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 Panic Station + Rafa

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CRACMOL
Finn Callahan
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Message#Sujet: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeJeu 7 Oct - 0:21



Panic station
Rafa & Finn
Ira, ira pas ? C’est un peu comme ça qu’on pourrait présenter l’état d’esprit de Finn en ce moment. Ou, alternativement, on pourrait dire qu’il vit dans un état de panique constant et perpétuel, ces derniers temps, en tout cas depuis le départ de Eve.  Ils se sont quittés très tard dans la nuit, ou très tôt le matin, ce jour là, sans qu’il n’ait rien tenté, parce que rien que le fait qu’elle soit là, ça lui suffisait. Entre eux, ça fait bien longtemps que ce n’est plus seulement une question de sexe ou de désir, même s’ils ont eu du mal à le réaliser. Elle n’a pas non plus dit qu’elle l’aimait, mais il a compris en la voyant rougir et enfoncer sa tête dans sa poitrine pour ne plus le voir, alors qu’elle lui demandait de se taire. Le mafieux a éclaté de rire, un peu de soulagement, un peu parce que quand même, ce n’est pas banal, de savoir dire à quelqu’un qu’on veut un enfant avec lui, mais pas qu’on l’aime, et il l’a serrée un peu plus dans ses bras. Et puis il a réussi à obtenir de la revoir, ils ont convenu d’une date, il a encore râlé qu’un jour, il lui ferait installer le téléphone, grogné parce qu'il est un peu jaloux de la voir se réinstaller chez Christopher (de façon assez irationnelle, il faut le dire), et puis Finn s’est retrouvé tout seul, et depuis, la valse des interrogations a repris.

En fait, il ne sait pas trop où il en est. Tant qu’elle était dans le périmètre, c’était facile de se laisser convaincre et de dire qu’il réfléchirait, mais en fait, il ne peut pas, il n’y arrive pas.  Peur ? Bien sûr qu’il a peur, tout le temps, et puis rien de tout ça n’est possible, et puis il ne sait même pas comment prendre ça et par quel bout démêler l’écheveau que Eve lui propose. Comment est-ce qu’il peut être père, songe-t-il, quand son occupation principale, en ce moment, c’est d’étudier avec Rafa le bilan qu’il a tiré des activités des italiens, de faire, aussi minutieusement qu’un grand patron de la city, un bilan cout-avantage de leur petit business pour savoir s’il maintient leur activité de tueurs à gages et qu’il la reprend à son compte, selon qu’elle est ou non assez rentable ? Il va lui apporter quoi, à ce gosse ? Quelle espèce de vie ?

Il devrait être heureux de son retour, juste en profiter, et de toute façon, entre un tournage et un déjeuner avec Santina, qui a pris ses quartiers au Cohan le midi, et y discute amicalement avec les vieux du quartier – ceux qui lui donnent à Finn du « m’sieur Callahan » et viennent lui présenter leurs doléances, chapeau bas, comme au lord-maire de Dublin, les jours où le patron reçoit lui-même – tout en reniflant avec un mépris à peine dissimulé les plats que lui sert Liam. Le mafieux soupire même après le jour où il va revoir la jeune femme, ce qui fait rire la vieille dame, qui, ayant de l’instinct, a bien compris qu’ils s’étaient réconciliés, et ne manque pas de gentiment se moquer de lui lorsqu’elle en a l’occasion. « Et alors, tu me la présentes quand, ta petite amie ? Il ne faut pas en cesser de manger pour autant, par contre ! Je vais dire à Raffaello de te surveiller et de t’obliger à manger, même si bon, ce n’est pas vraiment de la nourriture digne de ce nom…Ah, l’amour, mon petit, si j’avais 30 ans de moins… » Dit-elle, en tricotant ou en fronçant les sourcils d’indignation, jaugeant d’un œil critique les plats que sert Liam. En vérité, si Finn soupire, c’est autant d’impatience que d’appréhension, et moins à l’idée de présenter la jeune femme à Santina qu’à l’idée de revoir Eve elle-même, et tous ces enjeux font que ce retour est à la fois un bonheur, mais aussi à moitié une bonne déprime. C’est qu’il est persuadé que la rousse attend de lui une réponse qu’il ne peut pas lui donner, et surtout une réponse rapide, ce qui met à l’acteur une pression imaginaire sans fondement réel. Même si, de façon honnête, il vaudrait mieux qu’il réponde vite : à force, il va finir par se coller un ulcère, ou par faire une connerie.

En témoigne la distraction dont il fait preuve, ce jour là, alors qu’il écoute justement les doléances de commerçants du quartier avec un désintérêt manifeste. Il a la tête ailleurs et ça se voit, malgré les coups de coudes de Rafa et ses regards appuyés. Quoi ? Semble dire son regard. Ce n’est pas si important qu’ils pleurnichent tous, suffit de distribuer un peu plus et ils se tairont. Il annonce une collecte de plus pour Noël et les petits, et c’est réglé – faire plaisir à la marmaille, ça marche toujours bien, et puis lui, il est content de le faire. Mais en le disant, Finn repense à Eve, son visage s’assombrit d’un coup, et il se lève. « Bon, fini pour aujourd’hui, allez. » D’un pas un peu lourd, il monte s’enfermer dans son bureau, et allume une cigarette, l’énième clope de la journée.

Bon, il faut qu’il réfléchisse. Ou peut-être que ça lui ferait du bien de penser à autre chose ? Il ressort pour la dernière fois le script du Sherlock Holmes qu’on lui a envoyé pour se préparer aux auditions, mais les lettres dansent devant lui. Il se voit, dans quelques années, lisant les aventures du célèbre détective à un môme, qui serait le sien, et soudainement l’idée le fait sourire. Ce ne serait pas si désagréable que ça. Au contraire. Et puis, Callahan se rappelle bien ce qu’il a ressenti quand Eve lui a dit qu’elle était enceinte, la première fois. De la peur, oui, mais aussi une certaine forme de fascination, de fierté, d’attirance, il ne sait pas trop comment décrire ça. Leur enfant. C’était leur enfant. Et ce serait leur enfant, encore…Renversé dans son fauteuil, il se frotte le visage d’un geste désespéré, gémissant malgré lui : « Oh, misère… » La perspective l’attire, mais la douleur est là, comme l’inquiétude, et il ne peut pas s’en défaire.

C’est là qu’on cogne à sa porte. « Entre ! » Evidemment, c’est Rafa, qui le regarde un peu étrangement, comme s’il ne savait pas trop si c’était du lard ou du cochon, mais semblant décider à tirer au clair les raisons pour lesquelles le patron est si distrait ces derniers jours – les tournages ont repris et Finn a accepté un petit rôle dans un film de pirates, bon, certes, mais on n’est pas sur du film à Oscar, même Callahan doit avouer qu’il peut sembler suspect et qu’il mérite quelques reproches. « Tu prends un verre ? Ça allait les autres ? Je serai plus présent la semaine prochaine, là…je suis crevé. »

Il s’interrompt, parce qu’il voit bien que tout ça est assez moyennement satisfaisant et qu’il commence à se justifier. Finn a peut-être bien besoin de parler, mais à vrai dire, il hésite. Rafa serait la personne indiquée, parce qu’après tout il a toujours tout partagé avec lui et qu’a priori, nom d’un chien s’il y a bien quelqu’un qui serait content de le voir aussi raisonnable – il n’arrive toujours pas à s’en remettre : ça n’est pas lui la personne raisonnable, dans le couple qu’il forme avec Eve – et qui le soutiendrait, c’est bien son second. S’il ne l’a pas fait jusqu’à là, c’est parce qu’il voit bien que O’Riordan peine à se remettre de sa rupture – ce qu’il n’avouerait jamais, mais bon, Callahan connait son monde – et qu’il est encore plus d’une humeur de chien que d’habitude, si c’est possible, et ça l’est sans doute, parce que même lui, malgré sa distraction, l’a remarqué. Et il a assez de sollicitude pour ne pas vouloir lui imposer une partie de ses emmerdes et de sa joie du retour de Eve en plus. Ça fait ça, l’amitié, même si là non, ni l’un ni l’autre ne le décriraient comme ça. Cependant, la pression est trop forte, comme l’envie de parler : les mots sortent malgré lui, alors que Finn fume, les yeux dans le vague. « Eve est revenue. » Il y a un silence, et puis d’une voix hésitante, qui ne lui ressemble pas, il ajoute, lançant un regard plus paniqué que si les flics étaient à leurs trousses à Rafael : « Elle veut qu’on ait un gamin. Je comprends pas, Rafa. Je sais pas quoi faire. On peut pas… » Et comme ça, la bombe est lâchée.
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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeJeu 7 Oct - 13:27

Panic StationFinn & Rafa

-Peut-être que tu devrais lui écrire, suggère Florence en jouant négligemment avec les cheveux de Rafa.

