P

arler un peu avec Dorea lui avait fait le plus grand bien, c'est rien de le dire. A l'heure où elle ne pouvait s'empêcher d'éprouver le manque de sa famille (qui le lui rendait bien mal au demeurant, à chercher à saborder son mariage et à ne pas la prévenir quand ses deux soeurs pourtant étaient enceintes), Cedrella avait apprécié en trouver un membre au moins qui soit susceptible de la comprendre et ne lui tourne pas le dos sous prétexte qu'elle avait choisi l'amour... D'accord, Septimus était un traître à son sang, et elle ne s'était pas privée de le lui dire elle-même à une époque, mais il était de sang pur, au moins, et elle n'avait pas l'intention par ailleurs d'interférer en quoi que ce soit dans les affaires familiales. Mais apparemment, elle était devenue indigne d'intérêt et de confiance au regard de ceux qui avaient compté plus que tout au monde pour elle...

Bien sûr, elle n'était pas malheureuse pour autant. Il lui suffisait de passer du temps avec son fiancé pour bien vite oublier ce léger tourment. Mais faire entièrement abstraction lui restait impossible. Elle pensait trop. Entre l'accident survenu à Septimus et les secrets qui lui faisaient ses deux soeurs, le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne se sentait pas particulièrement au meilleur, loin s'en faut. C'étaient le genre de choses qu'elle n'hésitait jamais à partager avec son fiancé, certes, mais il n'avait pas grandi dans les mêmes sphères qu'elle, et même s'il la comprenait mieux que personne, il y avait certaines choses que, forcément, il était sans doute moins capable de cerner, d'analyser. Sans compter que Dorea, elle, était toujours en contact avec Charis et Callidora (même si elle était très clairement plus proche de la première que de la seconde). C'était par son intermédiaire qu'elle pouvait obtenir des nouvelles de ses soeurs... et elle n'y pouvait rien, ces nouvelles, elle en avait l'impérieux besoin.

C'est pour cette raison qu'elle avait décidé de rendre visite à son amie chez elle. Elle le savait, il aurait été de bon ton de s'annoncer, mais elle s'était décidée à la dernière minute... Elle se disait que dans tous les cas, si Dorea n'était pas là ou n'avait pas de temps à lui consacrer, ce ne serait pas bien grave, elle se contenterait de tracer son chemin, voilà tout. Mais tout de même, elle espérait vraiment qu'elle soit là, car seule chez elle, quand Septimus travaillait, elle ne pouvait faire autrement que de ruminer encore et encore, c'était plus fort qu'elle. Elle frappa donc à la porte du manoir des Potter, mais quand on la fit entrer, ce ne fut pas face à Dorea qu'elle se retrouva.

-Bonjour Charlus, dit-elle dans un fin sourire. Je ne veux pas déranger, surtout, mais... Dorea est ici ?

code by Mandy

O

n néglige beaucoup trop souvent l'importance et l'impact d'un simple sourire. Cedrella la première n'en avait pas conscience avant, d'autant plus qu'on ne saurait nier le fait qu'elle était bien loin d'être la personne la plus amène et la plus souriante du monde. Mais elle récoltait les sourires où elle le pouvait, sans même s'en rendre compte, de la part de ses amis, de sa famille... Sauf que la jeune femme, aujourd'hui, pouvait compter les sourires qu'on lui adressait en une semaine (exception faite de ceux que lui accordait Septimus, qui était les meilleurs du monde... mais c'était un cas à part) sur les doigts d'une seule main. Alors le simple fait que Charlus lui accorde un sourire, qu'elle ne ressente ni distance, ni animosité dans sa voix, ça lui faisait le plus grand bien. Certes, elle n'était pas aussi proche de lui qu'elle l'était de Dorea, mais elle appréciait malgré tout qu'il ne se laisse pas influencer par les idéaux familiaux. Il était pourtant tout à fait respectable et digne de son sang, mais dans son regard, elle n'avait pas l'impression d'être une tare ou une paria. L'air de rien, c'était quelque chose d'immense, déjà. Alors oui, la sympathie et le bon caractère de Charlus, qui au passage était également un hôte parfait, ça faisait un bien immense à Cedrella... Charlus ne s'en rendait peut-être pas compte, mais franchement, ça lui faisait le plus grand bien. Il lui proposait de l'attendre, lui offrant même une tasse de thé. Elle ne se voyait clairement pas refuser.

