C

e n'était pas avec l'enthousiasme le plus débordant que Melania attendait la venue de sa fille, qui devait venir lui rendre visite, accompagnée du petit Augustus, le temps de prendre le thé, et donc de passer du "temps de qualité" ensemble. L'invitation avait été lancée plus par convention sociale qu'autre chose, et pas vraiment parce qu'elle en ressentait l'envie profonde. Est-ce que cela faisait d'elle une mère ingrate ? Peut-être bien, oui, mais elle estimait que sa fille avait eu bien assez l'occasion de l'être envers elle également pour que les torts soient entièrement partagés.

Melania n'avait jamais été une mère chaleureuse et aimante, elle n'avait jamais été très présente, sympathique, elle n'était pas de celle qui serrait ses enfants dans ses bras ou leur disait "Je t'aime", elle n'avait pas été éduquée comme ça, mais elle aimait sa fille malgré tout... elle ne ressentait seulement pas le besoin impérieux de la voir constamment. Elles n'étaient pas fusionnelles, voilà tout. Sans oublier que les récents événements avaient eu tendance à creuser un immense fossé entre elles.

Quand Lucretia et Ignatius avaient pris la décision d'adopter un enfant, elle avait honnêtement eu la même réaction que son époux. Elle estimait que c'était une trahison de leur lignée (heureusement, c'était sur Orion qu'ils comptaient surtout, puisque Lucretia ne portait, de toute manière, pas leur nom). Et ce n'était pas le seul problème qui en avait résultat. Lucretia incapable d'avoir des enfants, voilà qu'elle accusait sa mère d'en être responsable plutôt que d'assumer sa propre infertilité. Et ces accusations infondées, qui la rappelaient à la perte de son troisième enfant, passaient très mal chez Melania.

Certes, Lucretia avait peut-être raison, peut-être que si elle n'avait pas tant bu durant sa grossesse, Lucretia n'aurait pas rencontré ce genre de difficulté. Mais si les efforts de son mari pour lui faire ouvrir les yeux sur son rapport à l'alcool ne payaient pas, ceux de sa fille n'avaient pas la moindre chance de mieux y parvenir.

Elle avait malgré tout tout mis en place pour l'accueillir dignement, les accueillir dignement, et quand on frappa à la porte, l'elfe de maison accueillit Lucretia comme à l'accoutumée avant de conduire la jeune femme dans le salon, où Melania, en hôtesse pas totalement irréprochable, l'attendait.

-Lucretia, je suis heureuse de te voir. Mais son attitude, froide et distante, ne le montrait pas franchement. Elle n'accorda même pas un seul regard au petit Augustus, qui l'accompagnait pourtant. Je te sers quelque chose à boire ?

Engager cette question directement n'était pas totalement innocent, en vérité, il y avait une raison derrière. Elle préférait directement balayer les reproches qu'elle entendrait forcément à un moment ou à un autre, ainsi, ce serait chose faite, un point c'est tout.



 

   

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A

la remarque désobligeante de sa fille, Melania ne pit pas la peine de répondre quoi que ce soit. Elle savait que n'importe quel sujet de conversation serait dans tous les cas un prétexte à pointer du doigt son alcoolisme, raison pour laquelle elle avait préféré être celle qui engageait les hostilités en proposant à boire à sa fille.

Et non, elle ne parlait définitivement pas de thé. Voilà longtemps que Melania avait oublié de désigner une heure quelconque supposée correspondre au moment de prendre un verre ou pas. Le moment était celui qu'elle décidait, quand elle ressentait le besoin de laisser la brume envahir son cerveau. Et le fait est que c'était là un besoin qu'elle ressentait très souvent, beaucoup trop souvent, cela va sans dire.

-Très bien, un thé dans ce cas, déclara-t-elle avec un sourire forcé, le regard tourné vers sa fille, sans grande attention à l'égard d'Augustus.