Pour toute réponse, le jeune homme hausse les épaules avec un soupir de dédain. Lui écrire, c’est bien le problème, même si Florence n’en sait rien. Voici plusieurs jours qu’un hibou est arrivé chez lui, porteur d’une lettre - une fort belle lettre, il faut bien le reconnaître. L’oiseau est reparti à peine délivré de son message, sans que Rafa ait seulement eu le temps de réfléchir à une réponse. Et puis les jours ont passé, sans qu’il se décide à prendre un stylo. Maintenant, il est trop tard, estime-t-il. Il y a un délai raisonnable pour répondre, et il est passé. De toute façon, pour écrire à Robin, il faudrait aller à la poste sorcière, sur ce putain de Chemin de Traverse. Rafa a fini par se convaincre que c’était le principal obstacle, et qu’il était infranchissable. N’empêche qu’il est malheureux, le mec, et les caresses de Florence n’y changent rien. Alors, laissant la rousse lui tripoter les tifs, il se replonge dans son travail. La tête sur son épaule, elle ne dit plus rien, mais il sait qu’elle reviendra à la charge un jour ou l’autre. Lui se concentre autant qu’il peut sur ses colonnes de chiffres, bilan des affaires de feu don Ludo dont Finn Callahan a pris le contrôle. Ce bon vieux Montenza avait placé ses pions partout, jusque dans les secteurs les plus improbables, allant jusqu’à constituer un réseau de vendeurs de roses dans les restaurants de Londres - une bonne affaire, d’ailleurs.

Les calculs ne suffisent pas, cependant, à occuper entièrement l’esprit de Rafael. La lettre de Robin revient sans cesse, avec des bouts de phrase qu’il aurait pu écrire, des justifications, des excuses peut-être. S’il doit être honnête, il ne sait pas lui-même pourquoi il préfère garder le silence et être malheureux comme un chien.

Florence se dégage doucement lorsque la porte du pub s’ouvre, livrant passage à une Santina déjà habituée à l’endroit. Elle échange quelques mots avec l’un et l’autre, avant d’aller poser son tricot sur son coin de banquette favori, au fond de la salle. De là, elle peut tout voir, tout surveiller. Jusqu’à l’arrivée de Finn, venu donner audience à quelques commerçants du quartier qui ont toujours mille raisons de pleurnicher dans son gilet. Florence file lorsque commence l’entretien, et Rafa, rangeant son carnet, s’efforce de se concentrer sur les problèmes immédiats de Kilburn - pas évident, tant le patron lui semble s’en contrefoutre. Par-dessous la table, il tâche de réveiller son attention en lui flanquant quelques coups de pied, sans insister trop, cependant ; vu la tronche du monsieur, l’humeur n’est pas au beau fixe. Dans ces moments, mieux vaut ne pas risquer de l’énerver. Le patron met d’ailleurs fin prématurément à l’entretien, laissant son second se débrouiller avec les pleureuses.

Un quart d’heure après, l’affaire étant réglée, Rafa grimpe l’escalier pour rejoindre Callahan dans son bureau, histoire de lui raconter la fin de la discussion, des fois que ça l’intéresserait. Il refuse d’un geste le verre proposé par le patron, et lance :


-C’est bon, ils sont repartis, ça avait l’air d’aller. Il y avait le boulanger, Buckley, il a eu le feu dans sa boutique, je lui ai fait cadeau de ce mois-ci, et je lui ai dit de repasser me voir, qu'on puisse l'aider. Et puis je les ai rassurés sur la boucherie. Vous savez que le boucher se barre ? Votre pote Hutchinson. Je suis étonné qu’il soit resté aussi longtemps, mais il paraît qu’il en a eu marre que les gamins se foutent de sa tronche. Savez comment ils l’appellent, ces morpions ?

Il prend son élan, et lance, rigolard, en imitant un édenté :

-Hutfinfon !

Ça le fait marrer, cette vacherie des mômes, mais Callahan semble ne pas goûter la plaisanterie. Alors Rafa abrège :

-Bref, ils m’ont dit qu’un Gallois était sur le coup et voulait racheter la boucherie. Je leur ai dit qu’on s'en occupait, qu'au besoin on rachèterait nous-mêmes et qu’on y mettrait un Irlandais. Ça va, patron ?

Faut le dire, si je vous emmerde, se retient-il d’ajouter. Prudent, il garde cependant cette vanne pour lui. Il se doute qu’il y a du Talbot dans l’air, à voir la tronche de Finn, et dans ces cas-là, il n’est pas à prendre avec des pincettes. Il n’y a qu’Eve qui puisse lui faire cet effet-là. Callahan le confirme d’ailleurs ; elle est revenue. Rien de tragique, jusque-là. C’est la suite qui coupe les pattes à son second. Un gamin ? Rafa se laisse tomber sur une chaise, face au boss.

-Rassurez-moi, vous déconnez, patron ?

C’est pas possible autrement. Elle ne peut pas penser sérieusement à avoir un gosse avec Callahan - pas après tout ce qui s’est passé, tout ce qu’elle lui a - à raison - reproché.

-Finalement, je veux bien un verre, tiens, fait O’Riordan à mi-voix.

Tandis que le patron prend la bouteille de whiskey pour servir une tournée, Rafa réfléchit. Pour le coup, Robin est entièrement sortie de son esprit. C’est une sorte de miracle, si on y pense bien. Le problème, c’est qu’il faut l’Apocalypse pour parvenir à ce miracle. Car c’est bien de cela qu’on parle ; la reformation du couple Callahan-Talbot, c’est les préliminaires de l’Apocalypse, et l’arrivée d’un héritier, c’est la fin finale, le truc à côté duquel les quatre cavaliers et tout le merdier ressembleront à une aimable course de lévriers. Bon, ce n’est probablement pas la chose à dire. Rafa contourne le bureau en traînant sa chaise, manière de s’installer à côté de Callahan. Les coudes sur ses genoux, il se penche vers son pote, murmurant :

-Elle a dit quoi, patron ? Elle vous laisse le choix ou pas ? Vous avez pu lui dire que c’était pas… euh… une très bonne idée ?


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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeVen 8 Oct - 0:45



Panic station
Rafa & Finn
La réaction de Rafa est à la mesure de ce qui se passe et de l’ampleur du problème. Oubliés le Gallois, Hutchinson et le boulanger, on est dans le dur et les choses sérieuses, là. Frénétiquement, Callahan secoue la tête pour indiquer que non, bordel, il ne déconne pas, et il grogne : « Putain, j’ai l’air ? Non, elle est sérieuse. Remarque, je t’en veux pas, moi non plus j’y ai pas cru, au début. » Ce n’est pas faute de vouloir, pourtant, parce qu’il adorerait que ce soit juste une blague tant la panique le gagne. Il y a de tout dans celle-ci, même si on ne peut pas en dire, contrairement au cochon, que tout y soit bon. Il y a le fait de ne pas pouvoir dire oui et la peur de décevoir Eve ou qu’elle s’en aille encore, et puis de ne pas arriver à dire non, ou qu’elle ne l’écoute pas, ou peut-être même, surtout, d’avoir été touché plus qu’il n’arrive à l’admettre par son argumentaire, et au plus profond de lui, de se rendre compte que l’idée l’attire. Tout ça à la fois.

