Sale garnement si je t’attrape !

Bah ouais, mais non, l’idée c’est tout de même de ne pas se faire attraper, sinon le jeu perdait totalement son intérêt... Raison pour laquelle Sébastian détalait dans les couloirs à toute vitesse pour fuir ce fichu concierge qui cherchait à le coller… Une fois encore. Tout ça pour quelques bombes reptiliennes dans son bureau… Quel rageur celui-là ! Dire que pour une fois il n'avait pas inondé son bureau, il aurait pu se montrer un peu reconnaissant au lieu de vouloir le punir... Le monde à l'envers n'est-ce pas?
"Poussant" les élèves sur son chemin sans un mot d'excuse, le garçon fut content pour une fois d’être en pleine journée, au moins la foule lui permettait de fuir facilement et surtout d’avoir plus de chance de semer cette vielle chouette dans un couloir bondé… Enfin voilà quand même cinq étages qu’il faisait de son mieux pour fuir et il entendait toujours les cris du concierge dans son dos, loin, mais persistant. A ce rythme il allait arriver en haut de la tour et finir par se faire prendre. Bon, il fallait changer de plan, courir partout ne semblait pas fonctionner sur ce coup-là, le mieux restait peut-être alors de se cacher… Oui, mais où? Réfléchissant rapidement en tournant dans un couloir, il chercha vite fait les différents lieux que lui offrait le troisième étage : autant oublier les salles de cours, et prendre un passage secret serait trop risqué vu l’heure. Hum, pourquoi pas l’ancienne salle de cours ? Vu la situation il ne chercha pas à peser le pour et le contre et fonça directement vers cette dernière, l’ouvrant à la volet mais la refermant vite et sans bruit, pour que le concierge ne l’entende pas…

Oreille contre la porte, il écouta cette dernière sans respirer et sans faire attention s'il y avait déjà ou non quelqu'un dans la salle, essayant de surprendre les pas lourd du concierge. Et ce fut le cas. Se mordant la lèvre il espéra l'entendre s'éloigner, retenant même sa respiration quand il l’entendait passer devant la porte, et même s’arrêter avant que cette dernière ne s’ouvre rapidement. Par pur réflexe de survie surement, Sébastian se cacha derrière cette dernière, espérant juste qu’il n’aurait pas l’idée stupide de regarder derrière la porte. Puis le silence. Surement regardait-il à gauche à droite pour voir si le petit ne s'était pas caché derrière une table ou une étagère... Cependant le garçon ne pu s'empêcher de sursauter en l'entendant parler.

Mademoiselle Benet! Vous n’auriez pas vu ce garnement de McFadden passer ?

Benet ? La Benet ?! Benet Jo !? Quoi ? Elle était dans la salle ? Il était rentré avec tellement de précipitation qu’il n’avait même pas prit le temps de surveiller s’il y avait quelqu’un. Jo était là. Bizarrement son rythme cardiaque, déjà trop élevé, trouva bon de s’accélérer un peu plus alors que le rouge lui monta aux joues… C'était toujours ça avec Jo, il se sentait bizarre et maladroit, lui qui d'habitude était super à l'aise avec les gens, que ce soit pour parler ou leur jouer des tours d'ailleurs... Aller, avec un peu de chance elle ne l'avait pas vu entrer, et avec encore un peu plus de chance elle ne souhaitait pas jouer les bonnes élèves et n'allait pas le vendre au concierge. Venant de quelqu'un d'autre ça lui aurait rien fait qu'on le trahisse, mais de Jo... je sais pas trop, il se serait senti... Déçu?
Pourvu qu’elle ne le dénonce pas… Pourvu qu’elle ne le dénonce pas. Par contre il se sentait un peu piégé la, coincé entre le mur et la porte… Mais il ne savait pas trop ce qu’il y avait de pire, être coincé dans une salle avec Jo, ou finir collé pour le reste de la semaine ? Dans le doute, il opta pour la seconde option, mais ne put s’empêcher de gigoter nerveusement à l’idée que cette porte finirait par se fermer et qu'il verrait alors la serpenetard… Pourvu qu’elle ne le dénonce paaaas !