Elle appela l'elfe de maison familial, qui transplana juste sous son nez et la jaugea de ses yeux humides. Elle lui ordonna de préparer une tasse de thé à sa fille. Et à sa fille seulement, oui, car Melania ne comptait pas se conformer aux absurdes exigences de Lucretia. Pour sa part, avant de s'installer, elle se servit un verre plus que généreux de whisky pur-feu, qu'elle but non sans une certaine délectation sous le nez de sa fille, consciente de l'agacement que susciterait chez elle ce comportement. Mais elle était la mère et non la fille, elle était en droit de décider. Et elle comptait bien accomplir son rôle de maîtresse de maison comme bon lui semblait, en ne s'accordant qu'avec les convenances qui l'arrangeaient et en faisant fi des autres.

-Ah bon, je n'ai pas l'air en forme, tu trouves ? Ce ne sont pas des choses à dire, Lucretia, d'autant que je me porte comme un charme. Elle lui adressa un nouveau sourire qui n'était que de circonstances. Les vacances sont enfin là, et je vais pouvoir profiter de mon temps libre pour organiser au mieux le mariage de ton frère, autant dire que tout est pour le mieux.

Elle daigna enfin baisser les yeux vers Augustus, mais ce ne fut que pour lui adresser un regard sans expression. Elle n'avait pas la moindre intention de s'intéresser plus que nécessaire à ce petit être qui n'était même pas son petit-fils, et qui pour le moment, ne portait même pas le nom de ceux qui prétendaient vouloir l'adopter.

-Tu sembles fatiguée, en ce qui te concerne, et je n'en suis pas surprise, ces petites choses ont le don de vous pomper une énergie incroyable. Elle marqua une légère pause. Elle n'avait pas l'intention de mâcher ses mots, définitivement pas. J'espère qu'il en vaut la peine, au moins.


   

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M

elania préféra laisser couler la remarque de sa fille au sujet du mariage d'Orion comme si cette dernière ne l'atteignait pas. C'était entièrement faux, bien évidemment, elle était tout de même concernée par l'opinion de Lucretia, quoi qu'elle puisse en dire, mais il fallait admettre qu'elle n'avait pas beaucoup d'arguments à opposer à sa fille sur ce sujet, pour la pure et simple raison, eh bien, qu'elle avait entièrement raison. Même si Melania comptait tout de même mettre son grain de sel dans l'organisation, il était évident que Pollux, et même Arcturus, les hommes en somme, avaient largement la main, et ce n'était pas affaire de laisser au sexe fort cette tâche, c'était qu'on ne lui faisait pas suffisamment confiance pour lui proposer des corvées trop conséquentes... Elle devait avouer qu'une part d'elle s'accommodait bien de cette décision tacite de lui en donner le moins à faire de crainte qu'elle ne fasse tout capoter, même si son orgueil ne pouvait naturellement qu'en prendre un coup... et de toute évidence, Lucretia n'était pas là non plus pour ménager son orgueil.

Non, ça, certainement pas. Chaque prétexte qu'elle trouvait pour tourner encore davantage le couteau dans la plaie, elle la saisissait avec ce qui semblait être une satisfaction certaine, sans doute par esprit de revanche pour toutes les fois où Melania s'était révélée une mère assez pitoyable auprès d'elle. Ce qui représente un certain nombre de fois, on ne va pas se mentir.

Elle revint à Augustus, le sujet de conversation qu'elles ne pouvaient pas ignorer, même si Melania y accordait le moins d'attention possible. Elle avait décidé d'accorder le moins d'intérêt possible à cette petite chose qui n'était pas de son sang et qui prétendait devoir trouver une place sur leur arbre généalogique malgré tout. Elle n'avait pas envie de s'attarder sur lui trop longtemps, mais difficile de faire autrement : le petit prenait de la place, ne serait-ce que dans son champ de vision.

-Pour éprouver de l'amour maternel, il faudrait que tu sois la mère de cette enfant. Il me semble pourtant que ce n'est pas le cas, répondit très posément Melania, en guise de contre-attaque, mais du ton le plus aimable possible, comme si elles se contentaient toutes deux de faire la conversation.

