Emmett, par exemple, je savais qu’ils ne me laisseraient jamais tomber.

-…alors dis-toi que dans un sens, c’est une expérience positive.

Une expérience positive, Jo avait du mal à le voir comme ça, mais d'un certain point de vue, il avait raison. Ses vrais amis, et bien il n'en restait plus beaucoup, Caleb, Daniel, quoique qu'avec la distance, ça allait sans doute changer. Elle pouvait encore compter Pomona, bien que la jeune fille semblait un peu froide avec elle, ces derniers temps. Elle n'avait pas encore l'occasion de parler avec Edward, mais elle avait envie de croire qu'il allait rester ami avec elle. Jo lui sourit, elle avait eu beaucoup d'amies, mais c'était finalement des amis qui étaient encore auprès d'elle aujourd'hui. Jo semblerait plaire aux garçons, mais uniquement en amie, comme si peu pouvait tomber amoureux d'elle, à part Sébastien, elle ne connaissait personne qui aie la jeune fille. Elle soupira et tourna sa tête vers le lac. Heureuse d'avoir pu parler de ce petit problème avec son ami. C'était un petit problème quand elle se retrouvait en compagnie avec des gens qui l'aimaient, mais cela devenait un gros problème quand elle devait affronter les mesquineries d’Inès, de Lou et de beaucoup d'autres. Elle pouvait comprendre qu’Inès lui en voulait, mais elle se demandait pourquoi tant de personne la suivait dans ses paroles, alors que beaucoup sauvé que la jeune fille n'était pas comme ça. Elle soupira tristement !
"Je suis tout de même bien contente d'avoir pu parler avec toi, et tu as raison c'est l'occasion de voir ses vrais amis, et je n'en ai finalement pas beaucoup" dit Jo dans un petit sourire, elle espérait vraiment que la situation allait s'arranger, et qu'elle pourrait laisser tout ça derrière elle. Après tout, elle n'avait rien à se reprocher, bien au contraire, d’après elle, elle avait même agit bien plus amicalement que la plupart des gens, même si Pomona disait le contraire, et qu'il arrivait à Jo de penser, elle aussi avoir mal agit, et d'être d'accord avec son amie...
"Et toi, tout va bien en ce moment?" demanda Jo dans un sourire, pour s’inquiéter quand même pour son ami. Elle voulait elle aussi pouvoir l'aider de son mieux...

-Je suis tout de même bien contente d'avoir pu parler avec toi, et tu as raison c'est l'occasion de voir ses vrais amis, et je n'en ai finalement pas beaucoup.

Je suis heureux d’entendre que mes propos ont pu servir à quelque chose. Je ne suis pas très doué quand il s’agit de consoler les autres ou ne serait-ce que de les faire souffrir. N’étant pas vraiment sociable, je n’ai pas vraiment quelqu’un sur qui m’entraîner à cela. J’aurais préféré entendre Jo dire qu’à la réflexion, si elle avait perdu certains amis, elle restait très entourée, mais ce n’est visiblement pas ce qu’elle pense, à juste titre peut-être, quoi que la situation l’invite sûrement à voir tout en noir et à penser que les choses sont pires qu’en vérité. Je ne sais quoi répondre à cela, peut-être que ce n’est pas tant la quantité d’amis que nous avons qui comptent, mais leur qualité. Moi-même j’ai plus d’ennemis et de connaissances que d’amis, mais je m’en satisfais totalement, car les amis que j’ai, des amis comme Jo, me suffisent et me rendent… heureux… dans la mesure où ça m’arrive de l’être. Comme je cherche la meilleure réponse à lui donner pour ne pas la déprimer plus encore, elle me demande comment je vais, et je saute sur cette occasion pour répondre et m’éviter la lourde charge de trouver une réponse intelligente à formuler.

-Et toi, tout va bien en ce moment?