Alors évidemment, Rafa, lui, ne doit voir que l’aspect éminemment problématique de toute l’entreprise, parce qu’il s’est toujours rendu compte des plans foireux dans lesquels ils mettaient les pieds. Il doit voir aussi que ça risque de ne pas aller en s’arrangeant : à force, il connait son monde et le côté irrationnel du patron. Il sait que plus le plan est foireux, et qu’au fond, Finn est surtout un sentimental qui s’ignore, quoique leur pote le boucher ne dirait sans doute pas ça. Tous cassés, goguenards, virils et taiseux qu’ils soient à ce sujet, l’amitié qu’ils ont a des airs de fratrie d’histoire de famille, en grande partie parce qu’ils ont voulu s’en recréer une. Autant dire que dans le cas de l’acteur, il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il cède et il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour le savoir, même si ça, pour le moment, il n’est pas sûr d’être en état de l’avouer. Et puis, il y a de quoi avoir peur parce que quelle que soit l’issue, que Eve et Finn associés, c’est doubler les dégâts.

Le plus flippant, c’est peut-être que Finn lui-même s’en rend compte, de toute ça. La mine catastrophée de Rafa le rassure un peu. Ça lui fait plaisir, au moins, de s’apercevoir qu’il n’est pas tout à fait dingue et qu’il n’est pas le seule à penser ça. Il se demande ce qu’elle dirait, tiens, Eve, elle qui disait que Rafael serait d’accord avec elle sur le fait de devoir faire des sacrifices et qui se servait de lui comme caution morale pour lui montrer qu’il était irrationnel. Elle serait bien emmerdée, tiens. En attendant, c’est lui qui l’est, parce qu’il n’a aucune idée de quoi faire. En vérité, il a probablement besoin d’aide. De n’importe quel conseil et solution dont Rafa disposera. Et puis surtout, de vider son sac, parce qu’il perd un peu les pédales, à mouliner dans son coin : « Tu m’étonnes. » Réplique-t-il donc lugubrement lorsque son second lance finalement qu’un verre ne sera pas de refus. Ils n’en auront peut-être même pas assez d’un, d’ailleurs.

Les questions de son second lui tirent une grimace. Plus Finn y repense, plus il a l’impression d’avoir commencé à céder et de s’être fait un peu embobiner et ça ne lui plait pas. « Tu penses bien que oui, quand même ! » Il boit la moitié de son verre d’un trait. « Je sais pas vraiment si j’ai le choix, bordel ! Elle te présente ça comme ça, et puis elle te dit qu’elle veut pas te forcer ou te faire du chantage, mais bon, quand même, évidemment, quand j’ai dit non, ça l’a vexé comme un pou, j’ai bien cru qu’elle allait repartir alors que je venais tout juste de la récupérer. » Il a un sourire attendri en le disant, malgré tout. Elle est là, avec lui, bon sang, elle est revenue, ça devrait aller. Mais non, ça ne va pas. Finn le sait, s’il est honnête, il ne peut pas se voiler la face. Sans doute ne serait-il pas d’accord pour convenir avec Rafa qu’ils sont ingérables – parce qu’il n’a pas à se gérer – voire serait-il un peu vexé que son second le pense – ne sont-ils pas tous amis ? – mais il faut être honnête. C’est merdique et ça ne se passera pas bien.

« Elle y tient vraiment, j’ai l’impression. » Il soupire. Finit son whisky. Est-ce que c’est ça, ou le regard de compassion, voire de pitié, un peu atterré, de Rafa, qui le conforte dans ses positions et lui donne le courage d’essayer de raconter ? Mystère. En tout cas, il s’y essaye. « Et puis elle a réponse à tout, hein. Rien n’était un problème, on pouvait tout résoudre, je savais plus quoi dire pour essayer de la convaincre. Et…je sais même pas comment elle a fait, mais c’est moi qui me retrouvait à me justifier. Tu comprends, si je veux pas avoir de gamin, mais que je veux qu’elle revienne, j’y ai forcément réfléchi et je sais comment faire pour qu’elle retombe pas enceinte, hein. » Il ne raconte pas tout à fait tout, mais presque. Le traumatisme de la découverte de la première grossesse de Eve, le rendez-vous pour l'avortement, leur départ aux USA, Rafa était là de toute façon, il sait. Pour le reste, la décision de Eve - ceinture, jusqu'à ce qu'ils en aient reparlé - c'est son couple et il garde pour lui sa frustration, même si son second comprendra entre les lignes : après tout, copains comme cochons comme ils sont, ils se sont déjà racontés pire que ça, sous l'oeil d'une Florence navrée par la narration de leurs exploits au lit. Mais Finn n'a pas vraiment envie de s'attarder. Avec Eve, c'est différent, intime, elle n'est pas une vulgaire conquête et elle mérite mieux que leurs plaisanteries grasses.  

Ca n'empêche cependant pas le mafieux d'écarte les bras avec un signe de désespoir tout ce qu’il y a de plus masculin. « Bon Dieu, quand elle a débarqué, je pensais pas qu’elle reviendrait un jour, et puis moi, je m’étais dit que d’abord, on allait régler ce putain de détail lié au fait que c’est une espionne, au hasard, comment je suis censé savoir alors qu’elle veut une réponse, là, tout de suite ? ‘fin, est-ce que des milliers de filles m’ont déjà posé la question ou demandé de l’aide ? Non, bon, alors…» Bon, ce n’est pas tout à fait juste. En fait, bien sûr, il y a les filles du Cohan, il connait la théorie, mais comme Eve ne veut pas avorter et qu’il ne se préoccupe pas directement de ça, ou très rarement, il n’a effectivement aucune alternative à proposer, même s’il faut qu’ils trouvent.

Il jette un regard désemparé à son second. « Le pire, c’est que je peux comprendre pourquoi elle veut pas passer sur le billard et prendre le risque d’avorter. Je sais pourquoi elle veut vraiment de cet enfant. Je peux pas lui en vouloir…au contraire, même. Comment tu veux ne pas être touché quand une fille te demande ça ? » Et là encore, Callahan sourit malgré lui, ce qui est plutôt mauvais signe. S’il est touché, c’est parce qu’il l’aime et que sa demande à elle est une preuve d’amour. Parce que en réalité, si une autre fille lui demandait ça, ou gardait l’enfant d’elle-même, (il doit au moins reconnaitre ça à Eve : elle ne le prend pas en traitre), il se tirerait à toute jambe. Mais là, il ne peut pas et Finn le sait bien. De quoi aurait-il l’air, s’il l’abandonnait ? Il l’aime, c’est impossible, il faut qu’ils trouvent une solution. Malgré son envie de fuir et d’oublier cette saleté de dilemme, il le faut. « Je sais pas quoi lui dire, bordel. Elle m’écoute pas, et puis je veux pas qu’elle parte, mais il faut qu’elle comprenne… » Il gémit et enfouit son visage dans ses mains. Il tourne un peu en boucle, il le sait. Le sang lui bat un peu aux tempes. Pour essayer de se calmer, il attrape nerveusement son paquet de cigarette et en allume une, nerveusement : « Tout ce que j'ai réussi à gratter, c'est de dire que j'allais réfléchir, mais c'est tout réfléchi, je crois, non ? Je peux pas dire oui, peu importe ce que je veux, c’est pas ça, la question. C’est juste…c’est pas contre elle, mais on peut pas, on va avoir des tas d’emmerdes. Pas vrai ? » Il interroge son second du regard, fébrilement et son ton est un peu suppliant. Voilà la faille, et Rafa n’aura pas trop de difficulté à comprendre que si Finn est si mal à l’aise, c’est parce qu’au fond l’idée l’attire autant qu’elle le panique. Et que là, il cherche un soutien en sa personne, qu’il a besoin que quelqu’un lui dise que pour une fois dans sa vie, il a raison, que c’est la chose à faire, et qu’il fait preuve de maturité.
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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeLun 11 Oct - 11:22

Panic StationFinn & Rafa
OK, c’est la merde, mais au moins, la vôtre, elle est revenue, brûle de répondre Rafa, vaguement envieux. Ça ne risque pas d’arriver avec Robin, surtout tant qu’il ne se décidera pas à lui répondre et à admettre qu’il a peut-être pris la mouche un peu trop vite. Pour cela, du reste, il faudrait qu’elle consente encore à l’écouter ; et il n’est pas impossible qu’au vu du délai de la réponse, elle ait définitivement tiré un trait sur lui. Est-ce que c’est vraiment si catastrophique que ça ? à voir la terrine du patron, englué dans cette histoire de gamin, Rafa se dit, encore une fois, que le célibat n’est peut-être pas une mauvaise chose. Et de toute façon, dans son cas à lui, l’histoire semble sans issue. La seule avec qui il aurait peut-être pu parler marmaille un jour, c’est Robin, et la seule idée de la revoir un jour est une douce illusion. Alors retour aux filles faciles, à celles qui n’ont jamais d’enfants, à celles à qui ne vous disent jamais qu’elles en voudraient un. C’est plus facile, avec celles-là.

