Villanelle est née Villanelle Bulstrode, du nom de son père, aujourd'hui décédé. Elle est née et a grandi au sein d'une honorable famille de sangs-purs très fière de son arbre généalogique, placardée en grand format dans à peu près toutes les pièces du manoir familial. Villanelle a grandi avec la certitude que tout lui était acquis. Enfant pourrie-gâtée, elle n'avait qu'à claquer des doigts pour que ses parents lui offrent absolument tout ce qu'elle voulait, et par conséquent, la petite fille en exigeait toujours davantage, sans savoir s'arrêter (ni y trouver d'intérêt : ses parents avaient les moyens, après tout). Elle reçut l'éducation d'un précepteur jusqu'à ses onze ans et révéla rapidement une certaine curiosité intellectuelle et un goût prononcé pour l'écriture. Enfance solitaire par la force des choses, les seuls amis qu'elle se fit à cette époque furent ses cousins plus ou moins éloignés. Il fallait attendre qu'elle aille à Poudlard pour que son cercle social s'agrandisse (et encore, Villanelle évitant autant que possible de fréquenter quiconque n'ayant pas le sang aussi pur qu'elle).

A Poudlard, elle fut répartie à Serpentard et en fut très fière. Elle se fit un cercle d'amis à son image, et ne tarda pas à s'imposer comme la reine des ragots en tout genre. Elle n'avait pas son pareil pour répandre à tout-va les pires rumeurs sur ses camarades de classe. Elle y prenait un obscur et malin plaisir, qui ne lui est toujours pas passé. Quand la situation lui semblait trop "calme" elle créait même d'elle-même des situations qui lui paraissaient un tant soit peu divertissante. Capable de monter ses propres amis les uns contre les autres pour son propre amusement, elle n'avait pas vraiment de limites.

Lors de sa cinquième année, le père de Villanelle mourut dans des circonstances encore aujourd'hui inexpliquées. On parlait de représailles. Mr Bulstrode avait été un fervent partisan de Grindelwald, et qui ne s'en cachait pas. Avoir la langue bien pendue et des opinions politiques très affirmées ne lui avaient pas rendu un fier service, il semblerait. Il avait été agressé et avait succombé à ses blessures, laissant Mrs Bulstrode inconsolable, et sa fille pour la première fois désorientée. Elle ne songeait à la mort que comme à un concept abstrait, avant qu'elle ne frappe son père si brutalement. Dans cette période, Villanelle commença à s'intéresser à tous les faits divers les plus obscurs qu'on pouvait lire dans les journaux, avec la volonté à peine consciente de dénicher l'identité des assassins de son père. Elle n'aurait jamais la réponse à cette question, en revanche, cette nouvelle occupation vint nourrir chez elle une certaine passion pour ces faits divers qu'elle finirait par couvrir elle-même dans le futur.

Son parcours scolaire fut assez inégal, mais elle obtint ses ASPIC avec des résultats relativement brillants, qui promettaient de lui ouvrir de nombreuses portes qu'elle aurait défoncées dans d'autres circonstances... C'est dans cette période que sa mère se remaria, avec un type décrépit du nom d'Irving Abbot. Le type avait bien vingt ans de plus qu'elle, mais Villanelle ne fit aucun commentaire. L'homme avait de quoi subvenir aux besoins de sa mère et mettait un terme à sa solitude. C'est tout ce qu'elle pouvait lui souhaiter. Elle-même, pour faire plaisir à sa mère, consentit à prendre le nom de son père adoptif. Et elle écopa pour la peine d'un frère qui aurait l'âge d'être son père, Jason.

Dans tous les cas, elle n'accordait qu'un faible intérêt à sa nouvelle famille. Villanelle avait l'âge de voler de ses propres ailes. Indépendante, elle profita du confortable héritage légué par son père pour s'offrir un appartement au coeur de Londres et se fit embaucher en tant que stagiaire chez Sorcière Hebdo... Mr Abbot lui avait assuré pouvoir lui trouver une place au sein de la respectable Gazette, mais très peu pour elle. La racoleuse revue sorcière payait rubis sur l'ongle, et surtout, faisait battre son petit coeur de voyeuriste. Peu à peu, elle sut se distinguer par sa plume incisive et surtout son culot assumé qui lui permirent d'obtenir sa propre rubrique au sein du journal. Toutes les semaines, elle publie un papier qui fait état d'un scandale croustillant, sanglant de préférence, dans le monde des sorciers.

C'est par souci d'opportunisme qu'elle a approché les mangemorts. Autant se renseigner directement à la source, pas vrai ? Mais on ne peut jouer trop près du feu sans se brûler les ailes. Tout est politique, y compris la presse à scandale. Surtout la presse à scandale. Elle a choisi son camp. Elle a prêté son allégeance au seigneur des ténèbres avec au final un certain enthousiasme. Le but qu'ils poursuivent est le même que le sien, et elle prend plaisir à arranger l'actualité la plus sordide à sa sauce, au mépris de l'ennemi.