Harry se retourna brusquement vers l’entrée des toilettes en levant sa baguette, un sortilège au bout des lèvres. Il aurait juré avoir entendu un bruit tout proche. Après avoir stationné quelques secondes, il dut se rendre à l’évidence : il devenait dangereusement paranoïaque. Le jeune homme soupira tout en auscultant du regard la rangée de robinets qui se trouvait devant lui. Il ne tarda pas à trouver ce qu’il cherchait : une tête de serpent ornait l’un des robinets ; Harry s’en approcha.
L’adolescent avait choisi minutieusement son moment pour agir. Une fois n’est pas coutume, il s’était montré patient et n’agissait pas sur un coup de tête. Enfin, pas vraiment. Il avait passé au moins un quart d’heure à planifier son intrusion ! Et puis, c’était le jour de la fête de Slughorn, où la plupart des élèves susceptibles de comprendre ce que Harry cherchait à dérober se trouvaient à ce moment même. Personne, donc, pour l’empêcher de s’introduire dans le dortoir des Serpentard, plus particulièrement celui de Tom Jedusor, d’où il revenait justement –les mains vides. Personne également pour l’empêcher de pénétrer dans la chambre des secrets, ce qu’il faisait en ce moment même.
Harry se pencha vers le robinet gravé et prononça quelques sifflements étranges. Si quiconque était apparu à cet instant précis, il aurait sans doute ordonné son internement immédiat à Sainte Mangouste. Mais le jeune homme était prêt à prendre tous les risques –ben oui, c’était un Gryffondor-, si cela lui permettait de trouver un objet compromettant concernant Voldemort . Enfin, Jedusor. Il ne savait pas exactement ce qu’il cherchait, mais c’est en cherchant qu’on trouve, parait-il.
Le robinet se fendit soudain en deux et le jeune homme attrapa le miroir de poche qu’il tenait à la main avant de sauter dans le trou qui venait d’apparaitre. Il avait pris cette précaution dans le cas où le Basilic importé illégalement par Jedusor hanterait déjà la Chambre des secrets, mais d’après Hermione c’était peu probable. Celle-ci n’était bien évidemment absolument pas au courant de son entreprise, pour la simple et bonne raison qu’elle souffrait elle aussi de paranoïa aigüe qui l’empêchait de voir les évidences. Et l’évidence, c’était que maintenant que Jedusor avait appris un tas de choses compromettantes au sujet d’Harry et ses amis, ils devaient équilibrer les choses en trouvant eux-aussi des informations compromettantes –des preuves, dans l’idéal- concernant les activités de leur ennemi.
Le toboggan par lequel on accédait à la Chambre amena Harry sur l’habituel tas de gravas qui constituait l’antichambre de la Chambre, justement. Il regarda prudemment le dédale de couloirs qui lui faisait face, brandissant sa baguette dans une main et le miroir dans l’autre. Son regard tomba soudain sur un petit carnet noir à la reluire dorée qui scintillait d’un éclat étrange. Le cœur prêt à exploser, Harry avança dans la pénombre et s’empara de l’objet. C’était lui ! C’était bien le carnet dont s’était servi Jedusor au cours de la deuxième année de Harry –qui n’avait donc pas encore eu lieu dans ce monde- et à cause duquel Ginny avait failli mourir…
Le jeune homme étouffa un cri de joie et se précipita vers l’entrée de la chambre, avant de s’arrêter brusquement devant le toboggan de pierre. Dans son plan génial et efficace, il avait oublié une chose : le retour vers les toilettes de Poudlard. Il se maudit intérieurement avant de ranger le miroir dans sa poche –visiblement, Hermione avait raison pour le Basilic- et de passer une main dans ses cheveux mal coiffés. L’unique fois où il avait pénétré dans cette chambre, lui et ses amis avaient été remontés à l’air libre par Fumseck, le phœnix de Dumbledore. Mais cette fois, pas question de compter sur une aide extérieure providentielle. Harry prit quelques instants pour réfléchir : comment pouvait-on égaler la performance d’un oiseau ?
La réponse lui vint soudain à l’esprit, évidente. Il sourit tout en levant sa baguette. Certes, le vestiaire où les vieux balais de l’école étaient entreposés n’était pas tout proche, mais il avait déjà fait bien mieux l’année précédente.
- Accio balai !
Après quelques instants de silence, un long sifflement déchira l’air et un vieux balai tout échevelé vint se glisser dans la main ouverte du garçon. Sans attendre un seul instant, il fourra le carnet et sa baguette dans la poche de sa robe et enfourcha le balai afin de remonter à la surface. Il jubilait.