Si je vais bien? Je pense… que oui. Les ASPIC approchant, mes crises d’angoisse se font de plus en plus nombreuses, et je crains de ne pas être prêt à temps, même si je révise comme un forcené. Le groupe que nous formons au service de Tom a gagné en valeur et en intérêt et j’en suis plutôt heureux, même si cela monopolise de mon temps et m’inquiète aussi, par moments… Nombre de fois, il me faut taire cette voix dans ma tête qui m’informe que je m’égare sur un chemin des plus sombres, dont je ne reviendrais jamais. J’en ai bien conscience, mais tant que je n’y pense pas trop, j’arrive à faire avec sans que la situation m’oppresse ou me dérange. Pour ce qui est de ma vie sociale. Je me sens plus utile et apprécié à présent qu’entre chevaliers de walpurgis, nous nous reconnaissons les uns les autres. La sensation d’appartenir à un groupe à part est toujours agréable, je dois dire. Je m’entends par ailleurs toujours aussi bien avec Ashley… Enfin, je reste désespérément malheureux en amour. Tout comme Jo, je m’accroche à un sentiment qui ne sera jamais réciproque. À la différence que Daniel ne hait pas Jo comme Pomona me hait…

-Je n’ai pas à me plaindre. Je suis un peu stressé par l’approche des ASPIC, mais tu dois savoir ce que c’est, vu que tu passes tes BUSE cette année. Autrement tout va bien, que ce soit avec Ashley… ou en règle générale. 

Je sais que Jo mériterait peut-être que je sois un peu plus sincère, mais les choses que je lui cache, je ne peux les lui dire, je ne peux les dire à personne. Personne ne doit savoir qui sont les chevaliers de Walpurgis, pas avant que nous ayons pour la plupart quitté Poudlard, en tous cas, je pense. Lorsqu’il nous sera possible d’agir plus librement, les choses seront différentes. Enthousiasmantes. En ce qui concerne mon inclination pour Pomona, je me suis donné trop de mal afin que personne ne sache, pas même Daniel, Emmet ou Ashley, pour tout gâcher maintenant. D’autant plus que Jo et la jeune femme sont amis. Il y a des choses qu’il vaut mieux garder pour soi… et enfuir le plus profondément possible, afin d’être sûr et certain que personne, jamais, ne découvre, l’horreur de sentiments que je maudis plus que n’importe quoi d’autre au monde.

Tant mieux pensa la jeune fille, elle ne voulait pas que tout le monde est des ennuis dans cette école. Il avait beaucoup qui méritait d'être heureux, d'ailleurs c'est ce qu'elle souhaitait pour Daniel, et même quelque part aussi pour Ines... Après tout, Jo n'était pas rancunière pour vouloir du mal aux autres. La haine semblait si lourde à portée, alors l'amour nous rendait tout léger. Mais l'amour est fait pour ceux qui s'aiment. Il fallait qu'elle tombe amoureuse, et quelqu'un tombe amoureuse d'elle, et de préférence que ça soit la même personne. Mais Qui?

"Je te souhaite beaucoup de bonnes choses" fit Jo, c'est bien tout ce qu'elle pouvait dire au jeune homme, il l'avait beaucoup à y voir clair dans tout ce fouillis. Il fallait qu'elle mette fin à son malheur, pour ça, il n'avait pas d'autre solution que de laisser tout ça derrière elle, y compris ses sentiments pour Daniel. Cette partie de sa vie était finie!

Maintenant, il fallait trouver une autre raison d'avancer, il y avait les BUSEs, qui pourraient lui apporter des objectifs pour son avenir. Grâce à Pomona, elle avait de nombreuses pistes, l'enseignement des Runes ou de l'Arithmancie, mais ce n'était pas vraiment son premier projet. Elle l'avait dans l'idée de prendre tous les livres en runes et de les traduire en anglais pour les rendre accessible à tous, il y avait encore beaucoup d'ouvrages dans cette langue qui n'avaient pas été traduite.

"Que vas-tu faire avec tes ASPICS?' Tu vas faire quoi comme métier?" demanda Jo à son ami, elle voulait connaître ses projets pour l'avenir, si elle pouvait l'aider d'une façon ou d'une autre, elle serait contente de pouvoir faire ça pour lui. Elle lui sourit en attendant sa réponse, elle avait les idées plus claires, et elle n'avait pas envie de s'en faire, les problèmes seraient toujours là quand elle renterait dans la salle commune, alors autant de pas s'en faire maintenant...

-Je te souhaite beaucoup de bonnes choses.