-Avec plaisir, approuva-t-elle avec le sourire.

Elle dérangeait peut-être son interlocuteur et ne devrait pas s'imposer comme cela, mais elle ne se le serait pas permis si elle n'avait pas le sentiment que cela ne dérangeait réellement pas Charlus. Et elle avait l'impression de ne pas l'interrompre dans quelque chose d'important et qu'il lui proposait d'attendre Dorea de bon coeur, alors pourquoi refuser ? C'est vrai qu'elle était moins proche de Charlus que de son épouse, mais ça ne changeait rien au fait qu'elle l'appréciait vraiment sincèrement et aimait avoir l'occasion de bavarder avec lui (même si la plupart du temps, Dorea était présente aussi, évidemment). Voilà longtemps qu'ils n'en avaient pas eu l'occasion, donc ce serait clairement l'occasion de se rattraper, même si elle était rapidement mise au courant des récents rebondissements dans la vie de son interlocuteur, puisque son épouse l'informait bien évidemment de ce qui était le plus important.

-Alors, comment vas-tu ? demanda-t-elle, se disant que c'était sans doute la meilleure entrée en matière possible et espérant que Charlus ne se contenterait pas d'un "Je vais bien" sans précision. Sa question revenait autant à un "Quoi de neuf ?".

code by Mandy

C

harlus se contenta de lui répondre qu'il allait bien, et la jeune femme dut bien reconnaître être frustrée de sa réponse. Elle avait espéré que son interlocuteur s'épancherait davantage, mais au fond, elle ne pouvait sans doute pas lui reprocher de se contenter de cela, d'autant plus que si elle était très proche de Dorea, elle et Charlus s'entendaient bien sans être les meilleurs des amis. Elle n'était pas forcément le genre de personne avec qui Charlus avait envie de s'épancher sur sa vie. Ce serait compréhensible... en fait, pour Cedrella, c'était même une habitude pour elle. C'était la croix et la bannière pour elle d'obtenir ne serait-ce qu'un début d'information sur la vie des sangs purs dont elle avait connu le moindre détail autrefois. Heureusement, en vérité, qu'elle pouvait compter sur Dorea, dans le cas contraire, ce serait tout simplement impossible pour elle de se tenir encore au courant de tout cela. alors soit, il allait bien, et Cedrella se disait que si elle tenait à en savoir davantage, le plus simple serait de se tourner vers sa femme, tout simplement.

Au moins - et c'était là une chose que Cedrella appréciait sincèrement, qui était bien assez rare pour être notée -, Charlus prenait la peine, lui, de l'interroger sur sa vie, de prendre de ses nouvelles... d'évoquer, même Septimus. Et l'air de rien, c'était vraiment un soulagement à ses yeux... C'était agréable de se dire que certains, même si ça ne devait jamais être qu'une minorité, acceptaient sa relation ou daignaient au moins ne pas lui tourner le dos au nom de cette dernière.

-C'est... compliqué, admit-elle avec un léger sourire. Elle n'avait pas envie de se plaindre auprès de Charlus, Dorea l'avait sans doute déjà suffisamment entendue râler, qui plus est, mais en même temps, elle n'allait pas prétendre que tout allait bien dans le meilleur des mondes alors que ce n'était absolument pas le cas, même pas le moins du monde. Il était évident que, dans ces circonstances, sa situation était compliquée et ne prêtait pas forcément à l'enthousiasme, même si elle voudrait juste pouvoir se réjouir de son sort. Disons que les préparatifs de notre mariage ne se déroulent pas exactement comme on le voudrait. Et c'était un doux euphémisme pour ne pas dire que c'était un désastre total et sans fin. Mais autrement, tout va bien, on va bien. Je sais que mon choix ne fera jamais... l'unanimité mais je suis heureuse.

Et c'était le cas. En dépit de toutes les difficultés qu'elle rencontrait, elle ne regrettait absolument rien. Et pour cause, elle était amoureuse, sincèrement amoureuse, et elle vivait avec l'homme de sa vie. Le reste, ça pouvait être pesant, parfois, mais dans tous les cas, elle était largement capable de le supporter tant qu'elle pouvait être avec lui.

code by Mandy

C

edrella afficha un sourire qui en disait long quand Charlus lui répondit que du moment qu'elle était heureuse et ne regrettait pas son choix, c'était absolument tout ce qui importait. Cela lui faisait un bien vraiment immense que de récolter des opinions telles que celles du couple Potter. Ils se montraient à son égard d'une immense bienveillance, et elle ne saurait exprimer à quel point cela lui faisait un bien fou. C'était même au-delà de ça, elle se sentait soutenue, vraiment soutenue.