C’est fou comme dans des moments comme celui-là les minutes deviennes des heures, alors que t'es coincé derrière une porte à attendre de savoir si tu vas mourir ou non. Seb attendit, peu confiant, la réponse de la jeune fille. C’est bête d’espérer quelque chose de quelqu’un que ne vous doit rien, mais tout de même, si l’être humain à bien un défaut, c’est d’être un éternel rêveur, qui veut toujours croire en l'impossible. Alors Seb gardait espoir qu’elle ne dise rien… Ce qu’elle fit ! Il n’en croyait pas ses oreilles, elle ne l’avait pas dénoncé ! Il aurait bien soupiré de soulagement et peut-être sourit, mais la franchement c’était risqué avec le concierge à deux pas. D’ailleurs l’homme émit un grognement contrarié avant de laisser un silence, puis partir en fermant la porte sans aucun ménagement.
Maintenant ils étaient tous les deux seuls dans cette pièce et cela le mis mal à l’aise alors qu'il regardait, comme figé, Jo. Bien sûr il aurait pu dire « bon bah merci et salut », puis partir à toute jambe comme il le faisait bien souvent, mais avec le concierge qui rode, autant rester sagement dans cette pièce où il ne viendrait pas fouiller une seconde fois.

Merci… Heu, c’est sympa.

Ouais, on fait mieux niveau réplique, mais n’allez pas demander à Seb d’être au meilleur de sa forme avec Jo…
Bon, déjà retrouver son calme. Quelques respirations plus tard, il se sentit déjà plus capable de respirer normalement. Enfin presque normalement, car les battements de son cœur nerveux ne l’aidait pas vraiment à rester serein devant la jeune fille, encore plus quand elle lui adressa un petit sourire vague, mais c’était déjà beaucoup trop pour lui. Pourquoi réagissait-il comme ça pour une serpentard ? Qui plus est Sang pur ? C’était vraiment l’hôpital qui se moquait de la charité, il était mal à l’aise devant ce qui aurait dû être l’incarnation même de tout ce qu’il détestait dans le monde sorcier. Ouais, mais voilà, le destin c’était foutu de sa gueule sur ce coup-là et voilà qu’il n’arrivait même pas à lancer une chocogrenouille modifié sur la Benet, au lieu de ça il lui offrait plein de truc mignon dont lui même ne voyait pas l'utilité. Sans compter qu’une fois sur deux il fuyait avant d’avoir échangé trois mots avec elle et la… Enfin ouais, sauf que Bah là il était coincé…
Et puis le silence le mettait encore plus mal à l’aise, alors autant essayer de parler avec non ? Ouais, mais pour dire quoi ? « Salut ça va ? T’as trouvé comment ma dernière bataille de neige improvisé dans les cachots ? »… Ouais, en théorie c’était une brillante idée… Pourtant quand il parla c’est quelque chose de beaucoup plus insipide et bégaillé qui sortit de sa bouche.

Tu… T-tu révise toi… Et je veux dire quoi ?

Bon, on remballe les gars, ça commence mal, autant partir maintenant avant d'aggraver les choses. Non partir voulait dire être collé.... Respire et évite de t’embrouiller dans tes paroles, ça ira peut-être un peu mieux. Gêné, il décida que rester les bras ballant à la regarder ne servait à rien, et alla donc s’assoir sur une des tables (ouais parce que les tables on aime s’assoir dessus même si ce n’est pas fait pour ça), en face de miss Benet.

Les buses. Ah, c’est vrai en cinquième années on avait ça… Pour l’instant Seb n’avait pas encore à s’en soucier, mais même quand cela viendrait l’an prochain, cela lui sera surement complètement égal, fidèle à lui-même, il n'étudiera absolument pas et se basera sur ses acquis. Évidement il n’avait pas non plus la science infuse, et n’avait ouvert des livres que pour s’aider dans ses inventions, mais en général, il en savait assez sur tout ce qu’il y avait à savoir pour s’en sortir avec des A quand il le voulait… La seule matière ou il avait déjà eu plus c’était en métamorphose ou il avait eu un O… Juste avant qu’il ne s’amuse à mettre des queues d’animaux à tous la classe pour récolter finalement un P… De toute façon il ne s’imaginait pas faire autre chose qu’ouvrir une boutique de farce et attrape plus tard, alors travailler ses matière lui semblait obsolète… Ou alors devenir langue de plomb, parce que franchement de tout le ministère c’était le seul lieu qui l’intéressait, pour une personne comme lui c'était la caverne d'Ali Baba en mille fois mieux...