Non, à l'évidence, ce n'était pas le cas du tout. Loin, bien loin, de faire la conversation, elles étaient présentement en train de se mener une joute verbale plutôt violente, où ni l'une ni l'autre ne mâchaient leurs mots. Mais après l'attaque très directe de Lucretia (que Melania aimait, pourtant, même si cela, à l'évidence, ne se voyait pas à l'heure actuelle), elle ne pouvait que faire le choix de riposter. Et c'était une chose qu'elle savait ne pas faire qu'à moitié.


   

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M

elania afficha une grimace peu convaincue quand Lucretia tenta de la prendre à rebours en affirmant une nouvelle fois qu'elle était bien la mère d'Augustus, ça ne prenait pas, et elle ne l'en convaincrait pas. Tout l'intérêt de s'assurer une descendance, au sein d'une caste telle que la leur, était de s'assurer le prolongement de leur nom certes, mais surtout la pérénnité de leur sang.

Ce gamin réussissait l'exploit de n'avoir ni le sang du père, ni le sang de la mère, de ceux qui se prétendaient être ses parents. Et le pire, c'est que ce n'était un secret pour personne. Tout le monde savait que cette petite créature sans intérêt, qui n'avait pour elle que son sang pur (et encore heureux - et ça, c'était si on pouvait vraiment en attester, en vérité, car qui pouvait dire si cette folle de Gabrielle Rookwood avait été aussi fidèle qu'elle le prétendait), n'était pas leur enfant de sang.

Ils ne pourraient pas prétendre, ils ne pourraient pas faire oublier ce fait. Encore, s'ils avaient su garder cela pour eux, si la nouvelle ne s'était pas si rapidement été ébruitée, elle aurait éventuellement pu le tolérer... mais non, ils avaient fait le choix de l'insolence, de l'indolence. Il ne fallait dès lors pas s'étonner que la pilule ait du mal à passer, et plus encore auprès de ceux qui devraient avoir leur mot à dire dans l'affaire, même si on avait décidé, à l'évidence, de ne pas les écouter.

-Nous n'avons pas la même définition de ce que famille doit être, dans de telles circonstances, c'est vraiment malheureux. Je pensais tout de même t'avoir élevée mieux que ça.

Mais Lucretia rétorquerait sans doute qu'elle ne l'avait pas élevée du tout, ou bien si peu qu'au final, le rôle qu'elle avait joué dans qui elle était devenue était minime (quand elle constatait cela, elle se disait qu'elle aurait peut-être dû, en fin de compte, déployer plus d'énergie tout de même à s'occuper de cette enfant qu'elle avait en quelque sorte négligée - mais qu'attendre de sa part, en même temps).

Quand Lucretia se rapprocha d'elle pour la traiter d'ivrogne, Melania se sentit à deux doigts d'envoyer sa main valser sur son visage, et il s'en fallut en réalité de peu. Elle la considéra avec quelque chose qui ressemblait à un souverain mépris.

- C'est un peu facile de rejeter sur moi la faute de ton infertilité. Si tu n'as même pas été capable d'enfanter, ce n'est certainement pas moi, mais toi-même que tu devrais remettre en question, tu y as songé ?

Elle s'exprimait sans réserve et sans détour. Oui, vraiment, il était grand temps que sa fille envisage de se remettre en question.


   

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M

elania avait vu venir la réplique de sa fille venir de loin. Il faut dire qu'elle lui avait très clairement tendu la perche. Elle n'appréciait pas pour autant d'être ainsi qualifiée de mère indigne, mais l'insulte était plus simple à accepter compte tenu du fait qu'elle était attendue. Cela faisait un moment maintenant que les reproches, de la part de Lucretia, s'accumulaient. Aucun d'eux ne pouvait encore être une véritable surprise à ses yeux. Et elle se réfugiait derrière l'idée que sa fille mentait, même si en réalité, la vérité de ce qu'elle affirmait était particulièrement criante.