Rafa ne se formalise pas quand le patron lui grogne que non, il ne déconne pas, avec un brin de mauvaise humeur. Il a l’habitude de se faire secouer, et plus encore lorsqu’il s’agit d’Eve, sujet sensible par excellence. Ce n’est pas un hasard si la seule fois où Callahan a vraiment manqué d’être violent avec lui, c’était lorsqu’il lui a appris qu’elle avait été agressée. Rafa est passé à deux doigts de recevoir un pain, juste parce qu’il était là et que la rage aveuglait Finn. Il n’est plus lui-même, lorsqu’il est question d’Eve, songe Rafa avec l’indulgence affectueuse qu’il réserve habituellement à son patron - sans se rendre compte qu’en réalité il n’est jamais plus lui-même, lunatique, colérique, emporté, que dans ces moments-là.

Pour le moment, c’est la panique qui domine, et O’Riordan - fait rare - se sent impuissant à aider Callahan. D’ordinaire, il trouve toujours quelque chose à dire, fût-ce une connerie, pour soutenir le patron. Quand il est furieux, qu’il a besoin de conseils stratégiques, ou qu’il s’agit de l’exhorter au combat, c’est facile d’être son second. Mais que faire face à un homme en détresse ? Rafa a déjà connu ces passages difficiles, toujours à cause d’Eve. Il n’oubliera pas de sitôt la fois où Finn s’est mis à pleurer en plein Cohan après une engueulade avec la rousse.

Mais il faut trouver quelque chose à dire ; c’est ce qu’attend Callahan, et c’est le rôle de Rafa, autant en tant que second qu’en tant qu’ami. Alors il essaie de démêler l’histoire, pose des questions :


-Mais comment c’est venu sur le tapis, cette histoire ? Elle vous a dit ça comme ça, crac, je veux un gamin, je te force pas mais un peu quand même ?

Ça ne ressemble pas à Eve, ce genre de coup de tête, surtout pour se mettre un mouflet sur les bras. Elle sait, plus que quiconque, à quel point un enfant peut être un fardeau. La pensée entraîne une autre question :


-Et d’ailleurs… Elle compte raccrocher, pour le MI5 ? Parce que même sans ça, le mioche, c’est pas une bonne idée, mais si vous ajoutez le fait qu’elle bosse pour eux… Je vois pas comment elle peut envisager le truc, en fait.

Il se pince les lèvres, réfléchissant, tandis que le patron continue de paniquer. Et dans toute cette trouille, il y a quelque chose qui glace vraiment Rafa : ce sourire attendri, signe qu’il est touché, et que derrière la seule réaction rationnelle possible - dire non - l’envie de céder est en embuscade, à peine dissimulée. Bordel. S’il part sur ces bases-là, mes neveux, c’est la fin des haricots. Je le connais, il va tourner en rond trois jours, ou trois semaines, et puis il finira par se convaincre qu’un gamin avec Eve, c’est le meilleur truc qui puisse lui arriver. Et ce sera le début d’un barnum pas possible. Ils se rendent pas compte à quel point ils sont déjà ingérables à deux, sans ajouter le fruit de leurs amours à l’équation.

Nerveusement, Rafa termine d’un trait son whisky, s’allume une cigarette, et se lève pour faire les cent pas dans la pièce. Si Finn est clairement désespéré, son second, lui, commence à paniquer gentiment, pas client pour gérer la paternité du patron en plus du reste de ses affaires. Parce que c’est ce qui va arriver, il est prêt à mettre dix livres là-dessus ; qui va se fader les angoisses, les questions, les contrariétés, et jusqu’aux mille petits aménagements pratiques auxquels on ne pense pas mais qu’il faudra forcément mettre en place ? Qui va se retrouver avec un Callahan gâteux, trop béat pour en imposer, ou trop stressé pour qu’on puisse seulement lui dire deux mots ? Bordel, Eve, tu peux pas me faire ça. J’ai passé trop de temps à le retaper après votre rupture pour que tu foutes tout en l’air.


-Je vais lui parler, finit par lâcher Rafa, faisant une pause juste en face de Callahan. Vous voulez bien que je lui parle, patron ? Elle a pas dû se rendre compte… Pourtant, me semble qu’elle devrait s’y connaître, en emmerdements, ajoute-t-il dans un grognement.

Et un môme, c’est déjà un fameux nid à emmerdements, même chez les gens normaux - alors imaginez dans le couple Callahan-Talbot, combien de fois on multiplie la mise !


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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeMer 13 Oct - 0:10



Panic station
Rafa & Finn
Finn a beau avoir le nez dans le guidon, ou dans sa panique, il voit bien que Rafa ne sait pas quoi lui dire. Moi non plus, mon vieux, songe-t-il, car sa mauvaise humeur n'est définitivement pas dirigée contre son second qui fait maintenant les cent pas devant lui, je t’en veux pas, va. Ça a de quoi surprendre, oui, une telle demande, venant de Eve, surtout dans ces circonstances. La réponse la plus évidente, c’est « non, vous ne pouvez pas », mais tout le discours de Callahan montre bien qu’il en a envie – qu’en fait, il est complètement paumé et pas loin de céder – une très mauvaise idée, mais si tentante…« Je sais pas, je sais plus trop. » Le mafieux fronce les sourcils, se concentrant pour essayer de raconter plus clairement les choses, espérant que les verbaliser avec Rafa l’aidera à ordonner une réponse pour Eve. Mais les souvenirs sont un peu flous, entre la joie des retrouvailles et l’angoisse de cette discussion infernale qu’ils ont eu. « Elle a débarqué à 3 heures du matin pour me dire qu’elle voulait revenir, puis ça. Une heure avant, elle me disait qu’on ne pouvait rien recommencer du tout parce que ça nous causerait trop d’ennuis. » Paradoxal, quand même, il faut l’admettre. Il n’arrive pas trop à se l’expliquer à lui-même, même si au fond, il ne se plaindrait pas vraiment de ce changement d’avis. « Si je suis honnête, elle m’a dit qu’elle attendait pas de réponses dans l’immédiat. Elle m’a même dit “quelques années”. Mais elle m’a quand même menacé de partir, comme je disais, parce qu’au départ, je ne voulais même pas y réfléchir… » Preuve que ça compte vraiment pour elle, et une source d’angoisse de plus pour Finn : parce qu’il ne veut pas décevoir Eve, et que ça arrivera forcément, parce qu’ils ne peuvent pas être d’accord. N’empêche, s’il n’y avait pas le MI5, s’il n’avait pas l’angoisse de finir à un moment ou un autre comme Rory…Non, impossible. Mentalement, il se secoue. Il ne peut pas. D’ailleurs, est-ce que Rafa n’a pas raison en parlant du MI5, justement ? Bien sûr que si.