Mais à part ça… C’était une impression ou la voix de Jo était un peu… Euh… Comment dire… Je ne sais pas, mais pas naturelle. C’était de sa faute ? Peut-être que son stress était contagieux. Dans le doute il préféra se lever et commença à marcher le long en large, prêt à faire doucement les cents pas pour calmer sa propre anxiété, qui sait peut-être que comme ça…
Cherchant des ses poches, il trouva une balle rebondissant… Un truc moldu ouais, mais super amusant, l’idée c’était de le jeter au sol et sa matière le faisait rebondir en fonction de la force qu’on y mettait, judicieux non ? Seb prenait souvent des objets moldu pour les améliorer et créer quelque chose d’intéressant, les sorciers pur souches avaient la mauvaise manie de se draper dans leurs dignités tout en dénigrant les moldus, s’ils savaient à coté de quoi ils passaient ainsi... Comment aurait-il eu l’idée des Lithing sans les petits animaux en Céramique hein ?

Quoi qu’il en soit, ce qu’il avait en main n’était qu’un prototype totalement inoffensif : Il avait commencé à transformer la chose mais ce n’était pas encore ça : L’idée était de créer une balle faisant des taches de couleur comme de la peinture, sauf que ce serait plus comme une coloration partielle d’un endroit ou d’une personne et ne pourrait être enlevé qu’avec la magie…. Une façon d’égailler un peu plus le château... En rajoutant évidement un sort pour qu’elles ne puissent pas s’arrêter de rebondir… Bon l’idée première était dans disperser une trentaine dans le château et de voir ce que cela donnerait, mais l’expérience n’était pas encore stable et les taches de couleur apparaissait et disparaissait dans les trois secondes. Jolie, mais inutile pour lui... Il fallait encore qu’il travaille dessus… Mais pas là, ni maintenant, bien que réfléchir à cela lui aurait enlevé pas mal de stress. Aussi, commença-t-il a la lancer contre le mur pensivement, la rattrapant à chaque fois pour la relancer, laissant une nouvelle tache de couleur qui s'effaçait alors qu'une autre apparaissait avec un nouveau bond.

Ah je vois, tu compte faire quoi comme métier plus tard?... Et... Pourquoi t’étudie pas avec tes amis de septièmes années ?

De qui pouvait bien parler le gentil petit Seb de sa voix la plus innocente et détachée ? Surement pas de ce lèche-botte et toutou de Jedusor, Daniel Chaser. Bien sûr que non, pourquoi ferait-il ça ? Par jalousie? pfff, tellement immature, pas son genre… D’ailleurs ce n’était pas de sa faute si accidentellement une nuée de chocogrenouille explosives avait attaquée Chaser il y a deux semaines alors qu’il sortait d’un cours quelconque. Nan, vraiment, je ne vois pas ce qui vous fait penser ça…
Seb est un ange, tout le monde le sait.

Ne pas savoir ce qu’on voulait faire, une étrange chose. Quand il y pensait, Seb savait depuis sont arrivé ici à peu près ses idées de futur : Ouvrir une boutique de farce et attrape magique… Ou peut-être ouvrir un laboratoire de recherche de farce et attrape ? Ça pouvait être intéressant s’il trouvait plusieurs personnes comme lui… Enfin en ce moment il n’était plus certain de rien depuis qu’il y avait quelques complications dans ses plans, des complications du nom de Jedusor. Il savait pas pourquoi mais il avait la net impression que le serpentard allait vite devenir pesant comme problème.
Rah non, le mieux c’était de ne pas penser à lui. L’oublier, l’effacer, et ne penser qu’à Jo. D’ailleurs cette idée fit rougir Sébastian qui la comprit mal pendant un instant. Non, pas penser dans l’idée d’avoir le cerveau rempli d’elle (c’était déjà trop le cas), mais plutôt de ne s’occuper que d’elle pour le moment, parce qu’elle était là, avec lui, dans cette salle vide et silencieuse.
Il faisait trop chaud ici.