Melania, en effet, n'avait jamais vraiment été une mère pour ses enfants. Pour sa part, elle n'avait en effet pas accompli son rôle comme d'autres mères le feraient. Elle n'avait jamais ressenti ce besoin impérieux de rester trop longtemps auprès de sa progéniture. Elle s'était senti particulièrement soulagée et satisfaite de pouvoir remettre le destin de ses enfants entre les mains des nourrices, précepteurs et elfes de maison qui se chargeaient très largement de prendre la relève, pour le plus grand plaisir de celle qui ne se voyait pas devenir mère à temps plein, certainement pas.

Alors non, elle n'avait pas été une mère bien présente, mais elle avait, selon ses standards, été une bonne mère. Elle devait veiller au bien-être de ses enfants, eh bien elle l'avait fait. Ils avaient peut-être manqué de son amour, Orion et elle, mais qui en avait réellement besoin. On vantait les mérites de ces sentiments sans admettre qu'ils étaient bien accessoires, et que ne pas être couvé dans les débuts de sa vie, par ailleurs, avait le mérite de vous forger le caractère, ce qui était tout sauf un moindre luxe, bien évidemment.

-Est-ce que tu as été malheureuse ? Est-ce que tu as jamais manqué de quoi que ce soit ? Cesse donc de chouiner et fais preuve de gratitude.

Pour ce qui était d'assumer la responsabilité de ses actes, il ne fallait bien évidemment pas tant en attendre de sa part. Melania ne cherchait rien moins que de fuir ses responsabilités, justement, elle tenait absolument à ne surtout rien montrer de qui elle était véritablement. C'était, à ses yeux, une pure et stricte nécessité, à laquelle elle ne pouvait ni ne devait contrevenir. Elle ne pouvait pas donner davantage que ce qu'elle donnait déjà, et elle ne le ferait pas. Et assumer la responsabilité de ses actes, c'était évite d'en observer, constamment, douloureusement, les imbrications parce que son esprit fonctionnait d'une manière qu'elle ne saurait expliquer.

-Visiblement, j'aurais dû en boire davantage pour supporter cette déplaisante conversation, répliqua-t-elle. Elle-même considéra le fond de son verre, déjà bien entamé, et décida de le reremplir. L'alcool n'a rien à voir avec ton problème... Mais il pourrait résoudre certains d'entre eux, si tu veux mon avis.


   

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M

elania garda un visage impassible quand son interlocutrice affirma avoir manqué de l'amour d'une mère. Mais pour Melania, ce n'était pas un reproche à faire. D'une part, elle estimait que cela forgeait le caractère que de se faire seul sans être surprotégée par ses parents (elle-même ne l'avait pas été par ses propres parents, de même pour les parents de ses parents avec ces derniers). Par ailleurs, c'était faux, elle avait aimé Lucretia. Et d'ailleurs, elle aimait toujours Lucretia. Elle l'aimait seulement à sa manière bien à elle. Elle n'avait pas l'intention de jouer les mielleuses pour autant... Pourquoi est-ce qu'elle le ferait, au passage ?

-En somme, tu as l'intention de surprotéger ton fils - qui au passage n'est toujours pas ton fils, quoi que tu puisses en dire - et de faire de lui un gamin pourri gâté qui sera bien incapable de prendre ses propres décisions. Tu le couves au lieu de lui forger le caractère. Tu ne lui rends définitivement pas service.

Elle tenait surtout à contrarier son interlocutrice plus qu'autre chose. Il n'empêche que c'était une chose qu'elle pensait bel et bien. Elle n'avait pas forcément envie d'en passer par là avec son interlocutrice. Elle n'avait pas forcément envie d'en passer par là avec sa fille. Qu'on le croie ou non, cette décision ne l'amusait pas le moins du monde. Mais elle n'avait pas l'intention de laisser sa fille dire n'importe quoi, vraiment pas. Elle était campée sur sa position, et ses reproches glissaient sur elle comme de la pluie, elle ne comptait pas se remettre en question, ça c'était certain. Ni maintenant, ni plus tard. Absolument jamais.