Bien sûr, elle l'était aussi par la famille et les amis de Septimus (amis qui pour la plupart ne la portaient pourtant pas dans leur coeur pour commencer), mais ce n'était pas comparable. Charlus et Dorea avaient évolué dans les mêmes sphères qu'elle. En toute logique, ils auraient dû lui tourner le dos, et pourtant ce n'était pas le moins du monde ce qu'ils avaient fait. Non, à la place, ils se montraient à l'écoute, compréhensif, et savaient admettre le fait que, en effet, son bonheur devait prévaloir sur toute autre considération. Alors oui, ce n'était pas son bonheur qui allait faciliter son mariage, et elle serait plus heureuse si on ne lui mettait pas des bâtons dans les roues constamment, mais elle n'avait effectivement aucun regret. Tous les matins, elle se réveillait aux côtés d'un homme qu'elle aimait plus que tout au monde... Quand elle pensait à ce qu'aurait pu être sa vie si elle avait plutôt suivi la voie familiale et épousé Caspar Croupton, elle en avait des frissons. Non, définitivement, elle ne pouvait pas avoir de regrets. Même si c'était difficile, choisir d'abandonner sa famille par amour était la meilleure chose qu'elle ait jamais faite. Même si, bien évidemment, cette famille lui manquait atrocement, et cela chaque jour que Merlin faisait, sans exception.

Cependant, le sourire de Cedrella se figea avant de disparaître totalement quand Charlus évoqua Charis et Callidora. Elle pouvait faire abstraction de l'opinion de tous les autres s'il le fallait, mais celle de ses soeurs était trop importante pour faire comme si de rien n'était. Elle les aimait. Même encore maintenant, et avec tout ce qu'elle leur faisait subir, à elle et Septimus, elle les aimait toujours. Elle se demandait si toutes les deux avaient vraiment fini par la haïr du jour au lendemain... Cette pensée lui serrait le coeur, mais elle ne pouvait pas l'occulter. Tout portait à le croire, il faut dire. Et elle, elle ne pouvait qu'encaisser, la douleur au ventre. Et elle savait pourquoi Charlus tenait un tel propos. Lui-même avait coupé les ponts avec son frère. Et aujourd'hui, il le regrettait amèrement. Elle poussa un soupir résigné et empathique.

-J'en doute, malheureusement. Tu connais mes soeurs... Elles n'ont même pas pris la peine de m'apprendre qu'elles étaient enceintes, toutes les deux, à partir de là, je ne vois pas à quoi je devrais m'attendre...

code by Mandy

C

ertes, il n'était pas forcément agréable pour Cedrella d'entendre qu'il valait mieux ne s'attendre à rien du tout dans sa situation, mais à vrai dire, la jeune femme préférait largement que Charlus lui adresse ce genre de réponse plutôt qu'un mensonge auquel elle serait bien incapable de goûter. Elle connaissait ses soeurs, elle les connaissait même mieux que personne d'autre. Elles avaient grandi ensemble, elles avaient tout fait et tout vécu ensemble, ou du moins ça avait été le cas pendant longtemps, alors elle connaissait leurs valeurs, leurs principes, leuers limites, elle les connaissait d'autant mieux qu'elle avait eu les mêmes.

La seule chose qui aurait pu faire changer Charis et Callidora d'avis aurait été le fait de connaître leur propre Septimus (et encore, elle n'était pas certaine que cela aurait suffi). Alors il fallait être lucide, ça faisait moins mal de l'être que de nourrir de faux espoirs qui ne seraient jamais satisfaits. Et donc, non, elle ne devait rien attendre de ses soeurs, et ce même si elle les aimait, même si elle le voudrait. Le lien était brisé, et pour de bon. Aucun retour en arrière n'était possible, et s'évertuer à penser le contraire tiendrait au mieux de la naïveté, au pire de la bêtise.

-Comment fais-tu pour être à ce point optimiste ? répondit Cedrella dans un fin sourire quand son interlocuteur osa tout de même caresser l'espoir que les soeurs Black prennent conscience de l'erreur qu'elles commettaient.