Je trouve cette réplique plutôt étrange. Je vois bien qu’elle part d’un bon sentiment, et que les propos de Jo sincères, mais ils m’intriguent d’autant plus. Elle me dit peut-être cela parce qu’il ne nous reste plus qu’un mois à nous côtoyer avant que je n’achève mes études. Une fois que je serais hors de Poudlard, et que je me consacrerai à je ne sais quel travail sans doute laborieux et peu gratifiant, je ne sais pas si j’aurais encore beaucoup l’occasion de voir la jeune fille, même si je l’apprécie beaucoup. Je lui écrirais régulièrement, je n’en doute pas, mais il sera un peu étrange de ne presque plus lui parler de vive voix. On a beau dire, la distance a le don de séparer les gens, c’est malheureux, mais c’est ainsi. Je crains pour cela d’ailleurs le fait qu’Ashley, Lou, Jo ou encore Emmet seront toujours à Poudlard quand je n’y serais plus. Que se passera-t-il alors? Resterons-nous amis? Il n’y a que concernant mon maître que je ne me pose pas cette question. Il sera constamment présent, je le sais. Sa marque est apposée sur ma peau, indélébile, là pour toujours. Oui, ça doit être pour cela qu’elle prononce ces vœux étranges à mon intention, parce que nous n’aurons que très peu l’occasion de nous reparler à l’avenir, à mon grand regret.

Elle me souhaite beaucoup de bonnes choses, et elle le peut, je crois. Sans vouloir sembler trop égoïste, je m’en souhaite aussi. Je veux réussir brillamment mes ASPIC (obtenir la note optimale dans toutes les matières serait l’idéal) un travail qui ne m’ennuie pas totalement, une vie de famille… Car oui, il est d’époque de se soucier de ce genre de choses. Beaucoup d’élèves se marient une fois leurs études achevées, certains élèves sont d’ailleurs déjà engagée. Jo l’était, à un moment. Et Pomona l’est elle aussi, d’ailleurs. À un serdaigle ce qu’il y a de plus inintéressant, qui plus est. Moi je ne le suis pas. Mes parents n’en ont pas parlé. Je ne sais absolument pas avec qui je vais finir, qui sera la mère de mes enfants. Je doute fort que ce soit Ashley, même si elle est de bonne famille. Dans l’idéal, le fait que je m’éloigne de Poudlard l’aidera à se rapprocher d’Edward. Je devrais peut-être rompre avec elle… une fois les examens achevés. Il faudrait que je lui en parle. Qu’est-ce que je me souhaite d’autre? Je ne sais pas… Que notre maître parvienne à l’idéal qu’il cherche à atteindre, ce qui ne me semble guère difficile étant donné sa volonté et ses capacités. Voilà ce que je me souhaite. Je serais peut-être incomplet toute ma vie, faute de ne pas avoir obtenu ce que je désirais vraiment (et Merlin sait que je n’obtiendrais jamais ce que je désire), mais je serais globalement satisfait.
J’adresse un sourire à Jo, et m’apprête à lui dire que je lui souhaite la même chose quand elle reprend la parole et me pose cette question que j’entend de façon récurrente, dernièrement, et à laquelle je ne sais absolument pas quoi répondre…

-Que vas-tu faire avec tes ASPICS?' Tu vas faire quoi comme métier?

À un moins des examens, je devrais le savoir, je sais. Mais la vérité, c’est que je l’ignore. Je n’ai pas le sentiment d’être de ceux qui ont une véritable vocation. Ma seule vocation a été d’être un chevalier de Walpurgis, puisque j’en suis un aujourd’hui, que puis-je demander d’autre? J’hausse les épaules.

-Je pense que je travaillerais au ministère. Au département des mystères, sans doute. 

Je ne précise pas que si je songe à ce département, ce n’est pas tant par goût de l’inconnu que parce que mon père en est le directeur général, et que mes chances de l’intégrer sont donc très grandes.