Ah je vois, t’as… Enfin t-t’as même pas une tite idée ? T’as pas un métier que t-tu veux faire depuis p’tite ? T’es née sorcière, tu dois connaitre la plupart des métiers…

Bah ouais, souvent enfant on rêve de faire des tonnes de choses. Sébastian lui il rêvait de travailler dans un cirque pour devenir trapéziste ou éleveur de singe. Allez savoir pourquoi, même aujourd’hui il était incapable d’expliquer cette envie qui lui avait passé en première année. Mais son père lui avait toujours voulu le pousser à faire médecin, ou avocat, à l’image de son frère, jusqu’au jour où il avait vu en son fils un monstre. Seb n’était pas un modèle de perfection comme gosse. Non. Lui il était plus le genre de gamin qu’on oubliait dans un coin en espérant juste qu’il ne ferait pas trop de grabuge en grandissant. Le problème c’est que plus on l’ignorait, plus Seb faisait tout pour qu’on le voit, c’était peut-être au final à cause de son père qu’il était aujourd’hui si infernal…
D’ailleurs Jo lui demanda comment il faisait cette jolie petite balle qui rebondissait en faisant des couleurs. Oh, il devait expliquer ? Il devait vraiment expliquer ? Ce n’était pas une tâche simple qu’elle lui demandait la dit donc. Les idées germaient dans tous les sens dans son esprit, comme un artifice multicolore, il lui suffisait alors de prendre un peu de bleue, un peu de rouge et de voir ce que ça donnait. Il se fichait des risques et vivait avec une sorte d’insouciance qu’on les génies dans son genre. Dans le doute il se mit à réfléchir…

Bah, s’tu veux j’m’inspire d-d’un truc moldu qui rebondit, les enfants jouent avec… J’ai juste rajouté un sort pour la couleur aléatoire sur tout ce qui rentre en contact avec de façon « brutal », ça m’a bien prit deux jours pour trouver les bons assemblages de sort… Mais c’est qu’un prototype un peu raté, normalement la tache ne devrait pas partir et l’idée c’est qu’on puisse les enlevé qu’avec la magie… Là, ça sert à…

A rien, le mot était exact, c’était joli mais ça ne servait à rien. Cependant il ne le dit pas à haute voix. D’ailleurs cela lui donna une idée. Se tournant un peu gauchement vers Jo, il rejoignit sa table rapidement et posa la balle au-dessus d’un livre fermé qui pendant un instant fut jaune canari.

Tient, si tu veux j-j-j’te la donne…

Dit-il un peu, beaucoup même gêné, n’osant pas croiser son regard et s’éloignant déjà de peur qu’elle refuse et qu’il se retrouve tout bête, faisant de nouveauté les cents pas. Il qui ne donnait jamais rien, pour Jo il aurait même était capable de lui donner la recette pour faire les sable mouvant portatifs. C’est fou ce qu’il devenait bizarre en sa présence, même lui n’y comprenait plus rien. L’amour ça transforme le plus sauvage des chiens en adorable chiot décidément…

Jo aimait bien son cadeau ! Jo, aimait, bien, son cadeau ! Haha, victoire ! Ouais, elle avait juste dit merci avec un sourire et Seb était déjà en train de danser mentalement la danse de la victoire, comme s'il venait d'arrêter Grindelwald en personne juste avec un expelliarmus*, c'était pour dire. Sebastian n'était absolument pas grincheux ou cynique de nature, et se réjouissait sans mal des petits trucs du quotidien, car bien qu'orgueilleux, il n'avait rien de snob. Un peu de soleil, un prof absent, une farce réussit et il souriait comme une canaille, son rire léger s'envolant facilement. Il avait trop peu rit dans ses plus jeunes années, et avait décidé de rattraper ça à Poudlard, au détriment de certains, pour le plus grand confort des autres. Il était évidemment, que Jo entrait dans la seconde catégorie puisqu'il ne la visait jamais (au grand jamais) et lui offrait une tonne d'invention inutile (d'après lui) mais surement amusante à posséder. Quand il ouvrira son magasin, il faudra qu'il pense à en créer plein des trucs comme ça. Sûr que ça plaira forcement aux jeunes filles. M'enfin, il n'en était pas là encore, il ne fallait pas mettre la charrue avant les hippogriffes. Pour l'instant, seul comptait que ça plaise à Jo.