-Déjà, l'alcool rend nos conversations plus supportables, et vu combien elles me sont désagréables, crois bien que c'est miraculeux, rétorqua Melania sans détour quand sa fille la mettait au défi de citer une seule chose que l'alcool permettait de calmer ou de résoudre.

Dans le cas de Melania, elle était convaincue de pouvoir invoquer des dizaines et des dizaines de raison. Sans l'alcool, elle serait sous emprise non pas de la boisson mais de ses visions, qui lui pourrissaient radicalement l'existence. Elle ne supportait pas cela, et elle estimait ne vraiment pas mériter cela. Par conséquent, elle considérait qu'elle devrait très franchement continuer sur sa droite lignée.

-Ensuite, il m'offre de penser par moi-même sans être parasitée par ma... condition. Elle poussa un soupir et s'autorisa à avaler une nouvelle gorgée de son verre, quitte à incommoder son interlocutrice encore davantage. Tu ne sais pas par quoi j'en passe, tu n'as pas la moindre idée de ce que je traverse, de ce que je subis au quotidien. Alors s'il te plaît, cesse de me pointer du doigt en bonne ignorante.


   

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ette conversation ne pouvait qu'être un dialogue de sourd. Il était évident que ni l'une ni l'autre ne reviendraient sur leurs propos ou n'accepteraient de remettre leurs tempéraments et leurs arguments respectifs en question. C'était là qu'on ne pouvait que constater à quel point elles se ressemblaient toutes les deux. Fières comme des paons, aussi bien l'une que l'autre. A partir de là, il ne fallait pas s'attendre à obtenir le moindre résultat valable de leur part. Alors qu'elles s'insultaient respectivement en tant que mère, cela ne pouvait très logiquement que dériver vers une dispute insoluble.

Qui sait, cela finirait peut-être par se résorber, quand Melania accepterait de faire un pas vers Augustus, ou quand Lucretia accepterait de comprendre les tourments que traversait sa mère... Mais elles en étaient encore très loin, et ce n'était pas du tout gagné. Alors non, Melania ne s'excuserait pas d'avoir été une mère que Lucretia qualifiait d'indifférente, à plus forte raison qu'elle n'estimait pas que c'était là ce qu'elle était vraiment. Oui, elle avait parfois pu faire preuve d'indifférence, elle ne pouvait pas totalement le nier, mais à ses yeux, cela restait une indifférence toute relative. Elle avait été une mère absente en pensée parfois, mais rarement en actes, il était seulement difficile de se focaliser sur les pensées en question quand tout le reste n'avait de cesse que de la tourmenter, encore et encore.

Au moins, pour la première fois depuis longtemps, Melania eut le loisir d'entendre sa fille admettre qu'elle avait raison. Certes, c'était pour contredire son propos presque aussitôt ensuite, mais c'était toujours ça de pris. Et elle arriverait presque à savourer cette réplique, même si elle n'était pas forcément très heureuse pour elle pour autant, à bien y regarder, en réalité.

-Responsable ? Comment serais-je responsable d'une chose que je n'ai pas choisie ? TU es responsable de cet enfant qui n'est pas le tien parce que TU as choisi de t'approprier la progéniture de quelqu'un d'autre, moi je n'ai rien choisi.

Si, elle avait choisi de s'apitoyer sur son sort aussi allègrement qu'elle le faisait en cet instant, et de ne surtout pas se remettre en question, elle avait choisi de noyer ses problèmes dans l'alcool et de les occulter de cette manière bien spécifique.

-Tu le dis toi-même, c'est une affaire de décisions, et toutes celles que j'ai prise, je l'ai fait dans mon intérêt propre, et donc dans celui de ma famille.

Un raccourci très, très facile, on en conviendra, mais Melania ne pensait pas avoir à rougir de ses propos. Bien au contraire, elle les assumait complètement, et ne laisserait à personne le loisir de pointer du doigt ses contradictions, qui ne manquaient pourtant pas d'être particulièrement nombreuses.


   

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