"Ah!" fit Jo en réponse à la remarque du jeune homme, sur ce qu'il voulait faire de son avenir. Maintenant, qu'il allait partir, elle allait se sentir bien seule, aprés tout, il ne restait plus que Daniel et Caleb dans son entourage, et c'était tous les deux des septième année qui partiraient dans quelques semaines, un peu plus d'un mois. Elle lui fit un petit sourire, et hocha la tête. Jo se souvint que le père de Caleb travaillait au département des mystères.
"Ton père y travaille, non?" demanda la jeune fille. Elle se demandait si c'était un souhait à lui, ou si c'était son père qui faisait des projets pour lui. Mais elle n'osa pas poser la question, déjà parce qu'elle savait que son ami était fier et intelligent. Il n’accepterait sans doute pas que son père lui dicte sa conduite, et même si c'était le cas, il ne lui dirait pas...

Après tout, il faisait ce qu'il veut sa vie. Et Jo ne pouvait que lui souhaitait de réussir dans tout ce qu'il allait entreprendre. Après c'est tout ce que l'on souhaite à ses amis. Elle n'avait même pas souhaitait de le voir échoué pour rester à Poudlard, une année de plus. Mais vu l'intelligence, il ne pourrait que réussir.
"J'espère que tu réussiras tes ASPIC, et que le reste viendra tout aussi bien" fit-elle dans un sourire à son ami. Elle voulait qu'il ait une belle vie, comme Daniel, et puis à Ines et à Lou, elle souhaitait de belles choses...
"Je me demande comment ça va se passer l'année prochaine, sans toi" dit-elle sans que cela soit vraiment une question pour Caleb, juste une réflexion à elle-même parce qu'elle n'avait pas vraiment envie de réponse à cette question. Bien que maintenant qu'elle avait parlé, elle le regrettait un peu... Et se demandait comment le jeune homme allait prendre cette réflexion...

"Je me demande juste comment serait la vie, l'année prochaine. Peut-être que les rumeurs auront cessé, et que je pourrais me faire de nouveaux amis..." fit-elle quand même pleine d'espoir pour la suite de sa vie. Elle ferait tout pour qu'elle aussi, elle est une vie heureuse, prospère avec un homme qu'elle aimerait et qu'il l'aimerait. Et puis entourée avec des amis sincères, est-ce vraiment trop demandé?

-Ah!

Moi qui ne voulait pas que Jo me juge, j’ai le sentiment qu’avec ce simple mot, une exclamation évasive et rien de plus, elle en dit plus long sur ce qu’elle pense de ma réponse qu’avec un quelconque monologue qui aurait duré une éternité. Il se peut que je me trompe et interprète à mal ce qu’elle vient de dire (après tout, ce n’est même pas un mot) mais j’ai le sentiment que je la déçois. Je ne m’apprête pas à me lancer dans une carrière fascinante ou intellectuellement stimulante, je ne suis absolument pas un bon exemple pour Jo. Ce qu’elle me demande après ne fait que me confirmer ma pensée : elle sait, et me trouve idiot.

-Ton père y travaille, non?

Je me contente d’hocher la tête en guise de réponse. Commencer à contester, et dire que ce n’est absolument pas pour cette raison que je tiens à rejoindre cette branche du ministère serait mentir, oui c’est bien pour ça, et me perdre en vaines justifications ne fera que baisser l’opinion déjà faible que la jeune fille doit avoir de moi. Je la considère comme ma petite sœur, je pense qu’elle me considère comme son grand frère. Les grands-frères sont censés donner l’exemple, être des modèles. Je suis bien loin d’être cela.

-J'espère que tu réussiras tes ASPIC, et que le reste viendra tout aussi bien.

Je ne me fais pas beaucoup d’inquiétudes à ce sujet. Sans vouloir me vanter, je me sais largement assez intelligent pour réussir mes examens de fin d’année. C’est les passer haut-la-main, que je veux, ne voir aucune ombre au tableau, comme lors de mes BUSE, où ma note en arithmancie n’a pas été à la hauteur de mes espérances. Ce que je veux, c’est la perfection. En termes de scolarité, bien sûr. Je sais que pour le reste, je n’arriverais jamais à être le millième de ce que je voudrais. Pour ce qui est du reste, je pense également que tout viendra tout aussi bien. Il est certain que mes parents ne me laisseront pas chômer.
Je répond à Jo par un merci qui se perd dans le vide, parce que la demoiselle a déjà reprit la parole.

-Je me demande comment ça va se passer l'année prochaine, sans toi.