Un sourire vint donc orner son visage quand elle le remercia avec elle aussi un sourire, cependant bien vite il le perdit quand Jo parla de sa mère. Irrévocablement, il pensa à la sienne, enfermée dans cette chambre trop blanche, avec ses longs cheveux et son masque parfait au sourire éternellement figé. C'était le genre de truc qui avait le don de lui saper, le moral, surtout quand il repensait à ce qu'elle lui disait jour après jour, comme une cassette cassée, des paroles, qu'enfant, il avait suivi et écouté, jusqu'aux jours ou il avait compris qu'il ne serait jamais ce qu'attendait ses parents. « Soit un gentil garçon ». « Soit gentil avec ton frère ». « Je vous aime tous les deux tout autant ». « Reste toujours mon gentil garçon ». Des phrases toutes faites, sans valeur ni contenu. Des coquille vident auquel il avait désapprit à croire. Il n'aimait pas sa mère, mais malgré tout il n'arrivait pas à la détester. Elle le rendait triste, comme une plaie dont on ne peut se défaire. Elle était juste un poids qu'il ne pourrait jamais enlever à sa cheville. Son démon blanc.
Comment la mère de Jo était-elle meilleure ? Il hésita à poser la question, mais ne le fit pas. Il n'avait pas envie de savoir au fond, car il avait peur, peur d'être jaloux. Il lui enviait déjà son sang, car être sang pur dans le monde sorcier était un avantage, il ne voulait pas en venir à jalouser sa famille aussi, à croire que tout était mieux quand on naissait dans le bon monde de départ. Pourquoi ? Bah quelle question, parce qu'il éprouvait des choses pour elle qui, une fois mélangé à la jalousie, pouvait très vite devenir destructeur. Il ne voulait pas qu'elle le déteste.
Non, pas ce sujet. Tout, mais pas ce sujet.

Ah ? Tant mieux.

Dit-il avec un sourire désabusé, regardant maintenant par l'une des fenêtres de la salle de cours. Il n'y avait pas de neige dehors. Pas encore, mais elle arrivera surement dans quelques jours. Sebastian allait devoir bucher là-dessus pour trouver des idées de farces nouvelles. En parlant de mois prochain... Il avait entendu parler de l'éternel fête de décembre de Slug. La fête avait lieu juste avant les vacances s'il ne se trompait pas... Et Jo devait y aller... Son cerveau commença inconsciemment à réfléchir sur le sujet, et quelque chose lui arriva sur la figure avec tellement de force qu'il eut l'impression de se prendre une claque mental : Et peut-être qu'elle n'avait pas de cavalier ! Soudainement, le rouge lui monta aux joues alors qu'une idée totalement absurde lui prit... Autant essayer, qui ne risque rien n'a rien non ?

Au fait, c'est bien le Club de Slug ?

Commença-t-il innocemment, en se détournant à nouveau, faisant mine d'examiner le mur face à Jo pour qu'elle ne le voie pas rougir alors qu'il commençait à préparer l'ébauche d'un plan. Le plan le plus osé qu'il n'eut jamais eu, mais bon, on ne fait pas de potions sans casser des flacons.

Tiens, Jo semblait vouloir y aller… C’était compréhensible puisqu’elle avait finie de réviser et qu’elle n’avait pas un concierge à fuir, elle. Qui plus est, ils n’étaient pas assez proches pour se considérer comme amis. Ça aussi, c’était compréhensible. Un pas après l’autre. Tant mieux, Seb se sentait tellement mal à l’aise en sa présence, comme si ses bras étaient à la mauvaise place, ou que sa bouche ne savait plus articuler correctement les mots. C’était lassant, et fatiguant dans un sens. Il enviait le charisme qu’on admirait chez d’autres sorciers de l’école, ses ainés, tel que Jedusor. Bien que hypocrite et vil, il n’en restait un puissant orateur. Sebastian n’était pas fait de ce pain la, de toute évidence, il parlait peu pour dire des choses utiles, prenant tout avec dérision, et répondait rarement quand on lui demandait. Et puis dans un sens, c’était tant mieux, il n’avait pas envie qu’on l’écoute ou qu’on le voit, les gens l’oubliaient facilement, et c’était là sa force pour faire les meilleurs farces.