Elle appréciait bel et bien que son interlocuteur considère que c'étaient ses soeurs qui étaient dans l'erreur, malgré tout, elle ne se faisait pas d'illusion, pas même un seul instant. Elle avait conscience de ce qui était, elle en avait parfaitement conscience, même. Et elle savait que Charlus aussi. Malgré tout, elle comprenait d'où lui venait cette situation. Lui avait été de l'autre côté de la barrière avec Angus, et il n'était pas parvenu à une réconciliation avant qu'il ne soit trop tard. Si Cedrella devait mourir avant ses soeurs, elle devait bien avouer qu'elle espérait tout de même qu'elles auraient des remords. Mais à choisir, elle préférait tout de même ne pas avoir besoin de partir les pieds devant pour que les deux jeunes femmes admettent avoir été dans l'excès.

-Je préfère ne plus rien attendre d'elles, ne plus penser à elles du tout - sauf que sur ce dernier point, c'était loupé, il ne s'écoulait pas un jour sans que Cedrella pense à ses deux soeurs. C'était plus fort qu'elle, quoi qu'elle fasse et quoi qu'il advienne, elle les aimait énormément. Et les aimerait toujours. Ca fait trop mal d'espérer qu'elles reviennent vers moi, qu'elles me pardonnent. J'ai assez donné.

Apprendre la grossesse de ses deux soeurs, ça avait été le coup de grâce. Maintenant, c'était fini.

code by Mandy

P

arler de ses soeurs était à chaque fois, pour Cedrella, un véritable déchirement, comme si on lui arrachait un partie du coeur avec la plus grande violence. C'était facile de mettre des mots sur ce qu'elle devait faire, sur ce qu'elle estimait préférable de faire. En revanche, il était bien plus difficile de passer des mots aux actes. Elle savait, en effet, qu'elle ne devait plus tenir compte de l'opinion de ses soeurs, qu'elle nedevait plus tenir compte de ses soeurs tout court, en réalité, et vivre sa vie de son propre côté, sans plus se soucier d'elle ni du reste de sa famille. Elle avait tout pour être heureuse, après tout. Septimus était tout ce dont elle avait besoin pour se sentir accomplie et épanouie, et elle ne renierait jamais cela.

Mais il était malgré tout difficile d'effacer des années et des années d'une amitié puissante et solide. C'est qu'elles n'étaient pas juste les enfants de même parents, Cedrella, Charis et Callidora avaient toujours été complices, des amies, des confidentes... Il y avait toujours eu une sorte de hierarchie, entre elles, c'est vrai, qui plaçait presque naturellement Callidora au sommet, mais malgré tout, elle estimait qu'il existait un amour fraternel fort entre elles et c'était pour ça que cette situation se révélait si difficile, à la limite de l'insupportable.

Alors oui, Charlus ne se laissait pas duper, et c'était à juste titre, car puisqu'elle ne savait se leurrer elle-même, comment pourrait-elle leurrer son interlocuteur. Même si elle était avant tout proche de Dorea, ça ne changeait rien au fait qu'il commençait à bien la connaître. Sans oublier qu'il pouvait se mettre à sa place, mieux que beaucoup d'autres certainement. Lui avait connu ça, d'être proche de son frère, puis de couper tout lien. Même si dans son cas, la décision n'était pas venue du même bord.

-Non, reconnut-elle, parce qu'elle ne voyait pas l'intérêt de mentir effrontément à ce sujet. Oui, elle souffrirait sans doute toujours de l'absence de ses soeurs, mais en prenant sur elle, en essayant de relativiser la situation, en oubliant l'idée qu'elles puissent un jour se réconcilier. Elle ne voulait pas vivre dans une expectative impossible. Elle essayait de tourner la page. Même si elle aurait toujours la tentation de jeter un regard en arrière. Mais c'est encore moins évident si je dois ressasser ça constamment. Elle poussa un léger soupir. Désolée, Charlus, ce n'est pas contre toi, mais je préfèrerais qu'on change de sujet.