Ce n’est pas pour ça qu’il a une réponse, cependant. « Euh…je ne sais pas. Je crois pas. Je t’ai dit, elle avait réponse à tout. En fait, elle a surtout répondu à rien. Je sais pas comment elle veut faire, je sais même pas si elle y a réfléchi.  » Le ton est des plus incertains, un peu penaud aussi. Parce que ce qu’il raconte ne va pas plaire à son second, et l’irlandais le sait parfaitement. « Elle m’a dit que de toute façon, ils sont déjà au courant, mais qu’on les intéresse pas parce qu’on n’est pas de gros poissons, et que de toute façon ils lui font confiance. Qu’elle a réussi à faire en sorte qu’ils croient qu’on fait partie du plan. Je la crois. » Il lève une main pour arrêter Rafa. Il n’est pas plus à l’aise que son second avec l’idée – la confiance, ça se mérite et ça ne se monnaye pas avec les anglais, encore moins les flics, y compris secrets – mais Finn a finalement admis qu’il pouvait avoir confiance en Eve. « S’ils voulaient nous descendre, ce serait déjà fait. Mais ils achèteront pas son baratin avec un môme. Je sais pas comment elle veut faire et si elle croit pouvoir continuer, mais je suis d’accord, c’est clair que non. »

Il manque de dire qu’il va falloir régler ça. Mais c’est une mauvaise idée : ils ne vont rien régler du tout, parce qu’il n’y a rien à régler, parce que ce n’est pas possible. Parce qu’il n’y a pas que le MI5, c’est l’ensemble, ils ne peuvent pas, un point c’est tout. Finn écrase martialement sa cigarette, comme pour appuyer cette pensée, mais à la vérité, il ne sait tout simplement pas quoi faire, encore moins alors que l’idée, malgré tout, navigue dans sa tête, et qu’il commence à échafauder des plans sur ce qu’il ferait pour s’assurer que cet enfant vive au moins dans de bonnes conditions. Il faudrait pouvoir raisonner Eve et proposer une alternative, mais il n’en a pas, alors il est reconnaissant à Rafa de lui confirmer que c’est une mauvaise idée et qu'il a raison - ça fait plaisir, d'être dans le camp de la rationnalité, pour une fois, même si c'est un peu étrange - et d’au moins essayer de proposer de faire quelque chose.

Pourtant, curieusement, le mafieux hésite. « Ben…j’en sais rien. ». Il commence à se dire que ça fait tout de même beaucoup de fois qu’il ne sait pas quoi dire ni quoi faire et que ça commence à être singulièrement agaçant de se sentir et d’être si paumé. Mais la vérité, c’est qu’il ne sait vraiment pas et la proposition le prend presque de court. Fronçant les sourcils, il a l’air singulièrement indécis et incertain, le patron, et si les gars voyaient ça, eux-mêmes seraient surpris. Mais c’est Rafa : à ce moment là, le vouvoiement et le titre ne valent plus grand-chose, et ils ne sont que la façade d’une vieille amitié, unique en son genre. Là, quand ils parlent, Callahan ne demande pas son avis à son second, mais celui de son meilleur ami face à un choix de vie difficile, et pour lui, ça n’a rien à voir. Il écoute les suggestions du second, mais il est définitivement reconnaissant à l’ami de vouloir l’aider, même si, comme il finit par l’expliquer, il doute - ou peut-être est-ce l'envie inavouée de pouvoir céder en paix, à son rythme, une fois qu'il aura paniqué tout ce qu'il peut : « Tu crois ? Je veux dire, si elle m’écoute déjà pas moi, je sais pas ce que tu pourras faire. Surtout que si tu vas la voir juste pour ça, elle va se braquer encore plus. Je la connais… » Il a un nouveau sourire, aussi inquiétant et attendri que le précédent. C’est qu’elle est singulièrement têtue quand elle s’y met, Eve, y compris dans l’irrationnalité. Il se demande d’un coup si c’est l’effet qu’il peut renvoyer lui aussi lorsqu’il se met une obsession en tête. Rafa aurait probablement la réponse, mais Finn n’est pas sûr de l’aimer, alors il rebondit sur autre chose, essayant de trouver un compromis : « Peut-être que si elle vient ici, ça peut se faire. A l’occasion… »

Il est vrai que Eve et Rafael s’entendent comme larrons en foire. Des taiseux, tous les deux. L’acteur se demande parfois ce que ça a pu donner à Poudlard entre eux. Il pourrait presque être jaloux, s’il ne connaissait pas l’absolue loyauté de Rafa, sans même parler du fait qu’il peut difficilement nier, surtout à présent, que Eve l’aime. En tout cas, méditatif, le mafieux se dit qu’elle, elle pourrait trouver les mots pour parler à son second. Parce que des gens se sont plaints, un peu. Pas trop fort, mais un peu. Et parce que lui-même ne sait pas comment s’y prendre. Il finirait par gueuler si Rafa l’envoyait bouler. Pas la chose à faire. Tandis que la rousse…ils pourraient faire la gueule ensemble après s’être lancé quelques vacheries. Tant qu’ils ne se frappent pas, ça devrait le faire. Oui, songe-t-il, ça, c’est pas mal. Allumant une autre cigarette, il se ressert ensuite un verre et propose à O’Riordan un autre verre : « Je sais pas. Si elle passe, essaye, mais te sens pas obligé. Je trouverais bien une solution. Je me dis que c’est quand même pas à toi de gérer ça, je devrais être capable de le faire tout seul, puis ça m’emmerde de te rajouter mes problèmes sentimentaux en plus du reste… » Le ton, sur la fin, s’est fait un peu boudeur. Un peu désolé aussi. D’abord parce que justement, ça relève de l’intime et que Finn aimerait pouvoir régler ça seul, être capable de le faire, de ne pas paniquer et de pouvoir dialoguer avec Eve sans médiateur et sans la partager. Ça fait lâche et celui qui se défausse, en plus. Et puis, ensuite, il se rend compte d’un coup qu’il impose tout ça à Rafa qui n’a rien demandé et qui lui-même est aux prises avec une rupture difficile. A tout prendre, ce n’est pas très juste et il ne peut pas se plaindre : Eve est revenue, et elle l’aime même un peu trop, au point d’en devenir aussi irrationnelle que touchante. Alors, il conclut, mine de rien, comme une invitation à parler aussi : « Surtout en ce moment. Désolé, mon vieux, je le fais pas exprès ni pour remuer le couteau dans la plaie. » Pourtant, c’est un peu le cas. Finn le sait, mais de là à être capable de dire qu’il avait malgré tout besoin de parler, il y a un sacré pas, qu’il ne sait pas faire. C’est compliqué, l’amitié, encore plus que l’amour, c’est dire !

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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeSam 16 Oct - 11:09

Panic StationFinn & Rafa
Si Florence voyait le patron à cet instant, elle dirait en secouant la tête, comme à son habitude : laisse, il est mordu. Rafa n’a même pas besoin de l’expertise de la rousse, cette fois, pour s’en rendre compte : pour être mordu, Callahan l’est sacrément. Évidemment, Eve lui a toujours fait un drôle d’effet, mais là, ça dépasse tout. Il a beau dire, au sujet de ce gosse, que c’est une mauvaise idée et qu’ils ne peuvent pas, il est clair que lui-même n’y croit, au mieux, qu’à moitié. Il suffit de voir ce sourire qui passe par moments sur ses lèvres, un sourire que Rafa connaît bien et qui est annonciateur, chez Finn, d’imminentes conneries. C’est ce sourire attendri, un peu gâteux, qu’il a lorsqu’il essaie de se raisonner mais que le cœur parle plus fort que la tête - et c’est souvent. En le regardant, Rafa ne peut s’empêcher de repenser à Tony Montenza, l’oncle de Callahan, et à cette conversation qu’ils avaient eue, un jour. Il t’écoute ? avait demandé le vieil homme. Ce à quoi Rafa avait répondu, en toute franchise : en général, oui. Alors, il faut que tu sois raisonnable pour deux, avait repris le chef de clan. Ce ne sera pas une mince affaire, mon garçon. Finnegan est un bon gars, mais on ne fait rien de bon avec plus de cœur que de cervelle. Toi, tu es comme moi, tu as plus de cervelle que de cœur, avait-il ajouté, rigolard, en tapant dans le dos du gamin.

Nous y voilà, monsieur Montenza. Jusqu’ici, j’ai à peu près réussi à vous obéir et à lui éviter les pires écueils, mais cette fois, je sens que je n’y arriverai pas. Ce sourire veut tout dire. Il fait mine de réfléchir et d’être rationnel, mais je peux presque voir l’idée débile faire son chemin dans sa tête. Ce n’est qu’une question de temps ; d’ici demain, ou dans un mois, il me dira avec ce même sourire qu’elle est enceinte et que c’est merveilleux. Rafa se sent partagé entre le découragement et la certitude qu’il doit empêcher ce cataclysme. L’impression d’être Noé en train de fignoler son rafiot alors que les premières gouttes de pluie commencent à tomber, soudain. J’aurai jamais assez de planches pour finir cette putain d’arche, songe le second de Callahan qui lance pourtant avec conviction :


-Moi je vous garantis qu’elle va m’écouter, patron. J’vais lui faire passer ces envies à la con, c’est moi qui vous le dis. On peut pas se permettre ça, ce serait une énorme connerie, la pire possible.

