Jamais deux sans trois !

Dorea avait beaucoup de mal à avaler la nouvelle. La grossesse n’avait pas été prévu de prime abord, c’était un accident. Et voilà que maintenant, on lui apprenait qu’elle était enceinte de jumeaux. C’était presque risible, mais cela ne la faisait pas rire du tout. Au contraire, elle paniquait totalement. Elle se sentait toujours aussi peu prête d’être mère, alors de jumeaux… c’était impensable. Pourtant, elle n’allait pas avoir le choix, elle le savait. Quand les enfants seront là, elle sera bien obligée de tenir son rôle de mère. Au moins, il y aura Charlus, c’était son seul réconfort dans toute cette histoire. Elle ne savait pas du tout comment réagir, elle était encore sous le choc, et que Charlus soit aussi peu loquace lui assurait que c’était probablement le cas pour lui aussi.

Mais connaissant son époux, elle se doutait que la nouvelle, une fois digérée, le mettrait en joie. Lui qui l’avait toujours tannée pour qu’ils aient des enfants, il devait probablement être aux anges. Elle ne lui en voulait pas bien sûr, c’était son droit d’être heureux, de vouloir être père. Elle préférait cela qu’un mari totalement indifférent et désintéressé, mais elle se sentait toujours coupable de le voir aussi ravi alors qu’elle ne se sentait pas du tout dans le même état d’esprit que lui. Pourtant, elle ne lui disait jamais le fonde de sa pensée, parce qu’elle ne voulait pas lui faire de la peine. Comment pourrait-elle lui dire que tout cela n’était qu’un accident, et qu’elle n’était pas certaine d’être réellement heureuse de la situation ? Lui qui avait attendu cette grossesse durant des années, elle ne pouvait pas lui enlever sa joie.

Une fois rentrés, elle prit place sur le canapé, de manière presque mécanique. Mais à six mois de grossesse, elle ne restait pas debout pendant des heures, et puis, elle avait vraiment besoin de s’assoir. Elle demeurait silencieuse, en même temps, elle ne savait pas quoi dire, et elle était bien trop perdue dans ses pensées pour faire la conversation. Elle avait encore besoin de réfléchir à toute cette situation.

« On va devoir se pencher un peu plus sur le choix des prénoms. Je pensais à Angus pour un garçon, mais dans tous les cas nous allons en avoir besoin d’autre. »

Elle leva les yeux vers son époux quand elle réalisa que ce dernier lui parlait. Les prénoms. Elle n’y avait pas du tout réfléchi de son côté, parce que cela relevait d’un domaine bien trop réel. Pourtant, ils avaient déjà commencé à aménager la chambre, et à préparer ce dont ils allaient avoir besoin, encore qu’elle, elle n’avait rien fait, elle avait juste donné son avis, il ne fallait pas pousser. Et avec la dernière nouvelle, ils allaient avoir besoin de nouveaux aménagements. Mais qualifier l’enfant de « le bébé » lui avait toujours convenu, puisque cela mettait une certaine distance, et une subjectivité qui la rassurait. Elle n’était pas vraiment emballée par Angus. Elle savait pourquoi Charlus voulait nommer leur potentiel fils ainsi, c’était de coutume de donner des prénoms des parents aux enfants, mais elle n’avait pas connu Angus, et elle était dans un état d’esprit contestataire, quoiqu’il en soit. Ce n’était pas contre Charlus, pas du tout, mais c’était comme ça.

« Angus ? Tu ne crois pas que cela fera étrange, avec ton neveu et ta nièce ? Et puis, je ne l’ai même pas connu ton frère. »

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Jamais deux sans trois !

Dorea n’était vraiment pas emballée par le fait d’appeler son fils Angus. Vraiment pas. Elle n’en avait tout bonnement aucune envie. Il est vrai qu’elle n’avait pas réfléchi à des prénoms, parce que sa grossesse était encore un point compliqué pour elle, et que l’optique de devenir mère ne la faisait pas vraiment sauter au plafond. Mais il n’empêche que ça ne la motivait pas plus que ça, de donner à un hypothétique fils le nom du frère décédé de son mari. Dans d’autres circonstances, cela ne l’aurait pas dérangé, si Angus Potter avait été un homme réputé, charmant et reconnu dans leur milieu, mais ce n’était pas le cas. Elle ne l’avait jamais rencontré, alors qu’il était resté en vie durant un moment après son mariage avec Charlus, et en plus de cela, il était tout de même un peu traitre à son sang… Alors non, ce n’était pas un prénom qu’elle voudrait donner un son bébé, et elle était certaine que ça ne plairait pas spécialement à sa famille non plus. Sans compter le fait qu’en plus de devoir donner son nom à son fils, elle devait se coltiner ses horribles jumeaux. Elle n’avait donc pas un très bon feeling avec cette idée.

« Je ne savais pas qu’il était important de connaître la personne pour lui rendre hommage. »

Non bien sûr, mais pourquoi rendre hommage à quelqu’un qui ne le méritait pas ? Elle savait bien que ce n’était pas la chose à dire à Charlus, et c’est pour cette raison qu’elle ne le ferait pas, elle ne voulait pas le blesser. Elle savait qu’il regrettait d’avoir été en froid avec lui, alors qu’aux yeux de Dorea, c’était dans la logique des choses. Angus avait eu des idées contraires aux leurs, et il avait très probablement craché sur le dos de Dorea, étant donné de la famille à laquelle elle appartenait.

« J’ai conscience que ça peut-être… disons perturbant pour Rhian et Cenlyn, mais je suis sûr qu’ils auront conscience de la signification. Je n’envisage pas appeler autrement mon fils. »

En soit, elle n’avait pas son mot à dire. Il pouvait le dire sur tous les tons qu’il voulait la finalité était la même. Elle le connaissait assez pour savoir qu’il n’était pas du genre à changer d’avis quand il avait une idée en tête. La preuve était qu’il lui avait toujours rappelé, subtilement ou pas, qu’il avait envie d’avoir des enfants. L’ennui, c’était que Dorea aussi était têtue, et plus que ça, elle était enceinte. Elle n’était donc vraiment pas dans une bonne période pour être contrariée. Cependant, elle tentait de prendre sur elle autant que possible. D’autant plus qu’elle se faisait encore mal à l’idée qu’on venait de leur dire qu’elle était enceinte de jumeaux.

« Pourquoi me demandes-tu mon avis dans ce cas ? Puisque tu as déjà tout prévu apparemment. »

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