Elle ne pouvait pas lui reprocher d'avoir parlé de tout ça, elle l'avait encouragé, c'est un fait, et elle avait du mal à ne pas penser à ses soeurs, dans ce genre de milieu où tout lui rappelait son passé. Mais il le fallait quoi qu'il en soit.

code by Mandy

C

edrella esquissa un fin sourire quand Charlus accepta qu'ils changent de sujet sans discuter. Elle apprenait encore à le connaître, mais elle l'appréciait définitivement beaucoup, il savait faire preuve d'une délicatesse et d'une considération qui avaient tendance à manquer à une bonne partie des membres de sa famille... de leur famille, au final. Dorea était définitivement entre de bonnes mains, avec lui, et Cedrella ne pouvait qu'être rassurée de le constater à chacune de ses conversations avec Charlus.

Elle aurait pu tomber sur un coureur - autrement sympathique mais coureur quand même - comme Harfang, ou sur un... un Caspar, mais non, elle s'était trouvé un homme attentionné et qui plus est ouvert d'esprit, et c'était vraiment tout ce qu'elle méritait, elle qui avait été la seule de toute sa famille à ne pas lui tourner le dos alors même que l'usage aurait dû l'inviter à le faire. Usage qui, d'ailleurs, ferait sans doute jaser quand on les saurait présents à son mariage avec Septimus. Car bien sûr, Cedrella ne se serait pas vu ne pas inviter Dorea, et par conséquent son mari, à ses noces, même si elle aurait complètement compris qu'ils refusent l'invitation. Elle n'avait aucune envie de les mettre dans l'embarras, ou que ses propres choix aient des répercussions sur eux... Ce n'était clairement pas le but de la manoeuvre. En tout cas, le couple, comme le confirma Charlus, semblait bien décidé à faire acte de présence, et cela faisait immensément plaisir à Cedrella.

-Oh, ce sera une cérémonie très simple tu sais..., répondit-elle dans un fin sourire.

Non, ils ne se marieraient pas en grandes pompes... enfin, ce resterait un mariage tout à fait acceptable, mais rien à voir avec le faste qui l'aurait attendu si elle avait épousé Caspar, rien à voir avec ce qu'elle avait imaginé être son mariage, plus jeune : un grand mariage, les mets les plus délicats, la robe la plus chère, les invités les plus prestigieux, sa famille au grand complet. Il lui suffisait de se rappeler la réaction que Dorea avait eue en découvrant sa robe de mariée, que Cedrella avait réussi à trouver magnifique avant cela pour se rappeler qu'ils ne jouaient définitivement plus dans la même cour. Et elle avait un peu peur que le couple Potter ne se sente pas dans son élément et regrette d'être venu en fin de compte. Pour elle, contrairement à ce qu'elle disait, oui, ce mariage serait incroyable et exceptionnel,  puisqu'elle épouserait enfin l'homme qu'elle aimait plus que tout au monde, mais  son amour à toute épreuve mis à part, elle savait que leurs standards n'étaient pas vraiment les mêmes.

-Mais je suis heureuse que vous acceptiez de venir. J'aurais compris que vous refusiez.. vu les circonstances.

Témoigner de sa gratitude lui semblait la moindre des choses de fait.

code by Mandy

L

a présence de Charlus et Dorea dans sa vie était définitivement raffraîchissante pour Cedrella. Elle ne savait vraiment pas comment elle ferait si elle ne les avait pas. Le couple Potter ne s'en rendait peut-être pas compte, mais il lui apportait vraiment beaucoup. Ils lui donnaient le sentiment qu'être rejetée n'était pas une fatalité, qu'elle n'avait pas totalement coupé le lien avec son passé... Certes, c'était assez illusoire, car si vraiment le lien n'était pas brisé, elle serait encore en bonne entente avec ses deux soeurs, ce qui était tout sauf le cas. C'était une pensée rassurante, douce, confortable, et à laquelle elle estimait nécessaire de se raccrocher dans ces moments de blues où elle éprouvait cette sorte de nostalgie traîtresse concernant sa vie passée. Il restait des personnes pour les encourager, pour les soutenir, quitte à avoir mauvaise presse si l'on devait découvrir leur connivence.

Charlus et Dorea ne risquaient sans doute pas grand-chose à assister à leur mariage, d'ailleurs, il était bien possible que personne ne l'apprenne jamais (encore fallait-il qu'ils réussissent à l'organiser, ce mariage - ce n'était clairement pas gagné -, et encore fallait-il qu'une intervention malheureuse ne vienne pas gâcher la cérémonie, ce qu'elle redoutait un peu... sans réaliser que ce n'était pas son mariage à elle qu'on irait interrompre)... mais tout de même. Dorea était la meilleure amie de Charis, et Cedrella devinait sans mal que cette dernière l'interpréterait comme une trahison si elle savait qu'elles se voyaient régulièrement, qu'elle serait présente à ses noces, ou qu'ils allaient tranquillement dîner ensemble tous les quatre.