Encore pire que d’enlever une gonzesse et de laisser Slim lui couper un doigt, voyez ? Encore pire que d’aller se jeter dans la gueule du loup au Cincinnati. Rafa ne mentionne pas ces fiascos, parce qu'on ne tire pas sur une ambulance, mais son regard flamboyant parle pour lui. Son affirmation ne souffre aucune discussion. Ce n’est pas le second qui donne cet avis, mais l’ami toujours soucieux d’éviter des embûches à Callahan. Avise-toi de me contredire et on va se fâcher, toi et moi. Mais pour le moment, le patron est encore dans sa phase presque raisonnable, et il n’a garde de contrarier son second. Si Rafa le connaissait moins, il croirait encore à ses chances de le convaincre. Sauf qu’à force de pratiquer le bonhomme, il sait voir quand c’est foutu. Et avec Finn, ça l’est. Reste Eve, qui a normalement un peu plus de jugeote - guère plus, mais c’est toujours ça. Elle devrait piger, l’ancienne Serdaigle, c’est censé être la maison de l’intelligence, pas vrai ? Et si elle ne veut pas faire passer le bébé, elle est largement capable de prendre les précautions nécessaires pour ne pas avoir à le faire. Les sorciers ont tout ce qu’il faut pour ce type de situation, il suffit d’avaler une potion et hop, ni vu ni connu, l’Antéchrist tire sa révérence, bonsoir m’sieurs-dames.

Avec un soupir, Rafa tend son verre pour une nouvelle rasade de whiskey. Manquait plus que ça, songe-t-il en prenant une gorgée d’alcool. Pas comme si on s’était reposés, ces derniers temps, et qu’on ait besoin d’action pour mettre un peu de piquant dans nos vies. Entre la rupture avec Eve - déjà elle - et la fuite en Amérique, l’enlèvement de la fille Yaxley, la blessure du patron et l’exécution de Ludo, sans parler de la reprise en main de ses affaires, Rafa estime qu’ils auraient bien mérité de lever un peu le pied. Mais non, les tuiles se suivent et ne se ressemblent pas, et cette fois, avec la menace d’un héritier Callahan dans le paysage, c’est de la sacrée tuile de compétition. À nouveau, Rafa se pose sur la chaise, et, les coudes sur les genoux, se prend la tête dans les mains. Rien que d’imaginer le patron tout ému en train de présenter son lardon au peuple, il en a des sueurs froides, le Rafa. Il a beau retourner le problème dans tous les sens, il ne comprend pas comment Eve peut imaginer ça et se dire que ça va passer auprès du MI5.

Les excuses de Callahan prennent un peu Rafa au dépourvu. Comme si c’était la première fois qu’il devait se fader les problèmes sentimentaux du patron, tiens. On en parle, de LA, de notre retour en catastrophe à Londres, de la fois où vous avez chialé devant tout le monde ? On n’y était pas en plein, là, dans les problèmes sentimentaux ? Mais il n’en veut pas à Finn, parce qu’il est incapable de lui en vouloir. Il a signé pour être à ses côtés, quoi qu’il advienne, même si ça doit lui rappeler ses propres déboires amoureux. Alors il se contente de hausser les épaules et de grogner :

-C’est rien, patron. De toute façon, je vais pas porter le deuil toute ma vie, pas vrai ?

Il ne dit rien de plus. Pas envie de s’épancher sur le sujet, et d’imposer tout ça à Callahan. Il ne se rend pas compte qu’à force de se taire, il en devient exécrable et que certains en viennent à avoir peur de lui, dans la bande. Lui se dit qu’il digère sa rupture de manière normale. Il recevrait ceux qui osent se plaindre avec les égards dûs à leur rang, tiens ! s’il savait que ces messieurs se permettent d’aller chouiner dans le gilet du patron. Ça finirait de le foutre de mauvais poil, tout ça - et personne n’a envie de voir ça. Rafa boit une nouvelle gorgée de whiskey en silence avant de s’allumer une cigarette et de lâcher tout à coup d’un air songeur, en même temps qu’un nuage de fumée :

-Alors comme ça, vous et Eve c’est reparti.

Sans doute sa voix ne trahit-elle pas un enthousiasme excessif à cette idée ; elle sonne même un peu froidement dans le silence du bureau, et O’Riordan, s’en rendant compte, ajoute poliment :

-C’est chouette pour vous.


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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeDim 17 Oct - 23:47



Panic station
Rafa & Finn
Il ne viendrait pas à l’idée de Finn de contredire son second, pour la simple et bonne raison qu’il sait que son second a raison. Mieux, il lui est reconnaissant de le soutenir, même s’il n’apprécierait pas forcément que Rafa lui explique de façon cash que ça va être une source d’angoisse infinie à gérer pour lui. Callahan se connait et est lucide sur lui-même jusqu’à un certain point : son caractère cyclothimique et changeant, il le connait et s’en sert à l’occasion. Le fait d’être impulsif, emporté, à se décider sur un coup de tête et en suivant ce qu’il veut faire, peu importe les circonstances – c’est le fameux « après on verra » - aussi, et il se méfie de lui-même, mais il serait sans doute un peu vexé de savoir que son second trouve que c’est une idée dramatique et que ce serait une source d’emmerdes infinies et qu’il place aussi peu de confiance en lui pour ne pas céder. Non parce que quand même, ce serait son gosse à lui, il pourrait le gérer tout seul avec Eve, quand même, non ? Non, s’il est honnête, mais il y a une différence entre le dire lui ou l’entendre de la bouche d’un ami, c’est quand même vexant, même s’il n’y a que la vérité qui blesse. Et voilà qu’il est reparti à s’imaginer des choses, comme si ça commençait déjà à être un peu acté. Non, il ne faut pas.

Et pourtant, pourtant…ça le taraude, bien sûr. Parce qu’il est autant touché que Eve et qu’il porte le même deuil, évidemment, et qu’il comprend bien pourquoi elle veut cet enfant, parce qu’il est flatté de cette demande, qui ne le serait pas, aussi, preuve qu’elle l’aime, meilleure preuve, même, que des mots. Ou peut-être est-ce quelque chose de bien plus profond, qui relève du désir enfoui au plus profond de lui d’avoir une famille, une place, des gens qui l’aiment. N’est-ce pas ce après quoi il court ? Tout, depuis son ralliement à son oncle, jusqu’au recrutement de Rafa, en passant par les gangs qu’il a monté ou rejoint, en témoigne. Alors, maintenant, évidemment, la possibilité d’avoir un enfant, une vraie famille, comme celle de ses parents, mais en mieux…sans doute Eve sait-elle tout ça, elle aussi, qui le connait bien. Peut-être même compte-t-elle là-dessus, et si Finnegan n’en a pas vraiment conscience, il se connait assez pour savoir qu’il faut lutter contre ce sentiment là.