Jo lui sourit tout en finissant de ranger ses affaires. Cette conversation arrivait donc à sa fin, et il n’avait aucune envie de la forcer à continuer. Alors il se contenta de répondre à son sourire gentil et aimable, bien que le sien fut bien plus espiègle et malicieux. Ils étaient tellement différent l’un que l’autre, pas seulement pour leurs maison, leurs sangs ou leurs naissances. Ils étaient d’une mentalité très différente aussi : elle semblait si gentille pour une serpentard de sang-pur. Il semblait trop perfide pour un serdaigle sang-de-bourbe. Mais bon, les maisons ne voulaient pas tout dire, tout comme leur naissance, même si cela planait au-dessus d’eux comme un non-dit. "On ne mélange pas les torchons et les serviettes". Et pourtant, pourtant… Seb espérait vraiment réussir à au moins s’entendre bien avec elle. Malgré toutes leurs différences, malgré tout ce qui les séparait, Sebastian se trouvait bêtement à espérer au moins devenir ami avec. Parce qu’il ne se faisait pas vraiment d’illusion, inconsciemment, sur le fossé dû à leurs naissances, qui les séparait. Les contes de fées, ça n’existe pas...
Elle n’avait pas de cavalier ?! Bon, les contes de fées n’existent pas, mais quand la perche se montre devant toi, qu’elle soit volontaire ou non, autant l’attraper. Pressant la voix pour avoir le temps de se prononcer avant qu’elle quitte la salle, Seb tenta le tout pour le tout.

Si tu veux j’peux t’accompagner si tu trouves personne d’ici là, ton cavalier remplaçant en quelque sorte… En to-toute amitié bien sûr !

Fit-il en se rattrapant, ne voulant pas qu’elle se sente forcée ou qu’elle voit quoi que ce soit qu’il n’aurait absolument pas pensé là-dessous. Il se contentait parfaitement d’être la cinquième roues de carrosse, sachant très bien qu’il ne pouvait avoir mieux.

C’était bizarre, on aurait pu croire que Jo se battait avec plusieurs envies distinctes, l’une d’accepter pour ne pas blesser le jeune homme ou être trop cassante, et l’autre de refuser pour la même raison et ainsi lui éviter de se faire de faux espoirs, et peut-être, dans le fond, une dernière envie dictée par sa fierté qui la faisait rebuter d’aller seule à une soirée de Slug. L’ironie du sort veut que Sebastian ne remarqua rien, et que forcement, il fut plus que content devant la réponse presque positive de la serpentard, ce qui était pour lui, plutôt un bon signe. C’est ainsi qu’un grand sourire mutin apparu sur son visage espiègle bien que Jo s’empressait de préciser qu’elle n’irait avec lui que si elle ne trouvait personne d’autre. Mais il s’en fichait, elle avait quand même dit oui, il y avait donc une proportion minime de chance qu’il aille à la fête avec elle…
… Le cerveau de Sebastian se remit à marcher normalement soudainement. Mon dieu, qu’avait-il fait ?! Se rappelant soudainement du trac que provoquait en lui la présence de la jeune fille, Sebastian perdit doucement son sourire alors que Jo quittait la salle, comme un bonhomme de neige fondant au soleil. Il allait devoir passer une soirée à lui tenir compagnie, à ses côtés, si possible, sans lui foutre la honte… Comment faire pour ne pas faire gaffe sur gaffe ? Et surtout réussir à lui parler normalement ? Pas de panique, il avait encore le temps, tout le temps nécessaire pour se préparer…

Soufflant à cette pensée tout en se grattant la tête un peu gêné, il se rendit soudainement compte que Jo était partie. Ah oui, elle en avait profité pour filer. Elle avait bien raison, rester trop longtemps dans un même endroit c’est jamais bien, on en devient trop facile à repérer par le concierge… Enfin, du moins, quand on s’appelle Sebastian. Quittant la pièce à pas de loup, Seb rejoignit l’une de ses cachettes dont il avait le secret pour préparer son prochain coup de la journée, un discret sourire ne le quittant plus malgré la peur qui lui dévorait le ventre, et la petite voix dans sa tête qui lui disait de ne pas se faire d’idée.
Qu’importe s’il se faisait des idées, pour le moment, il était simplement content.