Je me pose la même question. À vrai dire, je m’inquiète un peu pour Jo, je sais que le cercle de ses amis s’est beaucoup restreint, dernièrement, et avec cela que moi et Daniel partons sous peu (ainsi que Pomona, il me semble qu’elles sont toutes les deux amies), elle risque d’être un peu isolé. J’espère qu’elle se fera de nouveaux amis, mais je dois avouer que je ne suis pas totalement optimiste. Ines est quelqu’un de coriace, et même si Jo est la personne la plus adorable de la terre, je crains qu’elle se fasse marcher sur les pieds, sans personne pour la protéger… Mais il faudra qu’elle s’en sorte seul. J’ai envie de dire qu’au moins, ça la renforcera. Il faut voir un aspect positif à toutes choses.

-Je me demande juste comment serait la vie, l'année prochaine. Peut-être que les rumeurs auront cessé, et que je pourrais me faire de nouveaux amis...

Je ne peux que le lui souhaiter. Il lui reste deux années à Poudlard, si elle doit passer ces deux années seule contre l’adversité, je lui souhaite bien du courage. Je compte bien être présent pour elle, même si cela doit être à distance.

-Et puis on s’écrira. Et on pourra toujours se voir lors de tes sorties à Pré-au-lard ou durant les vacances.

Je sais que ça fait un peu promesses en l’air, celles basiques que l’on prononce pour la forme avant de s’en aller, mais je tiens à tenir cette promesse. J’ignore si nous finirons par nous perdre de vue, Jo et moi, mais je ne tiens pas à ce que cela arrive pour l’instant, quoi qu’il en soit.

Jo sourit à la remarque du jeune homme, oui il pourrait se voir durant ses sorties ou les vacances, et puis aussi s'écrire. Mais ce serait forcément diffèrent. Elle avait demandé à sa mère, si elle avait gardé contact avec d'anciens amis quand elle était à Poudlard, mais elle lui avait répondu que non, que chacun avait sa vie, et qu'il était difficile de pouvoir trouver un moment pour se voir. Tout le monde travaillait, mais Ellen avait rassurer sa fille, en lui disant qu'elle se ferait d'autres amis là où elle travaillerait, dans les relations sociales de là où son mari travaillerait. Jo avait sourit et hochait la tête, mais c'était surtout la tristesse de pense que ses amis en ce moment, ne serait plus ses amis dans un avenir proche.
"Oui, on pourra faire ça!" fit Jo à moitié résigner par l'avenir de leur amitié, et à moitié résolu à ce que cela n'arrive pas. Mais cela ne dépendait pas que d'elle, mais aussi de Caleb, et de savoir si le voulait vraiment.

Daniel et elle, étaient déjà brouillés, et elle savait qu'elle ne pouvait rien faire sans voir les rumeurs augmentaient sur son compte, mais ce n'était pas ça qu'il l'empêchait d'aller voir Daniel, c'était qu'il lui en voudrait de mettre de le chaos dans sa relation avec Ines. Il n'aimait pas assez Jo pour la faire passer en premier, elle avait compris et pourtant elle n'avait pas voulu le voir. Maintenant que c'était trés clair, leur amitié s'effilochait doucement, et bientôt il ne resterait plus rien, est-ce que ce serait la même chose avec Caleb, la distance serait-elle le déclencheur de la fin de leur amitié où résisterait-elle à ça? Jo voulait y croire, tout en sachant que ce serait sans doute le cas...
"Merci d'être là!" dit Jo dans un sourire, elle voulait vraiment remercier le jeune homme pour avoir été là, pas seulement aujourd'hui, mais aussi pendant presque toute sa scolarité, maintenant elle devait faire preuve d'indépendance, et de grandir un peu, et cela lui faisait peur...

Oui, on pourra faire ça!