D’où la reconnaissance qu’il a pour Rafa. L’idée est bonne et puis il a besoin de soutien. Il est raisonnable, lui, d’après Eve elle-même, il faudra bien qu’elle l’écoute – Finnegan n’a que moyennement digéré cette pique sur sa double vie et il lui retournerait bien l’argument. Et puis ça l’impressionnera peut-être, même s’il en doute, la connaissant, si elle voit qu’ils sont deux à être d’accord – en fait que l’univers entier est d’accord contre elle. « Bon, si tu veux. Sois gentil avec elle, par contre, d’accord ? » L'adjectif sonne presque bizarrement venant de lui. C'est que l'irlandais se laisse tenter, oui, mais il ne faudrait pas vexer Eve, d’où toutes les précautions qu’il prend et qui lui donnent la furieuse impression d’être un équilibriste, parce que en même temps ça l’arrangerait bien qu’elle écoute Rafa. Et il sait que ce dernier veut bien faire, mais si ça dégénère et qu’elle ne lui parle plus… Devinant une véléité de contradiction, il fronce les sourcils : « Je suis sérieux, Rafa. » Ce n’est pas vraiment une réprimande, ça ne l’est jamais vraiment, pas quand il confie ensuite : « C’est pas rationnel pour un rond, mais Ludovico l’a envoyée à l’hosto et elle a fait une fausse couche. Elle est plus fragile qu’elle en a l’air, même si elle te dira que non – moi elle m’a envoyé péter directement. Elle mord pour se défendre, si tu veux. » Manière d’expliquer les choses, si c’est possible. Eve n’apprécierait pas, mais dans les faits, il n’y a rien que Rafa ne sache pas déjà, Finn ne fait qu’essayer de lui demander de faire preuve de compassion – dont il lui semble qu’elle a besoin, contrairement à ce qu’elle croit.  « Tu renchéris pas, vu ? Pas d’insultes et pas de coups. Me rappelle trop la dernière fois, moi…»  Il ne faudrait pas que ça dégénère, ce serait contreproductif. Et il secoue la tête : « Si elle écoute pas, laisse tomber, je lui parlerai encore. Peut-être que j’arriverai à la convaincre cette fois… »

Bon, autant demander qu’il neige en été, mais il ne peut pas s’avouer vaincu, ni admettre qu’il céderait plutôt qu’il ne s’acharnera peut-être pas quand il la verra. Mais c’est qu’il est sincère, Finn, il croit dur comme fer au fait que c’est une mauvaise idée et qu’il fait bien d’accepter que Rafael aille voir la jeune femme. Une pierre deux coups, se dit-il, peut-être qu’elle parviendra à le faire parler.

Lui non, il ne peut pas dire que c’est une réussite. Peut-être que c’est cette relation de hiérarchie qui bloque, malgré l’invitation à le faire. Car Finn est aussi désolé d’associer Rafa à ses histoires que de constater son silence alors que c’était clairement un appel du pied. Mais c’est son genre, il ne dira rien – s’il devait le faire, ça serait déjà dit. Même s’il faut quand même qu’il trouve une solution, parce que ça ne peut pas durer comme ça. Il voit bien que son second ne rend pas compte de ce qu’il fait ou de l’effet qu’il produit, mais tout ça va finir en mutinerie et il ne veut pas se retrouver à calmer une révolte en ramenant l’ordre par la force – parce que malgré son tempérament de chien Finn soutiendrait Rafa jusqu’au bout. Et puis même pour lui, ce n’est pas bien. Il ne faut pas être grand clerc pour voir que O’Riordan est malheureux comme les pierres. S’il pouvait, Finn irait lui-même trouver cette fille – Robin – mais il ne croit pas que ça arrangerait les choses, pire, ça les aggraveraient même sans doute. Signe que ça ne va pas s’il en est, le patron retient une sortie du style « ben ça te changerait pas de d’habitude, avec ta dégaine de croque-mort », c’est dire, et se contente de souffler : « Non, peut-être pas, mais quand même. T’es pas obligé. » Ça n’a rien de comparable avec le reste : avant, Rafa n’était pas en pleine rupture, et puis c’était bien plus critique. La possibilité de se faire arrêter, ce n’était pas que ses problèmes amoureux. La vendetta de Ludovico, c’était quand même assez concret – et puis quoi, il fallait qu’il la ferme, quand ce connard a enlevé son second ? Mais ça…bon, ce n’est qu’un problème, Finn n’ose même pas dire une dispute, de couple, rien à voir.

Et comme Rafa ne dit plus rien, il a le loisir de s’y replonger et de paniquer de nouveau, finissant lentement son verre. C’est la voix de son second qui le coupe. Au départ, il ne se rend pas compte de du ton un peu froid de ce dernier et souffle avec un sourire : « On dirait bien. » Paradoxalement, c’est la seconde remarque de son second, pourtant plus aimable, qui le fait réagir, avec un éclair dans les yeux qui ressemble plutôt à de la malice et de l’amusement qu’à autre chose : « Cache ta joie, eh. Tu le dis, si on t’emmerde, hein ? » Foutue langue de vipère, O’Riordan, il se demande parfois, même si la plupart du temps, il sait, comme il a fait pour ne pas finir à Serpentard. « Parait-il que je suis ingérable quand on s’engueule, elle et moi, devriez être contents qu’elle soit revenue, tous. » Il se marre, parce que quand même, il sait bien que sans elle, ça n’allait pas et qu’il faisait peur, lui aussi, aux hommes. C’est pour ça que Rafa l’inquiète, d’ailleurs. Et que retrouver une forme de son humour vachard le rassure un peu. « Arrête. Je sais que tu l’aimes bien aussi. Vous êtes pareils, tous les deux. Pour ça que moi, je vous aime bien. » Vrai, ne sont-ils pas sa famille, eux aussi ? La seule dont il ait besoin, même s’il ne le dit pas souvent ? Pourquoi s’emmerder avec le reste, d’abord, ce reste tellement insensé et impossible à envisager ? « On va juste essayer de faire mentir le dicton, hein ? Ce que femme veut, tout ça. » Sauf que eh, dans cette histoire, Dieu c’est lui, et que donc, on connait la fin de l’histoire, et pas sûr que son prophète y puisse quelque chose.


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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeMar 19 Oct - 11:45

Panic StationFinn & Rafa
Un brin vexé, Rafa repose son verre sans y avoir touché, fixant le patron. Il est sérieux, là, avec ses recommandations ? La mauvaise humeur du second, toujours prête à fuser ces derniers temps, se devine au ton de sa voix lorsqu’il réplique :

-Vous me prenez vraiment pour un sauvage, patron, ça fait plaisir.

Il secoue la tête d’un air dégoûté, et ajoute :

-Au cas où ça vous aurait échappé, la dernière fois, c’est elle qui m’a foutu un pain. Moi je l’ai pas touchée, et pourtant c’était pas l’envie qui me manquait.

Mais bon, il y a des trucs qui ne se discutent pas, comme le fait qu’on ne frappe pas une femme - sauf Xena Hart, mais cette timbrée mérite-t-elle vraiment le nom de femme ? Sans compter un instinct de survie très développé chez Rafa, qui lui souffle que si une chose peut vraiment mettre le patron en rogne, c’est qu’on cogne sur Eve, l’eût-elle cherché. On ne passe pas six ans dans l’ombre de Callahan sans un minimum de jugeote et de capacité à éviter de se mettre en fâcheuse posture.

Une capacité qui semble avoir soudainement déserté, à en juger par le ton que Rafa a utilisé pour s’adresser au patron. D’ordinaire, s’il est insolent, c’est toujours sur le ton de la plaisanterie, jamais de la hargne ; cette fois, on sent qu’il dérive dangereusement, et sans même s’en rendre compte, vers une certaine agressivité. Cette façon de répondre aux gens est devenue une seconde nature, depuis sa rupture avec Robin, sans qu’il en ait conscience ; ses vacheries habituelles passent pour d’aimables plaisanteries à côté de cette nouvelle aigreur. Il enchaîne, sans imaginer un instant que sa réponse a pu froisser Callahan :


-Mais c’est bon, allez, j’vous promets que je serai gentil, ça vous va ?

La promesse doit sembler bien fragile, au vu de l’humeur de dogue de Rafa, mais il faut bien que le patron s’en contente ; de toute façon, Eve est de taille à se défendre, en paroles comme en gestes, si le besoin s’en faisait sentir. Mais Rafa n’a aucune intention de chercher à lui faire du mal ; elle ne le mérite pas, même avec des idées aussi idiotes que celle de faire un bébé avec Callahan. Eve, c’est un peu comme une soeur pour lui, quelqu’un avec qui il passe son temps à s’envoyer des piques, mais uniquement pour ne pas dire qu’il tient à elle - et peut-être est-il comme un frère pour elle, qui sait ? Ils n’en ont jamais parlé et n’en parleront jamais. Tous deux sont des taiseux, pas enclins pour un sou à étaler leurs états d’âme.

