Armando Dippet : maître ou crétin
Le best-seller de Rita Skeeter
Prologue :À l‘heure où j‘écris ces lignes, mon ouvrage est dors et déjà achevé, et c‘est non sans un certain soulagement, mais également une certaine anxiété, bien sûr, que je m‘apprête à abandonner ce livre à vos mains, lecteurs. Armando Dippet aura été le fruit de nombreuses années de recherches, et de voyages, afin de recueillir le plus de témoignages possibles au sujet du prédécesseur de l‘actuel directeur de Poudlard, Albus Dumbledore. Mais tout ce dur labeur n‘était rien d‘autre que la contrepartie de mon envie toujours plus tenace de ne vous dévoiler que la vérité, la seule vérité. Chacune des sources exploitées au cours de cet ouvrage a été soigneusement vérifiée. Le titre de mon livre vous semblera peut-être un peu racoleur, mais il ne fait que mettre en lumière le regard que chacun a pu poser sur Armando Dippet. Maître ou crétin? Je ne tranche pas, soucieuse de ne révéler que les faits, en toute objectivité, je te laisse le soin, lecteur, de te forger ta propre opinion.
La figure publique qu’était Armando Dippet est sûrement plus connue de ses contemporains que de nos jeunes générations, moi-même, je n’ai guère eu l’occasion de le connaitre en tant que directeur (mais, vous l’observerez, cet ouvrage se ponctuera du témoignage de nombreux élèves et professeurs ayant connu Poudlard sous son influence), et c’est pour cette raison également que j’ai souhaité composer cette biographie qui tente autant que faire ce peu d’être la plus complète possible.
Dans Armando Dippet : Maître ou crétin, vous découvrirez le parcours surprenant de cet enfant de pauvre origine ayant avant tout joué de chance et s’étant hissé, presque malgré lui (et avant tout malgré lui) sur les plus hautes marches du podium. Vous découvrirez en exclusivité le récit d’Irina Dippet, la mère de l’ancien directeur, qui s’est confiée à nous, notamment sur la façon dont Gwendall McDowell, moldu au faible potentiel intellectuel, a lâchement abandonné son épouse, alors enceinte de plusieurs mois, en apprenant qu’elle était une sorcière. Son témoignage vous révélera tout sur cette enfance instable et les conséquences qu’elles ont pu avoir sur Dippet et l’instabilité d’ordre émotif que beaucoup purent constater chez lui.
Vous apprendrez également quel fut le parcours scolaire, pour le moins décevant de ce garçon envoyé à Poufsouffle, que chacun prédisait à l’avenir le plus médiocre qui soit, à travers le témoignage successif de Baltus Pinter et Jeronimus Peterson, deux de ses camarades de classe de l’époque. Ayant partagé son dortoir, Ils vous révèleront également quelques indiscrétions que Dippet aurait sûrement voulu enterrer avec lui. Je ne vous en dis pas davantage, bien sûr, tu sais mieux que moi, lecteur, que tout journaliste se doit de ménager le suspens. Apprenez seulement que de ces chroniques collégiennes, les anecdotes les plus croustillantes nous ont été délivrée par Anieta Carpenter, qui fut la petite amie de l’ancien directeur durant de deux mois, une relation qu’elle qualifiera elle-même, vous le verrez, de « perte de temps ».
Quand on souhaite retracer l’histoire d’un des directeurs de la prestigieuse école de magie qu’est Poudlard, on est en droit de s’attendre à découvrir un parcours brillant. Vous constaterez que Dippet a clairement dérogé à cette règle. Ayant obtenu ses diplômes de justesse, ses rêves de devenir un jour professeur de botanique semblaient fortement compromis. Comme certains d’entre vous le savent, il y est pourtant parvenu. Quels moyens a-t-il employé? Simple chance, véritables efforts intellectuels ou sombre affaire de corruption? Cette biographie vous apportera des réponses qui, pour beaucoup, pourront sûrement vous sembler des plus inquiétantes. Vous comprenez sans doute déjà ce qui m’a poussé à donner son titre à l’ouvrage que vous avez entre les mains.
Ce qui nous intéressera ici, ce ne sera pas, bien sûr, la carrière de professeur d’Armando Dippet qui, aux dires de certains de ses collègues, était bien loin d’être brillante, ni la manière frauduleuse dont il parvint à devenir directeur adjoint de Poudlard, mais bien évidemment, sa carrière de directeur. Nous reviendrons sur les décisions pour le moins insensées que Dippet a pu prendre au cours de ses activités (comme, par exemple, accepter d’intégrer des hybrides à Poudlard - notons au passage que l’actuel directeur de l’école n’abonde pas dans un sens différent). Nous reviendrons également plus longuement sur l’affaire dite, de « la chambre des secrets », que nous pouvons sans craindre de nous tromper qualifier de la plus grande bévue qui ait jamais été commise par aucun directeur de Poudlard et qui a entraîné, comme vous devez le savoir, la mort d’une élève, la première et unique mort jamais répertoriée à Poudlard (mise à part, évidemment, celle du professeur Binns, mort de vieillesse). Nous n’avons malheureusement pas pu obtenir du fantôme de cette élève, visiblement ébranlée psychologiquement, qu’elle nous donne son impression quant à l’irresponsabilité dont a fait preuve le directeur à une heure aussi grave, mais nous avons pu obtenir le témoignage de nombreux élèves ayant dû subir cette sinistre épreuve.
Nous ne vous cacherons rien également de quelle fut la descente aux enfers d’Armando Dippet, quand ses multiples erreurs furent pointées du doigt de toute part, et notamment son choix plus que douteux de réétablir l’auteur du crime, injustement innocenté, à Poudlard. Vous saurez également comment sa place lui fut soustraite pour revenir à Albus Dumbledore, et quelles méthodes fort peu recommandables celui-ci a utilisé pour parvenir à ses fins.
Cette œuvre est donc celle d’un homme brisé et instable, conduit jusqu’aux plus hautes sphères sans être capable d’en assumer les conséquence. Armando Dippet : Maître ou crétin? Qui sait… peut-être un maître dans l’art de ne pas sembler crétin.
Sans vous influencer davantage, je vous laisse à la lecture de cette œuvre que vous trouverez, je l’espère, instructive.
Rita Skeeter.