C’est peut-être moi, une simple erreur de ma part, mais j’ai l’impression qu’elle ne croit que moyennement à ce que je viens de dire. Je peux le comprendre, ce genre de promesses se font si facilement. Tout le monde sait que les amitiés qui durent même après le lycée sont malheureusement rares, mais Jo n’est pas n’importe quelle amie, pour moi. Elle est la sœur que je n’ai jamais eu, et que j’aurais aimé avoir, on ne coupe pas les ponts avec sa sœur si facilement… Enfin, malheureusement, je ne sais pas de quoi ma vie sera faite, je ne sais pas tout de ce que je vais devenir, même si j’en ai une idée, peut-être que malgré tous nos efforts, nous finirons par ne plus nous écrire du tout, après nous être écrit de moins en moins. La distance a toujours un effet dévastateur sur les amitiés, même les plus solides. Je me dis que c’est une mauvaise chose, je risque fort de perdre des personnes auxquelles je tiens, comme par exemple Ashley ou Emmett… et même Daniel. Une fois que nous aurons nos vies, et même si nous sommes tous deux chevaliers de Walpurgis et que nous nous verrons forcément pendant les réunions, nous nous parlerons forcément moins souvent (d’autant plus que j’imagine mal Daniel écrire) … D’un autre côté, me défaire de mon affection pour une certaine personne ne serait pas un mal. La distance suffira bien à me la faire oublier…. N’est-ce pas?

-Merci d'être là!

Qu’elle cesse de dire cela! Je me sens être un si piètre ami. Je n’ai pas le sentiment d’avoir fait grand-chose pour elle, à un moment où elle en aurait eu grand besoin. Je n’ai jamais vraiment su être un bon ami, peut-être parce que je suis d’un naturel des plus asocial. Je suis plus habitué à envoyer les gens sur les roses qu’à les consoler ou les soutenir. Je suis un bien piètre ami, oui, et je n’ai jamais fait grand-chose pour changer cela.

-Merci à toi, va.

Je n’aime pas qu’on me complimente. Je me sens redevable de quelque chose, et surtout ne me sens jamais à la hauteur. Je trouve que Jo mérite cent fois plus d’être apprécié et complimentée que moi. Malheureusement, je suis bien incapable de faire les choses correctement (preuve que je suis un mauvais ami), je ne sais jamais dire les mots au bon moment quand il s’agit d’amitié… quand je trouve des mots à dire, ce qui n’est pas toujours le cas non plus.

-Je vais te laisser, mais on se revoit vite, d’accord?

Je réalise qu’il me faut au plus vite profiter des moments que je peux encore passer avec Jo, car ils me seront enlevés très tôt. Je veux que le dernier mois qu’il lui reste à passer à Poudlard cette année scolaire ne soit pas trop horrible. J’ai l’impression qu’il ne lui reste plus grand monde sinon moi (elle n’a vraiment pas gagné au change, la pauvre). Je lui adresse un dernier sourire avant de me lever, et m’en aller.

"D'accord" fit Jo en lui faisant un petit signe alors que son frère d’adoption se levait et partait. Jo soupira, elle se retrouvait à nouveau toute seule, mais cela, elle commençait à avoir l'habitude depuis ces dernières semaines. La soirée avançait assez vite maintenant, et bientôt il ferait plus sombre. Il faudrait qu'elle entre dans le château pour aller manger. Elle leva les yeux vers le lac, et entendit les petits oiseaux se mettre à chanter, eux au moins étaient content d'être là pour chanter ainsi. Les mamans oiseaux étaient sans doute entrain de guider leur petits bébés, qui venait sans doute de naître il y a peu. Jo imaginait bien les mamans-oiseaux parlaient avec leurs bébés des dangers du monde comme les gros chats qui aimaient bien les manger, et puis sans doute d'autres prédateurs qui ne venaient pas l'esprit de la jeune Benett. Elle sourit en pensant au papa-oiseau qui ramenait sans doute le repas avec les petits vers de terre. Et sans doute que les oiseaux n'étaient pas jaloux, comme l'était Ines.

Jo soupira et se leva à son tour, et marcha doucement en trainant les pieds pour rentrer dans le hall, puis dans la Grande salle, elle mangerait tranquillement en silence toute seule dans son petit coin, comme une pestiférée. Puis, elle irait peut-être à la bibliothèque pour terminer son devoir de défenses contre les forces du mal, ensuite elle irait se glisser dans ses draps, avec un roman tranquille, toute seule sans personne avec qui parlait, et personne à qui souhaitait une bonne nuit. Et le lendemain, elle recommencerait la même journée, et puis aussi celle d’après. Il faudrait qu'elle patiente jusqu'à la fin de l'année pour voir peut-être le soleil se levait sur sa vie. Elle poussa la porte en retenant son souffle.