Il en a déjà trop laissé voir, avec ses compliments lugubres qui font marrer le patron. Retrouvant un peu de moins mauvaise humeur, il accepte la vanne avec un sourire d’excuse :


-’Mande pardon, patron, j’ai un peu de mal à me réjouir pour les autres, ces jours-ci. Même pour vous.

Il ne précise pas que Finn est ingérable même quand il ne s’engueule pas avec Eve, et se contente d’avaler une gorgée de whiskey, songeur. Alors comme ça, c’est reparti comme en 40, le couple infernal. Ça veut dire que très bientôt, le patron devrait redevenir euphorique, plein de projets, inarrêtable. Pas vraiment la came de Rafa qui aurait plutôt tendance à vouloir ne plus voir personne. Les yeux dans le vague, il reste silencieux quelques instants, avant de refaire le point sur Callahan :

-D’où vous tenez que je l’aime bien ? Non, c’est vrai, elle est chouette, Eve. Bien pour ça que vous devriez pas vous inquiéter, je vais pas la rudoyer. De toute façon, teigneuse comme elle est, je serais même pas sûr d’avoir le dessus.

Il se marre, fait rare ces derniers jours. Ça fait du bien, mais ce serait quand même mieux sans la pensée de Robin qui ne cesse de revenir s’imposer à son esprit, quel que soit le sujet. Et malgré tout, il arrive à plaisanter - un peu amèrement, sans doute, mais cela reste une plaisanterie :

-Ce que femme veut, peut-être, mais ce que Eve veut, vous êtes sûr ?

Là est la clé du problème. La solution, c’est qu’Eve ne veuille plus de ce gamin. Sinon, Rafa en mettrait sa main à couper, jamais Callahan n’osera s’opposer à elle. À peu près comme lui - il se l’avouerait s’il était honnête avec lui-même - ne s’aviserait pas de discuter avec Robin si elle revenait et lui disait vouloir un enfant.

Sauf que Robin ne reviendra pas, conclut-il sombrement en vidant son verre.


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Message#Sujet: Re: Panic Station + Rafa   Panic Station + Rafa Icon_minitimeJeu 21 Oct - 23:15



Panic station
Rafa & Finn
Les sourcils froncés de Finn se transforment presque en un mouvement de recul face à l’acrimonie de son second. Non qu’il en ait peur, bien au contraire, mais il est étonné lui-même de tant d’audace et du ton qu’il adopte. Ce n’est pas de l’insolence, en tout cas pas celle qu’il tolère, mais bien quelque chose qui tend vers de l’insubordination. Il n’a jamais vraiment eu à affaire, ni à gérer ça de la part de son second, et le mafieux en est presque soufflé. Par l’audace que ça demande, et puis pour la méchanceté que ça contient, sans même tenir compte de la raison de ses avertissements. Callahan sait très bien qui s’est fait cogner, d’abord, à la dernière conversation un peu houleuse entre Rafa et Eve, et qui a fait la gueule comme un môme de s’être fait cogné par une fille, alors que c’était tout de même, il faut l’avouer, relativement mérité ; c’est justement l’effet langue de vipère qu’il voudrait éviter, parce que malgré tout, il ne veut pas non plus que son second se batte alors qu’il essaye de lui rendre service à lui. Mais il ne veut pas non plus blesser Eve, ni que Rafa le fasse. Ayant été là tout du long, l’irlandais s’attendait quand même à ce que ce dernier ait un peu de compassion, ou d’empathie, au moins, envers la jeune femme, par rapport à ce qu’elle a subi – ce n’est pas rien, une fausse couche.

Et voilà qu’il lui dit qu’elle méritait une baffe, en plus. Le patron cligne des yeux d’un air estomaqué : a-t-il bien entendu ? Oui, il n’a pas rêvé. Retrouvant soudain l’usage de la parole, il gronde d’une voix menaçante : « Rafael… » L’avertissement est de taille et se suffit à lui-même. Il n’a pas vraiment besoin de continuer. Pourtant, Finn va pour le faire, parce qu’à un moment, ça suffit, et que les peines de cœurs, ça n’excuse pas tout et que si Rafa ne se rend pas compte du fait qu’il devient odieux, il va falloir que quelqu’un lui ouvre les yeux. A tout prendre c’est lui rendre service, les amis sont faits pour dire des choses déplaisantes et qu’il faut poser des limites. Callahan en a d’autant mieux conscience qu’il sait très bien qu’une rupture peut rendre con, injuste, et faire dire des choses qu’on regretterait, il en a été le stéréotype à LA. Et puis, il sait que Rafael n’est pas ça. Oh, bien sûr, aucun de ses hommes n’est un enfant de chœur et son second non plus, mais quand même. Eve n’est pas personne et ce n’est un dommage collatéral comme un autre, cette fausse couche. Voir son second perdre toute forme d’empathie, voire d’intérêt pour quiconque, l’inquiète. Et Finn est définitivement blessé qu’il ne se rende même pas compte à quel point ça l’atteint lui, qu’il ose sous-entendre que Eve mériterait qu’on lui fasse du mal, ou une simple correction. Rafa le perçoit-il, se rend-il compte qu’il est allé trop loin ? Callahan n’en sait rien, mais la promesse de son cadet le rassure un peu, et il finit par bougonner : « Mouais, bon, ça va.  »

Ça le rassure, un peu, et puis finalement, en ne se laissant pas faire, il parviendrait presque à le faire rire, le Rafa. Et ça aussi, ça rassure Finn, parce qu’évidemment, il n’avait pas besoin que O’Riordan lui dise, presque explicitement qu’il était malheureux à ce point, il suffit de le regarder pour voir qu’il n’est que l’ombre de lui-même. Et pourtant, un moment, ce serait presque que comme d’habitude, à s’envoyer des piques et se balancer des vacheries sur Eve, sur lui, et le couple infernal qu’ils forment et que son second subit. Finn a un gros rire, de nouveau, se renversant dans sa chaise, qu’il appuie contre le mur : « Parce que tu l’aimes pas, peut-être ? Bon, alors. » Du flan, tout ça. Parce que ouais, malgré tout, elle est chouette, comme dit Rafa, sa petite Ivy et qu’il sait que ces deux là s’entendent bien quand ils ne se battent pas. Ça lui donne l’occasion de dire ce qu’il pensait depuis le début, et sur le ton qu’il voulait, sans menace ni colère – c’est comme s’il n’y avait rien eu : « Justement, peut-être que c’est pour toi que je m’inquiète ! »

Ou presque. Il y a toujours cette histoire de bébé. Ça lui revient à la figure, et Finn essaye de donner le change, de se convaincre. Il se marre, plastronnant un peu : « C'est pareil, ça change rien. » Non, ce n’est pas parce que c’est Eve qu’il se laissera faire, ce serait de la folie. Et pourtant, pourtant…comme chaque coups de tête, l’option a quelque chose de séduisant. C’est peut-être l’idée d’avoir quelque chose à eux. Une chance de faire et d’avoir quelque chose de bien, dans sa vie.

Ouais. Dans le meilleur des mondes, peut-être. En attendant, ce n’est pas possible, non ? Se rendant compte qu’il perd pied et qu’il se mure dans le silence, Finn secoue la tête pour essayer de se réveiller. Ils se sent un peu engourdi. Le whiskey, ça. Bondissant sur ses pieds, il lance d’une voix tonnante : « Bon, allez, suffit comme ça, parait-il que y a des choses à faire. Faudra que j’aille voir notre ami boucher avant qu’il ne parte, tiens. » Il range la bouteille dans le mini-bar, se tournant vers son second, bien décidé à ne pas le laisser s’enferrer dans sa déprime, et s’amuse, imitant à son tour le pauvre boucher : « Huftinfon, eh ? » Si seulement ça pouvait marcher et suffire à leur faire oublier tous leurs problèmes, ces vannes. Mais il voit bien que ça ne touche qu’à moitié Rafa. Bah, ils ont le temps, se dit Finn. Et peut-être que Eve y pourra quelque chose. Il va lui écrire, oui. Et peut-être qu’elle écoutera Rafa aussi. Sait-on jamais – l’espoir fait vivre, après tout.

(C) CANTARELLA.
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