Le sourire de Cedrella s'élargit en entendant l'invitation de Charlus à venir dîner chez lui et sa femme en compagnie de son fiancé. Elle ne risquait pas de dire non. Tout ce qui était susceptible de lui donner le sentiment que son couple n'était pas différent de tous les autres était bon à prendre. Et au-delà de ça, Cedrella était, dans tous les cas, toujours heureuse de passer du temps avec ses deux amis. Qu'ils fassent tant d'effort pour intégrer Septimus dans leur communauté alors que lui et le reste des Weasley avaient toujours été considérés comme des parias (et Cedrella n'avait pas fait exception à la règle pour commencer), ça lui allait droit au coeur. C'était une proposition vraiment touchante, elle en pleurerait presque, signe de toutes les tensions accumulées, tant une telle sympathie, une telle humanité, faisait du bien.

-Ce sera avec grand plaisir. Et je suis certaine que Septimus sera ravi, lui aussi. Elle ne pouvait pas parler à sa place, bien sûr, mais elle en était assez convaincue, pour tout dire. A lui aussi, ce soutien implicite ferait forcément du bien. Ce sera l'occasion de mieux vous connaître, aussi, même si à force de vous rebattre les oreilles avec lui, Dorea et toi devez déjà avoir l'impression de le connaître par coeur.

code by Mandy

C

edrella appréciait d'entendre la réponse de Charlus, qui la rassurait au moins un peu sur le fait qu'elle n'en faisait pas trop quand elle parlait à Charlus ou à Dorea de Septimus. Elle avait du mal à ne pas céder à la tentation de trop en dire ou de trop en faire, elle devait bien l'avouer. D'une part parce que Septimus était un homme exceptionnel, et duquel elle serait bien incapable de se lasser de parler un jour tant elle l'aimait, d'autre part parce qu'elle était bien trop souvent contrainte de taire le nom de son fiancé sous peine de provoquer une esclandre. Alors, forcément quand lui était donnée l'opportunité de dire ce qu'elle avait sur le coeur, elle avait bien du mal à se retenir et devenait intarrissable.

Cela n'avait pas l'air d'avoir dérangé Charlus, et c'était un soulagement pour elle que d'en gagner la certitude à l'heure actuelle. Plus ils en parlaient, plus elle avait hâte de voir ce repas à quatre se concrétiser. Elle espérait vraiment que cela n'allait pas passer à la trappe (et pourtant, les circonstances feraient qu'un tel événement ne pourrait plus être d'actualité), car elle avait très envie que Septimus apprenne à mieux connaître le couple Potter, et elle avait envie de se donner le sentiment d'être acceptée. Toute occasion qui leur était donnée de s'intégrer, même si ce n'était que de façon superficielle, devait être prise.

Et Charlus semblait être sûr de lui et motivé, comme le prouvait son propos suivant, puisqu'il affirma qu'il en parlerait à Dorea tout à l'heure et que le couple recevrait donc une invitation officielle. Elle avait vraiment envie de croire que ce serait bel et bien le cas, et elle faisait le choix de faire aveuglément confiance à Charlus, ce qui ne lui arrivait pas souvent, encore moins dernièrement. Au fond, ce n'était définitivement pas un mal qu'ils aient eu cette conversation seul à seule, elle lui avait confirmé que Charlus était définitivement quelqu'un de bien, et digne de sa confiance.

-J'attends votre invitation avec impatience, dans ce cas. Elle adressa à son interlocuteur un fin sourire. Je pense que je vais y aller, Septimus doit m'attendre.

A moins, bien sûr, que Septimus ait fait une fois de plus des heures supplémentaires. De sa part, ce ne serait pas surprenant. Mais elle appréciait l'idée d'être rentrée chez elle quand Septimus serait de retour à la maison.

-Tu transmettras mes amitiés à Dorea.

Qu'elle n'avait pas pu voir, du coup, mais ce n'était que partie remise, elle n'en était certaine. Elles auraient bien d'autres occasions de se voir et de se parler, de même pour Charlus, avec qui Cedrella avait été franchement heureuse de parler, plus que jamais sûre d'elle et de ses choix.

code by Mandy